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C’était un après-midi somme toute paisible. Comme de nombreux Jedi présents au Temple, Tore profita du beau temps qui régnait dans le ciel sans nuages d’Ondéron pour se dégourdir les jambes dans le parc. Il était toujours un peu convalescent depuis Pakuuni, et ses entrainements à répétition n’amélioraient certainement pas ses capacités de guérison. Le Whiphid assumait pleinement son choix, quitte à subir quelques remontrances de la part des équipes médicales du Temple lorsqu’il se présentait à eux, une plaie de nouveau ouverte à cause de l’effort produit. Mais le Maitre Jedi en récoltait peu à peu les fruits et avait retrouvé une confiance aveugle en la Force. Les évènements de Pakuuni étaient évidemment toujours bien présents dans son esprit, mais il pouvait désormais user de son pouvoir pour soigner ses blessures les plus bénignes, ce qui lui évitait de trop retourner au Centre médical et de croiser le regard courroucé de l’infirmière en chef, la terrible Solona Kalynsky.

Par ce bel après-midi qui dominait sur le parc du Temple et qui produisait une chaleur douce et agréable, Tore se mit à arpenter les chemins et allées qui dessinaient un véritable dédale au milieu des plantes et autres végétaux provenant des quatre coins de la galaxie. Çà et là, des Jedi étaient entrés en méditation, profitant du calme ambiant pour se plonger dans les tréfonds de leur esprit et de la Force ; d’autres s’étaient réunis en petits groupes, souvent entourés de Padawans qui observaient leurs ainés et tentaient de reproduire la leçon du jour.

Le parc était un lieu plein de vie, et une énergie positive s’en échappait toujours. Tore aimait cet endroit, peut-être plus que tous les autres du Temple d’Ondéron. Malgré la dure épreuve qui avait ravagé le parc de nombreuses années auparavant, celui-ci était rené de ses cendres et n’en était devenu que plus beau. C’était un lieu à la fois stimulant et extrêmement apaisant. Le Maitre Jedi ne se souvenait pas d’avoir déjà visité un tel endroit quelque part ailleurs dans la galaxie au cours de ses voyages.

Parcourant de manière totalement aléatoire les chemins du parc, Tore se laissait guider par la Force. Il humait l’air chargé des odeurs des fleurs et des feuilles, profitait des rayons du soleil qui chauffait sa fourrure et ne pensait à rien d’autre qu’à la paix qui l’entourait. Après Lorrd et Pakuuni, sans compter sur Nar Shaddaa et tous les autres mondes où la guerre avait décidé de frapper au cours de ces dernières années, cela faisait du bien de profiter d’un instant de calme.

Au bout d’un certain temps passé à flâner dans les allées bordées d’arbustes de toutes sortes, il avisa un jeune Padawan qui s’adonnait à l’étude de plantes à l’allure étrange. Tore s’en approcha à petits pas, observant lui-même les spécimens qui peuplaient le parterre de ce coin du parc. Apparemment obnubilé par sa tâche, le Kel’Dor ne sembla pas remarquer la présence de son ainé, ce qui laissa tout loisir au Whiphid pour décrypter le botaniste en herbe. Peu de Jedi s’intéressaient encore de près à la nature. Dans une galaxie entourée de technologie, la majeure partie des membres de l’Ordre en avait oublié ces fondamentaux et seule une poignée érigeaient encore la nature comme un élément essentiel à la bonne marche de la galaxie, [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] en tête. Si Tore ne s’y connaissait pas particulièrement en plantes et végétaux de toutes espèces, il accordait trop d’importance à la vie pour passer totalement à côté d’un sujet aussi grave.

Dépassant de la besace de l’apprenti, il put apercevoir différents ouvrages comme Les plantes aquatiques des lacs de Takodana, Faune et flore de Shili ou encore l’Historique galactique de l’Ordre Jedi – tome 3. De précieuses indications sur le jeune Kel’Dor. On en apprenait toujours beaucoup sur les personnes en découvrant leurs lectures et leurs passions. Tore ne pensait pas se tromper en disant qu’il avait affaire ici à un aspirant Consulaire. Ou alors le contraire l’étonnerait énormément.

- Magnifique temps pour s’occuper des plantes, n’est-ce pas ? » demanda-t-il d’un air assez détaché. La Force l’avait amené à trouver ce Padawan sur son chemin, et Tore se demandait bien pourquoi. « Remarque, je ne m’y connais pas bien en botanique, mais je pense qu’avec ce doux soleil, ça devrait faire des merveilles. » ajouta-t-il avec un petit sourire de coin, histoire de nouer le contact avec le Padawan.

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Après un déjeuner copieux en compagnie d'autres Padawan qui l'avaient honoré de leur compagnie, Yath Von avait décidé d'user son après-midi à inspecter les quelques fleurs qu'il avait plantées quelques semaines auparavant. Celles-ci, selon les informations qu'il avait eues de l'un de ses coreligionnaires, venaient d'éclore pour la toute première fois. Il semblait donc naturel que celui qui les avait ensemencé ait le droit d'admirer ce que cette flore, si harmonieuse que l'on savait tout de suite qu'elle n'était pas naturellement disposée, avait pu bien donner.

Yath, sur la route vers le parc du temple, avait relu l'inventaire des plantes qu'il avait mis en terre : quelques anagallii, classiques mais très efficaces pour égayer un jardin par leurs couleurs châtoyantes, des asyrs importées tout droit de Bothawui dont les embruns étaient réputés parmi les plus agréables en horticulture ainsi qu'une poignée de Nannariae, originaires de Drall dans le système Corellien, qui étaient connus pour leurs larges pétales rayonnant d'une douceur couleur bleue tirant sur l'indigo quand ils venaient d'éclore. Si planter ses fleurs dans un sol aussi fertile que celui des jardins du temple Jedi ne représentait en aucun cas un défi ardu à relever, le Padawan ressentait une certaine fierté à savoir que ses pousses avaient grandi sans encombres et qu'il pouvait, maintenant, aller admirer le résultat et, si besoin était, prendre quelques notes.

Quelques minutes suffirent pour que le Kel Dor arrivât dans les jardins. Certains initiés étaient tranquillement assis dans l'herbe, à méditer ou à discuter tout en profitant du maternel soleil au-dessus d'Ondéron. On apercevait, au loin et légèrement dissimulées par l'épaisseur de l'atmosphère, les larges courbes de Dxun. Les jardiniers de l'AgriCorps, eux, se trouvaient plus loin, près des potagers. Si la plupart d'entre eux se plaisaient souvent à prodiguer de nombreux soins aux fleurs, leur première mission était avant tout de cultiver de quoi nourrir les maîtres, les chevaliers et les Padawan de l'Ordre.

Pour ce faire, ils avaient l'usufruit de nombreuses serres à l'extérieur du temple et de quelques potagers discrets, dans l'enceinte de celui-ci, où ils invitaient les initiés qui le voulaient à partager un moment avec eux en ensemençant et en déracinant les légumineuses et autres plantes nutritives mises à disposition de celles et ceux qui avaient faim. En ne regardant qu'à peine autour de lui, il aperçut rapidement le carré de jardin où il avait planté les fleurs. Effectivement, celles-ci avait goûté les généreux rayons de lumière et la pluie rafraîchissante des nuages ondéroniens à tel point qu'elles avaient fini par s'étendre de tout leur long, comme si elles en demandaient encore plus. C'était, à n'en point douter, un beau parterre de fleurs et Yath Von en tirait une grande satisfaction. Cela compensait pour la fois où il avait tenté, en vain, de planter des fleurs N'Omis qui n'avaient pas supporté de vivre ailleurs que sur Toydaria. Il avait finalement dû se résoudre à abandonner, ce qui ne lui était pas familier dans le domaine de la botanique.

Devant le parterre, le Kel Dor mit un genou en terre afin d'apprécier davantage les belles fleurs qui s'offraient, devant lui, au soleil. Il regrettait alors de devoir porter ce masque anti-Ox qui l'empêchait de respirer les doux arômes que ces beautés devaient dégager de leurs pétales et de leurs pistils gorgés de pollen. Et il se consolait en se disant que ce même masque le protégeait des rhumes des foins. Le plus délicatement possible, il releva l'un des pétales de l'anagallia la plus proche de lui et la souleva pour en apprécier les reflets presque irisés, signe d'une bonne hydratation. Puis il dégagea quelques morceaux de terre, tout précautionneusement, pour voir si les racines étaient bien enfoncés dans le terreau. De l'une des poches de sa besace dans laquelle dormaient de nombreux bouquins qu'il avait emprunté à la bibliothèque du temple, le Padawan en sortit un petit datapad, son carnet de notes personnel, et il s'attela à prendre de nombreuses informations sur les fleurs en face de lui : leurs tailles, leur âge depuis l'ensemencement, et d'autres observations quant à leur santé générale.

Il se demandait alors si les pollens produits par les fleurs mâles allaient pouvoir, à terme, être croisés avec des spécimens femelles d'autres fleurs pour en faire des greffes tout à fait nouvelles. C'était, en effet, un projet qu'il nourrissait de longue date et il en avait longuement parlé avec des membres de l'AgriCorps qui l'avaient encouragé à tenter l'expérience, sans doute enthousiasmés par l'idée d'assister à l'éclosion du produit d'un croisement entre un nannarium et une asyr. Il y avait de quoi l'être, assurément : ces deux fleurs étaient magnifiques, sans doute qu'une espèce née des deux pouvait l'être encore plus. Le Kel Dor approcha donc davantage sa tête pour regarder les pistils et les androcées de chacune des fleurs et, tout en griffonnant sur son datapad, surveillait attentivement les étamines des mâles, les carpelles des femelles. Très attentivement...

Il sursauta d'un coup alors qu'une voix se fit entendre derrière lui. Comme à son habitude quand il étudiait les fleurs et les autres plantes, il avait fini par ne plus prêter attention à ce qui se passait autour de lui. Comme lorsqu'il était en méditation. D'ailleurs, il lui arrivait de se demander si étudier la botanique n'était pas, un peu, comme une forme de repos de l'esprit qui l'aidait à se concentrer davantage, une fois sorti de son étude, sur d'autres problèmes. Peut-être était-ce, après tout, une forme de méditation introspective. Il avait d'ailleurs tendance à ne plus s'entendre réfléchir quand il étudiait les plantes. Il se retourna immédiatement pour voir de qui provenait cette voix. Il tomba nez à nez avec un Whiphid, grand et massif comme la plupart de ceux de son espèce, enveloppé dans une grande bure de Jedi. Aucun doute pour le Kel Dor : il s'agissait de maître Tore. Ni une ni deux, le genou de Yath quitta la terre et il se leva pour mieux s'incliner, par la suite, face au maître Jedi, comme le voulait le protocole. Puis il releva doucement la tête.

"Maître Tore, je ne vous avais pas vu, tenta de justifier le jeune Padawan. Oui, c'est une très belle journée."

Le regard de Yath quitta le maître Jedi pour se poser, à nouveau, sur les pétales des fleurs. S'il ne se l'admettait même pas à lui-même, il était fier qu'un maître Jedi pût admirer ce qu'il considérait comme sa création. Si le maître admettait lui-même, malgré tout, qu'il ne connaissait pas les subtilités de la botanique, tout le monde avait une attirance pour les belles choses que la nature avait à offrir. Retour sur le maître.

"J'ai planté ces fleurs il y a quelques temps, je désirais voir où elles en étaient, renchérit le Kel Dor. Désirez-vous que je vous montre, maître ?"
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- Volontiers mon jeune ami. » répondit le Maitre Jedi, honnêtement intéressé par ce nouvel apprentissage, fusse-t-il enseigné par un Padawan. On pouvait apprendre de tout le monde, pour un peu que l’on sache être à l’écoute.

Il laissa ensuite le Kel’Dor le guider par ses explications et ses gestes. Tore était loin d’avoir la main verte, la faute à sa nature de Whiphid et aux grosses paluches qu’elle lui avait données. Le tout était plutôt génétiquement conçu pour la chasse dans la toundra de Toola que pour prendre soin de plantes aussi fragiles qui nécessitaient très certainement une attention et une délicatesse que le grand Jedi ne pouvait leur prodiguer. S’il ne ferait jamais de la botanique sa passion ou son passe-temps, Tore n’en demeurait pas moins curieux de la manière dont le jeune Padawan mettait du cœur à l’ouvrage. A cet âge, les apprentis étaient bien souvent partis en vadrouille avec leur Maitre, ce qui leur laissait donc peu de temps pour ce genre d’activité.

Avec la plus grande précaution possible, Tore s’occupa des fleurs en faisant de son mieux selon les instructions du Padawan. Il ne voulait pas ruiner ce travail méticuleux et empli de patience par un quelconque geste maladroit, tant et si bien qu’il laissa bien vite la main au Kel’Dor, visiblement bien plus à l’aise que lui.

- Ah ! Je rends les armes face à tant de minutie. » finit-il par dire, mettant ses mains en évidence, sur un ton léger qui cachait malgré tout un véritable respect pour cette tâche si laborieuse qu’avait entrepris le Padawan.

C’était sûrement là un bon exemple de méditation en mouvement. Certains utilisaient la mécanique, d’autres le sabre. Certains préféraient le calme d’une salle close quand d’autres aimaient avoir à l’oreille le chant des oiseaux ou le bruit de la mer. La méditation pouvait se trouver dans une multitude de situation, Tore n’avait pas encore pleinement découvert la sienne. La plupart du temps, il se posait sur un fauteuil prévu à cet effet et entrait en transe. Une pratique on ne peut plus classique, que l’on enseignait dès le début de l’apprentissage aux tout jeunes Initiés.

Tore continua à observer le Kel’Dor prendre soin de son travail. Il espérait que ce dernier n’était pas dérangé outre mesure par la présence de ce Maitre si imposant. Il nota chacun de ses gestes, précis et maitrisés, et l’attention avec laquelle il portait attention à chaque type de plante selon son origine et ses besoins.

- J’ignore si tu suis les leçons de ton Maitre avec la même attention, mais si tel est le cas, il doit être le plus heureux des Maitres, ... » s’interrompit-il en se rendant compte qu’il ne connaissait même pas le nom du Kel’Dor. « Mais je fais preuve de maladresse, je ne t’ai même pas demandé ton nom, excuse-moi. »

Evidemment, jamais un Padawan n’irait dire à un Maitre qu’il pourrait se sentir insulté, d’autant plus que l’offense – si offense il y avait, ce dont Tore doutait – n’était rien de plus qu’un petit impair de la part du Maitre Jedi. Cela ne l’empêchait cependant pas de s’excuser, celui-ci estimait en effet que le respect allait dans les deux sens et non pas que de l’élève vers le maitre.

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Yath Von, s'il ne le fit toutefois pas remarquer au maître Jedi (plus par gentillesse que par peur de déplaire à la hiérarchie), admit que Tore Ae avait toutes les peines du monde à accomplir les tâches que le Padawan lui demandait d'accomplir. Celui-ci eut d'ailleurs à plusieurs reprises à accompagner les gestes du maître Jedi qui manqua d'abîmer les fleurs qu'il devait manipuler. Bien évidemment, ce ne devait pas être facile pour quelqu'un avec si peu de notions en botanique, ou tout simplement en jardinage. D'ailleurs, ses mains ne devaient pas faciliter l'affaire, bien que Yath pouvait témoigner que tout était une question d'habitude dans ce cas : lui-même étant quadridactyle et doté d'une peau sacrifiant souplesse pour une peau davantage résistante, il avait dû travailler ses mouvements pour rattraper la dextérité dont jouissaient les êtres humains, avec leurs cinq doigts fins, leurs ongles assez courts et émoussés et une peau lisse et plus élastique. La présence d'un annulaire, chez eux, était d'ailleurs pratique pour les opérations les plus délicates, en botanique comme dans d'autres domaines comme la chirurgie ou encore le jeu d'un instrument de musique : la puissance de ce doigt et sa place parfaite sur la main faisait de lui un outil parfait, bien que les humaines ne réfléchissaient jamais vraiment à son utilité (si ce n'étaient les instrumentistes les plus virtuoses désireux d'augmenter leurs capacités musciales).

Rapidement, le maître Jedi s'épousseta les mains en avançant qu'il préférait arrêter avant de faire une bêtise qui coûterait la vie à une pauvre fleur. Le Kel Dor, lui, continua à planter quelques graines et à retourner le terreau encore vierge de cultures afin de le préparer au mieux à sa future exploitation. Il fit cela sans outils, se servant de ses grands mains griffues qui étaient parfaites dans ce rôle. Il augmenta toutefois le rythme de son travail : il n'était pas question de continuer infiniment le travail alors que le maître Jedi n'avait pas certainement envie de regarder le Padawan faire son bazar durant toute la sainte journée. Par ailleurs, il avait presque fini. Une fois la dernière graine plantée et la dernière mauvaise herbe arrachée, il se releva en époussetant légèrement ses mains quelque peu entachées de terres, puis il épousseta ses genoux et le bas de sa bure qui étaient, elles aussi, un peu salies par la séance de jardinage. Il se releva et, alors, Tore Ae fit une référence au maître de Yath. L'enthousiasme du jeune Jedi se mua rapidement en un long moment de silence pensif mêlé de mélancolie. Il n'avait définitivement pas fait le "deuil" des moments passés avec son ancien maître, les bons comme les mauvais. Surtout les mauvais, d'ailleurs. Ses yeux se rivèrent sur le sol sans même qu'il ne voulut, comme si c'était l'embarras qui le poussait à baisser la tête. Le maître Jedi renchérit presque aussitôt, demandant le nom du Kel Dor. Celui s'inclina légèrement pour se présenter, comme il le faisait presque dans tous les cas.

"C'est à moi de m'excuser de ne pas m'être présenté, maître Tore, déclara le Padawan soucieux de ne pas mettre le Whiphid dans un quelconque embarras. Mon nom est Von. Yath Von. Je suis... il suspendit sa phrase pendant toute une seconde, comme s'il voulait marquer le fait qu'il avait commis une erreur. J'étais le Padawan de maître Miridio."

Son regard se perdit dans le vide, comme s'il désirait éviter celui du maître Jedi qu'il devinait curieux, voire inquisiteur. Il savait certainement que ce n'était pas pour des raisons autrement plus tragiques mais compréhensibles que la formation du Kel Dor par Miridio s'était achevée : celui-ci n'était pas mort et il était encore maître Jedi. Tore Ae étant un être intelligent, il avait dû comprendre que c'était une raison beaucoup moins raisonnable, si l'on put dire, qui avait poussé l'apprenti et son maître à entamer une telle séparation, rarissime au sein de l'Ordre Jedi. Le Padawan se demanda d'ailleurs s'il ne devait pas lui-même parler de ce qui s'était passé, afin d'éviter tout fantasme, toute rumeur, toute imagination trop débordante.

"Maître Miridio et moi avons... Yath chercha longuement ses mots, de peur de choisir ceux les moins adaptés à la diplomatie que requiérait cette situation pour le moins casse-gueule. ... eu des différends profonds."

Il ne réussit pas à continuer son explication. Il avait peur qu'on ne le jugeât trop sévèrement, tout comme il avait peur qu'on jugeât aussi sévèrement son ancien maître qui, s'il avait eu des oppositions très fortes et directes avec lui, gardait sa gratitude et, dans une certaine mesure, son amitié. Après tout, il était admis que Miridio était un Jedi sage, bien qu'un peu bourru. Surtout, il n'était certainement pas digne de recevoir le mauvais regard des autres sur lui. Depuis peu, d'ailleurs, sa quête d'un autre maître avait perdu en "intensité". Il n'avait pas pris contact avec un maître depuis plusieurs semaines et s'était résolu à abandonner la voie des consulaires pour rejoindre l'AgriCorps, voire les Universités. Il avait beau avoir grandi depuis l'épreuve de son "divorce" (comme il avait nommé cette situation auprès de son ami Luke Kayan), il avait encore peur qu'il ne s'attirât l'inimitié d'un autre maître, que ce fût maître Tore Ae, maître Miridio ou un autre. Et puis, en définitive, beaucoup de maîtres étaient pris. Celui qui parlait depuis quelques minutes avec Yath devait l'être également, sans doute.

"Je ne veux pas vous ennuyer avec ça, conclut le jeune Padawan en secouant nonchalamment la main, vous avez certainement des préoccupations autrement plus importantes, maître Tore."
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Le Maitre Jedi nota aussitôt cet embarras, presque cette réticence, du Padawan à évoquer son Maitre. Ou plutôt son ancien Maitre d’après ses dires. Mais ce n’était pas ce détail qui le marqua. Tore était en effet "habitué" aux Padawans qui perdaient leur mentor. Le Temple n’en manquait pas, et il imaginait sans mal que de nombreux autres devaient se trouver un peu partout dans la galaxie au sein des diverses structures de l’Ordre.

Les conflits incessants entre la République et l’Empire depuis le retour des Sith laissaient au grand dam du géant whiphid de trop nombreux apprentis sans Maitre. Trop occupés à soutenir l’effort de guerre républicain, les Jedi en oubliaient souvent que leur rôle premier était de former les nouvelles générations. Mais les temps étaient à l’héroïsme et aux exploits bien plus qu’à l’apprentissage. Et malheureusement, les Padawans qui se trouvaient aux côtés d’un mentor couraient le risque de le perdre au champ d’honneur.

Cependant, le problème de Yath Von était d’ordre différent. Son Maitre n’était ni mort ni absent, mais tout simplement séparé de son Padawan d’un commun accord. Tore avait lu les rapports du Conseil sur cette affaire qui sortait de l’ordinaire. Un Padawan qui demandait de lui-même un nouveau Maitre, ce n’était pas une situation à laquelle le Conseil Jedi était habitué, mais il avait su réagir comme il le fallait, au moins d’après les critères du Whiphid.

- Oooh, c’est donc toi le Padawan de Maitre Miridio… J’ai eu accès au dossier laissé par Maitre Miridio, et le Conseil. » s’empressa-t-il d’ajouter devant le regard surpris du Padawan.

Saj Miridio était particulièrement connu pour son désir de laisser l’Ordre Jedi bien en dehors des guerres menées par la République, contre l’Empire ou n’importe quel autre ennemi. Le Céréen était un fervent défenseur de l’idéal de paix prôné par l’Ordre et il considérait que mettre son sabre au service d’une République belliqueuse ne devait pas être la manière d’agir des Jedi. Un point de vue que Tore trouvait pour le moins respectable puisque lui-même était partisan des solutions pacifiques et accordait une importance vitale à la vie de tous les êtres vivants de cette galaxie.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Saj Miridio, Maitre Jedi.

Mais d’un autre côté, il ne pouvait concevoir de laisser la République et la démocratie se défendre seules face aux assauts suprématistes des Sith. C’était en défendant ces valeurs que les Jedi contribuaient à rendre la galaxie meilleure, et même s’il doutait qu’un jour la paix règne partout, il s’efforçait de faire le maximum pour suivre cet idéal.

Le Whiphid n’en était pas aveugle pour autant, et avait bien compris que la diplomatie ne suffirait pas à régler tous les conflits. Lui-même en avait déjà payé le prix sur Nar Shaddaa et sur le Star Home pour ce retentissant échec que fut le Sommet pour la Paix… Depuis son retour de Pakuuni, Tore s’entrainait dur pour mieux maitriser l’art du sabre, art qu’il avait un peu trop délaissé à une époque où le sabre règlait plus de querelles que les mots.

- Maitre Miridio avait ses propres règles, sa façon de voir les choses, et nous devons le respecter pour ça. Mais je peux aisément comprendre que ça ait pu… entraver ses relations avec son élève. C’était très courageux de ta part de déposer cette requête auprès du Conseil. »

La manière avait été pour le moins inhabituelle, et on aurait même pu y voir un signe d’insubordination de la part d’un jeune apprenti, mais il suffisait de côtoyer Yath aux abords de ses parterres de fleurs pour comprendre que le fond du problème n’était nullement l’attitude du Kel Dor. Tout n’était qu’une affaire d’incompatibilité entre deux Jedi, ce qui pouvait évidemment arriver. Beaucoup finissait par laisser couler, mettant de côté les dissensions et se forçant jusqu’au bout de l’apprentissage. Mais était-ce la bonne manière ? Le Whiphid n’en était pas persuadé mais allait dans le sens de l’autorité maitre-élève. Yath avait fait preuve de courage et de volonté pour faire une telle demande aux sages Jedi, ce qui méritait d’être souligné à sa juste valeur. Le Kel Dor s’attaquait au problème et ne le fuyait pas, et ça avait fini par payé. Ne lui manquait plus qu’à trouver un Maitre pour complètement valider sa démarche.

- Les préoccupations d’un Jedi comme moi sont peu de choses par rapport à celles d’un Padawan qui cherche sa voie. Parle-moi plutôt de tes "différends profonds" avec Maitre Miridio, et essayons de trouver ensemble une solution à ton problème. »

C’était ainsi que Tore concevait l’Ordre et les Jedi : une forme collective. Les uns devaient être constamment présents pour les autres, chacun avait à apprendre d’autrui, fut-ce un Padawan ou même un simple Initié. La Force était un tout, comme l’Ordre devait l’être.

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Yath fut surpris, et quelque peu embarassé, d'apprendre que Tore Ae savait ce qu'il s'était passé entre lui et son ancien mentor, les dissenssions qui avaient conduit les deux Jedi à se séparer avec plus ou moins de douceur, avant que les choses ne finissent par réellement "exploser". Mais était-ce vraiment surprenant qu'un maître ait appris ce qu'il était arrivé à un autre maître ? Des dossiers étaient déposés dans ces situations-là, et des discussions étaient entreprises au sein même du conseil pour y remédier. A partir de ces états de fait, n'était-ce pas somme toute tout à fait normal que le Whiphid connût les recoins de cette affaire ? Sans compter le fait que ce genre de querelles, et les conséquences qui la suivirent, étaient relativement rares au sein de l'Ordre Jedi. Par conséquent, il était facile de retenir les noms et les contextes liés à cette situation, même des mois après. Le regard du Kel Dor se perdait dans le vide, comme s'il voulait éviter celui du maître à côté de lui, de peur de laisser transparaître une immédiatement perceptible sensation de gêne et de honte. Il était vrai que la situation n'était pas facile à gérer pour Yath Von qui avait dû se résoudre à faire appel au conseil Jedi pour trancher ce différend, finalement, à contrecoeur. Et il était tout aussi vrai qu'il avait, depuis, l'impression d'avoir subi un échec en le faisant. Il n'arrivait à relativiser qu'en songeant à cette époque, où les relations entre Padawan et Maîtres pouvaient se finir autrement plus violemment, dans les larmes et le sang. Cette guerre entre les Sith et les Jedi, cette guerre de conversion, avait en effet fait basculer de trop nombreux apprentis du côté Obscur de la Force, et Yath tenait plus que tout à se distinguer de ces traîtres à la cause de la Lumière, à ceux qui avaient fini par succomber à leurs désirs de puissance, leur orgueil, leur égoïsme. Il concédait volontiers que ce qu'il s'était passé entre lui et Miridio dénotait de sa part un manque évident de sagesse, mais il se savait malgré tout assez intègre pour ne pas s'engouffrer dans l'abîme et ce qu'elle invoquait.

Tore Ae continua de discuter avec le Kel Dor qui tâchait, simplement, de l'écouter avec attention. Il argumentait que la posture de maître Miridio était respectable, et Yath était, dans l'absolu, tout à fait d'accord avec cette idée-là, même s'il ne la partageait pas. Pis encore, le Céréen avait des arguments pertinents pour appuyer sa thèse pacifiste, notamment celui selon lequel envoyer les Jedi en masse dans les batailles face aux Sith représentait un grave risque d'en voir chuter plusieurs de l'autre côté. Mais il y en avait déjà qui succombaient dans ces batailles-là, et Yath estimait qu'il fallait épauler à tout prix l'effort de guerre Républicain face à l'impérialisme Sith qui, de toute façon, avait vocation à détruire l'Ordre Jedi tôt ou tard : par la conversion progressive de ses membres ou par l'anéantissement physique. C'était l'un des nombreux points qui avaient fini par envenimer les relations entre Yath Von et Saj Miridio. Maître Tore continua en incitant Yath à reprendre la conversation, à exposer ses idées et pourquoi elles avaient déclenché une rupture entre lui et son ancien maître. Il fut plutôt réticent au départ, puisque c'était bien le fait qu'il exprime celles-ci qui avaient posé problème au départ. Etait-ce donc une bonne idée de le refaire face à un autre maître ? Peut-être que oui, après tout : Tore Ae était un maître sage lui aussi, et il devait avoir au moins la sagesse d'écouter et de considérer les propos des autres s'il proposait que Yath lui en parle.

"Je sais que maître Miridio a des très bons arguments, concéda volontiers le Padawan en se redressant et en faisant face à Tore Ae. Mais ces dernières années nous ont prouvé que le pacifisme à tout prix était une mauvaise stratégie à adopter face à l'expansionnisme Sith. Le traité d'Artorias a donné des centaines de systèmes à un Empire à la recherche de ressources qu'elle a par la suite utilisées pour reprendre ses attaques de plus belle. Nous aurions dû refuser les termes de cet accord et continuer de combattre, conclut Yath avec toute la sincérité dont il était capable. Je vous prie de ne pas vous méprendre sur mes idéaux, maître Tore. J'ai foi en la paix et en son pouvoir pour le monde. Mais l'histoire nous a appris que pour les Sith, la paix est un mensonge. Yath resta silencieux un court instant, son regard dissimulé sous ses protections oculaires dirigé vers le ciel azur. Il n'y a pas de paix possible avec l'Empire. S'ils ne sont pas vaincus, la République s'effondra et l'espoir s'éteindra. A jamais."

Son regard se reporta sur Tore Ae qui l'avait patiemment écouté. Il était rare de connaître quelqu'un avec une telle faculté d'écoute. Yath avait toutefois occulté quelques unes de ses idées parmi les moins populaires parmi l'Ordre et dont Miridio et quelques rares Padawan seulement connaissaient les tenants et les aboutissants. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le "divorce" entre les deux Jedi avait été consumé. Certains avaient considéré les propositions du Kel Dor comme extrêmes, voire dangereuses, et c'est pourquoi le Jedi s'était toujours gardé d'exprimer ses idées, parmi lesquelles l'adoption d'un Etat Spécial en temps de guerre durant lequel les Jedi constitueraient un haut pouvoir politique pour sauvegarder la stabilité politique au sein du Sénat Galactique et surveiller les sénateurs et sénatrices susceptibles de profiter des problèmes galactiques pour leurs intérêts personnels. Tout cela, il ne le partageait pas. De toute façon, ces idées restaient et resteraient à jamais des idées. Jamais Yath Von n'aurait le pouvoir nécessaire pour les appliquer, et il lui arrivait souvent de douter ce celles-ci. Il avait juste assez de recul de nécessaire pour s'interroger à ce sujet : avait-il raison de penser cela ?

"Je ne devrais pas vous parler autant de tout cela, confia le jeune Padawan passablement gêné par son propre monologue. Je n'aurais d'ailleurs jamais dû en parler, quand je vois les conséquences qui en ont découlé. Yath garda le silence, comme s'il désirait chercher les meilleurs mots à prononcer. Je ne sais pas si je suis un bon Jedi, maître. Mais je veux faire de mon mieux, parce que j'ai foi en l'idée et l'Ordre que je sers, et je veux les défendre."
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Tore écouta attentivement le Padawan. On pouvait apprendre beaucoup de choses en observant les gens, on en apprenait également énormément en les écoutant. Les mots du jeune Kel Dor étaient forts, et potentiellement dangereux pour un apprenti. Même lui, plus âgé et plus expérimenté, avait en partie succombé à l’attrait de l’obscurité sans même s’en rendre compte. Il lui avait fallu jusqu’à l’intervention de son ancien Maitre pour se détourner d’un chemin sans retour.

Cependant, le Maitre whiphid ne pouvait enlever à Yath sa volonté et son engagement, certes peut-être un peu trop véhéments, mais compréhensibles pour quelqu’un de son âge. Et il était surpris par sa prise de recul et son esprit d’analyse. Le Padawan avait dépeint en quelques mots la situation que le Traité d’Artorias avait contribué à engendrer pour la galaxie. Pour autant, s’agissait-il d’une mauvaise solution ? De la pire ? Tore n’aurait su le dire, et était éminemment moins catégorique que le Padawan qui se tenait à présent debout face à lui.

Tore lui-même avait fini par comprendre que pour être sur un pied d’égalité avec l’Empire, la République et l’Ordre Jedi devaient se montrer plus intransigeants, encore qu’il ne fût pas certain que cela puisse suffire face aux méthodes toujours plus brutales des Sith. D’expérience, il savait à quel point le Côté obscur pouvait se montrer attrayant, une voie bien plus aisée à emprunter que celle que les Jedi avaient choisi de suivre. Mais à choisir entre ce qui était simple ou ce qui était juste, le grand Whiphid n’hésitait pas une seule seconde. Et il savait que le combat des Jedi était juste.

- Au contraire Yath, je crois qu’il est très important de partager ce que l’on a à dire. C’est l’un des principes de base des Jedi, que beaucoup ont tendance à oublier en ces temps troublé : l’écoute. Et le partage. » Tore aurait pu y ajouter le respect ou l’humilité, mais il n’avait pas à s’étendre outre mesure sur les valeurs qu’il associait à sa définition du Jedi. Il reprit : Je ne peux pas être entièrement en accord avec toi, mais cela ne m’empêche pas d’écouter et de comprendre ton point de vue. » Il prit pour exemple un élément qui semblait concentrer beaucoup du mécontentement du Padawan. « Comment être sûr que le Traité d’Artorias était la plus mauvaise chose ? Vaut-il mieux un ennemi identifié, quitte à lui faire des concessions ; ou un ennemi invisible, qui vous poignarde dans l’ombre ? »

Le Whiphid aurait pu le sermonner sur son discours un tant soit peu radical, mais il savait que c’était ce qui avait causé la brouille avec son ancien mentor Saj Miridio. Et il respectait véritablement les positions défendues par le jeune Kel Dor. Voire les partageait sur certains points. Le pacifisme affiché de prime abord à la fois par la République et l’Ordre Jedi, et qui s’était poursuivi par un esprit de non-intervention – ce qui avait poussé à être dans la réaction plus qu’aux commandes des opérations – était une erreur dont il fallait tirer les bonnes conclusions. Les Sith ne croyaient pas en la paix mais savaient très bien le feindre pour tromper les idéalistes. Jedi et sénateurs devaient apprendre à ne plus tomber dans ce piège aussi grossier que grotesque.

Le Traité d’Artorias avait cependant permis d’identifier clairement les adeptes du Côté obscur, même s’il avait entériné l’existence du Nouvel Empire et l’avait doté d’un territoire que l’Impératrice cherchait constamment à agrandir. Si l’on pouvait y voir un aveu de faiblesse, cela avait au moins eu l’avantage d’empêcher les Sith de rester dans l’ombre et de frapper comme Darth Sinya avait pu le faire treize ans plus tôt. Rares étaient ceux qui n’avaient pas répondu aux sirènes impériales, ce qui avaient rendu leur surveillance plus simple pour l’Ordre Jedi et les services secrets républicains. Pour autant, Yath avait parfaitement raison en soulignant que cela n’avait fait qu’éveiller un peu plus les appétits de conquêtes des Sith, auxquels Jedi et sénateurs cherchaient encore un moyen pour les endiguer.

- Mais je dois bien t’avouer qu’un peu plus de fermeté de la part de notre Ordre serait la bienvenue. La nomination prochaine de ses nouveaux membres sera une très bonne indication de la voie que désirera suivre l’Ordre pour les années à venir. » En tant que Maitre, Tore était évidemment en course pour occuper l’un des sièges de la Tour du Conseil. « Quoiqu’il en soit, tous les avis seront à considérer dans notre lutte contre le Côté obscur. Le tien, Yath, comme celui de Saj Miridio. Nous restons des Jedi avant tout, et tant que ce sera le cas, il y aura toujours une lueur d’espoir dans la galaxie. »

C’était ce qui définissait encore plus le Jedi que n’importe quel mot, n’importe quelle définition. L’espoir. L’espoir qu’il portait, et celui qu’il insufflait. Tant qu’il y aurait quelqu’un quelque part pour croire aux préceptes de l’Ordre, l’étincelle finirait toujours par surgir. Les Sith pouvaient bien s’emparer de tous les mondes qu’ils voulaient, jamais ils ne pourraient changer cette vérité à laquelle Tore croyait dur comme fer.

- Que ferais-tu pour "faire de ton mieux" ? » demanda-t-il pour rebondir sur les derniers mots du Padawan, et curieux d’en savoir plus sur les motivations qui animaient le jeune Kel Dor.

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Yath avait suffisamment plongé son nez, en tout cas son équivalent dans l'anatomie des Kel Dor, dans les ouvrages et les archives historiques consciencieusement gardés par l'Ordre Jedi à travers les siècles pour se faire une opinion un tant soit peu éclairée sur la question de la guerre totale qui se profilait entre les Jedi et la République et l'Empire Sith. Mais là encore, après toutes ses longues soirées passées à se renseigner sur les Douze Exilés, sur les Guerres Mandaloriennes ou encore sur la Grande Guerre Sith, il se sentait encore enveloppé d'un épais brouillard lui dissimulant une vision claire du futur et des conséquences des actes du passé. Les époques de guerre étaient par essence incertaines quant aux issues qu'elles promettaient, certes, mais il semblait que celle-ci pouvait bien être la dernière. Etait-ce un sentiment légitime ? Celles et ceux qui avaient affronté les légions d'Exar Kun avaient-ils ressenti la même chose ? Et celles et ceux qui avaient fui l'extermination lors de la Purge, qu'avaient-ils pensé en voyant fondre sur leurs anciens coreligionnaires, ceux qui n'avaient pas enfoui leur bure et qui avaient été assassinés par les Sith ? Y avait-il de l'incertitude dans leurs pensées, ou bien étaient-ils restés certains du bien-fondé de leurs actions ? Ce qui était sûr, c'est que Yath n'arrivait pas à se raccrocher à quoi que ce soit qu'il pouvait considérer comme absolu et intangible, si ce n'était sa propre confiance envers la sagesse de ses maîtres. Il avait beau s'être "battu" contre l'un d'entre eux, le sien, mais il savait que maître Miridio avait certainement plus de raisons de penser certains choses que le Kel Dor de penser les choses inverses...

Tore Ae expliquait au jeune Padawan à quel point il était important que ce dernier pût s'exprimer, quand bien même il n'était pas tout à fait d'accord avec ses propos. Yath affirma, en songe, que le Whiphid était sensiblement moins têtu que son coreligionnaire Céréen, à n'en point douter. Et sans doute moins que le Kel Dor également. Si maître Miridio avait peut-être manqué d'écoute et de compréhension face aux propos de son propre Padawan, ledit Padawan pouvait lui aussi se voir reprocher, à juste titre, le fait qu'il n'avait certainement pas assez considéré les opinions de son propre mentor. C'était sans doute là le pire défaut que l'on pouvait trouver à certains Jedi dont Yath faisait honteusement partie : le dogmatisme. C'était peut-être d'ailleurs là que se trouvait la faiblesse que les Sith exploitaient sans vergogne afin de les amener à embrasser leur cause. Après tout, qu'y a-t-il de plus efficace, pour convertir un ennemi, que de détruire les croyances auxquelles il se rattache comme si elles étaient invulnérables et invincibles ? Sans nul doute, un être sans ses croyances est un être fragile, propice à la perversion, à l'anomie. Et les Jedi ne faisaient certes pas défaut à cette impitoyable loi de l'Univers.

C'était justement ce que tentait de faire, sous son propre contrôle, Tore Ae qui essayait de faire voir quelques éléments nouveaux au jeune Kel Dor. Celui-ci essayait de rechercher la contradiction dans les croyances de Yath, avançant que le traité d'Artorias avait peut-être eu davantage de bons points que de mauvaises idées. Le jeune Padawan tiqua.

"Les massacrés de Dubrillion n'en ont eu que faire de la visibilité de l'Empire, objecta le Padawan. Les opprimés d'Axxila, les martyrisés de Télos, les esclavagés de Lorrd... Tout cela en valait-il vraiment la peine, maître ?"

La question avait beau sembler provocatrice, ce n'était que candidement que le Padawan avait décidé de la poser. Il ne savait franchement pas si le fait de livrer les peuples qui vivaient dans les systèmes retrocédés à l'Empire était un sacrifice qui valait vraiment "le coup". Etait-il, en définitive, acceptable pour un Jedi (comme l'était Halussius Arnor, chancelier suprême à l'époque de la ratification de ce traité) de penser que le sacrifice de millions voire de milliards de personnes valait "le coup" ? Tore Ae, bien qu'il n'était pas en parfaite osmose avec les points de vue de Yath, concéda que le conseil Jedi avait quelquefois manqué, effectivement, d'une certaine fermeté sur certains points de la guerre froide pendant laquelle la République et l'Empire s'étaient regardés en chiens Kath de faïence. Il avisa toutefois le Padawan avec lequel il discutait qu'il n'était pas prudent de s'enfoncer sur ses positions comme si elles étaient non seulement les meilleures, mais les seules proprement acceptables. Sur ce point, Yath ne pouvait que concéder qu'il avait tout à fait raison, et que c'est lui qui avait parfaitement tort...

Tore Ae demanda au Padawan ce que ce dernier pouvait bien faire pour "faire de son mieux", reprenant les mots que celui-ci avait utilisé quelques secondes auparavant. C'était une bonne question. Entendre par là que le Kel Dor n'avait certainement pas les bonnes réponses à celle-ci. Concrètement, que pouvait-il faire pour tenter, au mieux, d'améliorer la situation dans laquelle la galaxie s'enlisait depuis plus d'une décennie ? Des idées, il en avait plein, assurément. Mais des bonnes idées ? Yath ignorait combien de ses idées pouvaient être considérées comme un tant soit peu acceptables pour améliorer la situation, pour "faire de son mieux".

"Aider, lâcha-t-il presque laconiquement, incertain quant au fait que ce mot représentait en vérité un concept très vague, sans doute trop vague. Ce que je veux, c'est aider. Et pour cela, j'ai besoin d'un maître qui puisse m'aider à devenir un meilleur Jedi."

Yath tourna la tête vers Tore Ae. Le message semblait suffisamment clair pour qu'il n'y ait aucun besoin d'expliciter. Peut-être même que le maître Jedi pensait à prendre le Kel Dor sous son aile, en partant de l'idée qu'il n'avait pas déjà un Padawan. Yath manquait de subtilité pour ce genre de choses qui demandait, d'habitude, un tantinet davantage de tact. Il n'était, de toute façon, pas très doué pour les discussions et les requêtes en tous genres.
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Les doutes du Padawan étaient légitimes, et tous ils les avaient un jour connu, quelque puisse être leur expérience de Jedi. Tore ne faisait pas exception, lui aussi s’était demandé si la reconnaissance de l’Empire était réellement ce que la République et l’Ordre auraient dû concéder aux Sith. Il avait connu le retour du Côté obscur, incarné par Darth Sinya, qu’il avait combattue en personne dans le parc où il se tenait en ce moment même avec Yath. Il jeta un rapide coup d’œil alentours, se remémorant les arbres et bosquets en flammes, et le chaos qui régnait.

Il n’avait pas connu le Traité d’Artorias, ni même les premières années de l’Empire, alors en exil au fond de la Bordure Extérieure. Cela ne l’avait pas empêché de réfléchir longuement à la question une fois de retour au Temple d’Ondéron. Le Whiphid ne jugeait pas ceux qui avaient initié le traité, il ne s’estimait pas en droit de le faire à cause de son absence. Il ne pouvait qu’espérer que tout avait été fait dans l’intérêt du plus grand nombre, mais reconnaissait la perfidie sith derrière le Traité d’Artorias, en attestait la soif inextinguible de conquêtes de l’Empire. Sa position était cependant plus nuancée pour les planètes dont le sort avait été d’être rattachées au nouveau pouvoir.

- Les victimes de la guerre sont toujours un aveu d’échec pour nous autres Jedi, qui nous sommes juré de défendre la paix. Mais aussi triste soit le sort des malheureux des mondes que le Traité d’Artorias a placé sous la coupe impériale, mieux valait cette solution qu’une conquête brutale des Sith qui ressurgissaient du néant. Tu parles d’Axxila, de Télos, de Lorrd… J’étais sur Lorrd. » L’évoquer lui fit un pincement au cœur. Tore ne pouvait s’empêcher de ressentir une peine infinie pour tous les Lorrdiens qu’il avait échoué à évacuer face à l’avancée impériale. « Je le considère comme un échec personnel, j’ai vu les horreurs de la guerre et de quoi étaient capables les Sith. Alors je pense qu’Artorias aura au moins évité cette souffrance à de nombreux autres peuples… »

Mais il ne fallait pas se voiler la face, si les Sith en la personne de Darth Sinya étaient parvenus à monter une flotte et à prendre d’assaut le Temple d’Ondéron, la conquête des mondes périphériques de la République n’aurait été qu’une question de temps. Tore défendait la démocratie, et les valeurs que portaient la République, mais déplorait l’abandon dont souffrait les planètes éloignées du pouvoir central de Coruscant. Ils constituaient le terreau dans lequel les Sith s’étaient développés durant des années au nez et à la barbe des Jedi et du Sénat. Les anciens mondes sith auraient été reconquis d’une manière ou d’une autre, Traité ou non…

Contrairement à ce qu’avait pensé Tore du fait des idées bien arrêtées du Padawan, Yath ne s’étendit pas sur la manière dont il pouvait apporter sa contribution. Sa réponse fut brève, sobre. Aider. "Ce que je veux c’est aider." Une preuve d’une certaine sagesse car cela voulait beaucoup dire en très peu de mots. Et la manière de les prononcer indiqua au Whiphid que le Padawan ne savait trop comment s’y prendre malgré toute son envie.

- Toute bonne volonté est la bienvenue, celle d’un Padawan vaut tout autant que celle d’un Maitre. Chacun, nous agissons selon nos compétences et nos possibilités, et il est du devoir des ainés de guider la nouvelle génération sur cette voie. »

Il savait le jeune Kel Dor sans Maitre – évidemment – et potentiellement à la recherche d’un nouveau mentor. Cependant, Tore ne savait pas s’il s’estimait prêt à la formation d’un élève… Il n’avait jamais connu d’expériences similaires, hormis quelques missions au cours desquelles il s’était retrouvé en charge d’un Padawan, et tout Maitre qu’il était, il avait passé de nombreuses années en exil et n’avait pas eu – ou pris – le temps de se poser cette question depuis son retour : était-il prêt à transmettre son savoir à un élève ?

Ses récents doutes quant à ses capacités et sur la Force lui trottaient bien évidemment en tête quand Yath lui demanda à demi-mots de le prendre sous son aile. Le Whiphid retrouvait peu à peu confiance en lui-même, en ce qui faisait le Jedi qu’il était. Prendre avec lui un Padawan l’aiderait-il ou valait-il mieux qu’il poursuive encore un temps auprès de Jedi plus expérimentés ? Il entendit alors la voix de son ancien mentor, Qan Ji, résonna dans son esprit : « Le devoir de tout Jedi est de lutter contre le Côté obscur. Chaque génération de Jedi a appris de la précédente comment le faire, ou comment essayer de le faire. C’est en transmettant nos savoirs que nous parviendrons tous ensemble à vaincre le Côté obscur. »

A l’époque, Tore avait trouvé cette tirade un peu pompeuse, très philosophique. Aujourd’hui, il comprenait véritablement ce qu’elle voulait dire. Ses propres luttes contre le Côté obscur et ses adeptes avaient été des épreuves dans sa vie, mais combinées à son savoir de Jedi, il y voyait là un héritage. Par ailleurs, la Force avait placé Yath sur son chemin, et il croyait en la Force. Il n’y a pas de hasard.

Les quelques doutes qui restaient encore dans son esprit furent apaisés mais ne disparurent pas pour autant. Cependant, Tore savait ce qu’il devait faire. C’est pourquoi il ajouta :

- Que dirais-tu si je t’apportais mon aide pour… aider ? dit-il avec un grin de malice dans la voix. « Je sais que ton expérience avec Maitre Miridio n’a pas été aisée, je ne peux pas te promettre que mon enseignement sera parfait, mais si c'est ta volonté de devenir un meilleur Jedi qui te guide, je peux t’accompagner dans cette voie. Si tu le désires, bien entendu. »

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Bien qu'il écouta avec attention les arguments du maître Jedi et que ces mêmes arguments faisaient objectivement sens, le Padawan ne fut pas entièrement convaincu par ceux-ci. A vrai dire, peu de gens auraient été convaincus par ces arguments pour la simple et bonne raison que personne ne pouvait affirmer avec certitude qu'Artorias et son traité avaient évité à de nombreux mondes de la République la rage meurtrière de l'Empire Sith. Toutefois, Yath avoua intérieurement que la réciproque était tout aussi incertaine. Cette discussion était celle de deux Jedi qui, s'ils se vouaient sincèrement à apprendre et comprendre l'univers qui les entourait, étaient condamnés à ne rester que de minuscules grains de sable inconscients de faire partie d'un grand désert. Tore Ae et le jeune apprenti le savaient, par ailleurs : il pouvait être dangereux de s'attarder sur les "si" aux dépens des aléas réels auxquels les Jedi, au même titre que les soldats et les politiciens, devaient résoudre et comprendre afin d'y apporter les réponses nécessaires. Si Yath comprenait cet état de fait, il lui était difficile de se remémorer les réels souvenirs qui allaient l'accompagner le long de sa vie : les flammes rongeant les murs du temple, les chevaliers Jedi tombant un à un, ses heures passées caché dans les sous-sols du temple à prier la Force que les Sith ne le trouvent pas... Si le Kel Dor jamais ne l'avoua, il était vrai que l'attaque d'Ondéron par les Sith l'avait profondément marqué au point qu'il portait ces souvenirs douloureux comme autant de blessures que la méditation, l'étude et, dans un certain sens, son engagement politiques, tentaient de faire cicatriser afin que, plus jamais, ce genre d'horribles choses ne se reproduise.

Le Whiphid évoqua sa propre expérience sur les mondes ravagés par la guerre menée par les Impériaux, notamment sur le monde de Lorrd. Yath avait longuement étudié l'histoire sinistre de ce peuple qui, durant des siècles, avait été réduit en esclavage. Cette tragédie avait trouvé un terme il y a à peine deux cents ans. Aujourd'hui, à nouveau, le peuple de cette planète devait renouer avec le traumatisme de l'oppression. L'idée d'un peuple entier devenant le jouet d'une Impératrice vouée corps et âme aux horreurs du côté Obscur ne le laissaient pas de marbre : au contraire, cela renforçait sa détermination à s'entraîner. Artorias, Ondéron, Dubrillion... S'il ne prit jamais part à ces batailles, il eut de longues descriptions sinistres de ces carnages de la part de certains chevaliers et il s'attachait à recouvrer de nombreuses informations sur ces évènements afin de se faire une idée précise de ceux-ci. Bien qu'il n'eut jamais envie de se retrouver sur un front aussi sauvage que ceux-là, il lui arrivait souvent de penser qu'il aurait pu avoir une influence sur ces batailles. Il n'était peut-être pas un excellent bretteur, mais il prenait souvent soin d'apporter à celles et ceux qui en avaient besoin l'aide nécessaire, car c'était bien le credo central que devait respecter tous les Jedi qui se targuaient d'en être. Et c'était bien ce que ce mot, qu'il avait prononcé un peu plus tôt, voulait réellement signifier : aider. Aider ses frères et soeurs jurés, les civils, les soldats de la République, la République elle-même.

"Je n'ai jamais posé les pieds sur un véritable champ de bataille, concéda volontiers Yath qui ne voyait aucune honte au fait qu'un si jeune Padawan n'ait pas encore fait connaissance avec les horreurs de la guerre. Et même si j'étais présent au temple lors de l'attaque des Sith, j'étais bien trop jeune pour prendre part au combat. C'est justement cela qui me motive, maître, affirma-t-il avec un sursaut de motivation. Je n'étais pas haut comme trois fleurs quand j'ai vu des chevaliers Jedi mourir sous mes yeux pour me protéger des assassins Sith, J'ai regardé le côté Obscur de la Force en face et j'ai vu ce qu'il promettait à la galaxie s'il s'en emparait. Apporter ce que je sais à l'Ordre Jedi n'est pas seulement lié au fait que je préférerais mourir au combat plutôt que de laisser la victoire finale aux Sith. C'est une promesse que j'ai faite à ceux qui m'ont protégé. Il n'est pas question de vengeance, mais de gratitude, conclut-il avec une pointe de mélancolie dans la voix."

L'un des rêves récurrents de Yath était lié à cette attaque dont il fut l'impuissant spectateur. La méditation Jedi, avec le temps, lui avait appris à se débarrasser des cauchemars qui le hantaient au début de sa formation d'initié. Mais il continuait à faire ce rêve durant lequel il se retrouvait face au chevalier Jedi qui l'avait sauvé des griffes des Sith et qui l'avait caché dans les entrailles du temple. Dans ce rêve, le Kel Dor s'affairait dans les jardins du temple où il se trouvait, présentement, en compagnie de maître Tore. A côté de lui, ce chevalier Jedi, se tenant debout face à deux jeunes enfants d'à peu près cinq ans, auquel il enseigne une leçon sur ce que doivent être les Jedi. Yath, bien qu'il se méfiait régulièrement des interprétations que l'on pouvait des rêves, comprenait à chaque réveil que c'était ce qui aurait dû se passer sans cette attaque. Si Yath s'affairait souvent, dans la réalité, dans les jardins du temple, ce chevalier à qui il devait sa vie ne pourrait plus jamais enseigner les fondements et les idéaux pour lesquels il était mort. Ce songe lui était important, car il lui permettait de se souvenir des traits du visage de ce chevalier Jedi dont il avait pourtant oublié le nom. Etait-il réellement important, en définitive ?

Tore Ae, lui, finit par proposer au Kel Dor, toujours à demi-mot, de devenir son professeur. Bien que Yath savait qu'il avait lui-même posé la question, plus ou moins, la réponse le fit tiquer. A vrai dire, il ne s'attendait pas à ce qu'un maître au courant des déboires qu'il avait eu avec son ancien mentor accepte de "l'aider" en devenant son propre maître. Il ne s'attendait pas, non plus, à ce que le Whiphid réfléchisse pendant aussi peu de temps à faire un tel choix. Maître Miridio lui-même, bien que Yath arriva dans ses pattes quand ce dernier atteint son treizième printemps, avait de son propre aveu longuement réfléchi à l'idée de prendre un Padawan sous son aile, et ce fut seulement parce qu'il avait compris qu'il était important de transmettre son savoir aux générations futures qu'il avait accepté de prendre sur lui cette lourde responsabilité. D'ailleurs, Tore fit évidemment référence aux différends opposant Yath au Céréen, et ajouta qu'il n'était pas certain que son propre entraînement soit optimal pour le Padawan. Ce dernier y analysa immédiatement une certaine sagesse : après tout, c'était par la modestie qu'on finissait par prendre la décision de s'améliorer... Yath, en signe de gratitude, s'inclina longuement devant le Whiphid. Sa quête d'un nouveau maître, manifestement, venait de prendre fin.

"C'est un grand honneur que vous me faites, maître, déclara le Padawan avec toute la solennité dont il pouvait faire preuve face à la décision toute aussi solennelle de le prendre sous son aile. Je ne vous décevrai pas."

C'était bien la déception qui constituait la principale hantise du Padawan. Après tout, c'était bien cela qu'il avait fait à son ancien mentor, et il ne voulait pas voir tout cela se reproduire. Il allait pouvoir tenir la promesse qu'il s'était faite quand lui et Miridio se séparèrent : il allait terminer sa formation et aller voir le Céréen pour lui affirmer tout cela n'était pas l'échec de ce dernier, mais bel et bien celui de Yath. Il devait bien ça à son premier mentor qui, si Yath ne partageait pas le moindre point de vue, savait qu'il n'aurait jamais pu devenir un bon Jedi sans lui.
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Évoquer l’attaque du Temple par Darth Sinya était toujours la source d’un profond creux au milieu de l’estomac du Whiphid, lequel ne doutait pas un instant que cet épisode – ô combien noir dans l’histoire de l’Ordre – puisse provoquer pareils maux à tous les Jedi qui assistèrent à l’image du Temple en flammes. Yath, alors enfant, avait été témoin d’évènements auxquels n’importe quel jeune esprit ne devrait pas être soumis. Malheureusement, les Jedi avaient été pris au dépourvu et s’étaient retrouvés pour la plupart sans défense devant la violence de l’assaut. Tore se souvint avoir fait face à Darth Sinya elle-même, dans ce même parc, et se demanda si l’avenir eut été différent s’il était sorti vainqueur de sa confrontation avec cette Sith. Probablement. Mais cela ne s’était déroulé ainsi, aussi ne s’apitoyait-il pas sur cet échec lointain pour se concentrer sur les défis présents et à venir.

La détermination du jeune Kel Dor était admirable, surtout lorsqu’on avait été marqué par les horreurs de la guerre. De nombreux Jedi pour plus âgés et plus expérimentés que lui s’étaient tournés vers le Côté obscur pour moins que ça… Si Yath mettait autant de conviction dans tout ce qu’il entreprenait que dans ses idéaux, Tore ne doutait pas qu’il deviendrait un jour un grand Jedi. Et peut-être, grâce à la Force, le Whiphid aurait une part de mérite dans l’ascension du Padawan. Une pensée qui pouvait manquer d’humilité, mais Tore se dit bien qu’on lui pardonnerait aisément de vouloir être fier de l’élève qu’il aurait contribué à former et qu’il espérait bien mener jusqu’au titre de Chevalier.

- C’est une promesse forte que tu as fait là, qui demande beaucoup de courage. » déclara le Maitre, impressionné par la sagesse que dégageait déjà le Padawan malgré son jeune âge.

Pour beaucoup, faire payer aux Sith les atrocités passées et présentes n’aurait été qu’une question de vengeance, ou de juste retour des choses, bien sûr déguisés sous des mots belliqueux. Yath, lui, ne voulait simplement pas que le sacrifice auquel des centaines de Jedi avaient consenti pour le protéger – lui et tant d’autres – soit vain. Tore ne pouvait qu’être d’accord avec les paroles de son jeune condisciple et se réjouit intérieurement d’avoir pris sous son aile un élève aussi prometteur avec lequel il semblait déjà partager beaucoup.

Yath s’inclina devant son nouveau mentor, lequel se sentit quelque peu gêné par tant de dévotion. Si Tore avait à cœur le respect de l’autre et qu’il attendait évidemment de son élève qu’il agisse envers lui de manière appropriée, il se trouva pris de court par le salut du Kel Dor et par la solennité de l’instant.

- Je sais bien que tu ne me décevras pas. » répondit le Whiphid en prenant le Padawan par les épaules et, d’un geste doux, l’invitant à se redresser. « Je ne pense pas qu’un Padawan, quel qu’il soit, puisse vouloir décevoir un jour son Maitre. Nous aurons de bons moments, d’autres sûrement moins plaisants, mais par l’échange et l’écoute nous apprendrons l’un comme l’autre de chaque situation. »

C’était une donnée importante dans n’importe quelle relation. Les Jedi n’étaient pas sensé connaitre d’autres situations que l’amitié ou le lien de maitre à élève – même si la politique de l’Ordre s’était largement ouverte sur le sujet – mais n’importe quel type de relation ne fonctionnait que par les deux vecteurs que Tore venait de citer selon lui. Il savait qu’il prenait avec lui un élève qui avait eu des désaccords profonds avec son précédent Maitre à cause d’un discours rompu entre eux, et il espérait parvenir à conserver ce lien entre lui et Yath… Et que ce dernier apprenne de son expérience malheureuse pour accepter d’autres discours que le sien. Il n’en serait que meilleur Jedi.

Devant le trouble apparant du Padawan, Tore s’ouvrit à la Force pour percevoir un peu plus fortement ses émotions et lui transmettre un peu de la paix qui l’habitait, bien aidé par la quiétude et l’ambiance apaisante du parc alentour.

- Nous ferons en sorte que Maitre Miridio puisse lui aussi être fier de toi, que tous les Jedi qui ont rejoint la Force le soient. »

Il était important de ne pas perdre de vue cette promesse. Non pas que Tore voulait encourager Yath à produire des efforts uniquement dans cette optique, mais parce qu’elle lui donnerait la force de se surpasser et d’affronter chaque difficulté.

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"Il aura fallu du courage à ces Jedi pour affronter des ennemis dont ils n'avaient aucune idée qu'ils se préparaient dans l'ombre, renchérit Yath. Ne pas avoir leur courage serait nier leur sacrifice. Je m'y refuse."

Si les visions de mort et de destructions avaient pu, pendant une bonne partie de sa jeune, scarifier l'esprit du jeune Kel Dor qui avait fini par retrouver la paix par la méditation et l'étude, les Jedi qui s'étaient sacrifiés au nom du bien et de la protection de la galaxie avaient été un modèle pour lui. Il savait que c'était précisément comme cela qu'un Jedi devait se comporter, en dépit de la mort, de la peur et de la douleur. Il n'avait certes jamais fait l'expérience de la véritable douleur, celle qui brûle à la fois la chair et l'âme sans que rien ne puisse l'apaiser, mais il s'était juré d'accepter de se l'infliger à lui-même si cela pouvait permettre de l'épargner à ceux qu'il s'était juré de protéger. Et il savait que son maître, sage et puissant dans la Force, pensait la même chose que lui. Lui-même avait combattu lors de la bataille du Temple Jedi, il avait d'ailleurs affronté les leaders de cette effroyable tuerie. Et Yath ne lui tenait nullement rigueur de l'échec qui avait été le sien, car c'était en vérité l'échec de l'Ordre Jedi tout entier, incapable qu'il fut à ressentir le retour des Sith et à se préparer en conséquence. Le Padawan n'était pas sûr s'il eût été possible de le prévoir, d'ailleurs. Les Sith étaient l'engeance des ombres, se servant d'elles pour se mouvoir et se regrouper. Dans toute la galaxie, aucun culte, espèce ou organisation politique de quelque ordre que ce soit ne pouvait s'enorgueillir de maîtriser la dissimulation et la fourberie comme les Sith le faisaient. S'il y avait une erreur à reprocher, elle devait être reprochée à tous les Jedi, et c'était celle d'avoir sous-estimé la capacité des serviteurs du côté Obscur de la Force à progresser dans le noir.

Mais cela était effectivement un désanvatage qui n'existait plus. Les Sith s'étaient alors révélé aux regards de tous les êtres qui peuplaient la galaxie, dans la République comme ailleurs. Ils avançaient à visage découvert et, même si certains affichaient sans complexe leur sympathie envers l'Empire, beaucoup avaient décidé de rejoindre le combat contre le crépuscule de tous les espoirs des opprimés dans la galaxie. De nombreux soldats, Jedi et âmes volontaires avaient perdu la vie dans ce conflit et il y avait fort à parier que celui-ci réservait encore nombre d'effroyables batailles au cours desquelles d'autres volontés allaient s'éteindre. Yath lui-même savait qu'il pouvait ne pas survivre à cette guerre et que la prochaine période de paix, s'il y en avait une, se construirait peut-être sans lui. S'il espérait bien pouvoir survivre à tout cela pour aider à rebâtir et à panser les blessures causées par les Sith et les cruelles exactions dont ils étaient capables, il avait fait depuis longtemps la paix avec la possibilité d'y laisser sa vie. Si le moment se présentait un jour devant lui, alors il l'accepterait tout en essayant de faire de son mieux pour que son sacrifice ne soit pas vain. En définitive, c'était peut-être en cela qu'il considérait les Jedi tombés lors de la bataille menée par Darth Sinya comme des modèles : parce qu'ils étaient allés au devant de la mort, sachant pertinemment qu'ils ne pouvaient y échapper, sachant que les Jedi qui les suiveraient continueraient le combat à leur place, en leur nom.

Son nouveau mentor lui assura qu'il l'écouterait si Yath, à son tour, faisait des efforts pour écouter les points de vue divergeant du sien. Cela semblait être un contrat acceptable, et il avait suffisamment de souffert de son défaut d'écoute pour être décidé à faire de son mieux. S'il n'avait pas réussi à faire tout cela sous la coupe de maître Miridio, il allait faire de son mieux pour pouvoir le faire sous la coupe de Tore Ae. Ce dernier remarqua d'ailleurs, dans sa grande sagacité, que les efforts que feraient Yath serait à mettre à son crédit et que la réconciliation que le Padawan espérait avec son ancien maître allait pouvoir se faire. Cela rassura quelque peu le Kel Dor qui savait, malgré tout, qu'il allait devoir travailler dur pour atteindre ce but.

"Merci de me donner une chance."
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- Viens, j’ai quelque chose à te montrer. » répondit sobrement le Whiphid.

Tore était touché par l’attitude de son tout nouvel apprenti. Son envie d’honorer les Jedi tombés au combat, de ne pas oublier sans pour autant tomber dans la facilité d’un esprit de vengeance, était une preuve d’une grande maturité… Une maturité dont beaucoup d’autres Jedi plus âgés et expérimentés feraient bien de s’inspirer par moment.

Il allait de soi que le Maitre Jedi était prêt à lui accorder une seconde chance. Qui n’avait jamais commis d’erreur ? Personne. Lui-même avait atteint le rang de Maitre et pourtant n’avait pas un parcours irréprochable, loin de là. Même Saï Don, le plus vénérable et le plus sage des Maitres du Conseil, avait connu des moments difficiles. Tore se souvint de l’assassinat du Sénateur par la main du vieux Jedi… Une époque si lointaine et si proche à la fois.

Alors comment aurait-il pu refuser d’approuver et d’encourager les efforts de Yath ? Le Whiphid était de nature indulgente, prompt à pardonner lorsque cela était justifié. Yath n’avait fait que céder aux défauts de la jeunesse, fougueuse et impétueuse. Rien de tout ceci ne le condamnait à ne plus recevoir la formation des Jedi. Le jeune élève avait encore beaucoup à apprendre, mais il semblait faire preuve de volonté et d’envie de s’améliorer. C’était ce qui avait décidé Tore.

Le Maitre l’entraina à sa suite dans les méandres du parc. Ils passèrent devant les bosquets en fleurs, devant des groupes en exercice ou en méditation dans le calme apaisant des environs. Il flottait sur le parc un parfum de paix et de quiétude qui tranchait avec les théâtres de guerre qu’avait trop fréquenté Tore ces derniers temps. Il était heureux de profiter de cet instant avec Yath.

Au bout de quelques minutes de marche et de silence contemplatif des lieux, Tore embarqua son Padawan sur un petit chemin de traverse, qui s’éloignait des voies principales découpant le parc du Temple. Il les mena au cœur d’un bosquet touffu au cœur duquel était conservée une souche calcinée. L’endroit était sombre, recouvert par les arbres qui formaient au-dessus des restes de l’arbre comme un dôme. Une lumière douce bleutée éclairait faiblement le lieu, émanant d’un tube au cœur duquel semblait flotter des lucioles.

- C’est là l’un des sanctuaires élevé après l’assaut du Temple perpétré par Sinya. Il m’arrive de m’y rendre pour, comme toi, honorer la mémoire de nos pairs tombés dans notre lutte contre les Sith. Chaque lueur que tu vois là… » Il indiqua le tube du doigt. « … représente l’un de ces Jedi. Si tu écoutes attentivement, tu pourras entendre la Force murmurer leurs noms. »

Tore avait déjà entendu son propre nom s’échapper des tréfonds de la Force, signe qu’un autre Jedi avait ajouté aux autres une petite boule de lumière le représentant. Un geste qui avait ému le géant whiphid, qui ne saurait jamais à qui il devait cet honneur sinon à l’Ordre dans son ensemble. Il tenait en tous cas à ce que Yath sache que beaucoup d’autres Jedi étaient comme lui et honoraient leurs morts. Il tenait à partager cela avec son Padawan.

- Aucun de ceux qui ont rejoint la Force n’est oublié, sache-le. C’est ce qui fait de nous des Jedi. »

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Le jeune Padawan parcourut les allées des jardins en suivant son nouveau mentor, lequel venait de lui dire qu'il avait quelque chose à lui montrer, ce qui retint l'attention du jeune Kel Dor. Ce dernier se plaisait à contempler les arbustes qui reposaient aux abords des cheminements que les deux êtres empruntaient et sur lesquels - c'était la saison - poussaient déjà quelques fleurs qui, d'ici quelques mois, allaient donner des fruits délicieux que les initiés allaient cueillir, ou dévorer en douce en espérant ne pas être repéré par un chevalier passant par là. Si le jeune Jedi avait lui aussi apporté de sa force à l'ouvrage pour la cueillette et l'entretien des arbres fruitiers, sa condition particulière l'avait empêché de se donner au plaisir à la fois coupable et innocent de s'envoyer un ou deux fruits en catimini. Si cela l'avait frustré la première fois, se considérant comme lesé par rapport à ses coreligionnaires, il avait fini par regarder ce moment de sa vie avec autant de nostalgie que s'il avait effectivement pu le faire. Cela faisait partie des nombreux bons souvenirs de son enfance, ceux qui l'aidaient à surmonter les moins bons.

Peut-être que les chevaliers Jedi qui étaient chargés de surveiller les cueillettes savaient pertinemment, en définitive, que les initiés profitaient du travail pour mettre quelques uns des fruits cueillis de leur côté, et qu'ils gardaient une certaine tolérance envers tout cela, afin que les jeunes garçons et les jeunes filles du temple puissent avoir quelques souvenirs que l'on pouvait voir chez tous les enfants. La vie d'un Jedi était singulièrement différente de celle d'une personne "normale", à coup sûr. Elle était faite d'évènements exceptionnels qui, entre les mains d'un Jedi, devenaient presque monotones, coutumiers, banals. Il était bon d'instaurer un semblant de "normalité" et d'innocence chez les jeunes enfants : cela leur permettait, dans le futur, de ne pas trop envier ceux qui jamais n'eurent à supporter un fardeau comme celui de rejoindre un Ordre certes vertueux, mais qui posait un certain nombre d'interdits et de règles assez rigides au nom de cette vertu parfois considéré comme dogmatique.

Après quelques instants au cours desquels les deux Jedi avaient arpenté les quelques chemins de gravier des jardins du temple, Tore s'arrêta et s'écarta pour laisser voir à son Padawan ce qu'il voulait lui montrer : une souche qui avait dû subir l'épreuve du feu mais de laquelle s'échappait une force bien vivante qui semblait créer une sorte de bulle protectrice au sein de laquelle l'air lui-même semblait bercé et apaisé. Dans ce dôme de verdure, aucun courant d'air agressif ne venait faire bruisser les feuillus au-dessus des têtes des deux individus. Seule une pâle lumière bleue s'échappant de la source venait noircir les feuilles vertes qui ne pouvaient, de toute évidence, réfléchir cette calme lueur qui leur parvenait. On pouvait s'y sentir comme dans une cuve, dans le bon sens du terme. Tout était calme, léger, doux. Tore Ae fit alors signe au Kel Dor que c'était un sanctuaire où l'on venait honorer les Jedi qui avaient donné jusqu'à leurs vies lors de l'assaut afin de défendre le temple. Il ajouta qu'en se concentrant, l'on pouvait deviner les noms de ces Jedi. C'est ce que fit Yath qui était curieux. En douceur, il posa sa main droite sur la souche calcinée et ferma les yeux. Bien qu'il se concentra, seuls quelques murmures difficilement audibles vinrent à se faire entendre, non dans ses ouïes mais directement dans les tréfonds de son esprit. Peut-être était-il trop décontenancé par le fait qu'il n'avait jamais aperçu ce petit sanctuaire pour entendre ces noms de manière convenable.

D'ailleurs, ces noms ne risquaient pas de lui être familier, et il n'en cherchait aucun. Il se devait, toutefois, d'offrir un hommage digne de ce nom à celles et ceux tombés pour lui, pour l'Ordre Jedi, pour tous ceux qu'ils avaient juré de protéger. Il retira donc lentement sa main de la souche pour la plonger dans sa petite besace qu'il ressortit presque aussitôt après avoir saisi un livre vraisemblablement usé et gondolé. A l'intérieur, on pouvait y discerner de nombreuses fleurs séchées que le Kel Dor avait pris soin de cueillir lors de ses nombreuses heures passées à jardiner dans le parc du temple. Les fleurs avaient été délicatement collées aux pages et l'on pouvait y discerner de nombreuses notes les concernant, prises par le jeune Padawan. Elles avaient germé, grandi et fleuri grâce à ces Jedi partis trop vite, il lui semblait donc naturel d'en décorer le sanctuaire qui leur était dédié. Il posa le livre délicatement, sur la souche. Il adressa un regard à son maître.

"Merci de m'avoir amené ici."
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