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Sly Keto était satisfaite de la tournure du procès. Le verdict avait été dans son sens, Emalia Kira était officiellement coupable de ses crimes contre la République. En son for intérieur, Darth Oracci était en train de jubiler : par cet acte elle venait de venger tous les impériaux tombés au cours des opérations commanditées par l’ex-chancelière Kira. Certes elle était encore libre et vivante, cependant sa crédibilité était sérieusement entachée par cette sentence. L’umbarane se plaisait à dire qu’il y avait deux façons de tuer quelqu’un : la première était l’élimination physique, la seconde, plus subtile, consistait à tuer l’image que la population, ou les serviteurs de ce personnage pouvaient avoir de cette personne. Cependant ce procès fut long et un peu éprouvant de part les intenses négociations qu’elle avait du avoir avec le reste des jurés pour les convaincre d’aller en son sens.

Un peu éreintée de cet exercice, la vice-chancelière partit parmi les derniers, répondant brièvement par des phrases toute faites et surtout courtes à quelques journalistes avides d’avoir en premier la réaction de l’étoile montante de la République. Quelques peu fatiguée, et la fin de journée approchant, Sly Keto prit le temps de répondre à cinq questions de médias différents mais cherchait à l’aide des gardes républicains présents à ses côtés à se frayer un chemin vers la sortie. Les gardes usaient de leur carrure pour intimider quelques peu les journalistes qui reculaient naturellement. L’un d’entre eux insista quelques peu, profitant d’une seconde d’hésitation d’un garde pour se faufiler entre deux d’entre eux et interpeller la vice-chancelière. Surprise, cette dernière fit volteface, puis recula de trois pas, passant entre deux gardes et bousculant quelqu’un. Le journaliste fut saisi par l’un des gardes républicains qui après l’avoir attrapé, l’invita à reculer d’une légère pression du doigt dans le creux de son épaule. Le journaliste préféra ne pas insister davantage. Sly se retourna vers la personne qu’elle venait de bousculer : la première chose qui la surpris fut la chevelure blonde mi-longue de cet individu, puis elle reconnut immédiatement le visage de cette personne.

- Oh je… pardon maître Kayan.

S’exclama-t-elle, gênée d’être rentrée dans le Jedi qui avait participé au procès en qualité de témoin. Luke Kayan était un charmant Jedi d’ascendance hapienne aux pupilles ternes. Preuve de sa cécité, il avait fait preuve d’une certaine neutralité au cours de son témoignage, se contentant d’avancer des faits et s’abstenant de répondre sur les questions auxquelles il ne possédait pas de connaissances suffisamment solides pour s’exprimer. Une marque de sagesse qui fut fort appréciée par l’umbarane qui craignait de voir un solide soutien à Emalia Kira émerger de la part de l’Ordre Jedi. Egratigner celui-ci aurait été plus délicat et compliqué dans son ensemble contrairement à l’ex-chancelière qui, affaiblie, constituait une cible de choix pour tout charognard se respectant. Sur Umbara, les chiens Skeeris s’attaquaient en priorité aux Mantorr jeunes, âgés ou malades lors de leur chasse, cette règle de la nature s’appliquait également en politique ou les icônes en déchéances, autrefois acclamées, aujourd’hui critiquées, se montraient sous un aspect beaucoup plus vulnérable. Ces individus étaient des cibles idéales pour tout politicien ambitieux désirant obtenir réputation et influence, et Sly n’échappait pas à cette règle. Reposant son attention sur Luke Kayan, elle l’invita à la suivre tout en reprenant la parole d’un ton plus souriant et léger comme pour essayer de détendre l’atmosphère.

- J’espère que je ne vous ai pas marché sur le pied… je suis plus douée en danse qu’en bains de foule un peu agités.

Fit-elle sans arrière pensée, mais cherchant à arracher un sourire au jeune Jedi. L’umbarane et la petite troupe l’entourant parvint à franchir une porte double, les journalistes n’allèrent pas plus loin et la souveraine reprit la parole pour interroger le jeune Luke Kayan sur le procès afin de le sonder un peu plus en profondeur et voir comment il réagirait.

- Au fait, qu’avez-vous pensé de l’intervention du padawan Baryon ?

Ses yeux scrutaient le visage du Jedi, essayant de décrypter une réaction même si elle se doutait déjà un peu de la réponse qu’elle aurait. Raimee Baryon, padawan et juré à ce procès avait sans doute attiré l’attention par ses demandes extravagantes, son parler un peu trop franc, pour ne pas dire familier dans le cas présent. Fort heureusement, bien qu’il eut tenté de tendre une perche à l’ex-chancelière Kira afin de se reprendre et limiter la casse, cette dernière alla jusqu’au bout et ignora cette main tendue. De surcroit le jeune Baryon avait admis à huis-clos qu’il y avait eu beaucoup trop de morts au cours de la bataille de Dubrillion pour que la reine d’Ondéron s’en tire sans la moindre condamnation, et encore moins en totale liberté. Preuve suffisante pour atténuer la première impression violente qu’avait pu s’en faire la vice-chancelière Keto.
Luke Kayan
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Cette voix, elle lui était familière mais beaucoup trop récente pour qu'il l'identifie. Le jugement avait été long, fastidieux, fatiguant et surtout riche entons, accents et sonorités, impossible donc d'associer un nom à cette formule d'excuses, du moins de prime abord. Par chance dans son malheur, le journaliste qui avait bravé la barrière de gardes avait hurlé assez prêt de sa personne pour que Luke ait les tympans percés et fasse accessoirement le lien avec son interlocutrice. Sly Keto, Reine d'Umbara qui de son célèbre pied, venait donc d'écraser le sien, de pied, beaucoup plus modeste. Le jeune Jedi afficha un léger sourire de circonstances dans le vide, on n'allait pas transformer ça en affaire d'état. Et bien si, le Hapien devina vaguement qu'il était invité à suivre, aspiré par les mots de la Souveraine. Un peu étonné, quelque part légèrement inquiet, le jeune homme pensa immédiatement à l'attitude de Raimee Bayron, un Padawan sorti de n'importe où, loin d'être représentatif de leur Ordre. Ensuite, il songea à sa propre attitude, avait-il été incorrect ? Avait-il avancé une théorie trop audacieuse ? Le Consulaire ne tenait pas spécialement à devenir ami avec Sly ou même à s'en faire bien voir, mais il avait à coeur de ne pas faillir à sa communauté. Alors si une Reine commençait à lui reprocher un détail...

- Chevalier. Je ne suis que Chevalier votre Majesté.

Corrigea-t-il doucement en se dérobant tant bien que mal à l'espace vide et protégé qu'avaient ménagé les gardes. En évoluant sa sa canne blanche, le jeune homme faisait rapidement oublier son handicap -si on le remarquait d'ailleurs- alors il peinait à s'adapter ou suivre le rythme, mais se plaindre ne lui était pas coutumier.

- En fait si, mais je possède le même manque de talent que vous. Il est donc probable que si c'eût été moi, j'aurais maltraité vos deux pieds.

Luke était un peu surpris des familiarités de l'élégante Umbarane, cependant il se garda de changer le ton. La diplomatie lui avait enseigné à s'adapter à ses interlocuteurs et finalement, Sly était on ne peut plus correcte, choisissant un humour aussi court que simple et finalement, sans risque. Une banalité qui servait généralement à entammer la conversation, mais que pouvait bien vouloir dire une Reine à un simple Chevalier Jedi ?

C'était finalement Bayron qui intriguait la quadragénère. Le Hapien cacha de son mieux les rougeurs qui montaient à ses joues. Il avait beau être formé à l'art de l'autocontrôle, le Padawan lui avait tellement fait honte que par procuration qu'il avait, lors de son discours échevelé, fait baisser la tête au Consulaire, comme s'il craignait de recouvrer la vue à cet instant, juste pour être témoin de l'ahurissement général. Prudent, le jeune homme choisit ses mots. Il n'était évidemment pas question d'entrer dans la teneur des propos de Raimee qui avait essayé d'aider implicitement Émalia. Sly en bonne adversaire pouvait vouloir prendre la température quant aux idées de l'Ordre, mais justement ce Raimee ne le représentait pas. En tout cas, pas cette communauté apolitique en laquelle le Chevalier croyait.

- Son intervention fut discourtoise et déplacée au possible. Outre les règles régissant la prise de parole au Tribunal bafouées, il a eu une attitude qui prouve à la fois que l'Ordre Jedi est composé d'êtres fait de chairs et d'erreurs et que nous avons encore bien du travail quant à nos autocontrôles et notre capacité à prendre du recul.

Fit-il un peu dur, sans doute, envers l'Ordre mais il n'en pensait pas moins. Pour autant, le Hapien se gardait bien de viser le maître du garçon voir ce dernier en particulier. C'était tout aussi sa propre personne qu'il attaquait, jugeant être coupable. Il n'ajouta rien d'autre sur les mots employés par Bayron ou les idées transmises. Imperceptiblement, le jeune homme s'était raidi. Difficile de croire qu'une souveraine veuille perdre son temps à échanger quelques mots sur l'éducation des gosses de cette triste époque -ahhh de mon temps...-. Il soupçonnait donc une approche intéressée mais sur sa personne ? Voilà qui perturbait sa comparaison "cours théorique/pratique". Sly avait le pouvoir de faire s'arrêter à peu près n'importe qui pour discuter avec, et pas besoin d'excuse, si véridique soit-elle, de pied écrasé. Alors pourquoi lui ? Probablement parce qu'il y avait peu de représentants de l'Ordre finit par songer le Hapien.

Faute de mieux, Luke attendit la suite, un sourire poli posé sur ses lèvres. Immobile -parce que là il ne savait plus du tout où il en était rendu, en arrivant, Luke avait compté les marches, mais présentement, il avait égaré le chiffre. Aurait-il aussi du mal avec l'autocontrôle ? En même temps après une attaque de pieds en règle suivi d'une discussion sur le comportement indigne d'un Apprenti, ça avait de quoi perturber le plus impassible des Consulaires. On avait jugé une reine et une autre reine semblait désirer le juger.

Par chance, Luke était assez professionnel pour laisser apparaître au plus, un léger trouble poli qu'il conserva en passant une double porte (mais où l'avait-on emmené ? Loin du bourdonnement des journalistes en tout cas. C'était appréciable.). Et il attendait donc, planté avec Sly Keto au milieu de sa troupe. Une troupe qui devait bien se demander pourquoi elle avait invité ce jeune Jedi, au physique certes très engageant mais pas moins simplement Chevalier.

Le concerné se demanda s'il devait à son tour entretenir la conversation mais il décida finalement de se taire. Non seulement c'était une question de politesse face à une "Majesté", mais c'était en plus une technique qui habilement pratiquée portait ses fruits. La réaction de Sly Keto serait autant d'éléments à observer et à analyser, qui sait si cela répondait déjà à quelques-unes de ses questions. Des questions qu'il n'avait pas eu le temps de se poser d'ailleurs.
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L’umbarane le savait et s’était volontairement trompée sur le rang du Jedi, cependant elle poursuivit sa feinte en prenant bonne note de la remarque de l’hapien et d’un ton quelques peu léger et sincère.

- Comme vous voudrez chevalier. Dans tous les cas, je pense que le Conseil ne saurait tarder à vous confier le rang de maître, du moins je ne peux que vous le souhaiter. Vous avez parlé avec sagesse lors de ce procès, ce qui n’était pas le cas de nombre de participants… vous avez ainsi attiré mon attention et gagné également mon respect.

Sly ricana quelques peu devant le trait d’humour de Luke quand ce dernier évoqua le fait qu’il aurait très probablement malmené les deux pieds de l’umbarane. Le groupe poursuivit son chemin, et tandis qu’ils marchaient encore, la Vice-Chancelière l’écouta répondre et donner son opinion sur l’intervention du padawan Baryon. Attentive, elle se redressa un peu, les mains dans son dos tandis qu’elle continuait de fixer devant elle la destination qu’elle cherchait à atteindre.

- Nul n’est infaillible vous savez.

Répondit-elle d’une voix douce, mais avec cette autorité qui pourrait rappeler celle d’un parent ou d’une aînée de fratrie. Peut-être s’adressait-elle également à elle-même en disant cette phrase. Après tout, la vie de Sly avait également été parsemée ici et là d’échecs qui, à chaque fois, avaient toujours eu de lourdes conséquences ou auraient pu en avoir. L’enlèvement de sa fille lui revint en mémoire à cet instant, et la peur qu’elle avait ressentie ce jour là l’avait poussée à prendre tous les risques possibles pour l’arracher à ses ravisseurs. Mais elle chassa cette pensée rapidement pour reprendre le fil de la conversation concernant la déclaration du padawan.

- Cela arrive malheureusement, en dépit de cet incident je pense que la réputation de l’Ordre Jedi ne sera pas trop entachée par son intervention. Il est encore jeune.

Fit l’umbarane d’un air qui se voulait réconfortant, cet impair serait rapidement oublié en soit par une partie de la population, mais probablement moins de la part des détracteurs de l’Ordre d’une part, et d’autre part par les soldats de la République. L’intervention de Raimee affaiblirait le lien entre les Jedi et les troupes, il avait dit que ces soldats avaient signé pour défendre la République au péril de leur vie certes, pas pour se suicider, mourir pour rien et en dépit de toute intelligence stratégique. Cette guerre ne durait que par l’amateurisme et l’incompétence des dirigeants impériaux comme républicains. Aucun soldat n’accepterait de mourir pour rien, et encore moins pour des officiers ou dirigeants les voyant comme de la chair à canon à envoyer à l’abattoir pour graisser les engrenages froids de la guerre. Seuls les impériaux pouvaient procéder ainsi grâce au conditionnement et le fanatisme de leurs troupes, et encore la loyauté indéfectible de ces soldats là n’était pas parfaite non plus… Les propos de Raimee avaient sans doute servi sans le savoir les plans sinistres de Darth Oracci, du moins avaient-ils initié la première phase de ce projet. Une opportunité en or, servie sur un plateau que la Dame Sith n’avait pas vu venir, mais dont elle saurait tirer bénéfice bientôt. Alors qu’ils continuaient d’avancer lentement, Sly Keto reprit la parole, essayant d’entretenir la conversation avec ce Jedi qui paraissait quelques peu timide, n’hésitant pas à chercher son regard.

- Je présume que vous n’allez pas tarder à repartir vers Ondéron faire un rapport à vos maîtres après ce procès exact ? J’ose espérer que l’ex-chancelière Kira ne vous fera pas du tort… aux vues de ses réactions et déclarations, je crains qu’elle cherche à vous nuire afin d’essayer de sauver la face politiquement et ne pas apparaître comme perdante. Sans doute s’attendait-elle à une meilleure implication du Conseil ? Qu’en pensez-vous ?

Avait-elle dit d’un air franchement préoccupé. Les soutiens d’Emalia Kira n’avaient pas vraiment brillé au sein de ce procès, et peut-être que l’ex-chancelière avait espéré un soutien plus affirmé de la part du Conseil Jedi qui, était resté neutre dans cette affaire. Se trouvant sur Ondéron, la position des Jedi était difficile, mais force était d’admettre qu’au cours de cette affaire, ils avaient privilégié la neutralité à la courtisanerie ce qui était tout à leur honneur. C’était en soit quelque chose qui avait un peu surpris l’umbarane qui s’était attendue à la même chose venant de l’Ordre, aussi l’intervention de Luke avait été à la fois rafraichissante, mais également une surprise plutôt agréable.
Luke Kayan
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Un sourcil blond et bien dessiné se dressa seul, exprimant la surprise du jeune Jedi. Peu sensible à la flatterie, il avait tendance, de fait, à s'en méfier. Extraordinaire clairvoyance ? Non, simple, pur incompréhention mâtinée d'un manque de confiance certain, le tout saupoudré d'une absence totale d'ambition. Pourquoi Sly Keto lui jetait-elle ces compliments dans ce lieu hermétique, inconnu d'ailleurs -ça aussi il faudrait songer à s'y intéresser d'ailleurs.- Certes, la Reine était des plus correctes et ses intentions n'avaient aucune raison d'être mauvaises, d'ailleurs c'était certainement la courtoisie des gens de la Haute Société qui amplifiaient ses ots doux. Mais quelque soit l'hypothèse, le souci demeurait : comment répondre à cela sans exploser de rire au nez de l'Umbarane ? Car sans la moindre méchanceté, Luke avait une furieuse envie de sourire face à cette- en tout cas apparente- innocence. Il n'arrivait pas à saisir qu'une quadragénaire, souveraine appréciée, politicienne de talent exprime autant de surprise, voir d'admiration pour quelques mots prononcés par un Chevalier.

- L'Ordre ne récompense pas ses membres parce qu'il suit ses principes. Je n'ai fait que témoigner, ceci dit, je suis fort aise de savoir que mon intervention ne vous a pas semblé déplacée.

Fit-il avec une politesse loin d'être hypocrite. Tant qu'à faire, pour un diplomate, ça ferait tâche de froisser une Majesté par le biais d'un comportement outrageant, sans compter que s'il n'avait que 27 petites années aux yeux des mortels, dans son Ordre, il était sensé être déjà expérimenté, appliquée et parfaitement apte à se contrôler. Raimee aussi aurait dû être beaucoup plus responsable. Lui-même à dix ans s'était avancé dignement malgré sa terreur au jugement de sa mère pour maltraitances. Parce que les Padawans recevaient une éducation aussi stricte que précoce, on attendait d'eux qu'ils ne fassent plus de crises de caprices ou pleurent sans discontinuer dès les premières années de leur vie. De grands psychiatres avaient déjà attaqués leur méthode, parlant d'une amputation mentale des émotions et d'un gommage en règle de la personnalité. Les plaintes déposées par les plus hardis n'avaient jamais aboutis car chacun des membres, malgré un voile de sagesse, possédait clairement son propre caractère.

Au moins le blond éprouvait-il un grand soulagement donc, à l'idée d'être conforté dans son comportement par une Aìnée expérimentée.

- Je vous remercie pour votre sollicitude en tout cas, mais je ne suis pas pressé d'obtenir ce poste pour tout avouer.

Là encore c'était une question de caractère personnel. L'ambition chez les Jedis, contrôlée, n'était pas si mal vue mais le Chevalier en manquait, en dehors de l'acquisition de connaissances, enfin, celles que son Ordre trouvait bon qu'ils acquièrent. Sa curiosité pour le côté Obscur avait été aussi sommaire que timide. À l'adolescence comme tous les Padawans, Luke avait "jeté un regard" sur la section interdite, mais au final, il n'avait jamais essayé de contourner les règles. Adulte, même avec le droit de regarder ces documents, le jeune Jedi préférait éviter. Il n'y allait qu'en cas de besoin, ces temps-ci, trop, à cauese de ce fichu Noctis. Le Hapien était donc bel et bien aussi lisse et peut-être ennuyeux qu'il n'en avait l'air en apparence. Aucune soif de pouvoir cachée, nul désir de reconnaissance sinon l'acceptation. Resté intégrer à sa chère communauté, y être accepté voir apprécié.

- L'Ordre Jedi est réputé pour sa neutralité. - Répondit patiemment le Chevalier en haussant imperceptiblement les épaules. Preuve qu'il aurait voulu ajouter "sensément". De fait, la question de Sly était parfaitement légitime quand on voyait que certains Maîtres faisaient parti du gouvernement, une dérive selon Luke, cependant il n'en discuterait avec personne d'autre que Karm.- Bien que nous ne soyons pas infaillibles en tant que mortels, nous nous attachons à prendre le moins parti possible. Emalia Kira est coûtumière de nos principes, je l'imagine donc mal fonder ses espoirs sur un appui mais qui sait.

L'ex-Chancelière vivait, mieux, gouvernait Ondéron, elle ne pouvait donc ignorer le mode de pensée de ses voisins. Ceci dit, vu leur implication politique plus ancrée ces derniers temps...

- Mais nos Moeurs ayant changé par la force des choses, elle était aussi en droit de le faire. Alors c'est peut-être le cas.

Avoua le blond un peu dérouté, incapable de donner une réponse prestigieuse mais qui serait en partie fausse. Il craignait à la fois d'irriter Sly, étant incapable d'apporter plus d'éléments, tout en continuant de se demander pourquoi elle l'avait abordé. Pourquoi lui et non Raimee qui aurait pu lui donner du grain à moudre. Beaucoup plus impulsif, le garçon l'aurait garnie d'informations volontaires ou non alors que le Hapien restait sur une réserve polie.

- Où sommes-nous exactement ? - Se permit-il d'ajouter en se fendant d'un léger sourire.- C'est que, je n'y vois pas très clair alors permettez-moi de m'étonner du calme de lieux si proche du tribunal et de la nuée de journalistes qui s'y est formée.


Par automatisme, le jeune Chevalier frôla l'esprit de Sly à la recherche d'une réponse, mais comme la plupart des siens, il respectait automatiquement une loi implicite : le respect de l'esprit, même chez des Non-Sensibles incapables de ressentir une intrusion finement menée. C'est donc aux abords de ce cerveau si productif que Luke demeura, poliment curieux. Lui revinrent en mémoire des bribes du curriculum de la quinquagénaire dont le parcours était exemplaire. Aimée de son peuple, c'était une femme qui s'exprimait bien, avait du charisme, gagnant en influence au sein du Sénat. Elle était réputée pour rester sur sa ligne de conduite bien qu'une rumeur signalait une relation avec Evran Fykk le porte-parole Jedi. Luke ne croyait pas une seconde que tous deux se soient adonnés à ces ébats et quand bien même, aux vues de leurs moeurs changées (comme il l'avait stipulé) que pourrait-il dire ? Sly Keto n'était pas mariée, à l'instar d'Emalia. De nouvelles reines, des politiciennes d'un temps modernes, fortes et indépendantes. Elles avaient beau être adversaires, des points communes les reliaient. Des points qui forçaient le respect.

- Et vous, à quoi vous attendiez-vous ? De la part de l'Ordre mais aussi des autres participants ?

Demanda Luke qui retrouvait ses réflexes de diplomate après la surprise. S'il pouvait tirer son épingle du jeu en obtenant des indications de Sly, l'échange pouvait être intéressant bien qu'il ne pensait pas non plus prolonger. Une reine avait autre chose à faire que de tailler la bavette avec un Chevalier, lequel d'ailleurs continuait de s'étonner d'avoir été entraîné dans un lieu si... Privé.
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Les réponses de Luke étaient bien trop modestes pour les oreilles de Sly Keto. Non pas que cette humilité soit feinte, mais des plus sincères démontrait d’un certain manque de confiance de la part du jeune hapien aux yeux vairons. La Vice-Chancelière lui répondit alors d’une voix assurée et bienveillante.

- Pourtant c’est inévitable chevalier Kayan, votre accession à ce rang n’est que l’aboutissement de votre parcours de Jedi vers la sagesse et la connaissance.

Puis vinrent les propos du chevalier Jedi quant à la neutralité affichée de l’Ordre Jedi. La neutralité vraiment ? L’umbarane se retint de laisser un sourire sarcastique s’étendre sur son visage mais haussa un sourcil indéchiffrable devant cette réponse assez inattendue et plutôt inadéquate. Tout au long de son histoire, l’Ordre Jedi n’avait fait que jouer un double rôle : celui de prétendre la neutralité pour au final et parfois de manière ouverte, interférer avec les affaires de planètes ou de systèmes souverains comme ce fut le cas à plusieurs reprises récemment ou l’Ordre Jedi ne s’était pas encombré d’agir dans un sens clairement défini et parfois même contre les intérêts de la République. Les Jedi sans s’en apercevoir représentaient une force politique dans la galaxie, et comme toute entité politique, Sly les pensait pas bienveillants au point de renoncer à cette influence qui les entourait car cela venait à renoncer au pouvoir politique qu’ils disposaient faisant d’eux des nains diplomatiques peu crédibles ou pris au sérieux.
Est-ce que Luke mentait sciemment ou était-il si aveuglé par les préceptes des Jedi pour ne pas s’en apercevoir ? L’umbarane ne le connaissait pas encore suffisamment mais pour le peu qu’elle en avait vu, elle le suspecta de faire preuve de naïveté combinée à un conditionnement mental depuis son enfance l’empêchant de voir à travers les mensonges de son Ordre ou de ses failles. Avec une certaine crainte dans sa voix, elle reprit.

- Si vous voulez un conseil, je suggèrerai à votre Ordre de vous méfier d’Emalia Kira. Ce procès a été un sérieux coup d’arrêt à sa carrière dans la République. Et vous savez ce que l’on dit ; même le plus paisible des herbivores peut se défendre avec plus d’ardeur qu’un Rancor une fois blessé et dos au mur. Il est évident qu’elle s’attendait à un soutien de la part du Conseil, et sa neutralité dans cette affaire nourrira sans doute un sentiment d’amertume, de frustration voire revanchard contre votre Ordre. Je ne peux que vous recommander la prudence car je crains qu’elle vous le fasse payer en vous exilant d’Ondéron car vous considérant comme des agents non officiels de la République pouvant menacer davantage son pouvoir. Ou pire en jouant de ses relations restantes, ses fidèles serviteurs ou anciens associés au sein de la République pour vous damner le pion en permanence.

Tandis qu’ils marchèrent, Sly répondit à Luke en souriant et d’un air des plus détendus, s’apercevant qu’il avait remarqué le changement d’ambiance dans ce long et vaste hall.

- En effet, j’ai particulièrement faim et j’ai pensé que vous me feriez l’honneur de vous joindre à moi. La Grande Rotonde dispose d’un restaurant pour l’ensemble de ses sénateurs lors des sessions longues. Et je pense que ce procès a été particulièrement éprouvant mentalement pour vous, je me trompe ? Rassurez-vous, vous êtes mon invité.

L’umbarane et son escorte finirent de franchir le hall, et arrivés dans un couloir bifurquèrent une première fois à droite, puis à gauche pour avancer dans un autre couloir un peu plus large. Déjà les odeurs de steak de nerf, de purée de légumes et d’épices aromatisées vinrent chatouiller les narines de la Vice-Chancelière, éveillant son appétit. Et elle revint sur un détail lui ayant échappé de prime à bord, mais qui semblait intéressant quant à une évolution des mœurs et valeurs de l’Ordre Jedi.

- Mais vous disiez que les mœurs de votre Ordre ont changé, en dehors de l’implication de certains des vôtres au sein du gouvernement, pouvez-vous m’en dire davantage ? Je suis assez curieuse de voir ce qu’est devenu l’Ordre Jedi au niveau de ses valeurs morales et interdits. Umbara a vécu assez recluse du reste de la galaxie, si bien que mon peuple considère que vous êtes restés les même avant notre prise de distance avec le reste de la République. C’était à l’époque de la découverte d’Ondéron par la République…il y a environ cinq siècles.

C’était d’ailleurs à cette époque qu’Umbara avait rompu la majorité de ses liens avec la République suite à un rapport des services secrets umbarans sur la gestion de cette crise et des trois batailles consécutives s’étant déroulées sur Umbara. Un départ anecdotique n’ayant pas fait grand bruit à l’époque et qui avait été oublié de l’Histoire depuis plusieurs siècles pour qui ne s’intéressait pas au passé du système Umbara. En effet, les actes des Jedi sur ce monde avaient été perçus comme une ingérence dans les affaires d’un système souverain et de surcroit neutre visant à déstabiliser le pouvoir en place.
Compte tenu du manque d’actions de la part de la République à l’encontre des Jedi, les umbarans ont considéré qu’il était intolérable que les Jedi disposent d’autant de privilèges sans le moindre contrôle de la part du Sénat. La grande crainte du Rootai avait été à cette époque, le fait que cela puisse servir de jurisprudence, ouvrant ainsi une grande porte vers une hypothétique action de l’Ordre Jedi contre les intérêts umbarans et leur autorise d’ingérer auprès de gouvernements souverains afin de servir les intérêts de l’Ordre… Ils n’aimaient pas que l’on se mêle de leurs intrigues.
Luke Kayan
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Luke n'osa pas rétorquer que certains Jedis étaient encore Chevaliers à plus de 50 ans. Parce qu'ils étaient de bons Jedis sans l'être assez pour mériter l'honneur du rang Ultime. Ou qu'ils ne se sentaient pas prêts à évoluer. Rarement enfin, les derniers, des puristes refusaient simplement la nomination parce qu'ils considéraient l'ascencion comme un signe d'orgueil mal placé. La place de Chevalier leur permettait d'avoir la liberté suffisante pour réussir leurs missions, continuer leur route et servir la Force, donc ils refusaient simplement de devenir Maître. Le blond lui ne se situait nulle part. Il n'éprouvait pas le désir d'être reconnu en tant que "supérieur hierarchique", indubitablement, il avait peur de ne pas être assez doué et que le Conseil regrette sa faveur, mais il ne s'imaginait pas non plus s'opposer à une décision de ses aînés. L'addage avait beau ne pas littéralement lui correspondre, le Hapien avait donc choisi de suivre le sage "on verra bien" sans jamais s'inquiéter d'une nomination. Afin de ne pas éparpiller sa concentration, il dirigeait ses efforts, ses préoccupations sur être un bon Chevalier qui ne décevait pas les siens, même si sa relation plus difficile à cacher désormais, l'inquiétait sur ce point, d'autant plus qu'il savait ne pas pouvoir y renoncer. Mais tout ça, évidemment, Sly Keto n'avait ni besoin, ni envie de le savoir certainement. Une Reine, engagée politiquement avait bien d'autres préoccupations, plus grobales d'ailleurs.

- Je ne puis que vous remercier pour cet intérêt quant à notre Ordre et à ses valeurs Madame. Si je dois être nommé Maître un jour, qu'il en soit ainsi, et si ce n'est pas le cas, pareillement. La Force sans doute l'aura voulu d'une manière ou de l'autre.

Fit-il simplement pour clore une chapire poliment. Un peu dérouté, il l'était et la suite des événements n'allait guère arranger les choses. Évidemment, en bon Jedi Consulaire rôdé au monde de la Diplomatie et ayant fais quelques pas dans la cour des Politiciens, il lia de suite les compliments de la Reine à son intention, désormais, de le ranger de son côté. C'était subtil, mais le Chevalier croyait déceler une tentative discrète de conversion à ses idées... Pourquoi lui, insignifiant membre de l'Ordre que l'on écouterait peu ? Parce qu'elle n'avait que sa personne sous ses doigts. Mais il ne voulait pas non plus diaboliser cette femme qui, peut-être, du moins un peu certainement, ne faisait que lui transmettre ses sensations personnelles. C'était dans ce cas justifié, presque amical de vouloir le prévenir. Les civils, il ne fallait pas l'oublier, avaient moins de retenue que les Jedis. Les politiciens savaient faire attention à leurs paroles, mais après un jugement comme celui-ci, Sly devait être chauffée à blanc. Il émanait de sa personne, une confiance tentatrice. Luke se surprit d'ailleurs à frissonner devant l'énonciation des potentiels plans d'Émalia. Sa formation l'obligea au calme, à considérer la chose comme une information à décortiquer, vérifier, discuter mais c'était certain, la Souveraine d'Umbara savait convaincre. La douceur des mots, s'intéresser à l'individu, le flatter usr ce qui semblait important à ses yeux (et pour Luke si sérieux, cela semblait assez clair que sa carrière comptait beaucoup, même s'il était en fait surprenamment dénué d'ambition), puis lancer ses cartes. Oh oui, elle savait s'y prendre.

- Emalia Kira cohabite avec notre Ordre depuis longtemps. Bien avant sa naissance, nous nous cotoyions, je doute, dès lors, qu'elle pense que nous puissions démontrer un soutien. Même si, certes ... Les choses ont un peu changé et que certains Jedis s'avancent plus dans leurs opinions. Toujours est-il que je prends, soyez assurée, bonne note de vos propos.


- Regretta et concéda Luke à la fois. Il ne parlait pas beaucoup, choisissait ses phrases mais c'était évident que face à une interlocutrice moins doué, il se serait encore moins exprimé. Peut-être aurait-il coupé court à la dangereuse conversation. Mais Sly n'était pas n'importe qui. Son rang, son charisme forçaient le Hapien dans ses retranchements. Comment refusait-on une invitation des plus... Étonnantes avec elle ? Cette fois, impossible de feindre la passivité, le visage de Luke démontra savoir encore exprimer une surprise des plus sincères, soudaine et pure. Cette histoire devenait saugrenue. Une fois rentrée, il allait devoir faire son rapport et ce dernier risquait d'être assez gênant puisqu'il comptait bien tenir promesse et aviser ses supérieurs. Comme dans une enquête, il voulait étudier les avertissement de Sly en toute impartialité.-

- Je ne sais pas si c'est raisonnable, Votre Majesté. Nous pourrions être considérés comme hum... De subjectifs alliés. Après un tel procès, nous démontrerions des prémisses d'une amitié... Loin d'être professionnelle.

En effet, et que penserait la presse de cet acquoquinement entre la Reine quadragénaire, magnifique et sûr d'elle avec ce simple Chevalier ? Luke était tiraillé parce que son maître lui aurait dit de saisir l'occasion, et surtout sa conscience était tranquille. Le jeune homme n'avait aucune intention politique ni ne prétendait profiter de l'aura de Keto. C'était juste... Un dîner de courtoisie, un peu surprenant, certes, qui émanait à un moment légèrement douteux mais les apparences... Au final quelles importances avaient-elles ? On les avaient déjà vu deviser ensemble, marcher côte à côte et puis, hormis des rumeurs sur une volonté de Luke à s'impliquer politiquement, il ne voyait pas ce qui pourrait surgir de plus. Ce ne serait en soi, ni grave, ni long, d'autant plus que le Hapien n'avait pas du tout l'intention de se présenter à des élections. On l'oublierait vite.

- Mais... Si vous insistez, ce serait un manquement à toute l'éducation qui me fut donner de ... refuser. Je vous remercie donc, non sans éprouver une certaine honte à l'idée de ne pas pouvoir contredire votre offre. J'aurais aimé vous inviter

Encore dérouté, gêné que la Grande Dame l'invite de la sorte, il faillit proposer d'organiser un repas avec son Maître, Saï Don, autrement plus au niveau, mais Sly semblait préférer manger aujourd'hui. Donc. En tout cas, impossible de l'inviter, pour un simple Jedi, ce restaurant était hors de prix ! Luke ne se promenait qu'avec quelques crédits de secours destinés à lui faire prendre un taxi en cas d'imprévu.

- Le procès n'a pas été simple mais je me garderai de me plaindre face à ces avocats qui ont dû déployer des trésors de langages, les témoins clés ou encore les représentants de victime. - Pour tout dire, c'était ce Raimee Bayron qui avait éprouvé le Chevalier qui avait senti la dignité de son Ordre fondre comme la Neige de Hott soumise aux rayons des Soleils de Tatooine.

Une dignité qu'il allait d'ailleurs lui-même contrinuer à descendre en répondant à Sly. À sa grande honte. Parce qu'évidemment, c'était impensable de mentir à une Reine. Ou plus génériquement, à une Dame. Pas dans le monde d'un Luke dont une mission particulière ne dépendaient pas de ses paroles fausses.

- Et bien. Certains Jedis, comme Maître Marja faisant actuellement partie du Gouvernement, ont décidé de s'impliquer davantage en politique. Ce n'est pas un phénomène courant mais le fait est que dans le passé, il était inexistant. Quelques uns approuvent, car pour eux c'est l'évolution d'un Ordre malgré lui de plus en plus relié à la République alors que d'autres le refusent. Ce sont là, les discussions et désaccords habituels au sein d'une communauté... Heureusement, il n'y a nulle faille puisque chacun essaye de s'exprimer raisonnablement.

Ça, le Hapien se le demandait, d'autant plus que l'attitude de Raimee laissait entrevoir une jeune génération vindicative qui oubliait le recul et le calme qu'un Jedi était censé maintenir. Il s'était jeté la tête la première dans des accusations outrageantes, aggravant sa faute. Intervenir en soi était une erreur, ses mots blessants à l'égard des soldats en était une autre. Luke n'aimerait pas être à la place du Maître de ce Padawan.

- Depuis la naissance d'enfants au sein du Temple... L'Ordre est aussi un peu plus... Flexible à ce sujet.

- Il avala sa salive difficilement. Reconnaître cette permissivité qui en plus lui servait, le démoralisait. Il avait l'impression de salir les siens avec ce qui n'était pourtant qu'une vérité. Beaucoup y voyaient une intelligente évolution, une indulgence qui soulignait la bienveillance d'un Ordre ne souhaitant plus bannir ses membres, mais Luke était quand même de la vieille école. Son propre mentor savait qu'il y avait un lien puissant entre son ex-Padawan et le Chevalier Gardien dont il avait parfois croisé la route. Le Hapien se demandait parfois jusqu'à quel point son vieux, sage maître adoré acceptait la situation. Prenait-il sur lui ses déceptions ? Et comment la Reine d'Umbara prendrait cette "flexibilité"? Elle dont le peuple semblait encore porter les Jedis aux nues ?

- Bien sûr, notre priorité reste inchangée et nos valeurs également, mais ... J'avoue ne pas savoir comment les autres perçoivent tout cela. C'est à la fois subtil, presque imperceptible mais avant, ces sujets -l'implication en politique, l'enfantement, la notion de famille- nous étaient interdits. De véritables tabous, presque une dévoyement. Mais je ne voudrais pas vous ennuyer avec ces inquiétudes intrasèques à notre Ordre. De fait, j'aimerais vous retourner la question... Comment est le peuple d'Umbara ? Pourquoi ce distanciement ?

Un distanciement admirable que les Jedis auraient dû conserver. Finalement, c'était la planète qui donnait l'exemple. Luke connaissait ce peuple pour être intervenu une fois, avec succès d'ailleurs lors d'une grave affaire. Il y était donc relativement -positivement- connu, mais sa relation avec ce peuple mystérieux demeurait superficiel. Il était donc curieux d'en connaître davantage.

- Politiquement, vous êtes bien plus liée aux affaires de la République que vos prédécesseurs, est-ce par obligation ou vocation ?

Demanda-t-il, se surprenant à finalement commencer à apprécier la discussion. On n'avait pas tous les jours l'occasion de connaître les ambitions d'une Reine. Surtout que pour une Umbaran, Sly Keto se montrait particulièrement ouverte, curieuse selon ses propres termes.

Une odeur de nourriture délicate chatouilla les narines du Consulaire. Ils devaient bientôt être arrivés, naturellement Sa Majesté n'avait pas mentie et elle l'invitait bien au restaurant. Complètement folle, cette affaire.
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La discussion allait lentement dans un sens intéressant pour l’umbarane. Bien qu’elle fut tentée d’insister quelques peu, le jeune homme céda sans opposer de résistance à l’invitation de la Vice-Chancelière. Une petite victoire en soit, Sly en qualité de Reine n’aimait pas manger seule. D’ordinaire se trouvaient toujours des suivantes pour assister au repas de la souveraine et lui tenir compagnie sur Umbara quand elle ne profitait pas de ces déjeuners pour faire des réunions informelles. Elle l’écouta et ne revint pas sur l’affaire du procès et d’Emalia Kira, inutile de s’attarder là-dessus davantage, le Jedi et la Reine avaient déjà dit ce qui devait être dit, et elle se contenta d’opiner du chef à ses questions, cependant Sly Keto répondit sur les changements au sein de l’Ordre d’une voix douce et qui se voulait bonne conseillère à l’égard de son interlocuteur, une façon de le mettre sur une piste.

- Votre Ordre est en mutation, l’implication politique des vôtres n’est plus très récente. C’est un phénomène pourtant initié avec les mandats d’Halussius Arnor et d’Alyria Von à la plus haute fonction de la République. Rien de bien nouveau dans le fait que Maître Marja eut accepté de rejoindre le gouvernement. Peut-être est-ce le sens de l’histoire mais c’est sans aucun doute le contexte relatif au retour des Sith qui amène les Jedi à trouver des solutions extérieures à l’Ordre afin de résoudre cette crise…

Elle garda le silence quelques longues minutes, ne réagissant pas vraiment à la question des enfants qui naissaient au sein de l’Ordre Jedi. La Sith qui sommeillait en elle ne pouvait s’empêcher de trouver que les valeurs morales que cette secte brandissait sans cesse en étendard de sa vertu avaient été à ce point dévoyées… Renforçant de fait son aversion pour ces individus trop faibles pour accepter la promesse d’un pouvoir supérieur pour vivre libre. Ces Jedi préférant s’enchainer à une morale qu’ils n’hésitaient pas à enfreindre, et encore moins à dispenser à ceux qui choisissaient de vivre en dehors de leur dogme… capables d’aller jusqu’à tuer si nécessaire. Darth Oracci éprouvait à la fois du dégoût et de la moquerie pour ce qu’étaient devenu les Jedi. En franchissant les portes du restaurant sénatorial, l’odeur de cuisine vint lui changer les idées, elle se recentra sur le jeune homme l’accompagnant pour répondre avec un certain amusement dans la voix.

- Vous voilà bien curieux chevalier Kayan, je n’ai pas l’habitude de répondre à cette question…

Elle fit quelques pas en direction d’une table réservée, le restaurant était presque désert si l’on oubliait les gardes ainsi que le personnel affecté au service, et tandis qu’elle tira l’une des chaises pour inviter Luke à s’asseoir en face d’elle, elle reprit la parole d’un ton assez léger sur la question de son peuple.

- Nous sommes un peuple très secret et territorial vivant sur un monde ou la nuit est éternelle, notre système de caste organise notre société et nombre de mes pairs éprouvent un certain désintérêt pour les affaires agitant le reste de la galaxie. Les autres peuples ne nous apprécient guère et nous prêtent des pouvoirs surnaturels… Nous n’aimons pas beaucoup parler de nous en général, mais il semblerait que les umbarans descendent des Zhell d’après les plus anciens écrits en notre possession…

Les gardes du sénat se dispersèrent après un geste de la main de sa part, ils se postèrent aux quatre coins de la salle pour laisser la vice-chancelière et le Jedi seuls pour discuter. Tous les deux installés à côté de la baie vitrée qui donnait sur l’immensité du quartier sénatorial de Coruscant, Sly s’installa à sa place en s’adossant contre son siège confortable, elle rouvrit la bouche et ajouta des détails sur les raisons ayant poussé Umbara à s’isoler du reste de la galaxie ainsi qu’à restreindre ses contacts avec l’extérieur de la Nébuleuse Fantôme.

- Quant aux raisons de cette isolation, disons que la République au cours des siècles a parfois préféré suivre un chemin qui ne nous convenait pas, et de surcroit certaines décisions inquiétaient notre peuple, aussi nous avons préféré nous tenir à l’écart de ce qu’il se passait ailleurs afin de vivre paisiblement selon nos coutumes.

Voilà que le Jedi était des plus curieux à l’égard de Sly Keto si bien qu’elle se demanda si sa gène à l’idée d’être invité n’avait pas été simulée et qu’il était en réalité en mission pour le Conseil Jedi. Luke serait un bon acteur si cela était le cas, cependant la question fut beaucoup plus personnelle, et l’umbarane n’eut aucun frein mental à répondre à cette interrogation des plus légitimes d’une voix douce particulièrement apaisée avec un sourire sur ses lèvres pendant qu’elle s’empara d’une carte.

- Une question intéressante à laquelle je ne peux pas vous donner une réponse claire, un peu des deux je dirais. Cela faisait depuis une décennie que nous restions vigilants sur les affaires galactiques sans y prendre part. Le retour de l’Empire à quelques peu ébranlé Umbara et une dissension entre le maintient de notre doctrine Persyn, ou tenter de s’ouvrir afin de jouer un rôle plus actif dans la défaite définitive des Sith. Un rôle que nous ne pouvons pas jouer en dehors de la République.

Un mirialan dans la fin de quarantaine s’avança, élégamment vêtu et se pencha pour demander ce que voulaient manger le Jedi ainsi que la Vice-Chancelière, s’attardant en priorité sur l’umbarane.

- Vous désirez un petit apéritif pour commencer ?

La Reine Keto releva la tête de la carte, haussa le menton en direction de Luke et s’adressa à lui.

- Tout à fait. Luke, vous êtes mon invité, passez votre commande pour les amuse-bouche et surtout faites vous plaisir.
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Un petit signe de tête, gêné mais démontrant son accord. En y pensant bien, avec la vérité en face, l'Ordre était rentré dans le monde de la politique depuis longtemps déjà. Trop à son goût, malgré la tentative de Sly pour atténuer ce fait (?). L'adaptation n'était pas vraiment une excuse pour autant dériver de leurs principes.

- Oh. Je vous prie de m'excuser, sans doute me suis-je laissé emporté par l'ambiance.

Lui qui s'était légèrement ouvert se renferma plus rapidement que la lame d'un sabre-laser se rétracte. Il sentit une rougeur timide s'épanouir sur ses joues, incapable de la contrôler malgré le fait de ses reproches internes. Ça ne faisait pas très Jedis... Mais au moins, cet étalage discret -bien que visible- d'émotions appuyait sa sincérité. Ne sachant pas très bien quel était son rôle pour ce repas, ni si c'était d'ailleurs réellement une place convenable, Luke cherchait un moyen de discuter sans avoir l'air d'un être maladivement silencieux, ou au contraire, envahissant. Dans le cadre d'une mission, d'un conflit entre planètes, c'était peut-être encore plus stressant mais aussi plus simple dans le fond, parce que le contexte dessinait les limites et surtout, il avait toute une série de questions indiquées par le protocole à poser.

- Oh, je comprends, je ne chercherai donc pas à en savoir plus. Toujours est-il que je vous remercie de m'avoir confié ces bribes, elles seront bien gardées entre les lèvres closes.

Répondit-il en cachant un certain désapointement. Habituellement les représentants de planètes ne tarissaient pas en éloges sur leur peuple dont ils souhaitaient répandre la culture. De plus, Sly s'était montrée ouvertement curieuse quant à l'Ordre, une communauté qui aimait également garder ses histoires entre ses murs (pas autant que les Umbarans ceci dit) et ses interrogations avaient naturellement guidé le Jedi vers un retour, mais le voilà coupé dans son élan. De quoi de moins en moins comprendre la raison de sa présence en ces lieux. Devrait-il se contenter d'écouter ? Certains, plus que de dialogue avaient besoin d'une oreille. En tout cas, on ne le reprendrait plus à parler du peuple de la Reine. De la planète en revanche, ça faisait un certain sujet de conversation et Luke adorait qu'on lui décrive des paysages qu'il essayait d'imaginer comme il le pouvait, à sa manière mêlant le vrai, le faux, le réalisne avec le carrément l'absurde.

- Pourrais-je, ceci dit avoir l'outrecuidance de décrire les paysages d'Umbara ? Non non, pas ses plateformes militaires, les usines, la performance de la technologie. Juste... Est-ce un endroit désertique ? Froid ? Y a-t-il beaucoup de végétation ?

Il songeait encore aux Zhells, essayant machinalement de se rappeler de ce peuple -mais il n'avait pas étudié cette partie de l'histoire.- lorsque Sly reprit la parole pour expliquer le choix d'isolation d'Umbara, mais aussi celui inhabituel de sortir de leur réserve à cause de la situation présente. Le besoin. L'ennemi de mon ennemi est mon ami.

- Les temps changent et peuvent forcer les coutumes à le faire. Sans doute comme pour l'Ordre qui entre un peu dans la politique. C'est du moins ce qu'expliquent certains Consulaires. Hum, des diplomates si vous préférez.

En tout cas, Luke avait plutôt tendance à apprécier les Umbarans d'entrée de jeu. Des personnes tranquilles, aimant se retrouver en communauté, valorisant la paix et la réflexion, bref, tournés vers l'essentiel. C'était ce à quoi aspirait le Hapien. La voix de Sly s'était adoucie, peut-être même souriait-elle. Sa bévue semblait oubliée.

- N...

Le Mirialan attendait la commande d'un Luke qui n'était pas du tout habitué à prendre des appéritifs. Au début de sa carrière, il avait cotôyé les milieux politiques en tant que diplomate, et donc dû manger des petits fours. Seulement, le jeune homme avait bien vite quitté les lieux pour suivre la vision de son maître d'un Consulaire : intervenir lors de conflits planétaires ou de prises d'otages lui avait permis d'échapper aux galas fastueux. Le serveur lui tendit une carte d'appéritif que Luke reçut gentiment mais ignora.

- Un jus de fruits naturel sera parfait, merci.

Tous les établissements de restauration en avaient. Avec plus ou moins de panache, des noms compliqués, un verre alambiqué, précieux, simple, mais c'était une valeur sûre pour quelqu'un qui ne pouvait décidément refuser l'invitation d'une reine.

- J'ai appris qu'il ne fallait pas toujours essayer d'accumuler les merveilles, d'amonceler des éléments sous peine de ne pas laisser l'un d'eux, plus discret, naturel s'exprimer. Un concert de piano sans autre instrument, un cokctail sans friandises.

Expliqua le jeune homme en souriant avec douceur. Ça ressemblait peut-être à une justification -et s'en était une quelque part.- mais vraie. Et c'était un vieux politicien qui lui l'avait expliqué. Un briscard, fin gourmet qui choisissait uniquement le meilleur, dans ses contrats, dans la nourriture, dans ses interlocuteurs. Il avait trouvé le tout nouveau Chevalier dans un coin et l'avait naturellement abordé.

"Trop de bonnes choses sur ce magnifique napperon blanc, n'est-ce pas mon cher ami ? Sans doute pour occulter le manque de conversation, de civilisation qui paralise notre beau Sénat. La bouche pleine, personne ne se dispute. Si j'étais vous, je considèrerai que je n'ai le droit qu'à un seul de ces mets. Que c'est même le dernier de ma vie, raison de plus pour très bien choisir. C'est un jeu plutôt amusant, non ? Un peu stressant, frustrant ? Mais je vous assure que cette méthode révèle la vraie saveur, elle la sublime même, bonne soirée."

- Les Siths. Ils semblent beaucoup plus unis. On les dit égoïstes, méfiants envers leurs pairs. Mais en imaginant que ce fut vrait, eux aussi ont changé, cherché des solutions extérieures. À vrai dire, je ne sais pas si on peut un jour, espérer une défaite définitive. Ils sont puissants et ... Même en latence, maintiennent un certain équilibre quoiqu'on en dise. Le soleil ne peut vivre sans ombre dit-on.

Éliminer tous les Siths semblait impossibles, un peu comme des virus. On en éliminait un, un autre naissait, version mutée du premier ou un nouveau. Et quand bien même leur Académie disparaissait, jusqu'aux dernières particules d'éléments viciés laissés libres pourchassés, tant que l'Ordre Jedi existerait, il produirait aussi son quota de frustrés, déçus, enragés. C'était douloureux à reconnaître mais Luke avait fini par le faire. Ses'Kaï Mora suivi ou précédés d'autres cas suspects lui avaient fait ouvrir les yeux et nul besoin d'y voir grand chose physiquement pour s'en rendre compte.

- Quel est votre avis sur eux, les Siths ? Ou même l'Empire ?

C'était intéressant et pas trop personnel (Enfin cela dépendait de comment la quadragénaire décidait de répondre). Parfait ! On posa son jus de fruit et l'éventuelle commande de sa Majesté, devant eux. Luke attendit que cette première se serve pour siroter son jus de fruits. Le restaurant, en plein coeur de Coruscant, avait réussi le tour de force de lui en apporter un frais. Un petit miracle que le jeune Jedi apprécia. Il ne s'octroyait guère le loisir de prendre des jus de fruits, même sur Ondéron entouré d'arbres fruitiers et de l'AgriCorps qui s'occupait de les cultiver. De l'eau, rien d'autres. Mais aujourd'hui, avec tous ces événements, ce petit luxe lui faisait du bien.
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- Vous êtes plus raisonnable que moi Luke ! Un véritable ascète. Je vais vous prendre un vin blanc d’Alderaan je vous prie. Avec des graines séchées de huètes pour commencer.

Par politesse, l’umbarane ne revint pas sur les excuses du jeune Jedi qu’elle accepta avec un sourire pour ne pas le mettre davantage dans l’embarras. Elle fut cependant soucieuse d’apporter un minimum de réponses concernant la description de son monde d’origine et tandis que le serveur apportait du vin blanc d’Alderaan ainsi que les petites graines de Huètes, dans lesquelles la vice-chancelière commença à piocher dans le petit bol présenté devant elle. Sa voix était toujours douce et offrait une présentation détaillée et réaliste de son monde baigné dans les ombres depuis la création de l’univers, un monde mystérieux sur lequel peu d’étrangers on pu poser le pied.

- Hum, plusieurs planètes composent le système Umbara. Umbara est la planète que nous avons dominée avant de nous lancer dans l’exploration de notre système. C’est un monde plongé dans une nuit éternelle. Le climat y est un plutôt tempéré de manière général et composé de plaines, forêts et vallées. A l’équateur le climat est plus favorable aux jungles et à la toundra en ce qui concerne les pôles de notre planète. Certaines zones sont assez brumeuses rendant le voyage difficile. Notre monde est organisé en plusieurs grandes villes mais de larges portions de notre monde restent encore sauvages et dangereuses de part la faune et la flore locale qui apprécient les voyageurs égarés.

Un sourire radieux illumina son visage tandis qu’elle buvait quelques gorgées de vin. Il est vrai que sa description de créatures et de plantes susceptibles de vous dévorer vif n’avait pas de quoi être des plus attractif. Elle prit sur elle de rassurer Luke d’une voix chaleureuse afin de ne pas effrayer son jeune compagnon de restaurant quant à son monde d’origine.

- Mais rassurez-vous, ces créatures ne s’approchent pas de nos grands centres urbains, et chacun d’entre eux est relié entre eux par de grandes et larges routes droites terrestres ou l’hypertrain. Cela dit, de nombreuses variétés de plantes ont évolué de façon à produire une sorte de lumière naturelle. Cependant le procédé est trop complexe pour que je puisse vous l’expliquer sans faire d’erreurs, disons que c’est une… sorte de bioluminescence comme chez certains champignons que l’on peut trouver ailleurs dans la galaxie.

La dernière partie de sa phrase était quelques peu hésitante pour trouver le terme le plus adéquat à utiliser en basic pour décrire les lumières naturelles dégagées par ces êtres vivants qui intéresseraient sans doute tous les xenozoologistes ou botanistes de la galaxie. La vie avait suivi un chemin différent et su s’adapter à l’ombre d’Umbara comme en attestaient les mutilateurs vexxians dont l’espèce était cousine des rancors. Tandis qu’elle prit une nouvelle gorgée de vin elle répondit à la question posée par le jeune Luke Kayan concernant les Sith ainsi que leur existence. L’umbarane était sûre de n’avoir pas été percée à jour par le jeune Jedi sur sa véritable nature, et elle répondit d’un ton assez détendu mais toujours sérieux tandis que le serveur vint déposer son verre de jus de fruits sur la table.

- Mon opinion sur les Sith ? Une menace a éradiquer de la galaxie. Si je ne les estimais pas comme étant un danger, j’aurai poursuivi la politique de mon prédécesseur et resté isolée du reste de la République. Mais le danger qu’ils représentent font qu’Umbara ne pourrait se défendre seule en cas d’invasion. Au mieux serions-nous un véritable bourbier pour l’Empire, mais les pertes civiles et économiques seraient très importantes et nous laisseraient vulnérables à la menace représentée par le kajidic Besadii que nous surveillons et avec lequel les tensions sont fortes. Aussi nous avons préféré prendre l’initiative en ralliant la République.

Elle souhaitait cependant se montrer des plus lucides quant à sa vision des choses sur la politique actuelle mais plus encore sur la situation du conflit opposant la République à l’Empire Sith. Darth Oracci prit une poignée de graines accompagnées d’une nouvelle gorgée de vin. Puis elle se pencha en avant pour reprendre la parole d’une voix plus basse et sérieuse afin que la conversation ne s’ébruite pas trop davantage auprès du personnel du restaurant.

- La trêve et la paix ne dureront pas. Mais si nous pouvons accorder aux gens qui sont menacés par ces impériaux quelques jours, mois ou années de vie en plus, alors le jeu en vaut la chandelle non ? Nous ne devons pas abaisser notre vigilance et profiter de ce répit pour nous préparer en cas de rupture de ce conflit de sorte à ce que nos capacités de réaction soient immédiates et brutales dès qu’ils attaqueront. J’espère que nous pourrons compter sur les Jedi afin de nous aider dans cette tâche bien entendu.

Une petite confession qui surprendrait peut-être mais avait le mérite d’être réaliste. Sly au fond d’elle estimait que Luke devait sans doute penser la même chose sur le sujet. Aussi elle ne faisait que révéler un secret de polichinelle que l’Ordre Jedi devait déjà deviner. Ou alors le Conseil était plus aveugle qu’elle ne l’aurait cru ce qui aurait rendu les projets impériaux encore plus aisés.
Luke Kayan
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- Dans une nuit éternelle.

Souffla Luke pensif en imaginant un monde plongé dans le sien. Une planète invisible, enveloppée de néant. Bien sûr, il savait que les voyants utilisaient des lumières artificielles et que l'expression utilisée par Sly ne devait pas être prise au premier degré mais quelques secondes, précisément le temps que la femme reçoive sa boisson et son apéritif, l'imagination du Jedi avait défilé. Contrairement à ce que certains pensaient, il en avait une bonne, décolorée certes, mais les mots savaient remplacer des teintes et la reine comptait bien. Luke était conscient de sa chance : que la Reine utilise ses lèvres pour lui parler de la planète qu'elle connaissait si bien. Il l'écouta sans le moindre bruit, renonçant y compris à boire son jus, afin de ne pas perturber le récit.

- Je me dois de vous remercier pour ce voyage... Cela peut surprendre mais j'adore en apprendre davantage sur le climat, la vie des planètes citées dans un contexte ou un autre, que je visite ou dont je discute avec un représentant. J'ai rencontré certaines de ces créatures dangereuses. - Expliqua Luke pour- Et vécu en première ligne la confrontation entre le monde sauvage et civilisé parce qu'un fou avait décidé de droguer des Malraas. Je suis donc soulagé qu'elles n'entrent pas en ville.- Quoiqu'il en soit, les jeux de bêtes obscures et de plantes lumineuses le fascinaient même s'il peinait à tout saisir. - enfin j'espère ne pas vous ennuyer avec des ... Anecdotes de terrain.

Une politicienne, ça n'était pas la même chose que le faux Consulaire en quoi il se convertissait petit à petit. Un explorateur en devenir. Ou presque.

- Et en plus je vous force à jouer les conteuses, quel impoli. Ceci dit, permettez-moi de dire que vous avez une magnifique façon de décrire. - Et une belle réthorique, mais ça, c'était normal pour une souveraine. À côté de lui d'ailleurs, Luke en avait conscience malgré ses manières soignées : Sly brillait. Port impeccable, charisme transcendant, mais s'il l'admirait, le Jedi ne l'enviait pas. Les richesses cachaient de longs discours, des négociations épuisants. Et de toutes façons, Luke ne saurait pas quoi faire de tant d'argent. Un peu pour prendre le taxi, ne pas ressembler à un goujat obligé de laisser l'autre l'inviter (sans pouvoir refuser l'invitation), voilà à quoi servait la monnaire pour lui. Mettre un pied dans le monde civil à cause des enquêtes avait permis au Hapien de la valoriser davantage, de comprendre ce qu'étaient les factures à payer mais en général, les gens semblaient vouloir trop d'argent.

- Hélas -admis doucement le Chevalier- La paix semble effectivement fragile.- Au moins la Reine admettait avoir choisi entre la peste et le choléra concerant la République. Un révélation qui ne gênait nullement Luke. Pourquoi se sentir viser ? La Il n'était pas politicien, l'Ordre s'était juste associé au Gouvernement qui lui semblait le plus proche de ses idéaux. Un peu le même choix finalement que Sly Keto en essayant (supposément) de rester neutre. Elle semblait sincère, directe et bien moins embourbée dans l'hypocrisie que les politiciens que le Chevalier fuyait de plus en plus. Alors lui aussi avait offert ses pensées sur le sujet. Le traité pensait-il, n'était pas sincère. Trop fragile, trop avantageux et de trop nombreuses fois violé quoique subtilement. Luke n'y avait lu aucune réelle volonté de l'Empire de changer. C'était bien malheureux pour un Jedi sensément idéaliste mais ne pas s'en rendre compte aurait été apposer un masque de cécité sur ses yeux déhà éteints. Ridicule, presque criminel.

Bien sûr, le Hapien n'en était pas à offrir les clés du Temple à Madame Keto mais il l'estimait investie dans son travail et même plus, honnête aussi.

- Quant aux Siths... Je ne sais pas si éradiquer serait le terme. Déjà, c'est un équilibre... Étrange mais s'en est un. Tant que les Jedis existeront, certains seront corrompus, comme des civils honnêtes peuvent hélas donner naissance à un futur tueur en série. Doit-on supprimer l'humanité pour ça ? Tuer des peuples comme par exemple celui de Nar Shadaa où la criminalité est très haute ? Tant qu'il y a un innocent, un être qui n'est pas passé à l'acte, je ne pense pas que l'on puisse le punir pour ce qu'il pourrait faire... Y compris si c'est un Sith. Mais nous sommes d'accord quant au fait de se prémunir. Avec raison, sagesse, pour ne pas devenir l'attaquant, celui qui provoque une guerre jamais voulue, mais se préparer tout de même.

Et voilà pourquoi les Jedis recevaient d'ailleurs une formation guerrière, y compris les Consulaires.

- Votre peuple est chanceux de vous avoir votre Majesté, car vous pensez à leur bien, renonçant à l'orgueil pour les protéger de la menace.

Fit-il gentiment en espérant ne pas se montrer trop familier, trop moralisateur, trop ennuyeux... Trop lui. Mais au moins n'engageait-il plus l'Ordre à ce niveau sinon lui. Cela permettait de délaisser la prudence trop lisse, trop politique. Ainsi, il s'était permis de dire ce qu'il percevait de prime abord, une femme qui lui avait décrit les paysages austères, dominés d'Umbara avec chaleur, passion, joie même... Une Reine entourée de fastes comme devaient l'être toutes les dirigeantes, pourtant assez humble pour discuter un simple Chevalier, voir l'inviter à sa table.

Le Hapien but une petite gorgée de son jus, ce dernier arrivant doucement à la moitié.

- L'Ordre Jedi, Madame, intervient pour aider au mieux les peuples, les individus en danger. Il n'y parvient pas complètement, connaît des revers mais il essaie. Si Umbara est assaillie, dans les conditions énoncées, vous recevriez notre aide. Malheureusement nous en revenons toujours au même. La politique parfois nous emprisonne.

Il hésita avant d'ajouter sur le ton de la confidence, un secret de polichinelle, lui aussi, mais Sly avait le droit de l'entendre.

- Hélas, nous sommes sans doute trop proches de la République ou qu'en sais-je... Mais si le respect de lois, de règles est primordial pour ne pas sombrer dans le chaos, il y a parfois d'inexplicables barreaux, des chaînes jetées depuis notre propre camps qui nous entravent. Les dissentions, les disputes dans des bureaux brisent des peuples. J'espère de tout coeur ne pas avoir à honorer mes propos en imaginant qu'Umbara ne soit pas attaquée... Mais dans ce cas, que cela puisse se faire. Je ne suis qu'un simple Chevalier, malheureusement, qui vous énonce la réalité de nos idéaux, de nos croyances, sachant que nous ne parvenons pas toujours à les respecter. En revanche, je peux vous promettre de vous offrir mon modeste contact personnel, à utiliser si la situation se tendait. J'en parlerais alors directement au Conseil qui déciderait comment agir.

Être en première loge pour aviser de tensions, même légères (quoiqu'un minimum convainquantes), et la promesse de ne pas être prise pour alarmiste afin d'anticiper une crise. La promesse d'atteindre l'Ordre en son coeur à travers sa parole. C'était ce que Luke pouvait appliquer sans dévier.

- Ce n'est pas grand chose votre Majesté, mais ça au moins, je peux vous le garantir.


Sly avait beau obtenir sa sympathie, il restait prudent quant à ses engagements afin d'être sûr de pouvoir les accomplir sans non plus mettre l'Ordre en danger. Son offre cependant ne restait pas négligeable car elle était gratuite finalement. En tant qu'ex apprenti de Saï Don, il atteindrait vite, si nécessaire, les oreilles du Conseil qui, agissant avant, d'abord prévenu par Luke pourrait éventuellement sceller le volcan avant son explosion. Prendre les prémisses au sérieux et par anticipation pouvait parfois tout chambouler. La Reine, si elle soupçonnait un mouvement suspect conséquent, annonciateur pourrait donc compter sur l'oreille attentive du Consulaire, qui par là même signerait aussi une alliance implicite utile. Être prévenu dès le début de première main... Cela permettrait de freiner l'ennemi rapidement, en plus de sauver, effectivement des vies. Et quelle première main en plus. La Reine d'Umbara, autant dire que l'information serait fraîche, vérifiée, donc probablement authentique, mais de base, Luke avait été sincère dans sa démarche, parce que tous les Jedis devaient essayer d'apporter assistance à des personnes en danger ou menacées de l'être. Il avait tendu sa propre main, simplement.
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Le jeune Jedi était des plus charmants, même si l’umbarane trouvait cela dommage qu’il soit hapien. Attentif, il semblait l’écouter avec toute l’attention du monde et visualisait les décors et paysages qu’avait pu décrire la reine d’Umbara. Une qualité qu’elle Elle lui sourit quelques instants avant de se demander si cela était bien nécessaire compte tenu de la cécité de son interlocuteur.

- Vous êtes flatteur Luke voyons ! Ces anecdotes sont loin d’être ennuyantes, au contraire j’en suis plutôt friande. Si vous saviez ! Elles sont toujours utiles pour cerner le parcours d’un personnage aussi singulier que vous Luke et ces petites histoires sont sans doute plus parlantes qu’un CV ou rapport de mission. Par exemple j’ignorais que vous aviez des talents de dresseur de Malraas !

Fit-elle en plaisantant et en rigolant un peu d’un air amusée. Elle termina son verre de vin et se resservit dans la foulée pour en prendre une nouvelle gorgée. Sly piocha alors dans le petit ramequin de graines de Huètes qu’elle dégusta une à une avant de reprendre la parole après un soupir à la fois las et déterminé.

- Nous n’avons pourtant pas d’autre choix d’exterminer ces Sith jusqu’au dernier quand la guerre éclatera. Même si le risque de résurgence de cette menace existe dans un futur plus ou moins lointain, nous ne pouvons décemment pas les laisser agir contre la République compte tenu de leur dangerosité. Ce qui distingue le civil du criminel, c’est le passage à l’acte en soit. Je ne parle pas de purger la galaxie des utilisateurs de la Force, juste de neutraliser ceux qui franchissent la ligne rouge de façon définitive. La loi, voici ce qui sépare les justes de ceux qui menacent les innocents.

Sly Keto avait sa propre vision de la justice certes, mais elle était bien plus ferme que celle communément admise. Paradoxalement, Umbara avait très peu de prisonniers si ce n’était de la petite délinquance localisé et confinée aux grandes villes, aucune organisation criminelle d’ampleur n’avait pu émerger depuis ces cités étendues sur plusieurs centaines de kilomètres carrés. Plutôt ordonnés, les umbarans avaient un système de répression assez dissuasif, en règle générale ceux qui échouaient à assassiner leurs cibles préféraient se suicider plutôt que de subir le déshonneur d’un procès et de l’emprisonnement. Les umbarans ne lésinaient pas sur les moyens et les méthodes qui pourraient les faire passer pour des êtres particulièrement cruels : la peine de mort était encore en vigueur, l’esclavage était certes interdit, mais les prisonniers originaires de l’extérieur du système Umbara, ou même les autres umbarans subissaient les travaux forcés et un traitement rude en cellule poussant les détenus les plus fragilisés psychologiquement au suicide.

- C’est très aimable à vous Luke. Votre offre est des plus appréciables, sachez que je me souviendrais de celle-ci si j’ai besoin d’une intervention de l’Ordre, mais j’ose espérer tout comme vous que ce ne sera pas nécessaire, après tout vous devez sans doute avoir mille choses à faire de votre côté.

Les plats commandés auprès du serveur n’allaient plus tarder à arriver. En attendant, l’umbarane chercha à réorienter la conversation sur Luke Kayan afin de mieux cerner le jeune homme lui faisant face. Elle se redressa un peu plus sur sa chaise, attentive et fixant le visage du hapien pour chercher en lui des indices ou détails. La voix de la vice-chancelière reprit douce et un peu curieuse.

- Enfin c’est ce que je pense. Votre Conseil à sans doute prévu de respecter cette trêve je présume en plus de tout ce qu’il a à faire. Vous devez être quelqu’un de débordé si vous avez leur confiance non ? D’ailleurs parlez-moi un peu de vous et de votre histoire, vous m’avez l’air d’être quelqu’un d’agréable et j’ai envie d’en savoir plus à votre sujet.

L’umbarane croisa les jambes sous la table tout en jouant un peu avec ses cheveux noirs, faisant glisser ceux-ci entre ses doigts et toujours souriante.
Luke Kayan
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Impossible de s'en empêcher, Luke avait ri à la remarque de Sly. Dresseur de Malraas, l'idée aussi singulière, saugrenue soit-elle était amusante. De fait, il avait plutôt survécu aux prédateurs tant bien que mal, perdant au passage son Padawan car le jeune homme supputait que c'était durant cette mission qu'Eckthor avait commencé à prendre ses distances. Légères tensions, agacements, l'adolescent trouvait les décisions du Chevalier trop prudentes, réservées et obéissantes. Au moins, la remarque de Sa Majesté égayait les associations uniquement négatives que Luke faisait à propos de ce travail, si réussie fut la Mission.

- J'aurais plutôt dit apprenti survivant du fin fond de la campagne, mais... Je vous remercie du titre honorifique.

- Le jeune Jedi inclina légèrement la tête d'un air si solennel qu'on aurait bien cru qu'il recevait effectivement une nomination de la part de la royauté. Le tout nouveau Chevalier des Malraas Gris revint cependant à la réalité avec un petit soupir. Il aurait aimé que la conversation demeure sans risque, mais il ne pouvait pas non plus se montrer trop neutre et laisser sous-entendre qu'il approuvait les paroles dures de la Reine. Ce serait donner un dossier brûlant au prochain destiné à traiter avec les Umbarans. Ceux-ci pourraient rappeler que lors de ce repas, certes officieux, un Consulaire avait, par le silence, soutenu les convictions de Sly Keto, quoi de plus naturel alors d'exiger un suivi des troupes pour cette fameuse extermination ?

- La loi, je le crains, ne permet pas ce type de justice punitive radicale. L'unique raison de tuer est la légitime défense immédiate : voire sa vie ponctuellement en danger, au moment même où nous commettons le meurtre. L'anticipation, y compris à 10 minutes près, n'est pas prise en compte.

Penser que l'ennemi pouvait nous assassiner lorsqu'il nous trouverait, caché derrière un mur ne suffisait pas au sens strict de la loi. Il fallait vraiment que ce dernier ait un couteau posé sur la gorge de la victime ou soit en train de la rouer de coups sans qu'on ne puisse la raisonner.

- Les Jedis seraient donc là pour retenir l'assaut éventuel, aider à contenir l'ennemi et prendre en charge des blessés, mais ils ne participeraient donc pas à cette exécution y compris pour ceux qui dépassent la ligne. Ceux-ci seraient arrêtés pour être envoyés en prison. Il m'arrive de songer que le système parfois n'est guère efficace, au regard des remises de peine voire fuites de prisonniers bien qu'elles demeurent rares, mais c'est la stricte loi. Ceci dit, je ne retire pas ma promesse de parler en priorité aux membres du Conseil afin de faire entendre votre requête. Toute demande de défense des citoyens en cas d'attaque est bien sûr prise très au sérieux.


Luke soupira, il s'en voulait d'avoir émis ce petit doute quant à l'efficacité de la République, notamment au niveau des lois qui concernaient précisemment le pardon de tout criminel, la seconde puis la troisième (etc) chance. En tant que Jedi, il devrait valoriser cette méthode mais il en avait trop vu pour vraiment y croire. Depuis qu'il cotôyait le milieu policier, le jeune homme se rendait encore mieux compte d'un triste adage malheureusement trop bien fondé : les criminels ne faisaient que s'endurcir en prison. Très peu trouvaient la rédemption car il était toujours bien plus difficile de suivre un chemin honnête que tricher encore. Sans compter les co-détenus qui faisaient office de diables. Prêts à faire tomber dans les entrailles de l'enfer, quiconque vivait avec eux, histoire de ne pas chuter seuls. Les délits graves : lourdes fraudes, viols, meurtres étaient mal gérés et les prisonniers habitués au système savaient tromper les psychologues de part un comportement exemplaire. Ils connaissaient la musique, les dessins abstraits, le journal intime, les confidences.

Luke avait déjà pensé à un système alternatif renforcé, une sorte de ville contrôlée, composée de citoyens ayant auparavant faits de la prison. Il avait fait l'ébauche d'un manuscrit avec une longue partie parlant des Siths les moins enfoncés dans le côté Obscur, de la sécurité à mettre en place... Mais il avait finalement abanonné l'idée. Trop peu de connaissances, trop de conflits avec les lois actuelles. Bref, en effet, la place des gros vilains dépassant la ligne, surtout les récidivistes était très mal établie. Sa seule conclusion était de voter un système plus répressif, plus dur, dissuasif. Pas de remise de peine ou plus difficile à acquérir, la promesse de voir son nom et ses délits en libre circulation auprès des embaucheurs éventuels. Comme les droits de l'homme actuels seraient mis à mal, il avait délaissé toutes ces pensées "innovantes".

- En effet, il y a de nombreuses sujets à traiter, des missions à mener à bien, mais la sécurité des innocents est toujours une priorité. Quant au Conseil, il m'offre sa confiance comme il le fait avec les autres. Tant que nous en sommes dignes, ou essayons du moins.

La confiance des siens, un trésor que Luke tentait de conserver de son mieux. Il devait tant aux Jedis. Ils l'avaient sauvé de sa propre histoire. Une histoire que la Vice-Chancelière réclama d'ailleurs. Même s'il ne voyait pas, Luke sentit confusément sa voix se faire plus douce, chaleureuse, souriante. Avec le temps, il avait appris à décoder cet imperceptible modification des cordes vocales dû à l'étirement des lèvres, cette tonalité rieuse même dans les plus fugaces sourires mais surtout avec des gens qu'il connaissait. Soit Sly se faisait vraiment empathique voire charmeuse pour qu'il le perçoive, soit il y avait eu entre eux, une sorte de connexion, une connivence soudaine et assez étrange car Luke ne se liait pas facilement.

- Je suis né sur Hapès où j'ai été élevé par ma mère. Bien que je fus détecté Sensible alors que je n'étais qu'un foetus, elle a refusé que j'entre dans l'Ordre. À 7 ans je suis revenu chez mon père et ma belle-mère qui vivaient alors sur Coruscant. Le premier s'était libéré du sexisme sur Hapès, étudiant sur le tard pour devenir assistant du Sénateur de Coruscant puis son bras droit. Ils ont eu des jumeaux, d'un an et demi mes cadets, j'ai vécu un an chez eux avant qu'ils ne décident que le mieux pour moi était de rejoindre l'Ordre.

Si ça n'avait tenu qu'à lui, le Jedi aurait simplement dit être entré au Temple à ses 8 ans, mais il ne voulait pas se montrer impoli. Impossible cependant d'aller plus loin. De raconter les circonstances de son changement de tuteur, de l'accident qui lui avait coûté la vue, oh d'ailleurs...

- J'oubliais, je suis devenu aveugle à 7 ans.

Ajouta-t-il plus par souci d'honnêteté que besoin de se confier. Il admettait volontiers son handicap et l'assumait sans vouloir s'étendre non plus. Hors de question de se plaindre de quoique ce soit. Une personne aussi observatrice que la Reine, habituée à évoluer en société pourrait peut-être noter les tonalités différentes. Lorsque Luke parlait de sa mère, il y avait beaucoup de retenue, il avait vite conté les faits avec peut-être une once de chagrin voire de regrets et de crainte. En revanche, la fierté et l'amour se disputaient sa voix quand il évoquait son père et sa belle-mère.

- Ensuite, j'ai suivi une formation auprès de Maître Saï Don à partir de mes 10 ans, une chance car beaucoup d'initiés reçoivent un apprentissage personnalisé vers les 13 ans si ce n'est plus tard. Pour terminer, j'ai été nommé Chevalier à mes 21 ans, j'en ai 28 aujourd'hui.

Il s'essaya à un sourire, conscient que sa belle éloquence avait un peu fichu le camps lorsqu'il avait fallu parler de lui. Par où débuter l'histoire, quels morceaux ne pas évoquer, lesquels accepter d'offrir. Rouillé, Luke était tout rouillé quand il s'agissait de parler de sa personne.

- J'aimerais vous demander où est-ce que vous avez grandi, fait vos études, ce qui vous a intéressé puis désintéressé... Mais je ne voudrais pas rompre ce voeu de discrétion formulé au début. Je vous laisse donc libre choix de me parler ou non un peu plus de vous également. J'ai rencontré peu de gens de haut rang si prompts à se libérer pour parler avec des citoyens Lambdas ou de simples Chevaliers Jedis, alors j'admets ma curiosité en retour.

Elle semblait si secrète, comme son monde natal, mais aussi ouverte. Vraiment étrange cette Reine.

Les plats firent leur apparition, Luke n'y toucha pas, pour l'instant occupé à écouter Sly. Le peu d'amis fidèles qu'il avait s'étaient sentis attirés par l'oreille attentive du jeune Jedi. Patient, attentionné, il laissait toujours comprendre à ses interlocuteurs que leurs propos étaient le centre de son monde à ce moment-là, que ce qu'ils disaient, y compris les trivialités étaient importantes. Parce que le jeune homme était poli, certes, mais surtout il adorait découvrir malgré sa cécité ou encore sa timidité. C'était un peu sa manière, certes maladroite mais charmante (?) de socialiser bien que d'autres potentiels amis s'étaient aussi enfuis en le voyant si peu capable de se confier.
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La vice-chancelière avait repéré les sourires et le rire du Jedi sur la mention du titre qu’elle lui avait attribué. Luke se détendait petit à petit et c’était une bonne chose de le voir afficher un visage plus humain que celui du Jedi impassible. Il se confia sur son enfance et son passé, qui n’avait pas été tendre avec lui. Sly elle-même n’avait été confrontée à ce genre d’épreuves qu’une fois qu’elle fut plus âgée, notamment lorsqu’elle était allée sur Korriban la première fois… Elle écarquilla quelques peu les yeux et fronça légèrement les sourcils, préoccupée par les souffrances que Luke avait subi. Sa voix était un peu tremblante et compatissante.

- Le récit de votre enfance me glace le sang, je vous aurais volontiers pris sous mon aile si j’avais eu connaissance de votre existence par le passé. Une chance que les Jedi vous aient trouvé.

Elle avança sa main pour apposer celle-ci sur celui du jeune Luke Kayan dans un geste sincère d’affection et de compassion à l’égard du jeune hapien. Elle était honnête dans son propos, même si, sans doute que le jeune Luke serait devenu un agent du Côté Obscur s’il était tombé entre les mains de la tisseuse étant enfant.

- Vous avez été, entre autres, victime des Hapiens. Je trouve ce traitement des plus scandaleux à titre personnel. Des barbares mimant le raffinement des autres cours de la République ou des mondes du Noyau Galactique… Mon peuple n’apprécie pas beaucoup les hapiens de part leur société exclusivement matriarcale qui bride les esprits masculins les plus savants ou les talents et qui met de facto, une partie de la population dans une case dont elle ne sortira jamais. Nous voyons les choses différemment : chez nous, ce n’est pas votre sexe qui compte mais votre habileté à vous surpasser pour accéder à la caste supérieure.

Sly n’alla pas plus loin, consciente que les mœurs sur Umbara pourraient choquer le jeune Jedi qu’elle avait en face d’elle. C’était quelques peu étrange venant de la part des umbarans qui avaient un système comportant un système d’environ une centaine de castes différentes dans lesquelles, la population était assignée en fonction de son sang. De surcroit, les umbarans n’étaient pas réputés être particulièrement cosmopolites à l’égard des autres espèces, voire très territoriaux. Mais même si ce système de castes pouvait paraître injuste et rigide de prime à bord, il était aisé de monter (et faire grimper sa famille par la même occasion) dans les castes supérieures, et tout aussi facile d’en descendre soudainement. La société umbarane était en soit plus méritocratique (au sens umbaran du terme) que la société hapienne rigide et aristocrate. Si un umbaran était suffisamment habile pour tromper, duper ou assassiner quelqu’un sans que sa manœuvre soit découverte, alors il pouvait prétendre avec sa famille, accéder à la caste supérieure.

Ainsi, les umbarans les plus hauts dans le système de caste étaient d’excellents politiciens, comploteurs et assassins ce qui les rendait très dangereux et difficiles à déloger tant leur talent politique et leurs habiletés combinées à leur discrétion en faisaient des individus qu’on ne voyait venir qu’au dernier moment. Sly Keto n’échappait pas à cette règle : elle n’avait pas obtenu son titre de Reine Souveraine par le sang, mais simplement car elle avait pris suffisamment son temps, rassemblé un certain nombre d’alliés et été très habile pour mettre son prédécesseur sur la touche de façon définitive. Le sexe n’avait aucune différence chez les umbarans, si bien qu’une femme ou un homme avaient les mêmes droits l’un et l’autre dans cette société. La famille occupait une place importante dans la société umbarane si bien qu’en règle générale, il était impensable pour les umbarans de comploter contre un des membres de sa propre famille contrairement aux hapiens ou votre propre mère, ou votre sœur peut vouloir votre mort pour espérer gagner en influence.

La société umbaran valorisait l’intellect et la sournoiserie plus que le sexe avec lequel vous étiez né. Femelle ou mâle, chez les umbarans seule votre appartenance à une caste et votre habileté à monter le long de cette échelle importait. Ajoutez à cela le fait que les umbarans étaient nocturnes, et les hapiens diurnes et vous comprenez le fait que ces deux espèces ne pouvaient pas s’apprécier l’une et l’autre car tout semblait les séparer à l’exception du goût pour le complot et l’intrigue. Il y avait une haine naturelle entre ces deux peuples, mais aussi une forme de concurrence : les deux espèces convoitaient le pouvoir, et celui-ci représentait naturellement une obsession pour eux. Sans doute était-ce le seul point commun entre les deux espèces.

- Je suis née et j’ai passé mon enfance et adolescence sur Umbara principalement non loin de la capitale. Mes parents administraient une région de cette planète, en soit je faisais partie des castes favorisées de mon monde, mais rien ne me prédestinait à occuper la fonction que j’occupe aujourd’hui. Mes études à mes 18 ans, je les ai réalisées ici sur Coruscant, un cursus politique au sein de la Haute École d’Administration, qui est devenue l’Académie d’Études Politiques avec le temps. J’ai terminé diplômée et suis repartie sur Umbara auprès de ma famille afin de renforcer son influence, je me suis prise au jeu de l’économie et de la politique là bas jusqu’à devenir reine de mon monde natal. J’ai été mariée, mais mon époux a trouvé la mort. Depuis je vis seule. Ma position m’offrirait pourtant de nombreux prétendants sur Umbara, cependant je pense qu’il est plus sage de me consacrer à mon peuple et à la République. Ma vie est en soit moins passionnante que la vôtre en termes de péripéties mon cher Luke, plus classique. Même si elle a pris un tournant intéressant et inattendu lorsque j’ai rencontré le chancelier S’orn.

Bien entendu, elle n’allait pas lui raconter ce qui s’était véritablement passé : son passage à l’académie Sith de Korriban, son apprentissage sous la tutelle de Darth Ganys, son accession au titre de guerrière Sith, les décès de ses parents puis de sa sœur que Sly avait du, à contrecœur, réduire au silence car ayant découvert la véritable nature de l’umbarane, ses romances et ses enfants… Non, ce pan de la vie de la Sith resterait son petit secret qu’elle conserverait jusque dans la tombe.
Luke Kayan
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Étonné de tant d'émois pour si peu d'histoire, Luke ne put empêcher un froncement de sourcils, lequel se transforma en haussement accompagné d'un léger sursaut au contact chaud d'une main douce et féminine. Le rythme cardiaque du jeune homme s'éleva légèrement, tiraillé entre deux réactions : celle instinctive commune aux espèces pensantes-hormis quelques exceptions- sociales et donc associant le contact au réconfort et celle que son passé lui dictait. Auparavant, sans doute aurait-il d'ailleurs été plus virulent, un terme encore plus choquant lorsqu'il le désignait lui, Consulaire doux, docile mais le fait est que ses doigts se seraient envolés comme par magie, fuyant sous la table. L'âge et l'expérience aidant, le jeune Jedi se contint aujourd'hui, malgré une crispation légère mais incontrôlable. Il sourit pour transformer son mal-être en simple gêne ou pudeur et retira lentement, après quelques secondes seulement, sa main.

- Votre sollicitude me touche beaucoup. Mais rassurez-vous, et veuillez m'excuser si mon récit est apparu comme plus larmoyant que je ne le souhaitais. J'estime avoir eu beaucoup de chance car j'étais bien entouré lorsque l'accident concernant ma vue est arrivé. J'ai relativement peu passé de temps à l'hôpital d'ailleurs contrairement à d'autres internés sur le long terme voire condamnés. Et puis, j'ai eu l'immense bonheur d'intégrer l'Ordre qui a pris le relais suite à mon père et ma belle-mère, de très belles personnes Je sais aussi aujourd'hui que j'aurais eu de la chance en croisant votre route à cette époque vu votre douce sollicitude à mon égard. Quant à "avant", sur Hapès, j'étais trop jeune pour me rendre compte de ce sexisme. D'ailleurs je n'éprouve aucun patriotisme envers ma planète natale. En espérant ne pas vous choquer, vous qui étiez revenue sur Umbara pour participer si pleinement à sa vie... Mais non, je n'éprouve ni dédain, ni amour pour mes origines. Je suis être pensant avant d'être Hapien, et Jedi avant d'être fils d'aristocrate ou même d'Ambassadeur malgré le respect que j'ai pour mon géniteur.
-Fit-il sur un ton badin, comme si cela pouvait rassurer la Reine sur son histoire, comme si cela effaçait tous ses maux. Ironiquement, cependant, Luke ne mentait pas. Faute de mieux, Maria avait considéré son héritier comme une chance malgré son sexe. Sans doute avait-il été, d'ailleurs, l'espace d'une semaine, l'enfant mâle le plus aimé d'Hapès. D'autres circonstances avaient conduit à son malheur : l'incompétence d'une mère sans instinct, agressive, impatiente et plus indirectement, certes, le fait que son père trop faible n'avait pu le retirer à ses griffes. Quoiqu'il en soit, le Hapien se félicita d'avoir caché l'horrible vérité ou du moins de l'avoir beaucoup édulcorée. Il s'en serait voulu que Sly se mette à pleurer et vu sa réaction pour un simple échantillon d'histoire, c'était à se demander si la monarque n'aurait vraiment pas cédé aux larmes.- C'est plutôt mon père qui l'a subi de plein fouet puis me l'a conté. Hélàs, et sans doute le savez-vous encore mieux que moi, il y a une tendance inverse dans les mondes Républicains. Beaucoup s'illustrent tristement par un traitement implicitement dénigrant de la femme.

Luke n'avait pas eu de mal à se rendre compte de cette problématique car il s'était épanoui dans un monde un brin machiste. Certes, l'Ordre était dénué de cette différenciation ignoble, mais il avait suffisamment suivi de cours en psychologie et traîné dans certains recoins presque illétrés de la Galaxie pour savoir combien cette tendance était vraie. C'était donc les histoires de son père que le blond avait eu plus de mal à saisir, victime pour sa part d'une maltraitance universellement pratiquée. Aucun sexisme là-dedans.

- J'ai entendu parler de ce système de castes mais pas assez pour donner mon opinion. Ce serait malvenu. Quoiqu'il en soit, votre peuple et moi nous rapprochons en au moins un sens : c'est le mérite qui doit définir la valeur de l'individu. - Quant à la définition de la réussite en soi pour accéder aux castes supérieures, elle serait sans doute sujet à débat entre une femme politique et un Jedi mais là n'était pas la question.- Je suis sincèrement désolé pour la perte de votre époux. Hélas, vous qui semblez chagriné par ma vie, je vois que la vôtre ne vous a pas épargnée.

Luke observa un long moment de silence, il baissa doucement les yeux pour se recueillir quelques instants au nom de cet homme qu'il n'avait pas connu. Le Roi d'Umbara. Il redressa doucement la tête pour écouter attentivement la suite du récit. L'abnégation de Sly le fit se sentir sale. Il aurait aimé se confesser tout à coup, obtenir son pardon parce que lui ne se sacrifiait pas totalement alors qu'il l'avait promis en ayant une relation amoureuse. Seule consolation, Karm le poussait à s'améliorer, tant et si bien qu'à deux, ils aidaient probablement plus de personnes que si Luke avait continué de faire voeu de chasteté. Et puis, il aimait trop l'Explorateur, l'admirait trop pour lui faire l'insulte de considérer leur tendresse comme dégradante. C'était inexplicable, paradoxal mais dans ce cas de figure, il considérait être le seul à inculper, LE fauteur tandis que Karm lui, n'avait rompu aucune promesse.

- Vous plaisantez j'espère ? Avec tout le respect que je vous dois, excusez mon expression peu appropriée mais... je dois avouer ma surprise. Une vie peu passionnante ? Vos études ont dû être incroyables. On dit que Coruscant offre les meilleurs enseignements en politique et en économie. Ma philosophie m'éloigne un peu de ces domaines, certes, mais j'ai toujours aimé étudier. Le droit, la diplomatie et la psychologie. Quel bonheur d'être bien entouré, des professeurs compétents et des ouvrages précis pour des cours magistraux sont autant d'aventures.


Luke avait toujours adoré apprendre. Saï l'avait sorti de son "autisme" ainsi, en jouant sur sa curiosité. Depuis son enfance, il se plaisait dans le rôle d'étudiant plus que celui de professeur. Prendre des notes, apprendre, lier ses connaissances à des faits concrets revenait à aller à une école d'art. Boucler un dossier ou un rapport parfaitement devenait la consécration, l'aboutissement, la toile ultime (même si question peinture, Luke restait très limité mais la métaphore restait parlant).

- Qu'avez-vous le plus apprécié de votre vie d'étudiante sur Coruscant ? J'ai eu l'occasion de fréquenter l'université mais à de trop brefs moments. La vie pour un timide comme moi y est aussi trépidante, fascinante que terrifiante.


Il trouvait incroyable que de jeunes issus de tous les coins de la Galaxie lâchent leur famille pour se rejoindre dans un même lieu. C'était d'un courage presque égal à celui que prendre une mission difficile. Bien sûr, le Hapien sous-estimait ce qui faisait partie de son quotidien, des entraînements extrêmement difficiles qu'aucun adolescent "normal" ne pourrait achever, une vie austère et des missions dangeureuses ou délicates.

Il était forcément attiré parce qu'il méconnaissait, s'imaginant difficilement à 16 ou 17 ans quitter son cher Temple trop longtemps pour se retrouver au milieu d'une bande de jeunes de son âge, sans le cadre d'adultes bien connus. Le Temple était préservé, les élèves fragiles protégés, l'ordre qui y régnait n'avait rien à voir avec d'autres structures de prime abord semblables. Dès leur plus jeune âge, les Padawans étaient autonomes, ils participaient aux tâches, se montraient disciplinés en cours, capables de se concentrer sur ses sujets difficiles à partir de 10 ans. La discipline y était de fer et les journées très remplies. Le pire sacrilège comis par le blond jeune avait été de participer à une soirée secrète, organisée dans le dos des maîtres. Chacun avait exposé son avis sur la Force, ils avaient bu des jus d'orange et osé parler du possible retour des Siths ainsi que de la puissance du côté Obscur... Voire moment culminant de la soirée : le baiser de Frédéric sur la bouche de S'Iska la jolie Twi''Lek. Alors évidemment, en tant qu'adulte presque-né, Luke ne comprenait rien à la gestion d'ados beaucoup plus libres, sans l'apprentissage rude des Jedis. Comment survivait-on en tant que civil lambda dans une grande université où régnait la concurrence au lieu de l'entraide pour les devoirs ?

- Regrettez-vous parfois votre vie d'avant ? Car vous devez désormais tenir tant de postes. Cette vie doit être épuisante. - S'interrogea celui qui sansle remarquer menait exactement ce type de vie. Karm et lui passaient du temps ensemble lorsqu'ils étaient en mission, guère plus si ce n'était une demi-journée d'entraînement volé par-ci par là. Il n'avait aucune possession propre si ce n'était qu'un peu d'argent sur un compte que sa soeur tenait à remplir (un accord tacite avait été passé, elle lui mettait quelques sous seulement et lui ne rechignait pas ni n'essayait de le fermer.), sa tenue de Jedi, son R2 et son sabre-laser. -

- Et quel est d'ailleurs votre poste favori ?

Osa-t-il demander avec un entrain qui le fit légèrement rougir. Pour lui, ce type de repas était quasiment inédit. En ce moment il aurait dû rentrer au Temple, en profiter pour méditer ou travailler un peu si la navette n'avait pas été prise dans les embouteillages... Bref, une vie de moine (ou presque) qui lui convenait en général... Sauf ce soir où il se sentait plus libre. Il avait posé une question sur les goûts personnels de quelqu'un (certes liés à sa carrière) et sa jeunesse comme étudiante. Complètement déluré ce soir Luke. On ne l'arrêtait plus. Petit fou va.
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La souveraine d’Umbara retira sa main de celle de Luke tandis qu’il répondait aux questions posées. Il n’avait aucune affection ni hostilité particulière à l’égard d’Hapès visiblement ce qui semblait compréhensible compte tenu de l’enseignement des Jedi, et son sentiment d’appartenance à l’Ordre. Il continua de s’exprimer sur ses ressentis et sur Hapès que Sly écouta très attentivement sans paraître surprise. Elle commença à déjeuner, découpant sa viande de poisson délicatement avec une précision relevant presque de la chirurgie pour en extraire les meilleurs morceaux. Elle piqua la chair de l’animal avec sa fourchette et l’amena jusqu’à ses lèvres sans le glisser entre celles-ci pour répondre au jeune homme qui l’avait interrogée sur ses études, et la croyait pas vraiment.

- Je suis tout à fait sérieuse Luke. Mes études n’ont pas été si différentes des autres étudiants sortant du même institut que moi. Cours, travail personnel et sorties étaient mon quotidien quand j’étais encore jeune et belle.

Elle avait laissé soigneusement un petit appât dans sa phrase pour tester le jeune Jedi. Mordrait-il à l’hameçon ? Ou serait-il trop poli et neutre pour le saisir ? Sly Keto glissa la viande entre ses lèvres, pour savourer ce met et prit quelques légumes cuits pour accompagner le poisson. Qu’avait-elle préféré de ces études ? Sans doute la même chose que de nombreux étudiants approchant de la vingtaine : la vie était différente avant qu’elle ne découvre son pouvoir tardivement. Celui-ci s’était manifesté d’une manière particulièrement passive de surcroit, depuis son enfance jusqu’à sa majorité, l’umbarane avait toujours su démontrer d’une certaine capacité à lire chez les autres d’une part, ou plutôt de percevoir leurs émotions.

Cette dernière aptitude était venue tardivement, mais la plus ancienne des manifestations de son pouvoir était son aptitude à faire preuve d’un sens de l’intuition particulièrement aigu. Si elle n’avait pas rejoint l’Empire Sith, et révélé son pouvoir, sans doute aurait-elle été une politicienne talentueuse sur son monde natal, une businesswoman ambitieuse ou une psychologue renommée. La Forcer en avait cependant décidé autrement. Une fois qu’elle eut avalé sa portion, elle écouta le Jedi l’interroger sur ce qu’elle retenait de sa vie étudiante. Question un peu étrange, mais légère et anodine. Avalant une nouvelle portion sur sa fourchette, elle fit mine de réfléchir tandis qu’elle mastiquait silencieusement son plat. Puis elle répondit avec sincérité.

- Je répondrais les soirées et sorties entre camarades. C’est sans doute ce sentiment d’insouciance propre à la jeunesse, loin des responsabilités, de ce genre de choses quoi…

La vice-chancelière esquissa un certain sourire d’amusement sur son visage. Les souvenirs vinrent à sa mémoire, ses premiers jours sur Korriban avaient été particulièrement humiliants pour elle. Mais elle avait su s’accrocher et s’assurer que ceux l’ayant rabaissée rencontrent une fin tragique et prématurée… Regrettait-elle ce qu’elle avait pu faire ? Non. Du moins, elle pouvait avoir des regrets sur les tournures qu’avaient pu prendre certaines de ses décisions, mais pas son parcours plus global.
Elle détenait un pouvoir sur la Force, était reine d’un système dont elle pouvait être la despote éternelle, et dirigeante temporaire –pour l’instant- de l’entité politique, économique et militaire la plus puissante de la galaxie. Entre ses mains, elle détenait plus de pouvoir que l’impératrice actuelle, aussi ce fut avec un sourire sur le visage qu’elle prononça une réponse des plus honnêtes, sereine mais avec un double sens qui amusait Darth Oracci dissimulée sous les traits de Sly Keto.

- Aucunement. Je peux regretter certains choix, mais cette nouvelle vie est, en un sens, un accomplissement grandement satisfaisant pour moi. Mon poste de vice-chancelière est sans doute mon préféré vu les enjeux, j’ai le goût du challenge même si la situation dont le chancelier S’orn et moi-même avons hérité n’est pas forcément la meilleure malheureusement.

Elle porta son verre à ses lèvres dans un geste sensuel et élégant, fixant du regard le Jedi assis juste en face d’elle. Ce petit jeu de mystification, entre mensonges et vérités divertissait l’umbarane. Une pensée vint à son esprit : si jamais les Jedi devinaient sa véritable nature, oseraient-ils agir contre elle ? Sly Keto avait déjà sa petite opinion sur le sujet, et celle-ci était plutôt optimiste.
Luke Kayan
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Coincé. Par une phrase innocente croyait-il, alors que Sly avait en toute conscience, déposé un piège. Cette mention à la beauté inhérente à la jeunesse. Dans les soirées mondaines, c'était une phrase formule souvent employée par ses dames, parfois par coquetterie pour pousser Monsieur à démentir ou juste, inconsciemment, une habitude sociale acquise. En tant qu'homme, le Hapien savait qu'il devrait s'empresser d'assurer à la Reine qu'elle restait fort jolie, voir plus qu'avant, mais pour un Jedi c'était un peu mal placé, sans oublier sa cécité qui rendrait l'acte encore plus hypocrite. Qu'en savait-il, lui, de cette beauté que chérissait la Galaxie et encore plus son peuple d'origine ? Le blond pouvait apprécier une voix douce, des pensées riches, des réflexions intéressantes, un humour fin et pourquoi pas, un parfum ? Mais le physique... Il était tombé amoureux de l'esprit de Karm avant de toucher son corps et de s'y révéler par ailleurs sensible. Les traits d'un visage, d'une silhouette n'étaient qu'un privilège complémentaire, lorsque son âme était déjà conquise. Après une réflexion bouillonnante de quelques fractions de secondes, le Chevalier décida sagement de ne pas se mêler de cette habitude sociale. Son handicap et son statut de Jedi l'en excuseraient, et puis, il ne pensait pas Sly assez superficielle ou en manque de confiance pour réellement attendre une réponse.

- C'est vrai, je n'ai pas beaucoup vécu de soirées de ce type, nous étions trop occupés par nos recherches -Oui, Luke pensait vraiment que ses autres camarades avaient refusé des rencontres le soir pour se concentrer sur un devoir à rendre pour la semaine prochaine, comme lui, ou alors pour effectuer des recherches complémentaires.- Mais il y en a eu quelques unes mémorables. Je me rappelle d'un débat passionnant qui nous avaient tenus une bonne partie de la nuit. Le couvre-feu était passé mais... Comment résister !


Luke correspondait-il au cliché de l'intello qui savait s'amuser avec ce qui endormait tout le monde sur place ? Oui ! D'où son surnom, aujourd'hui certes moins exploité du "somnifère". D'ailleurs. même s'il avait vu, le Hapien n'aurait certainement pas capté les gestes élégants, sensuels de la dame. Il était beaucoup trop innocent malgré sa propre relation dans le domaine. Au lieu d'avoir pris conscience de ses charmes après avoir eu quelques avances, le jeune homme avait été désensibilisé. Il devinait quelques signaux vraiment peu discrets, mais à 28 ans, c'était la moindre des choses. Autant il pouvait être éveillé sur des sujets théoriques, des réflexions profondes, devançant certains maîtres dans la méditation ou la maîtrise de la Force, autant pour décrypter la psychologie (hors mission sur un individu particulier, souvent un criminel), c'était les Padawans qui le surpassaient aisément. Asocial ? Pas vraiment, pour un Consulaire, c'eût été triste, mais il flirtait avec le statut d'handicapé social, un peu.

- Je vois, la République a vraiment de la chance de pouvoir compter sur une Vice-Chancelière aussi solide - dans un sens c'était réel. Certains politiciens n'avaient pas l'étoffe pour leur rang. Arrivés là un peu par hasard ou à force de manigances, ils cédaient à la pression et finissaient en marionnette d'un autre, plus puissant. Sly révélait être déterminé pendant son mandat, qu'on soit d'accord ou non avec sa ligne de conduite, elle paraissait sereine dans son avancée, déterminée et cohérente. S'étant éloigné de la politique, le jeune Jedi n'avait à ce propos guède d'idée personnelle. Il jugeait que sa communauté ne devait pas se mêler du pouvoir. - La situation actuelle est compliquée sur de nombreux points : social, diplomatique, économique bien que les tendances révélaient un mieux depuis l'arrivée de Monsieur S'orn, enfin il me semble. Je ne suis plus vraiment la politique, je dois l'avouer, trop de missions et ... De projets. Quel est l'aspect qui vous tient le plus à coeur ? Ou la réforme la plus importante à vos yeux ?

Le jeune homme en était arrivé à la moitié de son assiette- peu garnie et ça lui convenait parfaitement.-. Il savait avoir ses torts concernant l'oubli de prises régulières de nouvelles en politique mais ce monde le décevait toujours davantage. Il en reconnaissait l'importance, admirant ses honnêtes représentants, seulement, ces chiffres impersonnels, ces statistiques n'étaient pas pour lui. Plus pour lui. Il ne savait pas encore que Saï le plongerait bientôt dans les intrigues profondes du Sénat et qu'il rencontrerait à nouveau Grendo en personne. Ceci dit, le Jedi avait encore assez d'intérêt pour ce monde auquel il avait été éduqué quand il s'agissait d'en parler avec une personne formée. Sly était posée, intelligente et malgré tout, ouverte à la discussion. Le repas n'était donc pas une corvée et il attendait sa réponse avec une certaine impatience. Ses questions restaient assez ouvertes pour ne pas contraindre la dame à répondre précisément, ce qui serait fort impoli. Mais effectivement, force était d'avouer que l'ambiance le rendait de plus en plus à l'aise. La musique douce enveloppait soyeusement leur conversation, le repas était étonnament bon, au point que même lui peu adepte de la gastronomie l'appréciait.

- Quel est votre plus beau souvenir de votre vie d'étudiante ?

Demanda-t-il tranquillement en mêlant aussi bien professionnel que personnel (tout en restant dans les limites du convenable bien sûr).
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Le jeune Jedi avait été fin et avait vu ou Sly voulait en venir. Aussi il ne tomba pas dans le piège de flatterie qu’elle avait soigneusement tendu pour lui. Sans le vouloir il avait donné l’information suivante : Luke Kayan n’était pas innocent et cette attitude amena l’umbarane à reconsidérer son opinion du Jedi. Il était visiblement intelligent pour ne pas se laisser entrainer dans certaines conversations. Cette tendance fut prouvée par la suite quand il avoua avoir violé le couvre-feu du temple Jedi pour faire un débat avec d’autres padawan. Ce n’était pas vraiment la même définition de l’amusement que possédait Sly Keto, et mentalement l’umbarane lui apposa l’étiquette d’intellectuel sur le front. La réponse de la vice-chancelière était convenue mais honnête.

- Nous n’avons pas hérité d’une situation favorable, le traité de Paix nous permettra de faire les réformes nécessaires au redressement de la République dans un cadre plus serein c’est certain. Je n’ai pas de préférence particulière entre le social et l’économique bien que ce soit important. Je me sens plus à l’aise sur les questions d’ordre diplomatique.

La diplomatie au sens umbaran du terme compléta mentalement Sly en terminant son assiette avec élégance. Ses doigts blancs vinrent saisir le pied de son verre de vin pour le hisser jusqu’à ses lèvres.

- J’ai encore de nombreuses réformes devant moi, mais je pense que celles ayant à trait au cadre de vie des militaires me tient à cœur si je devais en retenir une. Elle arrivera prochainement dans le cadre d’un projet que j’ai en tête, mais avec la création du ministère de l’éducation j’espère que nous parviendrons à marquer l’Histoire.

Fit-elle simplement en terminant son verre. Elle n’attendit pas que le serveur revint pour se resservir un nouveau verre. Délicatement, le vin blanc coula dans le verre, elle déposa la bouteille sur la table et commença à faire tourner lentement l’alcool dans son verre. Sly essaya de se remémorer un souvenir agréable de sa vie d’étudiante. Trois décennies s’étaient écoulées depuis ce temps qui paraissait si lointain, et la vice-chancelière était quelque peu prise d’un sentiment de nostalgie en y repensant. Sly Keto avait enfin trouvé le moment qu’elle aimerait revivre si on lui donnait l’occasion. Elle gloussa quelques peu en se repassant le film de cet épisode de sa vie dans sa tête. Elle déposa son verre tandis que ses joues devinrent quelques peu roses entre la gêne et la bonne humeur qui s’emparait d’elle. L’umbarane se racla la gorge et reprit la parole.

- Oh, le grand gala de fin d’année au terme de ma formation politique je dirais. On avait beaucoup bu avec mes copines hahaha ! Le lendemain avait été quelques peu gênant mais rétrospectivement cela m’a laissé un beau souvenir aujourd’hui !

Avait-elle répondu en riant allègrement au milieu de son propos, l’image d’une soirée arrosée qui avait commencé dans le calme et terminé dans un chaos indescriptible dans un sofa confortable et bien entourée de corps nus sous la couverture avait resurgi dans sa tête comme un souvenir quelques peu brumeux. Ce genre d’expérience manquait parfois à Sly Keto qui avait toutefois su se montrer beaucoup plus raisonnable en vieillissant, ses ambitions et projets avaient changé.

- Et votre meilleur souvenir de votre vie de Jedi ?

Demanda-t-elle pour renverser un peu la vapeur et en savoir plus sur son jeune et séduisant interlocuteur sans yeux. Elle se demanda si elle parviendrait à le charmer s’il pouvait la voir.
Luke Kayan
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Que Sly s'intéresse surtout au mode de vie des militaires étonna Luke. Les consultants en diplomatie avaient peu d'attraits voire de connaissances sur certains lapsus de la République à l'égard des soldats. En tant que Jedi, le Hapien avait eu quelques échos concernant des problèmes suite à des missions suicides, l'expatriation de la famille ou encore la pension des veuves, sans oublier la fameuse nourriture servie à la cantine. S'il ne le disait pas et se gardait de développer ce sentiment davantage, le blond reconnaissait éprouver un genre de mépris léger pour ses comparses militaires. Outre le fait que leur formation ne comportait pas assez d'éthique -n'est-ce pas Kessel ?- ils avaient assez d'avantages pour se plaindre en plus. Un salaire confortable, des privilèges dus à leur statut, là où les Jedis ne réclamaient absolument rien. Ni retraite, ni vacances, cette communauté vivait des dons qui servaient à alimenter les siens ou maintenir les bâtiments. Évidemment, il était impensable de laisser qui que ce soit s'épanouir dans des structures insalubres, être mal nourris ou mis en danger inutilement, mais certains militaires, surtout hauts gradés oubliaient un peu trop leur devoir, cette fameuse dévotion pour leur République. Luke en avait soupé de ces gras-du-bide suffisants qui détestaient les Jedis ouvertement, s'opposaient à eux et ralentissaient le système par le biais de disputes entre départements débiles. Tous n'étaient pas ainsi mais il y en avait assez pour que le Hapien réserve prudemment son jugement. Cependant curieux et persuadé que Sly voulait appuyer un projet intelligent, utile, il demanda :

- Puis-je avoir l'honneur de savoir sur quoi porte ce projet ? Même de manière évasive. Si c'est secret, vous l'imaginez bien, je n'insisterai pas et anticipe en m'excusant profondément pour mon impolitesse.

Si le blond savait retenir ses élans, il était quand même très intrigué par cette fameuse réforme portée haut par une diplomate convaincue. Le profil de Sly était, avouons-le, très atypique. La quinquagénaire semblait avoir vécu mille vies en une, un peu comme Luke ceci dit. Tous deux avaient grandi, vieilli avant l'âge, menant des combats sur de nombreux fronts. La propre vie du jeune homme pouvait se superposer en différentes couches. De son enfance misérable à sa réadaptation à l'hôpital et dans sa famille, puis son arrivée au Temple, la disparition de Saï accusé à tort, l'enlèvement des Siths, sa nomination, Jason, Karm et enfin... Aujourd'hui. Il y aurait tant de chapitres à détailler, comment choisir un bon moment ?

- J'imagine. -Il s'autorisa un petit rire, étrangement de connivence sincère au lieu de la convenance habituelle que le jeune homme adoptait diplomatiquement dans ces occasions. Bien que son imagination était sûrement en-dessous de ce qui avait pu se passer au lendemain de cette fête, le Hapien s'amusait réellement à "voir" une Sly pimpante, un brin rebelle trente ans plus tôt.- Avez-vous gardé des contacts avec des étudiants ou des professeurs de cette époque ?

Luke alternait entre moments de plaisir -celui simple du dialogue- et gêne, parce que tous deux tanguaient sur deux terrains : le professionnel et le personnel. Si le premier convenait parfaitement au Jedi, le second était plus difficile. Pour autant, il faisait des efforts parce que oui, l'expérience de Sly l'intéressait. Il supposait donc devoir donner le change bien qu'à côté sa vie semblait presque paisible, trop simple. Elle avait tellement parcouru de route, plus que lui, dans la durée mais aussi en intensité. Étudiante, politicienne, diplomate, reine... Cette femme réunissait beaucoup de titres sans s'être toutefois départi de son goût pour la discussion simple. D'ailleurs, elle excellait entre frivolités et dialogues quasiment philosophiques. Tenir la distance sans trop s'enthousiasmer ou risquer un accident diplomatique était un exercice de somnambule difficile, surtout pour un aveugle.

Malgré lui, Luke sentait aussi un quelque chose indéfinissable qui s'était glissé dans leur conversation. Sly avait une voix plus douce, personnelle, chaude aussi. Une sensation qui lui échappait s'était emparé du Hapien. S'il avait eu plus de connaissances sur le sujet nappé d'un brin d'arrogance, il aurait détecté que la quinquagénaire le trouvait beau et à son goût. La gêne aurait alors considérablement montée, mais douce était la Force, elle avait décidé de le laisser sagement dans l'ignorance sous peine de risquer un arrêt cardiaque de son hôte.

- Ma première mission de sauvetage réussie en compagnie de mon Maître. Ma participation n'avait été que ponctuelle, mais il y avait ce soulagement, ce bonheur de se retrouver entre la victime et son époux. Vraiment, j'ai eu l'impression de faire un pas pour changer ce monde, et je croyais fermement que nous arriverions en une vie si j'y mettais assez d'énergie. L'arrogance de la jeunesse ou la simple euphorie du moment.


Il avait hésité avec "les retrouvailles avec mon maître" auxquelles avait d'ailleurs succédé son adoubement. Ce moment sublime où le Hapien avait senti l'aura aimée envahir les murs vides du Temple. Ceci dit, son rang lui commandant une certaine réserve, il avait préféré ne pas trop s'extasier de son affection pour le vieux maître du Conseil. De plus, le jeune homme se rappelait vraiment de cette première mission accomplie auprès de Saï. La victime de l'enlèvement s'était simplement, purement jetée dans les bras du vieil homme, les remerciant à chaudes larmes. Le mari avait serré les mains du Hapien encore adolescent avec vigueur. Luke ayant participé à l'élaboration de la mission et à son dénouement, il s'était senti utile au lieu d'être contraint par son handicap. Le blond aurait aussi pu mentionner sa première rencontre avec son mentor mais il était alors trop effrayé, trop immature pour se rendre compte de la bénédiction que lui offrait la Force. Quant à ses moments avec Karm, ils étaient trop intimes, évidemment.

La chaleur de Sly, le temps qu'elle usait pour lui flattaient autant Luke que cela le mettait mal à l'aise. Il craignait sans cesse de l'ennuyer sans vouloir servir de jouet non plus. Hors travail, les relations sociales étaient bien complexes pour ce grand timide éduqué, encouragé à rester ainsi.
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Il la questionna sur la nature du futur projet concernant les militaires. Ceci semblait l’intéresser quelques peu et la vice-chancelière esquissa un léger sourire en terminant élégamment le plat présent dans son assiette. Sly Keto s’empara de sa serviette et la passa machinalement sur ses lèvres rouges avant de répondre d’une voix très polie à son interlocuteur.

- Justement, c’est quelque de secret pour le moment. Nous y travaillons encore dessus pour le moment, mais ce sera prochainement présenté au Sénat.

Son projet de monument et de lois concernant les mutilés ou traumatisés de guerre était particulièrement important à ses yeux afin que le gouvernement S’orn puisse jouir du soutien de l’armée en termes de popularité. C’était un calcul politique, mais s’assurer de cet appui était capital pour les projets de la Vice-Chancelière. La guerre était certes terminée, mais il fallait continuer de battre le fer tant qu’il était encore chaud afin de parvenir à avancer ses pions et gagner du poids et de l’influence au sein de la Grande Rotonde. La paix ouvrirait de nouvelles portes à ouvrir en temps et en heures, mais tant que la peur d’un conflit était encore dans les esprits, il était judicieux d’en profiter.

Le jeune Luke demanda si Sly possédait encore quelques liens avec d’anciens camarades de promotion ou de ses enseignants. Cette question prit quelques peu l’umbarane au dépourvu car en soit, elle n’y avait jamais songé d’une part, et d’autre part elle n’en n’avait jamais vraiment ressenti l’intérêt autre que pragmatique : dès qu’elle n’avait plus besoin de quelqu’un elle avait pris l’habitude de s’en s’éloigner afin de rester en mouvement perpétuel vers ses projets. Terminant son verre de vin, Sly haussa les épaules et prit le temps d’apporter une réponse honnête au Jedi.

- Plus vraiment hélas, nous avons fini par faire nos vies de nos côtés. De surcroit vu l’âge vénérable de certains de mes enseignants à l’époque, je pense ne pas trop m’avancer en me disant qu’il est très probable que la majorité d’entre eux soient déjà morts après tout ce temps.

Elle avait été satisfaite de le voir émettre un petit rire à l’évocation du souvenir de l’umbarane qui reprit un ton plus doux et chaleureux lorsque le Jedi fit mention de sa première mission. Il avait l’air d’avoir fait montre d’un certain enthousiasme et de nostalgique en évoquant son déroulement rapidement. Sly Keto reprit la parole pour venir nuancer le propos de son interlocuteur.

- Ce sont ces petites actions mises bout à bout qui amènent un changement Luke. En un sens, vous avez complètement changé le cours de leurs vies en agissant en ce sens. Vous avez changé « leur monde » si je devais résumer ma pensée.

Lui faire prendre conscience qu’il avait, de part ses actes ce jour là, changé une partie du monde de ces deux personnes devrait sans doute lui faire un peu plaisir. Le serveur revint, constatant que la vice-chancelière avait déjà terminé son assiette.

- Désirez-vous quelques desserts ?

Sly Keto avait déjà fait son choix.

- Une part de flan d’Alderaan je vous prie, ainsi qu’un grand caf.
Luke Kayan
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- Des fruits de la saison je vous prie.

La soirée avançait doucement, Luke le sentait à la fraîcheur qui s'insufflait subtilement sous ses habits. Il avait toujours été frileux étant donné sa constitution très mince, mais hors de question, évidemment, d'abuser de la Force pour si peu. Un léger frisson plus tard, le Chevalier recevait sa coupe de fruits, principalement des rouges, nappés d'une crème au chocolat. Habituellement peu friand de tout ce qui était sucré, il apprécia la chaleur qui s'étendait dans son palais.

- C'est logique. Oui. - Souffla le jeune homme dans un murmure où perlait un peu d'excuse. Il n'avait plus vraiment de quoi alimenter la conversation. En même temps que pouvait-il espérer dire face à une femme du Monde qui avait tellement vu de monde ? Certes, Luke avait aussi voyagé mais il s'imaginait difficilement mentionner des conflits planétaires, des épidémies ou des enquêtes criminelles résolues. Vraiment, les discussions de la vie quotidienne n'étaient pas le talent du Hapien qui, pourtant, se plaisait plutôt.

- Merci. Oui, j'espère que par la suite, ils ont pu rebondir sur cette mésaventure pour davantage profiter de leur vie, voire lui donner un nouveau sens.

Luke avait su que la relation entre le couple sauvé était difficile avant leur intervention. Il espérait donc que ce dernier avait compris l'importance de l'Amour. Étrange sentiment si valorisé chez les civils, craint chez les Jedis.

- Avec votre activité incessante, j'imagine qu'il doit être difficile de se créer des relations solides, de confiance. Avez-vous donc des amis proches avec qui partager ce genre de repas ?

Demanda finalement Luke après s'être creusé la tête pour trouver que dire. Il se trouva un peu indiscret mais après tout, c'était ce qui lui était venu pour continuer de dialoguer. Impossible de dire quoique ce soit d'autres. Bien qu'il se soit détendu depuis le début de la soirée, un miracle prouvant que Sly savait s'y prendre, le Jedi restait un peu gêné, poursuivi par l'impression de ne pas être à sa place. De toutes façons le repas allait bientôt se terminer et la Souveraine aurait tôt fait d'oublier le jeune Chevalier qui lui avait servi de divertissement le temps d'un soir. Comment lui en vouloir ? La femme avait déjà eu la bonté de s'ouvrir à ce pur inconnu d'un rang, à ses yeux, certainement inférieur. En cela, elle plaisait à Luke qui aimait considérer chacun comme son égal -sauf les rangs supérieurs, difficile pour quelqu'un qui croyait dur comme fer à la hiérarchie, à se détendre face à des Grands.- Sans aspirer à devenir Maître, au contraire, le Hapien aimait l'ordre, les statuts clairs lorsque ça le concernait, pour autant il aimait aussi croire en un monde où chacun serait égal. Un paradoxe créé par ses idéaux Jedi et son propre besoin d'être rassuré en étant guidé.

Ce soir, les règles le concernant avaient été transgressé, ce qui le gênait un peu tout en le poussant à encenser Sly. Au moins, tout s'était bien passé et Luke pourrait se targuer de ne pas avoir gâché des relations planétaires en mettant les pieds dans le plat. Très peu imaginatif quant au fait de comment une dîner pouvait s'allonger, il proposa innocemment, pressentant à l'approche du café la fin du rendez-vous :

- Je sais bien que des gardes du corps vous accompagnent plus efficacement qu'un Jedi aveugle, mais me permettriez-vous de vous raccompagner à votre vaisseau ou les quartiers qui vous sont alloués cette nuit ? Après cette très agréable nuit, je vous dois au moins ça.

Bien que Luke ne savait pas trop à quoi il servirait en effet, ni même s'il retrouverait son chemin sur le retour, il ne voulait pas manquer à ses devoirs. Il ne rougit même pas à sa proposition de raccompagner Sly, incapable d'imaginer la tournure que certains donneraient à ses intentions extrêmement chastes. Luke comptait en effet simplement achever le dîner sur le pas de la porte de la dame. il mangea un bout de fruit, résistant à une légère grimace à cause d'un peu de glace persistante qui s'était glissé entre deux dents. Plus loin, un homme vociféra, ironiquement à ce propos. Sa coupe de fruits était mal décongelée, et d'ailleurs pourquoi avait-elle été congelée dans un établissement soi-disant prestigieux ? Luke se fit discret, ce ne serait pas lui qui ferait un scandale à ce sujet.

- Sachez en tout cas que je suis vote obligé pour ce repas vraiment délicieux.

Acheva-t-il avec un sourire en levant son verre d'eau versée, quelle classe, dans un verre à pied. C'était toujours amusant de le voir prudemment dresser sa coupe en espérant ne pas tout jeter, mais on lui avait appris que dans le grand monde, c'était un signe de politesse. À force d'expérimenter pour de faux avec des Consulaires très à cheval sur les manières de procéder lors de grands galas (dans lesquels se déroulaient les plus âpres négociations), il avait trouvé le bon compromis. Ne pas trop lever et surtout le faire dans un espace dégagé pour ne pas buter contre la table et s'asperger... Ou s'en prendre involontairement à son interlocuteur.
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Le soleil de Coruscant s’effaçait petit à petit face à la noirceur de la nuit alors que le serveur apporta les desserts demandés par la Vice-Chancelière ainsi que le jeune Jedi. Ce dernier avait opté pour quelques fruits de saison qui, après ce repas, n’auraient pas été de refus pour l’umbarane après réflexion. Elle hocha la tête et le gratifia d’un sourire après qu’il ait répondu et donné quelques détails sur la mission qu’il avait exécutée et qu’il avait mentionnée un peu plus tôt, signe qu’il avait son attention. Sly prit sa cuillère et entama sa part de flan qu’elle fit glisser entre ses lèvres en regardant Luke commencer à manger jusqu’à ce qu’il lui pose une question assez intrigante.

A dire vrai Sly n’avait pas vraiment d’amis, au mieux des associés, des serviteurs, des supérieurs, des collaborateurs et des ennemis ou rivaux, la vie de l’umbarane avait été rythmée que part des relations assez distantes sous couvert d’une certaine forme de chaleur destinée seulement à mettre en confiance ou part intérêt. A la seule exception de sa famille puis de ses enfants, Sly avait toujours vécu seule au fond, n’accordant qu’une confiance relative à ceux qui étaient les plus proches d’elle comme He’thu, Ganys et Idès majoritairement. Sly ne se dévoilait vraiment que dans l’intimité familiale avec son fils et sa fille en qui elle avait à une confiance aveugle, mais sur lesquels elle exerçait toujours une emprise. Prenant une deuxième cuillérée de flan qu’elle dégusta rapidement, elle répondit.

- C’est un milieu compliqué et particulièrement individualiste. Difficile de nouer des relations de confiance comme vous dites, mais plus encore des relations durables. Sur Umbara j’ai confiance qu’en certaines personnes de mon gouvernement, et sur Coruscant je trouve cela… comment dire ? A la fois plus délicat mais aussi plus facile. En somme vu que je fréquente de nombreuses personnes il est aisé de trouver des complicités chez d’autres personnes, mais les enjeux politiques de la République font également que les politiciens n’hésitent pas à tirer la couverture à eux d’une part.

La souveraine d’Umbara prit une bouchée de son flan d’Alderaan qu’elle prit le temps de savourer délicatement avant de reprendre son propos d’une voix plus assurée.

- D’autre part les ambitieux sont beaucoup plus nombreux et ont énormément de rivaux à évaluer, évincer ou trahir. La plupart de mes repas se font avec des gens que je dois rencontrer : politiciens, industriels, financiers, militaires, délégations étrangères… des gens que je ne fréquente que dans un cadre professionnel dans lequel les amitiés sont rares et d’autant plus précieuses. Reste la famille et les anciens amis au final…

Une quatrième bouchée vint franchir la barrière de ses lèvres, accompagnée d’un verre d’eau.

- Il faut savoir apprécier la solitude en résumé…

C’était non sans une once de fatalisme et à la fois d’indifférence qu’elle avait lâché ces derniers mots. Il ne fallait pas se voiler la face, Sly avait depuis l’âge adulte, du se fier qu’à elle-même principalement. Elle avait vécu et grandi seule mais avait su accepter la compagnie de la solitude à ses côtés, sans doute son amie la plus fiable et constante à travers les années qui s’étaient écoulées. Alors qu’elle terminait son dessert, la vice-chancelière entendit Luke lui proposer de la raccompagner jusqu’à ses appartements. Assez étonnant comme suggestion, et Sly ne s’y était pas attendue.

- J’apprécie votre offre Luke, c’est très charmant à vous. Laissez-moi juste finir ma tasse de caf et je suis à vous. Et ne vous inquiétez pas pour le repas…

Fit-elle d’un ton plutôt amical alors qu’elle commençait à siroter son caf. La nuit allait être longue, de nombreux dossiers l’attendaient et elle devrait également vérifier son futur agenda pour étudier quelques détails à régler pour sa journée de demain. Une fois que ce fut terminé, un de ses gardes régla la note élevée de ce restaurant puis Sly se dirigea vers la sortie du restaurant accompagnée par Luke Kayan. Tous deux empruntèrent le speeder de fonction de la vice-chancelière qui les mena jusqu’aux appartements mis à disposition de la souveraine par la République avant de se quitter devant l’entrée de ceux-ci.
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