Balian Atraïde
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Je ressortais du bar avec une mine affreuse…je n’avais pas l’habitude de boire…il m’avait fallu seulement deux bières Corelliennes pour commencer à ressentir les effets de l’alcool…Mais qu’est-ce qu’il m’avait pris d’ingérer ces deux verres. A quelle folie avais-je cédé pour en arriver là…

« - Moi, je m'inquiète plutôt pour toi. Si tu ne fais que travailler et dormir, tu vas craquer en moins de deux. Et qui va s'occuper de moi après, hein ? Comment te détends-tu d'habitude ? Comment tu occupes tes temps de pause ? »

« - Ce n'est pas un mode de vie très sain, à mon avis... Mais bon, tu es suffisamment grand pour prendre tes propres décisions, je ne suis pas ta mère. »

Les paroles de Cally m’avaient interpellé et depuis notre dernière rencontre. Globalement je ne savais pas m’amuser…dans un sens Adila, mon ex-épouse m’avait déjà reproché cela…Et si les propos de cette dernière ne m’avaient jamais véritablement atteint, le fait d’entendre Cally me mettre en garde sur la chose me perturbait dans un sens…Et si elle avait raison ? Fort de cette idée, je m’étais dit que je pouvais toujours tenter de faire un effort dans ce sens…J’avais donc saisis une veste, et j’étais sorti, dans les rues de Coruscant…à la recherche d’un bar, que j’avais fini par trouver.

Je déambulais donc, en proie à mes doutes, plongé dans les tréfonds de mes pensées… J’avais mal au crâne, et je me sentais diminué. Quelle sensation déplaisante…Mains dans les poches, le cou rentré dans mes épaules, les yeux rivés au sol, je traçais pour retourner au Centre Militaire. Décidant de couper par une ruelle transversale mal éclairée – un genre de raccourci, parfait pour un coupe-gorge – je pressais le pas. Soudain je stoppais net, devant moi, il y avait quelque chose au sol. Je pensais à un animal crevé, mais en m’approchant je trouvais que la « bête » avait une forme plutôt humanoïde. Arrivé à la hauteur de la forme, je constatais qu’il s’agissait effectivement d’un…ou d’une Twi’lek. Difficile à dire avec un éclairage pourri et la sensation qu’un troupeau de Fathiers faisait une course sur mon cortex cérébral.

Je me penchais sur le corps qui semblait inerte. Je dus me rattraper au mur pour ne pas finir sur les fesses. Je retournais cette pauvre créature afin de voir son visage…une femme ! Elle semblait clairement mal en point. Je cherchais un pouls…il était plus que faible…presque inexistant…je n’étais pas assez saoul pour ne pas savoir repérer un battement de cœur. Posant ma main sur le bas de sa cage thoracique, je détectais un très faible mouvement respiratoire…ça devenait fortement inquiétant pour son pronostic vital.

- Madame heu… Mademoiselle ? Fis-je d’une voix pâteuse…me demandant si elle était mariée…elle avait l’air somme toute assez jeune.

Pas de réaction…Si j’appelais les secours ils mettraient trop de temps pour venir. Nous étions encore loin du Centre Médical Militaire où j’officiais habituellement. Je saisis la jeune femme dans mes bras et me redressais chancelant. Finalement je me ressaisis et parvins à recouvrer un certain équilibre et me mis en route, marchant le plus vite possible en direction du Centre médical le plus proche. Lorsque j’entrais, je me retrouvais au cœur de la débandade coutumière d’un service d’urgence. Les membres du corps médical se précipitaient dans tous les sens, des droïdes médicaux prodiguaient les premiers soins…tandis que des patients attendaient qu’on les appelle…Un vrai capharnaüm…

Je jetais un rapide coup d’œil à la Twi’Lek que je transportais, son visage, désormais éclairé, n’avait montré aucune réaction…je commençais à craindre qu’elle ne soit dans le coma…elle était dans mes bras, telle une poupée de chiffon. Un droïde protocolaire s’approcha de nous :

- Bonsoir, en quoi puis-je vous aider ?

Je ne prêtais aucune attention à lui, et traversant le hall d’accueil - tous les hôpitaux étaient conçus de la même façon - je bifurquais vers une salle d’examen, je devais faire vite. Les lits étaient alignés de part et d’autre de la pièce, séparés les uns les autres par des rideaux, gardant une certaine intimité à chacun des patients. Au premier lit vide, je posais délicatement mon fardeau et entrepris de l’ausculter d’une manière plus protocolaire.

Le droïde m’avait suivi, un peu paniqué :

- Mais monsieur ! Vous ne pouvez pas ! Ce n’est pas la procédure…

Je levais un doigt, lui intimant l’ordre de se taire…j’avais déjà bien assez mal au crâne sans avoir à subir les jérémiades d’une boite de conserve à cheval sur son protocole administratif. Le droïde s’éclipsa tandis que je farfouillais dans les tiroirs à la recherche d’un stéthoscope au moins…Bon sang ! il n’y avait rien dans ce taudis ! Ha ! Si…en voici un.

Mes gestes n’étaient pas aussi rapides que je l’aurai souhaité…si seulement je n’avais pas bu…Je plaçais les embouts des tubes auriculaires dans mes oreilles et avisais sa tenue…en quête d’un endroit où poser le pavillon de mon instrument. J’écartais doucement son décolleté et écoutais…le pouls était à peine audible…je me penchais, ouvrant ses paupières…un frisson me parcouru subitement, je venais de réaliser ce qui l’avais mise dans cet état.

Soudain, une ombre se dessina derrière moi, et une humaine en tenue d’infirmière intervint à mon encontre, sans doute avait-elle été avisée par le droïde qu’un militaire inconnu avait investi les lieux comme s’il était chez lui :

- Monsieur…heu…vous n’avez pas le droit…

Je la toisais et répondit vertement :

- Pas le temps ! Elle est en bradycardie, coma calme, hypotonique, hyporéflexique, myosis, bradypnée ! Il me faut un chariot de réanimation, de l’oxygène, et branchez-là sur un moniteur de contrôle ! DEPÊCHEZ-VOUS !

Mon homologue blêmit, comprenant que la situation était grave, elle se précipita pour revenir avec un chariot à oxygène et un moniteur de contrôle. Tandis qu’elle gérait la mise sous oxygène de la jeune femme, je la branchais pour avoir une surveillance de ses constances vitales. Aussitôt des petits « bip bip » très faibles retentirent, son cœur était faible…une autre alerte sonore vint raisonner à mes oreilles :

- Hypotension artérielle…On va la perdre…donnez-moi de l’atropine…longue aiguille…il fait faire l’injection directement au niveau du cœur.

L’infirmière humaine me regarda…les yeux écarquillés, comme si j’avais dit quelque chose qu’il ne fallait pas :

- Mais…on ne sait même pas ce qui a provoqué l’intoxication ! Et si vous lui injectez de l’atropine cela pourrait la tuer ! Et puis…vous êtes médecin ?

Une vague de rage déferla en moi, pour qui cette humaine se prenait-elle pour remettre mon diagnostic en question ? Elle n’était qu’une simple infirmière…en cet instant les filtres, que j’avais pu poser pour restreindre mon côté désobligeant et arrogant, de désintégrèrent et je déversais ma mauvaise humeur sur cette pauvre femme :

- Je suis médecin militaire ! Vous voulez voir mes diplômes et ainsi perdre un temps précieux pour la vie de cette Twi’Lek, ou vous vous décidez à exécuter mes ordres ?

D’un côté je savais que cette pauvre infirmière ne faisait que son travail, et vu sa réactivité elle devait être très compétente, d’autant plus que j’avais plus ou moins fait irruption dans son service…Sa méfiance à mon égard était parfaitement justifiée. Sans chercher à riposter, l’humaine se précipita sur un tiroir et me ramena une seringue, avec une aiguille impressionnante, de 2mg d’atropine. Je m’en saisis et d’un coup sec et rapide je piquais à l’emplacement du cœur de la Twi’Lek à la peau rose. L’important était de relancer son muscle cardiaque…par n’importe quel moyen…

Tout en guettant le rythme cardiaque de ma patiente qui semblait remonter légèrement, je repris d’une voix plus douce à l’intention de ma collègue humaine :

- Apportez-moi des poches de naloxone et de la buprénorphine…au vu des symptômes c’est une overdose à un opiacé.

L’infirmière ne mit pas longtemps pour revenir avec l’antidote. Elle entreprit alors de poser le cathéter, et sans que j’eusse besoin de dire quoi que ce soit, elle régla le goutte à goutte de la poche du produit salvateur sur 0,2 mg. Je lui fis un signe de tête, saluant son geste, tandis que je m’affalais sur une chaise tout à coté du lit…L’humaine m’observait je le sentais…ses yeux allèrent de mes rangers, impeccablement cirées, remontant le long de mon treillis camouflage, puis mon polo noir, et terminant par ma veste noire. J’eus la désagréable impression qu’elle s’attardait sur mon visage… Je lui devais une explication et des excuses. Posant un coude sur le rebord du lit de la Twi’Lek, et tenant ma tête d’une main je fis d’une voix fatiguée :

- Je suis désolé…je ne voulais pas vous crier dessus…Je l’ai trouvée au détour d’une ruelle…j’ignore totalement qui elle est. Il n’y a plus qu’à attendre que l’antidote agisse…et qu’elle se réveille…Je vais rester à ses côtés, vous avez sans doute beaucoup d’autres patients qui réclament vos bons soins…Juste…si vous aviez de l’acide acétylsalicylique, ou tout autre antalgique à me donner…

L’humaine acquiesça de la tête, mes excuses avaient eu l’impact escompté. Elle m’apporta un verre d’eau où se dissolvait un cachet d’un antalgique effervescent, puis s’éloigna, laissant notre Twi’Lek inconnue à ma garde…Il allait falloir un petit temps pour que la naloxone agisse. Je me relevais en soupirant, moi qui pensais rentrer tranquillement chez moi, c’était raté. J’avisais la robe très élégante, de très bon goût et de bonne facture…Une fille de bonne famille ? Qu’est-ce qu’une fille telle qu’elle faisait dans un trou pareil ? Pour acheter sa came peut-être ? Elle seule pourra me le dire. Je saisis une couverture posée en bout du lit et la posa délicatement sur elle…

Je bus mon verre d’un trait, puis repris ma position sur ma chaise, juste à coté de mon inconnue rose, les bras croisés, et les jambes tendues…mes yeux ne tardèrent pas à se fermer, de toute façon s’il y avait un problème je serai éveillé par les hurlements stridents du moniteur de surveillance des constantes. C’est donc sans le moindre scrupule que je m’assoupis…cuvant mes deux verres de bières, me promettant de ne plus jamais boire d’alcool…il ne faut jamais dire jamais je crois…
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Damn it ! Ma tête…

Qu’est-ce qui… Qu’est-ce qui s’est passé ? Où est-ce que je… que je suis, là ? Cette… Cette lumière… blanche… aveuglante…

Ne… Ne pas resombrer… Rester… Res… ter… év…eillée…

Non… Ne… pas… re… som… b… r…

(…)

Cette malheureuse aventure commence quelques heures plus tôt. J’étais assise sur un tabouret, devant le comptoir du Diamant Vert, à siroter une bière corellienne en attendant qu’un client ou une cliente ne se pointe. Après-midi plus calme, à vrai dire. Mes yeux s’étaient laissé attirer par le scintillement des verres que rinçait Moktarr, le patron du bar, un torchon blanc à la main. Au-dessus de sa grosse tête, un holo-écran crachait sa vieille propagande républicaine – «Effort de guerre ! Engagement ! Menace Sith ! Bla, bla, bla !». Soupir… J’allais demander au boss de changer de chaîne quand un message s’afficha soudain sur mon datapad.

«J’ai parlé de toi à l’une de mes vieilles connaissances. Tu seras grassement payée. Ce soir, 18h.», suivi de coordonnées et d’une simple phrase en guise de signature :«Là-haut se trouve un avenir qui t’attend.»

Ce clin d’œil me permit de démasquer sans mal l’identité de mon mystérieux épistolier. Je ne me pus m’empêcher de sourire. Manifestement, Valaar N’Rayek avait décidé de tenir sa promesse : m’extraire des bas-fonds et me donner une chance dans les cimes vertigineuses du pouvoir. En quel honneur ? Je n’en savais strictement rien : après tout, la soirée que nous avions passée ensemble n’avait été qu’une longue conversation. Peut-être mes mots avaient-ils suffi à le séduire… Je n’avais même pas eu besoin de me dénuder…

(…)

Tout nu… Tout nu… Pour… Pourquoi mon sein… mon sein droit… il est tout nu ?

Aïe ! Putain de…

Une piqûre… J’ai eu dr… droit à… une piqûre… je crois. Dans le cœur…

Qu’est-ce que… j’ai… encore… foutu ?

Essayer de tourner la tête… Voilàààà… Lentement…

Là… Il… Il y a un type endormi… Un Miralan… tout vert… oui… tout vert…

(…)

Verts sont les carreaux de ma salle de bain miteuse. Je n’ai jamais compris pourquoi cette couleur me fascine. En tout cas, chaque fois que j’engloutissais mon corps dans ces grosses bulles de savon rosâtres, mon regard allait se perdre dans les méandres de cette faillance délavée, cheminant sur le tracé sinueux des fissures qui la craquelaient. Dans ces moments de mon existence, il m’arrive de parfois goûter à quelque chose devant avoisiner ce que l’on appelle la plénitude.

Puisque la soirée s’annonçait lucrative, je n’avais plus aucune raison de poireauter toute l’après-midi dans le bar. D’où le bain : mieux valait préserver toutes mes forces et me faire belle pour mes affaires nocturnes. Qui sait ? Peut-être que ce client (ou cette cliente, le message était resté vague) ajouterait un joli pourboire si je parvenais à satisfaire le moindre de ses désirs… Ce qui m’arrangerait bien, soit dit en passant : la somme rondelette que m’avait offerte Valaar N’Rayek s’était déjà effacée de mon compte, et il était temps de le renflouer. Pour s’acheter une nouvelle robe, par exemple… Ou pour me payer ma came… Je risquais d’être bientôt à cours de glitteryll – pur produit Twi’lek ! je fais honneur à mon peuple ! Il devait me rester… quoi ? Une dose ? Allez, deux, à tout casser ?

(…)

Glitteryll… Je… Je me… souviens, maintenant… Une dose et demi… et je me suis… tout enfilé… Quelle… quelle conne…

Ce Miralan… Je vais… Je vais essayer… de le réveiller…

Ouvrir la bouche… Parler… Essayer de… parler… Non… Ne pas… Ne pas dé… gueu… ler… Ne pas…

«Eeeeeaaaaaaak !»

Ma robe… Putain… bordel… de merde… Ma robe…

(…)

La plus belle de mes robes était étendue sur le lit. Elle m’avait été offerte par un mercenaire désargenté qui comptait en faire cadeau à sa légitime épouse, avant qu’elle ne demandât le divorce et parvînt à lui vider tous ses comptes en vertu de je ne sais quelle loi à la con. Pour noyer son chagrin, le pauvre lascar avait décidé, comme tout honnête homme, d’aller aux putes. Mais voilà : il n’avait d’autre monnaie d’échange que cette tenue, désormais inutile à son économie domestique. L’idiot… Il me l’avait offerte pour deux heures. Eh-eh ! S’il l’avait revendue, il aurait pu me payer trois nuits de plaisir complet sans discontinuer, alcool et bain mousse inclus. Evidemment, je ne lui en avais rien dit.

Noire, simple à l’extrême, mais délicieusement suggestive. Le style parfait pour un gars ou une nana de la haute. Dis-moi quels sont tes goûts vestimentaires, je te dirais de quelle classe sociale tu es issu. Comme me l’a paradoxalement appris l’expérience, au plus haut vous serez placé dans la pyramide, plus vous priserez la simplicité – si tant est qu’il en soit une. Au contraire, vous aimez les paillettes, les machins clinquants, les accessoires qui font blingbling ? Inutile d’en dire plus, je sais qui vous êtes : vous venez du petit peuple.

J’enfilai de luxueux sous-vêtements que j’avais chipés quelques jours plus tôt dans une boutique cossue, un élégant diadème et un joli collier eux aussi volés – je crois… Il ne me restait plus qu’à me draper de cette robe et à me maquiller. Le reste viendrait de ma souplesse, de ma docilité et de ma créativité. Aux côtés de ma tenue, traînait une dose et demi de glitteryll. Je la fourrai dans un petit sac à main. On ne savait jamais…

(…)

Putain de gliteryll… Je me sens vraiment mal…

Bon… Je commence à ravoir les idées un peu plus claires, quand même… C’est déjà ça… J’imagine…

Essayer de sortir ce Miralan de son sommeil… Ouais… Bonne idée… Maintenant que je reprends le contrôle de ma mâchoire, ça me semble possible…

«Eh ! Vous… Réveillez-vous… S’il-vous-plaît… Je… Je me suis vomie dessus…»



Spoiler:
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*ZzzzZZZ...hum?...ZZzzzZ*

* *
*


Centre Médical, secteur désintoxication
Coruscant




- Ha putain ! Quel casse-couille ce Mirialan ! Il va nous faire le coup-là combien de temps encore ?!

- Tiens-le ! Je peux lui faire l’injection !

Deux infirmiers étaient en plein « duel » avec un Mirialan en proie à une profonde désorientation et faisant preuve d’une importante agressivité, doublée d’une paranoïa. Ils avaient du mal à le maîtriser pour lui faire une injection d’halopéridol, une butyrophénone, antipsychotique typique de la classe des neuroleptiques.

- Je fais ce que je peux ! Il est complètement taré !

Soudain l’un d’entre eux s’écarta, hurlant de colère :

- HA LE CON ! Il a dégueulé sur moi ! BORDEL !

Étendant ses bras de chaque côté de lui, il montra l’étendu des dégâts : toute sa tenue était souillée par le contenu de l’estomac du Mirialan. Une forte odeur se répandit dans toute la pièce…une odeur bien caractéristique, en raison de l’acide gastrique et de la bile. Une odeur âcre, extrêmement désagréable…


* *
*


«Eh ! Vous… Réveillez-vous… S’il-vous-plaît… Je… Je me suis vomie dessus… »

Une odeur âcre…extrêmement désagréable…Je la sentais même à travers mon rêve…Et cette voix…

Mais quelque chose ne collait pas. Ce n’était pas ma voix, alors qui ? J’ouvris un œil, puis un deuxième. Bordel j’avais toujours mal au crâne. J’avais l’impression d’avoir un carillon dans tête, cela sonnait comme dans un lieu de culte sur Mirial. J’avais la bouche pâteuse, il me fallut quelques instants pour remettre mes idées en place. Je rêvais souvent de mon passé, mais pour une fois ce n’était pas la guerre qui m’avait hantée, mais ma période de désintoxication. Étrange…peut être en raison de la Twi Lek rose que j’avais ramassée dans la rue avec tous les symptômes d’une overdose…C’était étrange, cette odeur était là, ce n’était pas que dans mon rêve !

Merde…la Twi’Lek !

Je relevais brusquement la tête réalisant que c’était elle qui avait vomi et que c’était elle qui venait de m'interpeller moi ! Je me levais précipitamment, volant à son secours. J’avais l’habitude des vomissements, des effluves nauséabondes, je m’étais endurci par la pratique, et par la force des choses.

Je posais une main sur le front de la Twi’Lek, et fis d’une voix réconfortante:

- Ca va aller, on va s’occuper de vous.

J’appuyais sur un petit bouton rouge, appelant une infirmière, qui surgit très rapidement, m’interrogeant du regard. Voyant le désastre, elle s’éclipsa. Attendant son retour, j’écartais totalement la couverture, heureusement préservée, et entrepris d’éponger le plus gros à l’aide de champs médicaux. C’était tout ce que j’avais trouvé…heureusement l’infirmière revint très rapidement avec une tunique médicale pour patient, un récipient, et des lingettes nettoyantes.

L'humaine me jeta un regard, en quête de savoir si j’allais l’aider à dévêtir la patiente, je lui fis un signe de tête. Et elle m’aida à redresser doucement la malade. Je n’étais pas très…coutumier quant à la mode des femmes, et je ne savais trop comment dégrafer cette robe magnifique et très moulante, épousant parfaitement les formes très avantageuses qu’un autre que moi aurait probablement été capable d’apprécier à leur juste valeur. De plus en tant que médecin j’avais déjà eu à dévêtir et voir des corps dénudés, tout sexe confondus…alors voir un corps féminin si beau soit-il dans le cadre de mon travail ne me faisait plus grand chose...

Devant mon « ignorance », l’infirmière esquissa un petit sourire et se chargea donc de défaire la robe avec précaution, tandis que je continuais d’éponger le marasme gastrique dans lequel baignait la pauvre Twi’Lek. Ma comparse se dépêcha de se débarrasser de tout ce qui avait pu être souillé, tandis que j’entreprenais de faire une succincte toilette de ma patiente, désormais en sous-vêtements.

J’eus soudain une petite appréhension, cette jeune personne était en train de se faire tripoter par un Mirialan qui n’avait pas du tout l’apparence d’un médecin. Qu’allait-elle penser ? Je m’empressais alors de lui préciser d’une voix que j’aurai voulu plus douce :

- Je suis médecin militaire, vous allez devoir rester allongé un petit moment. Les vomissements sont une réaction tout à fait normale, votre corps essaye de se purger de…ce que vous avez pris. Vous allez être fatiguée, un peu désorientée. Probablement des céphalées…ce sont les effets secondaires de l’overdose.

Je fis signe à l’infirmière qu’il fallait changer la perfusion. Cette dernière s’exécuta, tandis que je terminais d’éliminer toute trace de vomi sur ma patiente rose à grand renfort de lingettes nettoyantes. Puis je lui passais la fameuse tunique, profitant du débranchement de la perfusion. J’essayais d’être le plus doux et le plus efficace possible, mais ma propre gueule de bois m’agaçait au plus haut niveau. Une fois rhabillée, j’obligeais la Twi-Lek, d’une main ferme sur son épaule, à se rallonger.


L’antidote remis, et le goutte-à-goutte réglé, l’infirmière nous laissa. Je grimaçais en raison de ma migraine, pestant sur moi-même de mon incapacité à tenir l'alcool... Tirant ma chaise pour me rapprocher de la jeune femme, je me rassis, essayant de me changer les idées en tentant de comprendre qui pouvait bien être cette fille et jusqu’à quel point était-elle une toxicomane…était-ce sa première fois ? Ou était-elle une accoutumée…


Fronçant un peu les sourcils, je lui demandais alors, sans pour autant quitter mon timbre aimable :

- Comment vous sentez-vous ? C’est un miracle que vous soyez encore en vie…


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«Je suis médecin militaire, vous allez devoir rester allongée un petit moment.»

Oh… Toi, mon grand, tu as peur que je me sente mal-à-l’aise parce que tu me tripotes. Mais ne t’en fais pas pour ça : si tu savais le nombre de mains que ce corps rose bonbon a déjà accueillies… Entre les mercenaires qui ont perdu un membre dans une bataille et les non-humanoïdes qui ont plus de deux bras, j’avoue que le décompte n’est pas facilité…

« Les vomissements sont une réaction tout à fait normale, votre corps essaye de se purger de…ce que vous avez pris. Vous allez être fatiguée, un peu désorientée. Probablement des céphalées…ce sont les effets secondaires de l’overdose.»

L’overdose… Hum… Essayons de réorganiser les souvenirs qui dansent dans la brume de mon cerveau… Le message, d’abord. Ensuite, le bain. La robe… et après ? Qu’est-ce qui s’est passé, déjà ? Le glyterill dans mon sac, c’est ça. Une dose et demi. Overdose, au sens littéral du terme.

J’étais dans cette ruelle obscure. Humiliée, exaspérée, je marmonnais toute seule des jurons, je déployais toutes les ressources de mon lexique pour calomnier les gens de la haute. Pourquoi ça ? Je… Je ne sais plus. En tout cas, la rage se mêlait au désespoir. Elle excitait en moi un vif besoin de planer, de quitter la saleté de Coruscant pour rejoindre les cieux verdâtres de la drogue. Je n’étais pas en manque, non… du moins, pas physiquement. C’est ma colère qui me sommait de m’échapper, de m’envoler, de foutre le camp de cette réalité sordide. Ma main, frénétique, alla fouiller dans mon petit sac de cuir, que j’avais négligemment posé sur le couvercle d’une poubelle. Mes doigts y trouvèrent aussitôt le glyterill. Mes yeux tremblants considérèrent quelques instants la dose et demi.

«Oh, et puis merde.»

La décision que je pris en cet instant se résume à cette phrase. Le rail que ma main palpitante dessina sur la poubelle fut d’une longueur et d’une épaisseur qui eussent effrayé le plus gros camé de toute la Galaxie. Advienne que pourra ! me dis-je. Et ce qu’il advint fut…

Je ne sais plus trop, en fait. Je serais infoutue de vous décrire l’effet qu’eut cette méga-dose sur mes pauvres neurones. Ouais… Du bon gros gâchis… Cette saleté coûte une blinde et tout ce qu’elle m’a apporté, c’est un blackout complet, doublé de cette migraine pas possible. Sans compter cette nausée… Le bazar qu’elle a fichu dans mon estomac atteint de telles proportions que mon anatomie semble défier jusqu’aux lois de la gravité.

«Comment vous sentez-vous ? C’est un miracle que vous soyez encore en vie…»

A ton avis, connard ? Je préfère éluder la question et tente de rassembler mes idées… Médecin militaire, il a dit… Nous ne sommes pas dans un hôpital militaire, pourtant… Si ? Non, je ne crois pas… L’infirmière qui vient de quitter la pièce avait plutôt l’air d’une civile… Donc… Donc… Réfléchissons… (Aïe ! ma tête, putain !) Ce Mirialan n’est pas d’ici… Il n’a d’ailleurs aucune raison de rester à mon chevet, en soi… A quoi serviraient toutes ces machines qui m’entourent, sinon ? Et donc… (Maudite migraine !) C’est peut-être lui qui m’a trouvée… Il a bien fallu quelqu’un pour me ramener dans cet endroit… Ce qui signifie que… (Aïe, aïe, aïe !) Si je ne veux pas me faire prendre par les Stups, il y a peut-être moyen que… que quoi ? Essayons de trouver une idée… Euh…

«S’il-vous-plaît… Pouvez-vous ne rien en dire à personne ? C’est que…»

J’ai dans ma tête toute une série de scénarios préconçus pour ce type de situation. Quand j’attends des clients et me tourne les pouces, il m’arrive parfois d’occuper mon temps à m’en inventer toute une série. Au cas où, on ne sait jamais. Mieux vaut ne pas avoir à réfléchir dans un moment où ma pensée est trop embrumée pour pondre quoi que ce soit.

Histoire larmoyante : «Mes parents ont été tués il y a quelques mois par un groupe de mercenaires. Ils voulaient me rendre visite sur Coruscant. Parce que… Parce que je fais mes études en droit ici, dans l’Académie des Sciences Politiques. Et… depuis, je n’ai plus aucune source de revenue. J’attends que l’héritage me parvienne, mais vous savez ce que c’est… la bureaucratie… les frais notariaux… En attendant, j’ai dû… eh bien… j’ai dû…» (Petite larme sous l’œil droit : oh-la-la ! la pauvre fille !) «… me prostituer… Et ma vie… ma vie est devenue un cauchemar…» (Notez les répétitions : elles sont importantes pour produire un effet pathétique.) « Je n’ai pas pu m’en empêcher… La drogue… La drogue est apparue si… si naturellement… C’est un cauchemar… un véritable cauchemar…» Hum… Non. Mauvaise idée. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne le sens pas trop. Le bonhomme n’a pas l’air du genre empathique. Allons bon… Qu’ai-je d’autre en réserve ?

Histoire trash : «Je viens d’être violée. Mes agresseurs m’ont droguée. Je ne sais même pas avec quoi.» (Ton sec de la fille traumatisée.) «Ils étaient quatre.» (Non, ça fait beaucoup.) «Ils étaient deux. L’un m’a tenue, pendant que l’autre…» Mouais… Pas terrible. Si ma robe avait été déchirée, ce scénario aurait certainement gagné en crédibilité, mais vu qu’elle est intacte… Au-delà de ça, j’imagine qu’un médecin a toute une batterie de tests pour vérifier si je raconte la vérité…  La vérité… Tiens donc… Puisqu’on parle de vérité… Le lascar est tenu par le secret professionnel, non ?

Histoire vraie : «Je m’appelle Kaa’lia et je travaille comme prostituée pour le Diamant Vert, un bar perdu dans les bas-fonds de Coruscant. Ce soir, j’avais rendez-vous avec un client, et…»

Et ?

Ah oui ! Je me souviens, maintenant ! Pas trop tôt…

Ce Twi’lek obèse m’avait accueillie silencieusement dans son appartement luxueux. Dès que mes yeux se posèrent sur son visage, il me parut familier, mais je fus incapable de déterminer d’où je le connaissais. Probablement une notoriété qui se manifeste de temps à autres sur les holo-news. D’un simple signe, il m’invita à le suivre dans sa chambre. Trois salles de réception et cinq salons plus tard, nous parvînmes devant un large placard, encastré dans les murs et recouvert d’un miroir. Mon client déposa son doigt sur un digicode, ce qui ne laissa pas d'éveiller ma curiosité : que pouvait-il bien cacher là-dedans pour prendre autant de précautions ? Aussitôt, les battants s’ouvrirent et, sous mon regard médusé, apparut une panoplie comme on en voit peu : godes, plugs, cordes, chaînes, bougies, bâtons, fouets, cravaches, tasers, croix de fer… Le Twi’lek dut comprendre à mon visage que je ne m’attendais pas à me retrouver devant le parfait kit du sadomasochiste, car il me demanda :

«Notre contact commun ne t’a pas prévenue ? Je croyais qu’il le ferait.»

«Non.», répondis-je froidement. «Je peux tenir le rôle de la dominatrice, si vous le souhaitez, mais je m’en tiens à des pratiques softs. Mon contrat spécifie que…»



Mon client partit d’un grand rire.

«Dominatrice ? Mais c’est toi que je vais dominer, salope ! Jusqu’au sang, pour ta punition !»

Comment ai-je réussi à m’enfuir de son appartement avant qu’il ne m’attache ? Ce laps de temps demeure totalement flou dans la trame de mes souvenirs. Ma mémoire reprend un peu de clarté quand je me retrouve dans l’obscurité de cette ruelle, à pester contre les gens de la haute et leurs goûts tordus, à fouiller rageusement dans mon sac à main, à me tracer un rail de glyterill sur cette poubelle crasseuse, et à…

Bon, tout bien considéré, la vérité n’est pas la meilleure option. Du moins, pas cette vérité-là. Il en est une autre, en revanche, qui pourrait faire l’affaire…

«Vous… Vous êtes tenu par le secret médical, n’est-ce pas ?», finis-je par demander à mon drôle de docteur. «Je… Je ne voudrais surtout pas que cette histoire se sache… Je m’appelle Freyka Gen’Kora… et je suis la fille de Mobok Gen’Kora… l’actuel sénateur d’Aargau. Si… Si mon père apprenait que sa fille se drogue… vous connaissez la politique… ce serait un vrai scandale…»
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Balian Atraïde
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J’observais cette jeune Twi-Lek tenter de remettre ses idées en place. Après une telle overdose il n’était pas étonnant qu’elle ait des trous de mémoire, et une certaine désorientation. Elle semblait réfléchir. Afin de ne pas la brusquer, je décidais de ne rien rajouter, attendant qu’elle réponde à ma question précédente. D’autant plus que j’avais toujours mal à la tête, ce que cela pouvait être agaçant à la fin. Un détail qui me fit me rappeler qu’elle ne devait pas être sans reste.

Enfin sa voix raisonna et ce fut le choc pour moi. Elle prétendait être la fille d’un sénateur ? La mine grave, mon cerveau était en ébullition, et avec cela je devais composer avec ce qu’elle venait de me révéler. Dans un sens pourquoi pas, ses vêtements correspondaient bien avec ce que les gens de la haute société pouvaient porter. Quoique je n’avais pas une grande expérience dans ce domaine. Néanmoins cette Twi-Lek me rappelait mon ex-femme, Adila, qui avait toujours eut des gouts chics et élégants. Cela aurait bien été le genre de vêtements qu’elle pouvait porter pour sortir avec ses amis dans les soirées huppées. Je ne savais pas vraiment…je n’y avais jamais vraiment prêté attention…

Durant mon expérience de médecin, et surtout ma cure de désintoxication, j’avais déjà vu des jeunes gens issus d’un rang social élevé. C’était un problème de société récurrent, ils étaient des cibles parfaites pour les dealers. En effet ces jeunes se faisaient facilement embobinés par des beaux parleurs qui leur promettaient de rompre avec la monotonie éventuelle de leur vie. En prenant des substances illicites qui leur permettrait de déconnecter avec la réalité, ils se payaient un voyage à sensations… Il y en avait d’autres qui cherchaient tout simple à oublier, s’enfuyant de leurs problèmes et de leurs responsabilités. Et enfin, il y avait ceux qui, comme moi, avaient choisi de prendre des substances qui permettaient de tenir face à une surcharge de travail. Une solution de facilité plutôt que de reconnaître nos limites.

- Je vois…fis-je dans un souffle…

Je voyais bien cette fille dans la première ou la deuxième catégorie. Être fille de sénateur ne devait pas être facile tous les jours. Sa réflexion quant au secret médical m'interpella. Effectivement, j’étais tenu à la confidentialité médicale des patients dont j’avais directement ou indirectement connaissance. Et puis qui étais-je, moi, ancien toxicomane, pour juger cette jeune personne pour son comportement dangereux ? Néanmoins, le devoir médical m’obligeais à la sermonner, l’enjoindre de suivre une cure de désintoxication, car quelque chose me disait qu’elle n’était pas novice dans le domaine des substances illicites entraînant une dépendance.

Je réprimais un bâillement, et m’enfonçais contre le dossier de ma chaise. Redressant mes bras je croisais mes mains derrière ma tête pour la maintenir, tout en allongeant mes jambes. De cette posture assez nonchalante, les yeux rivés au plafond, je lui répondis d’une voix douce et un peu lointaine :

- Ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas à moi de vous juger, vous êtes assez grande pour prendre vos responsabilités. J’imagine en effet que si la chose s’ébruitait cela ferait une très mauvaise impression sur votre réputation, et par la même, celle de votre père.

Je marquais un temps d’arrêt…avant de baisser mes yeux sombres sur la Twi’Lek et de reprendre sur un ton un peu plus posé :

- Toutefois, je me dois de vous mettre en garde…cette saleté est dangereuse pour vous. Ce n’était pas votre première fois je me trompe ?

Mon regard inquisiteur cherchait à déceler le moindre tressaillis, la moindre mimique permettant de me donner une réponse, même implicite à la question que je venais de soulever. Puis mes yeux se posèrent sur le moniteur de surveillance des fonctions vitales de la patiente…Finalement je me redressais et me levais en grimaçant, saleté de migraine.

- Je reviens…ne bougez pas…de toute façon vous ne pourriez pas allez bien loin, fis-je simplement, et je la plantais là…seule.

Au bout de dix minutes je revins, chargé de manière peu conventionnelle de tout ce que j’avais jugé nécessaire en fonction des symptômes actuels de ma patiente rose. J’avais dû jouer sur un certain nombre d’astuces pour être en mesure de tout transporter. Dans une de mes mains : un verre, dans lequel était logé un flacon de cachets de paracétamol, sous mon bras : une bouteille d’eau ; dans mon autre main : une seringue et un flacon, et entre mes dents : un kit de prélèvement sanguin.

Dans une volonté de facilité, et pour que rien ne tombe au sol, je posais le tout en vrac sur le lit, dans le creux formé par les jambes de la jeune femme sous la couverture. Je saisis dans un premier temps le verre, la bouteille et mis le tout sur la table où trônait déjà le verre que m’avait précédemment apporté l’infirmière. Je laissais choir dans chacun d’entre eux deux cachets effervescents de paracétamol et les remplis d’eau. Tandis que les cachets entamaient leur dissolution dans une petite musique caractéristique, je m’emparais de la seringue et du flacon que je retournais pour en prélever le liquide. Comme toujours lorsque j’officiais, ma voix calme et posée s’éleva pour expliquer à ma patiente ce que je faisais :

- Votre tension est encore basse…vous avez frôlé l’arrêt cardiaque tout à l’heure, vous étiez en bradycardie. Je vous ai fait une injection d’atropine directement au niveau du cœur…C’était le seul moyen pour relancer immédiatement votre muscle cardiaque.

Déposant le flacon sur la table, je tapotais ma seringue, et appuyais doucement sur le piston pour chasser une petite bulle d’air qui s’était formée à l’entrée du tube. Puis je m’approchais de la poche de perfusion, et utilisais la dérivation de cette dernière pour injecter l’inotrope :

- Ceci est de l’isoprénaline, elle induit une amélioration de la vitesse de conduction auriculo-ventriculaire, une diminution du seuil d'excitabilité myocardique, une augmentation de la force contractile du myocarde et une augmentation de la fréquence cardiaque. C’est aussi un vasodilatateur artérielle systémique et pulmonaire.

Je fermais brutalement les yeux et poussais un soupire navré…Bravo Balian ! Encore une fois tu mets dans le mille… te voilà en train de déblatérer un cours de médecine à une pauvre fille dans les vapes qui n’en a surement rien à cirer du fonctionnement d’un bêta-stimulant. Retirant la seringue, je jetais l’aiguille dans le conditionnement sécurisé requis, et jetais le tube dans une poubelle en inox qui était sous la table.

- Désolé…j’ai tendance à…m’emporter dans mes explications médicales…Je ne me suis pas présenté…je me nomme Balian Atraïde.

Il fallait dire qu’en tant que spécialiste en maladies cardiaques j’étais dans mon élément, je retrouvais mes réflexes en tant que cardiologue, et l’espace d’un instant je retrouvais une sensation toute droit sortie du passé…lorsque j’étais encore un civil. De plus, « réparer » cette Twi-Lek me changeait un peu des soldats…Quoique l’affaire « Cally Venta » m’avait déjà bien sorti de cette ambiance militaire. Un instant je me demandais où se trouvait ma petite maître Jedi préférée, et ce qu’elle pouvait bien faire…Sortant de mes pensées nostalgiques, je saisis les deux verres où les antalgiques avaient terminé de se dissoudre. Je tendis négligemment à la jeune femme un des remèdes :

- Buvez-çà…çà vous fera du bien…

Et sans attendre je vidais mon verre d’un trait…pestant intérieurement contre cette foutue migraine qui ne passait pas. J’allais devoir passer au kit de prélèvement sanguin qui trônait toujours entre les jambes de ma patiente…
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Mon ventre… J’ai comme l’impression que la nausée est revenue… Et ma tête… Ah, putain ! Allez, on se calme. Ne pas vaciller… Rester éveillée…

Bon… Il y a au moins une bonne nouvelle, dans cette affaire : mon mensonge a fait mouche. Le gars n’a pas l’air de vouloir déballer mon petit secret aux Stups. C’est mieux que rien, j’imagine. Je ne remercierai jamais assez le politicien qui a inventé le secret médical : rien de tel pour éviter de payer les conséquences de nos pires conneries. Ça me rappelle le jour où j’ai dû avorter à l’insu de mes parents. J’avais… quoi ? quinze, seize ans ?

«Toutefois, je me dois de vous mettre en garde…cette saleté est dangereuse pour vous. Ce n’était pas votre première fois je me trompe ?»

«Huuuum…»

Mon esprit plane beaucoup trop pour que je parvienne à formuler une réponse plus claire que ça. Impossible non plus de concevoir une parade rhétorique qui me permettrait d’esquiver cette question. Heureusement pour moi, les yeux de mon docteur se posent sur je ne sais quel bidule médical qui lui détourne l’attention.

«Je reviens…ne bougez pas…de toute façon vous ne pourriez pas allez bien loin.»

Ah, ça, c’est sûr. L’image verdâtre et vacillante du Mirialan se redresse et s’estompe de mon champ de vision. Bordel, je suis vraiment dans les vaps, moi… J’ai l’impression d’être suspendue à l’envers… enclavée dans un couloir de quatre murs qui glissent insensiblement autour de moi… à survoler ce plafond qui s’éloigne toujours plus de mon regard sans jamais changer de place… Rester consciente… Allez, rester… consciente… C’est… ce qu’il… faut… fai… re… Si… non… je… ris…que… de…

«Votre tension est encore basse…»

Je… Je… me… suis… en… dor… mie… endor… endormie… Oui… Quelques instants. Je crois. Ou une éternité. Les deux. En même temps. Je ne sais plus…

Des mots… bizarres. Il y en a partout. Ils se promènent, avec leurs petites ailes, autour de moi. «Atropine.» Les lettres se dessinent sous mes yeux, explosent en mille particules qui dansent au milieu d'un feu d’artifice aux teintes d’émeraude. «Isoprénaline.» Les atomes décharnés de ces sons me passent par une oreille, me traversent l’intérieur des pupilles, ressortent par l’autre côté de mon crâne, disparaissent, laissent place à de nouvelles lettres, de nouveaux mots, encore et encore. «Auriculo…» C’est joli, ça danse, ça fourmille. «…ventriculaire.» La ronde continue… Elle s’emballe… «excitabilité…» … ne veut plus s’arrêter… «myocardiaque …» … m’enserre… m’attaque… «con…» … s’il-vous-plaît… «trac…» … arrêtez de… «tile…» … de m’agresser… «va…» … stop… «so…» … pitié… «di…» … vous… «la…» … ne… «ta…» … vous… «teur…» … arr… «ar…» … rrêt… «tér…» … tez… «iel…» … pas ?

Où suis-je ? Où sont passés ma robe et mes sous-vêtements ? Et pourquoi suis-je toute nue ? Pourquoi n’ai-je pour tout attirail que cette ficelle parsemée de clochettes qui résonnent sur ma taille et ces bracelets clinquants qui rayonnent sur mes poignets ?

Je m’arrête quelques instants pour observer mon nouvel environnement. Autour de moi, des colonnes blanches et rondes forment un cercle. Elles sont entrelacées de rideaux fuchsia qu’une brise légère vient agiter par intermittence, ouvrant à mon regard un ciel vert foncé que trahit un horizon rosé.

Devant moi apparaît un trône de pierres brillantes, si brillantes qu’on les croirait de plastique. Ma curiosité naturelle me pousse à m’en approcher lentement. Je le croyais vide, mais une ombre verdâtre y prend forme à mesure que mes pas me dirigent vers ce siège étrange. Pourquoi cette ombre m’attire-t-elle ? Je n’en sais rien. Mais je la sens qui aiguillonne mes désirs, qui m’imprime mille et un chatouillements dans le bas-ventre, m’appelle d’une voix pénétrante et silencieuse. Je veux me livrer à elle, faire corps avec ses tourbillons spectraux, m’immiscer en son être. Puissions-nous ne devenir qu’un dans une fusion tourbillonnaire.

Je m’avance encore, le cœur battant. Un frisson m’agite les membres, des perles de sueur viennent luire sur mes tempes et s’évaporent en une spirale de fumée. L’ombre excite mes sens et m’effraie la raison. J’hésite quelques instants, ralentis la cadence, la contemple, prise d’une béatitude que seules les drogues les plus folles ont jamais su me procurer.

Alors je m’élance. Je cours vers cette amante sans visage, sens mes pieds nus déraper sur le sol, mes chevilles craquer. Je pense avoir fait une dizaine de pas, mais le fantôme se tient toujours à la même distance. Frustrée, je me précipite de plus belle. La vapeur danse autour de moi, se rue sur les dalles blanches, se mue en une flaque d’eau étincelante qui fuse sous mes pieds. Trop tard… Je glisse, m’envole, retombe.

J’ai atterri dans les bras de l’ombre, à califourchon sur ses jambes. Je ne peux résister à la tentation de déposer mes mains tremblantes sur son torse et de l’embrasser goulûment, sentant un parfum alcoolisé se déposer sur mes papilles. Mes doigts remontent vers son visage, lui caressent les pommettes, tandis que les siens se dirigent vers mon entrecuisse : à mesure que j’en dessine les traits, ceux-ci se précisent. Ce nez… ces lèvres… ces joues… cette peau… verte… si verte… celle d’un Mirialan.

Un Mirialan ?

Je rouvre les yeux. Les rideaux fuchsia, le ciel verdâtre et l’horizon rosâtre ont disparu, supplantés par quatre murs d’hôpital. Les colonnes aussi : à leur place, une savante machinerie médicale. Seul le visage du Mirialan et son odeur d’alcool sont restés tels qu’ils me sont apparus. Je crois… Je crois que je sors d’une bonne grosse hallucination…

Le Mirialan ? Oh, merde !

Je croyais que… que ce n’était pas réel… Mais, euh, en fait, si. Cette partie-là, du moins. Je ne sais pas ce qui m’a pris durant ces secondes d’inconscience… Comment ai-je réussi à me lever du lit et à me débarrasser de tous mes vêtements ? Et surtout… comment en suis-je venue à enlacer le docteur, à lui rouler cette grosse pelle, une main sur ses fesses, les seins contre son torse ? Bon sang de bordel de Dieu, qu’est-ce que j’ai encore foutu ?

Une seule certitude : l’infirmière vient de rentrer dans la pièce. Les yeux grand ouverts, la bouche plus ronde encore que les pupilles, elle a fait tomber son plateau d’argent sur le sol qui tressaute en un strident gling-gling.

«Mais… Mais… Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe, ici ?»
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Je pense que rien…non rien n’aurait pu me préparer à ce qui allait suivre. Je la voyais sombrer dans des phases de micros sommeils, luttant pour rester consciente. Elle avait pris une sacrée dose de drogue, et l’antidote combattait le principe actif de la substance qui avait déclenché son overdose. Un combat au sein de son corps qui avait pour conséquence de troubler sa perception des choses autour d’elle, et surtout risquait de la rendre complètement « stone » et déstabilisée.

Dans un état comme celui-là on avait l’impression de basculer dans une autre dimension, alternant les cauchemars et rêves utopiques. Elle verrait des rancors roses à pois vert cela ne serait pas étonnant. S’était-elle rendue compte que je venais – à l’instant – de lui faire un prélèvement sanguin ? je ne pensais pas. Elle semblait partie aux tréfonds d’un univers onirique.

Je secouais les tubes de sang que je venais de réaliser, puis je les posais sur la table. Soudain, derrière moi j’entendis comme du mouvement. Je me retournais et vis ma jeune patiente en proie à une certaine agitation.

- Heu…mademoiselle ? Il faut que vous évitiez de bouger…

La voila qui repoussait sa couverture, et essayait de descendre de son lit. Quelle plaie…elle avait été sage jusque là et à présent, elle allait me poser des ennuis. Je soupirais et repris :

- Hé ! Vous m’entendez ? Vous ne tiendrez de toute façon pas sur…

Je fus interrompu en la voyant s’étaler lamentablement au sol. Voilà qu’est-ce que je disais…Pourquoi ne m’avait-elle pas écouté ? Je voulu l’aider à se relever, mais elle me repoussa…Elle se redressa…où trouvait-elle la force de faire cela ? Je réfléchissais à toute vitesse, quelque peu perplexe…comment se faisait-il qu’elle parvienne à bouger ? Était-ce une réaction à l’inotrope que je venais de lui injecter ? Je ne connaissais pas d’effet secondaire de ce type…Les Twi-leks ont une constitution similaire à celle des espèces humanoïdes, comme les Mirialans…il n’y avait pas de raison pour que…minute…pourquoi ôtait-elle sa blouse d’hospitalisation ?

- Heu…Mademoiselle…qu’est-ce que vous faites ?

J’écarquillais les yeux en la voyant se dénuder dans un geste rageur. Elle semblait possédée ! Dans ses yeux, fixés sur moi, brillaient une soudaine avidité. Chancelante, mais avec une détermination des plus impressionnantes, elle se jeta sur moi. Abasourdi, je ne pus m’empêcher de tendre les bras vers elle pour la rattraper et l’empêcher de chuter. Le choc entre nos deux corps me fit reculer vers la chaise. Sans vraiment comprendre, je me retrouvais assis avec cette fille de sénateur juchée à califourchon sur moi…Hé merde…Sous mes yeux hébétés, ses seins vinrent se coller contre moi… Je sentis ses doigts fébriles danser sur mon torse :

- Hrem…ce n’est pas…

J’allais dire quoi ? Convenable ? Alors que ses lèvres vinrent prendre les miennes je ne me souvenais déjà plus de ce que j’avais voulu lui dire... Même sans être « porté sur la chose », difficile de rester stoïque dans une telle condition.

Je tentais de me convaincre que je l’avais repoussée pour me dégager et ne pas profiter de cette situation ô combien troublante. Mais je craignais que la vérité ne soit toute autre. Car je savais que je l’avais enlacée…oui mais c’était pour la retenir et ne pas qu’elle tombe…à moins que je ne me sois fourvoyé ? Ce baiser, avais-je vraiment cherché à m’en extraire ? Ou y avais-je finalement répondu avec une certaine ardeur ? Difficile à dire…Je suis médecin, je ne pouvais pas me laisser aller à ce genre de chose ! Des corps nus j’en avais déjà vu. Et les plaisirs de la chair ne m’intéressaient pas…

Alors pourquoi ma main était en train de remonter le long de sa cuisse !? Pourquoi mon bras qui l’étreignait la serrait plus fort ? Bon sang Balian…y’a combien de temps que tu n’as pas…

Longtemps…très longtemps…car même lorsque j’étais marié…j’avais négligé mon épouse…

Mon cœur battait à tout rompre dans ma cage thoracique, j’étais incapable de penser avec rationalité. Totalement troublé par cette fille dont les doigts partaient à la découverte de mon visage…Mes lèvres, mon nez, en passant par mes pommettes…elle suivait sans doute les motifs de mes tatouages ? Elle allait finir par atteindre mes cicatrices…au niveau de ma mandibule…

Il y eut soudainement un grand bruit. Comme un plateau et des instruments qui chutaient. Et la voix de l’infirmière qui retentit :

- Mais… Mais… Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe, ici ?

Sauvé par le gong ! Je tournais la tête vers l’humaine, totalement médusée. Heureusement qu’un Mirialan ne pouvait pas rougir ! Car je crois que j’aurai terminé cramoisi, tant la situation était des plus gênante pour l’un comme pour l’autre.

Je me levais précipitamment, maintenant toutefois la jeune Twi-Lek contre moi. Fléchissant légèrement les jambes, je passais un bras derrière ses genoux, et je me redressais, la prenant ainsi dans mes bras. Puis je me raclais la gorge, cherchant une échappatoire :

- Hreem ! Ce n’est pas ce que vous croyez ! Il semblerait que cette jeune personne fasse une réaction … un peu plus forte que prévu aux inotropes. Il va falloir changer de molécule.

Ça c’est sûr que pour être stimulée, elle l’avait été ! Elle avait une singulière façon de répondre au principe actif de l’isoprénaline. J’avais simplement voulu réguler sa pression artérielle et son rythme cardiaque ! Bordel dans quel merdier j’allais me retrouver moi encore !

Je reposais mon délicat fardeau sur le lit, et la recouvris des couvertures, tandis que l’infirmière me regardait avec suspicions. Quelle poisse ! Ses yeux inquisiteurs cherchaient surement à déceler en moi les traits d’un pervers sexuel profitant des jeunes patientes en détresse. Je fis un geste d’énervement en direction de l’infirmière et éructait vertement (c’était le cas de le dire) :

- Ca va ! Je l’ai pas violée hein ! Allez-me chercher un autre inotrope ! Je lui ai donné de l’Isoprénaline ! Trouvez-moi autre chose !

Bordel techniquement la victime c’était moi ! Après tout c’était cette fille qui s’était jetée sur moi ! L’infirmière repartis rapidement, peu convaincue par mon argumentation. Non pas que cette Twi-Lek ait besoin d'une autre injection d'inotrope, mais c'était plus pour me débarrasser ce ce témoin gênant. Je me tournais vers ma patiente, pointant un doigt accusateur dans sa direction :

- Bon sang qu’est-ce qui vous a pris ! Ça vous prend souvent de sauter sur le premier venu ?!

Je me disais aussi que pour une fille de sénateur elle n’était pas farouche…cependant, quand on est sous l’emprise de la drogue, on devient une autre personne. Mais tout de même ! Quel âge avait-elle ? Quoi qu’il en était, j’étais bien plus âgé qu’elle, pour qui allais-je passer ? Qui plus est un médecin ! Non non…je l’avais repoussée ! Ou j’allais le faire ? Je pouvais toujours essayer de m’en convaincre.
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Je… Je ne suis pas certaine de bien comprendre… Tout est allé si vite… Le plateau, d’abord. Ce bruit stridant qui m’a percé les tympans. L’infirmière, ensuite. Sa voix criarde, cette seconde pique qui s’est enfoncée plus profondément encore dans mes oreilles. Et puis le médecin, qui me prend dans ses bras, toussote et balbutie, me dépose sur le lit, se met à gueuler… Aïe ! Ma tête ! S’il-vous-plaît... Un peu de calme… Même un tout petit peu… J'ai si mal à la cervelle…

Il m’a fallu un certain temps avant de saisir que l’infirmière s’en est allée. Comment ? Et puis quand, en fait ? Aucune idée, à vrai dire. Mais il y a cette voix masculine… Elle fait tellement de bruit… Du calme… Rah ! Putain de migraine !

«Bon sang qu’est-ce qui vous a pris ! Ça vous prend souvent de sauter sur le premier venu ?!»

Ah oui. C’est le docteur. Il me parle. Je dois lui répondre. Il me demande pourquoi je me suis retrouvée à poil sur ses genoux. C’est vrai, tiens… Pourquoi j’ai fait ça, moi ? Allez, reprendre ses esprits, ratterrir dans le réel, dans ce réel-ci. Qu’est-ce que je lui dis ?

«Je… Je ne sais pas…»

Le temps s’écoule d’une manière si aléatoire que je serais infoutue de déterminer si ma réplique a directement suivi la sienne ou si des heures se sont écoulées entre les deux. Bon… Peu importe… Essayer de trouver un truc plus cohérent.

Je relève légèrement la tête, sens un vertige me tourbillonner dans le bide, la repose, ferme un instant les yeux. Recouvrer le contrôle de sa respiration… Inspirer… Expirer… Lentement… Inspirer… Expirer… Voilà… Je rouvre les paupières. Le monde se stabilise. Le sol revient à mes pieds, le plafond se redresse au-dessus de moi, les murs reprennent leur place tout autour, épousant la forme rectangulaire qu’ils n’auraient jamais dû quitter. La gravité elle-même semble récupérer ses règles de base. Et surtout, mes pensées ont l’air de s’éclaircir. Suffisamment, en tout cas. C’est un bon signe, j’imagine.

«Je suis un peu… un peu nympho, parfois…»

Ben quoi ? C’est vrai, de toute façon. Mieux vaut l’avouer franco : je peux être une vraie garce, si je le veux, mais pas au point de laisser mon médecin affronter des accusations de viol. Si ça peut lui éviter des problèmes juridiques, autant la jouer comme ça. Accessoirement, dans un scénario catastrophe où il se retrouverait au tribunal, c’est nécessairement moi qui devrais jouer le rôle de la victime : autant dire que la flicaille fourrerait son nez dans mes affaires, et j’en récolterais un sacré paquet d’ennuis. Ouais… A bien y réfléchir, nous sommes tous les deux gagnants si nous évitons ce genre de problème.

Hum… C’est que je redeviens cynique, moi. Excellente nouvelle. Mon cerveau a enfin décidé de rebrancher les bonnes connexions. Et quitte à être cynique, il est temps d’incarner l’un de mes rôles préférés : celui de la petite fifille à papa opprimée par une éducation tellement rigide qu’elle trouve – bien sûr à ses dépens – une échappatoire dans le dévergondage. De quoi faire chiâler un bantha.

«Vous savez, chaque fois que je bois… ou que je me drogue… et ce n’est pas la première fois.» (Il est médecin, il l’a bien compris, inutile de faire semblant.) «… ma libido a tendance à se… à s’emballer. Je n’ai jamais compris pourquoi…»

Je tourne la tête vers le Mirialan tout en la gardant sur l’oreiller plastifié qui lui sert d’appui. On va s’en tenir à cette explication "officielle", mais en le dévisageant, j’en viens maintenant à me demander si l’affaire se résume à cette interprétation des faits. Okay, peut-être que les suites de mon overdose me font encore délirer, mais… il est beau gosse, quand même, non ? Ce charisme, cette discrétion, ce visage impénétrable… je dois bien m’avouer (mais à qui d’autre l’avouerais-je, sinon à moi-même ?) que sa distance naturelle sonne comme un challenge. Et puis il m’a dit tout à l’heure qu’il était militaire, je crois. J’ai toujours eu un petit faible pour les clients venus de l’armée : curieusement, ce ne sont pas les pires brutes de la Galaxie, ceux-là, loin s’en faut. Bref, en d’autres circonstances, il incarne typiquement le genre de personne que je désirerais convertir aux plaisirs de la chair s’il n’y a jamais cédé, ou que je voudrais plonger davantage dans les charmes de l’amour s’il en est déjà friand. Mais peut-être puis-je encore les créer, ces circonstances…

«Vous savez comment je vais être prise en charge, après tout ça ?»

Affinons un peu la question. Ma migraine et mes vertiges m’empêchent encore de penser convenablement, mais ma conscience a suffisamment repris le contrôle de ma cervelle pour me signifier que je n’atteindrai pas mon but de cette manière.

«Je veux dire… Je suis sincèrement désolée pour ce qui vient de se passer… Vous avez l’air d’être quelqu’un de bien… Je dirai à l’infirmière que tout est de ma faute, je vous le promets. Mais… pour la suite… est-ce que… je ne sais pas… est-ce que vous pourriez m’aider ? A sortir de là, par exemple ?»

Si je contrôlais mieux mon corps, je lui ferais les yeux doux, mais dans mon état, je pense qu’il vaut mieux éviter. Je ne suis franchement pas certaine du résultat esthétique : mes pupilles seraient capables d’obliquer pour suivre la trajectoire la moins sexy qui puisse exister.

Bon, au moins, je me sens un peu mieux. Disons plutôt : un peu moins mal. Ma respiration continue de se stabiliser et mon environnement ne cesse de se redessiner en des formes toujours plus stables. A mesure que le paysage se précise, le visage du Mirialan épouse des contours qui tendent vers la netteté… et à mesure que s’ébauche son minois, j’obtiens la certitude que je ne délirais pas tant que ça. Sur ce point-là, en tout cas. Oui, à sa manière, je le confirme : il est vraiment beau gosse.
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Cette fille, elle se payait littéralement ma tête ? Sa seule excuse c’était ça ? Être « un peu nympho »…Mine renfrognée, yeux sombres, et bras croisés, je faisais les cents pas pestant sur la situation. J’allais l’enguirlander davantage quand elle prit cet air de chien battus et chercha une justification à son comportement à travers la drogue.

« Chaque fois … » …donc ce n’est pas la première fois, comme je m’en étais douté…

« …que je bois…ou que je me drogue… » …super la drôlesse cumule les addictions…

« … ma libido a tendance à se… à s’emballer… » … forcement ! Quelle idiote !

Avec une profonde lassitude, et frottant mes yeux fatigués, je répondis sur un ton neutre :

- Une drogue est une substance qui modifie notre activité mentale en agissant sur le cerveau. C’est sa principale caractéristique. Mais les drogues ont aussi des effets sur les fonctions biologiques du corps. Ensemble, ces deux types d'effets provoquent des changements de comportement. L'effet des drogues est comme un ascenseur qui monte et ensuite, qui redescend. Cette…modification sur votre…libido est tout à fait normal quand vous buvez ou que vous vous droguez.

L’explication que je venais de lui donner eut pour effet de m’apaiser. En lui expliquant que son changement de comportement était normal, je réalisais qu’elle n’était pas vraiment maîtresse d’elle-même.

Sa question sur la suite des événements me fit tiquer. Effectivement, je n’y avais pas spécifiquement pensé…Posant mes mains sur le bord du pied de son lit, je songeais que cette demoiselle n’avait sans doute pas envie que ses déboires fassent les gros titres sur l’holonet au matin. En même temps qu’est-ce que cela pouvait bien me faire…Je m’en fichais pas mal ! C’était son merdier pas le mien. Oui mais le secret médical et l’obligation de porter assistance …sauf qu’elle était soignée…puisqu’elle était dans cette cellule médicale…Je levais la tête vers elle…ses grands yeux…sa peau douce, et…le souvenir de ses lèvres sur les miennes…Pourquoi cela me taraudait autant ? Pourquoi avait-il fallut que je tombe sur elle !


Et alors que je réfléchissais à la question, nous fûmes interrompus par l’arrivée du médecin-chef, flanqué de l’infirmière qui m’avait assistée. Je me redressais, et avisais le duo…

- Bonsoir monsieur. C’est vous qui avez irruption dans le service des urgences avec cette jeune personne qui, au vu du traitement administré sans mon accord, souffre d’une overdose…c’est cela ?

Son ton ne me plaisait pas…sa tête d’humain ne me revenait pas…il allait nous emmerder…j’avais toujours mal au crâne et aucune envie d’être agréable. Je fis d’une voix lasse :

- Navré, il y avait urgence.

L’homme, qui devait avoir dans les quarante ans, leva un sourcil et me toisa du regard.

- Peu importe…nous allons faire des prélèvements sanguins à cette Twi-Lek, et la rediriger vers le Centre Médical principal, au service des toxicomanes. Nous n’avons pas assez de place ici…Quant à vous monsieur…à moins que vous n’ayez un quelconque lien de parenté avec cette jeune personne, je vais vous demander de partir.

Mon sang ne fit qu’un tour, cet espèce d’empafé, comment osait-il me parler ainsi ! Et cette grognasse d’infirmière qui, au lieu de faire ce qu’on lui demande, va chougner dans les bras de son patron ! J’avais déjà un mauvais caractère en règle générale, mais mon mal de crâne n’arrangeait rien, et la situation était assez compliquée comme cela sans que l’administration médical vienne y coller son nez ! Et si l’idée d’abandonner la jeune femme ici m’avait traversé l’esprit, elle s’évanouie brusquement. Non seulement c’était mon rôle de médecin de prendre soin de ceux qui étaient en détresse, mais en prime ce crétin de toubib et sa nigaude d’infirmière m’avaient foutu en rogne pour de bon.

Je fis face à mon homologue de toute ma stature, prêt à en découdre verbalement avec lui à la moindre réflexion suivante. Je n'allais pas me laisser emmerder par petit fouineur qui appréciait faire le chef dans son service et pourrissait la vie des gens. L’homme me fixait, ma tenue semblait l’intriguer :

- Vous avez dit être médecin militaire ?

Avec un grognement rageur, je sortis ma carte militaire et la colla sous ses yeux :

- Lààààà vous voyez ? Il y a écrit : Docteur Balian Atraide… infanterie mobile, Armée de la République… Je suis formé à la chirurgie de combat et la médecine de terrain, et spécialisé en cardiologie et diagnostics différentiels. Vous voulez mes diplômes ?

En lui balançant ainsi mon pedigree, je m’étais redressé, fier, et altier. Mon air sombre et mon treillis renforçaient mon panache et l’autorité dont j’étais naturellement pourvu. Mon adversaire allait répliquer quand brusquement, une ombre passa derrière moi et une voix que je connaissais s’éleva :

- Balian ?

Je me tournais, et écarquillais de grands yeux devant un de mes anciens collègues du service diagnostic du Centre Médical de Coruscant : Ash Shenzu, un Togruta urgentiste-réanimateur. Je restais sans voix en le voyant, lui en revanche arborait un sourire franc et me tendit sa main tout en posant l’autre sur mon épaule en haranguant tout le secteur :

- C’est pas vrai ! Je me disais bien que ce ton supérieur et cette allure rentre-dedans ne pouvait être que la tienne ! Se tournant vers mon interlocuteur humain, ce mec est une calamité pour ses collègues, mais il était un des meilleurs diagnosticiens de notre génération ! Ca va aller, je m’occupe de lui. Puis me regardant des pieds à la tête, haaa… je suis content de voir que tu t’en es bien sorti après…enfin…tu vois…L’Armée donc…une seconde chance hein !

Ce mec avait toujours été un véritable moulin à parole. J’hochais la tête, tachant de rendre au Togruta son sourire. En ronchonnant, mon homologue rébarbatif et l’infirmière s’éloignèrent, manifestement contrariés. Mon ancien collègue pris place à côté du lit de la Twi-Lek et se saisissant de son datapad :

- Bon…je vais créer le dossier de cette jeune femme. Ce n’est pas à toi que je vais apprendre la procédure dans les cas de drogues.

Et vlan…Ash avait toujours été ainsi. Pas méchant, mais piquant…Je soupirais…Oui…je savais qu’il devait se plier aux protocoles de gestion des patients, et tout particulièrement ceux qui étaient soupçonnés d’être des toxicos. J’acquiesçais de la tête et il reprit :

- Bien, j’ai besoin de son identité…

Sans hésitation, presque dans un réflexe je répondis :

- C’est…ma femme.

Il leva alors des yeux stupéfaits vers moi…moi-même je n’en revenais pas d’avoir dit cela. Mais il était impossible de donner le véritable de nom de la demoiselle, et si je ne faisais pas parti de son entourage proche, le personnel de cette unité médicale me virera sans autre forme de procès. Je posais mes yeux sur la Twi-Lek…après tout elle m’avait demandé de l’aider…Le choc passé, Ash Shenzu éclata de rire en me flanquant une claque amicale dans le dos :

- Hahaha ! Sacré Balian ! Tu n’as pas changé ! Toujours entouré de jolies filles ! Je me souviens de ton ex…un joli morceau…

Je le regardais d’un air grave, puis tout en me rasseyant je fis avec morosité :

- Si tu le dis… Enregistres-la sous mon nom. Par contre…réfléchissant un court instant je poursuivis dans mon mensonge, écoute…je ne vais pas te cacher la chose…Elle a appris que j’allais repartir en mission…on s’est disputé…Et je suppose qu’elle a fait une mauvaise rencontre qui lui a proposé un truc louche…Je suis parti à sa recherche et je l’ai trouvée en pleine overdose…C’est la première fois qu’elle prend de la drogue…J’aimerai qu’on évite les tests supplémentaires…Tu sais ce qui risque de se dire…les femmes de militaires sont dépressives…etc…Et puis comme tu l’as si bien dit, je sais ce que cela fait d’être pris dans l’engrenage administratif de la drogue.

Ash me regardait…suspicieux…Les plus gros mensonges sont parfois les meilleurs. Finalement il mordit à l’hameçon…mon passé avait sans doute joué en ma faveur. Avec un large sourire, il répondit :

- T’inquiètes ! Je comprends ! Je m’en voudrais de faire subir une telle chose à cette jeune demoiselle. Je transferts le formulaire à l’accueil, ne t’en fais pas, dès qu’elle ira mieux vous pourrez sortir. Il me tendit à nouveau la main, content de t’avoir revu Balian, prends-en soin de celle-ci.

Et il tourna les talons…me laissant seul avec ma « femme ». La pauvre…je n’étais clairement pas un bon parti. Elle était fille de sénateur, belle, avec la vie devant elle. Moi, j’étais peu avenant, mutilé dans mon corps et mon âme, et avec le risque d’être renvoyé au front. Elle venait de faire un bien piètre « faux mariage ». Je me recalais dans mon fauteuil…croisant les jambes négligemment et fis à l’attention de la Twi-Lek.

- Désolé d’avoir menti…et de vous avoir infligé cela…Néanmoins ils ne nous poseront plus de questions…et vous ne ferez pas les gros titres demain…une femme de toubib…militaire de surcroît…tout le monde s’en fou.

Posant ma tête sr une de mes mains accoudées je me demandais encore pourquoi je me pliais en quatre pour sauver une fifille à papa qui devait être blindé jusqu'aux as. Ses yeux doux? Sa situation compliquée? Sa condition de droguée? Le souvenir de ce langoureux baiser échangé juste avant? Le tout peut-être...

Et puis le jour où j'avais touché le fond, je fus bien content que quelqu'un me prenne par la main pour m'aider à remonter la pente...Sans doute voulais-je jouer ce rôle pour quelqu'un qui est dans une situation similaire à celle dans laquelle je m'étais retrouvé par bêtise...il n'y avait pas si longtemps.

Freyka s'était doucement remise, l'antidote avait peu à peu rendu à son organisme ses fonctions cognitives et sa motricité pleine et entière. La twi-lek put sortir de là sans être inquiété, j'avais insisté pour lui payer un taxi qui la ramènerait à bon port. Je la regardais s'éloigner, espérant que cette nuit lui servirait de leçon...Instinctivement j'aurai voulu faire bien plus pour elle, mais elle était fille de sénateur...elle n'avait plus besoin de moi...Et puis j'étais bien sûr que d'ici quelques jours, elle m'aurait oublié...


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FIN DU RP




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