Au terme d'une course-poursuite pour le moins éprouvante, Eckthor a réussi à semer son adversaire et à passer la barrière impériale avec son petit chasseur. Il se rend sur Arda 2 pour y extraire la padawan Lauren et le Maître Vespen, conscient que les deux Jedi courent un grand danger depuis l'attaque de la République. Mais en survolant la base impériale pour chercher où atterrir, Eckthor voit une série d'explosions transformer l'endroit en un champ de ruines ravagé par les flammes. Il s'inquiète évidemment pour Lauren qui se trouve en-bas, d'autant qu'il ne reçoit plus aucune nouvelle depuis deux heures. Les impériaux ont certainement coupé les communications. Mais en puisant dans la Force, il sent la présence de la jeune padawan. Lauren est toujours en vie. La mission de sauvetage a commencé.
Sous les décombres, Lauren est perdue. L'explosion déclenchée par le pernicieux Darth Khorog a complètement écroulé la structure sur elle-même en mettant brusquement fin au combat qui l'opposait elle et son maître aux Sith. Les tunnels de maintenance sont envahis par les flammes et la fumée suffocante. La jeune padawan en piteux état cherche désespérément un moyen de regagner la surface sans finir comme un toast. Avec un peu de chance, elle pourra compter sur l'aide de son valeureux compagnon qui s’apprête à descendre lui porter secours. Mais Lauren n'est pas seule. Du moins elle ne le sait pas encore. Hag'ran semble avoir lui aussi survécu à l'explosion de la base. Le chat qui a perdu la trace de sa coéquipière cherche lui-aussi un moyen de s'échapper en faisant son possible pour ne pas enflammer son pelage...
Hag'ran laissera-t-il Lauren s'échapper ? Ou s'échappera-t-il avec elle ?
Seuls les joueurs Eckthor Akilès, Lauren Aresu & Hagr'an peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d'un combat purement RP, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de vos actions et de vos choix stratégiques ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : Lauren – Hangr'an - Ektor.
Un long hurlement, entre la plainte et la rage, perça les tympans de l’Echani et emplit la pièce de son oppressant écho. Un cri strident, inhumain. Sa tête, comprimée entre ses mains, tournait de plus en plus vite. Autour d’elle, plus rien ne faisait sens. Puis un souffle, brusque, comme une immense poigne qui la soulevait sans effort du sol, la précipita de plein fouet contre la paroi métallique du laboratoire, à quelques mètres d’où se trouvait précédemment Saery. L’impact chassa avec force l’air de ses poumons et, sans lui laisser de temps, le néant envahit son esprit.
La première bouffée, alors qu’elle revenait à elle, eut l’effet d’une boule d’épines qui dévalait sa trachée. Au milieu d’une quinte de toux, des glaires poussiéreuses, infectes, chargeaient sa bouche d’un goût terreux. Elle gisait au sol, sur ses genoux, piteuse. Les crachats cessèrent enfin. Peu à peu, la raison revint à elle et, au moment où elle déploya ses jambes, son crâne heurta une gigantesque poutre en métal, juste au-dessus d’elle. « Putain ! » Maître Vespen la houspillerait si elle entendait ça. Maître Vespen ? Elle cria, aussi fort que lui permettait les lancinements du taureau furieux qui s’agitait dans sa tête. Maître Vespen ! Les crépitements des câbles sectionnés lui répondirent, mais pas son maître. Sa respiration s’accéléra. Pas ça, pas maintenant !
Elle la sentait, la bête invisible, menaçante, qui naissait dans son bas ventre, grognait doucement vers son abdomen avant de gagner son être entier. Paralysante, elle inhibait toute pensée utile, tout cheminement logique pour la laisser inerte, sanglotante. Quand plus aucune attache ne l’apaisait, sa monophobie frappait avec la précision chirurgicale d’un tueur impitoyable. Elle se recroquevilla, ses bras enserrant ses jambes qu’elle avait ramenées sous son menton. Pendant plusieurs longues minutes, le silence l’enveloppa. Elle releva la tête. Des morceaux métalliques tordus, des pierres éclatées, des plaques béantes, des charpentes déformées ; les débris l’emprisonnaient et elle ne devait sa vie qu’à la poutre qu’elle avait heurté plus tôt. Sa situation s’imposa à elle, accablante : piégée par des décombres trois fois plus lourds qu’elle au milieu d’une base impériale anéantie qui protégeait une arme chimique mortelle. L’arme chimique ! Peut-être se mourrait-elle déjà. Lauren plongea à nouveau son visage dans ses bras, effondrée. Les larmes creusaient des sillons dans la saleté de ses joues.
La voix essoufflée de maître Vespen résonna. « Impose-toi ! Laisse la Force s’exprimer à travers toi ! » Alertée, elle se redressa. Sa prison demeurait immobile. Pourquoi l’avait-elle entendu si clairement ? « Impose-toi ! » discerna-t-elle à nouveau. L’injonction réveilla une pulsion de vie. La bête, insatiable, redescendit dans son bas-ventre. Elle se calmait, mais sa présence subsistait. Sa priorité devait être de sortir d’ici. Le sang bourdonnant à ses tempes lui rendait la tâche difficile, mais concentrée, elle entreprit de frapper doucement chacune des pièces qui formaient sa cage. Des « tocs » sourds. Là ! A l’opposé, une plaque de métal émit un « toc » creux. Avec un peu de chance, il y avait moins de gravats de ce côté-ci. Elle poussa de toutes ses forces sur le panneau qui, malgré ses grincements plaintifs, ne bougea d’un pouce. Lauren reposa ses fesses sur ses jambes repliées et inspira profondément. Une onde de choc ploya le métal. Oui ! Elle apercevait la porte condamnée plus tôt par son maître et réitéra l’effort. Encore et encore, jusqu’à que l’interstice ne devienne un petit passage assez large pour qu’elle puisse s’échapper. D’un dernier élan, elle s’extirpa de sa geôle et dévala quelques dizaines de centimètres avant de s’échouer sur le sol parsemé de brèches. L’Echani recula, exhalant l’air pollué de ses bronches. L’explosion avait soufflé une partie de l’antichambre. L’autre moitié, à peine deux ou trois mètres, tenait bon, défigurée. Maître Vespen !
Etendue et désarticulée, son maître gisait dans le coin opposé. Sa tête reposait contre le mur, les yeux fermés. Le visage de Lauren se tordit de chagrin tandis que ses yeux s’embuèrent de larmes qu’elle échouait à chasser. Depuis le cuir chevelu de la Jedi, un écoulement de sang dessinait une cascade écarlate de son front droit, traversant son œil puis chutant le long de sa joue. Propulsée par la détonation, comme elle, elle avait échappé aux débris, mais le mur avait arrêté sa course brutalement. La padawan se hâta à ses côtés, pleurant et désemparée. Elle l’agrippa sous les épaules et la dégagea vers le « centre » de la pièce. Elle saisit délicatement la tête de Saery, les mains tremblantes, et la posa sur ses cuisses salies. La bête s’éveillait à nouveau, conquérant son abdomen. Des hoquets ponctuèrent sa respiration. Elle soutint ses ruées. Le taureau, lui, continuait à marteler son crâne, inlassablement. Elle examina le corps flasque. Des os cassés, peut-être ? Une commotion ? Tôt ou tard, elle serait contrainte de vérifier son souffle. La peur la submergeait. Et si…
Elle contempla béatement les ruines, revint vers son maître puis les ruines une fois de plus. Enfin, lentement, elle approcha son oreille de la bouche. Elle respirait ! Imperceptiblement, sa cage thoracique se soulevait et s’abaissait, désynchronisée. Une vague d’optimisme candide s’empara de la jeune Echani. Tant bien que mal, elle endigua le saignement. Les mains autour du visage paisible de la Jedi, elle calma ses inspirations, plus profondes, apaisées. Le sabre de son maître se trouvait toujours à sa ceinture. Aussi déposa-t-elle avec précaution la tête de Saery sur le sol et décrocha l’arme.
Peu importe ce maudit laboratoire, au diable l’échantillon. Pour Lauren, c’en était fini de cette mission. Elle braverait le taureau dans son crâne, elle tairait la bête dans son corps, sa phobie, s’il le fallait. Mais une chose demeurait intangible : Saery et elle sortiraient vivantes de ce chaos, de ce lieu hostile où les êtres les plus vils évoluaient en toute impunité. Dans quelques jours, elle se réveillerait sur son lit, au Temple, et tout ça ne serait qu’un lointain cauchemar.
Du mécanisme d’ouverture de la porte, il ne restait qu’un trou fondu à peine reconnaissable. Résignée, elle activa le sabre. Le scintillement jaune, puissant et réconfortant, luisait dans la salle seulement éclairée par quelques flammes, un peu plus loin, et une lumière orange, au-dessus de l’issue qu’elle tentait de percer. Elle empoigna le manche à deux mains et l’enfonça dans le métal sous une gerbe d’étincelles qui picotaient ses bras dénudés. Un sifflement aigu persistait, au creux de ses oreilles. Ses tempes la tenaillaient au rythme des battements frénétiques de son cœur. La bête elle, repue temporairement de sa douleur, de son mal-être, digérait en silence. Mais son retour semblait proche et seul l’objectif de ramener Saery sauve au Temple guidait ses pensées.
- HRP:
- Coucou. Pour ce qui est de Saery, j'ai posé la question à Saï et j'attends sa réponse. S'il faut, je modifierai en conséquence.
J'ai mis du coeur dans ce post, j'espère qu'il vous plaira et si quelque chose n'allait pas, dites-le moi !
Puis tout à coup, ce fût une série d’explosions qui surpris les trois, peut-être quatre, protagonistes présents. Presque aussitôt le plafond l’infrastructure s’écroula, piégeant ou tuant ceux qui avaient le malheur de se retrouver sur les points de chute des lourds gravats.
C’était désormais le noir complet pour le félin, dont les oreilles s’étaient plaquées contre son crâne suite au bruit assourdissant de la frappe orbitale et de l’écroulement des débris. Quand il se réveilla, tout ses sens étaient chamboulés. Sa respiration était haletante, sa poitrine qui se gonflait le faisait souffrir au niveau de sa large blessure. La voix complètement enrouée, il en lâcha une sorte de couinement aigu et appuyé, qui ne pouvait signifier autre chose que de la douleur intense.
Cherchant à reprendre une respiration normale, il inhala également en grande partie de la poussière qui le fît aussitôt tousser si fort, qu’il eut bien l’impression que sa cage thoracique prenait en feu. Par réflexe, un peu stupide il faut le dire, il tapota aussitôt son torse avec ses deux mains. Ce qui n’eut, bien entendu, aucun effet. Mais le manque d’air lui, ne faisait que croître et lui faisait faire non seulement n’importe quoi, mais également paniquer. Il semblait avoir perdu tout sens des réalités et même son lien avec la Force, ne parvenait plus à ressentir les sensitifs autours de lui.
Très rapidement, il put cependant se rendre compte qu’aucune partie de son corps n’était piégé. Il devait y avoir une étoile qui veingait sur lui, là-haut, dans cette infinie galaxie pour qu’il s’en sorte encore une fois. Mais il n’était pas sorti d’affaire, loin de là. Sur l’instant, le Souma semblait tout simplement être prit au piège et comme emmurer vivant. Était-ce vraiment une chance que de finir comme ça ? Autant mourir sur le coup, comme les autres se disait-il.
Malgré la perte de certains de ses sens dont l’ouïe qui était tout simplement hors d’usage pour le moment entre l’amas de poussière qui devait se trouver dedans et le brouhaha continuel depuis son réveil, son instinct de survie lui était encore bien présent. Allongé de tout son long sur le sol, ses vibrisses retrouvèrent très légèrement leur utilité. Suffisamment pour qu’il descelle une sorte de faille dans la pierre, peut-être une sortie ! Impossible de retrouver la direction cependant, et ce fût à l’aveugle qu’il réussi à se glisser jusqu’à cet endroit qu’il pensait être le bon, celui où commençait cette sorte de cheminée qui le mènerait droit vers la sortie.
Cependant il était toujours dans le noir complet et ses vibrisses fonctionnant de façon hasardeuse, il ne lui restait plus qu’à tâté autours de lui pour essayer de s’orienter et se diriger. Après quelques minutes à toucher un peu dans tous les sens, il pût enfin commencer sa longue ascension extrêmement étroite. Pour tout dire, il n’y avait peut-être que les félins pour être capable de se contorsionner ainsi malgré le fait qu’ils soient composés d’os. A de nombreuses reprises, forcément il se vit obligé de comprimé son torse pour passer par des issus extrêmement étroite, s’arrêtant parfois pour contrer comme il le pouvait la douleur en reprenant son souffle, respirant le plus calmement possible.
Relevant la tête après s’être arrêté quelques minutes, il remarqua un contraste, en croyant apercevoir une file lumière blanche. Un sourire s’afficha alors inexorablement sur le visage de Souma et aussitôt, il prit appui sur ses jambes et ses bras pour se hisser le plus rapidement possible en surface. Peut-être parviendrait-il a survivre une fois de plus alors que la situation n’était pas du tout à son avantage, après tout…
Finalement après de longues minutes d’ascension, qui lui parurent une éternité, il pût enfin atteindre cette lumière blanche. Aussitôt il y essaya de forcer le passage en poussant de toute sa force avec sa main, mais tout au mieux il ne faisait que bouger très légèrement la pierre. Soupirant et se crispant de douleur encore une fois, son ouïe sembla revenir et il crut entendre quelqu’un sur les gravas non lui de lui. Aussitôt il passa sa seule main qu’il avait encore pour essayer de faire signe, sans chercher à savoir ce qui se trouvait en dehors d’ailleurs. En espérant qu’il n’avait pas simplement cru entendre un bruit !.[/center]
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L’énergie pure, concentrée, transperçait difficilement la porte renforcée. Des étincelles en jaillissaient et frappaient la peau de Lauren de petites brûlures. Les courbatures, la chaleur insistante et cette ouverture qui ne semblait jamais s’agrandir jetaient des impatiences dans ses membres ankylosés, parcourus de désagréables fourmillements. De temps à autre, la jeune padawan lançait des regards inquiets en direction de la Jedi. Elle l’avait allongé sur le flanc droit, prévenant d’éventuels problèmes, et avait sommairement calé sa tête sur une pierre arrondie, à défaut de mieux. Lauren la sentait dorénavant à travers la Force, présence paisible fondue dans l’essaim de formes de vies paniquées. Parfois, certaines disparaissaient. Pragmatique, elle obstrua le flux permanent qui lui parvenait, mêlant détresse et souffrance. La bête, le taureau, l’insidieuse culpabilité, son corps meurtri ; David contre Goliath.
Armée de sa résilience, elle poursuivit, millimètre par millimètre dans ce qui serait la première étape de sa fuite. L’arme chimique se rappela à elle. Toujours saisie du sabre, Lauren tordit son cou. La porte du laboratoire était à moitié ensevelie sous les gravats. Une infime partie du verre transparent qui subsistait, apparemment en état, laissait deviner l’intérieur, intact. Elle voulait s’en éloigner au plus vite. Le relatif silence sifflait dans ses pensées décousues. Chaque seconde qui s’écoulait lentement nourrissait la bête irrassasiable, grondante. Ses côtes, contractées par les muscles tendus, comprimaient son buste et rendaient sa respiration courte, haletante. A l’instant, Lauren combattait davantage ses démons internes qu’elle ne luttait contre l’enfer autour d’elle.
« — ai… — pen… Lau—… »
Ce cri lointain l’appelait-elle ou bien son cerveau, pris en otage par sa phobie, recherchait-il désespérément une présence, même imaginaire ? Son cœur accéléra au moment où son genou gauche, endormi, se déroba. Déstabilisée, elle lâcha le sabre qui cliqueta au sol, cheyant à ses côtés alors qu’elle dévalait les quelques marches. « Mais merde à la fin ! »
Elle s’accrocha à ce cri comme à une bouée de sauvetage.
« Oui ! Oui ! Nous... nous sommes là ! cria-t-elle en oubliant le danger. »
Puis elle se ravisa, honteuse.
« Qui êtes-vous ? hurla-t-elle à nouveau, pour la forme. »
Le sabre avait roulé plus loin, approchant le monticule difforme, ossements de l’antichambre détruite. Lauren enjamba rapidement maître Vespen, courbée vers le sabre alors qu’une mystérieuse main s’agitait devant elle. Peut-être pas si inconnue... Velue et griffue.
« Tu m’entends ? décocha-t-elle amèrement. Rentre ton bras et recule. Je vais te faire sortir de là, mais si tu t’avises d’être agressif, je serais impitoyable. – Son regard fureta à nouveau vers Saery. – Tu m’as bien comprise ? – Elle entendit un grognement. – J’imagine que derrière tes babines baveuses, t’es doué de conscience. »
Elle conclut cette phrase à demi-ton, plus pour elle que pour l’animal qu’elle s’apprêtait à libérer de sa geôle de fer. D’un geste, elle fendit la pierre en deux verticalement. Emportés par leur poids, les morceaux dégagèrent l’ouverture. Le félin en émergea en piteux état.
« Tu me pardonneras, mais j’ai pas d’eau pour moi-même déjà, dit-elle froidement. »
Elle maintenait le sabre activé dans sa griffe mécanique, seule partie de son corps insensibilisée à la douleur débilitante qu’elle affrontait à chaque instant. Dorénavant debout, elle gardait en joug son ennemi, ses yeux attirés par sa main robotique tranchée, ne l’autorisant ni à s’approcher de maître Vespen ni de la porte.
« Il y a quelqu’un ? Je suis là et... je ne suis pas seule. appela-t-elle pour s’assurer que son esprit ne s’était pas joué d’elle. »
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D’ici et d’ailleurs, de nulle part et partout à la fois, les mots heurtaient les parois métalliques calcinées. Son regard cendré, de pair avec la flamme intense qui brillait derrière, n’autorisait pas le moindre mouvement au chat. Elle entendit le sabre d’Ecktor, un jeune padawan comme elle, continuer l’œuvre qu’elle avait si lentement entamée. Pouvait-elle seulement prendre le risque d’emmener son ennemi avec eux ? Il pouvait à tout moment dévoiler leur position et, bien qu’elle ne craignait plus son adversaire, se révéler dangereux. Les secondes de réflexion qui s’égrainaient se déduisaient de son précieux temps de fuite. Quelque part, dans une pièce jouxtant ce qui avait manqué d’être son tombeau, ils entendirent un souffle sous pression puis une nouvelle explosion avant que le feu ne vienne lécher, en suivant une conduite de gaz, le plafond de la salle.
Sans prévenir, elle profita de l’inattention hébétée du Sith pour décocher un puissant coup sur sa tempe, de sa main artificielle. Son corps, qui perdit instantanément toute vigueur, s’écroula sur lui-même, inconscient, alors que ses yeux révulsaient derrière ses paupières à demi closes. Elle ne le tuerait pas, elle ne s’abaisserait pas aux abjections impériales. Elle le laisserait là, fragile, au bon vouloir de ses pairs qui jugeront son échec. Et elle se délecta même de cette pensée. Puis, rattrapée par l’urgence, Lauren reprit contact avec la réalité, le feu qui s’intensifiait, maître Vespen toujours allongée et l’aide inespérée du padawan qui s’évertuait à son tour sur cette porte.
« Non, non ! Je ne suis pas blessée, je crois. Tu vas bien ? Comment es-tu arrivé ici ? Comment nous as-tu seulement retrouvées ? demanda-t-elle expressément. »
Face à elle, un visage en sueur lui répondit silencieusement. Mutiques, ils parvinrent finalement à leurs fins.
« Recule. »
L’Echani abattit lourdement son pied, au prix de grimaces douloureuses, sur le morceau qu’ils avaient découpé, encore fumant. Un fracas, « clong », résonna dans le couloir désert. Devant eux s’ouvrait un passage, un rond d’un petit mètre de diamètre, dans lequel elle aperçut enfin le visage rassuré du jeune homme. Le soulagement se dessina sur les traits de Lauren, quelques rides soucieuses disparurent. Elle n’était plus seule.
« En tout cas, je suis vraiment contente de te voir. »
La tension, l’inconfort, l’affliction pesaient sur son corps. Ses muscles fins saillaient alors même qu’elle ne fournissait aucun effort. Il semblait lui aussi secoué quoiqu'en meilleure forme. Ce n’est qu’en l’inspectant de ses yeux fatigués qu’elle découvrir le droïde à ces côtés. Il piailla quelque salutation, arrachant pour la première fois une grimace amusée à Lauren. Elle mangea avec gratitude une ration, l'estomac pourtant noué.
« Enchanté également, petit droïde ! Tu as un compagnon humain sacrément courageux, dit-elle. »
Un fugace sourire céda vite place à sa mine fermée. Le petit astro-mécano crapahuta jusqu'à la Jedi endormie et gazouilla. Au moins, Lauren était-elle soulagée : son maître ne souffrait pas.
« Nous devons sortir au plus vite. Nous... (Elle hésita un instant.) Nous devions inspecter ce laboratoire, juste là, suspecté d’abriter des armes chimiques, mais nous avons été attaqués par deux Sith. Une Seigneur, peut-être Darth, et son apprenti. (Elle le désigna d’un geste empli d’amertume.) Mais une explosion a manqué de nous tuer alors que nous avions gagné la confrontation. Je m’en suis miraculeusement sortie et maître Vespen est seulement inconsciente. Il faut la transporter ! Tu n’es pas blessé ? Tu n’as croisé personne ? interrogea à nouveau Lauren. »
Lauren se souvenait du jeune homme, au Temple. Ils n’étaient pas amis, ils ne se connaissaient guère que pendant les entraînements, peut-être avaient-ils croisé le fer quelquefois, même. Mais de son visage émanait une force tranquille, rassurante, et l’Echani avait ressenti l’inquiétude dans sa voix lorsqu’il l’avait hélée, derrière la porte. Svelte et musclé, il se révélera d’une grande aide pour porter Saery, pensa-t-elle.
« Nous n’avons pas réussi à pénétrer dans le laboratoire. Notre mission est un échec, mais je ne veux pas mettre la vie de mon maître en danger pour un simple succès ! déclara-t-elle fermement. (Sa voix se brisa.) Je ne veux pas rester ici non plus, je veux m’en aller. »
Les larmes picotèrent une fois de plus ses paupières bouffies. Un vrai Jedi, sa mère ou maître Vespen, aurait probablement persévéré pour mener leur entreprise à bien. Cependant, sa détermination brisée ne répondait qu’à un ordre simple : survivre. Et sauver son maître. Aussi ne possédait-elle plus le courage d’affronter ses démons. L’arrivée d’Ecktor lui avait permis de venir à bout de la bête, pour l’instant. Maigre victoire, mais décisive pour s’échapper saine et sauve.
- HRP:
- Lauren n'avait pas encore ouvert la porte, j'agis donc comme si tu le faisais ! Rien de grave. Je te laisse choisir la suite, partir ou convaincre Lauren. Comme tu le sens !
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- Spoiler:
- Oups ! Merci d'avoir rectifié cette erreur
Des mercenaires ? Ici ? Arda et son centre de recherche impérial attiraient toutes les convoitises, mais que viendrait faire un mercenaire ? Echktor infiltrait-il lui aussi la planète, sa présence dissimulée à la connaissance de Saery et Lauren ? Envoyer ainsi un padawan, seul, ne représentait pas les habituelles décisions du Temple, eux qui rechignaient aux risques inconsidérés.
Lauren tressaillit inexplicablement, mais ne pipa mot et le droïde opina du chef aux propos de son maître. Désorientée par un vertige, elle s’assit sur ce qu’il restait des marches de l’escalier.
« Et les vivants en sursis, souffla-t-elle. »
Les âmes en peine, souffrantes, se rappelèrent à elle et l’envahirent renforçant paradoxalement sa solitude. D’aucuns sollicitaient vainement de l’aide, sans même le vouloir, leur être déchirant le flot de la Force d’une bouleversante clameur. A la fois si proche et si lointaine au cours de sa jeunesse, Lauren ne s’habituerait pourtant jamais à la mort, à sa présence écrasante, au néant qu’elle enfantait dans son funeste sillage.
« Décidément, vous n’avez pas eu la vie facile non plus…, se reprit-elle en s’abstenant de tout commentaire. »
Elle se retenait de se laisser aller dans ses bras, cédant égoïstement tout contact avec réalité, lorsque les mains d’Echktor se posèrent sur ses épaules avec bienveillance. L’assurance de son confrère, même feinte, adoucit à nouveau la panique qui hantait l’Echani. Le sang semblait compresser ses nerfs oculaires, irradiant son front d’un mal consistant.
Il s’approcha de Saery. Elle s’expliqua, attentive à ses mouvements, protectrice :
« De cette antichambre, il n’existe qu’une seule sortie, celle-ci. Et du laboratoire, celle-là. (Elle montra la dissuasive porte de métal, barrée d’une vitre. Ce qui restait de sa pensée cartésienne prit le dessus, dans un sursaut de vie.) Le complexe entier a-t-il été touché de la sorte ? (Il acquiesça.) Le laboratoire nous est hors d’atteinte et je te promets que ça n’est pas pour me déplaire. Peut-être vaut-il mieux enterrer cet endroit et ses secrets, non ? Nous n’avons pas besoin d’une énième arme de destruction envers des populations la plupart du temps civiles. Nous pourrons simplement demander aux Jedi ou à la République de finir de condamner ce lieu maudit. »
Elle se savait niaise et utopiste, mais elle n’avait pas honte d’exprimer ce qu’elle pensait juste. La République se gardait bien de considérer les recommandations Jedi face à leurs intérêts. Lauren se remémora les bombardements qui avaient frappé Makem Te avant son enrôlement dans l’Ordre et la disparition de son père. Ni République ni Empire n’avait besoin de l’arme que recelait ce lieu, quelle qu’elle soit. Elle campa silencieusement ses positions et soutint le regard d’Echktor qui, avec précaution, tachait de hisser maître Vespen sur ses épaules. Il capitula finalement.
Le groupe enjamba le morceau à la teinte fuligineuse, s’abaissa et, pour la première fois depuis des heures, elle posa le pied dans ce couloir démoli. Echktor, dont le souffle audible traduisait l'effort, ouvrait la marche que Lauren et le petit droïde fermaient. Lauren débordait envers lui d’une reconnaissance qu’elle ne pouvait se permettre d’exprimer pour le moment. Son inconscient refoulait ses doutes. Aurait-elle pu porter secours à son maître, s’il n’était pas arrivé ? Le droïde peinait à avancer, ces petites roues brassant parfois l’air, juché sur le rebord d’un débris avant que l’Echani ne vienne l’en délivrer. Des éboulis obstruaient certains passages que Saery et elle avaient parcourus plus tôt. L’astro-mécano poussait alors des « bips » guillerets et ils poursuivaient leur route. Par trois fois, ils avaient dû se terrer contre un mur au passage d’une escouade aux insignes impériales, désordonnée, qui n’écoutait guère que son instinct primaire de fuite. Certains portaient leurs blessés, à bout de bras.
Leur impérieuse envie de quitter les lieux, eux aussi, ne les dispensait pas de s’arrêter, à l’abri d’une pièce abandonnée ou d’un recoin sombre, pour vérifier l’état de maître Vespen jusqu’ici stabilisé.
« Je ne peux porter mon maître, entama-t-elle à leur second arrêt, mais je peux toutefois essayer de d’alléger ton fardeau autrement. »
Accroupie, elle puisa dans ses réserves d’énergie pour soulager la fatigue musculaire d’Echktor. Entre ses mains tremblantes, elle sentait la sueur de son bras. Tremblait-il, lui aussi ? Aux premiers effets de ses soins, ses muscles se délièrent sous ses doigts, temporairement libérés de la douloureuse emprise mordante. Aussitôt, Lauren s’éloigna. Elle porta ses mains sur son estomac, tordu de plusieurs violentes contractions et vomit les quelques rations qu’elle avait ingurgitées. Le taureau, opportuniste, s’était rué, toutes cornes sorties. Les yeux clos, elle s’adressa à son compagnon.
« Je… Je suis désolé, je ne pourrais le faire qu’une… ou deux fois supplémentaires…, déplora-t-elle en forçant un sourire penaud sur son visage. »
Ils filèrent aussi vite que le tolérait leur situation précaire, petit groupe éclectique et hétérogène : deux jeunes padawans dont l’une, léthargique, semblait être au bord du coma, une femme à l’allure juvénile barrée de sang et un astro-mécano au moteur ronronnant. Ils se mouvaient par automatismes, portés par leurs jambes endolories et renfrognés dans leurs pensées. Un cri bestial déchira le relatif silence. Furtivement, ils échangèrent un regard. Lauren frissonna, il fit un signe de tête, c’était sur leur route.
La poussière ambiante scintillait au milieu des flammes qui rongeaient un poste de commande, volumineux, ombre de lui-même. Il ne subsistait du fond de la pièce, un centre de contrôle, qu’un éboulement d’où perçaient les restes d’autres postes. Éclatés au sol, des morceaux de verres réverbéraient le feu comme de petites lucioles rayonnantes. Cette vision, lorsqu’ils avaient pénétré dans le lieu, avait laissé place à celle d’un soldat, probablement quadragénaire dont les jambes broyées par une massive base de données renversée laissaient écouler une flaque écarlate qui l’auréolait maintenant. Tel un mort-vivant, il agitait convulsivement ses deux bras dans leur direction et les sons qu’il éructait, morbides, ressemblaient plus à un gargouillement qu’à des paroles.
La scène éreinta un peu plus Lauren. L’horreur ne finissait pas d’emplir cette journée cauchemardesque de souvenirs atroces. La dure vérité s’imposa à elle. Il était impossible de le sauver et, pire encore, elle ne pouvait abréger ses souffrances sous peine d’user d’une énergie qui lui faisait déjà défaut : Echktor en avait besoin et leurs vies en dépendaient. Muets, pâles, ils lui tournèrent le dos, poursuivis par ses abominables cris comme une malédiction qu’il proférait à leur encontre.
Enfin, épuisés, ils arrivèrent à hauteur d’une vitre. Une vitre d’où transparaissait un soleil tombant qui rougissait le ciel, en écho au sang versé aujourd’hui. Jamais Lauren n’avait prié dans sa vie, pourtant elle pria pour que leur calvaire finisse : que les derniers couloirs qu’ils devaient parcourir, que leur chemin vers le hangar à vaisseaux, que… Et elle perdit le fil.
- HRP:
- Je me suis permis, surtout après t'avoir parlé sur la CB l'autre jour, de bien avancer notre histoire moyennant quelques raccourcis faute de temps. S'il te vient l'envie de nous créer des ennuis, dedans ou dehors, n'hésites pas ! Quoiqu'il arrive, tu es libre de tout (et tu peux jouer Lauren dans le même style).
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- Spoiler:
- J'ai pris quelques raccourcis moi aussi pour qu'on puisse arriver à la fin ^^'
Vous pouvez si vous le désirez poursuivre le sujet, afin de conclure ou de rebondir à partir de ces aventures ! Ce RP vous appartient désormais.