Le Masque de la Force
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Rejoindre les refuges souterrains. Cette pensée tourne inlassablement dans l’esprit des deux padawans alors qu’ils suivent, en formation défensive, le contingent de soldats dubrillionniens qui les a rejoints un peu plus tôt. A-t-on déjà vu équipe plus mal assortie entre la silhouette fine et gracile de la Miraluka, la masse imposante et flasque du jeune hutt, flanqués de ces militaires miteux et gris de suif qui déambulent comme des ombres en peine parmi les décombres ? Soudain, la radio grésille, crachant ses ordres à la petite équipe.

- Escouade … schiiiiiiiiicraaaaaaack … Oméga …. Tchiiiiiiii …. Vous me recevez… schriiiiiii… Ici le commandement ! 
- Ici, Escouade Oméga, à vous. 

Tous se mettent à couvert, dos contre des éboulements de béton et les restes calcinés d’une enseigne de magasin. Ils guettent les ruines fumantes, leurs lunettes infra-rouges glissées sur le nez pour pallier au manque de visibilité que génèrent les poussières de permabéton et de cendres, sur le qui-vive alors que le technicien des communications s’évertue à maintenir une liaison audible avec le Haut Commandement.

- Changement…. Tchiiiiiiik…. Ordres… devez … Schrrrrrrrrrrik… rapatrier les civils…. Regroupés sur …. Criiiiiisht … les padawans assureront…. Criiiiiitsh … soutien. 


La communication est mauvaise mais les ordres assimilés : ils doivent continuer d’arpenter le secteur, rapatrier les civils jusqu’en zone sûre sous l’égide des deux padawans. Il n’y a pas de repos pour les braves ! Du moins, il n’est pas encore temps pour Louka et Glurba de relâcher leur vigilance. L’équipe avance doucement entre les débris parfois instables, aidant les quelques survivants qu’elle croise pour les intégrer au groupe qui ne cesse de grandir. La vision apocalyptique de la ville éventrée, de ses immeubles crevés comme des ballons de baudruche sous la lueur rasante du crépuscule offre une image de désolation lugubre qui saisit les rescapés. Des corps, çà et là, jonchent les squelettes brulés des bâtiments. Un cri, parfois, perce au loin le long silence étouffant de cette marche funèbre, déclenchant un frisson sur l’échine des soldats et des civils. La petite fille qu’ils ont sorti de dessous un speeder accidenté pleure doucement, serrant contre son cœur meurtri, sa peluche estropiée. L’atmosphère se charge de peur et l’air devient oppressant à mesure que meurt le jour.

- On n’y verra bientôt quedal ! grogne l’un des militaires, épuisé.

Effectivement. Pourtant, là, juste au-devant, une lumière faiblarde perce la pénombre, vacillante derrière les vitrages éclatés d’un gratte-ciel encore debout.

- Il y a quelqu’un ici, grince le chef de l’équipée en balayant d’un regard inquisiteur ceux qu’ils mènent. Les plus jeunes sont épuisés. Nous allons faire une halte ici avant de prendre la route pour les bunkers. Ce bâtiment offrira un abri potable. Toi, toi et toi, vous couvrez le secteur. Les jedis iront en éclaireur à l’intérieur pour récupérer les ou les survivants et assurer la sécurité du bâtiment. Je doute que des impérialistes s’amusent à signaler ainsi leur présence mais mieux vaut prévenir que guérir ! 

Louka et Glurba s’enfoncent dans les entrailles de l’immeuble, abandonnant momentanément dans le hall couvert de bris de vitres, de mobiliers renversés, leur groupe.


-------- Voyl n’est pas muun à renoncer facilement et ce qu’il cherche sous la poussière et les débris d’un plafond de plâtre finit par apparaitre sous ses longs doigts effilés comme la promesse d’un avenir plus radieux. Peut-être, la chance, a-t-elle fini par tourner et qu’elle va trouver un moyen de le débarrasser de cet encombrant jedi aveugle. Rapidement, grâce à la console, le courant est rétabli, le générateur ronronne comme un vornsk repu et la lumière revient enfin, aveuglant un court instant l’homme d’affaire. Voilà, maintenant il ne lui reste plus qu’à semer l’horrible sorcier qui s’attache à ses pas et trouver les informations qu’il cherchait dans les réseaux de nouveau opérationnels. Avec un peu de chance la situation va s’améliorer plus vite qu’une partie de sabbacc mal engagée. Il sort du sous-sol en clauquediquant, Luke sur ses talons lorsque s’engageant dans l’escalier, un grondement assourdissant fait vibrer les marches sous ses pieds. Un tremblement de terre ? L’idée l’effleure tout juste qu’il se retrouve projeté contre un mur, sa frêle personne s’encastrant à merveille dans une cloison déjà fragilisée. Il la traverse d’une culbute presque réussie, alors que derrière lui s’effondre un pan du bâtiment.

Il se relève, presque intact si l’on oublie son genou douloureux, pour constater que l’éboulement de gravats obstrue complétement le chemin. Au moins, le jedi se retrouve-t-il de l’autre côté de l’avalanche de débris, lui laissant l’opportunité, enfin, de réaliser ce pourquoi il a pris tant de risques. C’est presque avec un sourire épinglé au visage, qu’il arpente les couloirs vides jusqu’au bureau de la présidence de la tour Veragi, le haut lieu des petits secrets bon à connaitre ! Allez, encore deux étages et la promesse de bénéfices énormes pour ses actifs et ses investissements ! Mais il n’a pas fait plus de quelques mètres que…

Quoi encore ? Faut-il qu’il soit maudit pour être ainsi dérangé, à deux doigts de saisir les rapports secrets de la compagnie sur ses investissements frauduleux dans le bureau de la présidence ? Ce petit trésor qui pourrait le conduire très très haut entre ses mains habiles. Mais cette perspective pourrait bien lui échapper à cause d’une gamine et d’un… d’un hutt ?

Louka et Glurba n’ont pas le temps d’interpeler l’étrange silhouette filiforme en costume cravate, qu’une communication bipe à leur pad.

- Ici l’escouade Oméga, pour les jedis, nous sommes attaqués ! Ramenez-vous ! Vite ! Oh… merde… ils sortent du lourd ! On a besoin de renfort ! crie une voix sous les échanges assourdissant de tirs.






Seuls les joueurs Voyl Clawback, Louka Hamaan & Glurba Lugliiamo peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un RP de stratégie, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de votre argumentation et de vos propositions ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : Glurba – Voyl - Louka.
Glurba Lugliiamo
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Il y avait véritablement un point de divergence entre Louka et Glurba. La première faisait confiance à cette Mirialane qu'elle avait un temps connu au Temple, et était donc d'avis de la laisser à ses affaires seule ; le second trouvait au contraire que cette Mirialane avait déjà bien perdu son côté Padawan et qu'il valait mieux garder un œil sur elle. Malheureusement, avec Louka qui allait dans le sens d'Aurora, l'avis de Glurba ne fut pas suffisant.
Ah, que l'esprit démocratique pouvait être frustrant parfois ! Non pas que Glurba ne respectait pas les avis de chacun, mais normalement, ce que dit un Hutt est règle d'or.
Et même sans toujours ramener les choses à ce que sa vie de Hutt aurait dû être si sa famille n'avait pas été influencée par les Siths qui renaissaient de leurs cendres, Glurba devait bien admettre qu'il avait horreur d'échouer à convaincre ses interlocuteurs. Parfois, malgré sa directivité, les choses n'allaient pas dans son sens. Et c'était frustrant pour le jeune Hutt. Toutefois, il avait heureusement eu une éducation qui l'avait forcé à accepter la contrariété. Mais c'était peu dans son caractère. Il ne voulait pas entrer en conflit avec Louka, mais si jamais ils venaient plus tard à découvrir qu'Aurora aurait dû être arrêtée tant qu'ils en avaient eu l'occasion, Glurba lui rejetterait la faute en disant : « Tu vois, je te l'avais bien dit ! Il fallait m'écouter, comme d'habitude ! ».

C'est donc le poing serré que Glurba rampait parmi le groupe formé par l'escouade Oméga, Louka, et une fille sauvée de lka carcasse d'un speeder. La petite rescapée faisait peine à voir, sanglotant en chemin tout en serrant une peluche estropiée contre elle. Glurba ne devait pas ressentir de la colère, mais il n'arrivait en tout cas pas à refouler un sentiment de déchirement en voyant cette orpheline qui les suivait dans ce qui n'était plus que les ruines de la ville qui l'avait vue naître et grandir.

L'autre frustration que Glurba avait du mal à digérer, c'est qu'en plus, ils n'allaient pas pouvoir ramener tout de suite cette fille dans les bunkers. Les ordres venaient de changer : d'autres survivants étaient supposés avoir besoin de secours dans la zone, et l'escouade flanquée des deux Padawans devait les rapatrier. La petite Humaine allait donc devoir attendre un peu avant d'être mise en sécurité.

L'escouade fit halte au pied d'un gratte-ciel partiellement dévoré par les explosions mais encore stable. Louka et Glurba pénétrèrent à l'intérieur pour découvrir la source de lumière qui avait été perçue à travers les vitrages. Il y avait sûrement des civils réfugiés dans le bâtiment. Glurba pouvait sentir la poussière se coller dans son mucus, au niveau de sa queue – son torse étant couvert par sa bure jedi. L'air était lourd, chargé. Le Hutt ferma répétitivement le clapet de ses narines, évitant de respirer dans les pièces les plus chargées en poussière. Il chercha mécaniquement un plan d'évacuation sur les murs afin de connaître l'agencement du rez-de-chaussée, et localiser les escaliers. Il était évident qu'il n'allait malheureusement pas pouvoir prendre l'ascenseur.

Les escaliers se trouvaient en fait juste au bout du petit couloir. Glurba les pointa du doigt à Louka, mais à peine commença-t-il à s'y diriger, que des bruits de pas se firent entendre, provenant du sous-sol. Par réflexe, Glurba porta la main sur le manche de son sabre, même s'il s'agissait plus probablement d'un civil. Surgit alors de l'escalier une silhouette pour le monde élancée, voire longiligne, d'autant plus de par sa taille. Son crâne chauve rasait le plafond.
Un Muun.

Habitant de Dubrillion ? En tout cas, au premier coup d'œil, il ne semblait pas armé. Mais agité, ça oui. Glurba lui fit signe de la main de se calmer, mais au moment même où il ouvrit la bouche pour parler, l'escouade Oméga émit une communication alarmante : ils étaient attaqués ! Ils avaient besoin de renforts immédiats.

GLURBA – Louka, va voir ! Et dis-moi ce qu'il se passe !

Tant pis pour l'ironie de dire à une Miraluka « Va voir ! ». En tout cas, elle pouvait se déplacer plus vite que le Hutt, et pouvait donc se dépêcher de revenir auprès de l'escouade et d'informer Glurba qui devait protéger ce civil Muun.

GLURBA – Nous sommes des Padawans Jedis. Restez calme, nous allons vous secourir. Il y a d'autres personnes avec vous dans ce bâtiment ?
Voyl Clawback
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Dubrillion - Tour de la Veragi's Road Corporation - 5:52pm

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Dans le noir, Clawback avait soudain senti quelque chose de suffisamment inhabituel pour comprendre que sa place ici, dans ce capharnaüm, n’était peut-être pas aussi étrange qu’elle aurait dû l’être. Sa main avait soudain volée d’elle-même au-dessus des claviers pour rallier ce qu’il avait identifié comme étant une manette de sectionneur. Clac. Sans même réfléchir, il l’avait actionnée, et la lumière s’était faite, comme par magie. La machine s’était mise en route avec une célérité magnifique, et les luminaires encore intacts avaient reçu un courant suffisant pour remplir leur fonction. A cet instant, les épaules de Voyl s’étaient affaissées comme rarement auparavant. Il avait réussi ? Vraiment ? D’un seul coup, cette histoire lui parut si invraisemblable qu’il resta coi, immobile, toujours accroché à la manette.

Ce n’est que lorsque son regard tomba sur la petite silhouette non loin de lui que Clawback se ressaisit. Non, il n’avait pas rêvé, tout venait de se dérouler exactement comme il l’avait vécu. A présent, il pouvait voir distinctement le jedi qui l’avait suivi jusqu’ici, son regard aveugle, ses longs cheveux blonds poussiéreux et décoiffés, sa bure déchirée. En un sens, ils ne valaient pas mieux l’un que l’autre… Baissant le nez sur son propre compte, Voyl comprit qu’il en serait pour racheter une tenue complète. Celle-ci était bonne à jeter !

Luke n’avait rien ajouté. L’avait-il vexé ? Perturbé ? Le muun n’en savait rien, surpris même de se poser la question. Au fond, que pouvait-il en avoir à faire ? Strictement rien ! Mais une autre question avait émergé suite à la première : était-ce ce jedi qui avait guidé sa main ? L’idée avait de quoi déranger… Seulement, Clawback avait la rancune tenace, et sa détermination n’avait pas failli d’une once – surtout avec la venue de l’éclairage providentiel. Désormais, il allait pouvoir faire demi-tour, sortir de ce piège, et peut-être même accomplir ce pourquoi il était venu ! Son soulagement fit baisser la tension d’un cran, sa colère avec. Son éternelle impatience reprit le dessus et il s’empressa de houspiller le jedi, claudiquant en sens inverse pour repartir d’où il était venu. La chute en moins, cette fois-ci.

Il fit de son mieux pour parvenir à regagner le couloir central, toujours talonné par le jedi, décidément bien plus à l'aise que lui dans ce chaos. Peut-être le Luke en question se payait-il sa tête en secret, en l'entendant souffler, jurer, grogner. Clawback fit de son mieux pour l'ignorer : c'était encore la meilleure option qui se présentait à lui. Qui se présenta jusqu'à ce que le fragile équilibre de leur environnement ne soit à nouveau ébranlé par une catastrophe quelconque, dont le muun ne connaîtrait sans doute jamais l'origine. Il sentit le sol se dérober sous ses pieds, l'horizontal devenir vertical, et vice versa. Voyl ne put que se replier sur lui-même en un vieux réflexe de protection venu du fond des âges. Son dos heurta quelque chose de très dur, faisant irradier une douleur vive dans tout son corps long et maigre. Puis, il se retrouva au sol, sonné.

Plus de jedi. Clawback toussa, cracha, aveuglé à son tour par la poussière. Le chevalier avait disparu derrière les pans de permabéton effondrés, peut-être inconscient. Sous le choc, le muun ne bougea pas, ses yeux stupéfaits balayant le nuage opaque à l’affut d’un bruit ou d’un geste qui l’aurait renseigné quant à la survie du jeune chevalier. Rien.

C’était lâche, indigne de lui… Mais qu’aurait-il pu faire ? Deux comme lui n’auraient pas suffi à soulever le corps d’un humain aussi jeune ! Contrairement au jedi, il n’était pas homme à se lancer avec inconscience au-devant du danger. Machinalement, le muun essuya sa joue contusionnée, regardant le sang qui en avait perlé dans la paume de sa main. Il était mal à l’aise. Mais même son sens moral ne pouvait plus le détourner de son objectif. Il lui fallait un ordinateur : c’était le seul moyen de reprendre le dessus, de regagner l’illusion rassurante du pouvoir, de ne plus être la victime pitoyable d’un guet-apens sournois. C’est en murmurant une excuse que Clawback se releva et continua sa course.

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L'immeuble était trop endommagé pour espérer emprunter l'un des nombreux turbolift. Le dernier espoir de ne pas grimper à pied les volées de marche venait d'être soufflé... Avec un râle de dépit et de désespoir, Clawback emprunta les escaliers, pestant contre la galaxie entière et les incompétents qui la gouvernaient. Tout à sa rogne passagère, tendu vers son objectif, il n'entendit pas les bruits de cavalcades qui envahirent rapidement le rez-de-chaussée. Attirés par la lumière qui venait d'être rétablie, une troupe débarquait à sa suite.

" Louka, va voir ! Et dis-moi ce qu'il se passe ! " s'exclama une voix alien quelque part dans son dos. Clawback ne ralentit pas : hors de question de se faire de nouveau...

Trop tard : les intrus l’avaient repéré. Impossible de se cacher ou d’espérer être discret quand on faisait presque deux mètres et demi de haut, et que l’on se déplaçait avec la souplesse d’un porte-manteau. Clawback était de toute façon bien trop épuisé pour tenter un cent mètres… quand bien même en aurait-il eu la faculté.

" Nous sommes des Padawans Jedis. Restez calme, nous allons vous secourir. Il y a d'autres personnes avec vous dans ce bâtiment ? "

Des jedi… Des jedi ! Oh non – fut sa première pensée, qui se serait muée en un gémissement de dépit et de rage s’il n’avait pas été essoufflé de sa remontée depuis les sous-sols de la tour. C’est officiel, cet univers veut ma peau ! pensa Voyl lorsque son front heurta le mur, dans un mouvement d’humeur qui en disait long sur son taux d’exaspération actuel. Mais soudain, son cerveau calcula une nouvelle information qui vint occulter brièvement toutes les autres. Le vieux banquier se retourna brusquement vers son interlocuteur et le détailla de haut en bas, interloqué.

Un hutt ? Ici ? Une fraction de seconde plus tard, Voyl réalisait avec horreur que la voix caverneuse qui s'était adressée à lui émanait bien de la limace en bure. Une limace en bure ! Clawback aurait voulu pouvoir se passer de l'eau glacée sur le visage pour être sûr de ce qu'il voyait. Le vêtement couvrait négligemment le torse fripé du gastéropode, laissant son arme visible à ce qui lui tenait lieu de ceinture. La créature luisant faiblement sous le grésillement des lampes, l'allure peu altière mais tout à fait repoussante pour l'humanoïde qu'il était. Le mélange était si surréaliste que n'importe qui aurait été pris de fou rire. Le muun, quant à lui, en resta coi. Suffisamment longtemps pour que la surprise parvienne à fendre son impassibilité. Les rares hutt auxquels il avait eu affaire avait toujours pris soin. On ne mentionnait plus l'impayable Ragda et ses ponchos absolument hors de prix. Mais celui-ci n'avait pas grand chose à voir avec ces pontes-là. Voyl n'en revenait toujours pas, même après trente bonnes secondes à scanner l'individu de la tête à la queue. Finalement, il parvint à mettre sa stupéfaction dégoutée de côté pour regagner un peu de concentration. Pour réaliser du même coup qu'il avait déjà perdu beaucoup trop de temps...

" Je vais très bien ! s’énerva-t-il à nouveau avec un grand geste excédé de sa main libre, en revanche il y a là-bas quelqu’un qui aurait grand besoin de votre aide ! fit-il en pointant le couloir qui s’enfonçait dans le sol. C’est un jedi, tout comme vous, et la cloison qui nous séparait a cédé. "

Comme s’il se sentait le besoin de préciser, il ajouta :

" Je n’ai rien pu faire pour lui : il est sans doute en danger ! "

Peut-être le mot "jedi" allait-il suffire à leur faire choisir une autre cible à couvrir d'attentions inutiles... Mais cette fois, Voyl ne comptait plus se laisser piéger. Hors de question de se faire ralentir encore une fois par cette bande de clowns en bures ! Il continua à grimper, conscient que si l’électricité avait été rétablie dans la tour, cela ne l’empêcherait nullement de choir sous un nouveau choc. Le temps restait donc plus que compté. Clawback n’avait décidément plus l’habitude de ne pas contrôler la situation. Pas de système de communication, aucune information de la situation, aucun service d’ordre ni de protection, rien. Il était seul, épuisé, blessé… et atteindre les étages se muait maintenant en un parcours du combat qu’il se sentait à peine de pouvoir faire. Là où bien des citoyens auraient vu les jedi comme une présence rassurante, Voyl ne pouvait plus s’empêcher de les considérer comme une nuisance. Il n’en avait pas eu assez avec l’autre aveugle, non ! Il fallait encore que des « padawans » - de jeunes blancs-becs, donc – viennent rajouter leur grain de sel ! Une vague intuition lui disait que le hutt allait encore avoir son lot de questions au moment le plus mal choisi.

" Je suis navré de ne pas discuter davantage, mais le temps presse : je dois accéder aux terminaux à l'étage. " conclut-il en enjambant les marches quatre par quatre de ses jambes en épingles.

Si tant était que le plafond ne leur tombe pas sur la tête avant.
Invité
Anonymous
Depuis leur accrochage au sujet du destin d'Aurora, Louka "regardait" son confrère Hutt différemment. Elle le sentait tendu, réprobateur, mais elle n'allait pas en faire une maladie non plus... S'il n'était pas d'accord avec elle, c'était son problème. En revanche, elle sentait à présent chez lui ce besoin de tout contrôler, une aspiration qui allait totalement contre celles de la Miraluka. Elle tenait à conserver son indépendance et sa liberté. Et puis finalement, elle avait eu gain de cause. Et elle était restée en accord avec ses principes, c'était tout ce qui comptait.
Ce n'était pas à elle de juger Aurora. C'était à elle de faire ses propres choix.

Finalement, le petit groupe arriva en vue d'un building. Si la Miraluka ne percevait pas la lumière, elle entendit tout de même les ordres du chef de l'escouade qu'ils avaient intégré bon gré mal gré, et elle hocha légèrement la tête pour signifier qu'elle avait compris les ordres. La main à nouveau posée sur son sabre, elle s'avança avec Glurba jusqu'au gigantesque bâtiment, faisant fi de sa nouvelle antipathie pour le Hutt. Sa vision par la force lui permettait déjà un bon repérage. Elle percevait les dégâts occasionnés sur le building, et ses maigres connaissances en architecture lui laissait penser qu'il pouvait effectivement servir d'abris.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans le bâtiment, qui n'avait cependant pas été épargné par holocauste, elle dût porter la manche de sa bure à son visage pour masquer sa bouche et son nez, espérant ainsi limiter la quantité de poussière et de résidus de... de ce dont était fait la structure qu'elle absorbait à chaque respiration.

Alors qu'ils s'apprêtaient à explorer l'étage après avoir fait le tour du rez-de-chaussé, les choses s’enchaînèrent très vite : Un bruit de pas se fit entendre, et une personne surgit des escaliers menant au sous-sol. au même instant, son unité-com grésilla et elle reçut une transmission des plus alarmantes...

Elle fit rapidement le calcul. Le civil qu'ils venaient de trouver n'était pas en danger. Enfin, elle supposait que c'était un civil... Et dans le cas contraire, Glurba était capable de se défendre? D'autant qu'il venait de lui ordonner d'aller voir de quoi il retournait du coté de l'escouade Omega. Une sourde colère monta en elle.
Elle détestait qu'on lui donne des ordres, ce n'était pas nouveau. D'autant que Glurba était padawan, comme elle, et n'avait techniquement pas l'autorité pour lui ordonner de faire quoi que ce soit. Cependant, il fallait bien que quelqu'un s'occupe de l'escouade, puisque visiblement ils n'étaient pas capables de le faire seuls, et le hutt ne serait pas assez rapide pour intervenir suffisamment vite. Elle ravala donc sa fierté et tourna sur le champ les talons pour courir vers l'extérieur, laissant le Hutt se débrouiller avec le civil.

Alors qu'elle arrivait à l'entrée du building cependant, elle stoppa net sa course et se dissimula derrière l'encadrement de la porte afin d'analyser la situation. Elle n'était effectivement pas brillante.

Sa vision par la force percevait l'escouade, avec les civiles, en formation défensive, à couvert derrière un lourd débris de permabéton. L'ennemi avançait en couvrant la zone de tirs de laser pour empêcher les Républicains de sortir de leur couvert, tandis que l'arrière-garde préparait les armes lourdes pour tout simplement le faire disparaître. Il fallait qu'elle fasse quelque chose et vite : un obus explosif avait déjà percuté le débris, en faisant exploser une bonne partie, réduisant encore la relative sécurité de l'escouade. Elle porta son unité-com à sa bouche et ouvrit le canal avec le chef de l'escouade.

- Ici le Padawan Louka Hamaan, je suis proche de votre position. Je vais tenter une percée dans leur arrière-garde pour mettre hors d'état de nuire leur artillerie lourde, couvrez-moi de votre mieux. La vie des civiles passe cela dit en priorité.

Alors que la réponse du chef d'escouade grésillait dans son unité-com, elle s'élança en dégainant son sabre laser. Elle bondit, virevolta, tandis que les bruits des coups de feu redoublaient d'intensité. Adepte de l'Ataru, elle avait un style de combat basé sur une grande souplesse et une tout aussi grande liberté de mouvement. La Padawan était comme un feu-follet, mais le barrage de tirs était conséquent et elle manqua être touchée à de nombreuses reprises. Elle atteignit finalement, non sans mal, l'arrière-garde impériale, sa bure déchirée en de nombreux endroits, l'épaule et la cuisse douloureuse de tirs qu'elle n'avait pas réussi à esquiver.

Mais elle avait connu pire... La lame de son sabre trancha le canon d'une arme lourde dans un grésillement électrique, tandis que l'escouade profitait de la diversion qu'elle faisait pour tirer de plus belle dans les rangs des impériaux.

Louka serra les dents, repoussant la douleur provoquée par ses blessures à l'épaule et à la cuisse, et elle mit hors d'état de nuire le second canon avant de reculer pour résister à l'assaut de plusieurs soldats ennemis. Avec ça, les impériaux perdaient leur avantage tactique... Mais la bataille n'était pas terminée.

Dans le feu de l'action et l'urgence de la situation, elle n'avait pas pris la peine de contacter Glurba pour l'informer de la situation. De toute manière, il n'y avait pas grand chose de plus à dire que ce qu'il savait déjà : L'escouade était attaquée, et il fallait les aider.
Glurba Lugliiamo
Glurba Lugliiamo
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Jetant à peine un regard à la personne qui venait de lui parler en se présentant comme un Padawan Jedi, le Muun se tapa le front contre un mur, exprimant une exaspération. Puis, enfin, il percuta que le Padawan Jedi en question était un Hutt, et le fixa de la tête à la queue pendant plusieurs dizaines de secondes, coi d'incrédulité... et la mine quelque peu dégoûtée également. Parallèlement, toutefois, Glurba était lui-même perplexe quant à cette première réaction du civil au gabarit d'allumette. C'était tout ce à quoi il ne s'était pas attendu. Normalement, un civil piégé dans un bâtiment à moitié effondré dans une ville tenant lieu de champ de bataille, secouru par un Jedi, devrait exprimer du soulagement, ou à la limite être en état de choc, mais en aucun cas exprimer de l'exaspération ! Ca ne faisait aucun sens dans l'esprit de Glurba. Réfléchissant à toute vitesse, le Hutt se demanda s'il devait trouver cette réaction suspecte. Qui était ce Muun, après tout ? Probablement pas un Impérial, mais avait-il quelque accointance avec l'Empire ?

VOYL – Je vais très bien !

Qu'est-ce que c'était que ce ton sec, limite agressif ? Pourquoi s'agacer contre un Jedi qui vient vous porter secours ?

VOYL – En revanche il y a là-bas quelqu’un qui aurait grand besoin de votre aide ! C’est un Jedi, tout comme vous, et la cloison qui nous séparait a cédé. Je n’ai rien pu faire pour lui : il est sans doute en danger !

Quoi ?! Un Jedi, ici ?! Le Muun indiquait du doigt l'escalier qu'il venait de monter. Il y avait un Jedi au sous-sol... Ca non plus, Glurba ne s'y était pas attendu. Il était venu secourir des civils, mais si en plus il pouvait secourir un Jedi...

Glurba dut prendre deux secondes pour analyser la situation à toute vitesse : un civil ne montrant aucun désir d'être secouru par un Jedi venait de surgir du sous-sol et continuait de monter les escaliers vers les étages, l'escouade Oméga était attaquée, Louka était partie voir la situation, et un Jedi était en danger au sous-sol.
Glurba n'avait pas le temps de poser beaucoup de questions au civil Muun mais ce n'était pas l'envie qui manquait. Pourquoi ce Muun semblait agacé par l'arrivée d'un Padawan Jedi ? Pourquoi tenait-il à monter à l'étage ? Pourquoi se trouvait-il en présence d'un Jedi ?

VOYL – Je suis navré de ne pas discuter davantage, mais le temps presse : je dois accéder aux terminaux à l'étage.

Les terminaux ?... Mais il croyait quoi, ce fichu Muun ? Il croyait que c'était le moment d'aller faire joujou avec des ordinateurs ? Ca ne pouvait pas attendre ? Il voulait consulter le cours de l'holobourse ? C'était quoi son problème ?!

De ses longues jambes fines, le Muun se mit à grimper les marches quatre à quatre ; Glurba essaya bien de le rattraper pour le retenir par le bras, mais sa lenteur l'en empêcha. Le Hutt serra les dents et rampa aussi vite qu'il put, comme s'il nourrissait l'espoir de pouvoir se déplacer aussi vite que le Muun, surtout dans des escaliers.

GLURBA – Attendez ! Ce n'est pas une bonne idée d'aller... pfff !

Trop tard, le Muun disparaissait déjà, se moquant bien de la lenteur du gastéropode en bure. Sans l'information sur la présence d'un Jedi en danger au sous-sol, Glurba aurait insisté quitte à se rendre ridicule. Mais entre un civil bizarre et un Jedi en danger, Glurba établissait une priorité. Il se laissa glisser des quelques marches qu'il venait de commencer à monter, et s'engouffra dans le sous-sol en s'éclairant avec son sabre-laser.

Il avait demandé à Louka de lui dire ce qu'il se passait à l'extérieur, mais même en vérifiant les voyants de son comlink, il n'avait reçu aucun message et aucun appel. Combien de temps la Miraluka voulait-elle prendre avant de l'informer de ce qu'il se passait ? Glurba craignit qu'il lui soit arrivé quelque chose. La situation était peut-être déjà catastrophique, et alors il se retrouverait dans la position de celui qui aurait besoin d'être secouru. Un comble.
Bon, autant lui laisser encore un peu de temps et se concentrer sur le Jedi coincé dans le sous-sol.

GLURBA – Il y a quelqu'un ? Je suis le Padawan Glurba Lugliiamo ! Quelqu'un est-il blessé ici ?
Voyl Clawback
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Depuis combien de temps n'avait-il plus rien bu ni avalé ? Clawback perdait la notion du temps, dans cette course contre la montre. Une chose était sûre : il ne tiendrait pas un tel rythme encore longtemps. Raison de plus d'écourter ces désagréables présentations ! Voyl avait plus urgent à faire que de discuter avec un Hutt au beau milieu des escaliers ! Quand il y repensait... Un Hutt jedi. Il ne connaissait guère cette espèce assez particulière, mais il ne s'attendait sûrement pas à la croiser chez les mystiques. Celui-ci devait avoir une histoire aussi singulière que son apparence. La vision avait de quoi troubler même les esprits les plus accoutumés aux étrangetés galactiques.

" Attendez ! ... "

Indifférent aux grommellements incompréhensibles du padawan rampant dans son dos, le muun continua de grimper, jetant toutes ses maigres forces dans cette improbable bataille. Clawback ignorait bien si les capacités des jedi leur permettraient de le rattraper, car il n'y pensait guère encore après avoir entamé sa longue ascension... Les marches n'avaient pas été pensées pour être gravies rapidement ou même régulièrement : il ne s'agissait que d'issues de secours. D'ordinaire, on empruntait ici les turbolift - Voyl le premier. Comment aurait-il pu résider quatre-cents étages au dessus du sol autrement ? Impensable ! Il le comprenait d'autant mieux aujourd'hui, alors qu'il s'échinait à gravir la volée de marches qui n'en finissait pas. Sa jambe était en feu, et sa vieille blessure l'aiguillonnait comme une paire d'éperons aiguisés. Son souffle d'individu peu enclin au sport et d'un âge maintenant respectable ne l'aidait pas. Quant aux trois coeurs dont il disposait, aucun ne semblait à même de tenir la cadence plus de quelques minutes. Insuffisant pour monter la dizaine d'étages qui le séparaient de son objectif. Plus il forçait, plus la tâche prenait de l'ampleur. A peine le premier étage atteint qu'il envisagea de s'y arrêter pour faire une pause. Des invectives agressives venues d'en bas l'en dissuadèrent : non seulement il n'en avait pas le temps, mais rester ici pouvait s'avérer d'une extrême dangerosité. Il continua donc. Deuxième, troisième étage... Sous son vêtement de velours, à présent en piteux état, Voyl peinait à maintenir sa température à un degré raisonnable. A chaque nouvel effort, il se replongeait dans les détails de cette ubuesque journée, dans les images de sa mémoire et surtout, dans les décisions étranges qu'il avait prise. Il restait persuadé que son but en valait la peine. Avoir tort lui coûterait trop cher pour que cela soit envisageable. Alors ? Plus il continuait, plus cette résolution semblait le porter en avant, comme si quelqu'un quelque part avait voulu qu'il y parvienne, pour des raisons qui lui échappaient encore.

" Bon sang... C'est impossible. Je n'y arriverai pas... "

C'était davantage son corps malmené qui parlait que sa tête, folle de rage à l'idée de se rendre. Mais aussi saugrenue ait été l'idée de départ, Clawback ne pouvait plus espérer faire demi-tour : dans l'état actuel de la tour, son seul espoir résidait dans l'activation de systèmes de communication hyperspatiaux tels que les holocommunicateurs centraux du bâtiment. Le muun gardait précisément en mémoire les lieux qu'il avait visité quelques heures plutôt dans la journée, bien avant que cette réunion ne tourne au désastre. Il savait où aller, à présent que les lumières encore intactes grésillaient de nouveau. Avec un regard douloureux au plafonnier, le muun sentit ses épaules s'affaisser de . Il était fourbu comme il ne l'avait plus été depuis des mois. Marcher le long d'un couloir était un exercice qu'il maîtrisait bien. Grimper des escaliers... Eh bien, personne ne prenait les escaliers sur Coruscant. Personne ! Un tel exercice n'était pas fait pour lui, ni pour aucun muun de son âge.

" C'est trop long. Trop long ! Il faut que je trouve un autre moyen. " dit Voyl pour lui-même, se redonnant contenance par la même occasion. Réfléchir restait autrement plus facile pour lui que grimper.

Comme pour le rappeler à la dure réalité qui était la sienne en cet instant, une salve d'un rouge éclatant vint briser la vitre qui le séparait du vide, lui arrachant un cri de stupeur au passage. Clawback loupa la marche suivante et roula contre le mur, le regard plongé au travers de la brèche : des bruits divers émanaient de la rue en contrebas, témoins d'une scène d'une rare violence. Sa lourde chute lui avait endolori le coude, mais le muun n'y prêtait guère attention : d'autres tirs perdus continuaient de s'écraser ci et là sur la tour, à l'aveugle. Il vint clairement à l'esprit du scientifique qu'il avait été que personne ne pouvait l'apercevoir d'où il était, projeté contre le mur intérieur : ces salves ne lui étaient donc pas directement destinées. Cependant, cela n'arrangeait rien. Un seul tir au mauvais moment pouvait mettre un terme définitif à sa folle escapade - et à son existence par la même occasion. Voyl respira, avant de se relever avec lenteur. Un tremblement parcourait le bras qui avait amorti sa chute et ses jambes ne le tenaient plus si bien. Il parvint à se remettre debout et à reprendre la marche. Il avait fini par abandonner l'idée de courir. Il eut une brève pensée pour les jedi, coincés en bas, sans aucun doute en train de repousser un assaut : au final, ils allaient enfin démontrer pleinement leur utilité... C'était triste, mais Voyl préférait penser que c'était la juste marche des choses. Certains étaient faits pour se battre sur le terrain arme à la main, d'autres pour diriger l'économie d'une galaxie depuis un bureau calfeutré. On faisait rarement les deux à la fois !

Avec la même implacabilité que celle qu'il avait toujours envers lui-même et envers les autres, le directeur adjoint s’arque-bouta sur les marches pour continuer. Le combat faisait rage au pied de la tour, et sans doute aussi dans toutes les rues adjacentes. Ils avaient trop tardé : maintenant, Clawback le savait, c'était la fuite par en haut, ou la mort. Dans sa jeunesse, le vieux muun aurait certainement défailli à cette idée. Les années avaient fini par l'endurcir, comme elles le faisaient avec tout le monde, davantage encore avec ceux qui étaient amenés à côtoyer les milieux les plus immoraux de la société galactique. Le compte des marches continuaient quelque part dans un coin de sa tête, comme pour lui donner du courage : les chiffres croissants l'avaient toujours bien aidé en ce sens. Il en était présentement à mille quarante deux marches, ce qui constituait son record absolu. A mille cinquante six marches, il arriva au palier numéro dix, celui où devait se trouver la salle des holocomunications, selon son souvenir. Un intense soulagement le gagna lorsqu'il réalisa que cette fois, il touchait concrètement au but. Plus de jedi pipelette à l'horizon, plus de tirs intempestifs, plus de marches à franchir. Uniquement un long couloir immaculé au design plutôt de bon goût, à peine malmené par la chute des étages inférieurs, balayé par un vent sec et froid. Un couloir qui donnait de part et d'autre sur plusieurs pièces en apparence créées sur le même modèle. Presque familières à son œil de bureaucrate chevronné. Avec l'énergie du désespoir, il entra dans la première apparue sur sa route, plus par incapacité d'aller plus loin que par réel choix.

Clawback resta un instant à bout de souffle, dégoulinant contre le mur. Il ne se souvenait plus de la dernière fois où un déplacement lui avait demandé autant d'efforts... Dix étages à pieds. C'était du jamais vu pour un muun de sa condition ! Ironique, quand on savait qu'aucune tour d'Harnaidan ne faisait moins de trente niveaux. Question de prestige !

Lorsqu'il eut de nouveau la force de marcher sans haleter comme après un marathon, Voyl considéra d'un œil neuf ce qui se trouvait devant lui. C'était l'un des très nombreux bureaux qui peuplaient les étages de la tour. Certains meubles avaient volé à travers la pièce lorsque l'immeuble avait vacillé sur ses fondations, mais les imposantes consoles des calculateurs étaient trop solidaires des murs pour craindre d'être renversées. Il arpenta la pièce avec un regard inquisiteur, espérant découvrir quelque chose qui n'aurait pas dû s'y trouver. Hormis une fine couche de poussière portée depuis les fenêtres, rien de bien anormal dans un bureau déserté pour catastrophe imminente. Certains employés avaient laissés leurs effets dans leur fuite, et peut-être d'autres encore avaient terminé leur course quelques centaines de mètres plus bas, par les fenêtres brisées.

Finalement, il trouva l'un des terminaux utilisés par le groupe de travail du présent bureau : sans le moindre scrupule, il y amena l'un des fauteuils endommagés et s'installa devant l'interface. On aurait pu croire qu'il faisait autrefois partie du décors, lorsque la pièce n'était pas ouverte aux quatre vents. D'une voix sinistre, il s'adressa à la machine :

" Bien : voyons voir ce que tu as dans le ventre, toi. "

D'un seul coup, un seul, Voyl se vit propulsé des décennies en arrière, dans les quartiers généraux de la Banque d'Aargau, sur New Escrow. Un tout jeune ingénieur en communication et cryptologie en environnement de haute sécurité. Un intitulé aussi long et ennuyeux que l'auraient été ses missions de jadis pour un jedi. D'un geste sec et sûr, de ceux qui dénotent une longue habitude, Voyl Clawback démarra l'ordinateur.
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Décidément, ce combat n'avait rien à envier à ce que la Miraluka avait pu connaître en d'autres circonstances. Son action insensée avait certes équilibré le combat, mais elle se retrouvait à présent seule au beau milieu de l'escouade ennemie, avec pour seule arme son sabre laser et les pouvoirs de la force. Mais elle était une Padawan, déterminée à devenir Jedi, elle ne pouvait pas échouer.

En certaines circonstances, la meilleur défense reste l'attaque. Celle-ci en était une. Si elle restait à bloquer les tirs ennemis et leurs attaques, elle serait rapidement submergée, tandis que si elle attaquait et éclaircissait les rangs de ses adversaires, le dangers serait moindre. D'autant que sa diversion avait visiblement redonné courage aux soldats de la république, qui pouvaient à présent tirer en toute liberté sur leurs ennemis.

Ses blessures la faisaient souffrir, mais elle serra les dents et se mit en garde, prête à vendre chèrement sa peau. L'Ataru n'étant pas préconisé pour dévier les tirs de blaster, elle préféra l'esquive, se remettant à virevolter au milieu des soldats impériaux. Chaque mouvement qu'elle faisait, son sabre rencontrait la chair d'un soldat, tranchait à travers le tissu et les renforts d'armure. Chaque mouvement tirait sur ses blessures, et plus elle bougeait, plus elle ralentissait, la fatigue la gagnant, la douleur la distrayant de plus en plus...
Heureusement, elle n'était pas seule, les soldats républicains faisant de leur coté pas mal de trous. A la fin de la bataille, qui sembla durer bien trop longtemps à la Miraluka bien qu'elle ne devait pas avoir duré plus de quinze minutes, elle avait écopé de deux blessures supplémentaires, une au flanc et une seconde à la cuisse déjà atteinte. Les membres de l'escouade Oméga avaient également étés touchés, plus ou moins gravement. Trois d'entre eux étaient morts, deux autres ne pouvaient plus se déplacer sans aide, et il y avait encore quelques blessés légers.

Exténuée, Louka les rejoignit en boitillant, sa jambe blessée traînant derrière elle.

- Comment vont les civiles..?
- Nous avons de la chance, aucun n'a été tué... L'un d'eux a cependant été blessé, le couvert n'était pas assez grand...
- Je vois. Et nos hommes ?

Le soldat lui fit un résumé rapide des dégats subis par son escouade. Lorsqu'il en eut finit, elle resta pensive un moment, réfléchissant à la manière dont leur mission allait se poursuivre.
Elle poussa un léger soupire, lasse. Combien de temps leur faudrait-il pour retrouver enfin les bunker et se mettre en sécurité ? Elle ne serait très certainement plus en état de mener un autre combat comme celui-ci... Se laissant tomber sur un bloc de permabéton écroulé, elle alluma enfin son unité-com pour joindre son collègue.

- Ici Louka. La situation est sous contrôle, nous avons réussi à venir à bout des soldats impériaux... Mais nous avons plusieurs blessés, trois de nos soldats sont morts et deux sont momentanément invalides.

Alors qu'elle informait Glurba, l'un des soldats s'approcha d'elle avec un kit de soin. Elle se prêta de bonne grâce à un examen rudimentaire, coupant la communication le temps d'étouffer u gémissement de douleur lorsqu'il entreprit de désinfecter ses plaies, puis elle rouvrit le canal de discussion pour la fin de sa transmission :

- Comment ça se passe de ton coté ?
Glurba Lugliiamo
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Aucune autre réponse que celle, étouffée, de quelques tirs de blasters et d'ordres vocaux criés à l'extérieur. D'ici, Glurba n'avait pas la capacité de savoir comment le combat tournait, mais il était inquiet : Louka n'avait toujours pas communiqué l'état de la situation, et le message de l'escouade Oméga avait été alarmant. Et s'il était arrivé malheur à Louka ? Si Glurba se retrouvait désormais dans un bâtiment encerclé par des Impériaux ? Avec un civil dissident et un Jedi à secourir... La mission tournait au vinaigre.

Le Hutt obstrua ses narines pour éviter de trop respirer l'air chargé en poussière. Il faisait lourd, son mucus se faisait plus visqueux, le ralentissant alors qu'il rampait au hasard dans les locaux à la recherche du Jedi ayant besoin de secours.

GLURBA – Quelqu'un ? Y a-t-il quelqu'un de blessé ?

Glurba cligna des yeux lentement, chassant le petit sentiment de panique qui grattait à la porte de son esprit. Il avait l'impression que tout allait dans le mauvais sens. Sa mission allait échouer, et avec ça, il risquait d'être exécuté ou capturé par les Impériaux. Mais il n'était pas Hutt à céder à la panique. Il était un Hutt digne et fier, pugnace et plein de bonne volonté. Dans un groupe, c'est lui qui encourageait ceux qui succombaient au désespoir. L'Ordre Jedi devait mesurer sa chance de compter un Hutt comme lui dans ses rangs. Glurba devait se montrer à la hauteur de ses prétentions. Alors la panique pouvait bien aller chercher une autre porte à gratter. Son esprit y resterait hermétique.
Il était Glurba, et il gardait toujours la tête haute.

Il utilisa son sabre-laser pour s'éclairer. Après une bonne minute à scruter les recoins des salles du sous-sol, il discerna enfin un corps, allongé au sol, inanimé. A mesure qu'il s'approcha, il reconnut les vêtements de l'humanoïde blond : une bure jedi. Tachée de sang. Beaucoup de sang.
Depuis le début, Glurba n'avait même pas eu l'idée de se concentrer dans la Force pour détecter une présence du Côté Lumineux. N'importe quel Padawan à sa place l'aurait fait, c'était... un réflexe, normalement. Pas pour Glurba. Il était si mauvais dans la perception de la Force... Il faut dire qu'il s'y exerçait si rarement... Ca n'allait pas se développer tout seul chez lui.

Alors il avait sans doute perdu du temps et douté pour rien ; mais maintenant, il avait le Jedi sous les yeux. Inquiet de voir autant de sang souiller la bure au niveau de l'épaule, le Padawan gastéropode ne regarda le visage du blessé qu'une fois juste à côté de lui. En quarante ans depuis son recrutement au Temple d'Ondéron, le Hutt avait vu des Padawans devenir Chevaliers, des Chevaliers devenir Maîtres, tandis que lui était resté Padawan tout ce temps, et sans amertume puisque son évolution psychologique et physionomique était beaucoup plus lente que presque toutes les autres races qui composaient la population du Temple. Il avait vu des enfants devenir adultes, des adolescents devenir de vieilles personnes, alors que lui était juste passé de la puberté aux prémices de l'âge adulte.

Et ce Chevalier Jedi inconscient au sol n'était même pas né quand Glurba avait intégré le Temple d'Ondéron. Luke Kayan. Glurba avait vu cette petite frimousse de grand enfant pas encore ado, devenir le minois d'un bel éphèbe, que la cécité empêchait de s'admirer dans un miroir.

GLURBA – Maître Kayan !

Evidemment, Glurba ne maîtrisait aucun pouvoir de guérison. La plaie à l'épaule de Luke Kayan était récente. Le Hapien avait le corps chaud, peut-être un début de fièvre en réaction à une hémorragie. Glurba n'était pas médecin mais savait faire des diagnostics rapides... quitte à parfois se tromper, ce n'était pas un domaine de prédilection comme pouvaient l'être la mécanique ou l'informatique.
Sans se poser de question, Glurba s'ôta la couche supérieure de sa bure, et déchira un peu plus le vêtement de Luke Kayan. C'est alors que soudain, son comlink sonna.

Louka ! Glurba espéra de bonne nouvelle, et enclencha la conversation.

LOUKA – Ici Louka. La situation est sous contrôle, nous avons réussi à venir à bout des soldats impériaux... Mais nous avons plusieurs blessés, trois de nos soldats sont morts et deux sont momentanément invalides.

Le bilan était triste, mais pas autant que si Louka avait aussi été tuée ou capturée et l'escouade Oméga anéantie. Les soldats donnaient leur vie pour défendre leur patrie, c'était les affres de leur métier. Malgré les trois morts, Glurba sut se réjouir d'entendre de bonnes nouvelles.

LOUKA – Comment ça se passe de ton coté ?
GLURBA – Louka ! Je viens de trouver Maître Kayan inanimé dans le sous-sol, il est gravement blessé à l'épaule, je m'occupe de lui. Rejoins-moi au sous-sol dès que tu peux. Le civil Muun est monté aux étages contre mes ordres, on s'occupera de lui après.

Finalement, tout s'arrangeait ! Louka avait mis du temps à contacter Glurba, mais au moins, les Impériaux avaient été défaits, Louka était en bonne santé, et Glurba avait trouvé le Jedi et pouvait s'occuper de lui porter secours.

Il approcha la lame de son sabre-laser de l'épaule de Luke Kayan, surveilla le visage du Hapien, puis appliqua le laser sur la plaie pour cautériser et aseptiser cette dernière. Cela ne réveilla pas Luke Kayan. C'était inquiétant. Il était en état de choc à cause de la perte de sang. Au moins, l'hémorragie était stoppée maintenant, ou du moins sérieusement endiguée. Au cas où, Glurba utilisa son vêtement pour effectuer un pansement, serré comme un garrot. Il caressa affectueusement les cheveux de Luke Kayan, les souillant quelque peu de son mucus, puis s'affaira à coucher le corps sur sa queue. Les bras trop courts du Hutt rendirent l'action bien pénible, mais par l'effort, Glurba fut en situation de ramper en portant Luke Kayan sur sa queue.

Devant les escaliers, Glurba fit la grimace. Mais hey ! Il n'avait pas envie d'attendre Louka. Alors il essaya de grimper les marches sans laisser le corps de Luke Kayan glisser sur sa queue. Le Hutt avait pour ça un avantage : son mucus, d'autant plus que la sécrétion s'était faite plus visqueuse. Ca allait peut-être pouvoir maintenir le dos de Luke Kayan collé sur sa queue, et pallier l'impossibilité physique pour le Hutt de se servir de ses bras pour le retenir – en position normale, le fait d'être invertébré lui permettait d'attraper Luke Kayan malgré la petite taille de ses bras en proportion avec son long corps épais de grasse limace, mais pour monter les escaliers, Glurba penchait mécaniquement le buste vers l'avant, et ne pouvait pas garder les bras en arrière, il n'était pas à l'aise du tout.

Que des avantages, ce mucus. Quoi qu'en dise cette tête de mûle de Maître El'Dor...
Voyl Clawback
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Cela faisait des mois qu’il n’avait plus trouvé le temps de faire cela. Les ordinateurs étaient pour Voyl des partenaires autrement plus fiables et plus agréables que les individus : ils étaient infiniment performants en terme de calculs, silencieux, ne se plaignaient jamais de rien et ne se mettaient jamais en grêve pour des hausses de salaire. Les seuls véritables amis qu’il n’ait jamais eu, au fond.

Seul au milieu de la pièce dévastée, Clawback entama une première joute contre le système de sécurité de l’appareil. Les interfaces de la machine étaient celles que l’on trouvait couramment sur le marché professionnel : rien d’extraordinaire. Même après des années à traiter davantage de problématiques financières et managériales que purement techniques, Voyl, minutes après minutes, se replongeait avec un certain plaisir dans son ancienne vie. Les souvenirs lui revenaient avec les différentes manipulations, certaines d’entre elles datant davantage de ses travaux personnels en tant qu’étudiant que lors de quelques missions dans le cadre professionnel !

Le silence alentours n’était troublé que par les tremblements de la tour et le rugissement de la bataille en contrebas. Malgré tous ses efforts pour rester concentré sur sa tâche, Clawback ne pouvait s’empêcher de frémir. La scène semblait si proche… Tout cela le rendait plus nerveux que jamais. Si ce qui avait attaqué la planète débarquait ici, il n’aurait pas assez de son arme de secours pour sortir d’ici en vie. Pour cette raison, sa faible patience était déjà à bout : ces fichues machines n’y mettaient vraiment pas du leur !

L’ordinateur parvint finalement à retrouver le chemin du réseau interne de la tour, et le témoin de connexion apparut. Seulement, le muun commençait à trouver le temps long. Outre que les réseaux avaient subi de lourds dégâts, les serveurs de la tour ne semblaient pas dater du jour… Clawback, pressé comme aurait pu l'être un concurrent d'une course de pod, volait au-dessus du clavier pour naviguer entre toutes les fenêtres qu'il était parvenu à ouvrir en lançant le mode administrateur.

" Dépêche-toi donc ! Mais qui a calibré ces flux ?! Ces dubrillionnais ont décidément besoin d’une bonne remise à niveau… Plutôt que de construire des bunkers, ils feraient mieux d’investir dans des systèmes d’holotransmissions ! »

Le vieux muun plissait les yeux de mécontentement. Il s’était attendu à beaucoup de choses, mais certainement pas à être ralenti par… un matériel inadapté. Peut-être avait-il simplement omis de considérer l’état affreux des finances des firmes dubrillionnaises après les destructions répétées subies sur son sol. En y repensant, Voyl se trouva soudain stupide : l’ordinateur devait être l’un de ceux des employés de bureau, soit un poste de dépense négligeable. S’il voulait que sa tentative d'intrusion aboutisse avant plusieurs heures, il lui fallait retrouver les bureaux de direction et attaquer directement le cœur névralgique de l'installation. Dans ces conditions, devoir se remettre à courir était l'une des dernières choses dont il avait envie, ni même besoin. Cependant, la découverte suivante acheva de mettre un terme à ses espoirs : le poste ne possédait que des canaux de communication terrestre. Pas d'accès au système d'holocommunication hyperspatial.

" Pas de console d’hypercommunication installée ?! C’est bien ma veine ! Nom de… "

Furieux, il laissa son poing retomber lourdement sur le clavier, avant de s’en rependre
De mauvaise grâce, Voyl ferma l’interface et quitta le poste : il ne pourrait pas atteindre un réseau de communication externe avec ce matériel-là. Pas le choix, il devait continuer. Sa pause lui avait permis de reprendre son souffle et de reposer ses jambes. Néanmoins, se relever nécessitait bien plus de volonté, à présent ! Clawback s'arracha du siège avec difficulté. Il posa sa jambe douloureuse avec circonspection, avant de se diriger en boitant vers le couloir. La main posée sur l'encadrement métallique, il chercha à se repérer : quand l'évacuation de la tour avait commencée, ils se trouvaient bien au dixième étage, dans une tour qui n'en comptait guère plus de douze. Le sésame qu'il cherchait devait se trouver entre la salle de conférence et les bureaux du dessus. Tout en clopinant le long des murs, le muun continuait son intense réflexion, toujours plus doué pour penser que pour se déplacer. Plusieurs fois, le sol menaça de céder sous les secousses. A chaque fois, Clawback se surpris à prier pour que rien de tel ne se produise... Prier n'était pourtant pas son genre.

--

Dans la poussière et la fumée, les deux gardes du corps étaient finalement parvenus à retrouver la tour où Clawback avait été aperçu pour la dernière fois. Le bâtiment n'était pas le plus à plaindre du quartier, mais penchait à présent dangereusement au-dessus de la rue. Alors que Droomos contournait l'une des brèches dans le bitume, une clameur militaire le stoppa net. A quelques dizaines de mètres, deux camps s'affrontaient, l'un en position de charge, l'autre sur la défensive.

" C'est la guerre ! " s'exclama son binôme, galvanisé.

" C'est la merde, tu veux dire ! Il faut passer de l'autre côté. Allez, on y va !

-Tu leur dis quoi ? Qu'on est venu visiter ?

-Qu'on est en mission de secours ! Sors ton flingue, on sera pas de trop pour aider ! Pour une fois, on va vraiment faire ce pourquoi on est payé, figure-toi ! "

L'idée n'enchantait personne, mais il était trop tard pour se poser davantage de questions. L'ambiance était électrique, les cris et les tirs emplissaient la rue. La poussière soulevée empêchait d'anticiper le danger à plus de quelques mètres.

" Halte !! Qui va-là ?! leur beugla l'un des soldats, arme pointée sur la tête du karkarodon.

-Service de sécurité du Clan Bancaire Interalactique ! déclama Droomos d'une voix forte, on a perdu notre cible ! C'est de la plus haute importance : l'un de nos dirigeants est ici, quelque part au milieu de ce foutoir, sans protection !

-Désolé, on peut rien faire pour vous, grogna l'homme en baissant son blaster, l'Empire a lancé l'assaut sur la ville. Vous devriez questionner les jedi : ils en savent plus que nous au sujet des civils ! Restez pas là ! Allez !

-Des jedi ? "

L'alien, surpris, tourna machinalement la tête vers une silhouette qui virevoltait dans le brouillard, une lame lumineuse à la main. Le soldat ne chercha pas à donner davantage d'indices et repris position sur les barricades. Laissés seuls au milieu des tirs, les deux agents décidèrent d'un accord silencieux de foncer à couvert, un peu plus loin. Les tirs impériaux étaient nourris et d'une rare intensité.

" On entre ? Cette tour va se casser la figure ! J'vois vraiment pas pourquoi Clawback serait allé se fourrer dans un piège pareil ! Et pourquoi ?!

-Si je savais ce que Clawback pense, dit Shfall avec une grimace, je serais banquier, à l'heure actuelle. Alors me demande pas ça à moi ! "

Avec un élan redoublé, il se pencha au ras du sol et couru en direction de l'entrée de la tour. Une décharge d'un rouge vif vint s'écraser sur son épaule droite, et il roula en avant avec un grognement de souffrance. Cela devait bien faire dix ans qu'il n'avait plus ressenti les effets d'un tir de blaster...

--

Ils étaient bien ici : les larges plateformes de l'holocommunicateur et les projecteurs de la salle fonctionnaient encore, protégés temporairement de la destruction par la construction robuste de la pièce et sa position éloignée de l'épicentre de l'explosion. Les murs porteurs tenaient encore, donnant à Clawback une illusoire sensation de sécurité. Les vitres, en revanche, n'avaient pas apprécié la déformation subite de leurs cadres.

L'ordinateur étranger, bien que de fabrication conventionnelle, avait été lourdement pourvu en sécurité contre les intrusions extérieures. Mais, comme c'était hélas trop souvent le cas pour des entreprises qui n'étaient pas du domaine informatique, cette sécurité renforcée délaissait volontairement les connexions internes. En l’occurrence, le système n'était pas calibré pour empêcher l'un de ses propres ordinateurs de lancer des routines d'administration à partir d'un poste possédant les droits de lecture... Voyl soupira, machinalement contrarié par cette découverte : les dirigeants des corporations étaient si portés sur leurs profits qu'ils ne voyaient pas l'utiliser de se prémunir contre un danger somme toute dérisoire. Soit précisément l'intrusion depuis l'un des postes dudit réseau. Un risque, qui, si en temps normal réduit quasi à néant par l'impossibilité de se balader librement dans les étages, devenait dans ce contexte une porte d'entrée royale pour l'ancien ingénieur.

En tant que responsable des communications, le vieux muun était horripilé par tant de négligence : pour sûr, si l'installateur de ce réseau avait été sous ses ordres, il aurait fait ses valises avant d'avoir le temps de dire "crédit". Mais Clawback n'était pas au CBI, il n'était pas sur l'un de ses réseaux, il n'utilisait pas l'un de ses protocoles cryptés bien familiers. Seulement des configurations standards, sur un matériel standard, d'une entreprise qui n'avait rien à cacher... Vraiment ? L'idée germa dans un coin de sa tête, pour prendre soudain une ampleur considérable. Mais bien sûr ! Il était à présent entré directement dans le cœur du réseau : de ce point, il pouvait accéder aux fichiers stockés sur les postes encore accessibles ! Ce qu'il s'empressa de faire, mu par une avidité nouvelle. Finalement, les tableaux et maigres graphiques distillés lors de leur réunion allait prendre une saveur nouvelle.

La Veragi's Road Corporation leur avait-elle montré ses véritables résultats ? Ou bien, en bon flaireur avisé, Clawback avait-il raison de se méfier de sa santé insolente de firme fraîchement renflouée ? Tout en pianotant, le muun regardait défiler les dossiers entassés là par les différents services de la tour, ainsi sans doute. En d'autres circonstances, l'impression de se comporter en vulgaire hacker des bas fonds l'auraient mis mal à l'aise. Au milieu de ce chaos, réduit à devoir appeler lui-même des renforts pour espérer être sorti d'affaire, ses scrupules passaient en arrière plan. Il voulait savoir, il en avait dès maintenant l'opportunité pleine et entière ! Plongé dans son exploration inquisitrice, Voyl en oubliait presque qu'il n'était pas dans ses bureaux, sur Coruscant, mais bien chez quelqu'un d'autre, en plein espionnage.

" Certains devraient apprendre à faire le ménage sur un serveur, par le Sénat ! Ces humains n'ont vraiment aucune discipline... "

Au détour d'une liste, soudain, un dossier verrouillé, sobrement intitulé "001". "Fichiers corrompus, lecture impossible", indiquait maintenant l'interface. Dubitatif, Clawback contourna la lecture défectueuse en donnant aux fichiers une nouvelle extension. Une quinzaine d'essais plus tard, le récalcitrant coffre-fort virtuel cédait sous l'acharnement implacable du muun. S'affichèrent alors une série de comptes rendus, de tableaux, dont les titres semblaient complètement hors sujet : "commandes de pizza pour le bureau". " Comptabilité pour Nadine". " Huttball résultats de match". Quelque chose qui ressemblait davantage à des fichiers personnels qu'à des comptes rendus professionnels.

" Qu'est-ce que c'est que ces histoires ? " lâcha Clawback en cliquant sur l'un d'eux, sidéré. Soliloquer était devenu une vieille habitude. Le banquier avait fini par oublier qu'il n'y avait là rien d'autre que des machines dépourvues d'intelligence, même artificielle.

C'est dans cette solitude qu'un long fichier textuel s'ouvrit sur l'écran holographique. Le contenu de la commande de pizza, étrangement, ne comportait ni le nombre de pizzas, ni leurs ingrédients, mais bien une liste vertigineuses de transactions de montants ridicules, dans toutes les directions de la galaxie. Le tout crypté selon un protocole inusité en République, seulement connus des financiers habitués à traiter avec les hutt. Si l'intrus avait été moins avisé, sans doute le cryptage aurait-il suffi à garder secret ce qui l'était visiblement.

Les yeux dans le vague, voyant le texte sans vraiment le voir, Clawback s'assit sur le coin de la table, les bras croisés, l'air stupéfait. Stupéfait, il l'était. Aucun des invités de cette réunion n'était dupe : la République était un vivarium vaste et opulent pour les fraudeurs de tous poils. Mais même lui, après tant d'années, ne s'était pas attendu à ça : des financements occultes. Un instant, il songea aux investissements fantômes dont son collègue Yo'lan avait esquissé les contours un peu plus tôt dans la journée. Pourquoi dissimuler de l'argent nécessaire à une reconstruction ? Cela n'avait pas de sens...

A moins que l'argent en question ne soit pas issu des bons milieux. Le dossier prit soudain une désagréable odeur de soufre. Conscient qu'il venait de mettre le doigt sur quelque chose d'inquiétant - de très intéressant aussi - agrémenté d'un montant considérable d'informations annexes que Voyl ne se sentait pas d'analyser dans son état. Les dossiers cyrptés devaient contenir des mois, peut-être des années d'informations confidentielles. Il lui en faudrait peut-être autant pour tout traiter ! Il lui fallait enregistrer ces fichiers, avant que la tour ne soit détruite. Ou pire, dans son cas : que quelqu'un découvre qu'il venait de s'introduire illégalement dans un réseau privé d'une entreprise.

Avec méthode, il fouilla les compartiments des meubles environnants, à la recherche d'un support de mémoire, sur lequel il pourrait garder trace de ce qu'il venait de trouver. La pièce fut ébranlée par une nouvelle secousse. Les fondations continuaient de céder lentement, avec le déport progressif du poids de la tour. Bientôt, Clawback l'avait compris, il n'aurait même plus besoin de redescendre pour se retrouver au niveau du sol. Avec une énergie que seul le désespoir pouvait lui conférer, il finit par trouver quelques datacubes de mémoire usagés. Il s'en empara sans hésiter, prêt à le reformater au mépris de ce qu'il contenait, pour son propre bénéfice. Le petit engin s’inséra docilement dans le lecteur, et l'unité centrale se mit à ronronner tandis que la transcription de milliers de données se faisait au pas de course dans ses circuits.

Clawback serra le datacube à s’en faire blanchir les jointures. Lui-même peinait à prendre séant la mesure de ce qu’il venait d’apprendre. Lentement, il leva les yeux au plafond, comme pour tenter d’y discerner la présence d’un regard malicieux penché sur lui. Cette prémonition étrange qui l’avait assaillit aux pieds de la tour… Sa conviction qu’il lui fallait récupérer quelque chose au péril de sa vie. Est-ce que tout ceci était lié ? La réflexion le laissa vide et coi un instant. Il avait passé ces derniers mois à chercher en vain un moyen de relier les attaques dont il avait été la cible à l'une des figures qu'il détestait cordialement, sans succès. Se pouvait-il que le destin, l'univers, la Force - on pouvait bien lui donner n'importe quel nom - l'ait jeté ici pour cette seule occasion ? S'emparer de ces bêtes données informatiques ? Voyl regardait le cube.

Dans cette minuscule boîte, il tenait peut-être une authentique bombe.

Mais celle-ci ne lui était désormais d'aucune utilité : s'il ne parvenait pas à sortir d'ici, à quitter cette planète en un seul morceau, tout ceci serait vain. Les jedi ne manqueraient pas de l'arrêter de nouveau s'il rebroussait chemin, et bien qu'il n'en ait plus grand cas à faire, l'idée ne l'enthousiasmait pas du tout. S'il restait ici, fort était à parier qu'il s'agissait d'un suicide - certes d'une certaine classe, mais un suicide malgré tout. La gravité allait avoir raison de la haute résistance des murs du rez-de-chaussée.

Comme sorti d'un rêve, le muun secoua la tête. Il était loin d'en avoir fini : il lui fallait d'abord trafiquer les journaux de log pour effacer ces fichues traces, et ensuite... Lancer cet appel. Le seul moyen de court-circuiter une République trop lente et d'espérer qu'une flotte alliée puisse l'extraire de ce gigantesque piège. Une pensée pour ses collègues, toujours coincés sous terre, et Voyl les effaça aussitôt de son esprit. Les muuns n'étaient pas des sentimentaux, et l'exception de certains venaient confirmer cette triste règle. Soudain, un craquement sinistre lui fit lever le nez de l'ordinateur.

Le mur glissait : Voyl pouvait voir l'énorme fissure s'agrandir de secondes en secondes. Un souvenir abominable l'avait envahi, paralysé, alors qu'il était resté là, assis en attendant que l'hypercommunicateur trouve un récepteur acceptant le protocole de cryptage, quelque part dans le secteur. De temps à autre, comme un rappel de son impuissance, les hauts-parleurs crachaient quelques notes menaçantes.

" ….. "

Il n'y avait pas grand chose de plus pénible que cette attente, dans la solitude et le silence. Voyl ne croyait pas à l'échec, et pourtant, il ne s'était plus senti aussi peu sûr de lui depuis longtemps. Ce jour ressemblait beaucoup trop à celui, maintenant lointain, où il lui avait fallu batailler pied à pied pour pénétrer une salle des commandes sur un croiseur républicain. Que de batailles inutiles, de perte de temps, pour des choses si cruciales... La vie était faite d'immenses déceptions. Surtout pour les muuns.

" ………………… "

Dans les hauts-parleurs, c’était un concert d’artefacts plus désagréables les uns que les autres. Finalement, la recherche du canal aboutit, avec une séquence qui manqua de laisser Voyl à moitié sourd :

" …kkrrrrzzzzzzzzzchzrzzzzziiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiirkr… ici Frégate CVZO – 6777 Tau 34 ! …zzt… Nous vous recevons, poste 145, confirmez. "

Voyl s'empressa de réactiver le micro de la console.

" Poste 145 de la tour Veragi's Road Corporation, Dubrillion, aux coordonnées communiquées, système hyperspatial standard. Ici le Directeur Adjoint Voyl Clawback, pour Frégate CVZO – 6777 Tau 34 ! Ceci est un appel d’urgence, en vertu du protocole réseau CBI Secure Interconnect Hypercom : niveau de priorité maximal ! "

Clawback avait la bouche sèche en disant cela. Ses trois cœurs battaient maintenant à une telle allure qu'il en respirait mal. Quelque part à des parsecs de là, un agent des communications devaient entendre résonner ce souffle malade dans son oreillette, au milieu des bruits du pont de la frégate. Que pouvait-il bien penser, en entendant le nom du directeur adjoint, prononcé par cette voix presque souffrante, au beau milieu d'un bruit de fond digne d'un orage stellaire ? Voyl effleura la question, sans pour autant souhaiter connaître la réponse.

"... Une attaque subie sur Dubrillion ! De gros dégâts ! Je suis actuellement sur l'une des dernières plateformes d'hypercommunication de la ville : envoyez immédiatement des renforts sur le secteur de Dubrillion en vue d'une exfiltration ! Détournez toute la flotte disponible sur Mygeeto s'il le faut !! "

Avec le peu de souffle qu'il lui restait, Clawback tonna au travers du micro :

" C'est un ordre ! "

Si cette simple phrase ne suffisait pas, aucune ne pourrait suffire...
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