Luke Kayan
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- N... D'accord.

Il le savait et Karm davantage encore peut-être. En discutant ils en avaient convenu ou même sans échanger une seule parole d'ailleurs, Luke ne s'en rappelait guère, mais la mission avant tout, leur cause, l'Ordre au-delà de leur amour. Mis à part si on exigeait d'eux une séparation qu'ils s'étaient promis de ne pas accepter, les Chevaliers savaient où était leur place. Si Karm devait être laissé derrière, qu'il en soit ainsi et pareil pour le blond. C'était dur, mais le Hapien savait que c'était aussi un point positif. Plus ils démontreraient leur capacité à être raisonnables, plus le Conseil leur ferait confiance, jusqu'à ce qu'il découvre leur relation ou qu'eux deux soient aptes à la dévoiler. De toutes manières, c'était bien ces bons côtés qu'il fallait prendre puisqu'ils n'avaient pas le choix. Le chevalier turquoise avait raison, la séparation pour augmenter leurs chances était le mieux et Luke avait confiance en lui pour diriger la mission. Loin de ses états d'âme mélancoliques, il se redressa, un peu raidi, pas vraiment naturel mais déterminé.

- Fais attention.

Souffla le Hapien d'une voix qui laissait peu de doutes lorsqu'on était une personne aussi perspicace qu'Eurydice. Par chance cette dernière leur épargna un "je le savais" dédaigneux, probablement plus par crainte que par générosité. Affolée de voir son protecteur partir en chasse aux vilains, elle s'était insurgée contre la décision de Karm sans prendre Luke en compte. Le jeune homme lui rappela sa présence en toussotant puis en essayant de la rassurer, une chose pas si simple que cela lorsqu'on croyait déjà peu en soi. Heureusement le Hapien avait un certain don pour le mensonge, ayant acquis certaines capacités d'acteur par la force des choses, c'est donc l'air faussement sûr de soi qu'il tenta de rassurer l'ex-otage.

- Ne vous inq...

- Ne pas m'inquiéter? Votre copain là, il est peut-être gringalet mais il a prouvé ce qu'il valait, moi je veux aller où lui va.
- Non mais Madame, je suis aussi un prof...
- Ouais comme ceux qui font partis du quota obligatoire d'handicapés dans chaque entreprise. Bon j'exagère, c'est vrai que vous opérez pas mal, mais franchement j'suis désolée mis à part ça.
- Ça va, on a compris, de toutes manières, nous n'avons pas le choix.

Entre amour et haine, les deux belligérants cessèrent leur dispute à peine commencée pour trouver un abri. Plus précisément dans un recoin du hangar, couverts, semblait-il, pas les pas incessants des quelques dockers qui chargeaient. Luke avait choisi cet endroit peu fréquenté au cas où si quelqu'un les délogeait et mettait à mal leur couverture. Pourvoir de persuasion inhérent à tout Jedi ou non, suite à une bagarre acharnée, il ne convaincrait plus personne de les laisser monter à bord. Assis sur un banc, chacun de son côté, Eurydice et Luke laissèrent le temps filer. Quoiqu'attentif à cette dernière sans en avoir l'air, le Hapien en profita pour mettre à jour le rapport, ce serait toujours ça de gagné. Une touche de son comlink vibrait lorsqu'il appuyait sur une touche précise, ce qui lui permettait de se guider en ce qui concernait les autres apprises par coeur, au Temple, un droïd corrigerait les fautes qui traînaient. 25 minutes s'étaient écoulées lorsque le Jedi sentit quelque chose. Ce n'était qu'un impression peut-être, en tout cas elle était mauvaise.

38 minutes, l'idée se fit plus précise et plus chaotique à la fois, plus pressante surtout. Les flibustiers s'étaient évidemment séparés pour couvrir le maximum de terrain possible. Par chance, Karm était parti à la chasse du plus grand groupe, assurant les arrières de son compagnon et d'Eurydice. Luke se rapprocha de la femme occupée à se gratter consciencieusement la perruque comme s'il s'agissait d'une vraie chevelure pouilleuse et de calmer son bébé, il lui toucha le bras après avoir tâtonné une fois.

- On y va.

À son ton sérieux, la mère compris, elle n'était pas sûre de ce qu'elle désirait vraiment: suivre le Jedi aveugle ou fuir par ses propres moyens, cependant, la promesse du moyen de transport sans doute, couplé au retour prévu de Karm ainsi que sa crainte de la solitude la poussèrent à rester... Et à obéir au Hapien après un temps d'hésitation. Juste assez pour que les deux poursuivants présumés passent devant leur banc. Far'Sic et son incroyable instinct- Luke se demanda si l'aura de son fils ne dissimulait pas une sensibilité à la Force.- devinèrent rapidement de qui il s'agissait, à leur tête comiquement clichée de gros vilains peut-être. Elle bondit presque sur le banc pour se rapprocher du blond, se retrouvant nichée entre ses genoux, puis à pleines lèvres l'embrassa fougueusement. De ses bras qui enlaçaient le Jedi, elle cachait ainsi son fils, coincé entre les deux, presque écrasé à vrai dire. Luke, manipulé comme un pantin ou presque eut au moins le réflexe d'envoyer une onde de Force à l'enfant, plus profonde que les autres fois, un ordre plus qu'une suggestion afin de l'endormir, presque pareil que lorsque Karm maintenait Far'Sic somnolant pour l'opération. L'intrusion psychologique "assomma" Brian qui retomba dans un sommeil cette fois en partie artificielle.

Les deux hommes passèrent devant le couple, qui, le visage enfoui dans les bras de l'autre, bouche contre bouche se cachaient l'un l'autre. Même si l'artifice couplé à celui de la perruque brune ne durerait pas, ils avaient obtenu un instant de répit. Luke repoussa Eurydice qui continuait de l'embrasser malgré le fait que la menace s'éloigne un peu. Un excès de zèle probablement.

- Non mais vous n'étiez pas forcé d'y mettre la langue!
- Ahlala, même pour embrasser ce n'est pas compétent, et il veut que je lui fasse confiance pour me protéger, c'était pour le réalisme.
-... Allez, debout

Luke pressa la trentenaire qui se redressa perdant à demi sa perruque, tandis que les couvertures de l'enfant s'étiraient et glissaient le long du corps de la mère. Plus que 15 minutes à tenir. Mais Karm aurait-il le temps de revenir? Le Hapien poussa la femme entre les vaisseaux, dévalant les escaliers d'un sous-terrain abandonné, attenant à la partie ancienne de l'astroport, reconstruite un peu plus loin- probablement pour petits speeders et autres navettes d'entretiens.- qui devait servir de squat la nuit venue. Luke faillit tomber, à demi entraîné par l'ancienne otage paniquée.

- On n'y voit rien et ça pue.
- Suivez-moi, je sers de lampe.

Le jeune homme se glissait plutôt habilement entre les ombres, et cette fois, c'était Eurydice qui peinait à avancer, projetant ses mains en avant par peur de rencontrer un mur. Luke sentit à nouveau les auras menaçantes. Évidemment, avec leurs moyens Rev's Corporation devait envoyer des hommes de mains au QI plus élevé que ne le voulait la légende concernant leur brutale profession.

- Ah bah ça c'est une vraie lumière.

Luke devina que les gorilles avaient trouvé les interrupteurs et étaient parvenus à les faire fonctionner. Il obligea l'ancienne otage à s'accroupir sur le sol graisseux.

- Pas un bruit, je reviens.
- Mais c'est une manie chez vous.

Luke ne répondit pas à la plainte de la femme qui serra Brian contre son sein, l'enfant commençait à s'éveiller de nouveau, et rendu confus par le coup de "massue" envoyé par le Jedi, il s'apprêtait à communiquer son mal de tête à la Galaxie entière. Avec sagesse, elle se concentra sur toutes les nuances de bercement connues pour le calmer.

- Là-bas! Près des escaliers.

Le Hapien se glissa en courant vers la sortie, la main posée sur le mur rempli d'aspérités qui lui écorchaient parfois les mains. Il attrapa son sabre-laser et l'alluma lorsque ses doigts ripèrent enfin sur quelque chose qui tanguait, cet objet de toutes les convoitises lors d'une course-poursuite dans un lieu que le soleil se niait à visiter. Un grésillement se fit entendre.

- Rah pu*** le con, il a bousillé le système électrique!

Luke projeta la Force sur l'enfant qui par miracle, reçu cette aura connue avec joie, babillant quelque peu. Guidé par ce dernier, le jeune homme se glissa à nouveau dans l'ombre, cette fois presque totale, pour rejoindre Eurydice.

- C'est ça votre plan?
- Non.
- Ah
- Un peu de patience.

Un "KLONG" violent retentit et le blond leva le doigt.

- Voilà. Mais ne tardons pas, ils ont sûrement une lampe ou quelque chose dans le genre, une main sur mon épaule et suivez-moi.
- Eh c'est pas que je ne vous fait pas confiance mais...
- Vous vous rappelez du quota d'handicapés engagés dans l'entreprise?
- Oui et alors?
- Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, et c'est moi le borgne maintenant. On avance.

La femme se décida, une main sur l'épaule du blond qui progressait le plus vite possible vers la sortie, en s'assurant de ne pas croiser les hommes de main. Parfois il s'arrêtait pour écouter le presque silence puis changeait de route. Enfin les deux joueurs de cache-cache atteignirent l'escalier, derrière eux, assez loin mais armés de la lumière émise par leur comlink les mercenaires fouillaient les environs.

- Ils ont allumés leur conlink!
[/color]- Raison de plus, on est presque arrivés.

Tous deux atteignirent enfin la sortie, et Luke exhorta Eurydice à retirer sa perruque. Il prit la couverture de l'enfant, la retourna de sorte à faire disparaître les motifs-évidemment, il avait dû apprendre ces détails, loin d'être naturels pour lui- et la disposa sur la tête de la trentenaire, comme si elle était une femme voilée. Lui-même se débarrassa de sa veste. Le Jedi tendit une bonne liasse de billets à Eurydice.

- Une veste pour Homme, longue et discrète.

Lui ordonna-t-il, tandis que la gorge sèche, Eurydice s'exécutait, attrapant dans une misérable gargote un genre de veste en cuir, neutre et ennuyeuse au possible mais ample, probablement une taille de plus que celle que faisait Luke. Le marchand faillit les récriminer tandis qu'elle jetait presque l'argent sur le comptoir pour éviter une poursuite en règle mais se ravisa en voyant que son habit à 15 crédits avait été payé 50. Pendant qu'ils marchaient, le Hapien attacha ses cheveux en une queue de cheval. Selon son apprentissage sur l'infiltration, il savait que les petits détails étaient ceux que le cerveau d'un voyant enregistrait. Une femme voilée, un enfant bien en évidence et un homme aux cheveux ramenés en chignon pouvaient faire buguer un instant la cervelle des poursuivants, une précieuse seconde, juste une. Pour affiner un peu le grotesque changement, Luke avait fait acheter à sa compagne de la nourriture rapide, ils ne semblaient plus vraiment fuir ainsi, et le sac de frites grasses planté devant leur visage de faux gloutons occultaient légèrement leurs traits.

Enfin, à force de marcher vite, le couple improvisé arriva devant la navette dont l'entrée commençait déjà à se fermer.

- Jérémiah.

Luke leva la main et l'homme ayant déjà précédemment reçu des ordres du Jedi se plia facilement à son ordre implicite, comme s'il reconnaissait l'empreinte implicite laissée dans son cerveau.

C'était l'heure, où était Karm?
Luke grimpa dans la navette mais il mit le nez dehors, empêchant la porte de se refermer totalement. Il manquait encore deux minutes.

- Qu'est-ce que vous foutez? J'veux pas d'emm*rdes. Il est où votre pote teint?


C'était Jérémiah qui râlait contre le jeune homme dont il ne savait pas vraiment pourquoi il avait accepté la présence. En tout cas, il sentait les soucis à plein nez. Les yeux portés sur l'horizon et la queue de cheval faite dans l'urgence à demi-défaite, Luke envoya une onde d'encouragement à son ami, essayant de diluer son inquiétude.

* Presque, tu y es presque.*

Lança-t-il plein d'espoir.

- Je ne voudrais pas dire, mais ça ressemble vachement à un mauvais holofilm... Cela dit, j'espère que ça finisse aussi niaisement: tous heureux pour toujours

Eurydice serra davantage Brian contre sa poitrine et posa une main ferme sur l'épaule du jeune Jedi, le regard balayant l'astroport à la recherche de celui envers qui elle était si reconnaissante.
Karm Torr
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— Hey, mais c’est toi qu’on cherche.

Encore raté. Karm avait espéré, dans la confusion de la bagarre qui mettait désormais à sac le bar où il avait retrouvé, guidé par son intuition, les mercenaires envoyés par la Rev’s Corporation, pouvoir fuir en toute discrétion, et retourner à la navette sans se faire remarquer. Mais un homme à l’arcade sourcilière déjà ensanglantée venait de s’extirper par la mêlée pour l’empoigner par le col. Il ouvrit encore la bouche pour appeler ses camarades mais un coup de poing soudain dans la gorge lui coupa la parole.

Surpris, il lâcha Karm. Grossière erreur. Un genou lui percuta l’entrejambe, avant que Karm ne lui attrape le poignet, ne lui tourne le dos et ne le renverse brutalement au sol après l’avoir fait rouler sur son épaule. Un craquement sinistre compléta la prise en annonçant que le bras de l’infortuné gorille venait d’être déboîté. Karm s’accroupit près de lui pour lui faire les poches, tout en murmurant :

— C’est généralement pas une super idée, dans la vie, de me chercher.

Il n’avait aucun scrupule à dévaliser sa victime. Un blaster, quelques billets et un comlink qu’il logea aussitôt dans ses oreilles. Alors il put entendre qu’un groupe de poursuivants croyait avoir repérer Eurydice et Luke. Karm réprima un juron en Ark-Ni et, cette fois-ci, mis la discrétion de côté pour se frayer un chemin dans l’assemblée belligérante, à grands renforts de coups de coude et de tranches de la main.

En chemin, Karm se soucia moins de se défendre que de progresser le plus vite possible et, sous ses vêtements, son corps était probablement déjà couvert d’hématomes nés de coups qu’il n’avait pas pris la peine d’éviter. Désormais, c’était la course. Il s’était élancé dans les coursives de la station spéciale, à la recherche du trajet le plus rapide qui l’emporterait vers l’astroport, et l’endroit où Eurydice et Luke avaient, peut-être, affaire à forte partie.

Sa décision avait-elle été inconsidérée ? Aurait-il dû rester près d’eux ? Certainement, il venait de liquider, au moins pour un bon moment, quatre ou cinq hommes et ce n’était pas rien, mais cette ruse-là serait vaine si la mission était compromise ou, pire encore, si Luke tombait sous les coups de leurs autres adversaires.

— Pas si vite, demi-portion.

Freinage plus au moins contrôlé. Au détour d’une ruelle, Karm se retrouva nez-à-canon avec un blaster, et au bout du blaster, un bras, et au bout du bras, une brute.

— Y a des traceurs dans nos comlinks, tu crois quoi, abruti ?

Evidemment. Il aurait dû s’en douter. Du matériel dernier cri, fourni généreusement par la Rev’s. Il s’était laissé absorbé par la technologie un peu datée de la station et avait oublié que leurs antagonistes n’étaient pas des locaux. Toute la Galaxie n’enviait-elle pas la science qu’on développait sur Arkania ? Karm leva sagement les deux mains.

— OK, j’me rends, relax, Musclor.
— Fais pas trop le malin, c’est pas comme si j’avais vraiment besoin de toi. Dans cinq minutes, mes potes auront liquidé l’autre tarlouze et remis la main sur la femme et le mioche. Bref. T’as pas intérêt à moufter quand j’te fouille sinon je t’aère bien proprement la cervelle.

Le canon pointé sur la tête de Karm, l’homme commença donc à le palper, pour le délester de ses armes. Le voilà privé d’un vibrolame. Du blaster qu’il venait d’emprunter. Les doigts du mercenaire s’arrêtèrent sur la forme peu commune du sabre laser.

— Qu’est-ce que…

Il extirpa l’objet des replis des vêtements de Karm et, en découvrant de quoi il s’agissait, il ne put s’empêcher de blêmir.

— Oh merde.
— Comme vous dites.

Une vague de Force projeta l’homme en arrière alors que Karm se laissa tomber au sol comme une masse, pour éviter le tir de blaster qui lui répondait par réflexe. Il sentit le rayon d’énergie frôler son front et une mèche de ses cheveux fut réduite en cendres mais, déjà, le sabre de Luke bondissait dans sa main, alors qu’il se redressait. Les tirs suivants se heurtèrent à une lame verte, et l’un d’entre eux finit par atteindre en retour son expéditeur en pleine poitrine.

Alors que l’homme s’écroulait, Karm éteignait son sabre et écrasait le comlink d’un coup de talon. Il ne lui restait plus que quelques précieuses minutes, ce qui au demeurant n’était pas plus mal. Les affrontements ne manqueraient pas d’attirer l’attention des forces de sécurité et il était préférable de quitter la station au plus tôt. Karm, donc, recommença à courir, conscient qu’il pouvait être rattrapé à tout moment soit par les mercenaires, soit par les policiers.

Ses jambes commençaient à lui brûler à force de courir et, même avec son redoutable entraînement, entre la bagarre, l’affrontement avec l’homme armée et la cavalcade, son souffle commençait à se faire court. Mais enfin, ce sont les docks. Lançant à tout va qu’il était en retard, pour que sa course ne parut pas suspecte, il se jette vers la navette, bondit sur la rampe en train de se lever et se laisse glisser à l’intérieur, une seconde à peine avant d’entendre le chuintement caractéristique de la cabine qui se pressurisait.

— Qu’est-ce qui vous est arrivé, demanda Far’Sic, sincèrement inquiète, en constant la trace de brûlure légère sur son front.
— J’ai trouvé ceux que je cherchais. ‘Fin qui nous cherchaient. ‘Fin vous voyez, quoi.

L’Ark-Ni se releva péniblement et souleva son haut, pour examiner ses flancs et son ventre endoloris.

— C’est de sacrés bleues que vous avez là, il faudrait pas que vous nous fassiez une hémorragie interne.
— Vous inquiétez pas, j’ai l’habitude.

Le vaisseau venait de s’ébranler et, bientôt, ils s’élançaient enfin hors de la station spatiale. Karm laissa retomber son vêtement.

— M’enfin, j’dirais pas non à un peu de repos, là, à présentement. De toute façon, j’imagine que y a pas des tonnes de truc à faire dans ce cargo.
Luke Kayan
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La porte se referma sur eux et, Luke l'espérait, sur cette mission, même s'il y avait encore du chemin à parcourir. Tandis qu'Eurydice se préoccupait pour Karm, bien qu'il meure d'envie de faire pareil, le Hapien sortit son comlink pour prévenir le commanditaire de la mission. Au fond, il ne savait toujours pas si c'était un "bon" ou un "mauvais" qui souhaitait prendre la relève et utiliser la femme et son fils pour que l'ingénieur travaille pour eux, mais présentement c'était impossible de le vérifier.

Avons récupéré le colis. Nous nous dirigeons vers le point de rencontre. Possibilité de poursuivants.

Le message envoyé, le Hapien retrouva ses prérogatives sur l'Ark-Ni qui s'était défait de son haut, ses capacités médicales étant un parfait prétexte, bien qu'Eurydice y mit de sa volonté, laissant les deux hommes sans rechigner. Elle savait , comme tous ceux qui les côtoyaient pendant un temps finissaient pas saisir. Par chance, son silence semblait acquis et le blond n'avait pas du tout envie de songer à leur incapacité à être davantage discret. Le cargo disposait d'un petit dispensaire, plus grand quoique moins moderne de celui d'Urwaya. Convaincu, une fois de plus, Jérémiah les laissa y entrer, non sans râler un coup. Encore un petit effort pour Karm et celui-ci aurait enfin le droit à son repos mérité. Malgré une certaine fatigue issue de la petite course-poursuite, sans parler de la tension accumulée, Luke était en meilleur état que son compagnon qui avait prit la majorité des coups et des risques. Il le fit s'allonger sur une table en acier, froide mais propre, plaçant une serviette jetable dessous afin d'éviter à Karm, les désagréments de l'alliage contre sa peau meurtrie.

- Je vais vérifier si ces hématomes ne cachent rien de plus.

Énonça-t-il, plus comme un ordre qu'une suggestion d'ailleurs. Par chance, ni l'unité robotique attelé à la table, ni une exploration médicale ni par le biais de la Force ne révélèrent d’hémorragie interne. Luke tendit des vitamines sous forme de comprimés à mâcher à son ami, l'invitant à manger tandis qu'il s'appliquait à lui faire un bandage. Il se repérait aux mains, tâtonnant cependant beaucoup moins que sur le corps d'un(e) inconnu(e).

- Désolé si je serre beaucoup, je veux m'assurer que rien ne bouge au cas où s'il y a une fracture.

Dans ce cargo tout juste maintenu aux normes, nulle machine était suffisamment puissante pour explorer les os, à défaut, heureusement, du système sanguin. Luke ne souhaitait prendre aucun risque, et pas seulement par acquis de conscience professionnel évidemment.

- Je ne pense pas qu'ils puissent nous localiser avant d'arriver, et cela ne devrait pas trop tarder, quelques heures tout au plus, alors tu peux... Non tu dois te reposer.


Le jeune homme s'assit sur une chaise à côté de la table afin de prendre une petite pause dans ses explorations. Cette étape finie, il put se relâcher afin de prodiguer des soins plus lentement et de manière plus personnelle, douce. Il passa lentement une pommade cicatrisante à base de Bacta sur les hématomes et palpa les épaules pour s'assurer que rien n'était déboîté. Un petit massage du cou survint, sans doute en guise de remerciement pour tout ce que Karm avait accompli. Le blond avait bloqué ses éventuelles peines ou inquiétudes au sujet de son utilité dans l'équipe. L'heure n'était pas à la nostalgie, tout allait "pour le mieux" et surtout, ses préoccupations étaient diluées par le bonheur qu'il ressentait à l'idée que le chevalier Turquoise ait pu exprimer son talent. En y réfléchissant bien, jusque là, mis à part l'exploration de la planète -leur planète- les missions étaient davantage du domaine de Luke. Malgré ses plaies, Karm avait démontré sa pleine habileté dans le sien, aujourd'hui. Enfin, le Consulaire songea sagement qu'il n'y avait pas besoin d'ajouter de drames là où il n'y en avait pas.

L'épuisement l'aidait paradoxalement à avoir les idées plus claires, bien qu'il ne tiendrait pas de façon aussi déterminée, uniforme, ses résolutions, le Jedi était décidé à simplement savourer le fait que Karm le veuille à ses côtés. Si ce dernier devait un jour se plaindre, il le ferait sensément à haute voix, afin de le remettre sur le droit chemin ou le concerné le sentirait. Il l'espérait en tout cas. Profitant donc de leur semi-victoire, Luke s'affaira autour de son ami, sans essayer de le couver ou de lui tirer ses impressions émotionnelles. De ce fait, il ignorait l'état d'esprit de ce dernier, occupé à le soigner, entièrement versé dans cet art qui lui prenait, certes plus de temps, bien qu'il se montre paradoxalement plus précis qu'un médecin moyen. Sans doute que l'amour et la tendresse jouaient beaucoup.

- Est-ce que tu peux te déplacer? Il y a un petit lit dans la chambre attenante, tu as besoin de dormir.

Murmura doucement le jeune homme, les soins terminés. Pour l'instant, aucune catastrophe à l'horizon. Une heure de calme, c'était ce qu'il leur fallait -et Luke ne cracherait pas sur les deux ou trois autres de plus qu'étaient sensés durer le trajet.- pour se retrouver, presque sans mot, si ce n'était le nécessaire. Craignant de rompre l'essence de ce moment, le Jedi qui craignait habituellement le silence, alors presque doublement aveugle, l'appréciait, caressant chastement l'esprit et le corps de son ami via la Force. La voix du pilote annonça un passage en vitesse de croisière après l'arrivée sur la seconde station, une étape de plus de franchie. Luke sentit un poids s'évanouir, ils avaient passé la planète originaire de leurs soucis et cette dernière n'était plus qu'un petit point. Il imagina un instant le bonheur qui se battait avec l’allégresse dans le cœur de Far'Sic qui délaissait un mari toujours "pris en otage" et aimé malgré des apparences dures, sans concession. Se sentant particulièrement chanceux, le Hapien invita Karm à se redresser pour aller au lit en soufflant un désormais rituel:

- Je suis fier de toi, et je t'aime Tam.
Karm Torr
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— T’sais, j’suis beaucoup plus solide que j’en ai l’air, protesta Karm en s’installant sur le petit lit métallique du dispensaire, alors que Far’Sic partait en quête d’un coin calme, pour profiter elle aussi d’un repos nécessaire.

Silence.

— Ouais, bon, OK, j’suis super fragile, mais j’t’assure que ça va.

La vérité, c’était que tout excellent combattant qu’il fût, l’Ark-Ni passait un temps considérable dans les infirmeries, à cause de la faiblesse de sa constitution. Ce fut donc un patient rompu à l’exercice qu’il se prêta aux soins de Luke, et ceux-là avaient un charme que les attentions de ses guérisseurs ordinaires, au Temple, n’avaient pas. Le regard fixé sur l’Hapien, il profitait du spectacle de sa beauté.

(D’accord, de ses mains sur son corps aussi.)

— T’sais que pour un peu, j’vais finir par songer à me faire blesser plus souvent, si ça ouvre le droit à des massages.

Allongé sur le ventre désormais, Karm ne parvint pas cependant à réprimer un bref gémissement de douleur, qui suggérait bien que, malgré ses plaisanteries, la mission avait mis son corps à rude épreuve. Entre l’expédition dans les glaces d’Arkania, les acrobaties de l’évasion de Far’Sic, le combat avec le mercenaire, l’affrontement au spatioport, la violence des passes d’armes dans l’espace au-dessus de la planète, le bagarre dans la taverne et le duel dans la ruelle, les quelques heures qu’il venait de vivre avaient été fort mouvementées.

Il s’en remettrait cependant.
Il avait connu pire.

— T’inquiètes, Luke, ça va aller, confirma le jeune homme en se redressant, avant d’attraper le haut de Luke pour l’attirer près de la table d’examen, entre ses cuisses.

L’Ark-Ni posa le front contre le torse de son compagnon.

— T’imagines ce qu’elle doit vivre. Savoir que son mari est resté là-bas. Devoir faire le choix entre protéger son enfant et son mari. Un jour, elle épouse un ingénieur, et le lendemain, elle se trouve prise dans une histoire pas possible.

Le Chevalier redressa la tête, laissant son nez frôler le cou et la mâchoire de Luke.

— Moi aussi, j’t’aime.

Et sur ces bonnes paroles, où la tendresse se mêlait à la mélancolie, il descendit de la table et se laissa guider jusqu’au lit. Se calant contre la paroi pour laisser une place à Luke, Karm ne tarda pas à s’endormir, bercé, comme souvent les Ark-Ni, par le ronflement régulier du vaisseau. Il ne se réveilla qu’à la décélération qui annonçait la sortie de l’hyperespace. Se relever se révéla un exercice un peu difficile mais Karm fit son possible pour ne pas trop manifester sa douleur, afin de ne pas inquiéter Luke. Il s’autorisa cependant à rester torse nu, peu enthousiaste à l’idée des contorsions meurtries qu’exigerait toute séance d’habillage.

— Au moins, j’aurais eu l’occasion de vous voir sous toutes les coutures, commenta Far’Sic, quand Karm fit son apparition en cette tenue dans le petit mess du vaisseau.

La plaisanterie sonnait faux. A mesure que le terme de leur voyage s’approchait, Far’Sic était contrainte d’envisager un futur qui n’avait encore rien de riant. Elle ne doutait pas que les Jedis continuent à veiller sur elle, si ce qu’on racontait sur leur compte était vrai, mais son enfant semblait condamné pour l’heure à grandir sans père et elle, de son côté, à vivre dans un anonymat prudent, pour éviter tout nouvel enlèvement.

Karm lui adressa son sourire le plus réconfortant, à moitié convaincu lui-même de la tournure qu’allaient prendre les événements. Ils n’eurent pas le temps d’en discuter cependant : Jeremiah venait de descendre du cockpit.

— C’est vraiment désert, votre secteur, là.
— C’est le but, j’suppose.

Le Fantôme leur avait donné rendez-vous non loin d’un champ d’astéroïdes mais, tout autour d’eux, à part la naine rouge qui rayonnait dans le lointain de l’espace profonde, il n’y avait que le froid et la nuit éternelle. Sans surprise. Il était bien naturel que l’organisation qui avait cherché à employer des mercenaires pour exfiltrer une femme détenue par une puissante corporation cultivât le secret le plus entier.

Une série de bips se fit entendre dans la salle commune.

— On a de la compagnie.

Jeremiah grimpa dans le cockpit, talonné par Karm. Far’Sic s’attendait déjà à ce qu’ils fussent à nouveau pilonner, et jeter encore dans des nouvelles aventures, et de nouveaux dangers. Mais Luke ne tarda pas à recevoir un message sur son comlinkn, qui lui confirmait que la navette en approche avait été affrétée par le Fantôme, et qu’ils étaient supposés y conduire Far’Sic. Le vaisseau les amènerait probablement dans le plus grand secret à leur destination finale.

— Au moins ils nous tirent pas dessus. Bon. C’est l’moment de payer votre voyage, les mecs.

Et Jeremiah n’était probablement pas fâché de se débarrasser de passagers qu’il devinait encombrants. De retour dans la salle commune, Karm laissa Luke prendre les dispositions nécessaires avec leur peu gracieux pilote, pour aller s’asseoir près de leur passagère.

— On va pas vous lâcher inconsidérément dans la nature, vous savez, ça, hein ?
— Dix contre un que votre copain aimerait bien.
— Mon copain est un pro. Ayez confiance en nous. Et dans la Force.
— Ouais, la Force, ça me fait une belle jambe.
— Votre fils, lui, il a confiance.
— Qu’est-ce que vous voulez dire ?
— Vous verrez, murmura Karm avec un sourire énigmatique.
Luke Kayan
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-Puisque tu es si solide que ça, je ne pense pas que tu en aies besoin.

Répliqua Luke taquin. Il avait reçu une formation de membre du Medcorps basique, équivalent à celle d’un infirmier et elle incluait une introduction aux diverses réactions des patients face à la douleur. Certains pleuraient, d’autres, la majorité dans le cas d’un public composé de forces de l’ordre, refusaient les soins ou les méprisaient. Il fallait des trésors de patience et d’ingéniosité pour convaincre un Jedi que ses faibles dons en soin suffiraient, sans parler des soldats, remplis d’orgueil et de mépris, hâtifs d’exposer leurs blessures à leurs camarades. Certes, la généralisation n’était pas belle, seulement Luke éprouvait un certain dédain pour les militaires dont Korgan Kessel et son pauvre cerveau étouffé par les muscles.

Sur le ventre puis contre la table d’examen, froide-à grande peine- Karm l’installa contre lui un moment, Luke se permit de lui caresser les cheveux, cachant son inquiétude quant à l’arrivée inopinée d’un membre de l’équipage. Il appréciait trop l’instant après avoir eu peur de perdre son ami pour lui reprocher quoique ce soit. Toujours debout entre les jambes du convalescent assis, le Hapien avait simplement hoché la tête à ses propos. Far’Sic n’avait pas la sympathie du Hapien, même s’il avait appris que sous le personnage grossier et lisse, se cachait une mère véritablement aimante et une femme… Fidèle quoiqu’à sa façon. Cependant la scène digne des holofilms les plus dramatiques ne saurait le laisser indifférent, sachant qu’il y avait aussi cet enfant en jeu.

- À l’avenir, cet enfant aura une mère suffisamment forte pour deux, je n’en doute pas, mais il serait effectivement préférable que Far’Sic homme s’en sorte.


Il poussa un léger soupir, occultant soigneusement sa réaction lorsqu’il s’imagina dans la même situation- un Jedi n’était pas sensé s’attacher autant. -, même si Karm le connaissant très bien pourrait sentir sa gêne se balader au gré des mouvements de la Force. D’autant plus que ce n’était pas si difficile de transposer son corps dans celui de la femme après avoir vécu une situation similaire dans les locaux des Sœurs de l'Infinie Consolation alors que l’Ark-Ni se mourrait. La déclaration d’amour ne fit qu’ajouter un frisson à son échine déjà mystérieusement atteinte par un froid intérieur.

Sur le rebord du lit, le Chevalier y pensait encore après avoir accompagné le blessé, un brin nostalgique, silencieux. Eurydice, source involontaire des inquiétudes doublées de rêveries du Chevalier intervint, Luke ressentit un pincement au cœur au lieu de se sentir offensé par sa blague, il essaya de lui offrir un sourire pour accompagner Karm dans ses encouragements.

Après avoir payé le sympathique Jérémiah -Luke eut même envie de l’influencer pour finalement le convaincre de leur offrir le voyage. - il rejoignit Eurydice et Karm, nullement au courant de la teneur de leur dialogue, mais ayant entendu leurs voix. Pressentant la logique inquiétude de la trentenaire, il s’en approcha calmement, courtois, distant mais toutefois moins qu’au début. Son regard éteint se posa sur Brian allongé dans les bras de sa mère assise. Il avait senti et identifié son lien avec la Force mais le sachant trop faible sans même avoir besoin de faire un test, le Chevalier s’était abstenu de tout commentaire. La femme avait assez de soucis comme ça pour s’inquiéter d’un fils très relativement sensible à la Force.

- Il y a de grandes chances pour que ceux qui tiennent votre mari par le chantage maintiennent la farce afin qu’il termine le projet. Selon mes recherches ce dernier aborde une phase critique, ce qui laisse le temps de préparer une autre mission de sauvetage. Pour le moment, il ne risque probablement rien et doit d’ailleurs penser que vous êtes encore retenus.

La perte des otages ne pourrait pas être maintenue longtemps, et il allait surtout falloir museler la presse à propos du scandale -une célèbre firme fonctionnant à coup d’enlèvements, cela ferait un immense bruit. - pour que l’ennemi ne se sente pas trop pressionné et se charge de Far’Sic définitivement. Toutefois sur le court terme, le blond avait confiance. Il essaya de l’insuffler un peu à la femme, ajoutant un fin sourire, timide mais sincère, encore un peu mal à l’aise face à elle mais envieux de faire des efforts. ! - puis la passerelle s’ouvrit dans un bruit caractéristique.

- Restez derrière nous.

Intima Luke, achevant d’effacer les doutes d’Eurydice quant à la hâte du plus jeune à ses débarrasser d’elle le plus vite possible. Tendu mais paraissant plutôt neutre, le Jedi s’avança dans le tube sensé les emmener sur l’autre navette affrétée par Fantôme. Il profita de maintenir la mère éloignée pour s’adresser à son ami, lui expliquer les doutes qui trottaient dans sa tête depuis un temps.

-Il faudrait vérifier à qui on livre Far’Sic, pourquoi un particulier payerait-il son sauvetage ? Surtout qu’ils étaient très attachés à la réussite de la mission.

En tant que Jedis il était naturellement impossible pour eux de remettre Eurydice à d’autres bourreaux désirant aussi faire pression sur le mari, voir des concurrents impitoyables espérant entraîner sa mort afin qu’il ne termine pas le projet. Vérifier tout ceci en discutant, en observant était son rôle mais pour l’instant, au milieu de ce passage c’était à Karm d’étudier les alentours ou de prévoir un guet happent éventuel, même si Luke imaginait que Fantôme attendrait qu’ils arrivent à destination, pour éviter de se charger de deux ennemis à surveiller. Là, c’était eux qui emmenaient le paquet de leur propre volonté. Toutefois attentif, le Jedi attendit les ordres de l’explorateur, il sillonnait les alentours par le biais de la Force et préparait mentalement son échange avec Fantôme ou l’envoyer. Premièrement réclamer que le commanditaire en personne apparaisse, ensuite le sonder pour avoir une idée, toujours sous couvert de leur identité de mercenaire, puis, selon, se dévoiler. Le jeune homme songea aussi à envoyer un message à l’Ordre pour prévenir d’une fuite inopinée avec une otage d’Arkania dans une situation précaire, au cas où. Mais chaque chose en son temps, pour l’instant, sévère et droit, malgré sa fine silhouette, il protégeait Eurydice de la sienne, placé quelques mètres en avant.
Karm Torr
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Les deux vaisseaux s’étaient arrimés et, une fois le sas de transfert déployé et pressurisé, leur voyage réglé, les quatre fugitifs passèrent d’un bâtiment à l’autre. En chemin, Karm avait murmuré :

— ‘Chais pas, on a p’têt à faire à de bons samaritains.

Il n’y croyait bien sûr qu’à moitié. La charité était répandue dans la Galaxie, sans aucun doute, mais les ONG s’occupaient en général de sauver des populations entières, pas de libérer à grands renforts de moyens une otage dont personne jusque là n’avait entendu parler. En vérité, ce n’était pas les hypothèses qui manquaient. Des concurrents qui souhaitaient simplement torpiller les projets de la Rev’s à des associés de Far’Sic qui, ayant eu vent de ses déboires, avaient déployé tous les moyens nécessaires pour lui en venir en aide, des criminels endurcis qui comptaient bien en tirer une grosse rançon d’un groupe d’activistes pacifistes déterminés à faire capoter un énième projet d’armement, les étoiles abritaient des milliers de commanditaires potentiels.

De l’autre côté du sas, dans le vaisseau entre deux âges qui constituait désormais leur nouvelle embarcation, deux hommes à la mine fermée les attendaient. Pas menaçants mais pas chaleureux non plus, ils avaient tout l’air de ces exécutants professionnels, qui appliquaient consciencieusement les ordres, sans jamais laisser transparaître leurs émotions.

— C’est festif, lança Karm avec flegme, fidèle à lui-même.
— Est-ce qu’il y a la nécessité de soins médicaux ?

L’Ark-Ni haussa un sourcil à la phraséologie singulière de l’un de leurs hôtes. Après avoir consulté Far’Sic d’un regard, il secoua la tête.

A priori, tout va bien. Alors, où est notre Fantôme ?
— A la base, se contenta de répondre l’homme, en ouvrant la voie, à l’intérieur des coursives du vaisseau.

Rien ne laissait deviner à qui l’engin appartenait. Pas de blason gouvernemental, pas de marque distinctive. Les passerelles sobres se succédaient les unes aux autres et, à en juger par le calme qui y régnait, l’équipage ne devait pas être nombreux. L’air un instant perdu dans ses pensées, Karm sonda les environs. Leurs deux gardes. Et deux autres formes de vie. Probablement un pilote et un mécanicien. L’équipage minimal, en somme, pour une mission de ce genre.

— Ah, c’est eux, s’exclama un Amaran alors qu’ils arrivaient dans la salle commune qui occupait le centre de l’appareil.
— Fais les vérifications d’usage, Mo’Ta, je vais aller dire qu’on peut décoller.

L’homme qui était resté muet se cala dans un coin de la pièce, les bras croisés. Manifestement, il les surveillait, mais Karm commençait à croire que c’était plutôt pour protéger le reste de l’équipage contre des chasseurs de prime dont le tempérament pouvait être vif que pour les contraindre, eux. L’Amaran tira un datapad de sa ceinture et un stylet de derrière l’une de ses oreilles.

— Bon, mes cocos, on va vérifier que vous êtes pas blindés de technologie de surveillance. On sait jamais. Si vous avez des balises de transmission ou je sais pas quoi, c’est le moment de le déclarer, après, ça risque de faire vachement suspect.
— Ben dis donc, la confiance règne.
— Qu’est-ce tu veux, c’est pas la kermesse ici. Allez, lève les bras ma beauté.

C’était bien à Karm qui s’adressait. Sans protester, le Chevalier s’exécuta. L’Amaran grimpa sur un tabouret et entreprit de scanner le corps de Karm avec son datapad. L’engin bippa en passant au-dessus des vêtements qui dissimulaient le sabre-laser du Jedi.

— C’est quoi ça ?
— Mon arme.
— Ah oui ?
— Tu veux voir de près ?

Mo’Ta échangea un regard avec l’humain silencieux, qui secoua la tête.

— Non, non, ça ira. Au suivant.
— Et qu’est-ce qui me dit que ça va pas me refiler le cancer, ton machin, là, protesta Far’Sic, alors que le vaisseau venait de sauter dans l’hyperespace.
— Ah non mais, on me prend pour un amateur, je rêve, s’offusqua le technologue, je l’ai fabriqué moi-même, ce scanner, Madame, moi-même ! Conception Mo’Ta, efficacité garantie, sans danger, convient aux petits et aux grands !
— Ouais et ça redresse les dents et ça fait revenir l’être aimé et ça répare les speeders, aussi ?

L’Amaran esquissa une moue dubitative.

— Elle est toujours comme ça ?
— C’est c’qui fait tout son charme, répondit Karm.

En vérité, au bout du compte, il avait fini par se prendre d’affection pour le tempérament si particulier de leur protégée.

— Hé ben faut le dire vite.
— Je t’entends, je te signale, demi-portion.

L’homme du fond se racla la gorge.

— Oui, bon, bon, procédons, je vous prie.

Far’Sic finit par confier son enfant à Luke — en qui, en la matière, elle avait tout de même plus confiance que Karm, les guerriers faisant en général de mauvais puériculteurs — et par lever les bras. Elle fut scannée à son tour, récupéra le bébé et Luke dut se prêter aux mêmes exercices.

— Bon, on passe à la fouille anale ou quelqu’un se décide à nous dire en quoi tout ça consiste… ?
Darth Velvet
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« Ils sont là. » 

J’esquisse un sourire.

« Parfait. Faites les contrôles d’usage, Mo’Ta, nous arrivons. 10 minutes. »

« Okay Cheftaine… » achève la radio dans un bref grésillement.

A mon côté, calé sur le siège du copilote, Mistral Far’sic rayonne d’un espoir palpable. Je devine dans son regard, la buée d’un bonheur qu’il peut presque toucher du bout des doigts. Ses yeux se posent sur moi. Un jugement. Un remerciement muet qui se perd lorsqu’il se détourne, gené.

« Vous allez bientôt pouvoir les prendre dans vos bras. »

« Merci… »

Ma bouche se fend d’un nouveau sourire, mi figue, mi raisin. 

« Ce n’était pas complétement désintéressé… »

« Oui, peut-être, mais malgré tout c’est bien plus que tout ce qu’on a fait pour nous jusqu’à maintenant. Vous auriez pu user de leurs méthodes et ne pas nous offrir de refuge. »

« Nous n’agissons pas ainsi. Et de toutes manières, quel intérêt si vous avez justement à cœur de détruire ou de saboter les nôtres ? Nous préférons de loin que vous nous apportiez votre aide de votre propre volonté… et qui sait… peut être choisirez-vous de rester parmi nous, après. »



**** 10 minutes plus tard****



« Bon, on passe à la fouille anale ou quelqu’un se décide à nous dire en quoi tout ça consiste… ? »

Un léger frémissement secoue le vaisseau et signe cette fin de phrase, annonçant l’accostage de notre petite navette, avant que le sas ne s’ouvre sur nos deux silhouettes quelques secondes plus tard. J’entre, opinant la tête d’un salut vers l’amadan et ses collègues. 

« Je ne m’attendais pas à ce que des jedis jouent les mercenaires… » commençais-je, coupée par un cri de joie féminin et des embrassades familiales. 

Je m’arrête, un instant, pour contempler ces retrouvailles émouvantes, avant de reporter mon attention sur le duo, la voix plus chaleureuse, et le froid enserrant mon visage légèrement étoilé.

« … Ceci dit, je suis heureuse de te revoir, Luke. Me présenteras-tu ton ami ? »

Et m’expliqueras-tu, comment tu te retrouves emmêler aux fils d’événements dont tu n’aurais jamais dû avoir connaissance… Mais cette question-là,  si elle sonne comme une évidence tue, je la réserve pour plus tard, lorsque les deux amants et leurs fils seront serrés l’un contre l’autre dans le calme d’une chambre, loin de nos bavardages, lorsque les verres et la bouteille que l’amadan sort d’un air rusé seront achevés.
Luke Kayan
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- Karm!

Ne put s'empêcher de le reprendre Luke, les joues en feu alors qu'il se prêtait sagement à la fouille juste après avoir rendu son bébé à Far'Sic. L'humour Ark-Ni plaisait en général au hapien qui s'amusait des blagues tranchantes de son ami, mais celles qui faisaient référence au sexe aussi directement coûtaient encore beaucoup trop d'efforts au discret jeune homme. Le sourire de l'Amaran ne fit qu'empourprer davantage le diplomate qui se trouva ridiculement bloqué dans une situation de digression absolue par rapport à sa mission. Le regard baissé comme s'il pouvait lire la moquerie des autres, Luke essayait de se recentrer sur son travail- et il y avait fort affaire- lorsque les portes s'ouvrirent dans un petit bruit caractéristique. Sentant une présence dans la Force, l'attitude du jeune homme, emprunté et peu dangereuse changea du tout au tout. Il se porta au-devant d'Eurydice dans un geste fluide, non agressif mais ferme. Ce n'était pas prévu que Fantôme ou l'un de ses acolyte soit sensible à la Force. Ni que ce dernier soit une femme. Ni qu'il ... Le connaisse? En entendant son nom, le Hapien sentit le peu de poils de son corps, presque entièrement imberbe, se hérisser. Un frisson annonciateur d'une sueur froide en approche parcourut son échine. Quoi encore?  Qu'est-ce qui allait leur tomber dessus? Les muscles raidis, le blond étudia soigneusement la Force pour déterminer qui était cette personne qui prétendait le connaître. Cela pouvait aller du bluff à une vague connaissance tâchant d'endormir sa méfiance, le détourner de son but, ou... Velvet?

Un cri de joie raisonna derrière lui et, avant que le Hapien ne puisse empêcher Eurydice d'agir, cette dernière sauta dans les bras de Mistral, apparemment secouru en parallèle. Ce n'était guère étonnant si Velvet était le Fantôme ou une complice de ce dernier, la Mirialan ne laissait jamais rien au hasard.

- Velvet.

Le jeune homme sentit la cicatrice faite au sclapel sous son oeil gauche le brûler, en guise de souvenir. Hapès. Les tortures. Les morts. Le Padawan qui avait sombré. Et... Elle. La douleur n'était plus aussi intense car tous deux s'étaient à nouveau rencontrés dans un bar par la suite. Heureusement. Luke sentit qu'il pouvait lui faire confiance et avisa Karm d'une onde de Force. Non, le fait que les Far'Sic se retrouvent ne cachait vraisemblablement pas de piège, même si Luke ne se rappelait pas que la Grise soit une philanthrope: elle n'était pas un monstre.

- Et moi à ce qu'une Mirialan joue aux fantômes. Quoiqu'il en soit je suis content de savoir que tu vas bien - Sa voix aussi s'était adoucie en prononçant ces mots. Après leurs aventures, un genre d'amitié non dite était née entre eux. Encore balbutiante mais sincère. Du moins c'était ce que pensait Luke, aussi soulagé que surpris d'avoir affaire à elle.- Je te présente Karm. Tu n'as rien à craindre, il a ma plus entière confiance. Karm, Hapès, c'était elle.

Fit-il simplement, sans rectifier le mot ami. Dans un sens c'était plutôt un bon signe puisqu'il avait évité l'habituel "collègue" bien que de l'autre il ne jugeait aucunement utile de préciser leur lien. À quoi bon. D'ailleurs moins Velvet en savait mieux c'était, car si Luke lui faisait suffisamment confiance pour savoir qu'Eurydice, Mistral et Brian ne termineraient pas dans la gueule d'un Rancor, rôtis à la broche et assaisonnés, il ne connaissait pas son but profond. Une certaine réserve persistait, et le jeune homme préférait préserver autant que possible le Chevalier Turquoise qui ne manquerait certainement pas d'être surpris du retournement de situation. Sa manière de signaler le nom d'une planète à ce dernier supposé tout comprendre sous-entendait toutefois leur lien. Luke lui avait beaucoup parlé et cela se voyait.

Au moins tous deux pouvaient se réjouir, car deux problèmes venaient de se résoudre, Eurydice ne serait pas tuée, et Mistral n'était plus coincé dans l'entreprise où on lui faisait du chantage. Qui l'avait sauvé? D'autres mercenaires ou "Sweety"? Afin de désamorcer la tension restant pouvant encore planer entre eux, Luke décida de faire le premier pas, expliquant brièvement la raison de leur apparition dans le jeu de quilles. C'était plus Karm qui avait entendu parler de l'affaire, donc il décida de le laisser détailler si ce dernier le voulait. Choisissant pour sa part la version courte, le Hapien conta d'une voix claire et sobre:

- Nous avons eu vent de cette histoire d'otages par pur hasard, à cause dudit mercenaire Wookie tué en fait, et comme nous ne savions pas pourquoi Fantôme désirait sauver une civile et son fils, à savoir si c'était une autre prise d'otages ou une surpression d'otages, nous avons décidé de nous porter volontaires. Et toi, quel intérêt as-tu de sauver les Far'Sic?

Tout à leur joie, les concernés folâtraient dans un coin. Pour Eurydice, ce devait être un intense soulagement que de laisser de côté ses préoccupations concernant le futur de son fils sans père, ou un autre type de chantage. Apparemment entre de vraies bonnes mains, la femme qui avait appris à faire confiance aux deux Jedis ne pouvait que se réjouir que Luke semble retrouver une vieille connaissance, voir amie. Un sourire farda ses lèvres tandis que la vipère observait d'un coup d'oeil rapide la scène. Si elle n'avait pas su, elle aurait cru à une rencontre fortuite entre deux anciens amants. La situation aurait été cocasse, digne d'un holofilm. Tiens, elle pourrait se mettre à écrire sa propre prise d'otage? D'un coup elle se retourna vers son époux qui lui caressait la joue pour lui envoyer une baffe. Luke qui avait entendu le claquement se retourna d'un coup vif.

- ÇA c'est pour avoir accepté ce projet. Je t'avais dit de ne pas postuler dans cette entreprise et encore moins de répondre à l'offre d'emploi. Je ne le sentais pas. ÇA c'est pour avoir survécu et avoir tout fait pour que Brian et moi aussi on survive.


Le couple que le drame avait ironiquement réuni s'embrassa avec passion. Épargné de cette vision gênante mais ressentant le calme revenir au sein de la Force, le jeune Jedi eut un sourire, il se retourna vers Velvet et reprit.

- Tu as vu ce que nous avons dû supporter? Rien que pour cela nous mériterions une augmentation de la prime.

L'humour Ark-Ni serait-il en train de déteindre sur lui?
Karm Torr
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Velvet ?
Velvet, Velvet, Velvet.

Karm fouillait ses souvenirs.
Peu occupé des grandes affaires de la Galaxie, à passer son temps sur des planètes isolées et désertes, il n’était pas tout à fait au courant des péripéties du Gotha, et si le nom de Velvet lui disait bien vaguement quelque chose, comme un de ceux qui se murmurent parfois aux tables des Jedis, dans le grand mess du Temple, tout ce dont il se souvint sur le moment, c’était qu’il s’agissait d’une marque de soutien-gorge de Coruscant.

Il considéra la jeune femme.
Non.
Probablement pas ça.

— Salut, déclara-t-il sobrement, fidèle à son sens tout relatif du protocole, alors que Far’Sic se jetait dans les bras de son époux.

Le Fantôme avait donc mené deux opérations en parallèle. C’était ingénieux. Ne pas mettre tous ces œufs dans le même panier. Pour Karm, la stratégie rappelait un peu les habitudes du Conseil Jedi, qui fractionnait les missions importantes entre plusieurs tandems. Souvent, cette attitude le laissait perplexe. Il avait l’impression que l’on cherchait à contrôler les informations, plutôt qu’à préserver l’objectif de la mission — et les troupes.

— Hm ? Ouais. Le Wookie nous a explosé à la tronche en pleine enquête, on a décidé de voir si c’était par rapport à nous ou s’il avait juste de manière générale des relations sociales un peu compliquées. C’était assurément une aventure intéressante.

Et pas déplaisante, en fin de compte, puisqu’ils avaient pu secourir un enfant et sa mère, assister à des retrouvailles familiales, et participer à quelques combats, ce qui n’était pas désagréable, selon Karm.

— Bon après, sérieusement, comme y avait un paiement, je dis pas non à la rémunération, hein. Je connais plein de colonies de la Bordure Extérieure qui auraient bien besoin d’un nouvel équipement agricole.

Pas une seule seconde, en bon Jedi, il n’avait songé à empocher la somme pour lui-même. Mais il voyait fort bien comment en faire un bon usage. Non loin d’eux, Eurydice commençait à raconter ses aventures à son époux et, étrangement, Luke y brillait tout autant que Karm. Son récit peignait les deux Chevaliers Jedis comme des héros de tout premier ordre et, de toute évidence, la rudesse de son tempérament ne s’accompagnait pas d’ingratitudes, loin de là.

Karm considéra un instant la scène et esquissa un sourire amusé, avant de reporter son attention sur l’étrange amie de son compagnon. Luke avait des fréquentations inattendues. Qui aurait cru que l’Hapien discret, qui tenait à se présenter comme un jeune homme soporifique, fricotait avec des Mirilianes suspectes qui trafiquait on ne savait trop quoi sur des vaisseaux fantômes dans les secteurs déserts de la Galaxie ?

La curiosité commençait à s’emparer de lui mais il doutait que poser des questions fût très utile. Alors il se pencha à l’oreille de Luke pour murmurer :

— J’peux vous laisser en tête-à-tête, si tu veux. Genre, si vous voulez parler du bon vieux temps ou quelque chose comme ça.

C’était la première fois qu’ils rencontraient à deux l’une de leurs connaissances extérieures au Temple, à Luke ou à lui, et Karm n’était pas certain de savoir comment se comporter. Après tout, lui-même avait des dizaines d’amis plus ou moins proches, éparpillés un peu partout dans la Galaxie, rencontrés au fil des missions et des explorations, et avec lesquels il aurait aimé pouvoir s’entretenir longuement, s’il les avait rencontrés au hasard d’un voyage.

— Vous pourriez pas des fois nous déposer quelque part, reprit-il un peu plus haut, comme on a pas vraiment notre propre navette, ce serait cool. N’importe quelle station ou planète pas trop isolée ferait l’affaire. J’imagine que de toute façon, vous aussi, vous avez vos activités qui vous attendent. Comme, euh… Rencontrer des gens encapuchonnés dans des allées sombres. Ou quelque chose comme ça.

Ils mettaient les pieds dans un univers qui lui était entièrement étranger et auquel son tempérament, peu fait pour les affaires secrètes, l’espionnage et les négociations à demi-mots, se prêtait somme toute assez peu. Lui qui s’était senti briller au fil des combats qui avaient rythmé la mission se trouvait à nouveau mal à l’aise. Il se recula d’ailleurs d’un pas, pour laisser Luke gérer le reste de la conversation. Tel qu’il se connaissait, il aurait sinon fini par commettre un impair.
Darth Velvet
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 Derrière moi, il y a le bruit sec d’une gifle que l’on assène avec passion. Il y a des grognements, des baisers enlarmées de soulagement, des explications chuchotées à mi-voix. Pourtant, je ne me préoccupe guère du jeune couple enlacé à ses retrouvailles aigre-douce. Non, mon regard se focalise sur les deux jedis, oscillant de l’un à l’autre, inquisiteur.

« Enchantée, Karm. » glissais-je, inclinant légèrement le buste pour le saluer tout en affichant un sourire vide sur la courbe de mes lèvres avant de les inviter plus en avant dans la salle commune et étroite du vaisseau. 

« Restez Karm, il n’y a rien de secret entre Luke et moi. De toutes manières je ne crois pas que mentionner un bon vieux temps qui n’a d’agréable que le nom que vous lui prêtez soit réellement… un souhait de notre part. » 

Je ne doute que Luke m’approuve. Comment avoir envie de réveiller les fantômes horrifiques d’un passé sordide ? Je n’ai aucune envie de revivre l’enfer de ces quelques jours d’antan, d’avoir l’odeur spectrale de cet endroit sur ma peau, ses visions sur ma rétine, et ce gout infecte de sang, de médicaments mêlés, même si ceux ne sont là que des réminiscences un peu trop vivaces.  

J’attrape la bouteille et les verres que me présente l’Adaman avant qu’il ne s’éclipse discrètement sur un hochement de tête compréhensif, nous laissant ainsi seuls alors que j’écoute attentivement le récit de leur implication dans mes affaires. 

« Et toi, quel intérêt as-tu de sauver les Far'Sic? » achève Luke. 

« Hummm… mes motivations sont strictement personnelles Luke. N’en prends pas ombrage, mais c’est là une chose que je ne peux dévoiler. Cependant, pour te rassurer, sache qu’ils ne risquent plus rien et ne manquerons de rien. Je protège toujours les miens. » lui répondis-je tout en faisant glisser vers eux, des verres emplis d’un liquide rouge. « Evidemment, malgré que vous ne soyez pas le mercenaire que m’avait promis Fantôme, les conditions de paiement restent identiques. Des crédits, et la possibilité de me réclamer un service. Etant donné que tu connais mes compétences, Luke, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de compléter ce qu’il recouvre. »

Je me lève, féline, abandonnant dans mon sillage, mon verre vide et les discussions usuelles de ceux qui ne se sont vus depuis longtemps pour clore cette entrevue.

« Mes hommes vous déposerons sur la planète de votre choix dans les systèmes adjacents. J’imagine que nous nous recroiserons, si la Force le veut. En attendant, que votre voie soit juste. »

Je repars vers ce petit vaisseau avec lequel je suis venue, sans un regard en arrière, sans un mot supplémentaire, délégant leur rapatriement à l’Amadan et ses collègues.


[désolée pour le temps de réponse et le manque d'enthousiasme de ce post. Pour moi la mission est complétée. Vous pouvez bien sûr continuer si vous le souhaitez.]
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