Invité
Anonymous

« Fais-moi plutôt de la place. J’ai déjà rudement bien travaillé aujourd’hui, même s’il n’est pas l’heure pour moi d’aller me coucher, je peux bien me permettre une sieste à tes côtés. Et puis... Personne ne devrait avoir à dormir seule sa première nuit lorsqu'elle revient d'entre les morts. »

C'est le coeur battant la chamade que je lui ouvre mes draps.

Irréel.
C'est le terme qui décrit le mieux la situation. Rien de ce qui arrive n'est à l'image de celle que je suis. Cet abandon qui ne me ressemble pas. Cette douceur n'existe plus dans ma vie depuis des années. J'ai connu des amants, les émois du coeur mais jamais ce sentiment disparu depuis trop longtemps de paix.

Je viens me blottir contre elle. Non Alys, ce n'est pas bien.
D'une main j'enlace sa taille. Cesse donc, où cela va-t-il te mener ?
Je baisse la tête et viens chercher son contact, une main devant ma poitrine. Bien, au moins qu'elle ne se méprenne pas sur tes intentions.
Et si juste j'avais envie que cela se produise ? Non !

Ma poitrine se soulève plus rapidement qu'à l'accoutumée. Je suis déboussolée, une tempête s'élève en mon être qui fini par me faire comprendre quelque chose : elle a su trouver ma vraie faille, celle que je ne connaissais pas avant de la rencontrer et qui causera ma perte. Cela fait mal, terriblement mal.

J'ai peur. 

Depuis des années j'ai peur, cela je le sais. Des chasseurs de prime, des ennemis que je me suis faite pour une raison ou une autre à vivre entre l'ombre et la lumière et je dirais presque que j'aime cette vie, son exaltation, son rythme, son incertitude. Mais voilà, tout au fond de moi il y a autre chose : une gamine qui rêve toujours d'étoiles et d'inconnues. Et les enfants sont fragiles.

Je n'ai pas choisi de fuir, j'aurais préféré partir tout simplement. Je n'ai pas choisi d'être une expérience de mon père, j'aurais préféré être sa fille. Ici, maintenant, je découvre ma douleur : celle de n'être jamais en paix. Je me découvre vieux soldat ayant combattu sur tous les champs de bataille de la vie face à la paix trouvée dans les bras d'une femme et je contemple ce spectacle avec la déchirure d'une âme confrontée à sa vie.

Mes errances, la prime sur ma tête, tous les ennemis que j'ai pu me faire juste pour avoir voulu rester libre, juste pour rester indépendante, est-ce cela que me réserve mon futur ? Et pour combien de temps ? Combien de temps avant que je ne chute, avant d'un tir de blaster ne me fauche, que je ne commette une erreur fatale ? Est-ce qu'il ne serait pas temps de raccrocher, de devenir adulte enfin et de rentrer ? Avant qu'il ne soit trop tard. 

Mon coeur bat lourdement dans ma poitrine. Douloureux. La gorge nouée. J'ai envie de pleurer, de m'effondrer. Assez de lutte, assez de courses, assez de souffrances : la coupe est pleine. Ce soir Alys n'est plus, c'en est trop. J'abandonne. Je ne veux que les bras de cette femme, que la paix. Donnez moi la paix !

Les balises d'alertes que j'ai placé dans mon esprit s'allument toutes les unes après les autres : "Tout comportement anormal doit être mis sur le compte d'une possible manipulation mentale." Ce n'est PAS ANORMAL ! J'AI MAL !
"Tout changement brutal dans les processus de décision est un risque majeur." JE M'EN MOQUE.
"Tu vas mourir" JE M'EN MOQUE.
"Toute altération émotionnelle est un risque biomécanique majeur" 

A cela et à cela cela seulement je ne sais que répondre. Je risque l'effondrement de mon interface de communication homme machine et faire une crise d'épilepsie en bavant sur mon ange et c'est la dernière chose que je souhaite.

La mort dans l'âme, je me calme, par obligation et pas par choix. Je m’accroche à elle comme une noyée. Mes doigts se nouent à son haut : ne pars pas. Je cherche sa chaleur : console moi. Mon front se pose contre son épaule : rassure moi. 

Je ne veux rien d'autre que l'oubli...
...et dormir.
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