Karm Torr
Karm Torr
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Probablement un Malraa, murmura Karm tout bas, en gardant Luke comme enfermé dans ses bras. Bouge pas. Ça va aller.

Bientôt, il entendit aussi les bruits de la bête dans les fourrés tout près d’eux, le souffle chaud qui roulait contre ses crocs immenses, le frottement des feuilles contre les écailles. C’était la nuit que ces créatures, qui avaient appris au fil des générations à se dissimuler dans les replis de la Force, sortait pour chasser leurs proies. Karm laissa les battements de son coeur s’apaiser et son souffle se ralentir. Affronter un Malraa en pleine nuit, sur son territoire, n’était pas souhaitable. Utiliser la Force pour se soustraire à sa vigilance, impensable. Il fallait attendre.

Ne rien faire était un art difficile, surtout pour un Guerrier, mais souvent, l’attente était préférable à l’agitation. Karm se souvenait toujours de ce vieil adage jedi qu’il avait appris d’un maître vénérable, quand il n’était lui-même qu’un Novice : « un sabre laser n’est jamais plus puissant qu’au moment où on l’éteint ». Le Malraa était tout près d’eux. Karm gardait les yeux fermé. La bête reniflait l’arbre. Sans doute, elle avait repéré leur piste un peu plus tôt, levant l’odeur étrange parmi les parfums luxurieux de la jungle, et elle les avait suivis jusque là.

Mais les baies âcres dont l’explorateur avaient badigeonné leur tanière du jour troublait désormais les sens du prédateur. Le Malraa poussa un grognement, révulsé par l’odeur du fruit écrasé, et après avoir gratté le sol nerveusement de ses griffes puissantes, il finit par tourner le dos. L’obscurité était presque complète, mais Karm aurait juré pouvoir distinguer sa fine queue sombre battre l’air avec l’impatience d’un fouet.

Le Gardien attendit de longues minutes, jusqu’à ce que les bruits se dissipent, avant de murmurer à son compagnon :

Dormons. Il est déjà tard.

L’Ark-Ni déposa un chaste baiser dans les cheveux blonds de Luke et puisa dans la Force pour se préparer au sommeil.

Quelques heures plus tard, la chaleur du matin et le chant des oiseaux de l’aurore qui succédaient aux rapaces de la nuit les tirèrent de leur torpeur. Tant bien que mal, les deux hommes s’extirpèrent dans leur abri d’écorce et Karm s’étira longuement, en faisant jouer ses muscles pour les délasser. Le tronc de l’arbre énorme qui les avait abrités avait été entaillé profondément pendant la nuit par un coup de griffe, sur lequel l’Ark-Ni fit courir lentement ses doigts. Une poignée de fruits amers avait eu raison des monstres de Dxun, et il y avait là une leçon philosophique que l’explorateur se promit de méditer.

Les rations de survie fournirent une nouvelle fois à leur petit déjeuner et ils repartirent sans tarder. Karm n’avait pas dit un mot depuis qu’il s’était levé, mais depuis plusieurs années désormais Luke devait être assez habitué à ces longs silences pour ne pas les interpréter contre lui. D’ailleurs, la présence de l’Ark-Ni était constamment sensible dans la Force, à travers leur lien, calme et méthodique, alors qu’il examinait soigneusement leur environnement, pour être certain de ne pas les égarer.

La progression était moins difficile que la veille. Ils s’avançaient vers des régions moins denses de la jungle, là où justement ils avaient été capables de trouver des éclaircies où poser leurs vaisseaux. Karm, par conséquent, redoublait de vigilance : ces endroits étaient aussi de ceux où chassaient les plus vastes prédateurs. Plus d’une fois, le Chevalier s’était arrêté pour s’accroupir et examiner avec attention une trace informe laissée dans la boue et le tapis de feuille, et d’autres fois, c’était moins glorieux, pour humer une montagne de crottin, afin d’en déterminer la fraîcheur.

On va s’abstenir de faire une pause pour déjeuner, murmura-t-il à l’issue d’une de ces inspections. Y a un zakkeg dans les parages, mieux vaut atteindre les vaisseaux le plus vite possible. On va manger en marchant.

D’ailleurs, le Jedi pressa le pas, même s’il était bien conscient que c’était pour Luke le troisième jour d’une longue marche à laquelle le Consulaire n’était somme toute pas habitué. La fatigue, les courbatures, la tension nerveuse qui naissait dans la sensation d’une menace permanente, et surtout la présence du Côté Obscur, les éprouvait durement. Mais l’épuisement était préférable au tête-à-tête avec un zakkeg, et Karm préférait se tirer de Dxun sans mourir et sans tuer.

La chaleur était devenue étouffante quand ils émergèrent finalement des arbres pour pénétrer dans la clairière où les attendaient leurs vaisseaux, déjà en partie couverts de mousse, tant la végétation, dans cette atmosphère tropicale, était vivace. Karm ne s’en inquiéta pas outre mesure : elle serait brûlée quand ils quitteraient leur atmosphère.

Blip, vous êtes prêts à partir ?
Bip bip bip, répliqua l’astromech, d’un ton qui n’était pas sans une pointe de reproche, jugea le Chevalier, qui savait combien le petit robot goûtait peu les climats de ce genre.

Les deux Jedis regagnèrent leurs chasseurs et, alors que les vitres de leur cockpit respectif retombaient lentement pour se souder à leur vaisseau, Karm aperçut la silhouette du zakkeg qui sortait à son tour d’entre les arbres. L’animal demeura circonspect, en face de ces étranges oiseaux métalliques, et le rugissement soudain des moteurs le convainquit de reculer de quelques pas, pour regagner le couvert de la végétation.

On décolle, fit Karm dans son comlink.

Et les deux chasseurs s’élevèrent dans le ciel brûlant de Dxun, pour arracher leurs Jedis à l’étrange influence de la lune.

FIN
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