Mon ami, mon Samaël,

Cette lettre est la plus difficile que je n’ai jamais écrite, je n’ai jamais été doué pour en écrire de toute façon.

Je t’en prie, détruit soigneusement cette lettre une fois que tu l’auras lue, je ne voudrais pas qu’on t’accuse d’être mon complice.

Je quitte le Temple et l’Ordre Jedi pour rejoindre l’Empire.

Ceux qui m’avaient tout promis m’ont abandonné. Les Jedis m’ont laissé faire capturer sur Lordd après le massacre des civils, les Jedis m’ont laissé prisonnier sur Korriban, personne n’est venu. Personne n’a voulu me sauver. Seul, au fond de ma cellule, j’espérais si fort voir la porte s’ouvrir sur la silhouette rassurante d’un Jedi triomphant venu me porter assistance comme j’ai si souvent porté assistance aux plus faibles depuis que je suis devenu padawan. Je rêvais la nuit de la liberté, rêvais de te retrouver.

Mon propre Maître en qui j’avais placé toute ma confiance n’a rien entreprit pour venir à mon secours, je le considérais comme mon père, il n’a pas été meilleur que le premier. Chacune des blessures récoltées, chacune des vexations au Temple sur ce que je suis, chaque moqueries de ces petits padawans si parfaits ne pouvaient m’empêcher de garder le sourire, d’avancer encore et toujours ;  d’essayer, inexorablement de rendre la galaxie meilleure, cet idéal que nous avons façonné ensemble.

Dans cette cellule je suis mort, mais c’est un autre Kolin qui naquit alors de ses cendres, un autre Kolin avec une force décuplée, une puissance retrouvée, un pouvoir plus grand...

Ceux qui étaient mes bourreaux m’ont ouvert les yeux sur une réalité que je refusais de voir. Ils m’ont montré que la Force n’est pas aussi lumineuse que veulent le prétendre nos Maîtres, que pour le soleil brille sur Ondéron, la lune doit s’éteindre et que ces deux astres sont complémentaires et insociables ; tout comme le sont le côté obscur et le côté lumineux.

Je te conjure de me croire Samaël, nos ennemis sont les républicains, les politiques, le Conseil. Eux qui asservissent, détruisent, avilissent les faibles et se parent de leur manteau de vertu pour dissimuler les horreurs dont ils sont seuls responsables. La richesse, l’égoïsme, le pouvoir sont les seuls artefacts qui trouvent grâce à leurs yeux.

En leur jurant allégeance et en étant leurs serviteurs, les Jedis se fourvoient et se détournent de leur voie.

Mon frère m’a dit un jour que j’étais spécial et que chacun d’entre nous devait suivre sa voie, je crois que j’ai trouvé la mienne. Je vais œuvrer pour le bien de la galaxie en combattant ceux qui n’ont pour elle que du mépris.

Tu es le seul à qui j’écris car tu es mon plus cher ami. Notre première rencontre restera à jamais gravée dans ma mémoire. Toi, le seul à me regarder autrement que comme un animal sauvage juste bon à être dressé.

La punition que nous avons faite ensemble ; ces moments en ta compagnie resteront les plus beaux de mon existence. En toi, j’ai vu un cœur si pur, une personne si belle et si franche que toi seul a su apaiser la colère qui me lacerait le cœur. Cette mélancolie que tu portes,  ta droiture et ta capacité à voir le bien en chacun sont tes plus beaux atouts, elles façonnent l’extraordinaire Jedi et l’extraordinaire personne que tu es. Je prie la Force pour qu’un jour tu puisses retrouver ta planète et ta tribu.

Ne sois pas triste de mon départ car je pars pour une cause qui nous dépasse. Ne me déteste pas, car je ne saurai te détester en retour.

Certaines choses doivent être faites.

Puisse nos routes un jour se recroiser, mon très cher Samaël.

Kolin.