Le Masque de la Force
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En orbite,

Fort de son effet de surprise, l’Empire a rapidement pris le contrôle de l’espace aérien et orbital de Dubrillion. La République quant à elle prise au dépourvue n’a eu d’autre choix que de se replier, de se rassembler à proximité de Destrillion, sa planète jumelle, autour de son unique navire amiral : le Féroce.

Celle-ci, peu peuplée, n’est clairement pas la priorité des forces impériales qui ont rapidement été contraintes de se déployer afin de former un blocus autour de Dubrillion. Le plan est simple : brouiller les communications longues distances, et empêcher toute navette civile de quitter l’orbite, afin de s’assurer que les renforts Républicains ne seront prévenus que bien trop tard.

La flotte Impériale, bien que plus nombreuse, est donc forcée d’adopter une position peu avantageuse, tandis que celle de la République, à présent regroupée, serait capable de lancer une douloureuse contre-attaque. Mais le fera-t-elle ? Car dans son dos, sur Destrillion, se cache une base militaire vitale, mais vulnérable. Un site lance-missiles sol-espace capable de pulvériser les croiseurs amiraux ennemis à très longue distance. Le temps joue contre l’Empire… Lorsque la rotation de la planète le permettra, les silos cracheront leurs missiles, et alors, le cours de la bataille pourrait en être renversé.



Qui aurait pu dire qu’une mission aussi routinière, parcourir quelques mondes des Bordures Républicaines aurait pu se transformer en un tel cauchemar ? Certainement pas Evran… Et encore moins ce padawan, Avner, un tantinet impatient que le Temple lui a collé aux basques. Obtenir un rôle de chevalier « symbolique » n’excluait-il pas justement ce genre de… désagrément ? Apparemment pas. Il fallait croire qu’une, ou plusieurs, personnes avaient jugés bon de les associer, et ce, pour bien d’obscures raisons. Au début, tout s’était passé comme sur des roulettes : parcourir la frontière, faire de la com, rencontrer quelques personnalités locales influentes, des militaires de haut-rang… Mais visiblement, personne, au Conseil ou dans les hautes instances Républicaine, n’avait prévu la soudaine apparition de cette flotte Impériale.

Par chance, au moment de l’attaque surprise, les deux Jedi déambulaient dans les couloirs étroits d’une petite station lance-missile, sur Destrillion, planète jumelle de la convoitée Dubrillion. Donc loin, très loin, des premiers échanges de tirs. Une visite soporifique, mais d’importance : une manière comme une autre de réaffirmer les liens entre l’armée et l’Ordre. Cette petite base ne brillait certainement pas par sa taille, ou ses technologies novatrices. Non. En réalité, elle ressemblait plus à un amas de pièces de récupération installées à la va-vite par un paranoïaque redoutant un retour Impérial imminent. Ce dernier méritait certainement une médaille d’ailleurs… Car les Jedi le comprirent rapidement : si la situation pouvait sembler perdue, le contenu des silos, à eux seuls, pouvaient encore inverser le cours de la bataille. Seul « hic » : la technologie désuète de ciblage imposait aux calculateurs une ligne de vue directe, et il fallait donc gagner suffisamment de temps pour que la planète, tournant sur elle-même, permette un alignement adéquat.

Seulement, tout bascule, lorsqu’une petite force de frappe ennemie sort de l’hyperespace, de l’autre côté des forces armées Républicaines massées autour du Féroce. Des alarmes hurlent. Une panique presque palpable inonde l’air recyclé de la base… Celle-ci ne dispose de quelques défenses automatisées, d’une escadrille de chasseurs en parfait état, ainsi que d’une canonnière déjà prête à décoller. Les deux Jedi sont rapidement sollicités…


***


Mid E'roïb, immobile, impassible, observe Destrillion. D’ici, sa cible ne ressemble qu’à une minuscule tâche. Mais une tâche d’importance. Aujourd’hui, s’il réussit, il gagnera une renommée certaine auprès de l’Empire. S’il échoue, il perdra bien plus que quelques vaisseaux. A leurs postes, ses hommes s’agitent. Les ordres et les commentaires fusent. Après quelques instants, un homme s’approche, et lui résume la situation :

- Ils viennent de lever leur bouclier déflecteur. D’après nos calculs, il n’est pas en mesure de résister à un bombardement planétaire intensif… Mais ce genre d’opération risque de nous faire perdre de précieuses minutes, et de voir le reste de leur flotte nous prendre à revers.

Il baisse les yeux sur son datapad et reprend :

- Une escadrille vient de décoller. Une canonnière aussi. Tous nos chasseurs sont déployés également. Nos navettes de débarquement n’attendent plus que vos ordres…

Sa flotte, bien ridicule comparée aux énormes vaisseaux Républicains et Impériaux, dispose pour autant de suffisamment de force de frappe pour raser cette base. A condition d’adopter la bonne stratégie et de ne pas perdre trop de temps. Assaut frontal ? Bombardement planétaire ? Déploiement de troupes terrestres mécanisées fraîchement sorties de ses nouvelles usines ? Les options, multiples, n’attendaient que ses ordres pour être mises en branle. Malgré l’apparente faiblesse de sa cible, le cyborg se méfie… Des Jedi peuvent se cacher parmi les pilotes ou les forces défensives restées au sol. Et ceux-là, il ne faut surtout pas les sous-estimer.




Seuls les joueurs Evran Fykk, Mid E’roib & Avner Prim’lac peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un RP de stratégie, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de votre argumentation et de vos propositions ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : Evran – Mid - Avner.
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Quelle. Foutue. Journée.

L’alarme assourdissante résonnait dans ses oreilles comme un acouphène dont on ne pouvait se débarrasser. Le lieutenant Vizar, qui plus tôt lui faisait visiter les lieux, hurlait sans qu’Evran ne puisse comprendre ce qu’il essayait de dire. À leurs côtés, des soldats couraient dans le couloir en les bousculant; impossible de réfléchir deux minutes. Evran jeta un regard inquiet au lieutenant, qui s’acharnait à lui communiquer quelque chose malgré la cacophonie ambiante. Le porte-parole s’approcha, plissant les yeux pour mieux écouter.

- Absence…. du supérieur hiérarch… L’Empire va assurément… Il… faudra tenir la… jusqu’à ce que nous puissions faire feu…

Il reconstruisit certaines bribes avec les explications que Vizar avait fournies plus tôt pendant la visite. La planète allait immanquablement se retrouver vis-à-vis la flotte de l’Empire en orbite de Dubrillion. S’agirait ensuite d’appuyer sur le gros bouton rouge pour donner une chance aux forces de défense de la planète, et accessoirement à la flotte républicaine de répliquer. Jusque-là tout allait bien.

- Vous devez prendre le commandement de la station pour mener à bien les tirs de...

Il fut coupé par une autre bousculade. Mais cette dernière phrase, Evran l’avait bien comprise. Et elle ne lui disait rien qui vaille. Il resta interdit, sentant ses mains s’agiter d’elles-mêmes sans qu’il n’ait invoqué le moindre mouvement. Il était incapable de contrôler son corps, comment diable pouvait-il espérer commander une station entière? Un second officier fila dans le couloir en requérant l’attention du lieutenant.

- Lieutenant Vizar, chasseurs en approche. Nous sommes attaqués.

Bien sûr, manquait plus que ça. Déjà qu’Evran n’appréciait pas vraiment quitter Ondéron pour venir reluquer des missiles, voilà qu’il se retrouvait au beau milieu d’une bataille spatiale! Le petit groupe se rendit au pas de course jusqu’à la baie d’observation, où l’on pouvait voir les chasseurs de l’Empire en approche. Ils étaient nombreux, et le lieutenant tapotait du pied sans cesse, visiblement inquiet.

- Qu’est-ce qui se passe?

- Nous sommes en sous-nombre, nos effectifs sont insuffisants pour faire face à une telle menace... Heureusement que vous êtes là.

Vizar déglutit, tandis que le porte-parole alternait son regard entre la vitrine, le visage des officiers, et le lieutenant. Alors que les boucliers se levaient à l’extérieur, les gardes présents dans la pièce le regardaient tous, les yeux écarquillés, débordants d’espoir. Ils attendaient qu’il prenne une décision. Lui, le jedi déserteur à peine responsable de gratter le papier de l’ordre et de faire quelques pirouettes devant les caméras. Il n’en croyait pas ses oreilles; la responsabilité de la vie de ces innocents se retrouvait entre ses mains. Mais n’empêche, la confiance qu’ils avaient grâce à la présence de deux jedi était probablement le meilleur atout dont ils disposaient en ce moment. Et il fallait l’exploiter; avoir l’air de savoir ce qu’il fallait faire. Evran serrait les poings, réprimant un soupir. Une décision devait être prise maintenant, et il devait trouver l’avenue la plus efficace pour mener à bien la défense des silos. La flotte de la république comptait sur eux, même s’ils l’ignoraient probablement.

- Bon… eh bien il n’y a pas de temps à perdre. Envoyez vos chasseurs, et gardez l’artillerie en retrait pour l’instant.

- Bien reçu, l’objectif?

Evran jeta un nouveau coup d’œil par la baie. Il y avait forcément une façon optimale de faire tenir cet endroit un petit moment... Heureusement, la petite visite concoctée par Vizir – pourtant absolument soporifique – lui revenait peu à peu.

- Il faut impérativement empêcher un débarquement pour éviter qu’ils ne prennent le contrôle des missiles. Si nous restons assez près de la base, nous serons protégés par ces fameuses défenses automatisées dont vous nous parliez tant.

- Attendez… Comment cela, « nous »?

Le lieutenant fronçait les sourcils, tandis qu'Evran essayait de garder son sang-froid. Il allait risquer sa peau, et par le fait même celle du padawan qui l'avait accompagné bien malgré lui.

- Je serai aussi de la partie. Il y a un vaisseau supplémentaire dans le hangar, autant qu’il serve comme il se doit. Je serai en contact avec l’escouade pour les manœuvres.

Vizar acquiesça dans le silence, buvant chaque parole du « chevalier ». Evran avait cogité cette stratégie en à peine une minute, mais le conservatisme de sa défense lui accorderait probablement assez de latitude pour s’adapter à la situation. Evran fit signe à l'un des gardes de l'accompagner. Au moins, il aurait quelqu'un à ses côtés pour assurer le maniement de la balistique, et cela ferait une chose de moins à s’inquiéter… sans parler du fait qu'une quelconque aide pour manier l'Hurricane s’avérerait franchement la bienvenue. Vizar les salua.

- Que la force soit avec vous, maître jedi.

- Ouais, espérons…

Evran suivit les autres pilotes jusqu’au hangar, où une vingtaine de chasseurs posés au sol se déployèrent un à un. Devant eux, l’Hurricane se tenait là, parfaitement entretenu. Le conseil l’avait bien avisé que ce vaisseau appartenait avant tout à l’ordre jedi. Et comme de fait, à peine une semaine plus tard, sa coque était prête à prendre un coup pour lui. Se tournant vers le garde, il lança:

- J’espère que tu vous savez manier une tourelle de ce type.

Enfin, Evran s’immisça à l’intérieur de l’appareil, et referma la rampe derrière lui. Dans le cockpit, il fit démarrer le moteur à l’aide du droïde astromech, et alluma aussitôt la radio pour se connecter aux autres membres de l’escouade.

- Ici l’Hurricane. Établissez une formation défensive. Restez à proximité des défenses de la station et, surtout, ne laissez aucun transport s’approcher des points d’entrée. Que la force soit avec vous.

Il prenait sa voix sérieuse, mais il se trouvait plutôt ridicule d’utiliser cet adage. Et pourtant, le communicateur se doutait que cela créerait un certain gain de motivation chez les troupes. Ses troupes, se dit-il en essayant de limiter ses tremblements. Le porte-parole essayait de se rassurer lui-même en se disant que la situation s’apparentait à une partie de dejarik. Il en avait gagné des dizaines et des dizaines, pourquoi la chose serait-elle différente maintenant? Il vérifia à deux reprises que sa radio était coupée, et soupira mollement.

- Je n’ai pas la moindre idée de ce que suis en train de faire.
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Le Secrétaire-général écouta religieusement le discours de l'agent impérial qui avait été dépêché à ses côtés pour l'appuyer dans sa tâche. Et sans doute aussi pour le surveiller, comme le laissait supposer sa nature paranoïaque.

Beaucoup de choses s'étaient déroulées depuis sa rencontre avec le Moff Stoker, et l'officieux partenariat passé entre l'Empire, et Anoat, sa propre planète. Notamment, la flotte promise par le général Falleen, gage de générosité impériale, avait été construite à temps dans les chantiers navals de Kuat. Elle était fraîchement à sa disposition pour la première mission que lui confiait ses nouveaux mentors.

Les six bâtiments de transbordement de sa flottille étaient d'un tonnage respectable, mais comparés à L'Impie, qui en était le vaisseau amiral, ils n'étaient guère plus que des insectes sans importance ! Sa carlingue monstrueusement enflée contenait à elle seule les deux tiers de ses troupes mécanisées, fraîchement sorties des usines d'armement de son monde-forge, prêtes à être déployées contre la République.

Le cyborg avait fait façonner son navire selon ses propres goûts. La sublimité et la concupiscence, qui le caractérisaient avant tout. Et lorsque le conseiller impérial l'avait suivi dans la Salle d'Observation, l'homme avait été surpris de ne pas tomber dans une pièce bondée de personnel et de technologie. Á la place, il avait découvert un endroit qui rappelait davantage, en plus petit, la passerelle d'observation d'un vaisseau de croisière. Un immense canapé ocre aux lignes courbes était disposé face à une gigantesque baie vitrée qui offrait une vue époustouflante sur Destrillon. D'ici, la planète ressemblait à une grosse perle acajou flottant dans les ténèbres.

Mid se détourna de la verrière en réajustant sa cape pourpre. Avec sa stature figée et sa silhouette longiligne, il ressemblait à un porte-manteau drapé d'un lourd textile.

-Ne touchez pas aux navettes. Il n'est pas dans mes manières de faire des numéros de mimes. J'ai mes propres manières, issues de mon génie. Je vais écraser ces vermisseaux avec un bombardement orbital. » trancha t-il.

Il était dingue. Absolument dingue.

-Mais .. Excellence, intervint Rourk, le Capitaine Kedorzhan qui le secondait, nous serions extrêmement vulnérables à une attaque spatia .. »

-J'aime prendre des risques. Le coupa le cyborg. Je veux impressionner l'Impératrice. »

Il était parfaitement ridicule.

-Vous devriez écouter votre subordonné. » suggéra l'agent impérial qui avait beaucoup de mal à cacher son inquiétude.

La longue silhouette du Secrétaire-général se tourna vers le petit humain qui avait osé prendre la parole. Mid le toisa de toute sa hauteur, comme s'il voulait lui faire comprendre qu'il n'était rien de plus qu'une mouche.

-Monsieur le conseiller spécial de l'Empire, ne me dites surtout pas ce que je dois faire. J'ai horreur des ordres, voyez-vous. » dit-il sur une petite voix mesquine. « La flotte ennemie n'osera pas nous attaquer, elle s'encerclerait elle-même entre nos forces et celles du Moff Stoker. Ce n'est pas parce que les Républicains sont stupides qu'ils sont débiles. » ricana le cyborg.

En l’occurrence, Mid était confiant à l'idée que la flotte adverse n'oserait pas se disperser, alors qu'elle affrontait un adversaire redoutable. Le Moff Stoker, qu'il connaissait bien, leur avait naguère infligé une lourde défaite en orbite de Gravlex Med. Subséquemment, présenter la moindre faille à cet intrépide stratège était une idée qui lui paraissait bien suicidaire.

Le Secrétaire-général réceptionna la flûte de son vin préféré, apportée par un majordome Abyssin. Il glissa ensuite jusqu'à la verrière de la grande pièce, sans s'asseoir tout de suite sur le long sofa qui était installé devant la vitre. Les nuées de chasseurs-droïdes d'Anoat filaient vers la surface de Destrillon, telles d'insatiables essaims de sauterelles se ruant sur leur proie.

Mid tourna la tête vers un holo-panneau de contrôle intégré à la paroi du mur, qui affichait une image satellitaire du site ennemi. La base était installé dans une zone de regs stériles, et une grosse bulle bleu la recouvrait.

-Monsieur Rourk, il est temps d'ouvrir le bal. » déclara tranquillement le cyborg en portant sa coupe de fluide vers son système buccal artificiel, auquel il avait fait implanter des bio-papilles gustatives.

Le grosse taupe se mit au garde à vous avant de décrocher en direction d'une console de navigation. L'officier se pencha dessus et se connecta au crypto-canal général de la flottille.

-Á toutes les canonnières, ouvrez le feu sur l'objectif jusqu'à désactiver le bouclier déflecteur. Que les navigateurs actualisent régulièrement notre alignement sur l’obliquité axiale de Destrillon, il ne faut pas que nous soyons dans leur champs de tir. Que les escadrilles d'attaque anéantissent les chasseurs ennemis, ne les laissez pas approcher de notre flotte ! »

Quelques secondes venaient de s'écouler lorsque les astres s'illuminèrent d'une série de flash écarlates. Les armement coaxiaux des navires d'Anoat venaient d'entrer en action, faisant pleuvoir un déluge de lasers rouges sang en direction de Destrillon. Confortablement installé sur son canapé, Mid observait sa flotte bombarder la planète ennemie.
Sur le panneau contrôle qui affichait le plan tridimensionnel et en transparence de la base ennemie, il vit avec satisfaction les projectiles éclater contre la paroi colorée du dôme énergétique. Il le savait, ce n'était qu'une question de temps avant que leurs défenses ne cèdent. Après quoi, les choses sérieuses allaient commencer !
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HRP:

Evran tira sur lui la ceinture de sécurité du poste de pilotage alors que l’Hurricane s’envolait de la baie d’amarrage de la station. Les chasseurs avaient presque déjà atteint la station que les défenses automatiques tiraient à volonté sur l’ennemi, tandis que l’escadrille de défense faisait de son mieux pour attirer chacun des engins plus près encore. Evran vit sur son ordinateur de bord la tourelle qui venant tout juste d’être mise en service par le garde qui l’avait suivi à l’intérieur du vaisseau. Excellent. Le porte-parole changea sa fréquence radio pour communiquer avec lui :

- Je vois que vous êtes bien installé. Quel est votre nom, soldat?

- Kevana, monsieur Jedi.

- Appelez-moi Evran. Gardez ces chasseurs loin de mon vaisseau, j’vous prie.

- Bien reçu.


Evran revint à la fréquence principale, ajustant son casque pour qu’il soit bien confortable, puis inspira. Il aurait aimé prendre une pause pour apprécier l’immense pouvoir dont il venait d’hériter de facto par cette situation, mais le temps manquait. L’occasion de se reposer sur ses lauriers serait pour plus tard… si la défense était un succès. Sa radio résonnait en un hurlement, un de ses chasseurs avait été abattu alors que le chef de section faisait demi-tour.

- Monsieur Fykk. Chasseurs ennemis sur la défensive, ils n’approchent pas.

- Quoi? Par quel…

Effectivement, les chasseurs ennemis hésitaient à approcher davantage de la station. Que comptaient-ils faire? Evran n’eut pas le temps de s’interroger bien longuement qu’une vive lumière se refléta au coin de la fenêtre du cockpit de l’Hurricane. Le chevalier leva les yeux au ciel en direction du flash pour voir alors une série de jets rougeâtres filler à grande vitesse sur la station de Destrillon. Ainsi, ils ne comptaient pas capturer ces silos, mais bien les détruire pour empêcher qu’ils ne fassent de l’ombre à leur flotte principale. Cela ne se passerait pas ainsi.

- À tous les chasseurs, faites demi-tour vers la station, mettez-vous en retrait à un endroit où vous ne serez pas touchés par les canons pour l'instant et attendez mes instructions. Nous allons attendre patiemment un changement de stratégie de leur part.

Au même moment, le bouclier de la station subissait la pression énorme d’une première vague de tirs. De larges vagues difformes se créaient à la surface de la ceinture d’énergie, absorbant tant bien que mal les tirs. Pourtant, malgré l’impressionnante quantité d’information visuelle qui se dégageait, Evran savait que le bouclier serait en mesure de tenir un moment. Les boucliers les moins performants étaient parfaitement capables de tenir un siège de plusieurs dizaines de minutes; la tactique de l’ennemi était celle d’une mort lente et humiliante - à condition qu’elle réussisse. Ils avaient le temps. La voix de l’artilleur installé dans sa tourelle résonnait dans son casque de communication :

- Qu’est-ce qui vous fait penser qu’ils changeront de stratégie?

- Ils n’auront tout simplement pas le choix.

Le jedi essayait de se convaincre que la faille qu’il avait vue s’avérerait juste. Appuyant d’un bouton sur la commande de son ordinateur, il jeta un regard à son droïde astromech. Une sueur froide lui parcourait l’échine. Le fardeau de devoir diriger des troupes commençait doucement à s’installer sur ses épaules. Il contemplait alors, pour la première fois, la possibilité d’un échec.

- Lieutenant Vizar, nous allons avoir besoin de notre canonnière. Distrayez l’ennemi, je vais l’escorter moi-même derrière leur artillerie.

- Et s’ils vous repèrent?

- Vous vous tiendrez prêts à me donner un coup de main.

- À vos ordres, maître jedi.

Puis c'est alors qu'il réalisa la nécessité cruciale d'une diversion. Ce plan n'était pas stupide, mais il se devait d'être exécuté avec doigté et précision - des disciplines pour lesquelles le jedi n'avait aucun talent. Il retransmit alors le message au reste de l’équipage. Avec un peu de bruit, leur manœuvre furtive avait peut-être des chances de fonctionner.

- Laissons tomber l'attente, voulez-vous? Mettez-vous en position pour une attaque sur les chasseurs ennemis.

Peu de temps après, le vaisseau et sa batterie de canons quittaient la petite baie de la station, alors que l’Hurricane la rejoignit pour l’accompagner. L’escadron de défense s’agitait devant la baie pour cacher ses mouvements alors que le vaisseau d’Evran et la canonnière se détachaient petit à petit du groupe pour se dégager de la station. En faisant le grand tour ainsi, ils avaient moins de chances d’être repérés par les scanneurs de la flotte.

L’escadron se mit alors en position d’attaque, lançant une première salve de chasseurs se heurter contre la défense ennemie. Une, puis deux pertes. Evran vit l’explosion de loin, certain qu’il s’agissait de ses hommes. Un troisième vaisseau fut alors détruit. Allié, ennemi, il n’en savait que trop rien, mais le porte-parole constatait que ce genre de manœuvre était vouée à l’échec. Il calcula la distance de son vaisseau, priant qu’ils soient assez loin pour échapper à la détection.

- Battez en retraite, inutile de faire couler plus de sang pour le moment.

La commandante de l’escadron ne semblait pas partager son avis.

- Vous n’êtes pas assez loin.

- Qu’importe, rapprochez-vous de nos défenses.

Sans rouspéter, elle obéît, faisant demi-tour avec le reste de sa section. Evran ne pouvait pas se permettre d’imposer davantage de pertes inutiles, d’autant qu’il aurait besoin des chasseurs restants pour le couvrir si jamais l’on détectait sa ruse. Restait plus qu’à espérer que la chance - et par extension la Force - soit de leur côté.
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-Que fait le Secrétaire-général ? » demanda le conseiller impérial au chef de service Kedorzhan qui flanquait l'entrée de la Salle d'Observation avec d'autres gardes.

-Son Excellence ne souhaite pas être dérangée. » rétorqua sèchement la marmule qui maintenait debout d'unbras une gigantesque vibro-hallebarde. Ses cogneurs avaient des fusils lasers et des tatouages rituels à l'acide gravés sur le visage.

De l'autre côté de la grande porte ovoïde amarante, on entendait nettement le son subtile d'une mélodie, malgré les tirs soutenus de l'artillerie navale. Une dizaine d'étage plus bas, les centaines de canonnières tribords de l'Impie ouvraient massivement le feu vers Destrillon, imitées sans relâche par l'armement coaxial des autres vaisseaux de la flottille.
Les centaines de détonations sourdes et graves donnaient l'impression aux occupants du vaisseau amiral de se trouver dans une gigantesque usine équipée d’innombrables laminoirs au travail.

De l'autre côté du sas, dans la grande salle à la verrière qui offrait une vue panoramique sur les astres, le cyborg allait de basque en basque, effectuant régulièrement des balancés et des ballonnés sur le sol, sautillant ça et là sous la cadence de la musique diffusée à quatre-vingt décibels dans la pièce.

Mid dansait seul pendant que ses forces bombardaient Destrillon, jetant de temps à autre un regard réjouit vers la grande baie vitrée pour y contempler les traits écarlates chauffés à blanc filer en direction de la petite planète ennemie. Comment expliquer une telle conduite au cœur d’événements bellicistes où le dénouement était loin d'être joué d'avance ?

Parce qu'il était fou. Tout simplement.

Le cyborg pesta en remarquant l'appel en attente qui clignotait sur sa cross-com. Il s'arrêta dans sa valse et fit quelques pas sur le carrelage de marbre aux reflets ivoires.

-Eh bien quoi, Monsieur le conseiller impérial ? Je ne peux pas être tranquille quelques minutes ? »

-Excellence, les nouvelles de nos alliés sont inquiétantes. Le Moff Stoker est en difficulté face à la flotte républicaine. Nous devons presser l'attaque sur le complexe de Destrillon. »

Le cyborg sentit un frisson tiède lui parcourir la moelle épinière. D'un geste de main, il mit fin à la mélodie diffusée par des hauts-parleurs invisibles, avant d'indiquer dans son vox-link à ses prétoriens de faire entrer l'impérial.

-Je ne lancerais aucune navette tant que ce bouclier déflecteur sera encore debout. Mais soit. Nous allons préparer l'assaut final. » trancha t-il en saisissant son holopad.

Il pressa une petite commande, et l'image bleutée en trois dimensions du Capitaine Rourk qui se trouvait sur la passerelle de commandement apparut.
Le Kedorzhan était au milieu d'une grande pièce remplie d'holo-panneaux et de consoles de navigation. Le personnel naviguant fourmillait tout autour, courant ça et là en se dispersant anarchiquement de tout côté.

-Monsieur Rourk, quelles sont les nouvelles ? »

-Excellence, nous venons de repousser une attaque aérienne des républicains. Ils tentaient d'approcher notre flotte, mais nos vaillants chasseurs-droïdes les ont mis en déroute. » rétorqua la grosse taupe sans cacher sa fierté.

Mid fut satisfait de l'entendre. Pour la première fois son aviation spatiale se battait contre les républicains, et c'était une première victoire. Et bien qu'il s'agisse sans doute d'un repli stratégique de l'ennemi, il s'en moquait. Son égo en était suffisamment flatté.

-Prenez ces nouvelles directives, Capitaine. Tout d'abord, qu'on me fasse apporter un Zeltronien épicé, treize ans d'âge. Ensuite, que l'Impie et le Melchom regagnent l'atmosphère de Destrillon. Coordonnées 32’59.96″ N, 50’09.03″W .. »

Il fut aussitôt coupé par le conseiller impérial qui s'interposa sur un ton inquiet.

-Mais .. ? Vous ne songez quand même pas à descendre sur leur base ? »

Mid se tourna vers l'humain dont la présence l’insupportait depuis qu'il avait mis le pied sur le navire. Comment ce misérable cloporte osait-il l'interrompre, de surcroît sans l’appeler par son titre honorifique ? Il le toisa d'un regard méprisable et se pencha doucement sur lui.

-Et alors ? Vous avez peur d'être un peu secoué ? » dit-il sur un petit ton taquin.

Sans attendre une réponse, le cyborg se retourna vers l'hologramme tandis que l'humain posait une main sur sa poitrine en sentant sa ventilation s'accélérer. Il n'y avait plus grand doute sur la santé mentale du Secrétaire-général, il était complètement fou.

-Monsieur Rourk, que le restant de la flotte continue de bombarder sans relâche le bouclier déflecteur en adoptant une formation circulaire défensive. Lorsqu'il sera désactivé, détruisez immédiatement les défenses de la base ennemie, mais ne touchez pas aux silos. Que les deux tiers de nos chasseurs escortent l'Impie et le Melchom vers la surface. Je réserve une petite surprise pour nos ennemis. »

Quelques minutes plus tard, alors que l'artillerie navale continuait de tirer inlassablement vers Destrillon, on vit l'énorme carcasse du vaisseau amiral se détacher de la formation, suivit de prêt par le second plus important navire de l'armada. Entouré d'un essaim de chasseurs, les bâtiments filèrent droit vers Destrillon en tenant compte de son obliquité axiale pour entrer dans l'atmosphère, avant de mettre le gaz vers le secteur où se trouvait l'objectif.
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La baie d’observation se retrouvait obstruée par les déflagrations intermittentes qui venaient s’éclater contre son bouclier. Le lieutenant Vizar observait la scène en frottant nerveusement ses mains l’une contre l’autre. Combien de temps allaient-ils pouvoir tenir ainsi? Bientôt, sa nervosité se transformait en une frayeur complètement hors dimension. Le lieutenant ravala sa salive, regardant entre deux séquences de tir les destroyers s’avancer d’un mouvement lent, mais fatidique en direction de la base de silos. D’un geste vif, il agrippa le comlink posé contre le centre de commandement.

- Maître jedi, peu importe ce que vous aviez en tête, je vous conseille de faire vite.

Sur l’Hurricane, Evran reçut le message en voyant les effectifs de l’Empire Sith se mettre en branle. La défense de la base devenait de plus en plus incertaine. Les Sith étaient plus nombreux, et mieux équipés. Et pourtant, mine de rien, le temps continuait de filer. Si la base était prise, ils auraient peut-être au moins le temps de faire feu sur la flotte ennemie avant d’abandonner la station. Evran chassa aussitôt cette pensée de son esprit. Car il était encore temps de renverser la vapeur.

Priant pour ne pas encore avoir alerté qui que ce soit sur les radars ennemis, la canonnière et l’Hurricane se rapprochèrent le plus possible de l’immense destroyer, se positionnant sous les rangées de canon pour être à portée de tir. Il y avait fort à parier que, à l’écart des combats, les écrans protecteurs n’avaient pas encore été levés sur l’immense barge. Ils le seraient bientôt.

- Prêt? Allez-y!

Les canons du vaisseau lourd tirèrent à deux reprises en filant à toute vitesse. Des vrombissements massifs se firent entendre alors que les projectiles quittèrent la canonnière pour se diriger droit sur la rangée d’artillerie ennemie. La coque du destroyer explosa à plusieurs endroits, rejetant munitions et équipage balistique dans le vide intersidéral. Kevana, lui, faisait fonctionner la tourelle de l’Hurricane à pleine capacité, balayant de tirs une autre section. Visiblement, des canons avaient cessé de fonctionner. Combien? Evran avait du mal à le voir depuis le cockpit, trop occupé à regarder son radar pour s’assurer qu’aucun chasseur ne n’était égaré dans sa direction.

- Nous avons le temps pour une deuxième passe avant que des chasseurs rebroussent chemin pour nous intercepter.

Kevana approuva d’un enthousiaste cri qui faisait gricher les écouteurs du jedi, qui lui avait du mal à cacher sa fierté. Mais l’avancée du destroyer signifiait qu’il serait bientôt escorté par les autres vaisseaux. On voyait l’escadron impérial revenir vers leur vaisseau-mère. Ils avaient sans doute remarqué la fumée; impossible de rester plus longtemps.

- Manœuvre d’évitement, l’on retourne à la base.

Evran fit signe au droïde à ses côtés de mettre pleine puissance sur les réacteurs, quitte à retirer temporairement un peu d’énergie sur ses boucliers et sur sa tourelle. La canonnière aurait un peu de mal à suivre le rythme, mais il lui était toujours possible de faire demi-tour pour venir la protéger au besoin. Puis, une idée lui vint à l’esprit. Le porte-parole devait s'avouer ne pas avoir envisager la possibilité que ces immenses vaisseaux se rapprochent autant, pensant que seuls les chasseurs tenteraient l'attaque frontale.

- À tous les vaisseaux, sur ma position. Abattez les chasseurs ennemis un à un.

Si jamais les vaisseaux ennemis en venaient à le poursuivre ou à s’attaquer à sa canonnière, ils seraient alors pris par surprise par son escouade qui viendrait depuis l'autre côté. Et avec un peu de chance, ils réussiraient à balayer suffisamment le terrain pour espérer avoir une chance, même minime, de s’attaquer au destroyer avant qu’il n’atteigne les silos. Kevana, lui, s’agitait à travers la radio.

- Evran, ma tourelle ne fonctionne plus.

- Pas d’inquiétude. Je la remettrai en marche lorsque nous serons à portée des tirs ennemis. Pour l’instant, nous attendons les autres avant de lancer une offensive sur le destroyer.


Ils étaient seuls, coincés entre le vaisseau amiral et des douzaines de chasseurs impériaux. La coque de l’Hurricane ayant été réparée au temple dernièrement, il fallait espérer qu’elle tienne le coup.

- J’espère que votre Force peut nous éviter une mort certaine.

Du coin de son cockpit, il pouvait voir la petite troupe de la station s’avancer en sa direction, entamant les tirs sur l’ennemi. Gagner du temps, voilà tout ce qu’il pouvait faire pendant que la planète puisse avoir le temps d'effectuer sa rotation. Le Féroce ne pouvait pas leur venir en aide. Ou du moins, il mettrait trop de temps pour pouvoir faire une différence dans l’issue des combats.

- Nous le saurons bientôt, hélas.
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-Vous dites qu'on nous a tiré dessus ? » Mid s'énerva en se dressant devant le Capitaine Rourk.

-Oui Monseigneur, un vaisseau ennemi s'est approché prêt de nous en passant sous la couverture radar. Plusieurs batteries de la bordée bâbord sont hors-de-service. »

Le Secrétaire-général entra dans une colère froide. Le Kedorzhan commença à trésailler.

-UN chasseur ennemi a endommagé un destroyer escorté par un croiseur et des escadres de chasseurs ? »

Mid lui-même ne parvenait pas à y croire. Il avait ordonné exprès aux deux tiers des chasseurs de l'armada d'accompagner l'Impie et le Melchom vers la surface. Comment un simple aéronef pouvait-il réussir une telle prouesse face à l'armement ultra-lourd des protagonistes ?
Le Capitaine avait commencé à claquer des dents.

-Ce devait être un très bon pilote. » rétorqua le cyborg sur un ton amusé, avant de se détourner de son subordonné.

Il était descendu dans la Salle de Contrôle de son vaisseau où une légion d'opérateurs et de navigateurs gravitaient autour de leurs consoles de commande. Des images n'arrêtaient pas de défiler sur les holo-panneaux reliés aux terminaux de contrôle, tandis qu'un flux de données noosphériques se déversait continuellement dans le crypto-réseau interne. Les nouvelles en provenance de la flotte-mère était toujours aussi mauvaise. Stoker, son collègue, faisait face à un adversaire aux aptitudes stratégiques insoupçonnées, et la Marine Impériale avait déjà subi de lourdes pertes.
Subséquemment, Mid était convaincu que le sort de la bataille déprendrait de lui. Du moins, son ego surdimensionné s'en persuadait et, fidèle au sociopathe qu'il était, il était presque content de cette situation critique qui contribuerait à dorer son image auprès de la magistrature suprême.

Le vaisseaux amiral et son escorte se stabilisèrent à dix-mille pied au-dessus de l'écorce planétaire, à prêt de sept-cent milles de la base ennemie. Les navires se positionnèrent horizontalement de façon à braquer leur armement lourd sur un panorama de cent-quatre vingt degrés vers l'objectif adverse. Une nuée de chasseurs-droïdes, semblable à un menaçant essaim d'insectes, gravitait autour de la présence planétaire du vaisseau amiral et du croiseur Melchom.
On activa sans tarder les dômes-générateurs, déployant le bouclier énergétique des navires et les systèmes de contre-mesures. Progressivement, la petite expédition se transformait en une forteresse volante.

-Monsieur Rourk, où en sont les défenses adverses ? » questionna l'oligarque qui scrutait un holo-écran affichant une représentation satellitaire du site ennemi.

-Leur bouclier déflecteur est à vingt-trois pour-cent de ses capacités, Excellence ! Il ne tiendra plus longtemps sous les tirs de notre vaillante flotte. » rétorqua fièrement le gros Kedorzhan.

Mid longea une rangée de navigateurs attablés devant leurs écrans de contrôles. Il y avait surtout des Kedorzhans, qui représentaient l'ethnie principale d'Anoat, mais on trouvait aussi des Abyssins et quelques rares Ugnaught. Conformément à la politique racialiste du gouvernement tyrannique, les humains étaient proscris des activités relevant du secteur tertiaire. Le conseiller spécial envoyé par l'Empire auprès du Secrétaire-général se retrouvait subséquemment bien seul dans le ventre de l'Impie.

Mid saisit son vox-link et se connecta au canal des batteries tribords.

-Messieurs, dames, ici votre bien aimé Secrétaire-général. J'ai l'honneur d'organiser un petit jeu. Chacune de nos rangées de canonnières tribords représente une équipe. Vous allez ouvrir le feu sur le bouclier déflecteur adverse. La bordée qui aura enregistré le plus haut score de dégât recevra un titre honorifique ! »

Contrairement aux astropathes, les artilleurs étaient massivement constitués d'humains.
L'excitation gagna les rangs des marins qui s'installaient en hâte autour des machines. Sur la paroi de bord de l'Impie, trois rangées de volets de duracier se relevèrent lentement, dévoilant les menaçant museaux des canons télescopiques qui sortaient de leurs tanières. Un manège identique, en moins impressionnant, s'effectua sur le Melchtom qui flottait à côté du navire amiral.

Sur la passerelle de commandant, la voix essoufflée de Rourk qui traînait sa grosse carcasse de talpidé retentit à plein poumon.

-Feu à volonté ! »

Le Melchom fut le premier à ouvrir le feu, faisant pleuvoir un déluge de plasma qui s'abattait à bout portant sur la bulle protectrice des républicains. Rapidement, le bruit sourd des salves du croiseur furent étouffés par les détonations tonitruantes de l'armement coaxial de l'Impie. Les projectiles partaient les uns après les autres en filant dans l'atmosphère tels d'immenses pointes de lance écarlates.

-Nous avons intérêt à faire vite. Je vous rappelle que nous sommes au cœur d'une planète ennemie. » fit remarquer le conseiller impérial.

Mid inclina la tête vers l'humain, comme s'il constatait quelque chose de déplaisant collé sous sa semelle.

-Que vos vœux soient exaucés, petit Homme. » ricana t-il malicieusement. Il avait justement prévu de passer à l'étape suivante de son plan.

Sa sinistre silhouette glissa vers un groupe d'astronavigateurs qui étaient répartis en cercle autour d'une console pyramidale dorée.

-Gentlemen, veuillez pratiquer le déploiement des unités mécanisées de l'Impie et du Melchom. Que nos navettes les déposent sous notre base mobile. »

Les opérateurs obtempérèrent. Chacun d'entre eux sentait probablement sa ventilation respiratoire s'accélérer à l'annonce de cette nouvelle. On dirait bien que les choses sérieuses étaient arrivées.

Un commandant droïde quitta la Salle de Contrôle en direction du hangar Z1-54 où se trouvaient les transports de débarquements.

Quelques minutes venaient seulement de s'écouler lorsque deux escadres de navettes, semblables à un essaim de scarabées volants, jaillirent des deux navires par-dessous, plongeant littéralement vers la surface. La totalité des chasseurs affectés à la défense aérienne de la base mobile quittèrent brusquement leurs positions. Ils vinrent encadrer la force d'invasion terrestre qui piquait vers le sol ferme.

-Déployez les chars d'assaut anti-grav sur deux lignes de trois cent mètres à intervalle de cent-mètres. Commencez la progression vers l'ennemi, que les escadres offensives couvrent l'avancée des troupes mécanisées. » cracha Rourk dans son vox-link.

Le Secrétaire-général se frotta les mains en s'approchant de la verrière de la Salle de Contrôle qui offrait un panorama sur les nuages. Il regrettait que son fidèle Cohorte et le commando Sattius ne soient pas à ses côtés pour l'opération qui allait suivre, mais il restait confiant. L'ennemi était largement désavantagé sur les plans numériques et technologiques.

Il s'imaginait déjà gravir les marches de la citadelle impériale, pour annoncer son triomphe devant ses mentors.
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La confusion s’emparait du jedi, coincé entre les deux croiseurs impériaux et le combat qui faisait rage de l’autre côté. C’était la panique. Son escadron, lui, continuait de pourchasser les chasseurs ennemis, sans pour autant que cela n’affecte les tirs ininterrompus de plasma qui quittèrent les canons des deux gigantesques vaisseaux alors que ceux-ci continuaient leur inévitable approche. Malgré les quelques gains faits par Evran et la canonnière qu’il escortait, la majeure partie de l’arsenal ennemi semblait être intact. Tir après tir, les longs faisceaux de plasma rougeâtres parcouraient l’espace pour s’écraser l’un après l’autre contre le bouclier protecteur de la base, de plus en plus affaibli. L’ennemi n’avait que faire de leur petite manœuvre, de toute évidence. Pourtant, Evran ne renonçait pas à son attaque alors qu’il manœuvrait l’Hurricane pour se joindre au reste de son escadron, essuyant quelques tirs au passage. Ils avaient encore une chance d’abatte ce croiseur. Le porte-parole de l’ordre jetait d’inquiets coups d’œil à sa jauge d’énergie, tiraillée par sa vitesse et son propre écran déflecteur. Il avait intérêt à ne pas trop abîmer la nouvelle carlingue payée par le temple s’il voulait éviter de se faire égorger. Une inquiétude qui lui semblait tout à coup beaucoup moins importante face à l’hypothétique perte de cette base. Malgré le malentendu sur son commandement, il en était absolument responsable.

- Le bouclier ne tiendra plus longtemps, maître jedi.

Cette voix était celle du lieutenant Vizar, de plus en plus chevrotante, qui battait dans l’oreillette d’Evran. Celui-ci se voyait visiblement forcé de modifier son plan. Même s’ils venaient à bout des chasseurs, le temps lui manquerait pour percer les défenses des cuirassés impériaux. Non, le bouclier céderait, quoi qu’il fasse. Obligée de reculer plus près de la base, l’escouade continuait son vaillant combat contre les chasseurs, elle qui se retrouvait toujours poussée par l’avancée ennemie. Bientôt, l’Empire avait franchi l’orbite de Destrillon. Comment se faisait-il? Ne se sentaient-ils pas menacés par des dizaines de vaisseaux? Enfin, les croiseurs terminèrent leur course non loin de la base, visiblement prêts à déployer leurs troupes au sol.

- Le bouclier n’est plus qu’à 15% de sa capacité, je…

- Qu’importe. Ils vont essayer d’entrer, et cesseront sans doute leur bombardement pour éviter d’endommager les silos s’ils comptent s’en emparer. Préparez les tourelles et armez ce qu’il vous reste d’hommes à l’intérieur en cas de brèche. Je vais essayer de les ralentir.

- Nous avons des ordres du Féroce, monsieur. Nous sommes habilités à utiliser les missiles pour…

- C’est vers moi que vous vous êtes tournés pour commander cette station, lieutenant.


Evran se surprenait lui-même de son aplomb et de cette confiance sortie absolument de nulle part, compte tenu des circonstances et de son manque flagrant d'expérience en matière de commandement. N’empêche, même si l’ennemi continuait d’avancer, le jedi avait foi que le temps continuerait de faire son œuvre. Leur défense devait seulement s’avérer suffisamment efficace pour laisser la gravité faire tourner l’issue de cette bataille. Dès que les premiers silos seraient délestés de leur contenu, l’Empire n’aurait d’autre choix que de revoir à la baisse ses ambitions expansionnistes sur Dubrillion.

- Nous n’utiliserons les missiles que lorsque nous serons à portée de la véritable flotte sith, c’est compris?

Un silence mortuaire s’installait sur la radio alors que Vizar considérait les ordres d’Evran avec scepticisme. Il était partagé entre le protocole militaire et la parole de celui qu’ils venaient d’élire comme le protecteur de leurs installations; lequel des deux aurait plus de poids dans la balance?

- Très bien.

Pendant que la voix de Vizar s’éteignait et laissait de nouveau place aux micro-communications de l’escouade, l’on voyait les chasseurs ennemis se replier lentement vers les chargements d’unités terrestres qui se mettaient en branle. Sous la coque des croiseurs, les navettes de transport se préparaient à leur chute libre.

- Est-ce qu’on les laisse partir pour retourner vers la base? dit la chef d’escouade

- Négatif, continuez de les pourchasser. Sans défense, leurs unités ne parviendront jamais à avancer jusqu’aux silos.

Dans leur repli vers les navettes, les impériaux étaient sous le feu du bataillon de défense de la base, tandis qu’Evran intima l’ordre à sa canonnière de lui emboîter le pas.

- Vous reste-t-il du gros calibre?

- Quelques obus soniques, une quinzaine de missiles courte-portée.

- Excellent. Coups de semonce au sol sur la trajectoire des navettes.


La canonnière approuva sans discuter alors qu’ils descendaient davantage, se séparant du groupe, pour tirer plusieurs missiles en direction de la surface sableuse de Destrillon, à l’endroit où les forces ennemies se dirigeaient. Touchant le sol, les explosifs firent jaillir d’immenses giclées de sable, creusant leur chemin à l’intérieur de la croûte terrestre. L’air de la région se brouillait. Dans le meilleur des cas, les navettes seraient touchées par les tirs subséquents, mais l’alternative de les plonger dans un nuage de poussière satisfaisait amplement le jedi. Et s’ils modifiaient leur parcours, ils seraient des cibles faciles au-dessus du nuage. À l’écart des combats, l’Hurricane restait à proximité de la canonnière pour assurer sa sécurité. La nuée de droïdes, couplée aux autres chasseurs, demeurait une inquiétude certaine pour ses vaisseaux. Même qu’Evran se demandait s’il avait déjà vu se genre de défense auparavant tant la chose lui paraissait impressionnante. Les impériaux devaient avoir misé gros sur cette attaque, il faisait nul doute. Le jedi avait pourtant encore un ou deux tours dans son sac pour retarder l’inéluctable, et soustraire à l’ennemi le motif même de leur attaque. Seulement, il aurait souhaité qu’il y eût une façon mystique d’accélérer le temps, car cette bataille promettait déjà une nouvelle série de fastidieuses offensives.
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— Diantre. Que se passe t-il ? » s'inquiéta le cyborg en levant brusquement ses bras bioniques en l'air, constatant le brouillage des caméras embarqués de la force expéditionnaire.

— Excellence, ils bombardent la force d'insertion, nous avons de lourdes pertes. » souffla le gros Kedorzhan dont les allées à droite et à gauche dans la grande Salle de Contrôle lui donnait l'impression de faire un marathon.

Le Secrétaire-général n'avait pas prévu qu'un armement balistique d'une telle envergure soit à la disposition de l'ennemi, d'autant qu'il ne parvenait pas à détecter la provenance exacte du bombardement qui semblait tirer son origine de la troposphère.
Malgré la contre-attaque surprise, Mid maintint l'ordre de débarquement qui était en cours. Une bataille aérienne venait à nouveau de s'engager entre les chasseurs-droïdes et les défenseurs républicains, pendant que les transports d'Anoat continuaient leur inlassable descente vers la terre ferme. L'armement adverse avait provoqué le soulèvement d'un dense nuage de sables et de particules grenats qui masquait complètement la zone d'insertion. De nombreuses carcasses enflammées de navettes touchées dans leur descente vinrent brutalement s'écraser au sol en provoquant des explosions, tandis que d'autres plus chanceuses activaient leurs retro-fusées en commençant à se stabiliser. Chacun des énormes aéronefs tenait accroché sous sa carcasse une étrange masse de duracier, tel un rapace maintenant une proie entre ses serres. Les chars d'assaut anti-grav qui sortaient fraîchement des usines d'Anoat furent lâchés à une dizaine de mètres du sol.

Sur le pont du croiseur Korava qui flottait à plus de quatre cent kilomètres en orbite, Kryo Aldala observait de son œil unique les autres vaisseaux de l'armada qui apparaissaient derrière la verrière. Le restant de la flottille d'Anoat, essentiellement composée de corvettes légères et de quelques frégates, reposait inerte aux côtés de son navire. Jusqu'ici Kryo était tranquille, l'ennemi ne s'était pas encore manifesté, sans doute dissuadé par la posture défensive qu'avait adopté sa formation navale, mais aussi car il avait d'autres priorités. L’œil rivé vers un holo-écran qui affichait le film d'une caméra coaxiale d'un chasseur d'observation survolant le site du débarquement, l'Abyssin regardait la terrible bataille aérienne qui faisait rage dans les ténèbres oniriques de Destrillon. D'un calme naturel, il jaugeait l'évolution de la situation en tenant compte de chaque nouveau élément. Kryo savait qu'il allait bientôt jouer son rôle, et il comptait bien faire de son mieux afin de prouver sa valeur à la Nomanklatura. Lorsqu'il aperçut une première rangée mécanisée jaillir de l'énorme couverture de brume, il pivota vers son subalterne direct et ordonna d'une voix calme, mais tranchante.

— Préparez le déploiement de la Force Teknoïd, compte à rebours enclenché M-8. »

Á quelques milliers de mètres plus bas, la sinistre silhouette de Mid E'roïb s'approcha de Rourk d'un pas rapide.

— Capitaine, qu'attendez-vous pour abattre ces insectes ? » s'énerva t-il en observant sur un holo-écran la destruction de ses chasseurs par une mystérieuse escadrille ennemie.

Le gros Kedorzhan essuya le ruisseau de sueur qui lui dégoulinait sur le front.

— Sublime Excellence, ils disposent de pilotes chevronnés ! » se désola le talpidé en écartant ses bras, « La République a sans doute envoyé une escadre émérite pour défendre cette base. » supposa t-il.

— Pourquoi ne pas les abattre avec nos tourelles quadri-turbolaser ? »

Le Secrétaire-général pensait effectivement à l'armement défensif de l'Impie qui pouvait sans doute tirer à cette portée.

— Nous risquerions de toucher nos propres chasseurs, Excellence, c'est un risque trop grand à prendre ! »

Mid soupira en prenant congé de son subordonné. Il ne pensait pas que les choses auraient été si difficile, lui qui avait prévu d'écraser l'ennemi d'un seul coup en jouant sur l'effet de surprise. Ces maudits républicains le tourmentait. Il ne supportait pas d'être malmené par un adversaire numériquement inférieur, c'était pour lui le comble de l'humiliation !
L'esprit nerveux, il avait envie de se détendre et songeait sérieusement à remonter à la Salle d'Observation se livrer à quelques ballets de détente. Mais fidèle à sa nature profonde, il ne faisait pas confiance à ses comparses, lui qui s'imaginait d'une intelligence immensément supérieure au commun. Il fallait qu'il contrôle tout lui-même.

Trois majordomes Kedorzhans baignant dans des costumes de soie couleur de jade, richement décorées de gemmes, firent leur apparition par l'entrée principale de la Salle de Contrôle. Deux d'entre eux soutenaient un magnifique siège de velours pourpre aux accoudoirs garnis de jais polis, et qu'ils déposèrent dans un endroit surélevé de la grande pièce. Le troisième portait un plateau d'argent vif sur lequel reposait une fine coupe de cristal, ainsi qu'une carafe remplie d'un liquide doré. Le Secrétaire-général s'installa confortablement sur son trône et s'empara du second verre de son vin favori. Puisqu'il allait passer du temps dans cette pièce, autant s'y mettre à l'aise.
Il aperçut bien vite la silhouette sombre du Conseiller Impérial qui s'approchait de lui, gravissant les marches de la véritable colline où il s'était assis.

— Je crains que nous n'ayons plus beaucoup de temps, Monsieur le Secrétaire-général. Mon supérieur le Moff Stoker vient de subir un violent revers, et sa flotte est presque portée à moitié moins des effectifs de l'ennemi. Ils ne tiendront plus longtemps. »

Mais le tyran ne s'inquiétait pas le moindre du monde. Sa témérité folle sous-estimait largement la situation de Stoker. Il avait ce défaut bien connu des mauvais commandants de ne pas prêter attention à ses alliés, ni de tenter de leur venir en aide. Son narcissisme démentiel prenait ici tout son sens.

Sur l'holo-écran qui retranscrivait les images des manœuvres au sol, on apercevait maintenant distinctement les deux formations mécanisées qui étaient sorties de l'énorme nuage de brume vibrante. Malgré les cratères massifs creusés par les missiles adverses, les unités survivantes étaient quand même parvenues à se regrouper, mais du temps avait été perdu.

Depuis la cabine de son véhicule, UUL-14 accepta l'holo-message de l'Impie, et la grosse silhouette de Rourk lui apparut sous la forme d'un hologramme.

— Mettez les gaz vers l'objectif ! »

— Á-vos-ordres-sir. » rétorqua le droïde sur une monocorde voix métallique.

Depuis son trône, Mid observait les deux mugissantes vagues d'aciers qui progressaient vers l'objectif en ouvrant le feu. La caméra embarquée du véhicule de commandement retranscrivait directement les images depuis la terre ferme. La force d'attaque progressait dans une zone stérile, parsemée de steppes de regs rocailleux arborant des couleurs cendrées. La base de Destrillon était implantée dans cette vaste zone désolée qui faisait penser à un ancien massif volcanique. Le dirigeant bionique resta un bref instant à scruter les multiples holo-écrans, jusqu'à ce que la voix de son subalterne ne détourne son attention vers lui.

— Le bouclier déflecteur est désactivé ! Le bouclier déflecteur est désactivé ! »
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Evran avait fait l’expérience d’un regain d’estime. Son bombardement au sol avait porté ses fruits, et la perte d’effectifs dans les airs demeurait somme toute acceptable; il commençait presque à apprécier cette position de pouvoir. L’intimidation dont faisait preuve les forces impériales et l’arrogance monstre exhibée par leurs tactiques n’atteignaient que peu le commandant de fortune de la station. Les réjouissances furent néanmoins brèves. L’expression sur le visage du jedi changea dès qu’il vit la pointe des navettes quitter le nuage de poussière qui commençait à s’estomper au sol. Les troupes avançaient, et rapidement, en direction de la station. Toutefois, il était encore temps de les empêcher d’entrer à l’intérieur.

Le porte-parole tira plusieurs leviers sur son panneau de bord et fit un piqué pour faire un gracieux demi-tour, envoyant un signal au reste de l’escouade de se replier vers la base.

- Ok, il est temps maintenant de porter assistance aux défenses terrestres.

Depuis sa tourelle au creux de l’Hurricane, Kevana engageait au loin les navettes de débarquement; mais la distance qui les séparait du sol rendait la tâche difficile. Les autres chasseurs et la canonnière emboîtèrent le pas d’Evran vers la station, tandis que les défenses du croiseur s’activaient de plus belle, abattant trois ou quatre vaisseaux au moment de leur fuite, qui s’écrasèrent spectaculairement sur la surface de Destrillon. Le jedi ne s’en était pas rendu compte, mais il avait presque perdu la moitié de la force dont il disposait depuis le début de son offensive sur le destroyer. La confiance qui l’habitait plus tôt, il l’avait troquée pour une certaine honte qui remontait jusqu’à ses joues, et dont il avait du mal à se défaire. Encore à plusieurs centaines de mètres de la station, il vit alors le bouclier déflecteur céder aux tirs ennemis. Les impériaux avaient eu raison de la dernière barrière qui les empêchait de pénétrer les portes et d’accéder aux silos. Tout semblait perdu. Dans son aveuglement, dans son excès de zèle, il avait laissé cette position hautement stratégique tomber aux mains de l’ennemi. Un tir perdu en provenance du croiseur avait frappé de plein fouet sa coque, à peine encaissé par ses écrans de protection vu la puissance de feu. L’Hurricane s’ébranla fortement en tanguant vers la gauche. Son droïde astromech T3 émit quelques sons informant un retrait à l’alimentation auxiliaire pour garder leurs écrans actifs; le pilotage automatique redressant l’appareil du choc qu’il avait subi. Evran ne touchait même plus aux commandes, serrant ses mains l’une contre l’autre.

- Maître Fykk, nous attendons vos ordres. Que faire contre l’assaut au sol?

Il regardait la bataille se dérouler sous ses yeux, voyant que les tourelles de la station s’étaient activées pour faire feu sur les forces impériales qui s’avançaient à toute vitesse. Leur puissance de feu ne pénétrerait probablement pas leur armure avant plusieurs tirs, et ne les arrêterait surtout pas de trouver leur chemin jusqu’aux portes. De son état catatonique, Evran craignait prendre une décision qui causerait d’autres morts. Et si toute sa troupe se retrouvait anéantie? Puis, il regarda les silos, ignorant les appels de Kevana qui se demandait dans quelle direction l’Hurricane se dirigeait. Nulle part, visiblement, puisque le vaisseau avait maintenant dépassé la station tandis que les chasseurs restaient aux alentours, se protégeant des attaques et organisant leur défense sous les ordres de la chef d’escouade.

À l’horizon, la vue qui s’offrait sous ses yeux fut la seule chose qui puisse lui donner un coup de fouet. Reprenant contenance, inspirant une grande bouffée d’air, Evran voyait encore une issue se profiler. Les silos. Il fallait éviter qu’ils ne soient utilisés à mauvais escient, même si cela signifiait d’encaisser un sacrifice difficile à envisager, surtout pour lui qui n’avait que rarement vu la mort de ses propres yeux. Même avec l’aide de son entraînement, rester calme s’avérait être une tâche colossale. Et pourtant, il lui incombait de s’en affranchir. D’un clic de bouton, il engagea la communication avec le lieutenant Vizar.

- Vizar. Vos hommes au sol sont-ils prêts?

- Ah! Enfin! Oui, ils viennent de terminer de s’équiper à l’armurerie, et préparent un comité d’accueil à la porte principale. Mais nous ne sommes qu’une trentaine, et si les bombardements continuent, il ne restera plus grand-chose à protéger, je…

- Nous résisterons. Il le faut.


Le code d’autorisation accolé sur l’Hurricane permit à Evran de passer la barrière du hangar est de la station, faisant atterrir le vaisseau cargo dans une baie d’amarrage complètement vidée de ses occupants. Le jedi fut rejoint par l’équipe du centre de contrôle, tous armés, alors qu’il descendait de la passerelle dont s’expulsaient plusieurs colonnes de vapeur.

- Il ne nous reste plus beaucoup de temps. dit Vizar.

- Eux aussi vont en manquer. Depuis les airs nous commençons à apercevoir Dubrillion. Dès que le soleil se sera soustrait à la station, nous devrions pouvoir obtenir une ligne de feu acceptable pour frapper la flotte.

- En assumant que la station ne sera pas détruite d’ici là.

- Je crois que l’ennemi est plus intéressé à mettre la main sur ces missiles qu’à les détruire. S’ils continuent de bombarder, nous n’aurons qu’à nous débarrasser des armes en les envoyant dans l’espace.


Kevana accepta un blaster de la part d’un des soldats, et ensemble ils se dirigèrent vers les grandes portes auxquelles les forces ennemies allaient bientôt se buter. Près du sas, toutes les forces restantes de la base s’étaient agglutinées derrière des barricades de fortune. L’on avait posé une tourelle en retrait pour effectuer un tir de barrage dès la première brèche, ce qui empêcherait une entrée précipitée. Evran coordonna un positionnement optimal des troupes alors que Vizar avait pris le relais de la communication avec la chef d’escouade, qui elle poursuivait une défense ardue à l’extérieur. Écoutant la conversation, Evran comprit que les chasseurs continuaient de défendre la canonnière tandis que celle-ci dépensait ses dernières torpilles pour tenter de stopper l’invasion. Les tourelles qui n’avaient pas été encore détruites continuaient aussi à faire plein feu.

Ils avaient réussi un beau coup plus tôt avec leur bombardement, mais les troupes qui avaient passé le premier nuage de poussière restaient tout de même conséquentes. Combien d’entre-elles avaient-ils à affronter? Il l’ignorait, mais l’adrénaline s’occupait de lui faire garder son sang-froid. Plus rien ne l’ébranlerait désormais. S’il devait laisser sa peau pour que la république et ses collègues résistent à l’invasion, soit. C’était là une mort bien plus héroïque que celle d’un fonctionnaire aux communications campé derrière son petit bureau sur Ondéron. Evran porta sa main à sa ceinture, dégainant son sabre laser, puis enrobant sa poigne autour de son manche. Ils n’avaient pas dit leur dernier mot.
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— Excellence, nous avons un problème. »

La tête du dirigeant bionique pivota lentement vers le talpidé en lui jetant un regard interrogateur. Tout autour, les navigateurs semblaient brusquement s'affoler devant leurs consoles.
Que se passait-il ?

— Le système logique central du vaisseau a été touché lors de notre confrontation avec l'ennemi. Nous sommes entrain de .. »

— De ?

Les membres inférieurs de la grosse taupe commençaient à trembler tandis que lui-même donnait l'impression de se préparer à réciter un oral. Au bout d'un moment, il parvint à articuler une phrase.

— T-t-t-tomber vers la planète. » baragouina t-il.

Mid sentit une décharge glacée lui traverser la colonne vertébrale. Sa silhouette se figea un instant sur place, tandis qu'il sentait déjà une avalanche de frissons parcourir tout son système nerveux. Une dangereuse sensation caractéristique d'une sensation de chute libre. Brusquement, il se leva en s'aidant des accoudoirs de son siège, et perdit complètement la tête.

— IMBÉCILES ! VOUS N'ETES QU'UNE BANDE D’IMBÉCILES ! »

— OUI MONSEIGNEUR ! » beugla Rourk en se prosternant à genoux.

Plus bas, les troupes mécanisées poursuivaient leur inlassable progression sur le champs de bataille, bombardant sans relâche les positions défensives adverses qui étaient maintenant vulnérables.
Sur les ailes, plusieurs véhicules s'étaient immobilisés pour cibler l'ennemi plus efficacement. Certains chars tentaient de faire sauter les tourelles ennemies qui crachaient des langues de feu dans leur direction, tandis que d'autres tiraient vers le ciel d'où surgissaient régulièrement les chasseurs républicains qui les harcelaient comme d'infatigables rapaces.

Sur l'holo-panneau qui retranscrivait les images de la situation au sol, Kryo Aldala vit un char droïde se désintégrer à côté du véhicule de commandement, et entendant le son métallique des éclats qui ricochaient brutalement contre le blindage du char d'UUL-14. Son holopad vibra au même moment, précédant l'apparition de la sinistre silhouette du dirigeant cyborg.
Ce dernier semblait courir dans les couloirs de son navire. L'abyssin ne s'en étonna guère, déduisant qu'il s'agissait là d'un nouveau passes-temps de son mentor. Le marathon en indoor, qui venait naturellement après la danse classique, le jeu de paume, et les arts martiaux Tsaw-Tsaw. Une idée largement envisageable de la part de quelqu'un dont l'état de la santé mentale ne faisait plus aucun doute.

— Commandant Aldala ? J'ai décidé de lancer l'assaut final. Larguez vous troupes ! » croassa le tyran d'Anoat dont l'image rebondissait sous le pas de sa course.

— Ce sera fait, Excellence. » rétorqua simplement l'Abyssin.

Kryo se tourna vers ses subordonnés. En quelques secondes, le canal du croiseur fut inondé d'une panoplie d'ordres qui fusaient dans tous les sens. Quelque chose se préparait inévitablement.
Quelques minutes venaient à peine de s'écouler lorsqu'une nuée de navettes semblables à d'énormes vautours s'échappèrent du Korava en filant vers Destrillon dans un bourdonnement rauque.

Mid traversa un sas en courant, suivit de prêt par ses subordonnés affolés. La luminosité avait viré au rouge dans toutes les salles de l'Impie, et une alarme tonitruante retentissait sans avoir l'intention de s'arrêter. La perte d'altitude était maintenant largement perceptible. L'Impie, son joyau personnel qui sortait à peine des chantiers navals de Kuat, était en plein décrochage. Son possesseur n'arrivait pas à croire que la situation ait pu dégringoler aussi vite.

— C'est de votre faute, Monsieur le Secrétaire-général ! Si nous n'étions pas descendus en atmosphère nous n'en serions pas là ! Je ne manquerais pas de raconter à mes supérieurs comment vous avez traité cet objectif ! » explosa le conseiller impérial qui courait à côté du dirigeant bionique, vers la salle des capsules de sauvetage.

— Silence, vermine. Ce n'est qu'une question de temps. Nous massacrerons les républicains même si je dois y laisser mon plus beau navire. »

Il n'avait pas dit son dernier mot.

À travers le hublot de sa navette, « UUL-2 » observait d'un regard inexpressif la surface de Destrillon qui se rapprochait à mesure que les transports chutaient. Le droïde commandait cette troupe de choc qui devait remplir l'objectif ultime. Capturer le complexe lance-missile pour abattre la flotte républicaine. Ses automates étaient loin d'être des troupes vétéranes, mais son unité allait profiter de la diversion opérée par les forces mécanisées d'UUL-14 qui se rapprochaient de la base.
Le commando droïde serait déposé à l'intérieur de la base ennemie, au niveau du site des silos, avec pour objectif de s'en emparer le plus vite possible.

Pour cette opération coup-de-poing, les statisticiens embarqués de la flottille avaient évalué le taux de perte entre soixante-dix et cent pour cent, mais le dirigeant d'Anoat s'en moquait.

Depuis sa capsule de sauvetage qui filait vers l'orbite où se trouvait la flotille, Mid pestait en remarquant en contrebas le dôme lumineux provoqué par l'explosion de son vaisseau. Une raison de plus pour continuer à soutenir l'Empire, dans la guerre éternelle qui s'annonçait dans les ténèbres infinis de l'avenir.
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Destrillion s'est alignée avec la flotte de Mid E'roib. Il est trop tard... Des jets lumineux jaillissent et transpercent les vaisseaux impériaux et anoati...

Evran Fykk remporte la bataille.
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