Absalom Thorn
Absalom Thorn
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7 à 19.

Exclamations de joie.
Grognements de mécontentement.
Bientôt couverts pour le tintement d’une machine à sous, à quelques pas de là.

Le vainqueur de la manche de pazaak aligna les jetons poussés devant lui par une croupière Parwan, dont les trois yeux surveillaient plus attentivement encore les joueurs que les cartes. Sur le pont dédié au casino, de petites fortunes se faisaient et se défaisaient, à des dizaines de tables et des centaines de machines.

Celui qui se présentait désormais plus souvent sous le nom d’Absalom Thorn que de Darth Noctis traversa la salle principale, pour gagner le salon VIP, après que sa carte de passager eût été dûment scannée par l’un des imposants droïdes de sécurité qui encadraient le lourd rideau pourpre. De l’autre côté, les enjeux étaient infiniment plus élevés.

Mais Absalom ne s’intéressait pas au jeu. À ses yeux, parier était une faiblesse, le hasard une erreur. Des passions coupables qu’il réprouvait durement, mais en son for intérieur seulement, parce que dans la vie et dans la politique, elles étaient d’utiles leviers pour étendre son contrôle sur les cibles qui l’intéressaient.

Il y eut un léger frémissement, imperceptible pour la plupart des milliers de passagers, mais qui n’échappa pas à ceux qui connaissaient bien les machines ou qui étaient sensibles à la Force.

Le Prospérité venait de sortir de l’hyperespace.

C’était un spectacle grandiose, ou méprisable, selon les sensibilités. L’immense croiseur était un monstre sorti des chantiers navals de Corellia, construit sur mesure pour les besoins de son acquéreur, Makor Akt Arven, le magnat du tourisme galactique, dont l’empire d’hôtels et de casinos, de spas et de vaisseaux de croisière, s’étendait au-delà même des frontières républicaines. Le Prospérité était affrété par l’une des innombrables filiales de la maison-mère Arven Loisirs. Un vaisseau de paix, se vantaient les publicités de la compagnie.

Et quel meilleur client pour un vaisseau de paix qu’un Seigneur Sith, certes renégat ?

Le regard d’Absalom s’arrêta sur une vieille femme, une hybride humaine twi-lek au port altier, qui jouait aux cartes vers le fond de la salle. Sa parure étincelait sous les lumières des plafonniers.

Le Prospérité tenait le milieu entre le croiseur géant et la station spatiale. Du point de vue du pilotage, ses performances étaient risibles. Même dans l’hyperespace, il accusait une lenteur remarquable. Mais l’intérêt n’était pas là. Prospérité, c’était toute une ville, avec son pont casino, son pont multisport, ses immenses baies d’observation panoramiques, sa galerie marchande, ses serres hydroponiques, ses spas. C’était une croisière soigneusement étagée, où la classe moyenne se mêlait aux plus riches.

D’un geste de la tête, Absalom fit signe à la femme, qui s’excusa avec une grâce consommée auprès des autres joueurs, avant de se relever.

Docteur, dit-il, en s’approchant du Hapien.
Votre Excellence.
Depuis votre rencontre, je crains que mon assistance ne soit plus capable de penser à rien d’autre que vous.
Je lui enverrai des fleurs, répliqua Absalom d’un ton tranquille.

Sourires entendus.

Le Prospérité suivait en deux semaines un itinéraire prudemment tracé dans les zones neutres de la Galaxie. Question de clientèle. Ici se mêlaient Républicains et indépendants. Il y avait quelques impériaux, qui profitaient de la trêve relative et un contingent de plaisanciers venus de l’Espace Hutt. Le vaisseau de paix. Le vaisseau où se mêlaient les espèces et même les ennemis. Pour s’amuser. Pour se détendre. Pour faire affaire.

C’était l’un des grands paris d’Akt Arven. Que bon nombre d’entrepreneurs de la Galaxie seraient prêts à payer rubis sur l’ongle pour avoir l’opportunité de rencontrer ceux de l’autre côté de la frontière et discuter ensemble des affaires de demain, que la guerre reprenne ou que la trêve s’installe. Une occasion rare, dans un cadre contrôlé. Sous les ors du divertissement, il s’élaborait dans les vastes cabines de luxe des ponts supérieurs et les salons privés les grands projets de demain.

Je crois que nous arrivons à la nébuleuse, déclara le Sith en offrant galamment son bras à son interlocutrice.

La vieille femme inclina élégamment la tête, avant de se laisser guider hors du salon.

Les escales du Prospérité offraient à ses passagers l’occasion de contempler les merveilles de l’espace. Des spectacles grandioses s’offraient de l’autre côté des parois et du bouclier. C’était le B.A. BA du tourisme spatial : offrir l’excuse des mystères de l’univers à ceux qui voulaient un prétexte pour se perdre dans les casinos et le shopping.

Comment se passe votre réacclimatation à Hapès ?
À merveille, Votre Excellence, je vous remercie.
J’ai cru comprendre qu’on allait vous offrir une chaire.
Il est encore trop tôt pour le dire.

Des tapis épais couvraient les coursives des ponts supérieurs.

Et personne ne cherche à vous tuer ?
Personne ne réussit, pour l’instant, plutôt. C’est une nuance d’importance.

L’hybride esquissa un sourire qui aurait pu passer pour chaleureux, pour qui ne la connaissait pas.

Mais dans les entrailles du Prospérité, on se préparait à des conversations moins polies.
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Envie de régurgiter le petit déjeuner, suivie d'un frisson des pieds à la tête, mal au cou et odeur de fouine grillée. On venait donc tout juste de quitter l'hyperespace. Raimee s'appuya sur la rambarde d'une des coursives juste un instant, juste le temps de reprendre ses esprits, réajusta sur son épaule ce magnifique sac brodé de lapins et de carottes puis s'observa un instant sur une des glaces d'un air blasé...

La raie bien mouillée sur le côté, coiffure impeccable, les yeux ternes, un costume qui ne moulait que trop sa corpulence athlétique, la cravate de guingois, il ressemblait à tout sauf à un jedi. Cette mission était selon lui un gros foutage de gueule et il commençait à regretter cette escapade dans la jungle d'Onderon. A son bras, s'accrochait fièrement une toute petite demoiselle, haute de ses cinq ans révolus la veille, dans une robe de couturier chatoyante sous les lumières du couloir. De loin, elle ressemblait à un oiseau exotique qui traînait un lapin en peluche.

"Allez Nounours ! On va être en retard..."
"Oui bah deux secondes, Callio... Nounours se concentre pour pas gerber ses pancakes de princesse..."
"J'ai mal aux pieds..."
"Wow ! Wow ! Wow ! Qu'est-ce qu'on a dit tout à l'heure ? T'arrêtes de m'prendre pour ton poney et ce soir, je te lirai ton conte à la con..."
"Papa a été très clair sur ce sujet. Je peux te demander tout ce que je veux..."

Voilà ce qu'il en était de cette galaxie. Lorsque vous tentiez de rétablir la Justice, on vous punissait en vous faisant passer pour un canasson. Le jeune gaillard se baissa rapidement, enroula la taille de la gamine et en moins de deux, elle se retrouva sur ses épaules, le sourire jusqu'aux oreilles, alors que Raimee imitait le cliquetis des sabots et deux ou trois hennissements pour montrer qu'il n'était pas très content. Maître Ean avait été très, voir trop, clair à ce sujet. Le Prince et sa femme étaient des amis de longue date et Raimee ne devait pas voir cet assignement comme une mission diplomatique mais bel et bien comme un service inestimable pour son maître. Pendant que le vieil ithorien sirotait des cocktails, son padawan servait de garde du corps/nounou/poney et devait traîter la jeune Dauphine comme une "Rose délicate en pleine croissance", rose qui s'était empressée de l'appeler Nounours, de lui imposer des séances intensives de coiffage de poupées, de goûter avec ses peluches et d'autres amusements de son âge.


La princesse et son fidèle destrier arrivèrent bientôt dans une salle aménagée pour l'occasion. Du personnel navigant s'activait pour les derniers détails et même un officier était présent, devant la porte, pour accueillir les invités prestigieux de cette fête. Raimee relâcha le petit monstre blond et la regarda courir dans la salle pour aller embêter les serveuses. Il se massa les épaules, en profita pour se délester du gros sac mais prit un soin tout particulier à garder avec lui "Sir Grandes Oreilles" qui, s'il était le bien le plus précieux de la princesse, avait surtout la particularité de dissimuler en son sein le bien tout aussi précieux de son garde du corps, le sabre laser de Raimee.

Bientôt la salle fut remplie de gamins de haut rang qui s'amusaient comme des petits fous et de nounous de tout bord veillant respectivement à ce que tout se passât pour le mieux. Courses-poursuites, pirates de l'Espace, secrets murmurés, petits fours engloutis, cette bande de rathtars hauts comme trois pommes saccageait tout en hurlant, en riant, en criant et parfois même en pleurant avant de se mettre à rire. Raimee était dans un coin de la salle, essayant de passer inaperçu lorsque les gamins s'étaient mis dans l'idée de jouer à "Chat", incluant au passage tous les adultes, officier compris.

Si elle était en avance pour son âge, connaissait déjà quelques langues étrangères et en savait bien plus que n'importe qui sur ce navire de plaisance en matière d'astrophysique, la jeune Callio, princesse dauphine, s'avéra être un piètre chat, certes, mais un chat très malin. Lasse de courir après ses invités, elle se contenta de se ruer sur Raimee, lui toucha le bras et lâcha le sésame quasi-magique, incantation ésotérique qui vous transformait de simple nourrice en prédateur assoiffé d'enfants. Une sorte d'An'ya Qelis, en quelque sorte. Raimee souffla lourdement, grinça des yeux, lâcha son verre de lait, puis se mit au beau milieu de la salle...

"Je vais vous montrer ce qu'est un vrai chat, bande de petites souris !"

Le sourire narquois, la voix tonitruante, le jeune padawan délaça lentement sa cravate pour se bander les yeux avec. Il fit ensuite craquer les os de son cou puis respira lentement pour se concentrer... La salle était à présent presque silencieuse quand on n'entendait pas quelques rires étouffés ou des murmures ici et là.


La tension était à son comble, Raimee était devenu très sérieux et jaugeait la salle avec tout ses sens encore en activité. Les gamins avaient vite compris qu'il ne plaisantait pas et étaient devenus de concert de véritables ninjas pour se déplacer sans faire le moindre bruit. Une des nounous éternua et tous les adultes la regardèrent subitement comme pour la sommer de se taire aussi mais Raimee n'en eut cure. L'animatrice chargée de cette petite partie en profita pour baisser la lumière et ouvrir en grands les volets. La Nébuleuse embrassait dorénavant le mobilier et une ambiance quasi-mystique régnait. Raimee tourna subitement la tête lorsqu'un petit trébucha puis une nouvelle fois en direction d'un autre gamin lorsqu'il marcha par accident sur un machin qui faisait du bruit...

Ni une, ni deux, le padawan fit deux roulades et alla se cacher derrière un fauteuil puis se servit de Sir Grandes Oreilles comme d'un télescope scrutant l'horizon. Morts de rire, certains gamins trahissaient leur présence et Raimee profita de cette ruse pour en rajouter. Modifiant sa voix de façon ridicule, il rajouta :

"Sergent Grandes Oreilles au rapport. Aucune souris à l'horizon !"

D'autres gamins pouffèrent de rire et, Raimee, se servant de la peluche, comme d'une marionnette, la fit se dandiner de droite à gauche comme si elle inspectait les alentours...
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Je n’ose croire que Votre Excellence ait peur.


Ils se promenaient à pas lents le long de la baie panoramique, observant chacun la nébuleuse, et les nuances, presque infinies, de ses couleurs mystérieuses. En d’autres circonstances, Absalom l’eût volontiers contemplé de longues heures durant. Il croyait fermement que les spectacles grandioses du cosmos élevaient l’âme et que ces beautés titanesques aidaient à mieux appréhender la Force.


Mais l’heure n’était pas à la méditation.


Seigneur… Doit-on encore vous appeler Seigneur ?


L’Hapien haussa les épaules.


J’aurais perdu l’esprit si je n’avais pas peur à vos côtés. Peur de vous. Et peur de ceux qui pourraient vous en vouloir.


Elle avait confessé cela d’un ton tranquille, comme si ce n’était guère qu’une conclusion logique, qui n’affectait pas en profondeur ses émotions.


Je suppose, murmura le Sith d’un ton pensif, sans détacher son regard de la nébuleuse.


Capitaine ?


Loin de là, tout au bout de vaisseau, dans l’espèce de vaste globe qui boursouflait sa proue, c’est-à-dire la salle de commandement, un Bothan venait de relever les yeux de l’écran de sa console où oscillaient incessamment les courbes de rendement des immenses moteurs du Prospérité.


D’un geste de la main, la capitaine lui fit signe de parler.


On a des difficultés aux moteurs 4, 7 et… et 3.


Silence.


La capitaine ne croyait pas aux paroles inutiles.


Ils donnent 40% de moins que prévu.
Affichez-moi l’ingénieur en chef.
Tout de suite, capitaine, répondit l’officier de communication.


Absalom et Son Excellence s’étaient arrêtés et ils se tenaient désormais debout, l’un à côte de l’autre, sur le tapis feutré de la baie d’observation, les mains croisées dans le dos. Après un long moment de silence, la femme demanda, d’un ton à moitié rêveur :


C’est un conseil ?
Je ne me permettrais pas d’offrir autre chose, répondit Absalom d’un ton si plein d’humilité qu’on l’aurait volontiers cru authentique.
Et en admettant que je ne le suive pas ?
La banque centrale compte d’autres gouverneurs, répliqua-t-il tranquillement.


Un sourire amusé étira le visage ridée de la femme.


Quoi, même pas une menace ?
Que voulez-vous, murmura le Sith, les traditions se perdent.


L’image de l’ingénieur en chef, un Riileb entre deux âges, flottait à présent au-dessus de l’holoprojecteur principal de la salle de commandement.


Un problème avec les moteurs, demanda la capitaine d’un ton égal ?


Les antennes de l’ingénieur frémirent.


Simple difficulté dans la répartition de la puissance, capitaine. Rien qui doive vous inquiéter.


La capitaine plissa les paupières. Elle n’avait pas confiance en son équipage. Elle n’avait jamais confiance en son équipage, pendant les croisières. Des centaines de personnes, dont elle n’avait au mieux choisi qu’une poignée, quand elle n’était pas parachutée par l’entreprise sur un vaisseau dont elle ignorait presque tout. Le Postérité ne faisait hélas pas exception.


Révisez vos calculs et assurez que tout fonctionne bien à l’avenir.
Naturellement, capitaine, répondit l’ingénieur d’un ton faussement dégagé. Mais si je puis me permettre, tout serait plus facile si nous pouvions stationner un moment.
Stationner ?
En poussant moins sur les moteurs, ce serait facile de recalibrer, voyez-vous.


D’un regard circulaire, la capitaine embrassa la salle de commandement, pour essayer de déchiffrer, sur le visage des officiers de bord, ce que leur inspirait cette suggestion.


Puisque de toute façon nous observons la nébuleuse…


Silence.


J’imagine que nous pouvons nous le permettre, oui, finit-il par concéder.


L’ingénieur inclina la tête.


Pilote, réduisez progressivement notre vitesse de 60%.


Dans le salon d’observation, la gouverneuse haussait un sourcil.


Un problème ?
Je sens…
Comme une perturbation dans la Force, suggéra-t-elle avec une pointe d’ironie ?
Peut-être, murmura Absalom, pour une fois insensible à l’humour.


Il finit par chasser l’idée de son esprit.


Probablement la présence de la nébuleuse.
Probablement.


Un temps.


Pourquoi vous intéresser à nous ? Nous ne sommes qu’une planète parmi d’autres d’un Noyau si densément peuplé…
Je ne vous donne qu’un conseil qui me semble opportun pour le bien de tous.
Et vous vous réveillez souvent comme ça, le matin, avec l’envie impérieuse de distribuer vos lumières sur la politique monétaire à qui se trouverait dans le besoin de les recevoir ?
Votre Excellence, répliqua l’Hapien d’un ton tranquille, je suis persuadé que si votre équipe fait les calculs par elle-même comme je le suggère, ses résultats concorderont avec mes prévisions.


Le visage de la gouverneuse resta impassible. En quarante ans de carrière, elle en avait reçu beaucoup, des avis plus ou moins intéressés. Certains étaient utiles, mais, le plus souvent, ils venaient de politiciens qui voulaient résoudre leurs problèmes immédiats avec des instruments fragiles qui gouvernaient au destin de toute une économie.


Et qu’est-ce que vous avez à y gagner ?
Dans une situation comme la mienne, croyez-vous que je sois en mesure de me passer de la moindre bonne volonté ?
Vous proposez donc de vous payer de notre reconnaissance ?
Vous et moi, Votre Excellence, savons bien que le crédit que l’on a vaut infiniment plus que les crédits que l’on possède.


Dans la salle des machines où les réacteurs monstres baissaient progressivement en régime, deux camps étaient en train de se former : ceux qui savaient et ceux qui ne savaient pas. Les premiers guettaient leurs collègues. Il faudrait agir vite, et bientôt. Les assommer, les enfermer dans les locaux techniques, qu’on avait soigneusement repéré, sur les plans d’abord, et en visitant les coursives, ensuite. En quelques secondes, il faudrait se rendre maîtres des machines, et ensuite…
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Alors qu'il s'approchait à pas feutrés vers une victime toute désignée qui faisait trop de bruits avec ses souliers lorsqu'elle se déplaçait, Raimee s'arrêta net, se releva et se mit à renifler l'air. Quelque chose perturbait la Force. Et vu l'odeur qu'il traduisait par synesthésie, ce n'était pas quelque chose de bien...

"Nounours ! Mais qu'est-ce que tu fais ?"
"Je... Hummm..."

Ce n'était pas la Nébuleuse, ce n'était pas une fantaisie de sa part, c'était bel et bien quelque chose d'autre, en témoignait à présent les fourmillements dans ses doigts de pieds. Toujours les yeux bandés, son lapin en main, il se dirigea rapidement vers la jeune Callio et mit un genou à terre pour lui parler.

"On doit filer d'ici..."
"Ah non ! On reste ! Papa a dit..."
"Que tu devais m'obéir. Et là c'est le cas. On doit partir de suite."
"Je ne bougerais pas d'ici ! On s'amuse bien !"
"Ca, c'est pas un soucis..."
"Attends, attends..."

Callio s'approcha un peu plus puis continua en lui chuchotant dans l'oreille :

"C'est en rapport à ce qu'on peut pas dire ?"
"Affirmatif !"
"Mais gros patapouf, c'est la Nébuleuse ! J'ai lu que c'était souvent..."
"Nanan... Ca s'apprend pas dans les livres ce genre de trucs, ca se ressent, tu vois... Et quand je dis qu'on file, on file..."

Sans autre procès, sans attendre une quelconque réclamation, Raimee empaqueta la petite Callio sous le bras, releva sa cravate pour y voir clair puis se dirigea tout droit vers là où était posé le sac à carottes. L'animatrice, les nounous et les enfants ne comprirent pas trop ce revirement de situation et alors qu'une des dames lui demandait si tout allait bien, Raimee fronça des sourcils et lâcha assez vite son projet de fuite. Oui, il était en charge de la protection de la jeune princesse mais il ne pouvait pas abandonner ces gamins et ces nounous, seuls à leurs destins. Même si c'était une fausse alerte, même si Callio avait raison au sujet de la Nébuleuse, il ne pouvait pas se permettre de laisser cette intuition que tout allait partir en cacahuètes.


Il posa Callio au sol, s'assura que sa robe était bien en place, balança le sac derrière le comptoir et confia le lapin à la gamine. Alors qu'il retirait complètement sa cravate, ses chaussures et le haut de son costume :

"Ok les mouflets ! Changement de programme... Tout le monde s'approche et écoutez attentivement... Hummm, ok tout le monde s'en fout... Callio, fais ton truc, steuplé..."
"Je suis la Princesse Dauphine Calliope de Monsérat, Duchesse des Aloncourts, Grande Ordonnatrice de..."
"J'crois que ça va aller... Vous avez compris ? Bon... "Goutte-au-Nez", tu ranges toutes les saloperies qui traînent, prends "Couettes-de-traviolle" avec toi... Oh ! Et "Coupe-au-bol", je l'ai vu lapper du gâteau sur le sol tout à l'heure, il te sera utile... "Dents-en-Moins", "Langue-Fourchue" et "Quat'bras", vous êtes en charge de rapatrier toutes les affaires derrière le bar. Et bien rangées, pas entassées comme des sauvages... "Bouton-sur-le-Nez" et "la-Pyromane", vous prenez "Miss Tricot" avec vous et vous faîtes l'inventaire de tout ce qui pourrait être utile pour se foutre sur la tronche... Callio, tu refais ton truc avec le lieutenant, là-bas, ordonne lui de fermer la porte et de fermer sa gueule par la même occasion... "Miss Champagne", "Miss Petit-Cul" et "Miss Pipelette", vous me basculez ces tables, ici, ici et là... Et... Ah d'accord, tout le monde me regarde de travers... Callio, à toi..."
"Bougez-vous l'cul, pas l'temps de niaiser !"
"Excellent Callio... "Lunettes" et "Miss Sur-votre-Droite", avec moi. Le reste de la troupe, si je ne vous ai pas dûment cité par vos matricules. Les "trop-mous", vous me construisez un fort avec tout ce qu'il y a dans cette salle. Soyez créatifs mais ne touchez pas aux tables. Barricadez bien partout... Les "Ptichoux"... Mes p'tits lapins... J'peux pas m'servir de vous... Enfin pas vraiment... Levez la main ceux qui ont encore des couches... Excellent... Allez vers "Miss Migraine", les autres, pour le moment, vous vous planquez derrière le bar, je veux entendre personne et quand le fort sera construit, on vous bougera là-bas !"

Si au début tout ce petit monde ne comprenait pas vraiment ce revers de situation, à présent tous s'affairaient à leur nouvel emploi...

"Bon... "Lunettes"... Tu seras nos yeux et nos oreilles... Y'a un terminal ici ? Héhé, parfait... Tu te planques, là, je vais te ramener du jus de fruits et des petits gateaux, dans 5 minutes, quand je repasse, tu m'affiches sur les écrans de contrôle les caméras de sécurité du pont. Le couloir et les principaux axes de passage. C'est Ok ?... T'es un bon petit... "Sur-votre-Droite", veille à ce que tout le monde soit affairé. Plus ils seront occupés, moins ils se poseront des questions..."


Si par malheur son intuition s'avérait fausse, il allait en payer le prix. Il venait de transformer une salle de réception en véritable terrain militaire et toute une bande de gamins VIP et leurs nounous en soldats. Mais qu'importait, il préférait se fier à son intuition. Le jeune padawan observa la salle sous toutes ses coutures et alors que l'animatrice, la renommée expressément "Miss Sur-votre-Droite", allait remettre la lumière, Raimee l'invectiva assez sèchement de laisser comme c'était. Dans le pire des cas, ils seraient habitués à la faible luminosité et la Nébuleuse éclairait suffisamment la pièce. Callio revint toute amusée et tendit le sabre de Raimee à son propriétaire....

"C'est le meilleur anniversaire de toute ma vie, Nounours !"
"J'vais pas te mentir Callio, soit j'ai tort, et ça va chier pour mon matricule, soit j'ai raison et je vais vraiment, vraiment avoir besoin de toi sur ce coup."
"A vos ordres, Général Nounours !"
"Va terroriser les troupes, j'ai confiance en toi, bilan de la situation dans 5 minutes au QG !"
"Heu ? Où çà ?"
"Bah au bar ! Allez file..."

Un petit coup de mou se fit sentir mais lorsque tout le monde entendit le vrombissement soudain du sabre de Raimee, tous remirent du coeur à l'ouvrage. Malgré les ordres de Callio, le lieutenant alla vers le padawan et le questionna assez sèchement sur ce qu'il était en train de faire...

"Bah écoute, beau gosse, au pire, j'suis dans la merde, au mieux, je suis en train de vous sauver vos p'tites miches de riches... Quoi qu'il arrive, tu seras le héros de la situation. Dans 5 minutes, soit tu m'arrêtes pour séquestration d'enfants soit, ca sera le début vraiment de ta carrière. "Un lieutenant sauve les enfants d'une Croisière en péril"... Ca claque, hein..."
Absalom Thorn
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Veuillez, s’il vous plaît, vous écarter de ce levier mécanique.
De quoi ?
Tu dégages ou je te pulvérise le foie à coups de blaster.

L’ambiance, dans la salle des machines, s’était sensiblement détériorée. Une trentaine d’ingénieurs et de techniciens avait produit de sous leurs bleus de travail des blasters qui mettaient désormais à rude épreuve leurs collègues plus innocents. Dès que le vaisseau avait réduit de façon assez considérable sa vitesse et que sa manœuvre devenait par conséquent plus aisé, c’est-à-dire dès que les nombreuses mains que l’on forçait désormais à garder bien en l’air étaient devenus inutiles, un groupe de pirates infiltrés s’était emparé des moteurs.

L’ingénieur en chef n’en menait pas large. Il avait trahi son entreprise, mais c’était un moindre mal, pour ne pas trahir sa famille. Ses trois femmes et ses cinquante enfants avaient été kidnappés par les pirates et, pour les revoir, il était prêt à tout. Il regrettait même sa seconde épouse, maintenant qu’elle lui paraissait en danger de mort.

Bon, les gonzes, poursuit d’une voix forte la Farghul qui menait la petite bande, le premier qui moufte, je le perfore sans autre forme de procès, est-ce que c’est clair ? Bien. Maintenant, ayant l’amabilité de vous faire calmement emprisonné.
Cher docteur Thorn, je crains que vous ne m’accordiez pas toute l’attention que le voudrait la galanterie.
Pardonnez-moi, Votre Excellence, répondit le Sith, qui s’était en effet plongé dans une réflexion aussi profonde que soudaine, alors que son esprit sondait les entrailles de l’immense vaisseau qui leur faisait longer la nébuleuse. Je crains que notre navire ne soit présentement attaqué.
Par, s’enquit la gouverneuse, que cette information ne parut inquiéter que modérément ?
Des gens.
Docteur, vous m’en direz tant.
Ils sont trop éloignés pour que je sonde pleinement leurs intentions, mais, si je ne m’abuse, ils se sont déjà emparés de la salle des machines, et j’ai du mal à croire que des personnes qui prévoiraient une attaque de ce genre, sur un vaisseau de cette taille, n’auraient pas des agents infiltrés un peu partout.
Ah.

La vénérable économiste considéra un temps la situation.

C’est fâcheux.
Je le crains.

Le regard qu’elle leva vers lui se fit un brin soupçonneux.

Je n’y suis pour rien, se défendit le Sith, dont le passé passablement génocidaire contribuait assez peu à la crédibilité de son innocence.

Il y eut un moment d’hésitation puis la gouverneure murmura :

Mon petit-fils joue en ce moment dans un salon à deux ponts au-dessus du nôtre.

Sur le pont de commandement, une perplexité était née, qui se muait en consternation et la consternation, dans les esprits les moins affermis, se muait en inquiétude.

Ainsi donc la salle des machines est prise, conclut la capitaine.

C’était faire preuve d’une sagacité toute relative, puisque, de fait, une pirate à fourrure très polie venait de lui apprendre que la salle des machines était prise et la prier de se rendre, sans faire d’histoire.

Mais la capitaine avait d’autres projets.
C’était des projets du genre héroïque.

Déployez la sécurité.
Fait-on sonner l’alerte, demanda l’un de ses officiers ?
Pas encore. Inutile de créer un mouvement de panique pour ce qui n’est peut-être qu’une simple contestation de nature syndicale.

L’officier en question trouvait pour sa part que le blaster de la Farghul avait une allure peu syndicale, mais il jugea que sa carrière serait d’autant plus prometteuse qu’il garderait ses observations pour lui. Ainsi donc, des soldats et des droïdes commencèrent à affluer dans les coursives vers les niveaux techniques.

Dans un ascenseur inter-pont, Darth Noctis et Numa Shaan, qui remporta à 47 ans le Prix Corellien de la Pensée Économique pour sa théorie sur les leviers fiscaux du développement local dans les sociétés post-industrielles, écoutaient une petite mesure qui les invitait à la patience.

C’est bien aimable à vous de m’accompagner, docteur.
C’est tout naturel.
Je vous savais courtois, je ne vous savais pas altruiste.
J’ai mes moments.

(Quand il ne massacrait pas les gens.)

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent. Dans le couloir, tout était calme. Il s’agissait de ne pas troubler — inutilement, selon la capitaine —, la quiétude des clients. Particulièrement quand ils étaient riches.

Ah, fit éloquemment Absalom, en considérant la porte de la salle de répétition.
Un problème ?
Il y a un Jedi là-dedans.
Au goûter des enfants, dit Shaan, un peu surprise ?
Semblerait-il.

À son tour, la gouverneure se mit à considérer la porte.

Ces gens-là ont beaucoup plus de temps libre que je ne le pensais.

Silence.

Et donc, vous vous sentez moralement obligé de le trucider sur place ?
Je ne sais pas si je dois me sentir insulté par le fait que me croyiez si sauvage, ou par le fait que vous me supposiez une morale.
L’heure n’est pas à la plaisanterie, docteur.
Certes.

Silence.

Quel genre de Jedi ?
Hmm.

Silence.

Mais encore ?
Un Padawan, je pense.
Il aura senti votre présence ?
Je l’espère, ou alors, il faut sérieusement penser à réformer leur curriculum.

De fait, Darth Noctis, dans la Force, était comme un lac sombre, profond, ancien, calme — et obscur. C’était tout autre chose que les tourbillons de rage et de haine qui trahissaient souvent la présence des Siths, mais ça n’en était pas pour autant beaucoup plus rassurant.

Écoutez, je vais lui parler, moi. Je suis sûre que tout le monde saura se montrer très raisonnable.

Et Numa Shaan traversa le reste de la coursive soigneusement tapissée pour frapper à la porte vaillamment défendue par une armée de nourrices et une armée de marmots.
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