Karm Torr
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— C’est pas que j’l’ai pas mal pris, ‘fin si. C’est juste… C’est plus triste pour eux que pour nous, quoi. Puis c’est pas comme si leur opinion m’intéressait beaucoup, tu vois. Ce serait Maître Ekkt qui me dirait que je suis nul au sabre, bon, voilà, ça me stresserait, mais là, c’est des mecs que je connais pas, qui nous sortent des insultes que je comprends à moitié, sur un sujet qui les concerne pas, du coup...

En réalité, selon le Jedi, la situation était d’autant plus dérisoire qu’ils n’étaient pas destinés à fréquenter ces jeunes gens à l’avenir, qu’ils ne faisaient pas partie de leur communauté et que leur hostilité avait peu de chance d’affecter leur quotidien. Si elle était venue d’autres Jedis et qu’ils avaient été, au Temple, constamment en but à des remarques du même genre, ce qui eût été au demeurant peu probable, l’Ark-Ni aurait probablement considéré la situation d’un œil bien différent. Et encore.

— Après, si c’t’important pour toi, c’t’important pour toi. T’as pas à t’excuser, on maîtrise pas toujours notre...

Susceptibilité ?

— Sensibilité.

Il n’empêchait qu’encore une fois, Luke kui parlait de se faire discret, de dissimuler leur relation, d’adopter une façade devant le monde que Karm jugeait malhonnête. L’Hapien avait beau y mettre les formes, son compagnon avait du mal à prendre ces désirs de secret avec philosophie. Il allait s’en tenir à ces commentaires diplomatiques cependant quand Luke lui reprocha le surnom qui avait été pour lui le fruit d’un effort tendre et patient. Bêtement, il prit le rire de Luke comme une moquerie. Aimable, probablement, mais qui soulignait sa maladresse.

— … désolé..., murmura-t-il d’un ton vexé, bientôt rattrapé par une voix familière.
— Et, attendez. Les mecs, attendez !

Ils furent bien obligés de se retourner pour voir ce que Jesse leur voulait. Il n’était pas entièrement exclu que l’adolescent ait besoin de leur aide et il eût été peu digne de fuir, quand ce n’était pas pour esquiver un conflit inutile. Le type accourut flanqué de ses acolytes.

— Ouais, c’est juste, pour dire, faut pas que vous le preniez mal.

Un autre des gamins se râcla bruyamment la gorge. Jesse lui jeta un regard noir et consentit à articuler :

— J’veux dire que je suis désolé. Ouais. Voilà.

De toute évidence, ses amis lui avaient fait la morale et lui avaient rappelé qu’il était peu stratégique, le lendemain d’une épidémie criminelle et d’une évasion. La Force seule savait ce qui pouvait encore se passer dans cette communauté ordinairement si paisible et mieux valait ne pas froisser ceux qui étaient venus les protéger, même si, de prime abord, ils inspiraient peu confiance.

— C’est juste, des gens comme vous, y en a pas des masses ici.
— Ben faut dire que vu l’accueil, ça donne pas envie de s’afficher.
— Ouais, ben, j’y peux rien, hein.

Garder son calme, ce n’était pas la spécialité de Jesse.

— J’ai pas été élevé comme ça.
— Elévé comment ?

La conversation n’apporterait probablement rien de bon mais, au fond, Karm n’avait pas envie de se retrouver à nouveau en tête-à-tête avec Luke. Pas tout de suite. Il n’avait pas le courage de prendre encore une fois la mesure de tout ce qui pouvait les séparer. D’affronter encore une fois des explications insistantes sur les raisons de se tenir éloignés l’un de l’autre. De faire semblant. De cultiver la froideur.

— Ben moi j’suis plutôt naturel, v’voyez…
— Putain, Jesse, sérieux, fais pas ton boulet.
— Quoi, on me pose des questions, j’réponds.
— T’as conscience que dans la plupart des espèces animales, y a des mâles qui vont avec les mâles et des femelles avec les femelles ? C’est genre, une constante galactique.
— Ah mais j’dis pas qu’y a pas des erreurs partout.

Un petit coup de coude tenta de le rappeler à l’ordre et autre garçon intervient, d’un ton très nerveux :

— Nan mais faut pas faire attention, hein, il est juste un peu brute de décoffrage, le Jesse, c’est un gars de la province, faut pas s’attendre à ce qu’il fasse dans le subtil.
— Toi non plus tu faisais pas dans le subtil, tout à l’heure.

Karm n’était définitivement pas prêt pour les missions diplomatiques. Il y eut un silence contrarié et la remarque du Jedi, qui avait refusé de feindre de croire que Jesse avait été le seul du groupe à se montrer désobligeant, avait mis tout le monde sur la défensive. Tous ces faux-semblants et ces petites règles sociales menaçaient de venir à bout de la patience pourtant légendaire de l’Ark-Ni. Si Luke n’avait pas été aveugle, il l’aurait laissé en plan, lui avec sa prudence, les gamins avec leur stupidité, pour aller se promener dans la jungle.
Luke Kayan
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- Mais non! Ne le prends pas com...

Luke avait dû faire appel à son entrainement Jedi pour rester calme. Pourquoi à chaque fois qu'il essayait de se poser des questions, de chercher où et comment avancer, son ami le prenait-il mal? Sans parler de sa blague savamment nuancée par une pression amicale sur le bras. Et bien évidemment, comme d'habitude, quelqu'un devait venir les couper, Jesse en personne. Surpris, le Hapien reçut les excuses maladroites du garçon non sans une certaine suspicion. La suite du discours lui prouva que Jesse n'agissait pas volontairement, ou du moins n'était pas entièrement convaincu. Le Chevalier laissa Karm se débattre un instant avec l'adolescent, et s'en prendre aux autres qui avaient également ri.

Au fur et à mesure de la conversation, Luke se rappelait de certaines remarques, pas nombreuses certes, mais toutefois douloureuses d'autres apprentis qui le "soupçonnaient" déjà, avant lui y compris, dans les dortoirs. Sa pire expérience avait été lorsque cet apprenti plus jeune tremblait de peur, incité par les rumeurs, à croire que le Hapien risquait de vouloir le toucher s'il s'isolait avec. Seulement ces civils là n'étaient pas d'autres Jedis, et ils devaient apprendre à respecter les autres. Luke trouva le courage en imaginant un autre couple vivre cette chape misérable d'excuses teintes de mépris, involontaires -et c'était ça le plus triste.- Puisqu'être Jedi ne voulait pas seulement dire brandir un sabre-laser, sinon aussi faire prendre conscience au jour le jour à autrui de leurs erreurs. Puisqu'être Jedi signifiait aussi être humain, affublé de faiblesses, de forces et d'un coeur qui saigne, le blond le laissa parler pour lui, dans un discours certes un peu conventionnel mais en beaucoup plus personnalisé que d'habitude. Il s'exprimait de manière posée même s'il était facile de percevoir l'amertume qui perçait sous ses mots. D'un geste protecteur il s'était placé devant Karm envers qui il se sentait redevable. Ce devait être dur de supporter un faible comme lui.

- Oubliez. La meilleure des excuses est d'oublier. Ne réagissez plus, si voyez des "gens comme nous".

Coupa le Hapien d'une voix neutre, dépurée de toute émotion afin de ne pas provoquer davantage le feu dansant toujours dans son flambeau mais qui menaçait de s'étendre.

- Si ça vous dégoûte- il n'admit pas les vagues protestations et continua.- ne regardez pas, si vous entendez, n'écoutez pas. Si vous n'êtes pas capable de changer d'attitude sous prétexte d'être de la province, ne le partagez simplement pas avec ceux qui ne vous ont strictement rien fait. Oubliez.

Le regard vrillé dans celui d'une jeune fille qu'il avait capté à l'aura, le jeune homme laissa s'exprimer la colère que sa voix, entraînée à cet effet, ne laissait guère paraître.

- Mais?

- Mais. Non. C'est à cause de gens comme vous, une jeune génération sensément ouverte aux progrès et aux changements que je n'assume pas. Que je viens de me disputer avec lui, parce que j'ai peur qu'on nous voit. Un aveugle qui a peur qu'on le voit, c'est le comble, et c'est cette société d'intolérance qui l'encourage -outre mon erreur de faire attention aux jugements de petits idiots tels que vous. Certes.-

- On n'a tué personne hein. - Ajouta un autre, qui dansait d'un pied sur l'autre, désormais dérangé.-

- La passivité est un crime par omission. S'il n'y avait pas des moqueurs dans votre genre, à cette échelle, il est vrai, relativement basse, voir gentillette, il n'y aurait pas de grands attentats contre des minorités entières, et je me fiche que l'on cite en exemple les homosexuels, les handicapés, les twi''leks esclaves et tout le reste. Si ces crimes existent, c'est parce que des yeux, des oreilles et des bouches y consentent. Alors simplement. Oubliez.

Le jeune homme sentait son coeur qui battait dans ses temps, surtout qu'une petite troupe de curieux s'était agglutinés. La majorité se fichaient de cet incident bénin sur lequel ils n'avaient du reste, aucune opinion, ni ne savaient de quoi il en retournaient, mais certains étaient restés. Ignorant si ces personnes étaient favorables ou non, contrôlant de son mieux cette peur viscérale qui montait en lui, Luke attrapa la main de Karm et l'embrassa. Bon rapidement, et en tremblant -seul son ami pouvait s'en rendre compte- du bout des lèvres, mais il le fit.

- Zut.

toujours drapé dans cette espèce d'indignement tranquille qui le protégeait de ses démons, Luke fit demi-tour. Il entendit quelques protestations voir insultes mais ne se démonta pas. Au sein de la Force il expérimentait la frayeur violente d'un traumatisé qui essayait de surmonter ses craintes. C'était douloureux, presque lancinant mais aussi vivifiant, et tirant sur la main de Karm, il chercha à s'en aller; ne sachant guère si ce dernier le rabrouerait ou le suivrait.
Karm Torr
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Karm le suivait. Il le suivait même très volontiers. Alors qu’ils s’étaient un peu éloignés de la foule, le jeune homme souffla :

— T’es tellement sexy… C’t’un truc de fou...

Cette fois-ci, l’Ark-Ni comprenait fort bien ce que l’on appelait la virilité. Luke lui avait paru héroïque, masculin, splendide, en tenant tête à la petite bande d’adolescents. Objectivement, il avait sans aucun doute croisé des ennemis autrement plus impressionnant mais Karm était bien placé pour savoir que c’était dans les situations les plus quotidiennes que les guerriers les mieux entrainés éprouvaient les inquiétudes les plus vives. La peur panique qu’il percevait chez Luke ne diminunait en rien sa prouesse, tout au contraire.

— Tellement, tellement courageux...

L’aura de Karm commençait à devenir un peu envahissante, alors qu’elle se refermait sans que le Gardien y réfléchît vraiment autour de Luke. Il s’y mêlait l’amour, un désir de plus en plus passionné, l’admiration, la reconnaissance et un bonheur sans mélange. C’était le baiser devant tout le monde qui surtout avait conquis l’Ark-Ni, pour qui les gestes étaient toujours infiniment plus significatifs que les mots. La main que Luke lui avait prise en public. Qu’il gardait encore dans la sienne.

Ce qu’il éprouvait se passait de mots : ses déclarations étaient toutes entières contenues dans la Force. Il hâtait le pas. L’hôtel n’était pas très loin, dans le petit centre-ville de cette commune de présence, perdue dans son cratère, et ils eurent tôt fait de ragner leur chambre. A peine la porte refermée, Luke fut plaqué contre et Karm l’embrassa avec toute la fougue que cet héroïsme du quotidien lui avait inspiré. S’il n’avait pas craint de brusquer son ami, il lui aurait arraché ses vêtements, il lui aurait demandé de le prendre, là, contre le mur, contre la porte, par terre.

Ses lèvres se perdirent un instant dans le cou de son ami avant qu’il ne se recule d’un pas, le souffle un peu court, et ne murmure :

— Oui. Euh. Tu m’as un peu, hm… Excité...

Difficile de passer à côté. Entre l’aura de Karm de plus en plus brûlante et ce que Luke avait pu sentir de l’enthousiasme de l’Ark-Ni quand celui-ci s’était collé à lui pour l’embrasser, l’état du jeune homme était pour le moins difficile à manquer.

— Franchement, tu étais parfait. Tu es parfait. J’ai bien senti que ça te stressait, que t’avais peur et tout, mais t’y es allé quand même, t’as gardé ton calme, tu m’as embrassé, Luke, c’était juste incroyable. J’me sens… j’me sens...

Heureux.
Impossible de le manquer.

— Un peu comme un prince ! Comme… T’es...

Les mots lui manquaient. Il ne put se retenir de revenir vers Luke, pour poser sa main sur la joue de son ami et la caresser. Son autre main effleurait du bout des doigts l’une des mains du Consulaire. Il aurait voulu pouvoir le déshabiller, pour parcourir tout son corps de ses doigts et lui exprimer cette tendresse profonde, ce désir ardent, ce respect singulier que Luke lui inspirait.

— J’sais qu’c’est difficile. Que je suis difficile. Qu’on se comprend pas forcément sur ça. Je sais que… Tout ça. Alors j’suis encore plus fier de toi. Et d’être avec toi. T’es tellement… Fort, tu sais. Tu surmontes tout. Bon. OK. Viens. Je sais quoi dire.

Après avoir abandonné leurs chaussures à l’entrée de la chambre, Karm entraina Luke sur le lit, pour s’y asseoir en tailleur. Son coeur battait à la chamade et il se sentait un peu intimidé mais il finit par prendre les mains de son ami dans les siens, fermer les yeux et… commencer à chanter. C’était la langue des ark-ni, avec ses syllabes courtes, ses intonations de phrase qui s’arrêtaient brusquement, ses allitérations et ses assonnances innombrables. La voix douce et caressante de Karm donnait à la chanson, au rythme calme et poétique, une beauté mélancolique.

Après plusieurs couplets, le jeune homme se tut, les joues rosies. C’était la première fois qu’il chantait devant quelqu’un mais, pas de doute, il avait un solide sens musical et une belle voix. Aucune fausse note et aucune hésitation. Sous ses airs timides, l’Ark-Ni était probablement un musicien chevronné. Il finit par sortir de son mutisme pour expliquer :

— C’est une chanson que j’ai écrite pour toi. C’est, euh… Ca parle de deux hommes… Enfin, deux personnes, l’ark-ni est pas une langue genrée… Deux personnes qui échouent sur une planète. Et ça parle de ces moments du matin et du soir où l’on voit la lune et le soleil en même temps dans le ciel. Et les deux personnes sont comme la lune et comme le soleil, très différents mais capables de s’apprivoiser. Jusqu’à devenir inséparables. Enfin, tu sais. Toi et moi, quoi.

D’un ton timide, Karm précisa :

— C’est plutôt assez poétique dans la langue originale, mais je saurais pas bien traduire...
Luke Kayan
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- He...?

Entraîné par un compagnon de bien meilleure humeur, Luke avait encore du mal à procéder. Il avait cru que ce dernier lui en voudrait davantage d'avoir joué sur le chaud-froid en l'embrassant devant tous, avec une peur bien perceptible qui plus est. N'était-ce pas une insulte quelque part? Souligner cette crainte de s'afficher? Perplexe, le Jedi courut presque derrière Karm, tout en l'écoutant, surtout ravi de sentir son aura réconciliatrice, plus encore que ces compliments qui le faisaient, malgré lui, rougir de manière incontrôlables. Saï avait été un mentor absolument merveilleux, mais il dosait ses compliments, le traitait à la manière d'un être doté d'yeux, emphatisant rarement les petites victoires. De ce fait, le déluge de mots mettait un peu mal à l'aise le discret Luke. Il n'avait jamais vraiment aimé briller. Heureusement son objectif de contenter le chevalier turquoise avait au moins fonctionné, et il avait combattu -à grande peine, et de façon éphémère, certes.- sa terreur d'être remarqué avec un autre homme. Finalement son ami devait avoir raison, c'était une petite victoire en soi, bien que moins impressionnante qu'un combat de longue haleine remporté contre un Seigneur Sith.

- Je t'avoue que je ne sais pas si... Je pourrais le faire tous les jours mais... Ta tristesse, et puis l'injustice m'ont poussé à le faire. Apparemment cette intervention était bonne, non? Elle est arrivée grâce à toi. Tu vas me tuer par arrêt cardiaque! Mais au moins je deviens meilleur.

Se moqua gentiment Luke, enfin surtout de lui présentement car il se savait assez réticent aux changements et aux bousculades. Plutôt tranquille, il s'améliorait dans ses domaines, évitant les situations embarrassantes dans d'autres domaines. Petit déjà, il se laissait marcher sur les pieds, battre par sa mère sans rien dire, moqué à cause de ses capacités médiocres au sabre-laser. Cet éclat "inutile" ne serait jamais sorti ainsi de ses lèvres avant, malgré son désir de justice. Pour commencer, il se pensait "malade" et donc de ne pas mériter de défense. Après avoir accepté, il saisissait peu à peu que laisser ce genre de choses passer était presque aussi intolérable que les provoquer. La passivité dont il avait parlé.

Plaqué contre un mur, à peine après avoir eu le temps de rentrer dans la chambre, Luke rougit davantage encore, désormais aussi coloré qu'une jolie écrevisse de Kamino, ou un homard au menu du Galactiquement Vôtre, un restaurant très réputé sur Coruscant. Il n'arrivait pas à placer un mot, désormais muet devant tant d'attentions et d'émotions. D'abord passif, il se laissa embrasser simplement, les bras calés contre le mur de peinture fine et rugueux de la chambre, puis il consentit à répondre quand la main caressa sa joue, plus calme, plus douce.

- Hum... Désolé.


Ce fut la seule réponse que le Jedi put offrir à Karm qui se déclarait excité -ce mot coupa net le souffle du Hapien, au comble de la confusion, coincé entre son propre désir et tout son carcan qui l'étouffait, enserrant violemment sa poitrine.- Une réponse peu appropriée mais compréhensible. Chez les Jedis, les émotions fortes étant déconseillées, Luke s'excusait d'avoir fait sortir de ses gonds l'explorateur, même s'il était tout aussi probable que cette phrase résultait de son incapacité à dire quoique ce soit de cohérent. Il voulait bien participer, essayait, mais ça allait trop vite. D'un autre côté, ces épanchements sauvages, primaires lui plaisaient, amassant la honte autour de lui comme lorsqu'il invoquait la Force. Toute cette arythmie de sentiments le rendaient à la fois rigide et flexible. Il se laissait faire, sans chercher à repousser Karm, désirant qu'il reste proche, mais trop timide pour lui demander de ne pas s'éloigner.

La chanson heureusement lui permis de raccrocher à une réalité connue. L'expression calme de cet art lui rappelait sa petite enfance, lorsqu'il appréciait composer des textes sur la Force, en général, parfois les couleurs dont il se souvenait aussi. Sans écrire d'une façon extraordinaire, ses poèmes possédaient une âme touchante en général, quoiqu'au fur et à mesure qu'il grandissait, il devenait parfois difficile de les décrypter, tant la définition des couleurs et des choses avaient changé dans l'esprit du Hapien. Il décrivait un monde peu accessible aux voyants, les arbres perdaient leur silhouette, les insectes devenaient des présences aussi imposantes que celles d'un Bantha, et les gens perdaient leurs expressions faciales, auras qui se baladaient d'un texte à l'autre tels des feu-follets. Depuis, il avait arrêté de faire des rimes, et surtout ne s'était jamais mis aux instruments, possédant tristement -et étrangement pour un aveugle.- une oreille banale, capable d'apprécier la musique sans en distinguer les plus fines nuances. Quant à jouer de la flûte ou du piano... Il était le typique élève qu'on aurait tâché de persuader que le triangle avait son importance dans l'orchestre. Le pauvre idiot planté dans son coin avec son fameux petit instrument et sa baguette, à défaut de pouvoir faire autre chose. Autant dire que pour le bien-être du Temple, Luke avait dû toucher à un instrument environ 3 ou 4 fois dans sa vie. À l'instar de Karm en revanche, il chantait naturellement très bien.

Mais aujourd'hui, c'était justement la voix de l'Ark-Ni qui l'intéressait, et Luke apprécia les sons de sa langue natale. Ses muscles se détendirent, il se laissait bercer par les notes, évoluant dans un monde cotonneux sans repère, et pourtant sans stresser à cause de ce fait, lui qui aimait avoir le sol à portée de pied. Le lit se balançait légèrement, les faisant rebondir au rythme de couples que le Hapien ne comprenait pas, et ne cherchait d'ailleurs pas à analyser, une fois n'est pas coutume. Lorsque l'explication vint, le jeune homme se mit à imaginer -à sa façon, certes incompréhensible, brouillonne et déformée.- la lune et le soleil qui s'unissaient. Il ne savait pas qu'un tel phénomène était possible.

- Quand j'étais petit, j'adorais le soleil, je pouvais passer des heures derrière la fenêtre à l'attendre le matin et à l'accompagner tout au long de la journée. Dans cette chanson, tu es le soleil.

Décida Luke, surpris du hasard qui donnait à Karm ce rôle parfait. Étant le plus brûlant des deux, le plus passionné, voyageur et vif, l'explorateur correspondait à cet astre. La chanson, certes un peu commune auraient dit les vils critiques expérimentés, le désignait quant à lui comme la lune. Dans tous les sens du terme. Un sourire borda les lèvres de Luke tandis qu'il retrouvait un morceau de cette adolescence que les Jedis vivaient naturellement en pointillés, comme ils le pouvaient, entre deux entraînements.

- C'est magnifique et tu chantes si bien.

Fit-il, admiratif et objectif.

- Tu sais, ce n'est pas parce que j'en ai parfois peur que je n'aime pas ton caractère. On est très différents, c'est sûr, mais cela signifie que l'on peut être complémentaires, et je l'espère, pas condamnés comme la lune et le soleil à se quitter. -Ça, il s'en souvenait bien, ces deux astres se remplaçaient l'un l'autre, avec sans doute cet interlude qu'il ignorait, une rencontre de toutes manières brève.-

Oui, sa déclaration était fleur bleue! Et tant pis. Il n'avait que 25 ans après tout, tous deux pouvaient bien encore rêver d'utopie saupoudrés de paillettes. C'était l'avantage de ne pas avoir l'air viril, non? Et tant pis au fond, s'ils en avaient le droit ou pas. Dans la chambre d’hôtel quoiqu'encore embarrassé par son éducation mais aussi sa nature timide, toute en retenue, Luke se sentait protégé, bien plus à l'aise et proche de son ami.

- J'aime bien qu'il n'y ait pas de traduction à ta chanson, c'est plus authentique, et je peux interpréter. Est-ce que tu en as d'autres? Par exemple des poèmes traditionnels de là-bas? Je dois vraiment apprendre cette langue.

Fit-il enthousiasmé par l'idée, tout en se couchant sur la couverture, la tête soutenue à l'aide de sa main, elle-même redressée grâce à son coude appuyé sur les couvertures moelleuses.

- Si tu n'avais pas été Jedi, qu'aurais-tu aimé faire?

Interrogea doucement le jeune homme, faisant un pas vers la connaissance de ce garçon dont il ignorait encore certaines choses, parfois basiques. Leur rencontre, l'évolution de leur relation avaient été fulgurante. Luke avait envie de connaître cette intimité plus superficielle mais non moins importante, pareille à de charmantes ruelles pittoresques, perdues dans un village creusé dans le flanc de la montagne. Et s'il désirait aussi physiquement Karm, il prenait pour l'instant son mal en patience, pondéré en toute chose, comme souvent. Pas à pas. Petit à petit.
Karm Torr
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— Figure toi qu’en te plaquant contre la porte, j’ai bien senti que tu aimais mon caractère, oui, lança l’Ark-Ni avait d’éclater de l’un de ces rires cristallins dont il paraissait avoir le secret mais qui était, en fait, typiques de sa race.

Il s’allongea sur le dos, les mains croisées sur la nuque, la tête tournée vers Luke, très satisfait que sa chanson ait plu. Formation jedi obligeant, aucune fierté ne venait se mêler à cette petite victoire : sa satisfaction naissait plutôt de l’enthousiasme d’avoir fait plaisir à celui qu’il aimait. De tous les chemins qui pouvaient mener au Côté Obscur, l’orgueil et la colère étaient ceux que l’Ark-Ni aurait emprunté le plus malaisément.

— Y a pas mal de poèmes chantés, oui. Des poèmes poèmes, genre, juste, déclamés, beaucoup moins. En fait, disons qu’en gros, la littérature ark-ni est surtout orale et communautaire. C’est quelque chose de social, pas fait pour la lecture solitaire. Et donc, y a deux grandes catégories : les histoires, ‘fin, les contes, plutôt, et les chansons. Les chansons peuvent être des histoires aussi en fait, des genres de, hm...

Karm chercha un point de comparaison.

— … épopée ? Un peu guerrières, mais plutôt du genre voyages improbables et découvertes mystérieuses. Ou ça se chante en cycle, sur plusieurs jours, parfois tout un mois, selon les festivals, les occasions. Et des chansons plus courtes. D’amour, principalement. Et les histoires, c’est soit des sortes de blagues. Enfin des blagues mais des histoires… Satiriques. Je sais pas trop comment décrire. Y a un humour très particulier chez nous qu’on appelle l’humour d’astéroïde. C’est un peu, genre, pince sans rire et incisif.

Il n’était pas rare que le Gardien en fît preuve lui-même, surtout dans les situations critiques, au milieu d’un combat ou d’un naufrage. Pour les Ark-Ni, ces plaisanteries que les autres jugeaient souvent venir à contre-temps étaient un moyen de prendre de la distance avec la crise, un pas de côté qui permettait de mieux considérer les difficultés présentes. Jeux de mots et remarques incongrues étaient en général proférés avec ce flegme stoïque si répandu dans leur société et c’était ce qui achevait de les rendre étranges.

— Donc, histoires d’astéroïde, disons, histoires plus contes féériques, enfin, très basées sur les vaisseaux et la technologie. Y a, comment dire ? Une sorte de fantaisie de la machine. Une magico-technologie. Ca aussi, c’est dur à décrire, mais genre un personnage typique, c’est le vieil ingénieur qui fait faire aux vaisseaux des choses impossibles, parce qu’il parle aux machines. Et il guide un jeune Ark-Ni à qui il transmet son savoir avec une série d’épreuves. C’est une espèce de canevas sur lequel le conteur va broder. Et sinon, des histoires plus philosophiques, quoi. Des sortes d’apologues.

Tout, en somme, n’était pas complètement exotique et les créations ark-ni se rapprochaient probablement d’autres genres, dans d’autres littératures orales, adaptées simplement, dans leurs thèmes, à l’environnement entièrement artificiel et à l’existence nomade qui étaient les leurs. Mais Karm était peut-être trop étranger à sa propre société pour en saisir toutes les subtilités et comprendre à quel point cette culture qu’il décrivait sommairement se distinguait des autres. Comme bien des Padawans, en grandissant, il avait essayé de se renseigner, de garder des liens avec ses origines, mais il était plus difficile de contacter la Flotte et de participer à la vie des vaisseaux qu’il ne l’était pour d’autres jeunes gens de maintenir des relations avec une planète bien connue.

— Si j’avais pas été jedi… J’sais pas, on est pris tellement jeunes, on vit une vie tellement spéciale, c’est difficile de présumer sur ce qui aurait été notre caractère. Mais en mettant qu’on puisse extrapoler… J’dirais que j’aurais été éclaireur. Chez les Ark-Ni, y a des gens qui ont des vaisseaux légers, genre de gros chasseurs, disons, et qui parcourent les zones inconnues pour prospecter des astéroïdes prometteurs, nouer les premiers contacts commerciaux, etc. Ca demande un certain goût pour la solitude qu’est pas fréquent chez les miens et un côté aventureux. Je suppose que ça me correspond pas mal. Mais en vrai, j’aimerais pas être autre chose qu’un Jedi. Y a plein d’aspects difficiles, j’ai mes problèmes avec beaucoup de points de la doxa au sein de l’Ordre, mais j’aime ce que j’fais, je crois en ce que j’fais et généralement, j’apprécie les personnes avec qui j’le fais. C’est quand même un luxe assez rare, dans cette galaxie.

Karm se redressa et, sans crier garer, il plaqua Luke sur le dos avant de passer au-dessus de lui. Un assaut finalement fort chaste, puisqu’il se contenta de frôler le nez de l’Hapien du sien.

— Toi, t’aurais pu être… Un spécialiste en consulting de crise. Venir, écouter tout le monde, bien analyser, garder son calme, poser les bonnes questions, préconiser les bonnes mesures, implémanter les protocoles qui vont sauver tout le monde. Ou… Un juge. Qu’aurait rendu des décisions pondérées et subtiles. Un vrai juge de vocation, pas comme ceux qui cherchent à briller sur une grosse affaire pour lancer leur carrière politique. Ou...

Le jeune Jedi déposa un baiser dans le cou de son ami.

— … un acteur à succès qui aurait fait tourner toutes les têtes…

Et encore un autre.

— D’ailleurs tu pourrais faire ça. Pas acteur, hein. Mais siéger dans les instances du Temple. Pour aider à trouver des compromis et tout. Tu serais vachement doué pour ça. Ca t’a jamais intéressé ?
Luke Kayan
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- Ou musicien? Hum... Éclaireur, ça te va mieux. Celui qui montre le chemin. Comme tu l'as fait avec moi sur la planète qu'on a exploré.

Luke laissa retomber sa tête sur son bras désormais allongé. Ses cheveux semblables glissèrent en gerbes blondes autour de son visage, sa main se rétracta lorsqu'en s'étirant, elle toucha la tête du lit. Détendu, le jeune homme avait paisiblement fermé ses yeux, les rouvrant parfois à demi, lorsque Karm parlait. La fatigue se faisait nettement ressentir dans cette position, et c'était comme si se reposer invitait ces dernières heures à se poser sur ses épaules. Sereine, douce, elle l'envahissait petit à petit mais sans scrupule. Enfin, jusqu'à ce que son ami ne la chasse, bondissant presque sur lui. Réflexes Jedis oblige, Luke attrapa les bras de son attaquant, prêt à le propulser sur le côté, c'est à dire hors du matelas. Heureusement, il savait aussi se contrôler -en plus de disposer d'une force physique toute relative.- et l'explorateur put demeurer sur place, à frôler son nez. Sous la chatouille, Luke fronça ses narines, manquant d'éternuer. Il rit à la proposition de son ami. Lui, acteur?

- Et toi un chanteur célèbre qui signe des milliers d'autographes. Elles aiment ça les jeunettes, un chanteur aux origines mystérieuses qui leur offre des chansons dans une langue inconnue.... Et l'Humour astéroïde! Il paraît que c'est Badglass...

Railla le jeune Jedi- tout en déformant involontairement la fameuse expression "badass".- en s'imaginant en pleine discussion artistique avec ledit chanteur reconnu. Ils se retrouveraient sur un tapis rouge, à se disputer des prix. Non, évidemment, cette vie en pleine lumière ne lui conviendrait pas. Luke préférait rester Luke, dans son entièreté, et c'était une des raisons pour laquelle il n'avait jamais essayé de soigner sa cécité. La difficulté de la tâche aidait aussi, bien sûr, ce serait injuste de tout remettre à une volonté d'authenticité à toute épreuve.

- Psy... Ou Juge. Que des métiers de somnifères suffisants, du moins à en croire les clichés.

Bien qu'il ne possédât pas une gamme élevée de ces dits stéréotypes, peinant à comprendre leur vraie fonction, il connaissait les plus célèbres, or les psys avaient une liste tellement longue de préjugés que même lui était au courant.

- Bon d'accord, honnête, incorruptible ça me plaît, mais certainement plus fou que mes patients. Et tu viendrais à ma consultation, après que la célébrité t'ait tourné la tête, et que tu consommes de l'alcool ou de la drogue.

Le jeune homme repoussa gentiment son "artiste futur drogué, mal dans sa peau, excentrique" pour mieux reprendre le contrôle. Il n'allait pas se laisser si facilement avoir, ni manier. Lui aussi savait faire languir. Après le baiser dans le cou, comme la conversation devint soudainement plus sérieuse, Luke se redressa un peu, afin d'offrir son si vague regard à son interlocuteur.

- Je ne sais pas, il faut de longues années de préparation pour cela, les plus sages accèdent à ce rang, les responsabilités sont immenses. Et puis, j'aime varier un peu. Quand on endosse cette espèce de rôle de conseiller, on n'a plus vraiment le temps de gambader sur de nouvelles planètes. Ce serait regrettable. En plus, je deviendrai un vieux poussiéreux enseveli sous ses parchemins... Humpf attends, est-ce que je viens d'insulter les vénérables négociateurs et autres conseillers ?

Le jeune homme rougit et tourna la tête vers ce qu'il savait être la porte, comme si l'un des cités précédemment allait débarquer. Peut-être le chanteur condamné à l'alcoolisme? Luke rougit légèrement, il n'avait pas sincèrement l'habitude de blaguer sur les hauts rangs des Jedis, ni les moins hauts d'ailleurs, adoptant un humour semblable à celui des Ark-Nis en ce qui concernait son handicap. Il n'en avait jamais été vexé et appréciait les gens aptes à aller à contre-courant, sortir une perle en plein milieu d'une bataille. Lui avait plus de mal sur certains sujets, quoiqu'il se souvenait du grossier personnage qu'était ce Dranor, pas méchant dans le fond. Lorsque ce dernier lui avait sorti que ce soir, c'était soirée mousse dans un bar gay -parce qu'honnêtement, Lloyd le Sith, tout aussi Hapien que lui, ne respirait pas non plus la virilité.- Luke lui avait rétorqué qu'il semblait beaucoup s'y connaître dans le domaine. Ce jour-là il n'avait pas eu aussi honte de ce qu'on lui attribuait, par hasard, à raison. Par contre, normalement tout ce qui était administratif ou Ordre, ou constitutionnel était normalement sacré. Le blond s'était vraiment laissé aller sur le coup, enfin selon sa mesure, cela dit c'est vrai que ces conseillers se prenaient parfois pour les maîtres du Temple, croyant résoudre tous les problèmes, perchés sur une bonne dose d'orgueil, lequel par chance et miracle ne semblait pas se convertir en obscurité.

- Mais en vrai, moi aussi je suis Jedi. Je crois que jamais je n'aurais voulu... - le Consulaire marqua un temps d'arrêt malgré lui, ses doigts dessinant une arabesque fantasque, maladroite et invisible sur la couverture.- je n'aurais jamais pu rien faire d'autres. - Sans l'Ordre, il ne serait pas sorti de son autisme, malgré l'amour de son père et de sa belle-mère. Son cas était trop grave. Le jeune homme devait absolument tout à Saï.

- Raconte-moi une épopée...

Décida-t-il soudain, rêveur au point de délaisser, pour une fois, son attrait pour la philosophie. Il voulait juste songer, imaginer un apprenti mécanicien dans un vaisseau, même s'il n'avait que peu d'idées de ce que pouvait représenter l'enchevêtrement de câbles dégoulinant d'huile. Quoique... Dans sa tête se dessina un vaisseau fort ressemblant à un sabre-laser. Il savait comment était cette arme, honnie par le passé, quoique noble. Il se rappela du mal qu'il avait eu à le construire, du temps passé pour obtenir une lame fiable mais somme toute simple, des circuits dans lesquels ses doigts se perdaient. Il était un apprenti Ark-Ni prêt à écouter les conseils de son mentor.

Sa main chercha celle de son ami, comme un lien, un pont entre eux, afin de ne pas se perdre sur le fil de l'histoire.
Karm Torr
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— Tout à fait. L’alcool et la drogue. C’est tout à fait mon genre, assura l’Ark-Ni, aussi sobre qu’un Jedi pût l’être, d’un ton faussement sérieux.

La célébrité ne l’attirait guère. S’il avait décidé de devenir Maître, un jour, et de consacrer à son perfectionnement constant une énergie acharnée, ce n’était pas pour la gloire objectivement attachée à ce titre, ni pour avoir l’impression d’être au sommet de l’Ordre. L’admiration des autres l’indifférait, sauf peut-être celle de Luke. Ce qu’il voulait, c’était être capable de réformer, de protéger les Padawans qui ne rentraient pas dans les cases et de sauver les plus faibles d’eux-mêmes et des autres. La réputation, à ses yeux, c’était plutôt un désavantage.

A nouveau sur le dos, il observait le plafond.

— J’trouve ça assez glamour, moi, comme métier, juge. Faut juste considérer qu’ils jouent aussi un grand rôle dans les enquêtes, quoi. Qu’ils sont pas juste là pour présider aux séances. Mais c’est peut-être mon attachement à, je sais pas...

Comme souvent avec Karm, la phrase était restée inachevée et il n’était pas forcément facile de comprendre ce qu’il avait voulu dire. Mais la conversation partit de toute façon vers d’autres horizons. L’Ark-Ni se tourna sur le flanc, pour observer le blond.

— Ben, une épopée en entier, ça risque d’être difficile, c’t’assez long, quoi. Faut au moins une bonne semaine à raison de plusieurs heures par soir. Mais je peux essayer un résumé. Un résumé d’une version, parce que les récitants brodent toujours, ajoutent des trucs, en enlèvent. L’intérêt, c’est l’espèce de tension entre une histoire bien connue et des péripéties nouvelles. Donc...

Karm leva la main dans laquelle Luke avait glissé la sienne pour déposer un baiser sur le dos de celle de l’Hapien, avant de se lancer dans son récit.

— Un jour, dans Temps Immémoriaux, le vaisseau de Vak du clan Stol sort brutalement de l’hyperespace, alors que la Flotte se dirige vers un système bien connu. Le vaisseau de Vak revient dans l’espace subliminal au milieu d’un système désert, avec une étoile, aucune planète, et des champs d’astéroïdes partout. A perte de vue, sur des distances presque infinies, des fragments de roches traversent le ciel. Vak est un pilote hors du commun. Il navigue entre les astéroïdes.

Peu à peu, tous, dans le vaisseau, prennent conscience de ce qu’ils observent. Ce sont des planètes qui ont explosé. Ils traversent les débris d’une première, et plus loin ce sont les débris d’une autre et encore une autre. Le vaisseau louvoie. Alors qu’ils sont au milieu du premier champ, ils croient entendre les voix de ceux qui sont morts. Les images de leurs vies abolies par quelque cataclysme inimaginable défilent dans leurs esprits. Ici, c’est une civilisation agricole. Plus loin, c’est un peuple de marchands.

Au deuxième champ d’astéroïdes, les illusions sont plus fortes. On jurerait pouvoir toucher ces morts. C’est comme s’ils allaient parmi les gens du vaisseau. C’est tout un monde qui revit l’espace de quelques instants fugitifs alors que le vaisseau de Vak traverse les débris. Mais il s’en extirpe finalement. Et vient le troisième champ. Alors l’équipage ne veut plus avancer. Il veut rester là dans ce monde d’illusions. Au milieu du champ de ruine de la planète détruite.

Mais Vak est plus fort. Vak sait que ce n’est pas la vérité. Lui ne regarde pas les astéroïdes : il fixe l’espace vide. Il commence à chanter une chanson ancienne, venue du fond des âges, et plus ils chantent, plus ceux de son peuple sont rappelés à eux-mêmes. Plus il chante, plus ils se souviennent qu’ils sont des Ark-Ni, et non des Planétaires. Le vaisseau parvient à quitter le champ d’astéroïdes, le dernier avant l’étoile, et il saute à nouveau dans l’hyperespace.


C’était en somme une structure épique classique, avec ses répétitions, et l’on devinait la place que devaient y jouer les amples descriptions caractéristiques, les catalogues et les énumérations. Le message sous-jacent n’était pas non plus très difficile à recomposer : si la vie sur les planètes pouvaient paraître séduisante, seule l’adhésion aux valeurs de nomadisme et de cohérence communautaire des Ark-Ni permettaient d’accéder à la vérité réelle de l’espace infini et sombre, qui existait toujours au-delà des illusions. Les planètes étaient destinées à mourir, les civilisations à passer, seul l’espace perdurait, et les plaisirs et les couleurs des mondes n’étaient que des mirages pour les voyageurs perpétuels de la Flotte. C’était une idéologie somme toute bien conservatrice mais la littérature épique n’était pas réputée pour prôner les révolutions.

— La chanson de Vak, tout le monde la connaît. C’est un peu un genre d’hymne national, tu vois. Faut des sortes de percussion. Attends, on d’vrait trouver un truc qui fait l’affaire.

Karm lâcha la main de Luke, se redressa et, non sans s’être d’abord penché pour déposer un baiser sur le front de son compagnon, il s’assit au bord du lit, pour pouvoir se servir du bois du montant comme d’un xylophone très rudimentaire. Les paumes de ses mains commencèrent à donner le rythme d’une chanson beaucoup plus rapide, et évidemment faite pour entrainer, que la romance qu’il avait chantée à Luke. A nouveau cependant, sur ce rythme très différent, on y retrouvait les assonances et les allitérations qui paraissaient bien être les marques de la poétique ark-ni.

Et puis les percussions s’arrêtèrent, et la voix de l’Ark-Ni se tut.
Luke Kayan
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- Et tous ces ... ?

Luke renonça après l'histoire, à poser des questions, comme d'habitude. Il voulait tout résoudre mais aujourd'hui le mystère demeurerait. Entraîné par le rythme de la chanson, le jeune homme s'était redressée, et laissant à l'histoire le soin de se refermer sur ses secrets, il resta lui aussi silencieux tandis que l'animation retombait. Un temps plus tard, seulement, le Jedi repris la parole, non pour demander, sinon pour continuer.

- Mais un jour que Vak voyageait, il arriva sur une planète, bien vivante elle. Belle comme un paysage hum... Euh?
- Forcément, les images.- comme un paysage abondant, avec des fruits, des légumes et tout ce qu'il faut pour se nourrir. Dessus, vivait un peuple tribal, très attaché à ses traditions, ses croyances, songeant que ceux du ciel étaient des instables, des éternels insatisfaits incapables de reconnaissance envers la Nature, véritable créatrice. Vak qui avait survécu à l'attrait des planètes rencontra une femme, si elle n'était pas aussi jolie que le décrivent les contes, ni aussi courageuses, parsemée de défauts, il la trouva pourtant séduisante. Quand elle parlait avec brio ou s'emmêlait, de jour lorsqu'elle guidait son peuple pour la cueillette, comme de nuit lorsqu'elle se trompait de chemin. Dans ses rires et dans ses larmes. Que pouvait-il faire avec cette personne qu'il ne voulait pas quitter, cette femme ancrée sur ses terres, et lui sur son vaisseau?

Certes, ce n'était pas aussi bien raconté que Karm, parce que Luke manquait singulièrement de métaphores disponibles, cependant il s'était bien amusé. Laissant courir ses mains sur la tête de lit comme si c'était un instrument, il obtint une sorte de frottement musical, pourvu qu'il y ajoute des petits coups qui raisonnaient dans une partie plus creuse. Finalement il rit, tout heureux de cette soirée de jeux, simple et complexe à la fois. Riches en petits détails, références sous des airs banals.

La nuit avançait lentement, étirant ses rayons noirs sur le lit des deux amis. Par la fenêtre, la lune offrait une chiche lumière timide, cachée par celle électrique qui envahissait la pièce.

- Vak voulut trouver comment arrêter le temps pour que demain n'arrive jamais, pour autant ce n'était pas la solution parce qu'il faut donner sa chance à demain, il peut se produire d'autres merveilles, et certains ont vécu un aujourd'hui horrible. Alors Vak décida de simplement parler à la femme, d'essayer de lui expliquer. De dialoguer.

Il vint s'asseoir tout contre son ami.

- C'est ce que je souhaite que l'on parvienne à faire. Si je fais quelque chose qui te dérange, dit-le moi s'il te plait. On est tous les deux complexes mais aussi raisonnables... Et sincères. C'est le seul compliment ou qualité que je m'attribuerai sans rougir. L'un des plus importants, je sais le posséder car c'est toujours ce que je tente de t'offrir. Ma sincérité.

Le visage tourné vers la fenêtre, le Hapien profitait d'un petit courant d'air qui passait, le vilain, entre deux visses un peu fatiguées. Luke se laissa tomber en arrière, émettant un "pof" sur les couvertures et forçant celles-ci à se mouvoir en une vague qui mollit deux fois avant de mourir et que la mer soyeuse redevienne un lac.

- Cette chose que les civils appellent des vacances. Je n'en ai jamais vu l'intérêt ni pensé que c'était pour moi. Aujourd'hui cependant je crois que j'aimerais bien essayer.

Le Jedi ferma les yeux, s'imaginant une semaine sans "rien faire" d'extraordinaire. Ni mission, ni démêlés avec la politique, ni même croiser les marches du Temple. Bon d'accord, une semaine ce serait trop long loin de sa famille de coeur, ou de ceux qui avaient besoin d'eux... trois jours? Deux jours et demi, ce serait mieux. Mais ce soir, juste ce soir et cette nuit, c'était bien aussi.

Paresseusement, Luke leva une main pour invoquer la Force et essayer d'attirer Karm par ses vêtements, comme un aspirateur nettement plus silencieux, cela dit, que les machines habituelles. Le voilà en train de jouer à nouveau.

- Je crois que ma vie est parfaitement imparfaite.

Et il invita l'Ark-Ni à s'approcher en laissant simplement retomber son bras sur le lit, Couché sur le dos, les yeux fixant le plafond avec la même intensité, le même bonheur que s'il pouvait enfin observer les étoiles dont il avait tant parlé à Saï, à Karm, à tout le monde. Son esprit cartésien "prononça" la phrase "on devrait aller se coucher, il est tard et demain sera une rude journée" mais ses lèvres en furent incapables. Il restait juste là, suspendu dans le temps et prisonnier de l'aura de "Vak".
Karm Torr
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— Mais qu’est-ce que c’est que ces histoires d’hérétiques, Kayan, fit mine de s’offusquer l’Ark-Ni, C’est bien des idées de Planétaire, tout ça. On en a jeté par les écoutilles pour moins que ça.

Et avec un nouveau rire, Karm se laissa happer pour tomber à côté de Luke. La vérité, c’était que si les histoires ark-ni lui avaient plus quand il était enfant, il percevait désormais tout ce qu’elles devaient à une société bien progresssite en espérance, mais fort conservatrice au fond. Les légendes et les épopées de son peuple décrivaient la plupart du temps des valeurs dans lesquelles il ne se reconnaissait plus et des destins qui ne lui paraissaient pas désirables, ni pour lui personnellement, ni pour les jeunes Ark-Ni en général.

— Franchement, y a des missions d’exploration, c’est comme des vacances. Des vacances un peu sportives, OK.

Il gardait un souvenir ému de celle qu’il avait menée avec Luke. Ils s’étaient faits agresser par une végétation vivante, certes, mais enfin, détail que tout cela. Karm se souvenait surtout de l’océan, de la plage, de la tente aussi, quand Luke l’avait pris pour la première fois, dans l’obscurité entière, et qu’il avait senti l’Hapien s’abandonner au plaisir à l’intérieur de lui. Là, il avait communié pleinement avec la nature, avec cette Force créative et fertile que Luke avait décrite dans son histoire. L’appel de la vie.

Karm glissa sa main sous la tunique de Luke pour caresser la peau de l’Hapien. Son ventre, son torse, ses flancs. Il aimait sentir la respiration de son ami sous sa peaume. Ses os un peu trop marqués ne le dérangeaient pas. Luke était parfaitement imparfait, comme il le disait. Beaucoup mieux, à n’en pas douter, que cet Hapien surhumain qui organisait dans le lointain d’un Empire maléfique des évasions mystérieuses.

— N’empêche, c’est plus facile de raconter des histoires que d’expliquer des choses. J’devrais peut-être songer à une pédagogie narrative, je risquerais moins d’embrouiller mes élèves.

Il avait fini par relever tout à fait la tunique de Luke et par la retirer à son compagnon, pour la lancer dextrement sur la chaise la plus proche. Encore tout habillé pour sa part, il se rapprocha et prit le jeune Hapien dans ses bras, allongés tous les deux sur le côté, lui le torse contre le dos de Luke. Ses bras refermés autour de son compagnon, il déposa un baiser sur sa nuque. Luke pouvait sans aucun doute sentir son excitation, celle de son corps n’avait rien de discrète, son aura dans la Force la déployait aussi, mais Karm ne paraît pas pressé de la concrétiser. Ou, plus probablement, ces caresses déjà sages participaient aussi pour lui de la satisfaction de ses désirs.

— Mais on pourrait prendre des vacances. C’est pas, genre, interdit. Certains Maîtres comme Ekkt l’encouragent. Une manière de rythmer la vie. De se développer personnellement. Après, je me vois mal dans une croisière interstellaire sur un casino flottant, puis ce serait hors de nos moyens, mais je sais pas… Un peu de calme à la campagne, dans l’une des colonies de réfugiés. Ou j’ai rencontré des fermiers super sympas sur Dantooine, avec Wen. J’suis sûr qu’ils accepteraient de nous accueillir.

Pas un instant il ne songea que ses amis désormais nombreux — sans qu’il s’en rendît tout à fait compte — éparpillés d’un bout à l’autre de la Galaxie, auraient pu se montrer réticents à héberger un couple d’hommes. Son expérience malheureuse du jour n’avait pas suffi à lui faire prendre pleinement conscience de la situation.

— A l’ExploCorps en tout cas, on essaie d’alterner les missions tranquilles et relativement certaines. Les secondes explorations sur les planètes calmes, par exemple. Et les trucs plus ardus, les découvertes, les planètes hostiles, ce genre de choses. Tu ferais quoi, toi, pendant des vacances ?

Aveugle, Luke aurait eu du mal à faire du tourisme. Du tourisme gastronomique, peut-être, ou bien musical. Karm ne se voyait pas passer un week-end à Coruscant à courir les clubs underground pour découvrir le futur chanteur à la mode et il ne songeait certainement pas à faire la tournée des relais gastronomiques.

Ses doigts avaient recommencé à courir sur la peau de Luke qu’il tenait contre lui. Parfois, ils descendaient tout en bas de son ventre, se glissaient sous le pantalon vert, mais juste un peu, très discrètement, avant de remonter presque aussitôt. Le désir de Karm se glissait comme une chaleur prometteuse dans leurs pensées rendues communes par la Force et l’Ark-Ni se laissait envahir par cette sensation que Luke, dans ces moments, lui était encore plus familier, parce que le corps de l’Hapien résonnait dans son esprit.

Puisque c’était à Luke de répondre, il fallait bien qu’il s’occupe, lui, alors il commença à déposer des baisers sur sa nuque, sur son épaule nue, dans son cou.
Luke Kayan
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Nous devons changer notre vision, étroite et ancienne. Le peuple en a assez de votre suprématie, de vos idées antiques. Ils réclament la liberté, le droit à l’amour des vertes prairies.- Fit le révolutionnaire improvisé, ignorant presque complètement ce que signifiait le « vert » de sa si jolie expression, fraîche et clichée à souhait.-

Et tandis que la paix revenait dans la chambre, que le défenseur des vaisseaux laissait ses doigts passagers frôler la terre douce que formait sa peau, Luke réfléchissait. Il pensait aux vacances, un concept difficile à imaginer quoique plaisant. Au fur et à mesure un plan se dessinait sans sa tête, et il l’exposa, un peu honteux certes, de démontrer une envie de se reposer alors qu’avant, jamais cela ne lui serait venu à l’idée.

- Le casino ? Bonne idée, une fois j’ai retrouvé un Padawan qui usait de la Force pour tricher et gagner, il fut repéré, moi de même… On pourrait faire pareil mais plus subtilement pour nous en sortir.- Commença-t-il d’un air faussement voyou. Ferus Livian l’avait davantage dégoûté encore de ces jeux, cette richesse apparente et de lui-même par ailleurs. Rarement Luke avait autant abhorré quelqu’un - Non plus sérieusement… J’en profiterais pour me lever à 7 h00 au lieu de 6, faire mes exercices mais ensuite m’octroyer une heure de promenade dans un endroit tel qu’un grand parc ou mieux, une plaine, sans obstacles, juste pour sentir la vie qui s’y balade. L’après-midi je pourrais en profiter pour faire des recherches ou prendre de l’avance sur mes dossiers. Peut-être même que… -Il laissa planer le suspense, petit délinquant aux tendances de fonctionnaires se réjouissant de vacances inexistantes encore.- je continuerais mon mémoire ou en commencerait un autre. Ou alors j’apprendrais l’Ark-Ni.

Non, décidément, Luke ne servait visiblement pas pour prendre des congés, ou alors il n’avait pas totalement saisi le concept. Il faut dire que quoiqu’en dise le charmant Karm, on n’appelait pas ce pauvre garçon « le somnifère » pour rien. Le Hapien s’amusait comme un petit fou dans une bibliothèque, devant son ordinateur ou dans un grand espace seulement habité par des insectes et des oiseaux.

- Mais j’aime bien aussi ce que vous faites dans l’ExploCorps. Peut-être que je pourrais m’inscrire pour un stage.

Plaisanta le Hapien, à moitié seulement en réalité, car il avait apprécié la « classe verte » offerte par Karm sur cette planète inconnue où une espèce de bestiole symbiotique était, certes, tombée amoureuse de lui. Un amour presque fatal. Rien que d’y penser, Luke sentit un frisson mêlant crainte et plaisir envahir son échine. Attendez, plaisir ? En se souvenant d’une plante qui avait failli le tuer ? Deviendrait-il lui aussi Karmikaze ? – [HJ :PARDON 😊 Aussi facile que nulle et tentante] – Pas tout à fait, en réalité, les doigts taquins de son compagnon aidaient ses sentiments et sensations à s’étendre. Faussement sévère, Luke récupéra la vilaine main et la fit remonter à un endroit plus sage, sur sa poitrine. Il essaya de bloquer son ami pendant une certaine période de silence, ralentissant un processus qui se déroulait déjà bien tranquillement entre deux gerbes de conversation. Comme quoi, pour quelqu’un qui craignait de n’avoir rien à dire, karm se débrouillait plutôt bien, car Luke ne s’ennuyait pas du tout, et nul besoin d’avoir des relations charnelles pour se faire. Il ne le souligna cependant pas, préférant encourager par le silence, une capacité que le Chevalier développait sans sembler s’en rendre compte.

- Comment est-ce que cela se passe avec ton apprentie ?

Demanda Luke en resserrant sa prise sur les doigts de son ami tandis que ce dernier avait finalement choisi de s’attaquer à sa nuque à coup de baisers. Il se renfonça dans les bras de Karm pour éliminer tout espace entre eux, sa propre main, elle, caressait les phalanges prisonnières, il avait fermé les yeux et s’était détendu.

Depuis que son ami avait choisi une élève, le Hapien y avait aussi songé, notamment parce que la jeune génération attendait désespérément d’accomplir son rêve et qu’il y avait logiquement plus de Padawans que de Maîtres. Pour autant, il ne se sentait pas encore prêt et personne ne l’avait interpellé, mais après tout Karm avait deux ans de plus que lui, ce qui laissait encore de la marge. En songeant aux générations, le blond se souvint d’un nom prononcé par son camarade.

-Tu connais Wen ?- s’exclama-t-il, ayant inconsciemment la même réaction que la jeune femme lorsque Karm lui avait évoqué son nom.- -C’est une excellente Jedi, je l’apprécie beaucoup bien que je déplore de ne pas l’avoir croisé plus souvent.

Fit Luke en se rappelant de la Nautolane, une fille mature pour son âge et surtout très déterminée.

Un jour elle m’a poursuivie dans les couloirs pour que je devienne son maître.[hj: joué [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]] Je crois qu’elle m’a même fait un peu peur.- Il rit puis redevint plus sérieux.- quoiqu’il en soit je suis heureux d’être resté ferme. Wen a trouvé un excellent mentor, pour preuve, elle est chevalière, elle qui s’inquiétait tant pour sa formation. Il faudrait absolument que je lui reparle !

Malheureusement, être Jedi impliquait se perdre de vue, se retrouver, et se reperdre, à l’instar de Wen et de lui, lesquels s’étaient justement retrouvés au détour d’un couloir un an après la demande éconduite de l’apprentie.

Luke se retourna, dusse-t-il se tortiller un peu pour échapper à l’étreinte de Karm. Il remonta jusqu’à son visage, explorant ses traits, cette fameuse chevelure argentée, douce, puis descendit, pour trouver une poitrine un peu trop habillée. Quoique lent, en procédant par méthode, le Hapien finissait par trouver les plis, les coutures et il défit les vêtements, s’attaquant ensuite au pantalon. Maintenant, c’est lui qui gagnait, enfin si Karm ne décidait pas de défendre ce qui lui restait de tissu.
Karm Torr
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— Tranquillement. Ca se passe tranquillement, répondit Karm, dont les lèvres frôlaient toujours la peau de Luke. Y a quelque chose de sombre en elle, de la colère et de la frustration. Elle a perdu son précédent maître, elle veut tuer tous les Siths.

Au demeurant, ce n’était pas une attitude exceptionnelle parmi les Jedis et certains Maîtres comme Marja prônaient une guerre totale, dont la logique laissait l’Ark-Ni bien perplexe.

— Mais c’est pour ça aussi que j’l’ai choisie, quelque part, je crois.

Il était un peu curieux de l’entendre suggérer que les raisons de son choix lui échappaient encore largement et, en vérité, Karm n’avait pas mûrement réfléchi cette décision : il avait interprété les circonstances et la discussion avec des Maîtres, au moment du sauvetage de Gloodi, comme un signe de la Force et il s’était fié à son instinct. L’Ark-Ni procédait souvent avec cette foi sincère, dont les implications intimidaient et même rebutaient les Jedis les plus traditionnels.

— Je sais c’que c’est de faire la guerre sans être en colère. Et d’assimiler ses émotions sans les nier. Quelque chose comme ça.

Depuis que Luke et lui se connaissaient, pas une seule fois l’Ark-Ni n’avait paru pouvoir s’énerver. Il lui était arrivé d’être irrité, sans aucun doute, attristé ou frustré, mais ces émotions s’exprimaient dans un calme mélancolique plutôt qu’une rage explosive ou une colère froide. C’était sans aucun doute ce tempérament qui lui avait permis de résister à l’entraînement de Tavaï et de ne pas en ressortir auréolé par le Côté Obscur.

Un soupir de plaisir lui échappa alors que Luke commençait à le déshabiller, une entreprise à laquelle il n’opposa naturellement aucune protestation. Une main perdue dans les cheveux de l’Hapien, l’autre glissé sous sa propre nuque, il s’arrangea même en quelques gestes pour aider l’aveugle dans sa tâche hautement nécessaire, abandonnant son tee-shirt et puis son pantalon. Le boxer qui survécut seul à cet effeuillage ne cachait pas grand-chose de sa vigoureuse excitation mais Karm poursuivait d’un ton tranquille :

— On était sur Dantooine ensemble. Quand j’suis parti chercher des cristaux, pour mes futurs shotos. Enfin, j’suis pas encore sûr pour les shotos. Y a des considérations stratégiques importantes. Mais aussi… Philosophiques, tu vois ? Enfin, peu importe...

Ce n’était pas la première fois que Karm laissait entendre que ses choix de combattant trahissaient quelque chose d’autre, quelque chose de plus profond, de l’ordre de la métaphysique ou de la morale, mais à chaque fois qu’il était sur le point d’aborder le sujet, il laissait ses propos inachevés, craignant de rebuter ou d’ennuyer le Consulaire, avec ces réalités si éloignées de sa propre spécialité. L’entraînement martial qu’il dispensait régulièrement à Luke s’en tenait ainsi à la technique, sans rentrer dans le détail de la philosophie sous-jacente, qui constituait pourtant une préoccupation essentielle pour Karm.

— Elle aussi cherchait un cristal. On a fait l’expédition ensemble, j’pense que le Conseil voulait qu’elle puisse avoir quelqu’un d’un peu expérimenté poru la guider. Et comme y avait un orage, on a passé la nuit chez des fermiers locaux, c’était super intéressant. Le lendemain matin, on a même aidé une bête à mettre bas. Une belle expérience. J’l’ai pas revue depuis mais ce serait cool de le faire. En fait, pour tout avouer, j’me suis même dit que ça pourrait, tu sais… ‘Fin… Devenir une amie et tout...

Les amis, ce n’était pas exactement sa grande spécialité, faute d’avoir beaucoup fréquenté les autres Padawans lors de sa formation. A la différence de ceux qui suivaient les mêmes classes ensemble pendant des années et qui en développaient, pour la vie, des liens étroits et une affection sincère, Karm demeurait relativement solitaire. Il avait des contacts, bien sûr, et beaucoup, un peu partout dans la Galaxie, mais c’était le cas de la plupart des Jedis de son âge, qui commençaient à accumuler un certain nombre de missions. Wen lui avait paru avoir un tempérament qui s’accordait bien au sien.

— D’ailleurs, euh… On a beaucoup parlé, le soir, chez les fermiers, elle et moi, et tu me connais, j’suis pas super doué pour mentir, alors, hm… Elle sait à propos de nous.

Sous les doigts de Luke, les muscles solides de Karm s’étaient un peu crispés, anticipant un reproche.

— C’est juste, j’ai évoqué ton nom, ou c’était elle, et bon, quand il est question de toi, j’suis pas exactement… ‘Fin, mes sentiments étaient pas difficiles à cerner, à travers la Force et tout. Et comme elle est loin d’être bête, l’esprit de déduction a fait le reste. Mais… Enfin, j’dois avouer, c’était un soulagement de pouvoir en parler enfin à quelqu’un. Les secrets, ça me ronge.

Leur secret, en l’occurrence, s’ils devaient en croire les observations de Maître Ekkt, était tout relatif. En tout cas, ce soir-là, Karm avait vécu la petite révélation comme une véritable libération.

— Elle l’a bien pris en tout cas.

Se redressant sur les coudes, Karm, presque nu, vint caresser du bout du nez la joue de Luke.

— Désolé. Tu me rends trop heureux pour me rendre furtif. D’ailleurs, présentement, j’peux t’assurer que je suis particulièrement pas furtif...

Il fallait bien reconnaître qu’une fois l’Ark-Ni dévêtu, l’androgynie de Karm appartenait définitivement au passé.
Luke Kayan
Luke Kayan
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- Non, pas "peu importe", on a tout notre temps.

L'encouragea Luke, curieux d'entendre ce que son compagnon pouvait bien penser des Shotos. Lui-même ne savait pas de quoi il en retournait vraiment, très amateur dans la discipline. Cela dit, à l'instar de la mécanique, si Karm l'appréciait, le Hapien se montrait tout à fait apte à s'intéresser. Surtout philosophiquement parlant, puisqu'en règle général il aimait les réflexions, ce qui pouvait pousser à évoluer mentalement, si durs soient parfois les débuts.

D'une caresse, Luke souligna son appui, il était patient, davantage encore lorsqu'il s'agissait de son ami, lequel avait déjà fait de beaux progrès en éloquence, bien qu'il ait cette fâcheuse tendance à choisir l'abandon plutôt que de finir sa phrase. Que ce soit par facilité ou par peur d'ennuyer son interlocuteur -Le Consulaire soupçonnait la seconde option.- il arrivait à l'Ark-Ni de stopper en plein chemin. Au début, le jeune homme laissait faire, se concentrant sur les grandes lignes de "l'apprentissage" de son ami, sauf que maintenant, l'élève en question n'était plus un débutant, il devait donc viser plus haut, songer à réparer les petites erreurs étant donné que les grosses failles se comblaient de plus en plus rapidement.

- En ce qui concerne la guerre sans les émotions, j'espère être sur la bonne voie, mais encore dois-je maintenant entamer le sujet.

- Car si la colère n'était pas le talon d'Achille du jeune Jedi, son manque de confiance l'était assurément. Il avait beau plaisanter sur son handicap, lorsqu'il avait conscience que ce dernier retardait une mission ou la rendait plus difficile, commençait une séries d'interrogations personnelles ne menant qu'à la chute inexorable. Dans ces cas, Luke faisait des erreurs, les accumulant et empirant donc encore, ironiquement, ladite situation.-

- Je pense que Wen serait une très bonne amie. - Approuva le Hapien qui se réjouissait d'un rapprochement dont il se doutait pas entre la Nautolane et Karm. Il appréciait de savoir que ce dernier avançait aux côtés d'une jeune femme bien de sa personne, fidèle à l'Ordre tout en demeurant assez ouverte. Des perles comme la nouvelle chevalière Jedis ne se trouvaient pas beaucoup. Elle était sérieuse mais pas trop de ce que Luke s'en rappelait, investie mais aussi capable de sortir des sentiers battus. Une amie idéale, donc.- Je... Hum. - Il lutta contre sa gêne habituelle suite aux aveux de son compagnon.- Tu n'as pas à t'excuser. Premièrement tu n'as rien dit volontairement. Ensuite et bien... Comme on en a discuté, et qu'on est arrivé à ce compromis incluant que les "amis" proches pouvaient être mis au courant, disons que c'était une avance sur notre mise au point.- Luke sourit, il faisait des efforts pour ne pas aborder son habituel air timide. Heureusement il était aidé par le comportement de la Nautolane, exemplaire comme toujours. Décidément, cela donnait vraiment envie au Hapien de la revoir. Il l'avait peu vu mais elle ne l'avait jamais déçu.

- C'est un bon début, on a eu de la chance. Wen est une personne très tolérante, aussi bien d'accepter que deux Jedis aient une relation amoureuse, mais aussi qu'ils soient deux hommes.

-Ça commençait à faire beaucoup, ce qui prouvait d'autant plus la valeur de la jeune femme. Toutefois, aussi sympathique soit cette dernière, Luke ne put que l'oublier lorsque sa main frôla la preuve bien réelle que malgré son identité mentale plutôt floue, l'Ark-Ni était bien un mâle. Le rouge aux joues, probablement invisible dans la semi-obscurité, il caressa doucement l'objet du délit avant de remonter plus sagement sur la poitrine de son compagnon. Il se colla ensuite à lui, les mains scellées sur ses épaules pour l'embrasser longuement, non sans une certaine passion calme, tranquille, explorant en prenant son temps, le rivage de lèvres désormais bien connues.

- Pas furtif, au point que même moi je puisse le voir. C'est le moins qu'on puisse dire.

Le taquina-t-il en relâchant sa prise. Lui aussi commençait à s'éveiller, cependant très habitué au contrôle de soi, il arrivait encore à se retenir et jouait volontiers sur ça, minant une fausse froideur. Comme une certaine langueur, sûrement pour provoquer Karm davantage. Il avait bien envie de se rendre compte jusqu'où son ami pouvait se contrôler. Avoir ce "pouvoir" sur quelqu'un était-il de l'orgueil? Sans doute pas, quand le but était de lui procurer davantage de plaisir. Torture délicieuse.

- Je te l'ai déjà dit, mais je te le redis. Ça me fais vraiment peur, et d'avoir peur augmente davantage ma crainte au passage, mais si... Si notre relation finit par se savoir, je veux dire hors du cercle de proches et que l'on a des problèmes, j'assumerai... Les conséquences.

Se disant, ses épaules se raidirent un peu mais il lutta contre son habituelle prudence. Que pourraient-ils faire? Eux qui vivaient pour l'Ordre et ne connaissaient presque que lui? mieux ne valait pas y songer.
Karm Torr
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— J’comprends que ça te fasse peur, tu sais. ‘Fin, plutôt, je suppose que je l’admets. J’veux pas donner l’impression de te juger ou quoi. Moi, j’ai le trouille de faire cours à une classe de Padawans, alors je serais bien mal placé pour prendre de haut la moindre des peurs sociales.

Ce n’était pas tant qu’il craignait de ne pas savoir gérer une classe — se trainer une réputation de fine lame aidait beaucoup à en imposer aux Padawans, toujours très réceptifs aux prouesses guerrières, comme celles qui peuplaient le dossier de l’Ark-Ni — mais plutôt qu’il avait toujours peur que ses explications confuses découragent durablement de jeunes esprits en pleine formation de se pencher sur un domaine qu’il jugeait essentiel. Le poids de cette responsabilité lui paraissait écrasant.

Il baissa les yeux, après avoir poussé un soupir de plaisir à la caresse que Luke avait égarée, bien trop fugace à son coup, sur son boxer tendu. Imperceptiblement, travaillés par une puissance discrète, invisible mais opérante, les boutons du pantalon de Luke commencèrent à s’ouvrir les uns après les autres. Pour Karm, c’était plus que du cabotinage : utiliser la Force, c’était exprimer son désir dans ce qu’il avait de plus profond à ses yeux. De mystique. A chaque fois, leurs étreintes lui faisaient l’effet de révélations existentielles. Ces épiphanies ne se produisaient jamais sans que la Force ne se joigne à leurs caresses.

— Bon, les shotos. Tu l’auras voulu. J’vais essayer de… Attends…

Le pantalon de Luke resta à demi-ouvert alors que Karm réfléchissait très sérieusement à la question. C’était la première fois qu’il aurait l’occasion d’exposer clairement sa philosophie à quelqu’un. Sa conception des arts martiaux et de leur rôle dans le développement spirituel d’un Jedi, il essayait bien depuis près de deux ans de la coucher par écrit mais c’était sans avoir beaucoup de succès et ce texte dont il ne parlait à personne, personne, évidemment, ne l’avait lu.

Finalement, les derniers boutons s’ouvrirent comme par magie et, d’un geste de la main, pour guider la Force, Karm fit glisser le pantalon de Luke pour l’envoyer rejoindre sa tunique. Son regard courut sur le corps presque nu de l’Hapien. Il le percevait autant qu’il le voyait, à travers la Force.

— Je t’aime, murmura-t-il d’un ton presque inaudible, alors qu’il glissait un bras sous la taille de Luke pour l’attirer au-dessus de lui, allongeant l’Hapien contre son torse.

Un nouveau baiser vint interrompre sa réflexion puis il les tourna sur le côté, mêlant leurs jambes, joignant leurs bassins, pressant leurs excitations l’une contre l’autre.

— S’tu veux, la base, c’est que je trouve que y a un problème fondamental avec la pratique martiale standard des Jedis. On prône le respect de la vie mais on a une arme complètement létal, qui tue la plupart du temps ou au mieux mutile. Alors qu’on pourrait se promener avec des blasters qui assomment, des fléchettes tranquillisantes ou je sais pas quoi. C’est pour ça que j’accorde une importance fondamentale au corps à corps. Enfin c’est une raison. Parce que ça permet de pas tuer. D’incapaciter. De pas blesser durablement. Aussi, c’est une espèce d’engagement plus… plus existentiel. Ca demande de vraiment connaître son corps, et d’aller à la connaissance du corps de l’autre. A sa rencontre. T’sais, quand tu cherches les points faibles à travers la Force. Pour rendre le coup plus efficace. Ca rend le combat très personnel et ça empêche de prendre à la légère le coup que tu vas asséner.

Karm essayait de tout expliquer à la fois et s’éloignait du sujet des shotos. Il s’en rendit compte et reprit le fil de son raisonnement.

— Alors y a trois grandes voies, je dirais, en partant de ce constat. Soit tu deviens un Maître d’Armes spécialisé dans le blaster, ou n’importe quelle arme alternative. C’est pas mal mais à mon avis, ça revient aussi à se priver des traditions très longues qui entourent le sabre. De beaucoup de réflexion, de théorisation, de tout l’aspect culturel. Et ça finit par faire de toi plutôt un soldat d’élite qu’un Jedi. Soit tu te passes entièrement d’armes. Tu deviens un Guerrier de Force, tout au corps à corps. Mais franchement, c’est pas donné à tout le monde. J’suis plus musclé que l’Ark-Ni moyen, j’suis pas une force de la nature mais j’suis pas une crevette...

Et c’était clair : ses muscles se dessinaient sans peine sous les doigts de Luke.

— … mais je resterai toujours incapable de l’emporter sur un humain normal entrainé comme moi et dans la force de l’âge, qui ferait une tête de plus que moi et vingt kilos avec. Y a quelque chose de vachement spéciste dans l’idée des guerriers de Force. Ou en tout cas c’est pas pour toutes les morphologies. Du coup, reste la troisième voie : celle d’adapter le combat au sabre à cette exigence éthique. D’y incorporer beaucoup de corps à corps. De forcer l’engagement. Et les shotos… Pour moi, c’est un peu ça. C’est des lames à utiliser avec parcimonie. Qui font peser de grosses exigences sur la discipline personnelle, la pratique sportive mais aussi la compréhension des enjeux pour ainsi dire médicaux du combat.

En parlant, les mains de Karm avaient couru sur le flanc et le dos de Luke. L’une d’entre elle avait fini par se glisser dans le sous-vêtement de l’Hapien, ultime pièce de tissu, pour en caresser les fesses.

— Après, c’est pas qu’un handicap. Ca a beaucoup d’avantage. Beaucoup plus stable, beaucoup plus facile à manier, beaucoup moins facilement prévisible. C’est incomparablement plus technique et je le conseillerais clairement pas à tout le monde. Même moi, j’vais pas me lancer là-dedans sans passer par un entrainement intensif de plusieurs mois. Ce que je suis en train de faire. Mais j’sens vraiment que le style que je suis en train d’élaborer là, c’est l’incarnation de mon engagement dans… Dans la mystique du corps, d’un côté. L’accès à la Force par les sensations physiques, par la compréhension biologique, physiologique. Et de l’éthique de la vie, de l’autre. La préservation de la vie, même celle de l’ennemi, quand c’est possible.

Silence.

— Voilà, murmura Karm d’un ton timide alors que sa main remontait des fesses de Luke au creux de ses reins. Désolé, c’t’un peu long. Et encore, j’t’ai épargné mes réflexions sur la valeur morale du Djem So. Mais on serait partis pour des heures, à ce compte-là...
Luke Kayan
Luke Kayan
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- Ah! J'ai toujours détesté le sabre-laser, mais va dire aux maîtres d'armes et preux bretteurs que c'est sournois comme machin.

S'exclama Luke, enfin heureux de trouver quelqu'un qui pensait comme lui. Bon, certes, la pensée de son ami était bien plus développée car il avait réfléchi longuement à la question. Le Hapien avait seulement saisi l'explication au vol pour en faire son Bantha de combat, en effet, il avait toujours haï la lame légendaire des Jedis, mais s'il croyait naïvement que son Ordre était des plus ouverts, il reconnaissait toutefois que dans ce domaine, cette magnifique "organisation" était plutôt réfractaire. On ne touchait pas au symbole des Gardiens de la Paix. Parfois plus illustratif que la Force en laquelle tout le monde n'acceptait pas de croire, le sabre-laser était le moyen d'identification le plus sûr du noble défenseur de la veuve et de l'orphelin. Pourtant, il était mortel, impardonnable lorsqu'il touchait profondément un corps, lequel se retrouvait cisaillé à jamais. Il n'y avait guère d'arme moins fidèle qu'elle, capable de brûler son propriétaire en cas d'inattention.

- M'enfin pour les blasters j'aurais encore plus de problèmes, et le corps à corps n'est pas vraiment fait pour moi.

Fit un peu dépité le Hapien qui approuvait toutefois en partie les propos de son compagnon. Ses idées lui paraissaient bonnes, sauf peut-être celle où les Jedis devraient se parer de pistolets comme de vulgaires soldats. Luke n'avait jamais apprécié l'armée, et encore moins depuis qu'il connaissait un certain Korgan Kessel, brute à souhait.

- La dernière option est celle que j'ai finalement toujours essayé d'appliquer, je veux dire dans une moindre mesure... Sans véritable technique, simplement je dégainais le moins possible et ait toujours usé de la Force. Cela dit, on se fatigue rapidement, et c'est un souci lorsqu'on manque réellement de puissance physique.


Car si ses mains sentaient les muscles de Karm rouler, le jeune homme ne disposait pas tout à fait de la même silhouette. Bien que Luke soit aussi athlétique, en forme, son léger problème de poids qu'il traînait depuis une enfance faite de privations, ainsi qu'une tendance à se nourrir assez peu - surtout en matière de viande- le rendaient physiquement encore moins capable que son ami. Luke avait réussi à améliorer sa résistance, il l'avait prouvé en gambadant dans la jungle, mais il ne saurait pousser un ennemi contre un mur par la seule force de ses bras. Pour preuve, Jenny, une femme d'assez fine stature, avait lutté contre lui et avait fini par gagner. Du coup le Hapien ne savait pas dans quelle catégorie du nouvel ordre instauré par son aîné se placer. Une caresse dans le creux de ses reins le réconforta. Il finirait bien par trouver comment combattre un jour.

Comme pour célébrer cet optimisme, le corps de Luke s'envola, presque littéralement. Après un court planage, il atterrit sur quelque chose de mou et chaud, un ventre plus précisément, qui se soulevait et s'abaissait de manière plus irrégulière que la normale, à l'instar du sien. Le bassin prisonnier, il se fit une raison et en profita pour frôler ce dernier contre celui de son compagnon, toujours avec cette mesure, cette retenue, bien que ses gestes soient parfois moins naturels. Se contrôler devenait difficile, frustrant pour lui et il lui fallait raidir ses muscles afin de ne pas totalement se laisser glisser contre Karm.

- Les Shotos, cela me semble le plus raisonnable.

Décida finalement Luke, qui, finalement, malgré un fort manque de discipline -comment se diriger sans ouvrage?- avait plus ou moins prôné cette idéologie. Son sabre-laser dans l'étui ou allumé mais inactif. Il ne lui restait plus qu'à bravement mettre les bouchées doubles pour ne pas être uniquement relégué au rang de Consulaire. En soi, adolescent, il avait rêvé d'aventures et cette rébellion d'hormones ne s'était jamais tout à fait éteinte. Quoiqu'acceptant son rôle et valorisant l'importance des diplomates, le jeune homme n'aimait pas la catégorisation, sachant qu'il n'était pas suffisamment doué non plus pour se limiter à ce poste. Si encore il avait eu la verve de ces fameux conseillers, si exceptionnels, qu'ils pouvaient se dédier entièrement à l'art des mots... Mais non, lui devait aller parfois sur le terrain pour être utile, alterner et se diversifier, du moins, un peu.

- C'était très bien exposé

Le félicita le jeune homme, encore songeur suite aux explications de son amant. Il sourit dans le noir, sincèrement étonné de remarquer à quelle vitesse ce dernier progressait, et non, ce n'était pas leur relation qui lui voilait les yeux. Il pensait réellement que Karm était de plus en plus précis, d'ailleurs ce soir, les habituels "euh" et points de suspension avaient été bien moins nombreux voir inexistants et son langage moins haché. -Un détail significatif et personnel qui manquerait presque à Luke.-.

Couché sur le côté, il entreprit d'explorer les flancs de l'Ark-Ni, stoppant sa main pendant quelques secondes sur le coeur de ce dernier. Attentif, le jeune homme l'écouta battre, sans doute plus profondément qu'à l’accoutumée, au rythme du sien. Tenir son petit rôle de catalyseur ne fonctionnait guère désormais, puisque le Consulaire devait presque déployer son entraînement Jedi afin d'y parvenir. Il cessa donc de se l'imposer, à lui ou à Karm et se colla complètement à lui. Sa main descendit à l'endroit sensible pour passer longuement dessus, d'abord lentement puis avec plus de vivacité.

- On pourrait s'entraîner ensemble. Cela dit, on devrait établir un ordre avec tous ces projets que nous avons.

Le jeune homme espérait ne pas être envahissant, bien que pour le moment le désir de Karm semblait résider en ce rapprochement. Un bruit surgit en-dehors de la chambre, Luke se redressa un instant par réflexe, avant de replonger sous les draps qu'il remonta jusqu'à leurs épaules pour s'assurer que l'explorateur ne voyait rien. Il commença à le toucher, parfois de manière rapide, parfois de façon appuyée. Il ne prévenait jamais où sa main allait décoller puis glisser sur le corps, ou se poser sur une courbe. Karm lui avait fait découvrir son monde, désormais c'était au Jedi de lui enseigner le sien.

- En médecine, puisque tu parlais des enjeux de cette dernière. Il est reconnu que le point le plus sensible se trouve ici, là où les nerfs se rejoignent et forment un amas de ramifications fines mais sensibles à fleur de peau.

Il passa son index dessus, puis pris la main de son ami qu'il malaxa doucement. La main était extraordinaire, une finition superbe qui offrait une dextérité sans pareille à leurs propriétaires, le Hapien en aurait pleuré lorsqu'il avait dû apprendre le nom des os et nerfs mêlés qui la composaient. Il y avait passé de très nombreuses heures.

- Et je suppose que tu le sais déjà, mais voici le point le plus sensible de la colonne.

Luke toucha le bas du dos de son ami, puis la nuque, il courut le long de toute la colonne de l'Ark-Ni puis passa sur des omoplates habillées de fins muscles, typiques de son ami qu'il aimait beaucoup caresser. Fermes et prometteurs d'une protection dans laquelle le Hapien aimait parfois se réfugier. Malgré un certain courage, des deux, il était probablement et indubitablement le plus fragile.

Les mains du consulaire passèrent sur la poitrine de Karm, comme s'il cherchait à lire du braille, puis il le ramena contre lui, enserrant sa taille de ses deux bras, un appel silencieux pour un rapprochement encore plus effectif, sans nul doute. Luke soutint ce dernier au sein de la Force tourbillonnante en la faisant vibrer vers son aîné. C'était un des détails qu'il préférait dans cette relation lorsqu'elle devenait charnelle et qui lui avait si cruellement manqué avec Jason, la communication presque omniprésente via la Force.
Karm Torr
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Qu’il était consciencieux, Luke, à vouloir lui apprendre la médecine. Les lèvres de Karm cherchèrent celle du Hapien pour le remercier, coutume peu académique mais fort agréable. Le baiser devint bien vite brûlant mais l’Ark-Ni finit par le rompre et par se détacher un peu de son ami.

— S’tu dois donner des explications, vaut mieux qu’on soit, tu sais, dans des conditions idéales. Que rien n’empêche la leçon d’anatomie.

Et ce fut donc par pur souci de pragmatisme qu’il se débarrassa de son boxer avant de disparaître tout à fait sous les couvertures. Ses lèvres trouvèrent le torse de Luke, s’attardèrent sur sa chair sensible, puis descendire le long de son ventre. Plus bas, ses doigts s’activaient pour faire abandonner à son ami son dernier vêtement, avant que ses lèvres ne puissent rejoindre l’objet de son intérêt et se refermer sur l’Hapien.

On pouvait douter que cette leçon-là servît beaucoup par la suite au Gardien, une fois sur le terrain, mais il y témoigna une remarquable application. Des vagues de Force remontaient de son corps pour caresser celui de Luke, du bas ventre jusqu’au torse, jusqu’à la nuque et jusqu’aux lèvres, alors que celles de l’Ark-Ni ne paraissaient pas vouloir cesser leur caresse possessive et insistante. Luke lui paraissait évidemment viril — dans ces circonstances, le contraire eût été difficile — et il aurait balayé les doutes de son ami sans hésiter.

D’ailleurs, s’il avait commencé à former Luke aux arts martiaux, c’était finalement moins pour lui apprendre à se battre, car Karm en considérait pas que tout Jedi dût être un guerrier, mais pour lui faire appréhender son corps autrement que comme un obstalce à l’élévation de l’esprit et l’illumination spirituelle. Et il commençait à comprendre lui-même que la médecine, l’exploration, le sexe et l’art du combat étaient intimement liés, en tout cas pour lui : chaque discipline exigeait un engagement dans la matière biologique, une compréhension de la Force vivante, des corps, et de leur manière d’y réagir.

Ses lèvres finirent par libérer Luke et Karm remonta dans les draps, s’allongeant sur le dos et attirant le blond au-dessus de lui. Un nouveau baiser fougueux emporta leurs lèvres et contre le ventre de Luke, l’excitation de l’Ark-Ni n’avait jamais été plus sensible. Quand le baiser fut rompu, Karm poussa un soupir de désir.

— Dis…

Son ton était presque timide mais ses mains s’étaient posées sur les fesses de Luke avec une assurance tendrement dominatrice. Malgré toutes ces protestatons d’indifférence genrée, plus le temps passait, plus, d’étreinte en étreinte, le jeune homme se faisait masculin. Preuve, s’il en fallait encore une, qu’il n’était plus tout à fait un Ark-Ni.

— Est-ce que toi aussi… quand on… Hm. Fait l’amour. Est-ce que toi aussi tu sens la Force différemment ? Parce que moi… J’saurais pas dire. C’est comme… Comme si tout se révélait. Souvent y a des choses que j’ai jamais comprises qui m’apparaissent d’un coup. C’est… Incroyable. Comme si avec toi, je me plongeais dans la Force vive. Des fois, je pressentais ça, dans l’entraînement au combat, quand je poussais vraiment mon corps à bout, mais y avait quand même une frontière que j’arrivais pas à franchir. Comme dans une méditation, t’sais, y a toujours un moment où on peut pas aller au-delà. Et toi, tu es perpétuellement le guide de cette vérité cachée.

Alors qu’il parlait, l’une de ses mains avait hasardé un doigt d’abord léger contre l’intimité de Luke, mais bientôt de plus en plus malicieux. Son autre bras gardait le jeune homme étroitement serré contre lui. Dans la Force, il avait l’impression d’en percevoir la moindre des réactions et, certainement, ses sens étaient exacerbés bien au-delà de leur portée ordinaire par leurs auras qui se répondaient l’une à l’autre : sa peau était plus sensible, ses doigts, plus sûrs. L’obscurité lui paraissait clair et le souffle de Luke chantait à ses oreilles. Cette petite prouesse qui lui aurait demandé ordinairement de la concentration lui venait dans ces circonstances avec une facilité déconcertante.

De la même manière, son doigt désormais franchement indiscret n’eut pas de mal à trouver ce qu’il y avait chez Luke de plus sensible. Le corps de l’Hapien était devenu un livre ouvert. Un livre sans mot, que Karm aurait eu bien du mal à décrire, et qui ressemblait en quelque manière à ces ennemis qu’à force de méditation, sur le champ de bataille, il lisait comme des planches anatomiques, pour savoir où frapper, précisément. Comme ces plantes inconnues, aussi, dont il comprenait intuitivement l’organisation, sur des planètes exotiques.

— Laisse ta Force rejoindre la mienne. Laisse ton esprit venir dans le mien. La Force nous accueille au coeur de la vie.

Pour un mystique comme Karm, ce moment était presque cérémoniel. Son doigt, le corps de Luke qui y répondait, leurs tensions ardentes, leurs souffles, tout naissait d’une vie éternelle, sans cesse renouvelée, et c’était vers elle que leur désir les guidait. Unir leurs corps, c’était se réunir dans la Force. Et pour Karm, c’en était devenu un véritable sacerdoce.
Luke Kayan
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- Alors... Ç...a c'est dé... loyal comme technique. Effi...cace cela dit.

Inutile d'ajouter, cependant, que Luke prendrait plus que mal l'application de méthodes aussi extrêmes sur l'ennemi. Heureusement malgré la culture assez... Partageuse de Karm, le Jedi lui faisait confiance, il savait être l'unique, de la même manière qu'il ne lui viendrait jamais à l'idée de rompre leur union si spéciale. Il avait sacrifié de longues nuits de stress pour ça, des larmes cachées de temps en temps, ainsi que son attache rigide aux règles du Premier Ordre. Aujourd'hui, issus de ces compromis, tous deux récoltaient un quotidien fait d'inquiétudes, d'incompréhensions parfois, mais surtout de soutien et d'amour. Bien que cela ne se passe pas souvent non plus, il y avait également ces nuits, tantôt douces, tantôt explosives pendant lesquelles doucement mais sûrement, Karm prenait le dessus. Luke se laissait faire, enclin à suivre, en bon aveugle qu'il était. Bien qu'il sache aussi exprimer son avis, entraîné par les bons soins de Saï dans cet art, c'était dans sa nature de se laisser guider. L'ambition du leadership était un concept totalement inconnu à Luke, et s'il travaillait autant, c'était surtout dans le but de rester au niveau de l'Ordre qu'il craignait de décevoir, tout en continuant de suivre ses idéaux -certes un peu clichés- de paix et de bonheur pour tous.


- Il m'est arrivé de franchir un cap inexplicable.- Luke hésita à en parler, après tout, c'était arrivé lors d'une relation sexuelle précédente n'ayant rien à voir avec Karm, qu'il avait précédemment sous lui. C'était gênant, bien que le Hapien ne regrette en aucun cas d'avoir quitté son premier amour.- j'ai pu... Hum... Voir à travers les yeux de l'autre. Enfin tu sais, avec mon ex. C'était toutefois une sensation assez désagréable, je disais peu naturel. Il n'y avait pas d'échange, je lui dérobais sa vue en fait. Lui n'était pas sensible à la Force et c'était comme si, s'affranchissant de toutes barrières, de toute notion de bien ou de mal, mon esprit prenait. Avec toi, ce processus ne m'est pas arrivé parce que je ne fouille pas en toi, on échange, on communique. Je préfère ça. C'est plus facile lors de ces... Moments. Oui.

La différence n'était pas si grande pour Luke, habitué à sans cesse recourir à la Force, à défaut du sabre-laser qu'il avait en horreur. Particulièrement uni à la grande puissance mystique qui vivait en eux, le jeune homme était comme un "drogué" constant, il ne baissait que rarement le niveau et de ce fait, ressentait moins les moments exceptionnels.

- Par contre, c'est vrai que jamais mon aura ne s'était autant unie à quelqu'un, au point qu'elles se confondent.

User de la Force à deux était une autre chose. Quoique très proche de son maître, le Hapien savait que tous deux s'en servaient de concert sans pour autant que leur aura perdent leur identité pour en adopter une troisième, comme fusionnée. Là, l'expérience était unique avec Karm, et Luke ne la ressentait qu'au dixième de sa puissance -bien que cela reste aussi surprenant et agréable- lorsqu'ils étaient simplement côtes à côtes. L'union de leur corps impliquait une fusion exceptionnelle, comme l'accès à un nouvelle facette de la Force à défaut d'en améliorer sa maîtrise. Ses sens encore bloqués par la timidité ne s'affinaient pas, en revanche, il découvrait l'autre interprétation, aussi magnifique que rare, du chant silencieux que certains entendaient lors de profondes méditations.

Les joues en feu, Luke fut incapable de parler un bon moment après avoir eu le courage exceptionnel de faire indirectement référence à ce qui se passait maintenant entre eux, tandis qu'ils étaient justement nus. Entièrement nus, dans tous les sens du terme. Confiant envers son compagnon, le chevalier osa tenter l'expérience, lui aussi mystique, croyant en la Force vivante, de manière toutefois beaucoup plus limitée que Karm, il s'était toujours contenté de suivre les remous, pas de les provoquer. Il considérait la Force comme une amie, une mère de substitution jadis, mais il était soumis à son caprice, l'invitant de temps à autre à le rejoindre avant de lui rendre son intimité. La mêler à son intimité ne lui était jamais venu à l'esprit. De fait, il croyait les faiblesses du corps dégradantes pour une puissance aussi pure que la Force. Son raisonnement unilatéral comportait un défaut qu'en tant qu'aveugle, il s'était fait un plaisir de ne pas voir: et les Siths utilisant la Force? Tandis que les uns songeaient que la Force était malléable, Luke avait toujours pensé que ceux-ci la souillaient, comme lui le ferait en lui offrant des émotions trop fortes, rejetées par le Conseil. Il avait toujours donc, maintenue les dernières barrières soigneusement érigées, au moins lors des instants les plus intimes. Cette fois, au lieu de laisser ses dons graviter autour, et faire crépiter d'une force invisible, l'air ambiant, Luke s'engouffra dans la brèche spirituelle.

- J'ai perdu le contact avec la Force, une fois. Totalement. Je n'ai jamais autant souffert de ma vie.

Oui, même en comparaison avec ce jour où le médecin de sa mère l'avait sorti des griffes de sa génitrice, et que dans les bras de son adorable belle-mère il avait été pris de convulsions, révélant une hémorragie interne qui en avait fini avec sa vue. Sur Myrkr Luke avait expérimenté une expérience plus traumatisante que son enlèvement dans l'académie Sith ou dans le laboratoire de Hapès. Il avait été plus loin que la mort, faisant connaissance avec le vide, le rien, le néant.

Au contraire d'aujourd'hui où la Force l'envahissait de telle façon qu'il aurait presque peur qu'elle ne s'épuise, disparaisse comme une ressource naturelle épuisée. C'était comme deux ouragans qui se rencontraient, se disputaient l'ordre dans lequel ils devaient tourner, détruire ce qui restait de conscience aux Jedis avant de se mettre d'accord, de se compléter, pour s'adoucir ensuite. Tantôt bercé, tantôt mêlé à des sensations passionnées qui n'étaient pas toutes les siennes, le jeune homme se baissa pour unir leurs lèvres en un long baiser indéfinissable perché entre sagesse et folie. Il s'aligna ensuite contre le bassin de Karm, prenant pour une fois l'initiative de le guider jusqu'à l'entrée d'une planète qui n'était réservée qu'à lui. [HJ: Périphrases je vous aime!]

Viens murmura la Force tandis que les lèvres du Hapien demeuraient closes.
Karm Torr
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Les mains de Karm avaient saisi les hanches de Luke, pour le guider un peu plus, mais son esprit s’était emparé du sien bien avant que leurs corps ne s’unissent. La puissance de la Force en Luke n’avait pas peu contribué à la passion que Karm avait rapidement éprouvée pour lui. Tout, à vrai dire, s’était associé pour le conquérir : la beauté surhumaine de l’Hapien, les circonstances difficiles de leurs rencontres, leurs caractères parfois opposés, parfois complémentaires, qui se mariaient si bien à l’autre, et l’intensité d’une Force qui les unissait.

Un gémissement fut étouffé dans le baiser quand Karm sentit la chaleur de Luke se refermer sur lui. Il se sentait possédé tout autant qu’il le possédait. Il ne bougea pas tout de suite. Ses mains couraient sur le dos et les flancs de son amant. C’était ce corps que l’épidémie avait épargné, fort heureusement. Ce corps qui paraissait faible et fragile à tous les autres, sans aucun doute, mais dont Karm percevait à la fois les aptitudes extraordinaires et la beauté.

Leurs lèvres se quittèrent, ses bras se refermèrent étroitement autour de Luke et il murmura au creux de son oreille :

— Fais moi confiance. Laisse moi te montrer ce en quoi je crois.

Et, alors qu’il commençait à bouger à l’intérieur de lui, serrant leurs deux corps aussi intimement que possible, leurs esprits mêlés, sous son impulsion, s’étendaient petit à petit. La théologie de Karm, à bien des égards, était fort simple. Pour lui, la Force n’était pas une abstraction transcendante. Elle ne se découvrait pas dans des méditations qui laissaient le corps de côté pour élever l’esprit. C’était une rhétorique à ses yeux stériles. Presque contre-nature.

La sensibilité à la Force naissait des midichloriens. Des dispositions du corps. C’était ce corps qui résonnait avec la vie de la Galaxie et c’était quand ce corps était mis à l’épreuve, quand il quittait ses impressions communes, que les vérités se révélaient, que l’on participait plus étroitement à la Force qui unissait tous et chacun. Il aurait été facile de programmer un droïde pour respecter le détachement cher au Code Jedi mais impossible de lui faire comprendre ce qui procédait de la texture biologique du monde.

D’un mouvement de hanche, Karm renversa Luke sur le dos. Ses mains glissèrent jusqu’aux poignets de Luke qu’il releva pour les tenir au-dessus de la tête de l’Hapien. Son front posé contre celui de son ami, il se laissait gagner par une ardeur sans cesse plus masculine. En eux, autour d’eux, dans leurs âmes, Karm cherchait cette résonnance particulière, cette Force vitale, et peu à peu en effet, toute la jungle qui se mêlait aux bâtiments de la ville, toute cette vie qui résistait à la progression du béton et de l’acier, vibraient dans leur conscience de plus en plus étendue.

Pour Karm, le plaisir était comme une méditation. Il ne l’avait jamais soupçonné pourtant avant de rencontrer Luke. Peut-être, pendant les moments où il s’était caressé seul, durant son adolescence, pendant une poignée de secondes au moment de l’orgasme, libéré de toutes ses inquéitudes et de toutes ses réflexions par la décharge du plaisir, il avait senti quelque chose que son esprit tentait d’attraper mais qui se dérobait à lui. C’était sans comparaison avec l’impression immense de participer au monde quand il faisait l’amour avec Luke et qu’il insufflait à leur plaisir toute l’énergie de la Force.

Petit à petit, autour d’eux, des objets commençaient à flotter. Un stylet passait parasseusement d’un côté à l’autre de la pièce, comme en apesanteur. Un souffle invisible agitait les vêtements jetés sur la chaise. La tékinésie de Karm caressait la peau de Luke. Elle se glissait sur ses cuisses, elle se refermait tout en bas de son ventre, elle frôlait ses lèvres. La jungle vivait en eux. Il y avait le bruit des oiseaux. L’odeur des fruits exotiques. L’ondée de l’atmosphère moite et chaude sur leur peau.

Le plaisir sans cesse plus grand ne venait pas facilement à bout de l’ardeur de Karm. Le jeune homme ne s’épargnait pas. La passion et la ferveur mystique l’emportaient. Mais la Force soutenait son endurance, et la caresse de son esprit, sur Luke, en Luke, se mêlait d’une guérison qui aidait l’Hapien à poursuivre leur étreinte de son côté. Les pouvoirs de Karm se réunissaient. Son intuition lui soufflait ce qu’il devait faire. La vitesse, et les angles, les pauses à adopter, les moments où redoubler de vigueur. Il se sentait tout autant le serviteur d’une Force qui s’exprimait à travers lui, comme la vie qui cherchait à fleurir, qu’un homme qui faisait l’amour à son compagnon.

Et puis enfin elle fut là. La révélation. La jouissance. Ce moment de pureté absolue, de participation entière à la Force, ce moment où aucune réflexion, aucune retenue ne venait entamer l’abandon à ce que Karm regardait comme la divinité immanente du cosmos. Ses lèvres rejoignirent celles de Luke pour mieux unir leurs souffles dans un baiser. L’une de ses mains avait lâché les poignets de l’Hapien pour se glisser tant bien que mal entre eux, s’emparer de lui et le guider plus sûrement encore vers ce plaisir précieux.

Et alors, toute la jungle fleurit, tous les animaux, toutes les plantes, la planète même, le roulement du rocher immense dans l’espace, la moindre des cellules de Luke, le futur immédiat, le passé lointain, tout se précipita dans les pensées de Karm, alors qu’il s’abandonnait au plaisir.

Les objets étaient retombés doucement. Karm avait fini par se retirer. Allongé sur le lit, il avait repris Luke dans ses bras. La Force était avec eux.
Luke Kayan
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Malgré une promptitude à la préoccupation naturelle, accentuée par son handicap, Luke avait confiance. Une nouvelle fois, ses repères s'égarèrent au sein de ce mouvement rotatif qui l'emmena dos contre le matelas. Les mots de Karm raisonnant encore dans son esprit, il laissa ce dernier lui montrer. Pour un adepte de l'utilisation de la Force via l'esprit, et pour l'abandon du faible corps, l'expérience était nouvelle, étrange mais également merveilleuse. Était-ce une perdition éphémère? Les atours de la tentation, naturellement belle, agréable aux premiers abords, comme la drogue? Ou la véritable réponse? Luke choisit soigneusement un entre-deux, jugeant que le Chevalier turquoise et lui s'étaient rencontrés à cet effet: déterminer un point de rupture, une complémentarité qui les y mèneraient. Ils avaient raison et tort. N'est-ce pas?

Le paroxysme atteint le fit soupirer, souffle léger qui démontrait bien peu tout ce que le Jedi pouvait ressentir et qu'il contrôlait toutefois, par habitude plus que par crainte de mal faire. Lorsque la vague de Force retomba, Luke crut entendre un bruit mat, comme si un objet était tombé. Loin d'imaginer qu'ils avaient fait voyager -enfin surtout Karm- des stylets et fait danser des vêtements, le jeune homme s'en inquiéta une seconde, songeant automatiquement à quelqu'un qui serait rentré pour voir ce qui se passait. À cette pensée, Luke rougit violemment, mais par chance, et bien qu'il l'ait oublié, personne ne pouvait pénétrer dans une chambre d'hôtel comme ça, contrairement aux dortoirs qu'il avait partagé, Padawan, ou même ceux de Chevaliers ou certains, à l'instar d'Evengellyne entraient sans permission. Le Hapien se laissa retomber sur l'oreiller, aux côtés de Karm. profitant de la retombée douce dans la réalité, et la réalité était que ses yeux peinaient à rester ouverts.

- C'était...

Bon, il n'allait pas pouvoir parler. Du coup il préféra la Force, une onde légère passa de sa main à celle de Karm, puis Luke s'endormit.

***

Le soleil venait de se lever, Luke ouvrit les yeux, comme mû d'un autre sens, offert par l'habitude. Il éteignit le réveil qui n'avait pas encore sonné et se leva doucement, tâtant le sol froid sous ses pieds. Il prit une douche rapide puis se dirigea vers la modeste terrasse, tournée vers un coin de ville déjà animé. Luke s'assit sur une chaise un peu rouillée et ferma les yeux. À défaut de pouvoir faire ses habituels exercices physiques, il entreprit de méditer pendant quelques 2o minutes, totalement hermétique en cet instant, au point que Karm aurait pu se lever sans qu'il ne s'en rende compte.

Le jeune Jedi quitta le peignoir doux pour récupérer sa tenue encore chaude d'avoir été lavée cette nuit par les efficaces droids du petit hôtel. Il passa sa tunique, lissa les plis et revêtit enfin sa tige. Le processus était assez lent, surtout que le Hapien de trouvait dans un lieu autre que sa chambre au Temple où tout était bien ordonné, selon ses goûts. Ilse brossa enfin les cheveux et y noua un élastique afin d'obtenir une queue de cheval lache à peu près sage.

- Maître Ekkt nous attend pour le petit déjeuner et la mise au point. Humour et bonjour.

Dit-il d'une voix clair, fouillant la pièce à la recherche de l'aura de son ami. Malgré le fait qu'il soit étrangement détendu malgré les enjeux de la mission à venir, les sens du Hapien étaient désormais entièrement tournée vers leur travail, en y intégrant bien sûr-et c'était là, un de ses plus grands bonheu- son compagnon. Il aimait cette idée de ne pas avoir à lui expliquer ou cacher son travail, sinon au contraire le faire participer à plein temps, apprendre de lui. Au final n'était- ce pas cela le bonheur que tant de civils recherchaient ? Partager vie privée et professionnelle avec leur moitié ?

***

Les regards s'étaient tournés vers le lézard géant qui avait garni son assiette de viande. Maître Ekkt les salua de sa voix gutturale puis s'installa su sa chaise.

- Bien dormis? En faisant du tourisme hier, je suis tombé sur un endroit très intéressant. Au sein même de la prison voyez-vous. - alors il les avaient envoyé se reposer mais avait lui, continué la mission?- j'aimerais qu'on se concentre sur ces couloirs qui ne me semblent pas si vides aura prévu. Ah et je crois que nous pourrions envisager de traquer directement Noctis. Qu'en pensez-vous ?

Ajouta le reptile en leur lâchant un bon appétit anodin après une telle bombe. Luke lui ne se sentait pas à la hauteur de pourchasser un seigneur sith.

- si nous réussissions, ce serait un beau coup d'éclat mais nous n'avons rien contre lui présentement. Et puis ne risquerions-nous pas de tout perdre ? Mieux vaut se contenter de peu que de rien.

L'ambition de l'ombre contre la prudence du consulaire. Que défendrai Karm?

Hj: désolée je ne peux pas mettre les couleurs maintenanr. Je'ai tapé la seconde moitié sur téléphone. Si quelque chose ne va pas dit-le-moi loin
Karm Torr
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Karm, qui faisait son possible pour réfréner la curiosité de zoologue que lui inspirait le régime alimentaire pour le moins carnassier de leur mentor du moment, posa un regard circonspect tour à tour sur Luke et sur Ekkt.

— Euh… J’sais pas, c’est comme vous voulez.

En voilà une réponse peu courageuse.

— Allons, allons, je suis sûr que vous avez un vrai avis bien à vous.

L’Ark-Ni tourna évasivement sa cuiller dans sa salade de fruits, avant de consentir à livrer le fond de sa pensée :

— Bon. J’pense pas qu’on ait tellement besoin de preuves. Noctis est un Sith, certains de ses crimes sont bien connus, le capturer, dans le contexte de la guerre, est justifié de toute façon. Que ce soit pour ça ou pour autre chose. Donc c’est pas trop le problème, quoi, c’pas comme si on traquait un criminel du commun, qu’était de toute façon sous la juridiction républicaine. Mais après, ouais, on est clairement pas les plus indiqués, Luke et moi, pour ce genre de choses. On est des chercheurs, pas des Ombres. J’ai jamais capturé aucun Sith de ma vie.
— Mais vous en avez tués beaucoup.

Silence.

Pour une fois, Ekkt n’avait fait preuve d’aucun tact. La main de Karm se figea, l’Ark-Ni pâlit à vue d’oeil et, dans la Force, Luke put percevoir sans difficulté sa détresse.

— Beaucoup…?
— Vos exploits guerriers sont bien connus.

Il était évident que, pour Ekkt, c’était un motif de fierté. Après tout, Karm n’avait pas joué aux assassins de sang froid — une méthode à laquelle les Sentinelles affectées à la traque des Siths ne répugnaient d’ailleurs pas toujours, quand la situation leur paraissait l’exiger — et c’était tout à son honneur, jugeait le Trandoshan, que de s’être illustré dans de nombreuses batailles. Pour Karm, c’était surtout autant de souvenirs désagréables et le témoignage d’un échec systématique de l’Ordre, qui n’avait pas su accueillir en son sein, et protéger du Côté Obscur, des jeunes gens talentueux que la violence du réel l’avait forcé à tuer.

— C’est une chose de faire la guerre, c’en est une autre de traquer quelqu’un. Quelqu’un comme Noctis. Il est probablement au coeur de l’Empire, protégé par ses fidèles, dans une citadelle imprenable.

Certes, la liste de ses amants suggérait que Noctis était tout sauf imprenable.

Les doigts croisés, Ekkt observa les deux Chevaliers avec une expression indéchiffrable. Nombreux auraient été les jeunes gens à sauter sur l’occasion, pour faire avancer leur carrière au sein de l’Ordre ou simplement pour briller aux yeux de leurs confrères et de la République plus généralement. Capturer un Seigneur Sith n’était pas une mince affaire mais c’était la gloire assurée, particulièrement quand il s’agissait d’un renégat photogénique comme Noctis, qui ne manquerait pas de déchaîner les passions médiatiques.

Aux yeux d’Ekkt, il y avait dans le double refus de Luke et de Karm un mélange de modestie tout à fait louable et de complexe d’infériorité problématique.

— Vous êtes sans doute plus capables que vous ne le pensez. Pour l’heure, en tout cas, contentons-nous d’aller explorer la Tombe et nous verrons à partir de là. De toute façon, tout cela sera un travail de longue haleine, probablement de plusieurs mois. La traque à proprement parler ne représente souvent que les derniers instants d’un processus autrement plus fastidieux.

C’était une manière diplomatique d’imposer un compromis dont la formulation ne suggérait pas au demeurant qu’il comptait les laisser s’en tirer à si bon compte. Le reste du petit-déjeuner se passa en menus propos d’ordre général, sur la planète et sur la ville, sur les mesures qu’il serait possible de prendre pour éviter à l’avenir une autre épidémie et sur le travail des Soeurs. Karm n’y participa que très peu, préoccupé par le compliment à double tranchant de Maître Ekkt sur ses exploits guerriers.

Ils fut bientôt l’heure de se mettre en route et, à nouveau, ils s’installèrent dans l’un de ces speeders étroits typiques du pays, qui slaloma entre les buildings et les lianes, pour les déposer aux portes de la prison. La directrice était absente, partie à la capitale rendre des comptes aux autorités planétaires, mais elle leur avait préparé le terrain et ils n’eurent aucun mal à pénétrer le complexe, avant de s’enfoncer dans les tunnels les plus exotiques, là où la nature avait encore un peu ses endroits, et où la technologie républicaine le cédait entièrement aux constructions parfois si mystérieuses des lointains créateurs des lieux.

Dans les cellules de stase, qui maintenaient là des criminels depuis des siècles, Karm pouvait percevoir ces présences anciennes et immobiles, de corps comme de pensées, et leur aura ni tout à fait morte, ni tout à fait vivante, le mit mal à l’aise.

— Oui, c’est un environnement très perturbant, confirma Ekkt comme s’il avait lu dans ses pensées. Mais si vous vous concentrez, vous sentirez peut-être que certains de ces esprits ont été réanimés. A travers la Force. Pas beaucoup, certainement pas assez pour reprendre conscience. Juste un peu. Assez pour remuer leurs souvenirs. Et en tirer la Force seule sait quelles informations.
Luke Kayan
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-Ce n'est pas le tout d'attraper le méchant dans une poursuite à couper le souffle, encore faut-il le maintenir en prison. Noctis doit avoir toute une collection d'avocats prêts à démonter n'importe quelle accusation un peu trop légère... Autant dire qu'il ressortirait libre et davantage prudent, et dès lors, impossible de l'attraper.

Luke avait volé au secours de Karm, mais il exprimait aussi une fissure profonde, existant depuis toujours, entre les Consulaires et les Gardiens, encore plus les Ombres qui représentaient une version extrême des seconds, en quelque sorte. Ceux-ci pensaient à des batailles entre semi-dieux, des attaques surprises, des coups de maître brillants, sans jamais songer à la fourmi compressée dans l'ombre d'un ordinateur, ensevelie par les dossiers. Il fallait tout d'abord songer à ce que la canne à pêche soit suffisamment solide pour maintenir le poisson carnivore prisonnier. S'apercevant de son coup d'éclat -qui s'était exprimé d'un ton calme, respectueux mais plus ferme et détermine que d'habitude.- Luke rougit. Le Conseil désapprouvait les relations en partie pour ce type de petites manifestations spontanés, l'amant qui, au lieu de respecter l'aîné, se mettait à défendre ardemment sa moitié et bien que Luke songeait avoir raison, il convint rapidement qu'Ekkt y avait sûrement pensé avant. Il plongea son nez dans son assiette à nouveau, luttant contre le dégoût que lui inspirait l'odeur de la viande pour manger sa tartine avec un peu d'huile d'olive [HJ: Désolée, je doute que ça existe mais j'ai rien trouvé d'autres!] dessus.

- C'est une bonne idée.

Répliqua timidement le Chevalier en s'alignant sur les propos du Trandoshan qui venait de proposer un compromis. Cela lui convenait pour l'instant. Il profita du reste du repas, assez tranquille pour envoyer une onde à Karm, laquelle se voulait rassurante. À peine surpris d'entendre que son ami ait tué, le Hapien souhaitait le soutenir. Il n'avait pas pensé que ce dernier aurait fait tant que ça de victimes -à moins qu'Ekkt n'emphatise- mais moins obtus que les Consulaires vraiment spécialisés dans leur domaine, il saisissait que parfois, sur le terrain qu'il connaissait également, il n'y avait pas le choix. Si Jenny n'était pas partie, si le combat s'était éternisé, un des deux serait probablement mort, et Luke doutait d'ailleurs que ce soit la Sith.

Lorsqu'ils montèrent dans le speeder, après le repas, au risque de se faire surprendre par le Trandoshan, le blond passa une main qui se voulait rassurante sur l'épaule puis le bras de l'Ark-Ni. Il ne voulait pas que ce dernier soit crispé, inquiet ou même ne s'enferme dans ses habituelles préoccupations tout le reste de la mission. L'homme aux mèches bleues devait être avec eux, l'esprit connecté à celui d'Ekkt et le sien. Personne, et surtout pas le Hapien ne lui reprochait quoique ce soit. De toutes manières, bien que venir à tuer pouvait être considéré comme un échec, ils ne pourraient rien faire de plus maintenant. Une onde compréhensive traversa le corps du jeune Jedi qui avait eu la chance de ne jamais avoir à quitter la vie. Jusque là, l'aveugle avait failli la perdre plusieurs fois, mais il n'avait pas eu l'occasion de tuer, y compris sur Makem Te, quand la soi-disant repentie du côté obscur l'avait trahie.

Sur place, ce fut au tour de Luke de se sentir mal à l'aise. De part sa connexion avec elle, il sentait un peu trop nettement les relents de souvenirs des... Des quoi au juste? Des esprits, des fantômes? Ekkt leur donna la réponse, ce qui ne tranquillisa guère le jeune Jedi. Il détestait ce genre d'expériences, ces jeux scientifiques aptes à se retourner contre eux.

- Pourraient-ils... Être ramenés à la vie? Y compris par accident? Et auraient-ils conscience pleine de ce qu'ils furent et ce qu'ils pourraient être?

Dans ces cellules, l'un des criminels semblait avoir été réceptif à la Force. Quoique très faible et évidemment inconscient, il répondit en un réflexe de damné millénaire à une des vagues émises par les trois Jedis, probablement Luke qui communiquait toujours avec ses dons sans même s'en rendre compte. Le Hapien fit un pas en arrière, il revit à sa manière la petite fille déformée dans le laboratoire de Hapès, ces présences volées, flottant entre vie et mort au milieu d'un liquide qui les maintenaient dans un tel état.

- J'ai tué- Murmura-t-il.- Des innocents.

Le regard sombre, Luke se souvint de la catastrophe qui avait eu lieu sur sa planète d'origine, et de laquelle il s'était tiré avec seulement deux cicatrices fines laissées par un scalpel joueur sous son oeil droit. Indécent. Là-bas, le Jedi avait laissé l'âme d'Orme, un Padawan qui avait sombré sans qu'aucun de ses mots ne puisse rien faire. Après avoir revu Velvet sur Coruscant, Luke s'était senti un peu apaisé, mais aujourd'hui, le criminel en stase le ramenait à ce que ses sens avaient perçu. La petite fille terriblement déformée, son esprit encore pourtant pur. Elle était morte dans ses bras, il n'avait rien pu faire.

- Il faut informer l'Ordre. Faire quelque chose.

Commença-t-il, doutant tout à coup que même l'exploration de la Tombe soit de son niveau. Son courage discret, pourtant, s'exprimait. Il n'avait pas fuit, faisant face à un passé rempli d'horreurs. Ce jour sur Hapès avait été terrible, aujourd'hui, du moins dans sa tête, tout semblait réuni pour que ce soit à nouveau le cas. Et puis ces corps plongés depuis des milliers d'années dans un sommeil sans repos, ce n'était pas éthique. Pourquoi n'y avait-il pas de protocole à leur sujet pour le guider, savoir que préconiser? Leur mort? Leur libération? Toutes les voies semblaient bouchées.

Luke posa une main sur la cuve qui lui avait "renvoyé" des monceaux de messages, une simili-réponse qu'il s'obligea à réécouter, ressentir. Il y avait une note différente, une autre présence de toute évidence, absente.

- C'est relativement récent- Confirma Luke.- l'aura obscure est encore présente. Je ne sais pas si c'était une personne puissante ou pas, mais je suppose qu'il faut avoir d'excellentes connaissances, couplées à de bonnes dispositions pour connecter son esprit à celui de ces êtres en stase. Aujourd'hui, nous ressentons "facilement" leur agitation car ils furent éveillés il y a peu. - La noirceur voguait, inscrite dans l'aura du criminel sensible à la Force, comme si ce dernier s'en servait pour rester à un niveau primaire de réactivité. L'idée fit frissonner le Hapien.- Je vais demander les dossiers de ces criminels, à supposer que la directrice de la Tombe soit au courant de leur existence.

Le jeune homme leva les yeux vers une partie du tunnel particulièrement étroite. En pointillés, la Force obscure parvenait à filer vers là, s'éteignant petit à petit depuis un temps indéfini. Luke, considérant le phénomène comme un courant d'air en fuite dans une pièce presque hermétique, il la suivit et son regard se braqua sur une partie rebouchée. Luke posa ses doigts sur la paroi qui lui semblait palpitante, brûlante, comme le ventre d'une femme enceinte qui portait un fruit non désiré. Une infection. La Force obscure serait-elle prisonnière d'un trou sans issu? Ou s'était-elle engouffrée dans un conduit secret?

- Derrière.

Fit le jeune homme en grattant légèrement la terre. Dans le même temps, il projeta sa propre aura, comme pour l'accrocher au filet sombre qui voyageait, attirée par ce qui se trouvait derrière la paroi. Son signal, lumineux, à dos de la présence noire tendait à confirmer ses propos. Comme en transe, Luke fixait intensément l'endroit vers lequel le coupable du semi-éveil s'était dirigé. Avait-il enterré quelque chose là-dessous, ou s'était-il ménagé une sortie? Ses yeux vairons semblaient avoir retrouvé de leur éclat. Un éclat étrange, discret mais perturbant, tout comme sa manie de fixer le mur comme s'il en observait les brèches, les aspérités avec une attention presque obsessionnelle.

- Chevalier Torr, pourrions-nous creuser au sabre-laser? -Certes, Karm n'était pas architecte, mais vu sa spécialisation d'explorateur, son habitude d'étudier les constructions, d'anticiper quels matériaux utiliser pour coloniser une planète, il était le mieux placé, et ce n'était pas Luke qui allait visualiser quoique ce soit de ce côté-là.- ou la galerie risquerait de s'effondrer?

Quant au reptile, probablement avait-il l'expérience suffisante pour le savoir, mais il testait les deux chevaliers comme des Padawans. Intérêt ou réflexe de pédagogue vétéran?

- S'il y a effectivement quelque chose à voir par-là, vous irez avec le Chevalier Kayan, je suis trop lourd pour me glisser dans un trou que je soupçonne bien trop petit pour moi, si tenté qu'il existe.

Bizarre, cette conclusion hâtive semblait beaucoup arranger le lézard, comme s'il n'attendait que ça, la possibilité de laisser les deux Chevaliers seuls. Luke, s'il avait été dans un état plus normal, aurait certainement stressé à défaut de se sentir outragé, de se sentir ainsi, testé comme un élève. Il serait revenu à cette époque pleine d'adrénaline et de doute juste avant sa nomination. Pour l'instant, il suivait obsessivement le filet obscur qui s'échappait vers une destination inconnue, à travers les parois du mur terreux.
Karm Torr
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— Aucune idée, concéda le Trandoshan, alors que Luke l’interrogeait sur le destin que pouvaient connaître les corps suspendus dans leur stase. La technologie reste mais les archives, elles, ont disparu, ce qui, ironiquement, n’est pas sans rappeler l’adage des Bibliothécaires Jedis qu’une collection de livres ne saurait être seulement gérée par un ordinateur. Bref, quoi qu’il en soit, plus personne ne sait précisément comment fonctionnent ces choses-là ni, je le crains, qui y est emprisonné. Impossible de dire si les réveiller ne serait pas plus dangereux pour eux que leur état actuel. Ou pour nous.
— Mais genre, y a pas des scientifiques pour venir étudier ? On va pas me faire croire que dans toute une galaxie, y a pas deux ou trois ingénieurs et médecins capables de se pencher sur la question.
— Le problème est que la question n’est pas des plus urgentes. En tout cas, aux yeux des gouvernants. Pour beaucoup, la Tombe ne présente guère plus qu’un intérêt archéologique. Et dans ce domaine, ce n’est pas vraiment le site le plus essentiel.

Karm haussa un sourcil perplexe. Il avait beau retourné ce problème dans tous les sens dans sa tête, il peinait à trouver intuitivement une solution éthique à la situation. Quoi qu’il en soit, le doute ne fut bientôt plus permis : on s’était intéressé de très près à ces criminels oubliés de tous, dont le savoir ancestral dormait là, jusqu’à ce que Noctis se penche sur leur cas. La perspective que le Seigneur Sith ait déterré quelques secrets immémoriaux et dévastateurs n’avait décidément rien de réjouissant.

— Hmm...

L’Ark-Ni considéra attentivement la galerie avant de poser une main sur l’une des parois, de fermer les yeux et de se concentrer sur ses capacités de détection. Moitié guidé par la Force, moitié informé par son expérience d’explorateur, il guettait les faiblesses structurelles. Rapidement, il décréta :

— Ca devrait aller.

La lame verte de son sabre, celui de Luke en vérité, éclaira le tunnel d’une lueur nouvelle, alors qu’il la plongeait dans le trou identifié par Luke. La terre meuble n’offrit guère de résistance et l’Ark-Ni eut tôt fait d’achever sa besogne. Au-delà, l’énergie du Côté Obscur était bien palpable.

— Qu’est-ce que vous pensez que c’est ?
— Probablement un catalyseur. Un artefact sith caché là, par la gardienne séduite par Antara, qui aurait concentré le Côté Obscur pour permettre à la Sith une fois emprisonnée d’étendre ses pouvoirs depuis sa cellule jusque ici, et faciliter le contrôle des esprits exercés sur les prisonniers. Le passage est étroit ?
— Assez. Mais Luke et moi, on peut sans doute passer.

Pour Ekkt, c’était parfait. Ce serait l’occasion de mettre les deux Chevaliers à l’épreuve du Côté Obscur, qui s’insinuerait dans leur esprit, et de prouver sa théorie selon laquelle leur relation n’était pas un obstacle à leur épanouissement, bien au contraire. Les théories de Maître Ekkt sur le Côté Obscur avaient un côté profondément manichéen : la Haine menait à l’obscurité, l’amour à la Lumière. Les passions qui poussaient aux dernières extrémités venaient d’une faiblesse de caractère, pas de la passion en elle-même. Selon lui, c’était une question de saine cohérence théologie.

Karm désactiva son sabre et s’engagea en premier. Sa souplesse olympique lui permit de se glisser sans grande difficulté dans la petite ouverture, qui débouchait sur une sorte de tunnel secondaire, du reste assez étroit, dont il devinait intuitivement que, quelques mètres plus loin, il donnait sur une petite salle. Là-bas, comme Ekkt l’avait suggéré, il pouvait sentir la concentration du Côté Obscur. Après avoir aidé Luke à se frayer un chemin à son tour, il s’engagea dans la pénombre quasi complète.

Prends-le.

La voix avait résonné soudain dans son esprit.

Prends-le. Contre le mur. Dans la boue. Il est à toi. Jouis. Jouis. Jouis.

Karm s’arrêta brusquement.
Inspirer. Expirer.
Ce n’était pas le premier artefact dangereux qu’il rencontrait mais, en règle générale, aux premiers signes suspects, il cessait ses explorations et appelaient les Ombres, qui le rejoignaient et se chargeaient de la destruction.

Tu es un futur Maître.
Libre.
Les règles ne s’appliquent pas à toi.
L’Ordre t’a abandonné.
A Tavaï.
Frappé, malmené, humilié.
Torturé.
Tu ne dois rien.
A personne.
Fais ce que tu veux.
Prends-le.
Il aime ça. Il n’attend que ça. Il veut que tu le forces.
Que tu le forces que tu le forces que tu le forces.


Est-ce que ces idées-là existaient bel et bien dans son esprit et s’agitaient en lui sans qu’il en eût jamais conscience, portées à sa connaissance par l’artefact qui se contentait de révéler ce qu’il voulait ignorer ? Ou n’était-ce que ses peurs, ses craintes vagues et lointaines, que le Côté Obscur tentait de faire passer pour des vérités profondes ?

C’était un peu vrai, n’est-ce pas ? L’Ordre l’avait un peu abandonné à Tavaï. Et il avait bien envie de Luke. Tout le temps. Presque. Et il aimait se sentir fort avec lui. Masculin. Viril. Pas un Ark-Ni. Un mâle. Un mâle dominant. C’était ce qu’il était. Un mâle dominant. Primaire.

PRENDS-LE.

Karm déglutit péniblement et poursuivit son chemin.
Luke Kayan
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L'appréhension gagna le cœur de Luke, un artefact? Il avait entendu parler de ces objets, même lu des articles dessus et un chapitre d'un mémoire dessus, peu connu car très scientifique et, il fallait l'avouer, fastidieux à lire étant donné que l'auteur ne possédait clairement pas de talent littéraire. Pour autant, c'était un Maître spécialisé, la précision des informations valait la peine de se creuser la tête sur le lexique loin d'être apte à la divulgation. Malheureusement le Jedi avait peu lu, car ce n'était pas ce domaine favori, probablement parce qu'au fond, il avait toujours eu peur de ces artefacts auxquels il prêtait un statut de légende. Du moins, il aimerait, car loin d'être dupe dans ce domaine, le blond s'était forcé à accepter l'existence de telles fruits du mal et de la technologie. Et la preuve était là. Devant eux, dans un espace qui s'ouvrait derrière la galerie, où, paradoxalement, l'aura de Force du Hapien refusait de s'étendre, rejetée par la noirceur.

S'il eut un peu de mal à se hisser dans le trou, ce fut agilement que Luke resta dans le sillage de Karm. Ses récentes missions sur le terrain, en-dehors de ses exercices sages en salle d'entraînements faisaient doucement leur effet. Il se repérait un peu mieux dans l'espace, développait de nouvelles techniques afin de ne pas être bloqué par son handicap. C'était progressif, plus lent que la capacité d'éloquence de l'Ark-Ni qui s'améliorait de jour en jour, mais c'était constant. Fixé sur l'aura de son ami, le jeune Jedi parvint à suivre le rythme jusqu'à ce que la galerie déboule dans une petite salle. Là, une bouffée noire envahit son cerveau. La Force obscure n'essaya même pas de le séduire, ou si peu, le jugeant- si elle pouvait le faire- trop faible réceptacle pour sa puissante déferlante, ou luttant contre une barrière naturelle étrange. En revanche, s'il semblait immunisé à l'envie de céder au côté sombre, Luke sentit aussitôt le contrecoup de sa promenade sordide autour de son être, jusqu'à la pénétration de cette fumée toxique invisible aux portes de son cerveau. La tête serrée dans un étau, le Chevalier grimaça mais ignora la douleur. Il avait du mal à respirer, et une migraine monumentale lui fit perdre bientôt, tout ses repères. Sa main glissa sur la paroi qui débouchait sur la salle, entraînant son corps. Ce fut lourdement que le Jedi atterrit, de justesse sur ses pieds. Il passa sur une plateforme à peu près sèche de terre ignorée par l'humidité ambiante et s'arrêta, inapte à poursuivre. Jamais il n'avait eu affaire à un catalyseur de Sith, et seule la présence en personne du Seigneur Noir lui remémorait ce que c'était que d'être étouffé par autant de sentiments négatifs.

Ce qu'il avait pu lire, bien à l'abri dans le Temple se révélait désormais, sous ses yeux éteints. C'était bien pire que ce que les pages décrivaient pourtant avec moult de détails, parlant d'une séduction que le blond ne comprenait pas. Il remarquait, en contrepartie, que le côté obscur agissait différemment sur certaines personnes, dont lui, attaqué sans préambule, ni tentative pour lui faire adopter la peur, la colère ou la haine, quoique le premier sentiment, lui, était bien là.

- On... pa...rt

Articula difficilement Luke, la gorge sèche, totalement ignorant des mots glissés par l'artefact à son ami. Lui souffrait dans le silence le plus complet, écrasé par la force de l'artefact qui cherchait à l'écraser. Le Consulaire se retourna, vacillant, pour chercher la présence de Karm. Il fouilla le vide, sa main tâtant l'espace putréfié en espérant attraper le bras de son ami. Il voulait le protéger bien que dans son état, il était peu convainquant dans son rôle de preux chevalier.

- Viens.

Murmura-t-il, à bout de souffle, et obligé de lutter contre son envie de simplement fuir, seul. Faire demi-tour et ne plus sentir cet air intoxiqué qui envahissait ses poumons, son sang jusqu'à son esprit. Lui qui se sentait précédemment attiré par le filet de Force obscure s'échappant de la paroi le fuyait désormais. Loin d'être séduit, le jeune homme était complètement dégoûté mais surtout affaibli, presque malade. Plus il resterait ici, plus l'obscurité ferait des ravages sur son corps déjà éprouvé. Comme atteint du virus qui avait terrassé Karm il y avait deux jours, le Hapien montrait des symptômes inquiétants, il peinait à tenir sur ses jambes et respirait vite. À défaut de suer, le Jedi avait des frissons glacés qui parcouraient son dos, puis enveloppaient sa poitrine avant de remonter vers son cou. Cependant, il luttait vaillamment, accroché à l'idée que ressentir cette Force sombre était toujours mieux que de ne rien sentir du tout comme sur Myrkr. Cela lui redonna un peu de courage et il répondit aux ondes maléfiques en étendant sa propre aura, afin de lutter contre.

* Comme sur Korriban.*


La petite lueur ne devait pas s'éteindre au sein de la tempête, l'espoir devait demeurer. Il songea à Saï et à Karm, essayant d'envelopper ce dernier dans sa bulle lumineuse pour le protéger de la douleur qu'il imaginait aussi envahir son ami. Sourd au chant des sirènes contre lequel Karm devait lutter, se sentant en réalité beaucoup trop bien dans cette salle, le jeune Jedi ne songeait aucunement au danger de se retrouver si près de lui, à chercher justement le contact pour le pousser à fuir avec lui, son aura lumineuse en guide de faible bouclier. L'échec ne lui faisait pas non plus peur. Il ne voulait que tourner le dos, appeler Ekkt et le laisser se charger de l'artefact: désolé de ne pas avoir réussi mais prudent avant tout. À part une crainte de ne pas être utile à l'Ordre ou de ne pas être à la hauteur, le Consulaire avait bien peu d'ambition. Peut-être cela contribuait-il à son immunité contre la corruption? Impossible de vraiment le savoir, un médecin avait émis l'hypothèse d'une Force très -trop- présente chez lui, après examen suite à son retour de Korriban où il avait été enfermé des mois dans une sorte d'Académie pour sombres adeptes. Le côté sombre étant honnêtement plus fort sur le court terme, apte à dégager une onde de choc terriblement séduisante pour tout le corps, Luke aurait simplement été balayé, directement consommé, écrasé par la puissance qui l'aurait envahie. Son taux élevé de midichloriens était dans ce cas, une vraie calamité, car passant outre l'étape de chute du mauvais côté de la Force, il s'exposait directement à la mort. C'était seulement une théorie évidemment, mais lui ne ressentait aucun besoin de vengeance contre sa mère qui l'avait rendu aveugle, les Siths l'ayant fait prisonnier, ceux de Hapès ou même le groupe de petits jeunes se moquant de son orientation sexuelle. La bougie ridicule qu'il représentait face à l'ouragan sombre s'éteignait, simplement.

Une nouvelle onde traversa son corps, galopant jusqu'à Karm pour l'inciter une nouvelle fois à faire demi-tour.
Karm Torr
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La détresse de Luke n’avait pas échappé à Karm, bien sûr, mais elle était une occasion nouvelle pour le Côté Obscur. L’inquiétude qu’il ressentait pour le bien-être de son ami prenait la forme d’une douce tentation et les voix, encore et encore, s’agitaient dans son esprit, avec une insistance obsédante. Il avait lu quelques témoignages sur ce genre de phénomènes, qu’il avait toujours jugés peu compréhensibles. Comment ne pouvait-on pas distinguer sa propre conscience d’idées étrangères ? Comment pouvait-on se laisser prendre à un piège si grossier ?

Et pourtant…

Il est faible.
Il a besoin de toi.
Que tu sois fort.
Que tu le protèges.
Le mâle.
C’est ce qu’il recherche.
Domine-le.


— Retourne… Retourne chercher Ekkt. J’m’occupe de l’artefact.

La voix de Karm était déterminée, et sans doute plus que de coutume. Il n’allait pas échouer, n’est-ce pas ? Les voix avaient au moins un peu raison. C’était vrai qu’il était doué. Plutôt intelligent. Et fort, avec un sabre. Ses talents n’étaient pas assez reconnus. Il allait leur montrer. Au Conseil. A Luke. Surtout à Luke. L’Hapien lui vouerait une admiration inconditionnelle. Après ça, il serait bien forcé de… D’il ne savait pas trop quoi. Mais ce serait assurément une bonne chose.

Une vague de Force très légère, mais insistante, repoussa Luke vers l’embouchure du tunnel, alors que Karm finissait par refermer la main sur l’artefact sith. L’objet ne payait pas de mine. C’était une sorte de disque de bois sombre, nervuré de métal. Un objet ancien, probablement. Un peu rugueux. Lourd dans la main. Lourd dans le coeur.

— KARM.

La voix d’Ekkt avait résonné soudainement dans la grotte, juste derrière Luke. Après avoir prétendu qu’il ne pourrait pas se faufiler dans le tunnel, le Trandoshan avait fini par découper son chemin au sabre laser, en ne voyant pas les deux Chevaliers revenir. La situation lui paraissait encore confuse, malgré son expérience d’Ombre. Luke était fort mal en point, malade, mais c’était sans doute un mal moins problématique que celui qu’il devinait ronger l’Ark-Ni.

Les yeux turquoises de Karm brillaient comme toujours dans l’obscurité de la grotte. Il se retourna vers la Sentinelle. Les voix s’étaient tu, mais ce n’était pas un soulagement. Il en sentait les idées s’infiltrer dans son esprit de façon plus primitive et plus fondamentale. Dominer. Briller. Ne plus être l’enfant de la Flotte, discret, habitué à la vie en communauté, aux compromis et à la patience, dans la négociation de tout, même du genre. Être au-dessus des autres. Un mâle alpha. Instinct primordial. N’était-ce pas l’ordre de la nature ? Des prédateurs et des…

— Donnez-moi l’artefact.

Ekkt avait tendu sa main reptilienne mais l’autre était déjà posée sur le manche de son sabre laser. Karm baissa les yeux vers le disque de bois. Il savait que s’il se concentrait, s’il se plongeait vraiment dans le pouvoir qui en émanait, alors tout un monde s’offrirait à lui. Sans doute son esprit serait assez puissant pour balayer les réticences de Luke. Alors ils feraient l’amour librement. Et ses pouvoirs se développeraient. Il deviendrait facilement un Maître Jedi. Il ne s’agirait plus alors que de réformer l’Ordre. Le rendre meilleurs. Plus naturel. Plus spontané.

— Si nous restons ici plus longtemps, Luke risque de mourir.

Karm releva lentement les yeux. Il y eut une poignée de secondes qui lui parurent une éternité puis il laissa tomber l’artefact par terre, se précipita vers Luke et l’entraîna vers la sortie du tunnel. Derrière eux, Maître Ekkt s’était jeté sur l’artefact pour l’enfermer dans les écailles de sa grosse main et, les yeux fermés, il se concentrait pour en saper petit à petit l’influence obscure. Assez rapidement, l’énergie de l’objet maléfique fut entièrement contenue entre les griffes du Trandoshan, abandonnant la grotte et la galerie souterrain dont les deux Chevaliers étaient en train de s’échapper.

Dehors, entre les cellules de stase, Karm appuya Luke contre un mur, sans rien dire. Il sentait tous ses muscles jouer sous sa propre peau. Il se sentait protecteur. Masculin. Viril. Sans doute ce n’était pas un mal.

— Ca va aller, assura-t-il d’une voix qui avait abandonné le murmure typique des Ark-Ni pour s’exprimer à un volume normal. J’vais m’occuper de toi, Luke.

C’était une promesse conquérante et un peu ambiguë. Son regard se tourna vers l’entrée du tunnel, considérablement élargie par le passage de Trandoshan. Devait-il retourner l’aider ? Et voulait-il y retourner vraiment pour aider Ekkt ou pour avoir une chance de se rapprocher à nouveau de l’artefact ? Maintenant que l’objet n’était plus près de lui pour exercer son influence, Karm sentait la honte et la crainte se mêler à cette excitation étrange qu’il avait éprouvée dans la grotte.

Mais Ekkt finit par émerger à son tour. Il avait l’air considérablement affaibli, autant qu’il était possible pour Luke et Karm de décrypter les expressions de son visage si particulier. Anéantir l’artefact sith avait exigé beaucoup de son énergie et, pourtant, l’objet n’avait pas été aussi exceptionnel que certains spécimens redoutables qui lui avaient été donnés de croiser.

— Nous n’avons plus rien à apprendre sur cette planète, trancha-t-il. Quittons cette Tombe et allons reprendre nos esprits et nos forces à la surface.
Luke Kayan
Luke Kayan
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- Non.

Sans force pour lancer une quelconque exclamation, Luke avait cependant réuni tout son courage pour jeter ce "non" en pâture au chevalier turquoise dont la puissance augmentait, proportionnellement à son éloignement. Une présence vague se fit ressentir dans la salle, le Hapien était incapable de déterminer d'où elle émanait réellement, ni de qui, mais cette dernière le soulagea momentanément. Sa santé se détériorait rapidement, probablement plus qu'un autre Jedi, face à un tel objet maléfique. Il eût honte de sa propre faiblesse et tenta d'esquisser quelques pas. Malheureusement, son atout - sa grande connexion avec la Force- était aussi sa malédiction, il chutait irrémédiablement, en plus touché par ce qu'il sentait sans parvenir à identifier chez Karm. D'ailleurs, lorsque ce dernier l'emmena dehors, il ne se sentait pas soulagé à son contact comme d'habitude, sinon encore plus mal. Dans un geste réflexe, pour se défendre, le blond chercha faiblement à repousser l'Ark-Ni. Les restes de noirceur qui sillonnaient son coeur contaminait le Hapien qui s'entoura d'une bulle protectrice, contrairement à la première fois, cette dernière ne le concernait que lui, bien que via les mots, il tentait d'intégrer Karm, de l'aider. Son instinct lui, essayait de le dissocier de cet homme différent.

- Calme-toi.

Articula-t-il, juste assez conscient pour savoir que c'était lui qui servait de catalyseur, justement, à Karm. Sa peur de le voir sombrer, sans réellement se rendre compte que c'était le cas en réalité, lui avait offert un nouveau souffle, bien fragile et bien éphémère, tout en restant déterminé. Son corps pouvait chercher à se protéger de l'esquisse du nouveau Karm, son âme, elle, demeurait accrochée à lui, quitte à se laisser emporter par l'obscurité pour mieux l'en arracher. Tout était allé si vite. Bientôt accompagné de relents sombres, Ekkt apparu à la sortie de la galerie. Il semblait épuisé mais Luke ne s'en rendit pas compte de suite, ignorant d'ailleurs l'ordre du Trandoshan qui lui parvint comme un gargouillis.

Un amas de Force lumineuse commença à s'épanouir autour du Jedi qui résistait de son mieux afin de ne pas la laisser exploser. Il ne voulait pas créer d'éboulement à cause de ce phénomène si particulier qui l'affectait lorsqu'il était en danger, plus particulièrement dans sa prime jeunesse. C'était la première fois depuis longtemps que la Force se ramassait ainsi, autour de son corps, d'une pureté à la fois magnifique et inquiétante, or ce serait très embarrassant mais surtout dangereux qu'elle n'explose à l'orée de la galerie en terre meuble, davantage affaiblie encore par les "travaux d'aménagement" du Trandoshan. Heureusement, l'artefact venait d'être détruit et les résidus toujours plus faibles permirent au corps de Luke de ne pas générer cette étrange bulle. Elle se résorba lentement, le laissant complètement épuisé par l'effort mais ni évanoui, ni endormi comme lors des précédentes apparitions du phénomène.

Ce fut seulement après un long moment seulement que le chevalier retrouva ses esprits. Il se demanda ce qu'il faisait appuyé contre un mur, soutenu par Karm, puis des vagues de souvenirs refluèrent. Enfin, la fatigue du reptile envahit sa conscience.

- Désolé.

Parvint-il à murmurer, devenant ironiquement l'Ark-Ni aux teintes de voix si douces, si éthérées. Involontairement bien sûr, car la faiblesse courait encore ses veines. Honteux d'avoir lamentablement échoué à la mission, le jeune Jedi se consola en se rappelant avoir prévenu Ekkt de ses limites, bien qu'il aurait préféré ne pas s'illustrer de la sorte. Il avait lutté dès le premier instant contre une obscurité jugeant inutile de le corrompre, parce qu'il était trop faible ou trop têtu, impossible de le savoir. Cette "résistance", ce manque d'attraction pour la noirceur avait vite fait de l'écraser sous le poids d'une haine cherchant à le détruire dès le début. Lui le pion inutile, rompu avant d'avoir servi, définitivement blanc quoique fragile. Ou fort. Impossible de ce décider.

À la surface, Luke chercha à se redresser, il y parvint en s'aidant d'un mur. Aussitôt que sa conscience redevint ce qu'elle était, malgré une faiblesse physique encore bien présente, il chercha Karm.

- Karm, ça va ?... Maître Ekkt?


Aussitôt le chevalier chercha fouilla dans sa ceinture utilitaire pour en sortir une capsule énergétique. Il disposait, en tant que soigneur, quelques éléments de première utilité, dont des packs d'urgence. Invoquant la Force quoi qu'avec prudence suite à la démonstration puissante mais chaotique de ses dons lumineux, le Jedi la fit couler sur ses camarades. Il savait que les premières minutes étaient celles qui comptaient, en cas d'hémorragie, de problème cardiaque, peu importe... Il devait se mettre au travail avant même de se retrouver, lui.

- Prenez ça. Ça va vous régénérer. Et laissez-moi vous inspecter.

Après avoir procédé à un check up relativement rapide et quelque peu maladroit -ses pouvoirs tressautaient encore un peu, comme des étincelles rêvant toujours de grande illumination, après ce qui s'était passé en bas.- il chercha à s'approcher du premier venu afin de procéder à un examen physique. Luke pouvait être fragile, le premier à tomber sur le terrain, il n'en restait pas moins consciencieux, le protocole, dans ce cas, servait à le rassurer. Soigner de suite après l'attaque, chercher des plaies d'abord à l'intérieur via la Force puis à l'extérieur, et enfin procéder à une vérification générale, régénérer les blessés avec des capsules énergétiques aux effets génériques -qui couvraient donc l'épuisement, quelque soit l'origine.- et faire un bilan écrit. C'était normal. Cela signifiait le bon déroulement de la mission, y compris après un échec.

Il avait eu si peur pour Karm. Malgré lui, une onde interrogative fusa à l'encontre de ce dernier, suffisamment maladroite pour que le Trandoshan la capte. Incapable de vraiment cibler le chevalier turquoise, les dons encore désordonnés, Luke avait pris le "risque" de laisser s'évaporer ses émotions que le Maître n'aurait aucun mal à grappiller comme des miettes de sentiments. Était-ce leur amour qui les avaient rendu si faibles? Surtout lui?. Non. Le jeune homme se rappela que c'était Karm qui lui avait permis de résister à la douleur, de se tenir debout. Cela n'avait pas servi à grand chose mais il s'était montré quand même plus déterminé en comparaison à d'autres fois.

D'un geste encore malhabile, le Consulaire sortit son datapad pour activer l'application qui posait des questions de santé générique, puis, une fois enregistré, serait envoyé au Temple. Il avait du mal à penser. Le protocole. Ils devaient appliquer le protocole.
Karm Torr
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Maître Ekkt se prêtait docilement à l’examen de Luke, peut-être plus pour permettre à l’Hapien de se rassurer en appliquant les protocoles et en recouvrant une utilité au sein de la dynamique de groupe que par réelle nécessité. Il était soulagé pour sa part de voir que Luke commençait à retrouver du poil de la bête, dans l’air libre de la jungle glaciaire, et c’était désormais le cas de l’Ark-Ni, mutique depuis qu’il avait émergé du tunnel en dernier, qui l’inquiétait plus que tout.

Le Trandoshan se reprocha d’avoir précipité un exercice peut-être inconsidéré. Persuadé que les deux Chevaliers étaient prêts à prendre plus de responsabilités qu’ils ne le croyaient eux-mêmes, il avait voulu appliquer une pédagogie radicale, en les jetant en quelque sorte dans le bain pour leur apprendre à nager. D’ailleurs, à ses yeux, l’opération avait été un succès relatif : Luke avait survécu, s’était rétabli assez rapidement et avait pu contenir ses pouvoirs, tandis que Karm, de son côté, n’avait guère fait de difficulté à rendre l’artefact, quand d’autres s’y seraient accrochés avec l’énergie de la rage ou du désespoir.

Mais il lui apparaissait désormais clairement que ni l’Ark-Ni, ni l’Hapien ne vivaient cette expérience comme un succès. Luke se reprochait déjà sa faiblesse et Karm s’était muré dans un silence plus impénétrable encore que son laconisme naturel. Ekkt avait senti l’onde de Force traverser l’espace, du premier au second, il avait deviné l’amour qu’ils se vouaient l’un à l’autre, mais l’appel était resté sans réponse. Les mains enfoncées dans les poches, devant la balustrade qui séparait la rue de la jungle, Karm était resté apparemment indifférent à cet appel du coeur.

— A votre tour, Karm, lança le Trandoshan.
— Pas besoin, je vais bien, répliqua l’Ark-Ni à mi-voix.
— C’est le protocole.
— C’est le protocole aussi d’envoyer deux Chevaliers inexpérimentés se faire broyer par une babiole maléfique ?

Karm s’était retourné pour fixer Ekkt droit dans les yeux. Cette insolence n’était pas vraiment inspirée par le Côté Obscur. Elle était même typique de l’attitude ordinaire de l’Ark-Ni vis-à-vis de la hiérarchie, même si Luke n’avait jamais vraiment eu l’occasion d’y assister. Cette réplique cinglante ne parut pas choquer Ekkt, cependant, qui répondit d’une voix calme :

— Pas vraiment, non. Mais vous vous en êtes plutôt bien tirés, pour des débutants en la matière.

Sans réfléchir à ses mots, Karm répliqua aussitôt :

— Mon mec a failli crever et j’étais à deux doigts de péter un plomb, super réussite.

Il se rendit compte presque aussitôt de l’expression qu’il avait utilisée pour parler de Luke et, dans son regard, le défi le céda à la crainte.

— Allons au parc, décida Ekkt après un moment de silence pensif.

Le trajet qui suivit fut bien inconfortable pour les trois Jedis, jusqu’à ce que le Trandoshan les fasse pénétrer dans un large parc où ils n’eurent pas de mal, en pleine journée, à trouver un parterre d’herbes désert où s’asseoir en tailleur. Cette nature, même domestiquée, était assurément plus réconfortante pour Karm que n’importe quel protocole médical, mais elle ne suffisait pas à apaiser son esprit.

— Luke a survécu. Bien mieux que son dossier ne le prétendait. Et ses pouvoirs instinctifs n’ont pas réagi au quart de tour. C’était un progrès considérable. Il est important de considérer avec humilité le chemin qui reste à parcourir mais il faut aussi savoir admettre ses petites victoires, sans quoi, le progrès rationnel est impossible. Et vous, Karm. Qu’avez-vous vu ? Ou entendu, ou ressenti ?

L’Ark-Ni haussa les épaules, évasif.

— Si vous ne vous confiez pas à moi, un spécialiste du Côté Obscur, auprès de qui trouverez-vous des réponses, des conseils et de l’apaisement ? Je ne suis pas là pour vous juger. Je suis là pour vous former. Et résoudre cette affaire. Evidemment que ce fût pour vous un moment de faiblesse. C’était une épreuve difficile et on ne ressort pas de la difficulté sans être affecté. Dites moi tout.

Après un long moment d’hésitation et un petit regard timide lancé à Luke, l’Ark-Ni finit par passer aux aveux.

— J’ai entendu des voix. Qui me disaient des trucs. Des euh… Que je devrais devenir maître. Que j’étais, genre, super bon et tout. Des trucs orgueilleux, quoi. Pour flatter mon égo. Genre j’suis intelligent, ou fort au sabre, ou je sais pas quoi. Et pas reconnu à ma juste valeur. Aussi que… Que l’Ordre m’a laissé tomber. Avec Tavaï. Que je devrais rien à personne parce que personne m’aurait rien donner.

Et…
Et…
Euh...


La voix de Karm tremblait.

— Et, insista l’Ombre ?
— Elles m’ont dit aussi d’être plus… Mâle. Enfin euh… Do-dominateur… Avec… ‘Fin… V’savez, quoi… Au, dans, hm. S… Sexuellement. D’être sauvage et tout. De soumettre.

Il n’avait pas dit « de soumettre Luke » mais, au bout du compte, c’était parfaitement évident.

Maintenant, il était rempli de honte.

— … j’me sens vraiment pas très bien...
— Est-ce que vous croyez que ces voix représentaient des pensées que vous avez vraiment sans vouloir le reconnaître ?
— Ben ouais. ‘Fin. C’est l’principe, non ?
— Hmmm. Oui et non. Le Côté Obscur, c’est la Force. La Force dans ce qu’elle a de terrible. Et ce qu’elle a de terrible devient Obscur quand il s’exprime dans certains êtres vivants. Mais il n’est pas obscur en soi. La mort, la destruction, la colère, tout cela fait partie du monde. Le prédateur tue mais n’est pas obscur, à la différence du meurtrier. En quelque sorte, l’obscurité réside dans la distorsion d’une réalité qui est souvent problématique mais pas nécessairement mauvaise en soi.

Karm n’était pas très sûr de voir où le Trandoshan voulait en venir.

— Quand un artefact suscite quelque chose dans l’esprit de ceux qui le manipulent, par des images, ou des visions d’avenir, ou des voix, ou d’autres moyens, mais ceux-ci sont les principaux, cet artefact tord quelque chose qui existe pour lui donner l’expression la plus viciée. Mais tout peut-être tordu. Le désir de soigner peut être tordu en délire eugéniste. Le besoin de calme en profonde apathie. La générosité en sacrifice définitif de soi. Dans votre cas… Dans votre cas...

Ekkt s’interrompit et réfléchit. Il s’était renseigné sur Luke et Karm, sur le chemin, dans le vaisseau, pour compléter les impressions qu’il avait eues, au Temple, en tant que Maître, mais il ne connaissait pas assez bien les deux Chevaliers pour être toujours sûrs de leurs réactions. La discussion était cependant trop urgente et nécessaire pour se permettre d’inutiles tergiversations.

— Vous avez assurément beaucoup de talent et une tendance à progresser par bonds, en brûlant des étapes, comme lorsque vous vous exprimez et que vous réfléchissez. C’est un rythme assurément très particulier, qui a de grands avantages mais aussi de grands inconvénients, dont celui qu’il est très mal adapté à la progression linéaire comme celle que propose l’Ordre. Il n’est pas étonnant à ce titre que vous vous sentiez mieux dans l’ExploCorps, qui offre plus de liberté. La frustration que vous éprouvez est bien naturelle, elle est symptomatique de votre situation. Symptomatique aussi du fait que Tavaï n’a jamais prêté assez d’attention à vos particularités et que vous n’en avez pas été accompagné de la manière qui vous est la plus adaptée. Ce que vous appelez de l’orgueil, c’est aussi un appel à l’aide, pour qu’on s’intéresse à vous et à votre cas dans sa spécificité.

Karm avait bien l’impression que c’était une manière très diplomatique de lui dire qu’il était un peu cinglé mais c’était toujours préférable à l’alternative qui consistait à se considérer comme en Sith en devenir.

— Quant aux désirs, ma foi. L’Ordre a toujours été bien moins virginal qu’il ne prétendait l’être et d’ailleurs, techniquement, ni la chasteté ni le célibat ne sont des conditions sine qua non de notre appartenance. Si vous voulez mon avis, tout sacerdoce qui cherche à priver ses fidèles d’une part essentielle de la vie de l’immense majorité des espèces organiques doit être tenu pour suspect et contre-nature. L’Ordre s’est préservé jusque là de cette erreur dogmatique, tout en ne cessant de s’en approcher, et j’espère qu’il s’en préserva encore longtemps. Mais laissons la politique et la théologie de côté.

Politique ? C’était la première fois que Karm envisageait l’Ordre comme une organisation politique. L’idée que des jeux de pouvoir puissent finalement déterminer une doctrine qu’il considérait comme essentiellement spirituelle le mis fort mal à l’aise.

— Je ne suis pas sûr de bien comprendre la difficulté que vous voyez à avoir envie d’être plus mâle, poursuivit le Maître qui ne s’était pas documenté sur cet aspect de la culture ark-ni, quant à être dominateur, ma foi. Ecoutez, je ne suis pas un spécialiste de ce genre de relations, mais enfin, un principe universel me paraît être celui du consentement, et au-delà de ça, toutes les prétendues morales ne sont que des arguties politiques.
— Mais...

Karm se rendit compte qu’Ekkt était la première personne de sa vie à lui parler ouvertement de sexe. Il avait l’impression que ce genre de conversations aurait dû lui être offert bien plus tôt, pendant sa puberté.

— … est-ce que c’est pas mal, ‘fin, j’veux dire, glauque, ou euh… dangereux, de vouloir être, j’sais pas comment dire, mais… je… ‘fin… au-dessus, quoi, ‘fin, celui qui, euh...
— Hmoui, merci, je crois que je vois. Vous pratiquez le Djem Sô, n’est-ce pas ?
— Euh… Ouais, répondit Karm sans trop voir le rapport.
— C’est un style que beaucoup jugent violent et désordonné, n’est-ce pas ?
— J’suppose, ouais.
— Vous sentez-vous violent et désordonné ?
— Clairement pas.
— Alors pourquoi n’en irait-elle pas de même ? Si l’on se refusait à vous, pensez-vous sincèrement que vous forceriez la personne ? Evidemment pas. Vous n’avez rien d’un prédateur. Et croyez-moi, assura le Trandoshan en dévoilant des rangées de dents pointues à glacer le sang, je m’y connais en prédateur. Je suppose que ce que je perçois de Luke et vous n’est qu’une partie infime de l’affection que vous vous portez, et en cela, je la devine très profonde et très sincère. Soumis à une tentation terrible, vous avez rejeté le pouvoir pour le conduire en sécurité. Soumis à la plus grande des faiblesses, il a cherché à vous retenir pour vous préserver. Croyez-vous vraiment en ces circonstances que vous puissiez jamais être l’un pour l’autre un danger ?

Vous êtes ce que vous êtes, la Voie des Jedis n’est pas là pour vous changer mais pour vous permettre d’être la meilleure version de vous-même, car de tout tempérament, il existe une expression harmonieuse. Les dominateurs sont des protecteurs hors pairs, d’excellents dirigeants ou des archivistes exceptionnels à cause de leur volonté de contrôle. Les sensuels sont des chercheurs précieux sur le terrain, des enquêteurs pleins d’intuitions, des diplomates habiles. Bien sûr, ces gens pourraient être des brutes ou des débauchés, mais l’Obscurité n’est pas dans la nature des choses, elle est dans leur expression.
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