Torhyn Lokred
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Mains dans les poches de mon pantalon, jambes légèrement écartées, les cheveux quelque peu en bataille, et la mine renfrognée, « j’admirais » – autant que faire se peut – la vue que j’avais du dehors, depuis une des fenêtres du laboratoire. Mes yeux de saphir se perdaient devant l’étendue qui s’offrait à moi.

Kohlma…une des nombreuses lunes du système de Bogden. Située dans la Bordure Intérieure, le long de la voie commerciale hydienne, sa situation était on peut plus stratégique. C’était ma nouvelle demeure. Kohlma ne ressemblait en rien à Lorrd. J’avais sous mes yeux un paysage sauvage, constitués de montagnes rocheuses et de profonds canyons recouverts de forêts denses. Le climat était exécrable, avec des torrents de pluie qui se déversaient souvent du ciel sinistre. Il fallait vraiment le vouloir pour venir ici…Ce qui faisait de ce lieu une cachette idéale, il fallait bien l’admettre.

Je me trouvais dans un centre de recherche de petite taille, en plein cœur d’un sanctuaire ravagé par les affres temps, et les conflits sans doute. On aurait pu croire que ces ruines étaient celles d’un bâtiment qui fut important dans tous les sens du terme, tant elles étaient immenses. Ces ruines étaient situées sur un plateau rocheux, aux pentes abruptes. Tout autour de nous, une jungle épaisse, dont on m’avait fortement déconseillé de m’y aventurer seul, en raison des animaux sauvages carnivores qui la peuplaient. Une ancienne place forte probablement ? Le choix de ce lieu pour établir une base secrète n’était nullement anodin. Et c’était également pour moi, une véritable prison naturelle, ruinant les éventuels projets d’évasions qui auraient pu m’envahir.

Ce centre pouvait accueillir une quarantaine de personnes, pas plus. Quoique de petite taille, il était équipé des dernières technologies en matière de recherches scientifiques. De quoi ravir mes yeux de chercheur en médecine, et me faire un peu oublier que j’étais prisonnier sur cette lune. Darth Oracci avait pensé à tout, et je n’avais pas d’échappatoire possible, en dehors, peut-être, de voler une navette. Mais c’était sans compter sur mes gardes…et ils étaient dirigés par Darth Ganys en personne et le jeune Mee. On m’avait prévenu de ne pas sous-estimer ce jeune homme, car certes il n’avait que dix-sept ans, mais il était formé aux arts de la guerre et de l’espionnage depuis sa plus tendre enfance. Quant à Ganys…hé bien, je savais parfaitement de quoi il était capable. Cependant je dois bien avouer que notre conversation durant le voyage qui m’avait conduit à Darth Oracci, avait quelque peu adouci mon opinion au sujet du Togruta. Enfin des droïdes et quelques techniciens et réparateurs venaient compléter le joyeux tableau que nous formions.

J’avais droit à mes quartiers, assez spartiates somme toute. Pas de fioritures, un confort minimum. D’autant plus que j’étais arrivé les mains vides. Je n’avais plus rien de ma vie passée sur Lorrd. Et mon errance n’avait rien arrangée. Darth Oracci avait précisé que mon traitement me serait fourni, plus besoin de passer par des types douteux pour obtenir mon précieux médicament. Ce fut d’ailleurs une des premières choses que je fis : me constituer une trousse de secours en cas de crises. J’avais toujours sur moi mon inhalateur, certes, mais parfois il me fallait plus et une dose de bronchodilatateur en injection était nécessaire. J’avais pris soin également de glisser une dose injectable d’adrénaline, en cas de besoin, et de laisser cette trousse toujours en évidence et accessible pour une intervention rapide si nécessaire.

Lorsque Darth Ganys m’avais capturé, je ne savais trop à quoi m’attendre, cependant il m’avait bien fait comprendre que je devais me rendre utile…et apprendre à obéir si je tenais à rester en vie. Car bien sûr rien ne garantissait qu’on continuerait à m’entretenir si je venais à ne plus être indispensable. Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd, et mon cerveau était en ébullition permanente, en quête d’idées à soumettre aux Siths, et ainsi avoir toujours quelque chose à leur présenter en cas de besoin.

Je m’étais rapidement approprié les lieux, faisant l’inventaire de ce que j’avais à ma disposition, et répertoriant le matériel dont je pourrais avoir besoin pour mes futures expériences. J’étais profondément maniaque, et j’avais des habitudes. Aussi j’exigea des techniciens une réorganisation de certaines machines et appareils pour une utilisation optimale. Je réclamais une maintenance régulière, pas question de foirer un test ou une expérience parce que le matériel était défectueux. Tout ce remaniement pouvait paraître anodin en soi, mais cela me permettait de me sentir plus à l’aise et d’avoir au moins un certain contrôle dans le laboratoire à défaut d’ailleurs. D’autant plus que j’avais la désagréable impression que mes moindres faits et gestes étaient observés, et rapportés à qui de droit. C’était de bonne guerre. A moi de leur montrer que je pouvais leur être très utile, et digne de confiance, pour peu qu’ils me laissent me livrer à mes petites « expériences ».

Un droïde de protocole me sortit de mes pensées en m’indiquant que l’apprentie de « son Excellence » venait de se poser sur la lune. Décidément, j’avais bien du mal avec ce titre…Je soupirais. J’avais reçu l’ordre d’établir un profil médical complet de la jeune femme. J’eus un rapide coup d’œil à mon reflet dans l’inox d’une des armoires, je rajustais les manches de ma chemise, ainsi que ma cravate couleur prune, quand j’avisais un long cheveu blanc sur le tissu gris foncé de mon gilet de costume assorti à mon pantalon. Je le délogeais rapidement et enfila ma blouse blanche. Enfin je passais nonchalamment ma main dans mes cheveux longs, essayant de les discipliner un peu alors qu’ils retombaient en une sombre cascade sur mes épaules, agrémentés çà et là de mèches grisonnantes.

Je sortis du laboratoire, suivi de près par mon pot de colle de droïde protocolaire – vous ai-je déjà dit que je haïssais les droïdes ? – pour accueillir…comment s’appelait-elle déjà ? Ha oui…He’Thu.
Alysha Myy’Lano
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Premier Semestre de l’Année 21.573 • Kohlma, Centre de recherches secret.


« Je ne peux te dire où tu vas, car tu ne peux dévoiler ce que tu ignores. Tu vas voyager, longtemps, et là-bas, tu rencontreras quelqu’un. Cette personne t’auscultera et nous saurons si tu es en parfaite santé. Vas, mon Apprentie, dans les plus brefs délais, ta formation ne peut attendre longtemps. »

Telles ont été ses paroles, telles ont été mes actes. J’ignore où la navette me mène, Je n’ai pas entré les coordonnées, je ne peux les lire et la programmation de celle-ci me permet simplement de revenir à moins point de départ. En cas d’interception, je dois me jeter sur le bouton qui m’a été indiqué pour vider la mémoire de l’ordinateur de bord et dès lors, me considérer seule jusqu’à parvenir à retourner, en toute sécurité, jusqu’à elle. La sûreté d’un secret réside dans le faible nombre de ceux qui le détiennent. Je ne compte pas parmi eux. Tout ce qu’il m’a été dévoilé de ma destination est qu’elle se trouve en territoire républicain.

Le pire ne semble pourtant pas survenir. L’appareil subit une forte décélération alors qu’il sort de l’hyperespace. Les raies de lumière finissent de danser et la sphère de la planète apparaît, suspendue dans le firmament. Je suis surprise lorsque la navette change brutalement de direction, plutôt que de piquer vers la masse sombre, elle file vers l’une des nombreuses lunes qui s’enroulent autour d’elles. Nouveau changement de cap, je crois enfin deviner laquelle aura la préférence de l’ordinateur. J’ignore jusqu’au nom de tout ce que je vois, je ne peux m’en faire idée qu’à partir du tableau qu’elles composent, mobile étrange et sans fil, étroitement tenu par les puissances de la gravité et l’énergie des corps. Si la Force est un pouvoir, il connaît bien d’autres formes et je n’ose imaginer la destruction engendrée par qui maîtriserait pareille merveille que la gravité.

Seule durant tout le voyage, j’ai médité sur les quelques jours qui se sont écoulés depuis mon arrivée sur Korriban. Immédiatement, mes leçons ont débuté, en particulier la lecture. Moi qui n’ai toujours eu que recourt à l’oralité pour être enseigné, l’écriture me semble d’une complexité folle. J’ai eu le sentiment qu’une sorte de miracle survenait alors que je parvenais enfin à identifier, durant un exercice, l’ensemble des syllabes et phonèmes qui m’étaient proposés. La frustration, triste amie, se glissait souvent entre moi et la connaissance, heureuse de me frapper le poignet au dernier instant, m’empêchant de subtiliser ce que je pensais être mien. Pourtant, je m’obstinais. Elle nourrissait ma colère, ma colère nourrissait mon pouvoir. Le temps n’empêcherait pas mon ascension.

Alors que je pénètre l’atmosphère de la lune, je vois l’air s’échauffer contre la paroi intangible des boucliers. L’ensemble tremble un peu, puis rien. Nous filons dans l’air, de nouveau sujet à la gravité terrestre, j’entends d’autres moteurs s’actionner, pour maintenir l’ensemble dans les airs cette fois. Nous chevauchons d’abord les étendues moutonneuses des nuages avant de subitement plonger au travers. J’entends désormais la pluie battre la carlingue de l’appareil. Sous le duvet grisâtre, je découvre un monde sauvage, fait de verdure, de pics prêts à déchirer les cieux et de forêts luxuriantes. Dans les clairières, des animaux partent trouver couvert des arbres, terrorisés par notre approche. Ce n’est qu’au tout dernier instant que je devine les infrastructures soigneusement dissimulées dans cet ensemble sauvage.

Ma navette se pose enfin, d’elle-même, et m’invite à sortir. Je ne prends pas la peine de relever ma capuche pour empêcher la pluie de caresser mon visage. J’ai l’intime conviction que je n’y goutterai plus avant longtemps, une fois revenue sur Korriban. Ma tenue claire de voyage, brune et ocre, tranche un peu avec l’ensemble gris du complexe mais ne dénote pas avec les couleurs sauvages du reste de ce monde.

J’entends le cliquetis, malgré la pluie battante, des pas d’un droïde, savoure encore l’instant quelques secondes avant d’ouvrir à nouveau les yeux et de dévisager l’homme qui m’accueille. Il a passé rapidement un imperméable sur ses larges épaules, pour éviter de se retrouver dans l’état où je me trouve. Son regard me saisit mais je connais l’effet du mien et me doute que je suis aussi captive que lui. Je souris, délie mes mains que je gardais dans le dos jusque-là et me tournant vers le droïde de protocole, engage la discussion.

« Bonjour, monsieur. J’imagine que vous êtes celui que je dois voir, puisque vous m’attendiez. Entrons, j’ai l’impression que la journée ne se prête pas à la promenade. »

Je suis mielleuse, avenante et lui souris doucement malgré la pluie. S'il me présentait le bras, je le saisirais élégamment, comme une archiduchesse ne refuserait pas le bras du roi et s'y glisserait avec douceur et volupté. On a jamais rien obtenu de bon d’un homme d’abord terrorisé ; du moins pas qu’il vous mange dans la main en ronronnant, et j’ai à l’instant une terrible envie d’entendre le bel animal faire aller son larynx.
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Alors que je me demandais bien à quoi pouvait ressembler cette… « apprentie », j’étais partagé entre être agréable ou de mauvaise humeur. Perplexe, je me demandais bien ce que Darth Oracci attendait de cette sorte de bilan médical. Et bien sûr je n’avais que peu d’informations. J’imaginais que « son Excellence » voulait s’assurer que son apprentie était en bonne santé. Mais n’y avait-il pas de médecin sur Korriban ? Je voyais plutôt cela comme un test. Cette jeune personne était probablement venue pour m’éprouver, et se dépêcherait ensuite de faire son rapport à l’Umbarane.

J’accélérais le pas, la navette s’était déjà posée, inutile qu’on vienne me reprocher de l’avoir fait attendre. La porte de la base s’ouvrit pour me céder le passage tandis que j’avais attrapé un imperméable, et l’enfilait rapidement. Cette maudite pluie ne cessera donc jamais ? Je rabattis vivement la capuche, inutile que je sois totalement trempé de surcroit.

Je m’étais attendu à bien des choses…mais surement pas à un tel spectacle. La jeune femme sortait tout juste de la navette. Elle était plantée là, au milieu des trombes d’eaux se déversant d’un ciel colérique. Je fus un instant interdit devant le spectacle qu’elle m’offrait. Ses yeux fermés, elle semblait profiter du contact avec les gouttes de pluies qui venaient s’écraser sur son beau visage, et ses longs cheveux châtains. Elle ne ressemblait pas à l’image sombre et obscure que je m’étais faite d’une apprentie Sith.

Je m’avançais rapidement vers elle, toujours accompagné de mon synthétique compagnon. Elle dut nous entendre car elle ouvrit alors ses yeux…plongeant son regard dans le mien. Mes lèvres s’entrouvrirent légèrement alors que je restais ébahi. Ses yeux étaient d’un bleu aussi profond que les miens. Je savais l’effet que pouvait causer un regard aussi expressif, et pourtant, je plongeais dans l’océan de ses iris au risque de m’y perdre et de m’y noyer.

Ce n’est que lorsque le droïde se mit à décrypter les gestes de ses mains que je me ressaisis. Dans un sens je maudissais le robot d’avoir brisé le lien qui avait momentanément unis nos regards, mais d’un autre coté j’étais soulagé d’avoir été repêché par sa voix métallique. Ainsi donc elle était muette, voila qui était intéressant…finalement le fait que le Seigneur Oracci m’envoyait cette jeune femme prenait un tout autre sens.

Elle était charmante je devais bien en convenir, très agréable à regarder, une beauté différente de cette de Darth Oracci qui m’avait déjà fortement captivé. Moi qui m’étais promis de me méfier des belles femmes et de leurs blandices, surtout si elles me témoignaient de l’intérêt, me voilà servit ! Mon expérience de Lorrdien me faisait analyser ses moindres gestes, étudiant son attitude aimable, son sourire – magnifique cela dit en passant – tout cela me mettait sur mes gardes. Je me méfiais des trop belles choses… cela commençait par L’Umbarane, et cela se poursuivait avec son apprentie. Mais si je devenais désagréable avec elle, ce serait, sans aucun doute, m’attirer les foudres de « son Excellence » (je ne m’y ferai jamais à ce titre pompeux !), je devais donc être le plus courtois possible, et être le bon docteur. Aussi, ne laissant rien paraître de ma défiance (du moins physiquement, car intérieurement je me questionnais toujours), je gratifiais la jeune femme de mon plus beau sourire charmeur, faisant pétiller mon regard saphir.

Avisant la pluie qui s’acharnait sur nous, je m’approchais d’elle, la surplombant totalement, puis je retirais mon imperméable, et le posa sur ses épaules. J’avais laissé mes mains s’attarder quelques secondes, je n’avais cessé de lui sourire. Mon geste de la protéger de la pluie relevait plus de la courtoisie plus que d’une réelle utilité, compte tenu du fait qu’elle était déjà bien mouillée. Puis, tout en m’inclinant légèrement, avec élégance et bienséance, sans la quitter du regard, je lui tendis mon bras. Ma voix grave mais douce à la fois s’éleva :

- Ma chère votre présence seule illumine ce morne endroit. Comme vous pouvez le constater, la pluie fait partie de notre quotidien, venez vous abriter.

La porte s’ouvrit pour nous céder le passage, et nous mettre à l’abris dans le hall du centre. Je retirais délicatement l’imperméable des épaules de la jeune femme, j’ôtais également ma blouse blanche et jetait le tout à la tête de l’androïde protocolaire qui se dépêcha de tout mettre à sécher, pour nous rejoindre. J’eus une moue agacée en le voyant se planter à nos côtés…j’aurai préféré être seul avec la jeune femme…Mais pour une fois ce maudit droïde allait avoir son utilité, car la jeune femme et moi serions incapables de communiquer sans lui, je ne maîtrisais absolument pas le langage des signes, et sa voix semblait morte au fond de sa gorge délicate…enfin je verrai cela le moment venu par de plus amples examens.
Je me tournais vers la délicieuse apprentie de mon employeuse, et repris sur le même ton :

- Je suis le Docteur Torhyn Lokred, le Seigneur Oracci m’a demandé d’établir un bilan médical, afin de s’assurer de votre état de santé.

J’utilisais ma nouvelle identité, ne sachant pas à quel degré de confiance se trouvait cette jeune personne, il sera encore temps un jour, si Darth Oracci le jugeait nécessaire, que son apprentie apprenne mon véritable nom.

Toujours dans le but d’être courtois et que notre invitée se sente à l’aise, je lui proposais :

- Souhaitez-vous boire quelque chose ou vous restaurer avant toute chose ? Une serviette pour vos cheveux mouillés ?

Je me tenais à ses côtés dans une allure aussi avenante que possible – si l’on considère que mes cheveux sont trempés – guettant chacun de ses mouvements, afin d’analyser sa gestuelle quand elle me répondrait dans le langage des signes.
Alysha Myy’Lano
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Il me domine de toute sa hauteur, alors qu’il s’approche de moi, je suis obligé de lever le menton pour continuer de subtiliser son regard d’azur ; il semble avoir condamné ce monde à la pluie en dérobant au ciel sa clarté ensoleillée. Dans ses longs cheveux, se tressent l’argent et le sel. Je le devine sans peine bien plus âgé que moi, dix ans peut-être ? Quoi qu’un peu plus… Je devine les marques de la fatigue sur son teint qui commence à se parcheminer, des oies ont déjà piétiné le bord de ses yeux qu’ils arrivent à rendre rieurs en déposant son imperméable sur moi. Qu’il me protège, qu’il s’approche, j’étreins l’ennemi aussi fort que l’amant et en préfère l’ardeur. Que sera-t-il pour moi ?

« Ma chère votre présence seule illumine ce morne endroit. Comme vous pouvez le constater, la pluie fait partie de notre quotidien, venez vous abriter. »

Je lui souris et vais jusqu’à rosir doucement les joues que j’ai couverte de perle de pluie. Il est charmeur et, chose extraordinaire, je le suis aussi. Nous entrons, il me déleste de l’imperméable qui finalement ne m’aura que peu protéger alors qu’il est à présent aussi trempé que moi. L’eau, qui se glisse dans ses cheveux, lui fait comme un diadème cristallin.

« Je suis le Docteur Torhyn Lokred, le Seigneur Oracci m’a demandé d’établir un bilan médical, afin de s’assurer de votre état de santé. Souhaitez-vous boire quelque chose ou vous restaurer avant toute chose ? Une serviette pour vos cheveux mouillés ? »

J’acquiesce à toutes les propositions en feignant la même pudeur délicate que lorsqu’il m’a complimentée. Aussitôt, il envoie le droïde me chercher une serviette, ignorant son propre état. Sans lui, nous ne pouvons communiquer que des yeux. Je le fixe, le caresse, parfois détourne le regard et rougis. Je finis par regarder au-dehors, la pluie qui bat les fenêtres, les longues traînées qui forment des rivières sur les parois de verre. Je suis l’un des milliers de sillons aqueux du bout du doigt, la chaleur de ma peau trace un carcan de buée au ruisseau que je longe. Je sens qu’il n’est pas loin.

Enfin, les cliquetis du droïde se font à nouveau entendre. Je ne me retourne pas, me perd dans la contemplation poétique de cette dentelle larmoyante, l’obligeant à s’approcher pour me tendre la serviette que je prends de ses mains, frôlant ses doigts avec un sourire gêné – j’espère qu’il mettra cela autant sur sa présence que sur l’impossibilité de communiquer. Je défais le cercle d’or qui tenais jusque-là ma natte et chasse la pluie de mes cheveux. Ainsi délivré et encore humides, ils gardent le souvenir des arabesques qu’ils ont formés durant tout le voyage et bouclent doucement, encadrant mon visage marmoréen d’un délicat châtain serti d’argent liquide.

Je le regarde, fais mine de m’inquiéter de ses propres cheveux et lui tend la serviette. J’attends qu’il se sèche et enfin me tourne vers le droïde pour m’adresser à lui à travers – encore – l’un de ces immondes robots.

« Je suis transie de froid, avant toute chose, m’offririez-vous un chocolat chaud ? Je crains que si vous m’auscultiez maintenant, ainsi givrée, vous ne trouviez des résultats quelque peu inhabituels. »

De nouveau je lui souris, des lèvres seulement, et mon regard pétille du trait d’humour que je fais avant que je le détourne, rougissante alors qu’il me fixe à nouveau.
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Je ne saurai dire si ces démonstrations, tantôt charmeuses, tantôt timides étaient feintes ou non. Néanmoins cela ne me déplaisait pas, et ce quand bien même ma charmante interlocutrice interprétait le même jeu que moi.

Elle avait signifié son souhait de se sécher, j’avais donc fait signe au droïde, tandis que la jeune femme se détournais de moi pour observer le ruissellement de la pluie sur les vitres. Elle me semblait si jeune, si candide. Mais j’avais appris déjà par le passer que l’innocence n’était qu’une illusion, une utopie. De plus elle était une manipulatrice de la Force, qui sait ce qui pouvait se dissimuler sous ce joli minois.

Lorsque le droïde revint, je lui arrachais la serviette des mains, pour la porter moi-même à la jeune femme. Je m’approchais doucement d’elle, et penchant légèrement la tête je la lui tendis…En la saisissant elle frôla ma main, un agréable frisson me parcouru l’échine. Je me convainquis d’être pour quelque chose dans son trouble, et qu’elle ne pouvait tout feindre, d’autant plus que mon égo en aurait pris un sérieux coup si je n’étais plus en mesure de séduire une femme, même plus jeune que moi, et ce malgré cette obscure écume qui rongeait peu à peu mes poumons.

J’esquissais un doux sourire, et l’observait défaire cette natte qui emprisonnait ses longs cheveux. Je les regardais cascader tout autour de son visage pâle, avec de légères ondulations, conséquence de sa précédente coiffure. Elle me retendit la serviette, montrant mes propres cheveux, qui étaient dans un état lamentable. Je pris le temps de les sécher du mieux que je le pus. Maudite pluie…Je haïssais la pluie…J’étais bon pour une bonne dose de frisottis, moi qui avais déjà un sacré volume de cheveux, me voila avec une crinière férine et totalement indisciplinée. La poisse…

Les mains de la demoiselle reprirent leur danse alors que le droïde entrepris de me traduire ses propos. J’en profitais pour enregistrer ses mouvements, essayant de les associer aux mots que le droïde venait de prononcer. Elle avait de l’humour, c’était agréable, j’eus un petit rire franc. Ma voix s’éleva à nouveau grave et posée :

- Venez, prenez le temps de vous réchauffer, je ne voudrai pas que les données que j’enregistreraient soient faussées.

D’un geste je commandais à cette maudite machine de s’acquitter de la requête de notre invitée. Je lui tendis la main pour la guider vers une partie du centre qui servait en quelque sorte de salle commune. Je l’invitais à s’assoir, avisant le retour du droïde avec un chocolat chaud pour elle et un café noir sans sucre pour moi. Je la laissais profiter de l’exquise chaleur du doux breuvage qu’elle avait commandé avant de reprendre la parole, non sans savourée moi-même une gorgée de mon café.

- Bien…le Seigneur Oracci ne m’a donné beaucoup d’informations à votre sujet, je vais devoir vous poser quelques questions. Je tiens à vous signaler que je suis soumis au secret médical. Et bien que j’obéisse au Seigneur Oracci, je ne suis pas tenu de lui révéler les détails de cette entrevue.

Je voulais bien qu’elle comprenne qu’il était inutile de me cacher des choses qui pouvait avoir des conséquences médicales, pour une raison ou une autre – en l’occurrence une crainte éventuelle à l’encontre de Darth Oracci. D’autant plus que je finirai tôt ou tard par le découvrir. Je n’étais pas un être sensible à la force, et je n’entendais pas grand-chose à tout ce qui touchait de prêt ou de loin à la Force, mais je pouvais au moins me targuer d’être un excellent médecin.

J'avais mis en place un petit protocole complet qui permettrait d'en savoir plus sur cette damoiselle et son état de santé. A commencer par cette aphasie totale qui me surprenait. D'où cela pouvait-il bien provenir. Elle n'était pas sourde...le problème était donc...plus interne...En tant que médecin mon intérêt grandissait pour ce futur cas d'étude...et mes yeux brillaient d'une lueur nouvelle...la curiosité m'avait gagné.

Je repris une gorgée de café sentant le liquide amer mais suave glisser le long de ma trachée, réchauffant progressivement tout mon corps. Je portais mon regard sur le droïde…J’allais devoir redoubler d’attention, et apprendre le langage de ma future patiente si je voulais me débarrasser de cette foutue boite de conserve ambulante.
Alysha Myy’Lano
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« – Venez, prenez le temps de vous réchauffer, je ne voudrai pas que les données que j’enregistreraient soient faussées. »

Il intime au majordome mécanique d’assouvir mon désir de douceur puis me tend sa main pour m’inviter à venir vers lui mais, feignant de ne pas comprendre, j’y glisse le bout de mes doigts comme le ferait une sublime princesse des Lunes de Iego. Si proche, je sais mon parfum s’envoler en effluves feutrées jusqu’à lui et lui souffler des rêves exquis ; je n’ignore pas que sa fragrance boisée m’atteint aussi, j’y goûte comme on goûte un sorbet nouveau, laissant les odeurs fondre et glisser en moi comme s’écoule le temps dans la clepsydre.

Il me dépose sur un fauteuil sobre, aux accoudoirs hauts et pleins, comme on dépose une fleur au bord du route espérant qu’elle reprenne racines pour plus longtemps s’épanouir. Je croise les jambes, gagne le fond du fauteuil, joue d’une de mes mèches tandis que je dépose nonchalamment l’autre main sur mon genou. Je le regarde tantôt en coin, tantôt je le fuis. Le retour des cliquetis disgracieux marque la fin de nos dérobades. Sur un plateau en inox : deux tasses. Dans l’une tangue les flots d’ébène d’un café, dans l’autre, la mousse cotonneuse d’un nuage de crème. Je me regarde me faire servir, n’observant la tasse qu’un instant, regardant par-dessus, ensuite, l’horizon azur. Je le remercie d’un sourire et d’un léger signe de tête comme s’il s’était lui-même donné la peine de cela et reviens sur l’avant de mon fauteuil pour venir prendre doucement la tasse et son dessous que je pose sur le sommet de mes jambes croisées. A l’instant, je pourrais faire l’objet d’une peinture impressionniste dont le titre, quoiqu’un peu moqueur, donnerait dans les tons « Chocolat en terrasse » ou « Douceur du quatre heure ». Quelques gouttes encore s’échappent de mes cheveux pour venir courir sur mon front, parfois. Plusieurs fois, tout au court de notre conversation, j’irai retrouver les mèches mutines pour les ramener jusque derrière mon oreille pour mieux jouer des effets de rideaux et de manche de mes sourires.

« Bien…le Seigneur Oracci ne m’a donné beaucoup d’informations à votre sujet, je vais devoir vous poser quelques questions. Je tiens à vous signaler que je suis soumis au secret médical. Et bien que j’obéisse au Seigneur Oracci, je ne suis pas tenu de lui révéler les détails de cette entrevue. »

Il est mignon, ce petit homme, qui pense pouvoir cacher à ma Dame ce qu’il désire lui tenir pour secret. Sa faiblesse, si délicatement brodée de naïveté, m’émeut presque alors que je me régale de l’amertume douceâtre d’un chocolat noir d’une grande qualité. Je repose la tasse, elle cliquète sur l’émail, je dépose le tout sur un accoudoir et répond :

« Et… Si je vous avouais vous trouver remarquablement beau, Docteur Lokred, l’information se trouverait-elle bénéficier de la même sûreté ? »

Je rougis encore et me cache derrière la porcelaine de sa tasse avant de reprendre et de soutenir à nouveau le cyan de ses yeux.

« Nous ne nous mentirons pas, Docteur, et, pour être honnête, vous ne lui mentirez pas. Si je la sers, c’est qu’elle me surpasse tout à fait et en tout point. Vous n’osez imaginer la puissance qui coule dans ses veines et combien elle fait de vous la plus belle marionnette qu’il m’ait été donnée de la voir faire danser. Mais votre air altier n’y peut rien, vous dansez, Docteur, et je danse comme vous ; à ceci près que j’aurai, un jour, la chance de couper mes fils. Pas vous, Docteur. Alors vous lui direz tout, sans avoir à prononcer un mot, car elle ira prendre en vous ce qu’elle est en droit de savoir. Et parce que je ne veux pas que vous souffriez, et parce que vos yeux caressants me ravissent comme une sœur extatique aux pieds d’un autel, je ne vous cacherai rien et ne vous demanderai de ne rien lui cacher. Nous comprenons-nous, Docteur ? »

Il ignore, qu’en réalité, je n’ai rien à lui dire pour n’avoir jamais vu un médecin, du moins, pas un seul qui ne m’est adressé directement la parole. Vaccinée, fréquemment surveillée pour s’assurer que je n’étais pas porteuse de cette peste noire que sont les IST – terribles monstres qu’un établissement comme le mien ne pouvait tolérer – les droïdes médicaux n’étaient programmées que pour donner des diagnostics et ce, à leur seul maître.

Son regard a changé. Il a quitté la curiosité pour devenir tout autre. Je ne sens pas de peur en lui, simplement une défiance comme on en ressent spontanément une devant une créature qui nous échappe tout à fait et dont on ignore encore l’exacte dangerosité. Il n’appartiendra qu’à moi de le maintenir dans cette relative ignorance. Mes doigts s’agitent à nouveau :

« Je vous en prie, Docteur, posez-moi toutes vos questions ; je m’efforcerai de répondre à toutes. »

A cet instant, il pourrait jurer avoir vu une lueur presque coquine m’effleurer les cils et à la fois, n’a-t-il pas simplement vu ce qu’il désirait voir ?
Torhyn Lokred
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Mon geste de départ était simplement une invitation à venir vers moi…mais elle l’avait transformé en une tout autre chose. Je devenais le chevalier servant, prenant la main d’une ravissante princesse, dans un geste subtil et délicat, répondant aux codes d’une stricte étiquette qui voulait que les relations sociales et amoureuses soient des plus courtoises et respectueuses. Elle jouait la jouvencelle, c’était charmant. Les arômes de nos parfums respectifs se mêlaient, sans être entêtants, c’était plutôt enivrant, une exquise sensation.

Installée face à moi, nous avions poursuivis nos échappées jouant sur nos atouts respectifs de charme et séduction. Brusquement l’ambiance grimpa d’un cran quand elle me déclara tout net me trouver beau pour minauder sur mes propos quant au secret médical. C’était ce qui s’appelait mettre les pieds dans le plat ! Le divertissement de la scène prenait un tout autre règlement, pas de mensonge entre nous. Ainsi je l’écoutais me mettre en garde sur le pouvoir du Seigneur Oracci, m’expliquant qu’il valait mieux ne rien lui cacher, car de toute façon j’en aurai été bien incapable.

Touché ! Je venais prendre en pleine face un beau rappel de ma situation…la petite futée…

Mon jargon médical avait toutefois fait son action, et j’avais à présent une information supplémentaire sur comment cette jeune personne considérait le Seigneur Oracci. Comme beaucoup d’élèves – le terme d’apprenti sonnait trop Sith à mes yeux d’autant plus que je n’étais pas encore familiarisé avec leurs traditions – elle admirait son maître et reconnaissait son pouvoir. Elle était même bien plus consciente de moi de l’étendu des capacités de Darth Oracci. Ce qui m’amena à penser que cette jeune demoiselle était peut-être plus qu’une simple apprentie. Sans doute déjà fortement initiée, et avec suffisamment de logique et de prudence pour savoir comment se comporter face à l’Umbarane. Nous étions ses marionnettes, c’était indéniable…et il était clair que je…Je stoppais net mes réflexions…arborant un sourire pour dissimuler ce que je venais de réaliser…Elle espérait se défaire de l’emprise du Seigneur Oracci. C’était ténu, mais c’était dit…elle ne se substituerait donc pas à la règle auxquels les grands Siths semblaient répondre tel un appel dans les méandres de la noirceur qui les consumait. Voila qui était intéressant.

J’avais reposé mon coude sur l’accoudoir, tandis que ma main tenait mon menton, jouant parfois avec ma barbe. J’avais encore du mal à m’y habituer. J’écoutais la voix métallique du « grille-pain ambulant », traduisant les gestes de la demoiselle, avec la plus grande attention. Peut-être cette jeune personne pourrait m’en apprendre davantage sur les incroyables dons que recelait le Seigneur Oracci. D’autant plus qu’elle venait de m’indiquer qu’elle ne me mentirait pas et que je ne devais rien cacher à l’Umbarane.

- Hé bien ma chère, vous me flattez. Je dois bien avouer que vous êtes une des plus délicieuses beautés qu'il m'ait été donné de voir.

J'avais pris soin de dire "une des" car je devais bien admettre que le Seigneur Oracci n'était pas sans reste. D'une tout autre esthétique, certes...mais nullement defavorisée. Je ne saurai même dire laquelle des deux trouvait le plus de grâce à mes yeux.

- Votre sollicitude à mon égard me touche, et je dois bien admettre que vous avez entièrement raison. Que voulez-vous...je ne suis qu'un simple médecin...Quoique l’idée de « danser » ne me déplaise nullement…tout dépend de la partenaire.


J'avais pris de parti d'accepter ses propos, et de jouer la réalité... Je ne pus m’empêcher alors de lui lancer un petit sourire taquin, mais mon regard sur elle avait changé. Elle pouvait être plus dangereuse que je ne l’aurai cru. Ce qui étayait mes soupçons quant à sa sincérité dans cette joute à la séduction. Le jeu allait se corser, et j’allais devoir redoubler de vigilance, et être plus astucieux, elle n’était pas une adversaire ordinaire. Elle avait peut-être la main dans cette partie – et il ne fallait pas qu’il en soit autrement – car elle était loin de se douter ce qui avait poussé le Seigneur Orraci d’envoyer un de ses meilleurs atouts à ma poursuite pour me capturer et me faire travailler à son service. Aucun d’entre nous sur cet échiquier n’était bienveillant…aussi les flagorneries de la demoiselle à mon encontre me faisaient sourire, j’avais peine à la croire quand elle avouait me trouver beau. J’avais toujours en tête la voix de mon ex-compagne…raisonnant sans cesse dans ma tête comme un rappel de ma crédulité à l’époque…murmurant à mon esprit « sans rancune Ryden » … Je fermais brutalement les yeux…un souvenir cuisant et douloureux…

Mais je me ressaisis en une fraction de seconde.

« Je vous en prie, Docteur, posez-moi toutes vos questions ; je m’efforcerai de répondre à toutes.»


Elle acceptait de répondre à mes questions… très bien. Je fis un signe au droïde qui s’éclipsa, tandis que je terminais mon café. Le cliquetis caractéristique se rapprocha rapidement de nous, et notre boite de conserve sur pattes revint en me tendant un datapad, dont je me saisis. J’ouvris alors un fichier et me levais de mon fauteuil, tendant l’appareil à la jeune femme, avec un sourire entrouvert, dévoilant quelque peu mes dents, et relevant mes pommettes :

- Tenez si vous voulez bien remplir déjà les formalités mondaines, nous gagnerons du temps pour la suite.


C’étaient les questions de base pour la constitution d'un dossier médical, et qui me permettront de mieux répondre par la suite aux attentes de...« son Excellence »...(toujours aussi dédaigneux de ce titre condescendant...)

Torhyn Lokred a écrit:
• Nom :

• Prénom :

• Age :

• Race :

• Antécédents médicaux :

- Troubles cardiaques : Oui /Non
- Troubles cutanés : Oui /Non
- Troubles vasculaires/sanguins : Oui /Non
- Allergies : Oui /Non
Si oui, précisez lesquelles : ……………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
- Troubles hépatiques : Oui /Non
- Troubles glandulaires/hormonaux : Oui /Non
- Troubles nerveux/épilepsie : Oui /Non
- SIDA / HIV+ : Oui /Non
- Troubles pulmonaires / asthme : Oui /Non
- Hépatite : Oui /Non
- Troubles oculaires : Oui /Non
- Tuberculose : Oui /Non
- Diabète : Oui /Non
- Cancer : Oui /Non
- Autre maladie(s) ? ………………………………………………………………………
- Prenez-vous des médicaments ? Oui /Non
Si oui, lesquels : …………………………



Laissant la jeune femme avec mes questions, je me tournais vers le robot et lui demanda sévèrement :

- Tout est prêt ?

Il inclina doucement le haut de son corps de métal et me répondit avec déférence :

- Oui Docteur, tout a été fait selon vos instructions.


Je fis un signe de tête alors que je me dirigeais vers la fenêtre. Mains dans les poches – comme à mon habitude – je réfléchissais à la marche à suivre avec cette magnifique, et cajolante créature… J’avais cru percevoir une lueur égrillarde dans ses yeux…mais peut-être me trompais-je ? Qu’attendait-elle de moi ?


Dehors il pleuvait toujours…je ne pus m’empêcher de penser à Mee qui devait sans aucun doute parfaire son entrainement à l’endurance, et au tir au détriment de la boue et de ces torrents qui se déversaient d’un ciel en furie. Il allait finir par attraper la mort avec toute cette flotte!
Alysha Myy’Lano
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Il n’est pas plus dupe que je le suis. Nous sommes entre gens futés et j’aime cette compagnie. Il reçoit mon avertissement pour ce qu’il est et ne s’en effarouche pas. Je prends ses compliments pour ce qu’ils sont et les déposent comme un fard délicat sur mes joues. Alors qu’il m’évoque les valses que nous pourrions danser ensemble, je le sens un instant partir ailleurs et soudainement poindre une douleur. Des souvenirs, sûrement, une autre femme peut-être ? Ancienne cavalière ? Une blessure, assurément, que je ne peux ignorer ; à ma façon, je suis aussi un excellent médecin.

Un instant fugace, la douleur a passé comme une dent qui tancerait au contact d’un carré de chocolat dont on aurait négligemment retiré l’aluminium. D’un revers de main, il envoie le majordome accomplir une nouvelle tâche. Nous finissons tous deux, en silence, de boire. Nos regards se croisent souvent, il est difficile de dire qui des deux se sent la proie, qui des deux se sent le chasseur ; ou plutôt, qui des deux se sent le chasseur le plus féroce. Il me montre les dents, j’ai presque envie de grogner pour lui répondre.

« Tenez si vous voulez bien remplir déjà les formalités mondaines, nous gagnerons du temps pour la suite. »

J’ignore absolument ce dont il peut bien me parler, mais je lui pardonne volontiers s’il peut continuer à battre du cil avec tant d’élégance. La lecture est encore un concept tout à fait neuf pour moi, si bien qu’il me faut un temps infini pour comprendre le moindre mot, associé les syllabes et, souvent, me rendre compte que je ne sais absolument pas répondre à la moindre question – du moins la grande majorité me survole de très haut. Je laisse cependant échapper un rire lorsque j’arrive au bout de ce mot : gl-an-d-u-l-ai-re.

« Docteur, je vous en prie, faites-moi entendre ce mot-ci. »

Toujours assise, le datapad sur mes jambes croisées, accoudées, les hanches balancées, je lui fais, sans me retourner, signe du doigt de me rejoindre. Lorsque je le sens suffisamment prêt, que son ombre me recouvre tout entière, je lui montre le mot. Je guette son visage d’en deçà, il a l’air un peu surpris mais se plie à ma demande :

« Glandulaire. »

Je ris de nouveau, lui montre toutes mes dents. Cet éclat de joie est tout à faire sincère. Tenant le datapad de ma main droite, je le retiens de partir de la gauche, déposant doucement celle-ci sur la sienne qui se trouve alors, par simple réflexe, sur le siège de mon fauteuil. Je laisse le temps se suspendre, ma chaleur infuse dans sa peau dont je goute la douceur. Une fois que je suis certaine de l’avoir figé sur place, je retire ma main et parle à nouveau.

« Docteur, je crains que nous ne devions passer beaucoup de temps ensemble. J’ignore presque absolument tout ce que vous me demandez-là ; d’ailleurs, j’apprends presque autant de mots nouveaux que ce que compte votre formulaire. Je puis cependant vous dire que je me nomme He’Thu Lhoss, que je suis une Kiffar de vingt-ans et que je ne crois pas avoir eu la moindre maladie grave jusqu’à aujourd’hui – si ce n’est ce petite souci de voix qui, vous en conviendrez, fait tout mon charme. »

Je le regarde encore du coin de l’œil, comme m’enfonçant tout au fond de mon fauteuil, soumise à son poids viril. Je ris en me mordant un peu la lèvre, à la façon d’une mauvaise élève que l’on surprendrait à n’avoir pas bien fait ses devoirs ; attitude d’autant plus surprenante que je n’ai jamais suivi le moindre enseignement, on me l’apprit pourtant puisqu’elle plaisait.

« Pour être tout à fait franche, Docteur, vous êtes le premier médecin à m’adresser la parole. Mes anciennes vies ne m’offrirent jamais ce luxe. »

Je soupire, comme au souvenir d’années de peine et mon sourire s’évanouit tandis que vient, dans mon regard, une profonde et soyeuse mélancolie. Un peu recroquevillée au fond du cuir, je me fais son nouveau-né fragile, dernière de couvée, offerte aux affres du monde et aux serres cruelles des grands aigles ; mon regard l’appel à l’aide.
Torhyn Lokred
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Je fus surpris quand elle me demanda de lire le « glandulaire » à haute voix. Il est vrai que ce n’était pas un mot qu’on employait souvent. D’autant plus que la jeune femme ne pouvais le prononcer elle-même. Je cédais donc volontiers à sa demande. Je m’étais approché d’elle, posant ma main machinalement sur le rebord de son fauteuil, me penchant légèrement au-dessus d’elle. Elle riait silencieusement du mot que je venais de répéter pour elle. Ce rire ressemblait plutôt à un souffle, me donnant une autre indication sur son aphasie…ce n’était pas symptomatique…sans quoi un son plus franc serait sorti de sa gorge délicate. Et bien que cette hilarité soit silencieuse, je la pensais parfaitement sincère, et tellement adorable, dévoilant toute ses dents.

J’allais m’éloigner d’elle quand je sentis sa main sur la mienne, me retenant, suspendant brusquement le temps, et l’espace. Ce contact m’électrisa les sens. La chaleur de sa peau se répandait en moi comme un doux nectar. Ha elle savait y faire ! J’étais figé sur place, dans un sens je me disais que si je bougeais, elle romprait le contact, et cette idée ne m’enchantais pas le moins du monde !

« Docteur, je crains que nous ne devions passer beaucoup de temps ensemble. J’ignore presque absolument tout ce que vous me demandez-là ; d’ailleurs, j’apprends presque autant de mots nouveaux que ce que compte votre formulaire. Je puis cependant vous dire que je me nomme He’Thu Lhoss, que je suis une Kiffar de vingt-cinq ans et que je ne crois pas avoir eu la moindre maladie grave jusqu’à aujourd’hui – si ce n’est ce petit souci de voix qui, vous en conviendrez, fait tout mon charme. »

Pour avoir du charme elle en avait ! Avec ou sans voix ! Mais il fallait avouer que cette aphasie qui la caractérisait lui donnait un peu de mystère supplémentaire…Une aura gracile presque éphémère. Je notais les informations qu’elle venait de m’indiquer dans ma tête.

« Pour être tout à fait franche, Docteur, vous êtes le premier médecin à m’adresser la parole. Mes anciennes vies ne m’offrirent jamais ce luxe. »

Je me demandais bien de quoi furent faites ces anciennes vies pour qu’aucun médecin ne lui adresse la parole. Avait-elle été une esclave ou quelque chose s’y rapprochant ? Cette façon qu’elle avait eu de se mordiller la lèvre, d’un air à la foi taquin et enjôleur…Elle avait reçu une certaine éducation…mais je ne parvenais pas à lier les éléments entre eux quant à sa vie passée. Mon regard se mêla au sien, j’essayais de décrypter ce qui se cachait derrière ses iris céruléennes. J’y vis alors poindre de lourds nuages, comme si elle se retrouvait brusquement assaillie d’une sépulcrale grisaille. J’avais l’impression que ses yeux me lançaient un appel à l’aide, je la sentis alors vulnérable, fragile…Et sans le moindre scrupule, je m’engouffrais dans cette brèche qu’elle me servait, volontairement ou non.

Ma main, qu’elle avait maintenue quelque minute plus tôt, vint chercher la sienne…délicatement, je l’invita à se mettre debout…Mon sourire illumina mon visage désormais si pâle. Je saisis le datapad pour le laisser glisser sur le fauteuil qu’elle venait de quitter. Nous n’en n’avions plus besoin. Et ces données qu’elle ne pouvait me donner, c’était à moi à aller les chercher.

Je n’avais pas lâché sa main, que je tenais à la manière de ces gentlemen, ne prenant que le bout de ses doigts et ne serrant nullement mon étreinte. Ace moment-là, elle se tenait parfaitement droite devant moi. Je l’observai quelques secondes, puis je l’attirais doucement à moi…et lui expliqua d’une voix grave, mais plus suave que d’ordinaire :

- Permettez que vous montre le sens de ces questions. Le mot « glandulaire » renvoi au système endocrinien. Il fabrique des messagers chimiques appelés « hormones », qui circulent dans le sang et les autres liquides corporels. Elles sont impliquées dans des processus à long terme, tel que la croissance, et contrôlent les changements survenant à la puberté. Le système glandulaire est en étroite relation avec le système nerveux.

En disant cela je lui montrais alors, posant doucement mes doigts sur le côté de son crâne, au niveau de son temporal droit…remontant doucement vers son pariétal, pour ensuite bifurquer vers son os frontal et ainsi terminer au milieu de son front. Puis dans un élégant geste, je levais nos mains et la fis pivoter dans un petit pas de danse pour la placer dos à moi.

- Votre système nerveux exerce un contrôle sur l'ensemble du corps qui se traduit par des actes volontaires ou involontaires, et des sensations qui sont conscientes ou inconscientes. Le système nerveux peut faillir en de nombreuses conditions : anomalies génétiques, traumas physiques, intoxications, infections ou simplement par l'effet du vieillissement. On distingue le système nerveux central, votre cerveau et votre moelle épinière, du système nerveux périphérique, à savoir vos nerfs et les ganglions nerveux.

Mes doigts reprirent leur chemin, illustrant mes propos, partant de la base de son crâne pour descendre le long de sa colonne vertébrale, longeant chacune de ses vertèbres, abritant sa moelle épinière…un geste à la fois anodin, et pourtant tellement sensuel.

- Parmi les organes importants, nous avons les poumons, mais aussi le foie qui lorsqu’il est atteint entraine des troubles hépatiques, sans oublier le cœur…

J’avais rabaissé ma main, sans lâcher les doigts d’He’Thu, ma deuxième main avait poursuivis son cheminement jusqu’à sa taille, que je saisis pour l’attirer plus vivement à moi. Elle était à présent collé contre moi, alors que mes doigts avaient atteint l’emplacement de son foie…puis remontèrent jusqu’à ses poumons, se contentant de passer par son sillon inter-mammaire, pour achever leur course sur l’emplacement de son cœur. Je marquais un arrêt. Je respirais son parfum enivrant, tandis que des mèches de ses cheveux encore un peu humides, vinrent caresser mon visage. J’avais eu un petit pincement lorsque je mentionnais les poumons, n’imaginant pas dans quel état pouvait être les miens.

J’aurai pu la garder ainsi bien plus longtemps dans mes bras, mais je savais que dans le charme et la séduction tout était dans le subjectif et la subtilité, aussi je la refis pivoter doucement, la gardant cependant assez près de moi. Plongeant mon regard dans le sien, je terminais mon cours :

- Certaines maladies ne sont pas forcements détectables de suite, restant en latence, attendant leur heure…Il suffit pour cela d’un changement d’environnement, de contexte, une autre vie.

Disant ces mots je posais délicatement mon pouce sur ses lèvres fines, tandis que le reste de ma main enlaçais son beau visage. Sa peau était douce et fine comme de la porcelaine. Puis je fis glisser mon pouce vers son menton, et descendis le long de sa gorge stoppant au niveau d’une petite dépigmentation, comme une légère griffure faisant un faible sillon blanc. J’avisais cette petite cicatrice…y avait-il une raison entre cette fine marque et son aphasie ?

Finalement je m’inclinais doucement, et lâchais ses doigts, non sans avoir, au préalable, amené sa main jusqu’à mon menton dans un mielleux baisemain.

Alysha Myy’Lano
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Au loin, on entend le bruit des sabots qui pataclopent en rythme, douce mélodie percussive du blanc chevalier qui s’élance. Mon cœur, s’il n’était si faux dans sa détresse à cet instant, bondirait alors de joie et d’allégresse à l’idée de la liberté bientôt retrouvé. D’abord, j’aurais tremblé devant le combat terrible et superbe du héros face au dragon maléfique, ensuite, je me serais précipité sur lui, le croyant mort dans cet ultime bataille, pleurant sur son corps et mon âme effondrée aurait souhaité le rejoindre dans la mort. Enfin, il se serait réveillé, comme d’un lourd sommeil, et mes larmes et mon sourire angélique l’aurait fait revenir tout à fait à la vie. S’il n’était si faux dans sa détresse.

Pourtant, je le sens bondir dans ma poitrine. Il exulte, non seulement de la joie d’être désirée, mais aussi d’allégresse en découvrant la profondeur de la personnalité de ce médecin qui, de prime abord, aurait pu sembler tout ce qu’il y a de plus frigide. Je me découvre un partenaire de jeu particulièrement habile, et je sens tout son corps en appétence et je frémis moi aussi lorsqu’il passe sur ma nuque. Très étrange tango que celui qui se fait au rythme du jargon médical qu’il me chante en guise d’accompagnement musical. Peut-être, en faisant de moi, docile cavalière, pense-t-il se faire le maître de la danse. Qu’il l’espère, qu’il le souhaite, c’est ce que j’attends de lui. Qu’importe ce qu’il peut penser pourvu qu’il le désire ardemment et que ce soit autour de moi que ses pensées gravitent.

J’entends les mots, l’importance que je mets à les comprendre me détache un peu de la sensualité de l’instant puisqu’ils m’obligent, par leur complexité, à placer entre moi et mes sens le voile diaphane mais palpable du rationnel. Le fonctionnement d’un organisme, voilà un enseignement que jamais Ifant ne m’apporta : le possédait-elle seulement ? Par leurs pratiques proches du chamanisme et leur refus d’une dépendance à toute technologie, les Sœurs du Courant Blanc s’interdisent tant de connaissances, terrifiées à l’idée de poser la main sur une poignée dont la porte les obligeraient à reconsidérer leurs croyances ridicules. Je souris. Je souris de toutes mes dents car je suis encore plus certaine de la voie que je me suis choisie et parce que son parfum m’entoure tout entière alors qu’une pointe de ses cheveux, encore sculptée par la pluie, le chatouille le front.

Cet instant fugace durant lequel j’ai constaté, de nouveau, la vanité des croyances fallanassies, m’a empêché de sentir l’ondulation dans l’humeur enjôleuse de mon guide, lorsque celui a évoqué mes poumons – dont je retiens pourtant où ils se situent. Alors que son étreinte me libère, je virevolte, mes cheveux finissant d’étendre vers lui les bras invisibles de mon parfum. Je termine mon mouvement en douceur, retrouve son contact à travers nos yeux avant qu’il ne me touche de ses mains. Ce ne sont pas les mains calleuses du travailleur mais bien la peau douce de l’homme qui, avant tout, se rend utile à la société par la puissance de son esprit. Je lui souris, comme une jeune fille qu’on toucherait ainsi pour la première fois, et laisse ses doigts sur mes lèvres, feignant de manquer une respiration, rougissant. Je remarque pourtant qu’en parvenant à ma gorge, la marque d’une ancienne cicatrice – dont les origines se perdent bien au-delà de ma mémoire – attise de nouveau sa curiosité et fait retomber, sur cet instant d’une suavité de miel, un voile d’une froideur professionnelle qui m’offre, sans que la demande, la porte de sortie dont j’ai besoin. Il s’incline, effleure ma main de ses lèvres sans la toucher – il a des convenances un sens très aiguë – et termine démonstration.

« Méfiez-vous, Docteur, il se pourrait que nous vous aimions si vous ne parvenez à nous fâcher bientôt. J’ignore ce que vous préfèreriez de nous, amour ou haine. »

Je souris, rieuse même, et sème le doute avant de revenir, sans lui laisser le temps, au sérieux qu’aurait ma venue.

« Je dois vous demander, Docteur, de m’accorder quelques instants. Je dois demander à votre droïde de me transcrire, dans ma langue, ce lexique nouveau, et terriblement drôle à mon oreille. Après quoi, nous pourrons reprendre. »

Mon visage est encore tout à fait aimable, presque cajoleur. Je lui dessine mes faiblesses, lui déploie mon ignorance, je veux qu’il se sente fort, protecteur. Je me tourne vers le droïde et avec une âpreté que peu – s’ils ne connaissent la langue des signes – sont capables de sentir, lui ordonne de me répéter mots pour mots, en signes, les paroles du Docteur. Prévu pour comprendre la langue des signes mais non pour la parler – ses servomoteurs étant bien incapables de rendre la fluidité d’un tel langage, il projette, devant moi, l’image d’une femme totalement lambda et effectue à travers elle la traduction. Il me faut plusieurs minutes pour saisir chacun des gestes dont les plus complexes me demandent plus d’attention. Lorsqu’enfin je parviens à les intégrer correctement dans mes phrases, je fais signe au droïde qu’il peut mettre un terme à la communication et reporte mon attention sur le grand ténébreux à qui je souris, une nouvelle fois, comme une élève patiente qui attend que son professeur la guide vers le prochain exercice.

    HrP • Tu te doutes qu’en réalité, je ne suis pas parvenu à trouver un jargon si complexe simplement sur YouTube. Est-ce que cela t’étonne si je te dis que la LSF, n’étant pas pratiquer par la plupart des chercheurs, ne trouvent simplement pas de traduction pour la plupart des mots complexes ? ^^ Ah… L’inclusion, quoi ! De ce que j’ai cru comprendre, dans ce cas, la plupart des pratiquants en fait, se font épeler le mot une première fois et lui attribue un geste ou, tout simplement, composer à partir d’autre signe déjà existant un nouveau mot. Quoi qu’il en soit, voilà la madame lambda avec le jargon de base qu’un(e) LSFien(ne) utilise lorsqu’il va chez son médecin.
Torhyn Lokred
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Elle était parfaitement entrée dans mon jeu alors que je la guidais dans ces quelques pas doublés d’un petit cours de médecine. Cette petite danse improvisée avait été un bon moyen de prendre le contrôle de la situation, et ainsi reprendre l’avantage dans la partie. Elle était douée et j’appréciais grandement ses qualités pour ce qu’elles étaient. Une manipulatrice, une séductrice, cela était plaisant à condition d’en rester conscient et de ne pas craquer sous les assauts répétés de ses charmes.

« Méfiez-vous, Docteur, il se pourrait que nous vous aimions si vous ne parvenez à nous fâcher bientôt. J’ignore ce que vous préfèreriez de nous, amour ou haine. »

J’esquissais un petit sourire en coin…seul l’avenir nous le dira n’est-ce pas. Elle s’était exprimée en prenant un air aristocratique, utilisant le « nous de majesté » …j’étais décidément perdu quant à sa vie passée…où avait-elle appris une telle répartie, et surtout de telles manières…

Je la regardais « mettre à jour » son vocabulaire médical, je pouvais comprendre que certains mots puissent être déconcertant quand on n’était pas initiés à la médecine. S’était valable pour n’importe quelle spécialité, cela dit en passant. Mais la médecine avait l’art et la manière d’employer un lexique aux sonorités diverses et variées, qui semblaient beaucoup amuser ma jeune compagne. Et tandis qu’elle se concentrait sur le tas de boulons ambulant j’avisais ses faits et gestes, essayant d’en enregistrer également, autant que je le pouvais en peut de temps. D’autant plus que je n’étais pas habitué à cette langue des signes. La jeune femme intégrait consciencieusement chaque mot, étendant son vocabulaire au milieu médical. C’était croquignolet...

Quand elle eut terminé, elle porta de nouveau son attention sur moi. Je revins vers le datapad que je pris, puis je fis un signe au droïde pour qu’il parte devant. Je tendis le bras à He’Thu, l’invitant à me suivre à nouveau. Je devais honorer la requête du Seigneur Oracci, qui, cela dit en passant n’était pas pour me déplaire. J’avais connu bien pire en auscultation qu’une jeune Kiffar au corps de rêve.

Nous traversâmes un couloir pour arriver au bout de la structure du Centre. Là ce trouvait le laboratoire que Darth Oracci avait mis à ma disposition. La porte s’ouvris pour nous céder le passage. Une petite odeur acide due aux effluves d’éthoxyéthane se glissa jusqu’à nous. J’invitais He’Thu à passer la première, en lui disant avec une pointe d’ironie :

- Bienvenue, dans mon petit royaume .

Ce laboratoire était le seul endroit où je pouvais être parfaitement moi-même. Posé tel un écrin scientifique au cœur de ce Centre secret, torche de lumière flamboyante dans ces sombres ruines du passé, sur ce plateau rocheux embrumé. Ce n’était pas grand, mais le Seigneur Oracci avait fait le nécessaire pour que j’y trouve un matériel de pointe. Et je comptais bien lui faire remarquer le manque de place selon les travaux que « son Excellence » me confierait par la suite.

Le laboratoire était clarteux, au vu des manipulations délicates que j’étais amené à faire, j’avais besoin de voir ce que je faisais. Tout autour de nous, des instruments de pointe disposé sur des paillasses des étagères ou rangés dans des armoires en inox (notamment pour les produits inflammables et les produits corrosifs). Du petit matériel (prélèvements, verrerie, micropipettes, balances, tubes à essais, boites de pétri, plaques de colorations, trousse à autopsie), à l’équipement plus conséquent (microscope binoculaire, centrifugeuse, agitateur magnétique chauffant, incubateur, autoclave de stérilisation), rien ne manquait. Un système de cryogénisation me permettait de mettre en sommeil certains pathogènes pour les conserver sans danger (comme le virus Rakghoul).

Au fond de la pièce qui s’étendait en longueur, se trouvait une enclave (fermant par un rideau semi opaque, à la texture épaisse, apportant une certaine intimité à cette partie de la pièce) qui réunissait tout le nécessaire pour des soins médicaux, tel qu’un moniteur de signes vitaux, défibrillateur, oxygène…j’avais de quoi ranimer, soigner, voir même opérer quelqu’un. Une porte avec un logo signifiant un danger biologique nous séparait d’un sas, accédant à une chambre de confinement sécurisée avec un système de décontamination. C’était la que se trouvait notamment une banque de pathogènes réfrigérés, voir cryogénisé pour certains.

Je conduisis donc He’Thu jusqu’à la partie auscultation. Le droïde protocolaire nous attendait, il avait préparé un vêtement plus pratique pour l’examen médical de la Kiffar : une blouse fendue et se refermait sur le coté au moyen de liens. C’était loin d’être la tenue la plus glamour, quoique…Je soupçonnais trouver cette jeune femme des plus sexy même affublée de ce simple bout de tissus stérile. Le droïde me tendis une blouse blanche que je lui échangeais contre le datapad, afin qu’il se charge de la prise de notes. Je passais la blouse, endossant ainsi mon rôle de médecin. Puis je me tournais, toujours souriant vers He’Thu :

- Très chère, auriez-vous l’amabilité de passer cette blouse médicale. Je suis désolé de vous y contraindre, mais c’est la procédure pour la suite des événements. Vous ne devez porter que cela pour passer dans le scanner tout à l’heure. Vous pouvez poser vos effets personnels sur l’autre table d'auscultation. Je vous laisse vous changer.


Je fis signe au droïde de me suivre, elle semblait ne pas aimer ces boites de conserves tout comme moi, inutile qu’il reste à ses côtés. Je tirais un rideau, et m’éloignais pour prendre place à un ordinateur près duquel reposait un terminal holographique, tandis que le droïde préparait le nécessaire pour la première phase de l’examen médical d’He’Thu. Si notre petit jeu de séduction m'amusais beaucoup, et était des plus plaisant, en tant que médecin consciencieux, le patient a toujours droit à son intimité dans ce genre de moment. Et puis...ce serait trop facile de profiter de mon statut pour justifier un certain voyeurisme...non...cela manquerait cruellement d'élégance de ma part. J’entreprenais de créer son dossier médical et ainsi etre en mesure de faire un rapport plus que détailler à Darth Oracci.
Alysha Myy’Lano
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Il m’offre son bras que j’accepte et nous marchons à travers les longs couloirs aseptisés du laboratoire de concert – comtesse et comte d’un domaine fantasmé, nos airs altiers pour seuls parures, quoique la plus inestimable selon moi. Lorsque les portes vitrées s’ouvrent, une odeur des plus désagréables investi l’air, je crois y reconnaître des effluves d’alcool mais je ne saurais l’affirmer. Mes yeux ne peuvent se poser où que ce soit sans découvrir quelque chose de nouveau et, nécessairement, de complètement inconnu pour moi dans sa valeur et son usage. Des écrans, partout, des projections holographiques, du métal, du verre, des liquides aux couleurs criardes ; parfois, sous verre, un être vivant placé là, je le devine, en observation : rongeur, reptile, autres. Je sens la mort qui en guette certains : ils en ont conscience, malgré le peu de subtilité de leurs pensées, ils sentent qu’elle rampe en eux et les dévore. Je sens cette peur primaire, la panique pour la survie. Mes yeux glissent sur les vivants comme sur les écrans, aucun ne parvient à retenir mon attention, j’évolue dans un monde trop étranger.

Sur certaines portes, des symboles que je n’ai rencontrés encore nulle part ailleurs mais dont les formes ne m’inspirent rien de sympathiques. Si mon charmant Docteur est capable de guérir son prochain, je n’ai aucun mal à comprendre qu’il est aussi très à l’aise lorsqu’il s’agit de trouver les moyens de le tuer. J’ai presque envie qu’il me susurre toutes les idées sordides dont il est le père et qu’il me fasse frissonner. Son savoir est, tout autant que la Force, une autre forme de pouvoir. Manipuler le vivant, le broyer dans la machine infernale de la recherche et le tordre en poursuivant sa propre fin ; rebattre les cartes du hasard et réordonner le moléculaire pour que sa nouvelle harmonie nous sied davantage. Un esprit aussi brillant, aussi audacieux a cette petite étincelle qui, chez moi, enflamme le brasier de mon intérêt. Alors qu’il guette ma réaction du coin de l’œil, je ne lui cache pas mon sourire.

La longue galerie des verreries se terminent sur un espace que l’on referme à loisir, à la façon d’un cocon à l’hospitalité toute relative en regard de la froideur toute laborantine qui le précède, avec un rideau aux teintes écrus. C’est précisément derrière cette cloison feutrée que nous nous rendons. Il me tendit une blouse – horrible vêtement dont les sonorités (à peine plus qu’un vague empêtrement des lèvres dans l’air craché du fond de la gorge) ne me plaisent pas plus que l’allure ; je fais la moue.

« Puisqu’il le faut… »

Je prends la blouse dans mes mains et regarde partir et l’humain et la conserve qui, sitôt qu’ils ont dépassé la frontière à peine matérielle du rideau, le tire pour, je le devine, me laisser un semblant d’intimité, pour le peu que cela a de sens pour moi. Il est le gentil médecin, je serai la patiente mutine. J’ai remarqué une lampe, au-dessus de la table d’auscultation, je l’allume et la dirige vers moi. Je sais que mon ombre est ciselé sur l’écran du rideau : son imagination fera ce que ses yeux ne peuvent faire et le fera probablement encore mieux.

Lorsque j’ai fini, je balaye l’air de ma main et le rideau s’ouvre de lui-même. Je assise sur la table d’auscultation comme une enfant perchée sur une branche, j’attends en souriant et en battant l’air de mes pieds, la lumière me dessine une aura éblouissante, avatar divin venu se jouer des mortels.

Il m’annonce ce qu’il prévoie de me faire, je dois dire si je sens douleur ou gêne. Il me fait rire, tout sérieux qu’il est, et le voilà qui fait le tour de moi, me touche, m’écoute, me fait ouvrir la bouche, regarde jusque dans mes oreilles et soudain, alors qu’il pose un cercle de métal sur ma peau nue, je me sens perdre pieds avec la réalité.

    Les pouvoirs psychométriques d’He’Thu se déclenchent au contact du stéthoscope du Docteur mais avec quelle intensité ? Un résultat entre 1 et 3 (inclus) donne une vision fugace du passé, un résultat entre 4 et 5 donne une vision plus longue, un 6 donne une vision d’une grande qualité.

  • Jet de Sagesse • Dé de Difficulté Relatif ; Résultat 3 • Vision fugace.


    Le cercle de fer blanc
    Embrasse la peau pale,
    Humide d’une femme.
    Consumés par les flammes
    Ses purs yeux d’opale,
    Fragment de son tourment.


Je n’ai entrevu le passé que fugacement mais le phénomène semble l’avoir quelque peu pris au dépourvu. Il faut dire que ce leg de mon espèce se manifeste de façon spectaculaire, à grand coup d’yeux voilés et luminescents, si bien qu’il peut laisser perplexe plus d’un spectateur. Je lui souris, fait signe au droïde de me prêter sa voix.

« Il semblerait que je ne sois pas la seule femme que vous ayez touchée avec ce drôle d’outil. Elle était belle, quoique dans un état effroyable. Suis-je plus belle qu’elle à vos yeux ? »

Bien sûr, je n’explique rien. Pourquoi le faire ? J’aime le sentir déstabilisé, lui qui se sentait si assurer depuis notre danse, le voilà qui ne sait plus sur quel tempo nous valsons à présent.
Le Masque de la Force
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Torhyn Lokred
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Lorsque nous fumes entrés je l’avais laissée observer l’ensemble. Cela pouvait paraître déconcertant, et intriguant pour quelqu’un qui n’était pas habitué à ce genre d’endroit et de pratiques. D’autant plus que les miennes étaient…borderline. Je devais pour l’instant me contenter de cobayes non-intelligents, des petits animaux, c’était primaire et cela manquait de saveur à mes yeux. Mais je n’avais de toute façon pas le choix. Mais cela ne m’empêchait pas de me refaire la main sur ces pauvres petites bêtes innocentes. Je n’avais pas pratiqué de dissection, ni même manipulé de si petites cellules depuis un long moment. Alors retrouver ces sensations du temps où j’étais encore un médecin sur Lorrd avait quelque chose d’extrêmement jouissif…Je guettais ses réactions, elle semblait présenter une certaine curiosité pour cet univers dans lequel je venais de la faire pénétrer. Mon univers…Je lui rendis son sourire.

J’avais noté sa moue quand je lui avais présenté la tenue médicale à passer. J’avais bien conscience que ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux, mais c’était nécessaire. Alors que je pianotais sur mon ordinateur, créant son dossier médical, et entrant les renseignements qu’elle m’avait déjà indiqué, je tournais la tête vers l’endroit où je l’avais laissée. La petite maligne avait allumé la lampe d’examen médical. Se créa alors sur le rideau un parfait jeu d’ombres et de lumière alors qu’elle se changeait. J’avais tout le loisir de deviner, d’imaginer son corps, ses courbes de projetant sur cet écran détourné, telles des images subtiles, ensorcelantes et pourtant tellement révélatrices. Une jolie mise en scène, la rendant encore plus désirable.

Je finalisais la création de son dossier quand elle ouvrit le rideau…alors qu’elle en était largement hors d’atteinte. Encore une manifestation des pouvoirs de la Force ? J’allais devoir m’habituer à ce genre de choses. Je m’approchais d’elle, la lumière l’auréolait de milles feus, on aurait dit une apparition angélique, comme dans les récits fantastiques. On disait que les anges étaient les plus belles créatures qui soi…un court instant je le pensais sincèrement…Mais ce n’était pas le moment. Aussi, je lui expliquais rapidement que j’allais prendre ses constantes et m’assurer dans un premier temps de son état général. J’avais ausculté brièvement son cou à la recherche de ganglion, puis j’observais ses yeux, les pupilles et leurs dilatations, ses oreilles, je lui demandais même d’ouvrir la bouche pour que je regarde au fond de sa gorge. Aucune inflammation…d’aucune sorte.

- Excellent, tout semble en ordre…voyons l’état de votre cœur.

J’avais dit ces mots avec un soupçon d’espièglerie. Me saisissant de mon vieux stéthoscope, je plaçais les embouts des tubes auriculaires dans mes oreilles, puis j’écartais doucement le col de sa tunique médicale, bien trop large pour elle, afin de poser le pavillon sur sa peau délicate. Il se passa alors quelque chose de surréaliste…vraiment j’allais croire avoir affaire à une créature divine. Ses yeux se voilèrent et devinrent luminescents, j’eus le reflexe de reculer, ne comprenant pas ce qui se passait. Puis tout redevint dans l’ordre…et elle se contenta de me dire à travers le tas de boulons :

« Il semblerait que je ne sois pas la seule femme que vous ayez touchée avec ce drôle d’outil. Elle était belle, quoique dans un état effroyable. Suis-je plus belle qu’elle à vos yeux ? »

J’étais interdit…comment cela était-il possible ? Je l’observais comme si j’avais vu un fantôme du passé…surgit de mon esprit. J’avisais mon stéthoscope…j’avais eu de nombreux patients, notamment des femmes, mais je ne savais que trop de qui He’Thu voulait parler…

- Chani….

Ma voix se mua dans un souffle. J’avais pris le risque de l’ausculter alors que je venais de lui injecter le virus Rakghoul…Mais comment cette jeune Kiffar pouvait-elle le savoir ? Était-ce un autre pouvoir de la Force ? Mon regard se posa sur He’Thu…je ne savais que penser, avait-elle vu le passé ? Ou se jouait-elle de moi ? Le Seigneur Oracci lui avait-elle parlé de ce que j’avais fait ? Ma surprise éteinte, elle fit place à une certaine perplexité…

- Que s’est-il passé ? Qu’avez-vous vu ?

Mes souvenirs s’entrechoquaient, et à la pensée de Chani, mourant dans les flammes lors du processus de décontamination, je sentis un pincement dans ma poitrine…De la tristesse ? Oui…mais pas pour ce qu’on pourrait penser…je n’’avais jamais vraiment aimé cette pauvre fille…Non j’étais dépité à l’idée de l’avoir perdue, elle et ce qu’elle représentait à mes yeux…une magnifique avancée de la Science…une évolution chez les Rakghouls…partie en fumée par la bêtise de mon mentor…J’aurai pu en apprendre tant sur elle, et la mutation qui avait fait d’elle une sous espèce de cette race…

Secouant la tête, je chassais ces souvenirs qui m’assaillaient, et observais l’instrument qui semblait avoir généré cette…manifestation…Puis je repris, d’une manière plus posée :

- Cet « outil » est un stéthoscope…il me permet d’écouter dans votre cage thoracique, votre cœur et vos poumons…J’ai eu de nombreuse patientes…mais celle dont vous parlez n’est plus de ce monde…malheureusement…

Je relevais la tête, observant He’Thu, puis je contournais la table d’auscultation, et avec un petit sourire, je me penchais pour susurrer à son oreille, tandis que ses cheveux venaient chatouiller mon visage :

- Ne vous en faites pas ma chère…sa beauté était bien différente de la vôtre…

En devenant ma créature, Chani avait atteint une toute autre beauté à mes yeux, plus bestiale, une transformation qui l’avait rendue magnifique…sous bien d’autres aspects scientifiques. Un prédateur, qui n’obéissait qu’à son instinct le plus primaire, sans complexe, ni filtres d’aucune sorte…ne répondant qu’à la dure Loi de la Vie.

Alysha Myy’Lano
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Mon trait s’est envolé, décoché sans qu’il s’y attende, et le voilà qui se fiche profondément dans son cœur qui retenait un battement encore saisi qu’il était par la stupeur de me voir si assassine – quel plaisir... Mon sourire, à cet instant, faisait de l’adorable un faible mot et du malsain un doux euphémisme.

« Chani »

Il souffle son nom comme un fleuve traîne les caillasses au fond de son lit, chacune des lettres se heurtant sur le sol rude des souvenirs. Pour avoir déclencher mon pouvoir, il faut que cette femme, cet instant, bouleversât sa vie. Je ne sais comment il le fit, je ne sais, à vrai dire, que peu de choses tant la vision fut fugace. Mais a-t-il besoin de le savoir ?

« Que s’est-il passé ? Qu’avez-vous vu ? »

Rien que mon sourire pour réponse et un doigt poser sur mes lèvres, sceau placé sur le secret. Je sens toutes les émotions qui passent en lui et la virtuosité avec laquelle il se ressaisit en réinvestissant son personnage du docteur après en avoir été brutalement sorti.

« Cet ‘outil’ est un stéthoscope…il me permet d’écouter dans votre cage thoracique, votre cœur et vos poumons…J’ai eu de nombreuse patientes…mais celle dont vous parlez n’est plus de ce monde…malheureusement… »

Les bourrasques de sentiments ont cessé de malmené son cœur, sa froide raison en est venue à bout. Il se redresse, de toute sa hauteur, et me regarde de là-haut. Il m’annonce sa mort avec la tranquillité des rubriques nécrologiques. Dans son âme, je ne sens pas un soubresaut. Si je ne pouvais rien savoir de la nature de leurs relations, une telle maîtrise m’incite à croire qu’il n’avait pour elle que peu de sentiment. Si ce n’était pas là la nature de leur relation, qu’était-elle ? Une ancienne collègue ? Son grand échec ? Je ne peux retenir un frisson lorsqu’il vient me murmurer à l’oreille, moins à cause de sa chaleur que de la malignité que je sens poindre dans sa remarque.

« Ne vous en faites pas ma chère…sa beauté était bien différente de la vôtre…

« La différence m’importe peu, je veux lui damer le pion, Docteur, et vous marquez comme elle n’aura pas su le faire. »

Ce que j’aime, avec ces saillies insolentes, c’est qu’elles ne voulaient jamais rien dire sinon très exactement ce que chacun souhaitait qu’elles disent. Je ne peux plus le regarder sinon en coin à présent qu’il se trouve dans mon dos. A nouveau, je sens le contact froid du métal mais rien ne me vient plus spontanément. Dommage… Je désire ardemment d’en savoir plus long sur son histoire. Plus tard, peut-être ? Il continue d’écouter mon cœur, me demande de respirer. Je ris de nouveau, je n’ai jamais connu ce contact et il m’amuse beaucoup. Je sens parfois ses mains en contraste chaleureux de l’acier, j’ignore ce qu’il entend mais cela m’intrigue beaucoup.

« Alors, Docteur, est-ce que ce que vous entendez vous convient ? Je m’en voudrais de vous décevoir après une introduction aussi charmante. »
Torhyn Lokred
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J’étais parvenu à reprendre le contrôle de moi-même assez rapidement, quoique le fait d’avoir été à ce point pris de court me désappointait fortement. Elle avait passé mes barrières par un moyen détourné dont je ne savais rien. Et le pire dans tout cela c’est qu’elle refusa de me répondre, se contentant de poser son doigt sur ses lèvres, véritable rempart du secret qu’elle sécurisait en elle…

La garce !

Je ne savais donc pas ce qu’elle avait vu, ni comment cela avait pu être possible. Mais je finirai bien par découvrir ce qu’elle m’avait fait, quitte à questionner le Seigneur Oracci en personne. Car l’idée que sa délicieuse apprentie puisse ainsi se promener dans mes souvenirs, mon passé, et les utiliser, les retourner contre moi-même n’était pas de bon ton pour moi…ni pour Darth Oracci dans un sens, surtout si la donzelle prévoyait un jour de se retourner contre son maître. J’avais intérêt à me protéger contre les pouvoirs des Siths, du moins autant que faire se peut.

Alors que je poursuivais mon auscultation par l’écoute de sa cage thoracique, elle répondit :

« La différence m’importe peu, je veux lui damer le pion, Docteur, et vous marquez comme elle n’aura pas su le faire. »

Un sourire sadique s’esquissa sur mes lèvres pincées. J’avais bien une idée pour exaucer le souhait que la jeune Kiffar venait de prononcer. Mais je n’avais pas l’élément essentiel pour cela…Le virus ne faisait pas encore parti de mes nouveaux jouets dormants sagement…attendant l’heure que je les réveille pour les exploiter au maximum de leur potentiel.

J’écartais une mèche de ses cheveux, avisant la peau délicate de son cou, une injection bien placée en cet endroit et nous serions rapidement fixé…Dommage…Ma voix retentie alors, avec une pointe de déception :

- Cela vous sera difficile ma chère, mais qui sait…vous pourriez y parvenir.

Que cette jeune personne remercie le Seigneur Oracci, ou la Force ou qui elle voulait, de ne pas être tombée entre mes mains pour une autre raison qu’une simple visite médicale…Je me demandais quel impact pouvait avoir mes « enfants » sur un manipulateur de la Force…cela pouvait être intéressant. Cependant bon nombre de mes pathogènes avaient des conséquences néfastes sur l’apparence de mes victimes. Alors que j’effleurais la peau parfaite d’He’Thu, je ne pouvais m’empêcher de penser que ce serait un beau gaspillage de sacrifier une telle beauté. Mais que ne ferais-je par amour…de la Science.

Je remis les embouts d’écoute du stéthoscope dans mes oreilles, je saisis un tensiomètre. C’était un vieux modèle, car je n’aimais ces nouvelles machines qui simplifiaient, certes, l’analyse de la pression artérielle, mais qui ne fonctionnaient qu’une fois sur deux. Je n’avais confiance qu’en mon expertise, et l’écoute des bruits de Korotkoff n’était pas une méthode difficile à appliquer, si on prenait le temps de la faire correctement. Et c’était cent pour cent fiable… à condition de savoir ce que l’on faisait…Et puis il fallait bien avouer que j’étais de la vieille école…Je plaçais donc le brassard du tensiomètre sur son bras, sur le passage de l’artère brachiale. Puis je plaçais mon stéthoscope entre sa peau et le brassard qui se gonfla…comprimant le bras d’He’Thu. Les yeux rivés sur le cadran du manomètre, je calculais…120 pour la systolique, 65 pour la diastolique. C’était parfait.

Dans son dos, j’avais écarté le coté de sa chemise médicale, pour poser mon stéthoscope sur elle, espérant qu’elle ne puisse rien déceler de nouveau. Se faisant j’écoutais l’intérieur de son corps, fermant les yeux je me concentrais sur les bruits de ses organes. Ses poumons produisaient un doux murmure vésiculaire, reflet de l'entrée d'air dans les poumons. Il n’y avait aucun bruit adventice me permettant ainsi d’écarter toute maladie pulmonaire ou pleurale. Je me concentrais…pas question de passer à côté de quelque chose sous prétexte que ma patiente était indisciplinée. Elle semblait profondément amusée par cette auscultation, elle n’avait pas dû en subir beaucoup.

« Alors, Docteur, est-ce que ce que vous entendez vous convient ? Je m’en voudrais de vous décevoir après une introduction aussi charmante. »

Décidément…elle était vraiment dissipée. J’eus un petit soupire, et lui répondis doucement :

- Ne vous inquiétez pas très chère. Tout est parfait…Nous allons pouvoir passer à la suite.

Je rangeais mon stéthoscope, je verrais la suite au scanner. Et puisque qu’on parlait de cela, je me tournais, ouvrant un tiroir dans le dos de la jeune femme. Je cherchais le produit de contraste, qui me permettrait de mieux distinguer l’intérieur de son corps visuellement cette fois, grâce à l’imagerie médicale. Pour l'imagerie par rayons X, comme le scanner médical que j’avais à disposition, sont utilisés des produits de contraste iodés hydrosolubles. Ils absorbent fortement les rayons X et permettent de « blanchir » un réseau vasculaire ou certains organes.

Au moment où j’allais saisir la seringue de produit, j’avisais, tout à côté, une autre injection…du Lorazepam…en quantité suffisante pour endormir la jeune femme, et l’avoir à ma merci…Le doute me pris subitement, j’avais la main tendue au-dessus des deux produits, hésitant sur ce que j’allais faire. Serrant les dents, en proie à une terrible incertitude je me sentis alors plonger dans les sombres abysses qui obscurcissaient mon âme. Les visions de mon passé, tout comme les images de mes victimes, de mes cobayes, y étaient enfouies, alimentant mes pulsions bestiales. J’entendais leurs cris de douleurs, me suppliant de les achever. Je me nourrissais de leurs souffrance, ignorant toute clémence, ou sentiment de mansuétude. J’entretenais ainsi ce que certains appelaient ma folie, et que moi je nommais, génie. Cet instinct féroce et cruel était canalisé en moi, enfermé au plus profond de mon esprit, véritable Tartare sinistre, attendant son heure pour ressurgir.

Cependant, cette incertitude ne dura que quelques secondes, ma raison l’emporta sur mes élans défaillants et barbares. Et je revins face à He’Thu, lui montrant la seringue, et lui expliquais :

- Ceci est un produit de contraste, il s’injecte dans vos veines, et va renvoyer des images plus nettes avec le scanner. C’est sans danger.

Je lui décrochais un sourire enjôleur, et désigna la porte avec le logo « Danger Biologique ». Nous n’avions pas eu la place de placer le scanner ailleurs, mais c’était sans importance pour la machine, les pathogènes étaient sans danger pour ses composants. J’espérais grandement qu’une rénovation des parties avoisinantes mon laboratoire serait rapidement rénovée pour dispatcher plus logiquement certains appareils médicaux.

- Une fois l’injection faite, je vous emmènerai à l’imagerie médicale. Ce sera rapide, et sans douleur, je vous le promets.

Je tendais la main pour qu’elle daigne y glisser son bras.
Alysha Myy’Lano
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Alors qu’il continue de faire aller son stéthoscope dans mon dos, je sens un certaine excitation s’éveiller en lui. J’ai vu juste, cette femme l’a marqué mais pas à la façon dont une maîtresse blesse un amant et s’enfuie, le laissant seule avec son souvenir et ses larmes. Elle fut pour lui tout autre chose et je suis extrêmement curieuse de savoir comment elle sut à ce point marquer au fer blanc son esprit.

Après avoir parcourir mon corps comme un chat indécis vous traverse sans s’arrêter, il saisit une sorte de bandeau dont il m’entoure le bras avant de pomper et d’écouter à nouveau. Je n’ai aucune idée de ce qu’il cherche à entendre mais vraiment, tout cela m’amuse. Vu de l’extérieur, j’ai la sensation de me faire marabouter par un scientifique un peu fou. Peut-être est-ce exactement ce qu’il se passe.

« Ne vous inquiétez pas très chère. Tout est parfait… Nous allons pouvoir passer à la suite.

– Vous m’en voyez ravie. »

Je le sens s’écarter de moi pour gagner son matériel, je perçois son hésitation et, une nouvelle fois, l’excitation qui le gagne. J’ignore les pensées qui l’habitent mais je n’ai pas de mal à imaginer la façon dont elles se télescopent sous ce front broussailleux de savant. La sérénité revient pourtant vite et le voilà qui se présente à moi, toute seringue dehors.

« Ceci est un produit de contraste, il s’injecte dans vos veines, et va renvoyer des images plus nettes avec le scanner. C’est sans danger. »

Il me sourit. Tente-t-il d’endormir ma méfiance avec son joli minois de baron gothique ?

« Une fois l’injection faite, je vous emmènerai à l’imagerie médicale. Ce sera rapide, et sans douleur, je vous le promets. »

Il me tend sa paume ouverte, m’invitant à y déposer le bras. Je ris aux éclats, comme une enfant qui refuse de tomber dans le piège d’une blague puérile. Il me regarde, un peu décontenancé, et, avec un sourire délicieux, réponds aimablement à son interrogation – du moins mais gestes sont-ils aimables malgré la voix robotique.

« Vous d’abord, Docteur. Vous ne m’injecterez rien que vous ne vous soyez vous-même administré. Je ne connais rien des symboles inquiétants qui couvrent les vitres et les bocaux de votre laboratoire, mais je sens suffisamment la douleur des créatures alentours pour savoir que vous n’êtes pas qu’un gentilhomme. Alors, je vous en prie, Docteur, si c’est inoffensif, commencez par le tester sur vous et après je concèderai à ce que vous me touchiez. »

Le sourire, d’abord tout à fait rieur, finit un brin coquin. Ignorante, peut-être, mais pas naïve. Il est absolument hors de question que le joli barbu fasse de moi ce qu’il souhaite sans que, d’abord, j’impose quelques mesures de sécurité improvisées.

En réalité, j’en sais déjà suffisamment sur les poisons pour savoir qu’une simple question de dosage suffit à rendre n’importe quel produit létal plutôt que curatif – nombre des drogues que j’ai eues l’occasion d’administrer lors de mon ancienne activité fonctionnaient sur ce principe. Mais au moins, à sa réaction et sauf s’il parvient à maîtriser au plus haut point l’ensemble de ses émotions – ce que précisément il ne sait pas faire, je le sais – je parviendrai à juger de son honnêteté ; gardant par-là un semblant de contrôle sur la situation. Et puis… Quelque chose me dit que je vais aimer le voir enfoncer au travers de sa peau ce dard aigu…
Torhyn Lokred
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Imaginez ma surprise, alors que je lui demande simplement son bras pour injecter le contraste et qu’elle se met à rire. Je ne me savais pas si amusant…Devant mon air décontenancé, elle se décida à faire bouger ses gracieuses et délicates mains. Je les observais se mouvoir dans un ballet raffiné alors que le droïde me traduisais ses propos. Encore une fois j’essayais de lier gestes et mots. Mais devais bien avouer que la petite séance de mysticisme de tout à l’heure me taraudait encore, et j’eu du mal à me concentrer pour retenir quelque chose de concret de ce langage gestuel.


« Vous d’abord, Docteur. Vous ne m’injecterez rien que vous ne vous soyez vous-même administré. Je ne connais rien des symboles inquiétants qui couvrent les vitres et les bocaux de votre laboratoire, mais je sens suffisamment la douleur des créatures alentours pour savoir que vous n’êtes pas qu’un gentilhomme. Alors, je vous en prie, Docteur, si c’est inoffensif, commencez par le tester sur vous et après je concéderai à ce que vous me touchiez. »


Son sourire rieur se mua en quelque chose de plus malicieux…Avait-elle senti mon hésitation à l’instant ? Toujours est-il qu’elle se méfiait de moi – non pas que je lui donnais tort, mais en cet instant j’étais presque froissé qu’elle remette en cause mon honnêteté. Moi qui avais dû faire un effort surhumain pour ne pas céder à la tentation et prendre la bonne injection. Néanmoins ses arguments étaient de poids, et je la croyais bien quand elle me disais ressentir la souffrance des créatures qui me servaient de pour mes tests. Aussi ne pris-je pas ombrage de sa défiance à mon encontre. C'était de bonne guerre, et nous savions l'un comme l'autre que sous nos apparences charismatiques et amicales, nous étions dénués de scrupules.

Prenant un air faussement choqué, je pris une voix scandalisée, écarquillant mes yeux pour renforcer mon jeu d’acteur :

- Oh…ma chère…vous me peinez de me tenir en si piètre estime…vraiment…moi qui pensais que nous avions dépassé cela.


Je ris de bon cœur devant mon interprétation grotesque du gentleman blessé dans son honneur. Mes yeux pétillaient d’amusement, j’esquissais un sourire chaleureux, elle était futée, et prudente, c’était tout à son honneur. Et bien que l’envie de l’avoir pour moi tout seul comme cobaye me plaisait vraiment, je me rappelais qu’elle était l’apprentie du Seigneur Oracci. J’étais dans ce qui pouvait s’apparenter à une période de test, et je ne doutais nullement que le moindre faux-pas de ma part engendrerait des répercussions néfastes pour moi-même. Sans oublier que cette jeune personne avait des capacités qui me dépassaient pour le moment.

La seringue que je tenais ne contenait pas assez de produit pour nous deux, et jamais un médecin digne de ce nom ne piquerait deux personnes avec la même aiguille et la même seringue. Je retournais vers une armoire vitrée, et en extirpais un flacon, et pris une autre seringue vide. Je lui tendis la monodose que j’avais initialement prise, ainsi que le flacon, pour qu’elle puisse les prendre dans ses mains, et constater que l’écriture et les mots étaient les mêmes : HEXABRIX 320 (320 mg I/mL), solution injectable.

Mon sourire était léger et bienveillant. Puisqu’elle voulait que je m’injecte une dose du produit pour lui prouver qu’elle pouvait avoir confiance en moi, autant le faire correctement. Mon sourire s’élargit et se fit plus égrillard et je lui décrochais un petit clin d’œil taquin. Lentement, posément, je retirai ma blouse, la laissant choir sur l’autre table d’auscultation. Puis, j’entrepris de défaire le bouton qui retenait la manche gauche de ma chemise blanche. Avec méthode, je retroussais petit à petit le tissu, dévoilant mon bras et ma pilosité. Ce faisant, mes yeux céruléens étaient restés rivés sur He’Thu, guettant ses expressions. Je saisis le produit initial dans la monodose que j’avais voulu lui injecter. J’avisais mon artère humérale, et posait l’aiguille sur une zone où se révélait mon réseau sanguin en transparence de ma peau pâle. Un dernier regard à ma patiente, et je me décidais à piquer. Puis j’injectais le liquide que je sentis se répandre en moi, glissant le long de l’autoroute artérielle de mon corps.

Une fois l’injection terminée, je retirais la seringue, une goutte de sang perla du minuscule orifice laissée par l’aiguille. Sans prendre garde à cette larme vermillon, je mis une paire de gants à usage unique, et retournant le flacon, je prélevais la quantité nécessaire pour l’injection d’He’Thu. Même produit, même type de seringue…je n’avais rien pu ajouter, elle n’avait cessé de me regarder. Et il était impossible que j’aie pu changer le produit dans le flacon puisqu’il était neuf, et donc scellé. J’attendais que la jeune femme se décide à savoir si sa confiance en moi était suffisante pour m’autoriser à martyriser le grain de peau parfait et magnifique de son bras par une piquante pénétration.
Alysha Myy’Lano
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J’observe son manège et lui souris. Nous nous savons, l’un l’autre, d’une espèce différente de prédateurs ; nous nous connaissons les mêmes appétits carnassiers mais ce que nous ignorons, c’est toute la panoplie dont nous disposons pour mettre à mal notre proie. Je ne sais ce dont il est capable, enjôleur en blouse blanche, et tout ce qu’il me fait me dépasse. Il n’a aucune idée de l’étendue de mes pouvoirs et des fragments de souvenir que je parviendrai à lui arracher. Ce bal, où chacun de nous ne lâche pas un instant l’autre du regard, trop inquiet de ne pas voir venir la griffe acérée qui lui trancherait la gorge, m’amuse absolument. Il vivifie l’instant, étrange catalyseur, et donne à notre rencontre une saveur piquante qu’elle n’aurait jamais eu autrement.

Je lis les étiquettes qu’il me tend, H-E-X-A-B-R-I-X 320 (320 mg I/mL), s-o-l-u-t-i-o-n i-n-j-e-c-t-a-b-l-e. Un véritable charabia à mes yeux d’enfants. Si je comprends assez aisément l’idée d’injectable, solution me paraît un peu obscur et que dire du nom du produit et des chiffres bizarroïdes enfermés par les parenthèses ? Soit… Il s’injecte visiblement la même chose qu’à moi sans frémir, sans que je ne sente en lui le moindre effluve de tromperie. En me concentrant, il me suffirait de toute façon d’un instant pour purifier mon corps grâce à la Force s’il venait à tenter de me tromper.

Il retire sa blouse qu’il abandonne sur le dossier d’une chaise haute, il ne cache pas qu’il joue de séduction et je ne cache pas que son élégance me plaît. Mon sourire se fait franc lorsqu’il fait pénétrer l’aiguille dans sa peau – c’est la première fois que je goutte à cette excitation de faire profondément entrer une substance, bien qu’inoffensive, jusqu’au cœur du corps de quelqu’un. La perle rouge délicate, fossile encore frais de l’événement, cristallise dans ses éclats rubiconds l’instant. Je me mords la lèvre, comme une chipie dont on cède à tous les caprices et lui tends ensuite le bras le regard plein de défi.

« Je vous en prie, Docteur, faites votre travail. »

Sous mon sourire plus qu’enjôleur, je garde mes sens en alerte. S’il était, par miracle, parvenu à tromper ma vigilance, je serai prête à brûler dans mes veines le produit sitôt que celui-ci aurait commencé de me nuire.

Je frémis lorsque l’aiguille pénètre en moi et une nouvelle fois lorsque le liquide, aussi froid que mon sang est chaud, entre en moi et se libère dans mon réseau sanguin. Je ne le quitte pas un instant des yeux et lorsqu’il relève la tête après m’avoir – comble du mignon – posé un nuage cotonneux pour capturer ma goutte de sang, je lui flatte sa joue barbue, comme pour le remercier d’avoir été un gentil médecin, mais avec ce « on-ne-sait-quoi » de profond dans le regard qui laisse tant deviner avec si peu. Je suspends l’instant puis reprends :

« Et maintenant ? Qu’allez-vous me faire, Docteur ? »

Si dans ma tête le ton a été un peu caressant, au sortir de l’enceinte crachotante du droïde elle parait d’une froideur tout à fait cocasse et je ne sais si je dois me mettre en colère ou rire encore.
Torhyn Lokred
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Ce petit mordillement de la lèvre…ce frémissement que je ressentis quand je perçais sa peau délicate pour y répandre le produit de contraste…et ensuite sa main sur ma joue. Un frisson me parcourut brusquement, c’était grisant et j’eus une envie folle de l’embrasser, là…de suite…maintenant.

La seule ombre au tableau : les sons synthétiques produits par le droïdes alors qu’il traduisait ses gestes. Je me maudissais presque de ne pas être capable de comprendre son langage gestuel…une lacune que j’allais me dépêcher de combler.

Mais je ne devais pas céder. J’avais encore du travail, pas question de m’en détourner. J’ôtais mes gants, puis remis ma manche. M’approchant de la jeune femme, je répondis à sa question en posant mes mains sur sa taille, suffisamment fort pour la maintenir, et la faire descendre de la table. Je restais un instant les yeux dans les siens, mes mains toujours sur elle…pour finalement me résoudre à la lâcher.

- Venez ma chère.

Je la guidais jusqu’à la porte au logo inquiétant. J’actionnais la commande de la porte. Nous entrâmes dans un sas. La porte se referma sur nous, permettant l’ouverture d’une autre. Trônant au fond de la chambre de confinement, deux armoires. L’une, aux portes vitrées, était une armoire de sécurité à filtration moléculaire, permettant l'élimination des vapeurs toxiques des produits stockés, qu’ils soient corrosifs, toxiques, nocifs ou inflammables. Un tableau de contrôle permettait de surveiller les constantes des produits et de contrôler le bon fonctionnement de la filtration. L’autre armoire, ressemblait davantage à un gros réfrigérateur. Cependant, il s’agissait bien d’une armoire sécurisée, capable de combiner une température positive dans la partie de droite, et négative dans la partie gauche. Elle équipée d’un système à double portes vitrées pour contrôler le bon repos de ses hôtes. Elle aussi possédait un tableau de contrôle permettant d’inspecter les variations de température, et de régler cette dernière en conséquence. A l’intérieur, de ces deux bahuts, sommeillaient mes « enfants », de petits micro-organismes, attendant que je vienne les tirer de leur latence pour exploiter leur formidable potentiel.

Dans un angle de la pièce aseptisée, une énorme machine patientait qu’on s’intéresse à elle. C’est vers elle que nous nous dirigeâmes, je la présentais à He’Thu :

- Ceci, est un Scanner Revolution CT. Il va prendre des images de l’intérieur de votre corps qui seront basculées sur l’ordinateur qui est dans le laboratoire. Grâce au liquide que contraste que je viens de vous injecter vos organes, vos artères, vos veines votre système endocrinien, tout cela va s’éclairer sous le passage du scanner autour de vous. C’est totalement indolore.

Je l’invitais à prendre ma main pour l’aider à s’allonger sur la surface prévue à cet effet. Avec des gestes délicats, mais précis, j’ajustais sa position, resserrant ses jambes, puis ses bras le long de son corps. Mes mains parcouraient ses membres frôlant sa peau dans de subtiles caresses. Jusqu'à arriver à sa tête. Je saisis doucement le sommet de son crâne d'une main, son menton du bout des doigts de mon autre main...calant sa tête dans le bon axe. Encore une fois une soudaine envie de poser mes lèvres sur les siennes me saisit...mais je ne craquais pas... Je repris doucement :

- Vous allez passer au travers de la machine, il va falloir que vous évitiez de bouger, sans quoi cela faussera l’image. Il n’y en a pour une petite dizaine de minutes, c’est un excellent matériel, il est rapide.

Je posais ma main sur la paroi blanche du scanner, admirant la formidable technologie qu’il renfermait. Puis je posais ma main sur l’épaule d’He’Thu et esquissant un petit sourire moqueur je repris enjoué :

- Pour un meilleur fonctionnement du scanner il faut que j’éteigne la lumière…j’espère que vous n’avez pas peur dans l’obscurité.

Je me détournais vers un tableau de contrôle sur l’appareil, fis quelques réglages, je devais calibrer l'engin pour un meilleur fonctionnement. La lumière s’évanouie brusquement, cependant He’Thu était loin d’être plongée dans une obscurité totale, car les armoires dispensaient chacune une douce clarté aux tons bleutés. Je fis signe au droïde de commencer le processus tandis que je m’éloignais vers les armoires vitrées. Mains dans les poches de mon pantalon, j’attendais que le système de scan s’achève…

Comme je l’avais indiqué à He’Thu, il ne fallut que dix petites minutes pour l’ensemble de son corps soit totalement enregistré et cartographié en trois dimensions par l’ordinateur du laboratoire. Cependant, j’étais perdu dans mes pensées…admirant les flacons et les boites qui renfermaient bactéries et virus en tout genre. Il y avait aussi quelques poches de sang au cas où. Mes yeux se posèrent sur un tube de sang…le mien…attendant d’être analysé…je n’avais pas eu le courage de le faire et de constater l’avancée de l’infection qui me consumait de l’intérieur.

Les bips stridents témoignant de l’achèvement de la séquence du scanner me sortirent de mes pensées, et je revins vers He’Thu, souriant :

- Tout va bien? Tout s'est déroulé à la perfection, si nous allions voir ce que cela donne très chère ?

Alysha Myy’Lano
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Il me saisit, m’envole et… me relâche et me guide. J’ai frappé juste. Quel plaisir que cette rencontre. Nous pénétrons dans l’antre des démons, du moins est-ce que suggère les symboles inquiétants qui se déploient sur les portes vitrées de chaque sas que nous parcourons. Nous avançons parmi de grandes armoires, lesquelles éclaboussent les alentour d’une lueur bleutée et semble bien au-delà de la simple armoire à pharmacie tant elles clignotent, sur leur flanc ferreux, de diodes et d’écrans. J’ignore ce qui a besoin d’être si bien protégé, devine des flacons, ne peux les lire de si loin, n’envisage guère autre chose que le danger et le précieux qu’ils représentent : ce n’est clairement pas de l’hexabrix, cette fois.

Comme un père montrerait l’un de ses enfants, il me présente l’impressionnante machine destinée à me révéler tout entière à ses yeux. Il continue de me réciter les versets de sa science ; une artère ? certainement un genre de veine… Ou bien est-ce une veine qui serait un genre d’artère ? En tout cas, endocrinien c’est inscrit dans ma mémoire ; un rapport aux hormones et à leur production.

Après cette brève présentation, il fait de moi sa poupée de chiffon et m’amuse à nouveau. Je ne peux, ainsi réduite en marionnette, m’empêcher de penser à l’illusion de la scène : d’une pensée je lui briserais la nuque, et pourtant je semble un si fragile oiseau ainsi déposé. Sa plaisanterie finit de me faire sourire et le voilà qui s’éloigne, m’intimant l’immobilité.

Mutine presque par devoir, je reste immobile de la tête aux chevilles mais ne cessent de faire danser mes orteils à chaque luminescence qui marque le passage du scanner. Autant pour l’embêter que par curiosité de découvrir le résultat, les minutes s’égrainent et je ne peux me tourner vers lui. Je ferme les yeux et parviens à l’atteindre par d’autres sens ; lui ne sentirait certainement rien d’autre qu’une souffre sur sa nuque, moi, je peux presque me glisser dans sa tête et m’y lover comme l’aspic au fond de sa tanière ; je ne le peux pourtant pas encore, une question de temps.

En même temps que l’artiste mécanique termine son œuvre, elle émet un sifflement de contentement, comme fière d’elle-même, et attend que son père vienne lui donner ses prochaines instructions. Alors qu’il tourne à nouveau son attention vers moi, il contourne le lit sur lequel je suis allongé et fait voler ses mains expertes sur l’écran. Presque aussitôt, dans son dos, apparaît la version holographique de ma carcasse. Je lui laisse tout juste le temps de se retourner que me voilà déjà à m’accrocher à son épaule, tout contre son dos, à admirer également les fantastiques sillons qui m’habitent et le nuage blanc luminescent, résultat de mes facéties. Alors que son sourcil s’arque, comme levé par une bourrasque, je m’écarte en riant encore et en agitant les mains pour lui administrer une ravissante estocade :

« Quoi ? Vous n’aviez qu’à me ternir compagnie plutôt que de m’abandonner pour admirer vos autres travaux. Je n’ai pourtant pas feint d’être autre chose qu’une vilaine fille ; une vilaine fille, on garde l’œil dessus, sans quoi, elle fait des bêtises. »

Je ris encore, amène le rouge sur mes joues, et fais mine d’admirer à présent le modèle de moi qui plane. Quel complexité que mon corps !
Torhyn Lokred
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Je pianotais sur le cadran pour commander la projection holographique du sublime corps qui était face à moi.



[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Puis je me tournais vers l’hologramme qui était apparu. Je sentis alors la présence d’He’Thu dans mon dos, alors que sa main vint se poser sur mon épaule. Un frisson de plaisir me parcouru, électrisant mes sens et ravivant un appétit tout autre en moi. Cette fille était diaboliquement douée pour se faire désirer tout en se manifestant par de subtils signaux. Toutefois, la familiarité de son geste, comme si nous nous connaissions depuis longtemps, me faisait penser que certaines barrières s’étaient effondrées entre nous…nous rapprochant inexorablement l’un de l’autre. J’avais la sensation d’un flatteur et mystérieux souffle le long de mes cervicales…quelque chose d’à la fois agréable, mais aussi de terriblement intrigant. Un second frisson me parcourut.

Il me fallut déployer toute la force mentale et user d’une volonté de fer pour reprendre le contrôle de mes ressentis pour me concentrer de nouveau sur le sujet qui nous avait amené ici…le corps d’He’Thu, d’un point de vu strictement médical. Mon œil avisé explorait chaque partie de cette holo-projection, de temps à autre je faisais tourner l’image sur elle-même afin de changer l’orientation du corps projeté de la jeune kiffar.

Quand mes yeux se posèrent sur la zone floue, au niveau de ses pieds, j’eus un haussement de sourcils qu’elle détecta car elle se manifesta en riant, justifiant sa désobéissance à ma simple et ferme recommandation. Une vilaine fille hein…un petit sourire apparu sur mes lèvres. D’ordinaire j’aurai réprimandé mon patient, quand je donnais un ordre j’entendais qu’il soit exécuté à la lettre. Mais là…cette fille était déroutante, et c’était l’apprentie du Seigneur Oracci, ce n’était pas une bonne idée de faire mauvaise impression.

Plongeant mes yeux dans ceux de ma mauvaise élève, je saisis délicatement son menton et me penchais vers elle doucement. Puis je vins murmurer à son oreille :

- Si vous êtes une mauvaise fille…dois-je vous punir ?

Une foule d'idées se pressaient dans mon esprit dérangé sur la chose...Mes lèvres entrouvertes frôlèrent sa joue, pour ensuite se rapprocher de ses lèvres…il aurait suffi d’un simple mouvement…mais je me reculais, et mon pouce descendis de son menton vers sa gorge… Mes yeux se posèrent sur la petite cicatrice qui venait perturber la perfection de sa peau. Enfin, je me détournais de cette sensuelle et coquine petite friponne, pour me recentrer sur l’imagerie médicale.

D’un geste, j’agrandissais la zone de son cou. Sa zone glottique ainsi présentée révélait bien qu’une intervention chirurgicale était survenue dans le passé de ma patiente. J’écarquillais les yeux quand je découvris la conséquence directe de cette opération. Dans un souffle, ma voix grave s’éleva, avec une pointe de regret :

- Ho…voila donc la raison de votre aphasie. Vous voyez ici ? Vous avez subi une ablation des cordes vocales. Le son de la parole est émis lorsque l’air expiré fait vibrer les cordes vocales. Sans elles cette fonction n’est plus envisageable.

Fronçant les sourcils, je réfléchissais, il n’y avait pas moultes raisons qui justifiait une telle intervention. Passant ma main dans ma barbe, je retournais la question dans tous les sens, perdu dans les méandres de mon « palais mental », j’ouvrais des blocs de données rangés précautionneusement dans chaque recoin de ma tête…cherchant la solution la plus logique pour résoudre l’énigme qui enveloppait le passé d’He’Thu à ce sujet. Finalement, après avoir étudié toutes les éventualités, une seule retint mon attention…c’était la plus plausible compte tenu de l’âge, et de la gravité et la situation de l’intervention chirurgicale.

J’expliquais donc d’une voix posée après m’être tourné vers elle :

- Je pense que vous avez souffert d’un carcinome épidermoïde…c’est une tumeur maligne, donc dangereuse, qui est souvent localisée sur les cordes vocales. Je me tournais vers He’Thu, la mine assombris par la gravité de mon diagnostic. Cette tumeur est souvent une conséquence d’un virus particulièrement agressif. Cependant je me demande comment il a bien pu entrer dans votre organisme.

Effectivement, je songeais au papillomavirus, une maladie sexuellement transmissible extrêmement contagieuse, pouvant avoir comme effet un cancer des ORL centralisé sur les cordes vocales. Ce qui expliquait cette petite cicatrice au niveau de sa gorge.

Je portais sur la jeune femme un regard chaud et navré de devoir lui annoncer cela de cette façon. D’autant plus qu’elle ignorait ce qu’on lui avait fait. N’avait-elle pas été considérée durant son enfance ? Comme pour chasser cette nouvelle, je lui souris, et acheva mon diagnostic :

- En dehors de ceci, vous vous portez comme un charme…

Un petit clin d’œil taquin vint égayé mes propos.




Alysha Myy’Lano
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Il hésite à m’embrasser, je le sais, je le sens. Et à la fois, ce regard qu’il pose sur moi à l’idée de me punir. Beaucoup d’hommes, des femmes aussi, ont eu la même ambition – en acte comme en parole. Pourtant, je ne doute pas à cet instant que son châtiment n’est pas de la même nature que le leur.

« Un galant homme ne punit pas. Il salue l’esprit audacieux, aime et pardonne. »

Il ne relève pas. L’ai-je perdu ? Il ne s’intéresse désormais plus qu’à ma gorge et à l’entaille qui la marque légèrement, coup de ciseau malheureux de l’artiste qui sculpta mon corps marmoréen. Il veut voir au-delà de la surface et plonge en moi au travers du numérique. Ma gorge, ce qu’elle contient, s’agrandit et ses yeux parcourent en tous sens les iridescences de bleu, de vert et de rouge. J’ignore ce qu’il voit mais les expressions de son visage, accentuées par la lumière artificielle, prennent le temps, pour lui, de m’expliquer l’extraordinaire de ma situation. Est-ce si grave ?

« Ho… voilà donc la raison de votre aphasie. Vous voyez ici ? Vous avez subi une ablation des cordes vocales. Le son de la parole est émis lorsque l’air expiré fait vibrer les cordes vocales. Sans elles cette fonction n’est plus envisageable. »

Il présente la chose comme un fait. Un simple constat. Pourtant, je sens en moi une lame de fond, un mouvement intense qui me remue l’âme et la soulève à la façon d’une vague dont la démesure ne cesse de s’affirmer. J’ai un jour eu une voix et quelqu’un, quelque part, me l’a ravie. Loin, perdu dans le firmament de ses pensées, il ne remarque pas un instant la haine qui a gagné mes traits et enflamme mon regard. L’air, autour de moi, se met à vibrer, altéré par un courant impalpable. J’ai le besoin irrépressible de pulvériser mon environnement mais soudain…

« Je pense que vous avez souffert d’un carcinome épidermoïde…c’est une tumeur maligne, donc dangereuse, qui est souvent localisée sur les cordes vocales. »
La vague, sapée par l’inattendue, s’effondre et dilue sa puissance dans les tréfonds. Je ne suis qu’une ignorante, mais j’ai déjà compris quel avait été l’enjeu. Le mutisme a été, pour moi, une alternative à la mort. Lorsqu’il se retourne, je me sens terrible fatiguée, les forces qui se sont mues ont drainées leur dû ; tout un pan de ma vie se recompose et l’opération m’éreinte.
« Cette tumeur est souvent une conséquence d’un virus particulièrement agressif. Cependant je me demande comment il a bien pu entrer dans votre organisme. »

Et ne puis lui apporter de réponse. L’instant précédent, j’ai pensé être victime de la malignité des êtres et à présent, je dois comprendre avoir été en réalité sauvée ? Et ce, bien avant d’être vendue au plus offrant ? Un rempart inexpugnable se dresse lorsque je tente de porter mon regard en arrière. Je reconnais une forme de compassion dans son regard et voilà qu’il me sourit.

« En dehors de ceci, vous vous portez comme un charme… »

Sa tentative, peut-être sincère, de réconfort, sonne à mon oreille comme le crissement de la griffe sur l’acier. J’ai du mal à respirer et soudain, tout, toute cette pièce, toutes ces lumières, cette représentation de moi qui finalement ne m’apprend rien et me pose plus de questions qu’elle ne m’apporte de réponse, ce docteur, ces expériences, la souffrance alentour.

Je ne prends pas la peine d’agiter les mains, ne réfléchis plus, me contente de regagner au plus vite le sas le plus proche, en quête d’air. Les portes s’ouvrent les unes après les autres, tout juste assez vite pour suivre mon pas précipité. Je n’entends plus le cliquetis des pas du droïde, l’ai-je semé ? Ou suis-je simplement en train de perdre la réalité. En moi, les doutes se télescopent, se fracassent les uns contre les autres et, plutôt que de disparaître en poussière, envoient filer à travers mon esprit des fragments aiguës de trouble. Il me faut de l’air.

La caresse de la pluie, l’étreinte du vent. C’est avec l’affection intense que la tempête me porte que la lumière de la conscience émerge à nouveau en moi. Le cadre se plante à nouveau, je suis sur une colline herbeuse – un parc ? – et le laboratoire est en contrebas. Entre les grondements vibrants de l’orage, une plainte lancinante m’interpelle. Je me souviens vaguement avoir balayé la dernière porte qui refusait de s’ouvrir. Pas un instant je ne me suis évanouie, mon esprit saturé, après avoir conduit mon corps jusque-là, a simplement cessé de considérer l’environnement afin de pouvoir ressaisir, progressivement, le réel. D’abord les émotions qui m’habitent, ensuite mes questions, enfin, ayant traité mon identité, il ne vient que maintenant de commencer la longue tâche de recomposition du monde.

Sur ma peau, la blouse d’hôpital s’applique à créer des myriades d’arabesques lesquelles s’efforcent de sublimer mon corps plus pâle que l’albâtre. Debout, au sommet du monticule, je regarde au loin sans voir, fantomatique.

Je n’ai pas besoin de me détourner du néant pour savoir que je ne suis plus seule mais à quoi bon me retourner ? Ma solitude se porte au-delà du présentiel, il est incapable de me comprendre de toute façon : ni mon langage, ni ce qui me bouleverse. Si son expertise a pu sonder mon corps, je le sais tout à fait incapable de d’aller au-delà.
Torhyn Lokred
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J’avais posé mon diagnostic avec mon aplomb et mon détachement habituel. A la faculté de médecine, on nous apprend à ne pas tourner autour du pot pour annoncer au malade sa situation. En général les diagnostics incluant un risque de décès avaient tendance à déclencher des réactions plus ou moins violentes chez les patients. Allant du rire aux larmes, en passant par le déni ou le coup de point dans le visage…bref j’avais déjà tout eu…plus rien ne pouvait me surprendre…du moins c’était ce que je croyais.

He’Thu n’était pas mourante, elle était en pleine forme. Certes elle avait été souffrante, mais l’ablation qu’elle avait subie lui avait sauvé la vie sans aucun doute. L’ambiance s’était brutalement assombrie, j’avais senti que quelque chose n’allait pas chez elle. Elle avait changé…et pas en bien. Un court instant il m’avais semblé lire dans ses yeux un danger imminent pour tout ce qui l’entourait, moi y compris. J’avais choisi de reculer d’un pas, avisant l’armoire qui dégageait une lueur bleutée…et la capsule de gaz sévoflurane associé à du protoxyde d’azote, et qu’on utilisait pour les anesthésies…

Je la vis soudainement en souffrance, comme si elle manquait d’air et qu’elle faisait une crise d’angoisse ou quelque chose de ce genre. Elle se rua alors au dehors de la salle où nous nous trouvions, puis elle continua et sorti du laboratoire. Je restais un instant interloqué…essayant de comprendre…Observant le corps numérique de la jeune femme qui flottais sous mes yeux, je réalisais soudainement…et ne pus m’empêcher d’esquisser un rictus sarcastique :

- Hahaha…Ma chère He’Thu…vous avez donc des faiblesses…Comme c’est intéressant.

Soudain une alarme se déclencha, me tirant de mes pensées et de ma contemplation.

- Merde…Qu’est-ce qu’elle a fait cette gourde… ?

Je me ruais au dehors du laboratoire, direction le sas de sortie…il avait été forcé par je ne sais quel moyen. Je stoppais ma course dans une petite glissage, le droide protocolaire était là, prêt à intervenir. He’Thu était un peu plus loin au dehors, sous la pluie, elle semblait perdue.

Je soupirais :

- Fais chier…pourquoi je tombe toujours sur des fêlées ? J’ai l’air d’un psy ?

Re soupire…Finalement, j’endossais mon costume de chevalier servent, et me décidais à sortir chercher la demoiselle en détresse, non sans avoir pris au passage une parka sous le bras. Sitôt je mis le pied dehors que cette foutue pluie vint fouetter mon visage et en un clin d’œil j’étais trempé. J’allais m’approcher doucement d’He’Thu quand je vis arriver des droïdes de sécurité à ma hauteur. Je leur fis signe de s’arrêter :

- Stop ! N’avancez pas plus sinon je vous jure que je vous ferai balancer dans une décharge galactique en pièces détachées !

Le comlink que me tendait le droïde s’était à vibrer, clignoter et sonner dans tous les sens : c’était Mee. Bien évidemment, il voulait savoir ce qu’il se passait. Je le rassurais :

- Oui oui, tout est en ordre, la situation est normale. Non non ! C'était juste un pépin d’utilisation de la Force…Non non! Faut pas s'inquiéter de tout ça ! Tout baigne ! Oui tout va bien ici. Pourriez-vous dire à vos droïdes de sécurité de garder leur distance ! Inutile d’effaroucher davantage cette jeune femme.

Je fis un geste pour intimer au droïde protocolaire de rester également sur place et de ne pas me suivre. Ce dernier rétorqua :

- Mais…vous ne comprenez pas la langue des signes docteur…

Avec un regard noir, je lui répondis vertement :

- Nul besoin de comprendre ses gestes…ses yeux parleront pour elle…Il n’y a bien qu’un droïde pour ne pas comprendre cela…

Je m’avançais doucement en direction d’He’Thu, cherchant la meilleure stratégie pour renouer le contact rompu. Elle avait manifestement subi un choc, et ce en apprenant ce qui lui était arrivé par le passé. J’en concluais donc qu’un pan de son histoire lui était inconnu, et cela semblait particulièrement l’affecter. Je ne pouvais qu’imaginer ses sentiments sur le sujet, n’ayant pas connu ce genre de situation. En revanche, je savais ce qu’elle ressentait dans sa souffrance physique.

J’étais arrivé juste à côté d’elle. Sa blouse médicale épousait totalement et parfaitement les courbes de son corps sous l’effet de la pluie. Saisissant la parka, je la posais sur ses épaules. Je pris la voix la plus douce possible, et imprégnais mes yeux de la plus chaude et la plus réconfortante des expressions.

- Vous allez attraper la mort…Ne restez pas sous la pluie ainsi…Souhaitez-vous vous reposer dans une chambre au calme ?

En tant que Lorrdien, je savais faire ce genre de chose, utiliser le langage cinétique du corps et des expressions faciales pour faire passer un message, une émotion. En cet instant je me voulais le plus sincère du monde, le but était de récupérer un contact…même visuel…C’est pourquoi, avec la plus grande douceur, je plaçais une de mes mains sur une de ses épaules. Mon autre main attrapa son petit menton, lui faisant ainsi lever les yeux vers moi. Les yeux…ils étaient les fenêtres de l’âme comme on disait…Plongeant au plus profond de ses iris, je tentais de décoder en cet instant ce qui la taraudait, tout en lui offrant le réconfort dont elle pouvait avoir besoin.




Alysha Myy’Lano
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Que croit-il réussir en me traitant comme une enfant ? Je le sens, profondément en lui. Dans son cœur, pas la moindre trace, pas le début d’une once de compassion. Je l’agace. Je lui fais perdre son précieux temps, au joli Docteur. Malgré son masque de joli cœur, il me toise, me méprise, me considère comme un objet indigne de son intérêt. Comment ose-t-il ? Lui qui n’est pas de la race des Seigneurs. Lui dont le sang est si pauvre, dont l’esprit est si fragile, si malléable, si perméable. Comment peut-il nourrir un tel complexe du divin, lui qui n’est qu’un vulgaire médecin. Les dieux sont d’une tout autre nature.

Je sens la haine monter en moi, la colère, alimentée par toute la considération qu’il ne me témoigne pas. Je les revois, ces hommes, me feindre des politesses, me mentir, me tromper croyant par-là me rendre plus dolice. Je ne suis plus une esclave, les chiots ont besoin d’un coup sur le museau pour saisir qui des deux dominent.

Alors que son regard cherche à déceler en moi la moindre trace de sentiments, mes iris s’enflamment du feu de l’obscurité, comme la lave en fusion se déverserait dans la mer opaline. Je saisis délicatement sa main et l’écarte de mon visage, place doucement un doigt sous son menton et lui donne sa leçon. Avant qu’il ne puisse comprendre ce qui l’étreint, voilà le petit pantin suspendu au bout de mon doigt, à flotter dans le vent, contre toute logique. Mes yeux ne quittent pas ses pupilles, mon visage est plus livide que la craie et moins expressif que l’acier mais il peut sentir l’air alentours s’électriser sous l’effet de ma rage. D’un geste vif, j’oblige le droïde à nous rejoindre, lui-même tiré par des fils invisibles, et agite ma main sous son regard pour qu’il s’active.

« Je n’apprécie guère, Docteur, lorsque l’autre joueur manque et de talent, et de sincérité. Vous pensez avoir lu en moi, m’avoir comprise ? N’oubliez pas, si vous voulez survivre parmi les Siths, que vous nous restez terriblement inférieur. Votre science n’est rien au regard de notre pouvoir. Vous me montrerez le respect qui m’est dû en raison de mon sang ou je vous briserai les genoux que vous n’aurez pas su ployer. Ai-je été claire, Docteur ? »

Le temps se dilate longtemps, suffisamment pour qu’il comprenne que ma question n’est pas rhétorique et attend effectivement son assentiment, que j’obtiens. Alors seulement, la tempête s’apaise. L’électricité accumulée dans l’air s’évanouit, comme un orage manqué, et les deux pieds du beau brun retrouve la terre ferme tandis que les flammes quittent mes yeux, entraînant avec elle la colère.

Mon visage a repris de sa couleur, mon sourire est éclatant. Je jubile et active de nouveau mes doigts.

« Autre chose d’aussi drôle qu’une représentation holographique de moi à me faire faire ? »

La pluie a passé, le soleil commence à percer les nuages et à ciseler davantage encore mon corps. L’astre pâle ajoute à ma chevelure des perles irisées qui, en dialogue avec le bleu profond de mes yeux, entretiennent ma superbe. La jouissance, en moi, née du plaisir de le dominer éclate en bouquet d’artifice multicolore. Je ne pense pas avoir jamais été aussi belle qu’en cet instant.
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