Balian Atraïde
# [3486 Av. B.Y.] En cure de désintoxication, les démons du passé [solo] - Mar 16 Avr 2019 - 1:02
3486 Av. B.Y.
Centre Médical de Coruscant
Service de Désintoxication
Une pièce immaculée, un cercle de chaises…en temps normal, chacun doit réfléchir à ce qu’il va raconter comme histoire sur sa vie…un épisode marquant, qui montrait qui on était véritablement…Balian était assis seul, face au Docteur Lorka…Il réfléchissait…un peu hébété. Il avait du mal à comprendre ce qui l’avait amené ici. Et en plus de sa cure de désintoxication, il devait suivre un psychiatre pour mettre le doigt sur ce qui l’avait poussé à prendre de la drogue.
Le docteur Reytor Lorka était justement le psychiatre référent pour les toxicos. C’était un Bothan, plus que compétent, toujours très calme et avisé. Il faisait face au Mirialan…attendant que son patient se décide à lui parler. Balian faisait peine à voir, on était loin du « grand docteur Atraïde », au port fier et altier qui le caractérisait autrefois. Il était assis, penché en avant, les coudes sur ses cuisses…agitant nerveusement sa jambe dans un mouvement très rapide de va et vient caractéristique d’un stress important. Il tenait sa tête d’une main, et rongeait des ongles d’une autre main. Ses yeux étaient hagards, sa tenue négligée. Ses cheveux n’étaient pas sans reste, ils avaient fortement poussé. Des racines noires sortant de son cuir chevelu, trahissaient la véritable couleur de sa tignasse qu’il avait pris pour habitude de décolorer, dans un but totalement d’esthétisme.
Lorka se racla doucement la gorge, il posa son datapad, et se pencha doucement vers son patient. Il avait bien conscience que la chute de ce dernier qui avait atteint les sommets, avait été plus que vertigineuse. Mais Balian devait se ressaisir…s’il voulait réparer ses erreurs. Le Bothan se risqua à rompre le silence :
- Balian ? Vous m’entendez… ?
Comme sortant d’un cauchemar, le Mirialan se redressa et éructa vertement :
- C’est Docteur Atraïde !
Le Bothan se calla dans son fauteuil, et sans sourciller, d’un calme incroyable, il répondit d’une voix douce :
- Je suis désolé Balian…mais vous êtes suspendu…vous n’êtes plus médecin…du moins plus pour l’instant. Mais il ne tient qu’à vous de faire le nécessaire pour le redevenir un jour…
Se laissant choir, l’air désolé, et totalement perdu, Balian fit d’une voix désespérée :
- A quoi bon ? J’ai tout perdu…mon titre…mon prestige…ma femme…
Le Bothan haussa un soucil…il avait effectivement lut l’instance divorce…le Mirialan avait dû débourser une coquette somme en dommages et intérêts, ayant perdu contre son épouse qui avait bien su lui faire payer toutes les négligences qu’elle avait subie pendant plusieurs années. De plus Balian avait perdu son procès contre le patient qui avait été victime de son erreur médical… « Circonstances aggravantes » avait persiflé l’avocat…un médecin drogué…ce n’était pourtant pas rare…mais ce n’était pas pardonnable pour autant. Le Bothan secoua la tête :
- Faîtes un effort Balian…je ne vous demande qu’une chose…me raconter votre rôle au sein du service de diagnostic…Personne ne vous jugera ici…vous êtes tous là pour remonter la pente et comprendre vos erreurs…Je vous en prie Balian…ouvrez-vous !
Dans un reniflement bruyant, l’ancien médecin en maladies cardiaques se redressa un peu sur sa chaise…ses mains tremblaient, il était en manque…c’était indéniable…mais c’était pour son bien ! Il le savait…alors il se décida…et raconta.* *
*
« C’était toujours l’effervescence au service de Diagnostics, mais ces derniers temps plus que de coutume. Tout droit sorti des bancs de l’école, je venais d’être intégré à cette brillante équipe, composée des meilleurs diagnosticiens de cette partie de la Galaxie. J’étais spécialisé en maladies cardio-vasculaire, et un des plus jeunes médecins recrutés au prestigieux service des diagnostics.
L’équipe était dirigée par un chef de service, le Docteur Hugh Stamets, un humain à l’allure peu avenante, mais très compétent, spécialisé en immunologie. Il y avait également le Docteur Paul Culber, un humain spécialiste en oncologie et qui semblait se rapprocher le plus de ce qu’on pourrait appeler un « ami » à mon égard. Le Docteur Ibris Zinuu, un Woostoid qui s’était spécialisé dans la neurologie, on ne s’aimait pas. Le Docteur Ash Shenzu, un Togruta urgentiste-réanimateur, était opportuniste et sans aucun doute autant carriériste que moi.
D’aucuns disaient que j’étais un bel enfoiré, sûr de lui et totalement misanthrope. C’était simple, les gens m’agaçaient…je prenais tout le monde de haut, et m’imaginais meilleur que tout le monde ! Le Centre organisait des consultations gratuites, et notamment pour les nécessiteux. Chaque médecin, à tour de rôle, devait accorder de son temps pour prendre en charge lesdites consultations. Cela avait le don de m’énerver au possible, car j’estimais perdre mon temps à prodiguer des soins qu’un singe-lézard kowakien avec un flacon de paracétamol pourrait soulager.
J’étais soucieux de toujours trouver le cas le plus intéressant, le plus compliquer à déchiffrer et m’atteler à réussir là où les autres avaient échoué. Le pire c’est que j’étais doué, parvenant toujours à trouver une idée géniale, permettant de poser un diagnostic et soigner le patient, ou du moins le soulager dans les dernières heures de sa vie.
Je me consacrais entièrement à mon travail, et mes recherches. Cela n’était pas du goût de ma femme qui prétextait être mariée à un « courant d’air » selon ses propos. Franchement je n’avais pas le temps de m’amuser comme elle ! Je devais nous faire vivre, lui assurer un train de vie, et je lui laissais les futilités de la vie. J’avais bien mieux à faire…en effet, si auparavant je faisais encore des efforts pour faire plaisir à Adila, ma femme, depuis que j’avais intégré le service de diagnostics (et que je prenais mes petits « remontants »), je n’avais plus envie de lui être agréable. Elle m’ennuyait plus qu’autre chose. Je passais ma vie au Centre Médical, nous ne faisions que nous croiser, cela m’allait très bien…Elle en revanche, beaucoup moins. Mais peu me chaut. Je n’avais pas d’amis…je n’en avais pas besoin de toute façon, je ne voulais qu’une chose, être le meilleur. C’était tout.
J’étais persuadé d’être le meilleur (et ce n’était peut-être pas si éloigné que çà de la vérité…je sais, ce n’est pas l’humilité qui va m’étouffer), mais je tombais souvent juste dans mes diagnostics, m’attachant aux détails, et faisant fi des sentiments. Mon esprit n’était tourné que sur les faits, je ne voyais que très rarement les patients, pour justement ne pas être « perturbé » par tout contact affectif.
Un jour, j’étais particulièrement irritable, je n’avais pas eu un moment à moi, et j’étais assaillis de toute part, c’était mon jour de consultation. Ce qui était le plus frustrant c’est qu’on nous avait amené, il y a quelques temps, une jeune femme, une Cathar, vivant dans les bas-fonds. On nous l’a amené car elle s’était mise à convulser, et présentait des troubles neurologiques, comme des clonies et des moments d’incohérences voir presque de délire.
Certains de mes collègues pensaient qu’elle ne faisait que simuler dans le but d’être hébergée gratuitement une nuit, et d’avoir un repas chaud. Mais d’autres médecins – dont je faisais partie – ne partageaient pas cet avis. Et nous prîmes son cas en charge. Nous étions regroupés dans une salle de réunion, cherchant à établir un diagnostic différentiel :
- Qu’est-ce qui provoque des clonies ?
- Un coup sur la tête ? Hématome sous-dural.
- Non il n’y a aucune trace de lésion cérébrale. C’est peut-être le signe d’une tumeur au cerveau ?
- Ou pas ! Allons…les sans-abris des bas-fonds sont experts pour jouer la comédie ! Faites donc une IRM de son cerveau, constatez qu’il n’y a rien, et renvoyez-la.
- On ne dispose d’aucun suivi médical ! Allergie, traitement en cours, éléments antérieurs. Nous devons lui faire des analyses avant de la juger. Elle vit dans les bas-fonds, elle ne mange surement pas à sa faim, elle doit avoir des carences, et donc un déséquilibre ionique.
Adossé contre un mur, j’avais toisé mes collègues qui avançaient des idées au hasard…quelles bandes d’idiots. J’avais donc pris la parole avec un air plus que supérieur, et une voix des plus implacable. Le responsable leva les yeux vers moi…il y eut un silence lourd…puis il fit avec un petit sourire de félicitation à mon encontre :
- Bonne remarque Docteur Atraïde.
Puis il fit à la cantonade :
- Mettez-là sous hydrosol polyvitaminé, et voyez demain si elle a une iono redevenue normale. Ensuite nous aviserons.
Le lendemain la cathar semblait en meilleure forme, je lui faisais quelques examens de routine accompagné d’un collègue…quand soudain elle entra dans une rage terrible, et envoya valser tout ce qui passait à sa porter, hurlant qu'on allait lui faire du mal, qu’elle avait mal au ventre, et que la lumière était trop forte. Mon homologue se précipita pour la maintenir, tandis que je me ruais sur un tiroir :
- 2 mg de Lorazepam !
J’injectais le tranquillisant. Il était très efficace, surtout à cette dose, et elle s’apaisa enfin, sombrant dans un profond sommeil. Nous ne savions toujours pas son nom, ni ses antécédents. Mais à présent cela importait peu. L’IRM n’avait rien révélé au cerveau, aucune tumeur. Nous revenions à la case départ. C’était agaçant…
Nous planchâmes pendant des heures, chacun dans nos bureaux, cherchant tout ce qui pourrait englober un maximum de ses symptômes. J’avais noté qu’à plusieurs reprise ma femme avait essayé de me joindre sur mon comlink…mais j’avais choisi de l’ignorer. Je soupirais…il faisais chaud, à moins que ce ne soit…moi ? Je suais à grosses gouttes, j’avis du mal à respirer…et mes mains s’étaient mises à trembler. J’étais en manque… Sans aucune hésitation, je déverrouillais un tiroir et en extirpa une seringue et un flacon d’une dérivé de l’épinéphrine. Lorsque l’aiguille répandit la drogue dans mon réseau sanguin, je ressentis une énergie nouvelle en moi. Je me sentais incroyablement bien, au maximum de mes capacités.
Soudain Culber entra dans mon bureau précipitamment, j’avais tout juste eu le temps de ranger mon « matériel », il m’annonça assez vivement qu’il avait eu une idée, et qu’on se réunissait de nouveau. Saisissant mon datapad je le suivi. Une fois l’équipe à nouveau au complet, Paul, expliqua d’une voix qui trahissait son impatience de nous faire part de sa théorie :
- Un cancer des ovaires !
Nous le regardâmes…interdits…c’était ça sa brillante idée ? Je cherchais à comprendre ce qui l’avait poussé à imaginer cela, tandis que nos homologues cherchaient à démonter cette hypothèse un peu hasardeuse :
- Sauf qu’il n’y a pas de trace de cancer dans ses analyses ! Le Ca 125 est normal.
- Et le cancer n’explique pas ces soi-disant clonies, ou cette série de symptôme.
Mais Culber ne se laissa pas démonter par les allégations de Zinuu, il repris :
- Hé si justement ! Un syndrome néoplasique associé au cancer peut agiter quelqu’un. Comme un lapin sous amphétamine.
Notre chef de service ordonna alors :
- Echographie des ovaires !
Ce fut Culber qui s’y colla, après tout c’était lui l’oncologue. Nous attendîmes donc qu’il revienne avec les images de l’échographie. Cela ne tarda pas, et bientôt nous étions tous réunis, devant la projection holographique d’une image échographique des ovaires de la patiente. Culber commenta ce que nous voyons :
- L’ovaire gauche présente une masse solide non kystique de 5 cm sur 3 cm... Nécrosé au centre. Il ne lui reste plus que deux ou trois mois. Dans un sens vous aviez raison…il n’y a rien à faire…on pourrait presque la renvoyer.
Il y eut quelques toux gênées parmi certains d’entre nous…Chacun se rangeant finalement du coté du diagnostic de notre cancérologue. Il avait toujours l’art et la manière d’amener du dramatique dans ses annonces – souvent annonciateur de mort – et pourtant les patients l’adoraient…Seul moi restait de marbre…Quelque chose n’allait pas. Je répliquais alors :
- Ou alors ce n’est pas un cancer…
Il y eut des regards effarés, et Zinuu se manifesta, désappointé :
- Vous plaisantez Docteur Atraïde ?
Avec dédain, et mesquinerie, je rétorquais sèchement :
- Haha un cancer c’est hilarant…Je marquais une courte pose…je réfléchissais, puis finalement je me décidais à aller au fond de ma pensée : et si c’était un tuberculome, elle vit dans la rue, respire des saletés toute la journée, gros risque de tuberculose et elle a une tumeur bégnine en prime
- Elle a une masse solide à un ovaire, l’hypothèse du cancer est plus réaliste…Insista le Docteur Culber.
- Exact…Il faut la mettre sous INH, rifampicine et streptomycine.
J’avais balancé cette idée de traitement, en regardant droit dans les yeux notre chef de service. Stamets fronça les sourcils, sans comprendre où je voulais en venir. Ce fut Zinuu qui intervint :
- C’est le traitement pour un tuberculome ça…
Bon sang…ce qu’il était agaçant à sans cesse chercher des failles dans les propos que je pouvais tenir…Pliant légèrement le haut de mon corps pour appuyer ce que j’allais dire, j’ouvris de grands yeux comme pour montrer une évidence et railla à son encontre :
- Et c’est quoi le traitement contre un cancer avancé de l’ovaire ?
Il y eut un silence, puis le chef de service fit un signe pour signifier qu’il approuvait la tentative du traitement. Il demanda cependant une biopsie. Il ne fallut pas longtemps pour que la patiente réponde à la dose massive d’antibiotiques que nous lui injectâmes, mais pas de la manière prévue. En effet elle était montée à 41, 5 ° C…les médicaments ne fonctionnaient pas. Et la biopsie révéla que j’avais raison, c’était un tuberculome…il n’y avait pas de cancer. Mais pourquoi cette soudaine forte fièvre ? C’était incompréhensible.
Nous étions repartis chacun de notre côté, cherchant à poser un nouveau diagnostic.La tête dans mes mains je cherchais désespérément une idée…Mon comlink me signifia une nouvelle tentative de mon épouse de me joindre…je la rejetais de nouveau. J’avais mieux à faire que de l’entendre déblatérer sur ce qu’elle avait fait de sa journée… »* *
*
Balian avait marqué une pause dans son récit…Il observait le sol…perdu…déconnecté subitement de la réalité. Le psychiatre Bothan se pencha doucement vers le Mirialan :
- Balian ?
L’interpelé leva la tête…visiblement surpris d’être sollicité. Son médecin référent repris :
- Vous avez eut une absence… Quel était le diagnostic de cette pauvre Cathar ?
- La Cathar ?
Il semblait ne plus savoir où il se trouvait, ni de quoi il parlait quelques secondes plus tôt…Puis finalement, il parvint à se reconnecter à la réalité…Il pu poursuivre la fin de son récit.* *
*
Nous avions cherché pendant des heures. Mais finalement, ce fut par un geste inopiné que la solution me sauta à la tête…Une infirmière renversa du thé brûlant sur la jambe de la patiente…et cette dernière ne broncha pas…Elle avait des zones insensibilisées. J’eu subitement une révélation. Me saisissant d’un coton de prélèvement, j’entrouvris la bouche de la patiente, et frotta le coton à l’intérieur de sa joue. Puis je me dirigeais vers le bureau de Stamets et lui tendis le prélèvement :
- J’ai besoin d’un immunologiste.
Interloqué, mon chef de service se résigna à faire l’analyse du prélèvement. Nos collègues nous avaient rejoint. Etant sûr de mon diagnostic, j’expliquai alors :
- Nous avons des zones anesthésiées, ensuite une forte sensibilité à la lumière, désorientation, paranoïa, forte fièvre…
Au fur et à mesure que je parlais, j’observais la réaction de mes homologues…puis soudain le verdict de l’analyse tomba, et Stamets me regarda avec des grands yeux…
- Bon sang…Balian…c’est…
- Oui…c’est la rage…
Tous me regardèrent avec des regards à la fois sidérés, et admiratifs que je sois parvenu à poser le diagnostic…C’était logique, vivant dans les bas-fonds de Coruscant, d’une espèce plus ou moins prédisposée à ce genre d’infection…tout concordait. Il y avait cependant une ombre au tableau…et nous savions tous ce qui allait maintenant résulter de tout cela…Ce fut Culber qui rompit le silence en murmurant :
- Mais c’est trop tard…elle va mourir…
Et en effet…quelques heures plus tard, la patiente décéda…sans que nous puissions faire autre chose que soulager ses souffrances. Si mes collègues en furent affectés, moi je cherchais déjà le cas prochain…non seulement pour m’occuper l’esprit…mais aussi pour résoudre une nouvelle affaire…je n’avais pas le temps de m’apitoyer…»
* *
*
Balian Atraïde
# Re: [3486 Av. B.Y.] En cure de désintoxication, les démons du passé [solo] - Ven 3 Mai 2019 - 16:06
La nuit était paisible…tout le monde dormait, seuls les veilleurs de nuit faisaient leur ronde, attentifs au moindre bruit. Les patients de cette partie du Centre Médical avaient – bien souvent – le sommeil agité. Il n’était pas rare qu’un de ces pauvres bougres, venus là pour échapper à leurs démons, craque durant la nuit. Dans la journée, ils n’étaient pas seuls, ils se côtoyaient les uns les autres, ils avaient rendez-vous avec les soignants, le psychiatre notamment. Mais arrivé le soir… et la nuit…isolés chacun dans leurs petites chambres. Ils étaient de nouveau la proie de leurs envies, de leurs tourments. Le manque de drogue les assiégeait tous, la folie les gagnait…
Et cette nuit n’allait pas faire d’exception…
- Ils sont sages cette nuit, lança Ranar à son collègue Sarek. Les deux Zabraks patrouillaient dans les couloirs cherchant à déceler un comportement perturbé.
- Oui…c’est étonnant…c’est trop calme…ça sent les emmerdes à plein nez. La semaine dernière les gars ont dû se mettre à plusieurs pour maitriser le nouveau.
- T’es sérieux ? Le Mirialan qui est arrivé y’a deux semaines ? Il a pourtant pas l’air costaud, répondit Ranar avec une petite grimace, redoutant le pire pour le premier jour de leur cycle de travail. Son comparse repris :
- Il se shootait à l’adrénal…et depuis un bon moment…c’est ce qu’on donne aux soldats pour les booster et les stimuler. D’après l’autre équipe il est complètement barge ce mec…
- Oui…j’ai entendu ça aussi…certains disent que c’était quelqu’un d’important…et qu’il a tout perdu et ça l’a rendu encore plus dingue…il vit très mal son sevrage.
Ils furent subitement interrompus, un cri venait de déchirer la nuit. Sortant son datapad, Ranar pianota pour savoir quel patient ne dormait pas…Il poussa un profond soupire en reconnaissant le numéro de la chambre…il fit à son collègue :
- C’est lui…amènes-toi !
Ils se précipitèrent dans les couloirs et atteignirent la porte de la chambre qu’ils ouvrirent. Le patient était prostré dans un coin de la pièce minuscule, il tenait sa tête dans ses mains et poussait des cris terribles, faisant davantage penser à ceux d’une bête. Il leva un visage déformé par la rage qui l’habitait. Ses yeux écarquillés fixaient les deux veilleurs…il était parcouru de tremblements et de spasmes incontrôlés. Sa respiration était saccadée et son comportement témoignait d’une profonde désorientation.
Les deux zabraks s'approchèrent doucement, sur leur garde :
- Hé…ca va mon gars ? Comment il s’appelle déjà ?
- Heuu…Balian…oui Balian Atraïde.
Le Mirialan ne répondit pas, il semblait ailleurs. Soudain il se redressa et se précipita contre les deux gardiens. S’étant attendu à cet accès de violence, les deux zabraks retinrent le jeune malade, s’arc-boutant pour maintenir le fou furieux pour qu’il ne s’échappe pas de sa cellule. Mais Balian était habité par un ouragan de fureur, le rendant insensible à la douleur et totalement imprévisible. Le Mirialan parvint à s’échapper, faussant compagnie aux deux Zabraks. Il se précipita dans les couloirs, les deux gardiens sur ses talons.
On aurait pu croire que sous ce comportement agressif et ce regard imprégné de folie, Balian était incapable réflexion. Mais ce n’était pas totalement vrai. Il s’engouffra dans un ascenseur, et les deux gardiens virent avec horreur l’affichage indiquer que le patient montait.
- Ha le con ! Il faut réveiller le docteur Lorka. J’ai peur qu’il fasse une connerie.
Balian était parvenu à monter au dernier niveau…l’accès au toit…Le vent vint s’engouffrer dans ses cheveux. Il prit une profonde inspiration, et s’avança, traversant l’air d’atterrissage d’urgence pour le transport des blessés graves, et s’approcha dangereusement du bord. Il n’avait plus qu’une idée en tête depuis quelques jours, en finir avec la vie. Pour lui il n’y avait pas d’autre alternative, ce qu’il avait fait était trop grave. Et jamais il ne se le pardonnerait.
Soudain une voix s’éleva derrière lui. Il la reconnaissait, celle du Bothan qui lui servait de psychiatre. Ce dernier sommait le Mirialan de s’écarter du bord et de revenir vers lui. Mais Balian ne pris pas garde à la demande de son homologue et continua d’approcher du bord. Les deux veilleurs Zabraks avaient rameuté presque tout le service, ainsi que la sécurité du Centre Médical. Tandis que Lorka essayait de distraire Balian en lui parlant, Ranar et Sarek s’approchaient doucement du Mirialan pour tenter de l’atteindre. Le trentenaire se tourna alors vers Lorka :
- Laissez-moi partir ! Pourquoi vous acharnez-vous à me soigner ! Je ne veux pas ! Je ne peux plus ! Regardez-moi ! Je ne suis plus que l’ombre de moi-même ! Je ne peux pas vivre ainsi !
Lorka répondit d’une voix emplie d’empathie :
- Vous n’avez pas le droit de baisser les bras Balian ! Vous traversez une mauvaise passe ! Tout le monde peut faire des erreurs ! On a tous droit à une seconde chance ! Ne gâchez pas tout je vous en prie ! Revenez vers moi !
Mais l’interpelé continuait de reculer…Le psychiatre changea de tactique :
- Et votre père Balian ! Vous y avez pensé !? Que va-t-il dire !
L’ancien médecin écarquilla les yeux à la mention de son père…Ce qu’il dirait ? Il serait surement soulagé d’être débarrassé d’un fils qui ne lui donnait aucune raison d’être fier. Le Mirialan murmura :
- C’est mieux pour tout le monde…
Au même moment il sentit un choc violent, Ranar avait sauté sur lui, emportés par leur élan, ils chutèrent lourdement sur le sol, à quelques mètres seulement du bord. Tous se ruèrent vers eux, cherchant à éviter que le Mirialan ne retente de sauter dans le vide. Balian se débattait, mais il sentit subitement une piqure dans son cou. En quelques instant ses jambes flanchèrent et il se sentit basculer dans l’obscurité.
Ce fut dans sont lit qu’il se réveilla, quarante-huit heures plus tard. A ses côtés se trouvait Reytor Lorka, la mine préoccupée. Balian voulu se redresser, mais il réalisa subitement qu’on l’avait entravé. Il jeta un air paniqué au Bothan :
- Que…pourquoi m’avoir attaché ?
Ce dernier répondit gravement :
- Vous ne vous souvenez pas ? Vous avez chercher à attenter à votre vie…Vous êtes devenu un danger Balian…pour vous et ceux qui vous entourent. Il faut vous reprendre Balian…j’ai dû vous administrer 10 mg halopéridol pour vous calmer et vous faire dormir. Je ne voulais pas arriver à une telle extrémité…Vous savez que je suis contre de vous donner des psychotropes, en tant que toxicomane vous pouvez développer une accoutumance à leurs encontres…mais vous ne m’avez pas laissé le choix Balian.
Le Mirialan détourna les yeux de son médecin. Il se sentait pâteux à cause de principe actif de l’halopéridol. C’était un puissant anti-dépresseur, particulièrement efficace. Des larmes se mirent à couler de ses yeux noirs. Il fait dans un souffle :
- Vous auriez dû me laisser partir…je ne vous aurai plus causé de soucis.
Agacé par ce type de propos, le Bothan se leva et rétorqua avec colère :
- Tant que vous ne changerez pas de discours vous resterez entravé ! Je ne peux plus vous faire confiance…vous me décevez, j’avais placé beaucoup d’espoir en vous compte tenu de vos antécédents…docteur Atraïde.
Ces derniers mots firent l’effet d’un coup de poignard en plein cœur pour Balian. La volonté de Lorka était de rappeler au trentenaire ce qu’il avait été, et qu’il pourrait redevenir.
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