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- POUR L’EMPIIIRE !!!

Le cri du Guerrier Noanes est repris dans les rangées impériales, qui s’accrochent aux sangles de la navette qui est en train de foncer à toute allure vers le sol de Dubrillion.

- DANS QUELQUES HEURES, DUBRILLION SERA DE NOUVEAU DANS LE GIRON IMPERIAL ! GRACE A NOUS !

Sa lame tirée au clair projette des éclats lumineux dans l’appareil, comme des reflets de ce que l’on aperçoit dehors : le feu rougeoyant des bases républicaines qui viennent d’être attaquées depuis les airs par les vaisseaux impériaux, dévastant une énième fois la malheureuse planète. Loin au-dessus d’eux, les vaisseaux de l’armée républicaine, postés là depuis plusieurs mois maintenant, ont du mal à réagir avec célérité. Et pour cause : tous les regards étaient tournés vers Dathomir, où l’Empire, a-t-on cru, se concentrait pour attaquer massivement.
Mais soudain, les croiseurs avaient surgi dans le secteur, et s’étaient mis sans attendre à bombarder Dubrillion, avant même qu’ils puissent réagir.

Heureusement, nombre de Jedi étaient dans le secteur… Mais certains d’entre eux partaient déjà pour la planète Gree, dont on disait qu’elle aussi serait attaquée prochainement…

- ALERTE ! ALERTE ! MAYDAY ! Ici le centre de contrôle spatial de Dubrillion, pour le Féroce. Me recevez-vous ?
- Nous vous recevons cinq sur cinq, centre de contrôle, répond avec efficacité l’officier des communications disposé sur le pont de commandement du Féroce. Nous sommes en manœuvre pour attaquer les vaisseaux vous bombardant, centre de contrôle. Nous faisons aussi vite que possible. Les chasseurs seront sortis d’ici dix minutes…
- … Il sera trop tard, Féroce. Nous… Krrsshhh….
- Centre de contrôle ? Centre de contrôle pour le Féroce, vous me recevez ? Pourquoi trop tard ?! Centre de contrôle ?
- Krrrssrsrrhhh-cevons. La plupart de nos antennes sont tombées, le Féroce, les communications ne pourront dur… -çons évacuation de la zone. Nous s- KRRSSSSHHHIIT.
- Centre de contrôle ?

Mais il n’y a plus rien au bout du fil. Un instant l’officier pense que l’opérateur à qui il s’adressait a déserté son poste pour évacuer, avant qu’une voix ne lui parvienne dans son dos.

- Le centre de contrôle vient d’être rasé lui aussi.

L’officier des communications, en uniforme républicain bleu marine légèrement humide à cause de sa transpiration, se tourne vers son camarade, lui aussi livide. Puis tous deux, depuis la fosse, lèvent les yeux, décontenancés, vers le commandement. Un amiral les surplombe – ils n’ont pas besoin de répéter, il a tout entendu. Mais, les cheveux grisonnants et son visage à la peau noire ridée par l’expérience, il acquiesce calmement.
Il était là lorsque Dubrillion a été libérée. Il savait que ce jour viendrait…

- Lieutenant, annoncez que je prends le commandement dans l’attente des renforts de l’Etat-Major.
- Bien mon commandant !
- Quant à vous, faites venir le Maître du Conseil à bord, nous allons avoir besoin de nous coordonner… Et affichez toutes les images de la capitale que vous pourrez me dégoter sur les écrans tribord.
- Tout de suite mon commandant !

Bientôt, la retransmission de paysages dévastés par le feu est réalisée. Des édifices embrasés, des rues étrangement désertées, et des navettes impériales qui se posent de façon en apparence désordonnée. Elles vomissent des soldats aux uniformes noirs comme la suie, et sont parfois suivies de silhouettes drapées dans des capes tout aussi sombres… Lorsque soudain des puissantes explosions brouillent l’image. Même depuis la passerelle, elles sont visibles, se produisant de manière simultanée partout autour du globe. L’Amiral laisse échapper sa surprise :

- Qu’est-ce qui se passe en bas ? Est-ce l’Empire qui…
- Les senseurs indiquent que les charges ont explosées à l’intérieur même des structures civiles ! Ponts, autoroutes, gratte-ciels…
- Impossible, comment ont-ils…

Il marque une pause, réalisant alors l’incroyable vérité. Dubrillion avait tout prévu. L’Elan planétaire de reconstruction cachait une initiative toute autre : celle de miner les plus grandes villes, dans l’espoir de stopper l’inévitable retour de l’Empire. Pour être certain de n’être victime d’aucune fuite, ils n’ont pas jugé bon d’en informer la République.

L’amiral quitte des yeux le globe suspendu dans l’espace, se dirige vers une console pour se rapprocher des dernières images filmées à la surface. Il ne reste presque plus rien… L’av avenue centrale de la capitale de Dubrillion est en ruine. Et comme pour le narguer, un Sith y apparaît, sa lame rougeoyante et lui-même contemplant le désastre sous leurs yeux.

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Un rictus déforme le visage du républicain. Entre haine et satisfaction. Eux non plus ne s’attendaient pas à une résistance aussi extrême. Il faut à tout prix profiter de cet effet de surprise :

- Nous allons vous montrer ce que c’est que résister, petit Sith de pacotille ! A tous les officiers ! Ordonnez à la flotte de se regrouper autour de Destrillion. Je veux que toutes nos troupes d’élites se préparent à l’assaut. Nous allons forcer leur blocus et leur montrer ce que nous savons faire…

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- AMIRAL ! L’unité de défense de Destrillion est enfin opérationnelle !

Ca y est, l’alignement entre l’arme létale de la petite planète jumelle de Dubrillion et leur cible est parfaitement atteint. Et leurs troupes ont réussi à défendre leur base assez longtemps des assauts impériaux et de leurs alliés.

- Faites feu.

Quelques secondes plus tard à peine, deux traits lumineux traversent l’espace, comme des puits sacrés et létaux. Tout ce qui est sur son passage est pulvérisé, dont une partie de la flotte impériale. Les radios des Sith sont saturées d’alarmes, tandis que celles des républicains et de Dubrillion le sont de cris de joie. Avec une telle puissance, nul doute que l’Empire sera bientôt en déroute…

… Pourtant, au sol, la situation est loin d’être si évidente. La capitale de Dubrillion ressemble, une fois encore, à un champ de ruines. Un désastre en partie dû aux décisions gouvernementales locales, qui ont décidé de faire sauter une partie de leurs édifices pour piéger les impériaux au sol. Une stratégie payante à court terme, mais comment reconstruira-t-on Dubrillion après cela ?

Mais, sauf peut-être pour les banquiers que cela doit déjà angoisser vu les sommes d’argent englouties par le passé pour la reconstruction de la planète, la question n’est pas à l’ordre du jour. Pour le moment, il faut continuer à se défendre, et sauver les milliers d’âmes ensevelies dans les souterrains, qui espèrent pouvoir revoir le ciel de Dubrillion en paix un jour. C’est la principale mission des Jedi encore sur place…




-------- Dromund Kaas, Temple du Clergé Sith

La silhouette encapuchonnée de noir fait une révérence devant Darth Bekhaar, lui-même assis sur un fauteuil, une coupe de jus de juma à la main.

- Comment vont nos campagnes, Ajii’la ?
- La prise de Dubrillion est compromise, déclare froidement la voix féminine. Les troupes du guerrier Noanes ont été mis en déroute, la flotte d’Anoat également. A moins que le Général Stoker fasse une percée héroïque, la situation va mal. Quant à Gree… Les Jedi ont été plus réactifs et dangereux que prévus. Le commandement est passé aux mains de Darth Noctis.

Le seigneur soupire, dépité. Il savait que toutes les campagnes ne pouvaient aboutir, mais tout de même… Les Sith étaient censés se montrer plus héroïques que cela !

- Dites-moi au moins que Dathomir sera prise !
- Nous l’espérons, mon Maître. Les républicains y sont coriaces, mais nos troupes les ont pris par surprise. L’aide des Jedi ne leur sera peut-être pas suffisante.
- Il faut l’espérer, grogne Darth Bekhaar.
- Mon Maître, devons-nous envoyer des renforts pour aider le général Stoker ?

Un silence plane tandis que le Sith réfléchit. Puis il fait un signe négatif de la tête.

- Si Dubrillion est perdue, il est inutile d’engloutir des forces supplémentaires. Dites au général Stoker de faire de son mieux. Sa bravoure sera honorée.

… s’il revient vivant.

L’aube, rouge sang, s’illumine à mesure que l’astre solaire s’élève dans les cieux zébrés par les colonnes de fumées. Des grandes mégalopoles, il ne reste que des ruines branlantes, dont les rares édifices encore intacts menacent de céder sous leur propre poids. Leurs façades sont couvertes de tâches noires, impacts de lasers meurtriers ayant raté leur cible.

Oui, Dubrillion est libre, l’assaut impérial a été repoussé… Mais à quel prix ? Tout est à reconstruire… Pire encore : il faudra des semaines, peut-être même des mois, pour déblayer tous les gravats parmi lesquels les corps désarticulés de milliers de soldats et civils se décomposent lentement sous les rayons timides du soleil matinal. Le silence est assourdissant, seulement brisé par le bourdonnement des mouches, par le grondement des avalanches : éclats de permabéton qui dégringolent des carcasses informes de ce qui fut jadis d’impressionnants édifices.

Au milieu de la cité capitale, l’épave d’un destroyer éventré témoigne de la violence des combats spatiaux. La flotte impériale s’est repliée, a quitté le système aussi rapidement qu’elle est venue. Les pertes ont été lourdes dans les deux camps. La République ne saurait se féliciter d’une victoire arrachée avec tant de difficultés. Les mines sont graves, les traits esquissent des moues dépitées, aux rides creusées par le stress et la fatigue. Si l’armée Républicaine n’est en mesure de protéger les innocents qu’elle prétend défendre, comment peut-elle encore affirmer pouvoir s’opposer à un Empire toujours plus agressif, plus téméraire, plus meurtrier…

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Et c’est bien la même question qui traverse l’esprit de tous les natifs de ce monde, alors qu’ils émergent des bunkers souterrains. Si leurs propres chefs n’avaient pris la décision de construire tout ce réseau, de saper les fondations de leurs cités, bon nombre d’entre eux seraient tombés sous les tirs, ou bien : capturés, déportés, réduits à l’état de citoyens impériaux de bas étages, dépourvu du moindre droit.

Oui, Dubrillion est dévastée, réduite en miette, défigurée. Oui, il faudra bien des années pour tout reconstruire… Mais Dubrillion est libre. Et elle a prouvé au reste de la galaxie que la République seule n’est en mesure de protéger les mondes neutres des pulsions belliqueuses de l’Empire Sith. L’amertume est dans tous les cœurs, toutes les têtes. Le sentiment de n’être qu’un dommage collatéral de plus, dans ce conflit qui oppose les deux grandes puissances galactiques, se répand comme une trainée de poudre. Aussi, très rapidement, des voix s’élèvent. Des cris, des slogans, qui réclament, avec colère, le départ des Jedi et des Républicains jugés au mieux incompétents, au pire totalement irresponsables.

Oui, Dubrillion est sauvée. Mais elle s’est sauvée elle-même. Les silos de missiles sur Destrillion, le piège pyrotechnique ayant pris par surprise les forces terrestres impériales. Dubrillion a toujours été seule, neutre, indépendante, libre… Et elle le restera. Quoiqu’il lui en coûte.

D’autant qu’à l’heure actuelle, il n’y a de toute façon plus rien à conquérir : seulement des ruines fumantes à l’exhalaison fétide de chair en putréfaction. Dubrillion se reconstruira lentement, ou disparaîtra à tout jamais des livres d’histoire.