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Les journées de Lana au sénat étaient toujours bien remplies. En tant que vice-chancelière, il y avait toujours un document à vérifier, une personne à rencontrer ou encore une conférence pour laquelle sa présence était "indispensable", quand bien même le sujet était inutile. Dans l'ensemble, son travail consistait à suppléer la chancelière Emalia au besoin, et de tenir la bride aux sénateurs afin d'éviter qu'ils ne s'agitent trop. Car si on les écoutait tout le temps, la situation n'avancerait jamais. La vice-chancelière s'assurait juste que le gouvernement ait suffisamment de marge pour faire évoluer la situation dans le bon sens. Si cela avait été difficile au tout début de sa nomination, lorsque la guerre avait été déclarée, il fallait avouer que la situation s'était beaucoup calmée. La mission de Lana avait alors évolué de "impossible" à simplement "difficile".

Les choses auraient peut être été plus faciles pour l'umbaranne si celle-ci acceptait de déléguer. Sauf que c'était un mot dont elle se méfiait. Elle jugeait avoir au final très peu de collaborateurs de confiance autour d'elle. Seule son apprentie, Tess, avait sa confiance totale... Mais Tess était encore un peu jeune, et surtout bien plus utile dans d'autres affectations. Aussi Lana traitait tout complètement seule, exceptée la paperasse la plus basique. Ca lui apprendrait à se méfier des autres, cela dit.

Aujourd'hui, après une session plénière au sénat où elle avait même pris la parole, ce qui n'était pas si fréquent que cela, elle s'était retiré dans ses quartiers pour l'après-midi. Elle avait bien une ou deux visites de prévues, mais ce serait surtout de la paperasse sinon. Elle se plongea avec concentration dans son travail, lisant dossier sur dossier, apposant sa signature après une lecture attentive et renvoyant certains dossiers mal traités. En tant que vice-chancelière, Lana était très méticuleuse, ce qui ne diminuait pas sa charge de travail... Heureusement, c'était le bureau d'Emalia qui gérait le plus gros de la charge de travail.

Absorbée par son travail, elle faillit louper l'appel comlink du garde qui surveillait la porte de ses quartiers:


- Madame la vice-chancelière, des invités sont arrivés et demandent à vous voir.
- Oui, oui, faites entrer, répondit-elle d'un air distrait.

Ce devait être son rendez-vous de dix-huit heures, avec les sénateurs de Sullust. Un simple coup d'oeil à l'horloge de sa chambre aurait suffit à l'avertir que, l'après-midi ayant à peine débuté, ce ne pouvait être le cas. Elle se leva de la table basse où s'empilaient tous les derniers rapports, et passa dans son bureau officiel, là où elle recevait ses invités. Comme elle était dans ses quartiers, elle ne portait qu'une confortable robe verte à manches courtes, sans motifs ni fioriture, qui lui tombait aux chevilles. Ses longs cheveux noirs n'étaient pas coiffés, mais tombaient simplement en une cascade lisse dans son dos. Comparé à ses accoutrements complexes habituels, elle semblait beaucoup plus commune que d'habitude.

Elle pénétra dans son bureau, la pièce étant plongé dans une semi-obscurité agréable aux umbarans, et tomba sur deux jedi. A leurs habits, leur posture, et leur aura à travers la Force, il n'y avait aucun doute... Surtout qu'elle en connaissait un, maitre Ae, avec qui elle avait partagé une expérience fort peu plaisante sur Nar Shaddaa.

- Ah !

Elle ne put s'empêcher de pousser un petit cri de surprise, et sa main se porta à sa ceinture, là où elle avait l'habitude de porter son sabre laser. Mais elle n'était pas armée, pas dans ses propres quartiers. Pour tenter de se donner un peu de contenance, elle pointa un doigt accusateur sur les deux jedi :

- Vous ne devriez pas être ici ! Notre accord était clair, vous deviez me laisser tranquille au Sénat !

On ressentait un brin de panique dans sa voix, d'ordinaire si maitrisée. Et pour cause, jamais un jedi n'était venu la chercher jusque dans l'intimité de ses quartiers personnels. Dans le cadre de la coopération qu'elle opérait avec les jedi, s'était normalement à elle de se déplacer au Temple, et ce à des dates longtemps convenues à l'avance. Avoir deux membres de l'Ordre à l'improviste, il y avait de quoi surprendre. Cela dit, ils ne pouvaient venir qu'à l'improviste: ses assistants avaient pour ordre de repousser toute demande de réunion de la part de l'Ordre. Elle avait déjà les visites au Temple, c'était largement suffisant, presque trop. Moins elle les voyait, mieux elle se portait.

- Quoiqu'on vous ait dit, ce n'était pas moi. J'étais là, au Sénat ! Je n'ai pas bougé de là ! se défendit-il précipitamment.

Elle prit un air un peu boudeur, les bras croisés sous la poitrine, clairement sur la défensive. Bon, il n'y avait rien de plus suspect, mais Lana se sentait réellement agressée par la présence des jedi. S'ils étaient venus la chercher jusque dans ses quartiers, ce n'était pas par courtoisie. La dernière fois que les jedi étaient venus la chercher directement, quand bien même cela remontait à des années, c'était pour la mettre en prison après tout. S'ils étaient ici, c'était pour l'accuser de quelque chose, à tout les coups. Malgré leur coopération forcé, Lana avait toujours du mal à voir les jedi autrement qu'en tant qu'ennemi.

De toute manière, il y avait fort a parier que les jedi savaient très bien qu'elle n'avait rien fait à propos de quoi que ce soit. Il aurait été étonnant que l'Ordre ait totalement arrêté de la surveiller, ne serait-ce que pour la protéger d'éventuels attentats de l'Empire la visant. Lana avait tout d'une politicienne modèle à présent, surtout dans son support de la République contre l'Empire.
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Tore et Evran étaient arrivés depuis plusieurs minutes au sénat, dans l’espoir d’obtenir rendez-vous avec la vice-chancelière Anthana. Enfin, façon de parler, puisque le porte-parole n’avait que faire de rencontrer ou non cette dame pour quémander des conseils. On l’y avait pourtant forcé, alors que plusieurs au temple insistaient sur les fruits de cet accord tacite qu’ils avaient conclu avec elle. Entente dont la plupart des détails échappaient au jeune jedi. Néanmoins, le fait de devoir se déplacer faute de réussir à organiser une rencontre au temple le dérangeait au plus haut point. Ce petit voyage sur Coruscant avait au moins le mérite de lui permettre de venir se coordonner avec les jedis du temple d’ici sur leurs activités récentes.
 
Il était en train de répondre à des messages sur son datapad lorsque le garde leur avait autorisé l’entrée vers les quartiers personnels de leur hôte. Relevant à peine les yeux de son écran, Evran fut conduit dans un petit bureau assez sombre où la vice-chancelière les attendait, ou pas vu la façon dont elle les reçut. Il baissa son datapad, recevant l’accueil tout sauf courtois de l’Umbarane. À l’entendre, Evran comprit que ce fameux accord semblait un peu plus encadré qu’on le lui avait expliqué. Néanmoins, il ne comptait pas rester là et se laisser parler de la sorte, même par quelqu’un du rang d’Anthana. Il s’avança dans le bureau sans invitation, puis tira une chaise pour prendre place.
 
- Vous n’avez pas répondu aux nombreuses invitations lancées par mon département, nous commencions à penser que vous faisiez exprès…
 
Il déposa ses choses sur le bureau de la vice-chancelière et prit une position plus confortable sur son siège. Le faisait-il pour provoquer? Probablement. Montrer qu’il n’était pas impressionnable semblait être une première pierre à mettre à l’édifice de cette relation de dépendance. Evran avait d’ailleurs bien hâte de voir en quoi le conseil pensait que son expertise s’avérait un tant soit peu utile dans l’objectif de restaurer l’image de l’Ordre.
 
L’attitude défensive de la politicienne laissait pourtant croire qu’elle leur cachait quelque chose, sans parler de ce vif mouvement qui avait emmené sa main à proximité d’un holster imaginaire. Il ne fallait pas avoir participé à beaucoup de batailles pour comprendre le réflexe qu’elle avait eu. Le porte-parole frotta ses mains ensemble, fusillant du regard la politicienne en évitant sciemment les intentions qu’elle associait à leur arrivée. Plus vite ils entreraient dans le vif du sujet, plus vite ils seraient partis d’ici.
 
- Je vais être bref, je suis ici à titre d’observateur pour entendre ce que vous avez à nous proposer et voir comment vos « idées » seraient susceptibles de s’intégrer à mon département, dans l’éventualité bien sûr où le conseil considère... pertinente votre vision des choses. J’accepterai alors de m’assurer qu’il y ait une cohérence entre ce que vous faites ici et les communications officielles que je chapeaute.
 
Il insista sur ce dernier point, soulignant le fait qu’il n’avait absolument pas besoin d’elle pour bien faire son travail. Surtout centré sur les relations avec les médias, Evran n’avait que peu touché au monde politique, qui lui semblait bien fade et superficiel, où tout était à prendre avec des pincettes. Depuis qu’il officiait au temple, il n’avait pas eu le choix de mêler une touche de diplomatie et de politique à son ton, mais la simple idée de s’imaginer une séance du sénat l’endormait complètement. Avec un peu de chance, cette réunion tirerait bientôt à sa fin et ils pourraient rentrer sur Ondéron sans trop bousculer leur planning. Réfractaire était un euphémisme quant à l’attitude d’Evran sur l’aide supposée de cette politicienne anciennement liée au côté obscur de la force. Il espérait pouvoir rester en retrait pendant que maître Ae veillerait au bon déroulement de la rencontre.
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Conformément à la nouvelle politique décidée par le Conseil, et ses convictions propres, Tore avait été envoyé sur Coruscant auprès du Sénat Galactique. Dans le but de favoriser un rapprochement entre l’instance dirigeante de la République et celle de l’Ordre Jedi, en équilibre instable depuis quelques temps déjà, le Whiphid avait en tête de rencontrer l’actuelle Vice-Chancelière, Lana Anthana.

La politicienne était bien connue du Conseil. Ancienne Sith – que le Maitre espérait bel et bien repentie, les adeptes du Côté obscur étant prompts à la manipulation –, Lana s’était entendue avec le Conseil précédent pour continuer à exercer ses fonctions sans que celui-ci ne cherche à la traduire de nouveau en justice. Tant qu’elle respectait l’accord passé et les lois républicaines, elle n’avait rien à craindre des Jedi… Ce qui ne fut visiblement pas le cas lorsque Tore débarqua un peu à l’improviste dans le bureau de la Vice-Chancelière, accompagné du Chevalier Evran Fykk, représentant de l’Ordre auprès du Sénat.

C’était la première fois que Tore travaillait avec Evran. Il fallait dire qu’il n’avait pas encore eu de réelles occasions de se rendre sur Coruscant depuis sa nomination au Conseil, le plus souvent assigné aux tâches qui relevaient de la gestion interne du Temple – à sa propre demande –. Ceci ajouté à quelques voyages ici et là pour visiter et rendre compte de la bonne marche des installations jedi sur les planètes les plus proches d’Ondéron, et l’agenda du Whiphid s’était bien vite retrouvé complet.

Il avait cependant jugé que son rôle de Maitre siégeant au Conseil devait dépasser ces prenantes mais malgré tout simples tâches. C’est pourquoi il avait décidé de mettre en branle son projet auprès du Sénat, et tout particulièrement de la Chancellerie. Trop longtemps cette dernière et le Conseil s’étaient regardés en chiens de faïence, Tore estimait qu’il était temps que cette situation cesse et que tous deux retrouvent la place qui leur était propre auprès de l’autre.

- Pardonnez cette visite fortuite, Vice-Chancelière, ainsi que l’attitude directe de mon condisciple. » Le respect faisait prime pour le Whiphid, qui n’avait pas spécialement apprécié le comportement sans-gène d’Evran. Il n’en rajouta pas cependant. « Si vous n’avez rien à vous reprocher, nous n’avons rien à vous reprocher. Vos actions politiques n’engagent que vous. Non, si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour discuter d’autre chose que l’accord qui vous lie au Conseil. C’est par ailleurs un plaisir de vous revoir en d’autres circonstances que lors de notre dernière rencontre. »

Nar Shaddaa restait un douloureux souvenir pour le Whiphid.

Même si l’attitude défensive de Lana Anthana fit quelque peu tiquer le Maitre whiphid, il ne poussa pas plus loin. Si la Vice-Chancelière avait outre-passé ses fonctions et agi contre la République et les Jedi, cela se saurait tôt ou tard. Pour l’heure, Tore avait d’autres préoccupations que de savoir s’il avait quelque chose à lui reprocher.

- Vous n’êtes pas sans savoir que le Sénat, et tout particulièrement la Chancellerie, a connu de meilleurs rapports qu’aujourd’hui avec notre Ordre. Et inversement. Je ne vais pas m’étendre sur les raisons, chacun a ses torts. Tout ce qui m’intéresse à présent, c’est retrouver ce lien qui doit unir fortement et durablement République et Jedi, de renouer le dialogue, le respect et l’écoute entre nos institutions. L’Empire Sith se renforce chaque jour un peu plus, le chaos règne dans les territoires hutts… Il apparait clairement que notre alliance mutuelle doit retrouver son lustre d’antan pour ne pas sombrer face aux menaces qui nous assaillent de toutes parts. »

Un tableau noir, mais qui n’était certainement pas sous-estimé. Les décisions unilatérales prises à la fois par l’Ordre ou la Chancelière Kira avaient provoqué des dommages irréparables de part et d’autre. Cela avait profité aux disciples du Côté obscur à de trop nombreuses occasions. Même l’Espace Hutt sombrait peu à peu face à l’obscurité qui s’en emparait, incarnée par un nouveau Seigneur Sith répondant au nom de Darth Nesanto. L’urgence était totale aux yeux du Whiphid, mais les négociations ne faisaient que commencer.

- Comme l’a évoqué le Chevalier Fykk ici présent, son département auprès du Sénat sera en première ligne pour représenter notre Ordre quotidiennement dans la Rotonde et auprès de la Chancellerie. Evidemment, les Maitres du Conseil, et moi le premier, sommes également prêts à prendre nos responsabilités dans les affaires d’importance. Il me tient particulièrement à cœur de retrouver l’oreille attentive de la Chancelière, afin que nous puissions de concert œuvrer pour le bien-être de la galaxie. »

Il était peut-être dangereux, ou du moins risqué, de dévoiler ainsi les attentes du Conseil. Ses attentes. Tore était un fervent défenseur de la démocratie, même s’il lui reconnaissait bien des torts. Mais qui n’en n’avait pas ? Il espérait que Lana prendrait ses paroles comme un gage de son honnêteté et de son intégrité.

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Il y avait deux Jedi dans son bureau. C'était typiquement le genre de choses qui pouvait rendre une journée particulièrement désagréable ! Elle reconnut immédiatement le pelage brun et la carrure solide de maitre Ae, mais le second lui restait inconnu. En tout cas, ce dernier se mit immédiatement à l'aise, s'installant devant le bureau sans même se présenter, avant de lui répondre d'un ton assez acerbe. Lana tiqua, et fit la moue. Qui était donc ce jeune roquet ? Bah, ce n'était pas pour lui déplaire que de croiser un Jedi avec un peu plus de répondant que la moyenne. Elle ne s'attendait de toute manière à aucune courtoisie de leur part, comme le ne ferait aucun effort pour leur en fournir. Malgré leur accord, l'umbaranne continuait à considérer l'Ordre avec une certaine crainte.

Puis Tore rebondit calmement sur les paroles de son collègue, et calma immédiatement le jeu. Le Whipid l'avait accompagné lors des négociations avec les Hutts sur Nar Shaddaa, un épisode que Lana ne souhaitait pas particulièrement se rappeler. Déjà, le Jedi lui avait semblé calme et sage, si bien que Lana venait peu à peu à le considérer comme un gros nounours placide. Il lui annonça ses objectifs, et l'ancienne Sith parut se détendre un peu. Il ne venait pas pour lui nuire, comme elle l'avait craint initialement... Mais, toujours aussi sincère qu'à leur habitude, il lui sembla bien que le maitre Jedi venait d'abattre toute sa main sur la table de jeu. Ah ! Ces Jedi ! Voilà pourquoi ils étaient aussi navrant en politique. Sur ce plan là, Lana devait presque les protéger contre eux-mêmes.

Avec ses informations, elle reconstitua peu à peu les pièces de ce puzzle inattendu. Un maitre du Conseil, et un chargé de communication. Resserrer les liens avec la République, regagner la confiance de la Chancellerie. Du Sénat... Rien que ça. Ils auraient pu aussi bien lui demander de stopper l'avancée de l'Empire seule, sabre à la main. Lana soupira longuement, évacuant la tension de son corps. Elle contourna son bureau, imposant membre du mobilier dans une pièce sinon assez pauvre. Elle s'assit dans son large fauteuil, dos à une large baie aux vitres teintées qui donnaient son obscurité à la pièce. Ses yeux brillants d'Umbaranne se posèrent un instant sur Evran qui la fusillait du regard en retour. Pauvre biquet. L'avait-elle froissé ? Lana n'était polie qu'avec les personnes que quand ça l'arrangeait...


- Il était temps que vous vous réveilliez, si je puis me permettre.

Nouveau soupir, et Lana commença à s'enfoncer dans son fauteuil.

- Cela fait des mois que c'est moi, une ancienne Sith, qui doit défendre vos fesses en politique et empêcher qu'on abuse trop de votre naïveté pour vous utiliser en bon petits soldats. Dans notre accord, j'étais supposée vous aider au Sénat, pas faire tout le boulot à votre place, finit-elle d'un ton acerbe.

Troisième soupir. Le problème pour lequel ces Jedi venaient la voir était particulièrement épineux. Comment leur présenter simplement ? Elle attrapa une médaille commémorative. Sur la pièce en or était gravé une farandole d'enfants qui tournaient autour du symbole de la République. Sûrement une récompense pour une œuvre caritative... Lana faisait beaucoup trop de choses ces derniers temps pour se souvenir de tout.


- Laissez moi vous résumer votre situation. Voici la pièce de votre réputation. C'est avec elle que vous marchandez à peu près tout. Votre poids dans les décisions d'importance. Le respect que l'on accorde à vos idées. Le degré de responsabilité que l'on va vous fournir...

Son regard revint se poser sur Evran un instant. Avec des yeux sans pupilles, brillant légèrement dans l'obscurité de la pièce, son regard exotique était difficile à décrypter.

- Ce que Monsieur le chargé de communication devrait savoir, c'est que votre pièce est constituée de deux faces. Elle désigna la pièce, où l'on pouvait deviner les gravures finement ciselées malgré l'obscurité. La première face, c'est votre image globale. Le fond, la sensation que vous renvoyez. Ici, pas de souci à se faire. Que ce soit au sein du peuple ou au Sénat, l'Ordre Jedi est dans l'imaginaire un idéal de bon et de vertu. Bien sûr, il y aura toujours quelques râleurs, mais je doute que vous puissiez écorner votre image, même si vous le souhaitiez. Vous avez des siècles de bon ressenti derrière vous.

Elle retourna la médaille d'un geste habile, et tourna ses yeux vers Tore.

- L'autre face, c'est votre position vis-à-vis les personnes décisionnaires. La Chancellerie, le gouvernement. Les membres les plus influents du Sénat. Elle désigna le verso de la médaille, complètement vierge. Vous saisissez le problème ? Depuis Arnor et Von vous n'avez plus tenté d'avoir des contacts à l'intérieur. Vous n'avez plus placé vos pions, et vous n'y êtes plus vous mêmes. Donc on décide sans vous. Sans les deux faces gravées, votre pièce n'a presque aucune valeur, résuma-t-elle.

Lana aplatit la médaille sur son bureau du plat de la main dans un bruit mat. Une nouvelle fois, elle se tourna vers Evran, avant de poursuivre:


- Pour influencer les décisionnaires, il va falloir bien plus que quelques mignons communiqués. Les gens comme nous connaissons très bien les mots, et il faut bien plus que cela pour changer notre avis sur un sujet. Pour vous refaire votre place dans ce cercle, physiquement ou par relations, il va falloir vous salir les mains, messieurs.

La vice-chancelière s'était adaptée au comportement des Jedi, et ne cachait rien non plus, assumant son rôle auprès de l'Ordre.

- L'idéal, ce serait de vous trouver une place facile à défendre. Avoir un délégué permanent au Sénat, ou un ministre. Afin d'être dans la place, et de préparer le terrain. De nouer des relations personnelles. D'être présent pour les décisions... Peut-être pourrions-nous aménager une place spécifique au sein de gouvernement, un responsable de la coordination avec le temple.

Elle ferma les yeux un instant, et soupira une nouvelle fois, plus longuement, avant de reprendre avec franchise:

- Cependant, je ne vous cache pas que ça me donne l'impression d'introduire un poisson rouge dans un bassin de requins. Je ne vois aucun Jedi capable de tenir une telle position. Les compétences nécessaires ne font tout simplement pas parties de vos préceptes habituels. Et nous avons très bien vu les dégâts que peu causer un Jedi non préparé à ce type de position avec la Chancellerie d'Arnor...
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- Oui, le Conseil a depuis trop longtemps laissé se distendre les liens entre notre Ordre et la République, si bien que les Jedi n’ont pas été beaucoup présent ici, sur Coruscant. Mais cela n’a pas empêcher d’être utilisés comme de "bons petits soldats" malgré tout. La Chancelière a agi de manière impulsive à bien des reprises, ce qui a été la source de tensions. »

Et l’était toujours.

Le discours tenu par la politicienne n’était néanmoins pas dénué de sens. Les Jedi, et l’Ordre dans sa globalité, jouissait d’une image majoritairement positive dans bien des mondes – même s’il arrivait qu’ils passent encore pour des sorciers mystiques pour les plus reculés d’entre eux – et leur rôle de gardiens de la paix, bien que largement ébranlé depuis le retour des Sith et la résurrection de l’Empire, était toujours au cœur de leur mission.

C’était leur implication au sein du Sénat, notamment avec les Chanceliers Von et Arnor, qui avait, selon le Whiphid, entamé le crédit des Jedi auprès de la classe politique. Pour Lana, c’était une erreur de ne plus avoir de Jedi dans la place, là où se prennent les décisions. Pour Tore, c’était au contraire un moyen de faire une distinction claire entre le rôle des Jedi et celui des Sénateurs. Il n’était pas pour la nomination d’un membre de l’Ordre au gouvernement, mais voyait d’un meilleur œil un rôle extérieur, à-même de conseiller et de guider les décisions de la Chancellerie. Peut-être était-il trop optimiste, naïf ou utopiste. C’était néanmoins sa conviction.

- Je suis d’accord qu’il nous faut une délégation à temps plein au Sénat, qui serait à la fois la voix et les oreilles du Conseil. Même si je ne doute pas que nous prendrons nos responsabilités, nous avons aussi d’autres sujets à traiter pour que nous puissions nous-même passé le plus clair de notre temps sur Coruscant. »

Lui-même était passablement très occupé au quotidien avec la gestion du Temple et l’éducation des jeunes élèves.

- D’autres que moi ont un avis différent, le mien est qu’il nous faut nous détacher de l’image relativement négative laissée par Alyria Von et Halussius Arnor. C’est pourquoi placer un Jedi à un poste gouvernemental ne m’enchante guère. Développer les attributions, les contacts et le rôle de notre délégation – dont le Chevalier Fykk ici-présent fait partie – me semble être la solution idoine pour nous impliquer dans l’appareil décisionnaire sans pour autant être confronté à une défiance relative à un statut ministériel. »

De toute façon, pour Tore, la séparation entre République et Ordre Jedi était quelque chose qui devait être. Les Jedi n’étaient pas la République, mais évoluaient à ses côtés, l’un et l’autre grandissant et s’épaulant mutuellement. C’est pourquoi le Whiphid privilégiait un rôle de conseiller extérieur pour les Jedi.

- Je conviens bien qu’il s’agisse d’un exercice loin du champ de compétence initial d’un Jedi, mais sûrement trouverons-nous la perle rare dans nos rangs. Nombre d’entre nous ont d’excellentes dispositions pour la négociation et le verbe. Avec un peu d’aide de votre part, peut-être deviendrons-t-ils de bons politiciens. »

L’idée d’entrer en politique n’était pas quelque chose que Tore souhaitait pour lui-même, tout Consulaire qu’il était. Les batailles du Sénat étaient loin d’être plaisantes à ses yeux, mais il savait pertinemment que d’autres Jedi que lui y voyaient là une épreuve attrayante. Peut-être était-il tout simplement trop vieux ou trop las de la politique galactique pour vouloir s’y plonger pleinement…



Spoiler:
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Lana écouta la réponse de Tore sans broncher. Elle se renfonça un peu plus dans son fauteuil. À toujours étaler leur jeu de la sorte, les Jedi devaient être des joueurs de poker tout à fait exécrable. Le whipid semblait lui déballer ses pensées sans filtres. Il était direct dans ses objectifs, les annonçant clairement et sans détour. Il dévoilait ses ébauches d'idées et les raisons qu'il y avait derrière. C'était admirable, et tellement Jedi à la fois. Tore était beaucoup trop honnête pour son propre bien. Il se serait fait bouffer dans la rotonde par les requins du Sénat en moins de temps qu'il ne le fallait pour le dire. Considérait-il la vice-chancelière comme une personne de confiance, ou bien était-ce là son comportement naturel ? Car le fait que les Jedi puissent avoir des avis discordants, même au sein du Conseil, était une information intéréssante, que Lana mit de côté. Bien sûr, c'était tout à fait normal quand on y pensait, mais à force de les voir toujours aussi unis, elle avait fini par en douter.

On ne pouvait se permettre d'être aussi direct en politique, où une partie du jeu consistait à atteindre ses objectifs sans que ses interlocuteurs n'en aient même conscience, afin qu'ils ne puissent vous empêcher d'atteindre vos buts. Un jeu cruel où les discussions mielleuses cachaient des sous-entendus meurtriers, et où chacun s’efforçait de donner le change pour couvrir son bluff. Lana était très douée à ce genre d'activités, de part son éducation Umbarane et son passé de Sith. Même si son poste de vice-chancelière la plaçait à présent un peu au dessus de la mêlée, elle y replongeait souvent avec plaisir, histoire d'assurer son emprise sur la rotonde.

Elle laissa planer un petit silence, songeuse. Ses yeux brillaient dans la pénombre de la pièce, comme ceux d'un chat. Elle ne cillait que très rarement, rendant son regard très intense, parfois même perturbant. Elle finit par répondre d'une voix lasse :


- Vous pouvez appeler vos envoyés comme vous voulez : ambassadeurs, ministres, conseillers... Cela ne change rien au fond. A partir du moment où vous déciderez de revenir de façon permanente dans les cercles du pouvoir, si votre implication est suffisante, on vous cataloguera comme ayant un statut ministériel ou gouvernemental. Les médias le verront ainsi, le peuple aussi, sans parler des politiciens. Et dans notre monde, l'apparence fait tout.

Oui, malheureusement les Jedi arrivaient dans un monde qu'ils ne connaissait pas suffisamment, où l'image que l'on renvoyait aux autres comptaient bien souvent plus que les actions que l'on entreprenait. Eux qui était d'un naturel discret risquait d'en souffrir.

- Tentez de rester en dehors, "au dessus", pour conseiller de l'extérieur, et vous ne gagnerez qu'à vous faire écarter. C'est exactement ce qui est arrivé jusqu'à présent. Si vous voulez que votre voix soit entendue, il va falloir rentrer dans l'appareil décisionnaire comme vous dites. Et de façon bien visible.

Et à ce moment, l'Ordre rentrerait dans le monde dystopique de la politique qu'il évitait jusqu'à présent, et que Tore semblait également redouter. Mais pour Lana, il n'y avait pas d'alternative. La politique était un endroit bipolaire, où l'apparence ne souffrait d'aucune nuance. Si les Jedi voulaient vraiment faire entendre leur voix, il leur faudrait s'y investir pleinement, sans quoi personne ne prendraient la peine de les écouter. Mais le problème demeurait: qui l'Ordre pourrait bien envoyer dans cette cage à lion ?

- Je ne veux pas vous contredire, maitre Ae,
quoique, l'idée lui faisait quand même plaisir... Mais je pense que vous ne trouverez personne capable de devenir un bon politicien parmi les membres de votre Ordre. Je ne remets pas en question que certains Jedi sont des orateurs acceptables et de bons négociateurs. Mais il faut bien plus que cela pour faire un politicien.

En effet, si la verve et les capacités d'arbitrage seules étaient nécessaires, les Jedi auraient depuis longtemps dominé le Sénat. Ils cherchaient toujours la meilleure solution possible, le compromis qui satisferait tout le monde, avec un calme à tout épreuve, imposant leur sérénité pour des débats construits. A côté de cela, le Sénat c'était plutôt les disputes de la cours de récréation pour les jeunes enfants chamailleurs.

- Un politicien va chercher son propre profit, ou le profit du groupe qu'il représente. Vous noterez que c'est la raison précise pour laquelle il est nommé... Seulement, ce profit est souvent obtenu au détriment des autres groupes. Du coup, il va manipuler pour guider l'opinion dans la direction qu'il souhaite, que cela serve le bien commun ou pas. Il va trahir ses valeurs si cela peut l'arranger. Rares sont les personnes vraiment intègres parmi les politiciens et, croyez moi, elles sont très facilement manipulables.

Une fois qu'on avait compris les motivations de quelqu'un, et qu'il se montrait inflexible dans ses idées, il devenait très facile de l'amener dans la direction souhaitée.


- Volontairement mentir, manipuler les autres, abandonner ses valeurs... Des crimes sans victimes. Mais franchement, vous voyez un jedi capable de faire cela ? Moi, quand je le faisais, vous m'avez traitée de Sith je vous rappelle.

Bien sûr, Lana n'avait pas vraiment évoluée depuis. Elle mentait toujours, manipulait ses collègues et se livrait à des actions que la morale reprouvait, même si elles n'étaient pas illégales. La seule chose qui avait changée était qu'elle faisait ça pour le bien de la République, afin de sauver le bateau sur lequel elle avait embarqué avant qu'il ne coule.

- Vous allez me dire que je dresse un portrait bien sombre de la politique. Que l'on peut sans doute s'en tirer sans être malhonnête. Et moi je vous répondrai alors par Arnor et Von... Ils n'ont pas su se montrer flexible, restant droit et fidèle à leurs préceptes. Regardez où ça les a mené...


Dans le milieu de la politique, il fallait être au moins un petit peu malhonnête, sous peine de tomber contre ceux qui l'étaient vraiment. C'était un jeu où tous les coups étaient permis.

- Maitre Ae, l'Ordre ne peut pas espérer rentrer dans le jeu subtil du Sénat sans en pratiquer les règles, résuma-t-elle d'une voix soudain plus conciliante, comme si elle le prenait en pitié. C'est le meilleur moyen de se faire expulser de la partie.
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- J’entends bien, et vous comprendrez qu’il ne s’agit pas de moi. Malheureusement, je fais un bien piètre politicien et ce n’est pas la fonction que j’ai envie d’exercer pour le compte de l’Ordre. D’autres que moi y seront plus à l’aise, même si vos avertissements font sens. Mais les Jedi évoluent, du moins une partie d’entre eux. Si nous voulons réussir ce pari sur le plan de la politique républicaine, nous n’avons pas d’autres choix. »

Oui, le portrait que lui dressait la Vice-Chancelière était bien sombre, mais aussi et surtout bien réaliste. Tore avait conscience de ce qu’impliquait la politique, à quels extrêmes elle pouvait conduire, aux mensonges, aux manipulations et tout autre action qui nécessitait une renonciation à ses principes et ses valeurs. Le Jedi ne concevait pas franchir cette barrière pour lui-même, mais il imaginait sans mal que d’autres membres de l’Ordre puissent y parvenir malgré les avertissements de Lana.

Si quelqu’un comme Ses’Kai Mora était encore un Jedi au regard de ses actes inadmissibles, Tore ne voyait pas pourquoi d’autres Jedi ne pourraient pas entrer pleinement dans le jeu de la Rotonde sans abandonner les intérêts de l’Ordre. Tout était une question d’équilibre, et le Conseil ne devait pas choisir à la légère celui ou celle qui pourrait remplir cette tâche… s’il décidait de prendre position comme était la tendance au sein de l’assemblée dirigeante. Tore gardait bien précieusement tous les conseils et avertissements de Lana dans un coin de sa mémoire, car ils pourraient s’avérer fort utiles au moment des débats.

Il ne désespérait pas de trouver un Jedi dont les valeurs profondes ne sauraient être corrompues, mais qui saurait aussi se plier aux passes d’armes et aux tromperies exigées par une position au Sénat. En vérité, il voyait bel et bien quelqu’un en particulier pour remplir cette tâche, certainement avec brio, mais rien de servait de tirer des plans sur la comète. De toute manière, cela ne dépendait pas que de lui.

- Je ne suis pas le seul décisionnaire sur cette affaire, le Conseil aura évidemment son mot à dire. Il sera de sa responsabilité de trancher sur cette question. Mais nous comptons sur votre appui et vos contacts dans les sphères politiciennes, ainsi qu’était prévue notre collaboration. » Un accord dont l’Ordre n’avait pas réellement profité, ce qui pouvait expliquer en partie son retard sur ce sujet si délicat. « Vous étiez un Sith, comme vous le dites, mais vous avez décidé de nous aider. Nous attendons, et moi le premier, que ceci soit respecté. J’ai tendance à croire aux secondes chances, et j’espère que vous et moi saurons la saisir. »

Le Whiphid avait un peu durci le ton sans vraiment y faire attention. Evidemment, ceci ne l’impliquait pas lui personnellement, mais le Conseil et tout l’Ordre à travers lui.

Tore savait que ce ne serait pas lui qui changerait le destin des Jedi dans leur implication au sein du Sénat. Il n’avait pas la trempe d’un politicien et tous ces jeux de poker-menteur l’épuisaient au plus haut point. Il était lucide quant à ses chances de s’en tirer au milieu de cette arène moderne impitoyable, et elles n’étaient pas élevées. D’où son renoncement immédiat à briguer une telle fonction pour l’Ordre, malgré tout l’attachement qu’il y portait.

Lana l’avait dit avec raison : il fallait pratiquer les règles de la politique pour espérer se faire une place, le Whiphid s’excluait automatiquement de telles actions. Ce n’était pas lui ni ce qu’il voulait être, il laissait la place bien volontiers. Mais cela ne l’empêchait pas de chercher à mettre en route la machine pour le compte de l’Ordre, d’où sa présence à la Vice-Chancellerie en sa qualité de Maitre du Conseil.



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