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Suivant l'ordre de mon maître, j'attendis patiemment que les employés n'approchent de la porte, jusqu'à percevoir le bruit de leur pas. Lorsqu'ils franchirent la porte, Oblivion et moi ne leur laissions pas le temps de réaliser ce qui leur arrivait. Je saisissais l'un deux par la gorge, que j'écrasai dans le creux de mon bras gauche, tandis que mon bras droit maintenant son crâne dans une position fixe, où il m'était facile de l'étrangler, il suffoqua, jusqu'à ce qu'il perde connaissance et n'oppose plus aucune résistance. Mon attaque ne lui laisserait aucune séquelle, mais il ne devrait pas se réveiller avant plusieurs heures.
Oblivion, lui, ne prit pas autant de précautions avec les deux autres employés de l'immense hôtel. D'un main, il exerça par la force une pression immense sur la nuque de l'un des deux hommes, le faisant rapidement sombrer dans l'inconscience, puis attrapa de sa main démesurée le visage du dernier des salariés, avant de pousser la tête de ce dernier contre la porte qui venait juste de se refermer. Il y eut un bruit sourd, puis la victime s'écroula.

Une fois changés, nous traversions l'immeuble d'un bout à l'autre, jusqu'à trouver un ascenseur, et nous diriger au fameux étage ou nous allions enfin pouvoir rencontrer Bovarg. Alors que les portes s'ouvraient, mon regard repéra la façon dont le couloir était orienté. Nous étions dans l'angle de ce dernier, et quelques pas nous permettraient de rejoindre toute la largeur de l'immeuble, où nous pourrions trouver la porte qui nous mènerait vers les appartements de Maïza. Immédiatement, deux gardes nous regardèrent, intrigués. Après tout, nous n'avions rien à faire là. J'improvisai tout de suite :

-Bonsoir messieurs ! Désolé, nous sommes victimes de petits problèmes avec l’ascenseur ! Nous sommes les employés chargés de la maintenance ! Faites comme si nous n'étions pas là.

Je m'étais montré très avenant, très souriant. Je ne voulais pas prendre le moindre risque, et qu'ils préviennent tous leurs collègues était une option peu alléchante.
Jouant mon rôle à fond, je faisais mine de trafiquer les boutons de l'ascenseur, mon maître et Oblivion m'accompagnant dans ma démarche. Je jurai à plusieurs reprises, tapant contre le mur de la machine, et tournant le dos aux deux gardes, afin qu'ils ne se rendent pas compte que je ne faisais que brasser l'air et que je n'avais aucun outil. Finalement, alors que je devinais que ceux-ci devaient être de plus en plus intrigués, le guerrier Sith prit les devants et les incita à nous rejoindre :

-Venez nous aider bon sang ! On s'en sort pas de nous trois !

Les gardes s'approchèrent de l'appareil, l'air tout de même sur leurs gardes. Mais le mal était déjà fait, ils étaient dans un angle mort, invisibles pour leurs camarades. Le colosse poursuivit alors :

-Entrez, je crois qu'il y a un bruit bizarre non ?

A peine les deux vigiles étaient ils entrés dans l'ascenseur que nous les attrapions par le col, les poussant à l'intérieur de la machine, avant d'en refermer les portes, pour étouffer les cris qui retentirent presque tout de suite. Cette fois, je fus bien moins sur la retenue. Assis sur l'un des deux gardes, mon poing s'abattit avec tant de violence et en de si nombreuses fois que bientôt, le visage de ma victime fut méconnaissable.

Les portes se rouvrirent bientôt sur nos trois silhouettes, enjambant les corps inertes des deux gardes du corps. Sans même nous concerter, le guerrier Sith et moi-même nous ruâmes à la rencontre des autres gardes que nous devinions se tenir devant la porte de l'immense appartement de Bovarg. Nous avions avec nous une ou deux secondes d'effet de surprise. C'était plus qu'il n'en fallait. Alors que ces deux vigiles froncèrent les sourcils, manifestement pris au dépourvu par deux employés se ruant à leur rencontre. Profitant de toute ma célérité, je m'élançai devant Oblivion. Les deux gardes, surpris, n'avaient pas fait attention à leur positionnement. Ils étaient l'un derrière l'autre. Je sus saisir ma chance.

Ma lame ne fut allumée qu'un instant très bref, mais ce fut suffisant pour que l'existence des deux hommes n'arrive à son terme dans un soupir de surprise et d'effroi. Mon maître ne nous avait pas encore rejoint, mais à partir de là, je me contenterais de suivre les pas du mon aîné, et d'ouvrir la voie pour pour notre seigneur.

La porte était démesurée, ses poignées et ses gravures trahissait le luxe de l'endroit. Oblivion l'ouvrit avec insolence d'un coup de pied bien placé. Immédiatement, les hostilités furent déclarées. Un déluge de tirs de blaster s'abattit sur nous. Nos couvertures étaient désormais inutiles, Oblivion et moi dégainâmes nos sabres, prêt à massacrer jusqu'au dernier défenseur de la fameuse Bovarg.
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C'était la fureur des cris et des blasters. En quelques secondes, l'appartement paisible où Bovarg, dans le plus grand silence, parcourait les dossiers de ses affaires en cours s'était transformé en théâtre d'une véritable bataille rangée. Les sabres d'Oblivion et de Syn balayaient les airs et Noctis, apparemment imperturbable, traversait le vaste salon en surveillant constamment l'entremetteuse, soit qu'il eût une confiance entière en ses deux associés, soit qu'il se reposât sur la Force pour se préserver. Probablement un peu des deux.

Elle avait dégainé deux imposants blasters mais, d'un geste de la main, le Seigneur Sith les avait faits voler à travers la pièce. La femme lança une petite charge explosive sur la fenêtre, pour que l'explosion lui libère une issue de secours. Lorsque la vitre de transparacier fut pulvérisée, Noctis projeta une lourde table en travers du chemin de Bovarg. La femme fit volte-face et, après avoir jauger de la situation avec pragmatisme, lança d'une voix forte et autoritaire.

— Cessez le feu !

Si aucun éclair n'était sorti des doigts de Noctis, s'il n'avait pas essayé de la jeter dans le vide, c'était probablement qu'il voulait la prendre vivante et, quoique la perspective n'eut rien d'encourageant, puisque ni la fuite ni la victoire ne paraissaient plus des options viables, son choix avait été vite fait. Les quelques hommes encore debout baissèrent leurs armes et Noctis confirma d'un signe de tête à l'intention de ses deux fidèles, décidément fort efficaces, qu'ils pouvaient en faire de même. Un calme étrange revint ainsi sur les ruines fumantes des meubles, entre les cadavres.

— Je peux faire quelque chose pour vous, peut-être.

Fichue pour fichue, autant revenir à un calme professionnel. Son air détaché ne trahissait rien de la peur que Noctis parvenait néanmoins à ressentir en elle à travers la Force et Bovarg tira une chaise, qui avait survécu aux combats, pour s'y installer. En même temps, trois gardes de la sécurité de l'hôtel, flanqués de deux droïdes d'intervention, alertés par le vacarme, venaient de surgir dans l'entrée mais, quand leurs regards tombèrent sur les armes de Syn et Oblivion, ils reculèrent de quelques pas sans rien dire, tournèrent le dos et entreprirent de faire le guet, pour s'assurer que les Siths ne soient pas dérangés.

— Deux Nautolans en quête de gloire sont venus vous trouver et vous les avez mis sur un contrat contre le Seigneur Noctis et son Apprenti.
— Ça n'a rien de personnel.
— Ça n'a rien de légal non plus. Le nom de votre commanditaire ?
— Préserver l'identité de mes clients, c'est la première règle de mon commerce.
— Une fois, j'ai retiré à un homme petit à petit des fragments de son esprit, effeuillant ses pensées les unes après les autres. C'était un processus fort instructif, sur le plan psychologique, mais à la fin, il avait oublié comment déglutir et il a fini par s'étouffer avec sa propre salive.

On avait connu des anecdotes plus réjouissantes. Un silence circonspect suivit ce pittoresque récit puis l'entremetteuse finit par avouer :

— Darth Ombrios.
— Embryon ?
[color=purple]— Ombrios. Il vit dans le coin, enfin, tout est relatif : sur un astéroïde qui servait jadis de base à des pirates, en orbite de la dernière planète du système, une géante glaciaire inhabité.
— Une idée de la raison du contrat ?
— À part qu'il vous voulait mort, et si possible tous ceux qui vous accompagnaient, non. Ombrios est pas exactement du genre bavard. Il vit là-bas depuis une éternité, entouré de ses droïdes, et on est dit qu'il est devenu à moitié fou. Il a une usine minière entièrement automatisée à la surface de la planète, et ça lui offre un petit pactole, pour poursuivre ses expériences robotiques. Et payer ce genre de contrats.
— Pas la première fois qu'il faisait appel à vos services ?
— Il a embauché des mercenaires il y a cinq ans pour aller détourner un vaisseau hutt mais j'ignore quel était son objectif.
— Bien. Merci pour votre coopération.

Bovarg n'eut pas le loisir de répondre : elle avait pâli d'un coup, les yeux exorbités, et, bientôt, elle vacilla de sa chaise et tomba par terre, sous le regard tétanisé de ses gardes survivants. Son corps fut agité encore de quelques convulsions alors que Noctis achevait d'en drainer l'énergie vitale et, bientôt, la peau grise, les yeux vitraux, elle était morte. Par conséquent en pleine forme, l'Hapien quitta sa chaise pour s'approcher des deux autres Siths. Il murmura :

— Tuez les survivants.

Il n'y prenait pas de plaisir particulier mais c'était un exemple nécessaire, pour que le reste de la population criminelle locale assimile pleinement ce qu'il en coûtait de s'en prendre à un Sith, fût-ce sous les ordres d'un autre. Pendant que Syn et Oblivion s'acquittaient de leur besogne, Noctis rejoignit les gardes de l'hôtel.

— J'ose espérer qu'à l'avenir, votre employeur se montrera plus circonspect dans le choix de sa clientèle. Vous pouvez disposer.

Et comme les sabres lasers vrombissaient derrière eux, ils ne se le firent pas répéter deux fois.
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Oblivion et moi-même entretenions un vacarme constant. Qu'il s'agisse de nos sabres fendant les airs, des cris de peur ou de rage de nos adversaires, ou encore du fracas du mobilier renversé dans la bataille, tout tendait à transformer cette paisible et luxueuse pièce en un champ de bataille, et ce en l'espace d'un instant infime.

J'avais réveillé jusqu'à mes plus horribles instincts. Mon regard était celui des prédateurs les plus agressifs et mes gestes ceux d'un horrible hachoir à viandes. Après des années de tueries, j'étais désormais complètement capable d'éteindre la flamme de mon empathie, ne laissant plus chez moi que la froideur d'une abîme aride, que seule le sang pourrait rassasier. Cet aspect de moi était certes rebutant, mais très pratique lorsqu'il s'agissait de tuer sans état d'âme.

Mon maître fendit ce chaos sanglant sans même tenir compte du carnage, jusqu'à ce que celui ne s'interrompe. Alors que l'adrénaline redescendait, je pus enfin ressentir toutes les sensations auxquelles je n'avais plus prêtées attention : mon souffle saccadé, la moiteur de mon dos, mes muscles crispés. L'effort avait été considérable, et le retour à la réalité était comme toujours désagréable. Cependant, je ne relâchai pas mon attention, prêt à interrompre le moindre tir qui fondrait sur mon mentor.

Celui-ci tira une nouvelle fois les vers du nez de la fameuse Bovarg. Depuis Serreno, nous étions constamment obligés de nous battre, de convaincre, d'écraser. C'était bien sûr indispensable après l'agression dont nous avions été victimes, mais ma patience commençait à être éprouvée. Voilà qu'on nous envoyait encore ailleurs, sur une nouvelle planète, plus ou moins.
J'aurais voulu que l'on me livre le fameux Sith ermite sur le champ, que mon maître et moi puissions en découdre sans braver encore de nouveaux systèmes de défense, éviter de nouveaux obstacles. Quand notre revanche aboutirait-elle enfin ?

Aussi, après que Darth Noctis ne nous en ait donné l'ordre, son fidèle colosse et moi-même reprîmes le massacre sans broncher. Ce fut plus rapide : la résistance que l'on nous opposait était moindre. Les subordonnés de Bovarg avaient eu tout le temps d'apprécier l'ampleur de la tuerie qui s'était déroulée sous leurs yeux, et la mort de leur leader les avaient déstabilisés.
J'avais compris que ces meurtres étaient dispensables, mais qu'il s'agissait avant tout d'une démonstration de force. Aussi, j'optais pour des coups qui laisseraient des marques mémorables. Plutôt que d’empaler les torses, je les découpais. Plutôt que de décapiter nettement, je fendais les crânes au niveau de la mâchoire. Un corps humanoïde était rarement aussi laid et terrifiant que lorsque son visage était sectionné au niveau des dents.

Lorsque enfin, Oblivion et moi eûmes fini notre besogne, nous rejoignîmes notre maître, ne laissant derrière nous aucun autres témoins que les employés innocents, et une horrible scène de crimes, qui saurait marquer les esprits même des impériaux les moins impressionnables. Mon oeuvre était finie, aussi je muselais de nouveau la bête, réveillant un semblant d'empathie.

Je rejoignis mon maître, notre petite troupe se remettant en marche vers, je l'imaginais, notre prochain moyen de transport. Je me permis alors de lui poser les quelques questions qui me brûlaient les lèvres, tant la situation commençait à m'échapper :

-Maître, connaissez-vous ce Seigneur Sith qui vous veut du mal ? Savez comment en venir à bout ? Cette vile hors-la-loi nous a-t'elle seulement dit la vérité ?

Notre vendetta était impérative pour défendre notre nom et notre honneur, je l'avais compris. Mais serions nous suffisant pour renverser un autre Sith éminent dans sa propre demeure, entouré de droïdes prêts à le défendre jusqu'à leur destruction.

-Sauf votre respect mon maître, pensez vous que nous serons assez de nous trois pour venir à bout d'un tel ennemi ? Si cette femme a dit vrai, nous allons peut-être nous heurter à une vraie forteresse, et à un ennemi parfaitement préparé. Peut-être devrions nous au moins demander des renforts.

Je craignais que mon maître ne soit excédé par autant de questions. Mais il me fallait apaiser cette immense anxiété qui me saisissait aux tripes. Jamais je ne m'étais attaqué à une telle cible, et j'avais peur que mes talents de combattants et d'assassins ne me suffisent cette fois.
De plus, le simple fait de m'attaquer à un Seigneur Sith suffisait à me remplir d'appréhension. Mais après tout, c'était de cette appréhension, de cette peur que naissait les plus redoutables sentiments guerriers.
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- Oblivion, qu’en pensez-vous ?

L’une des clés de la survie, selon Noctis, se trouvait au-delà dans l’excellence personnelle : c’était la volonté d’écouter les avis de celles et ceux dont on avait choisi de s’entourer. L’appréhension de Syn, loin d’irriter le Seigneur Sith, l’incitait à réfléchir à la situation avec pondération. Il eût été imprudent et vain de repousser les inquiétudes de son Apprenti. S’il l’avait choisi, n’était-ce pas précisément parce qu’il accordait de la valeur à ses questions ainsi qu’à ses conseils ?

- Syn a raison, Seigneur, répondit Oblivion en pressant le bouton de l’ascenseur, un geste dont la banalité avec quelque chose de comique après le carnage auquel il venait de se livrer, Envoyons un message à Venenous, qu’elle nous rejoigne avec quelques acolytes et un vaisseau lourd. Un premier bombardement nous ouvrira la voie et ensuite, nous débarquerons. En attendant, nous pouvons toujours rester non loin de l’astéroïde, aussi furtivement que possible, pour s’assurer que cet Ombrios ne s’échappe.
- Hmoui. Hmoui, je pense que vous avez raison tous les deux, concéda Noctis, alors qu’ils s’engageaient ensemble dans l’ascenseur, d’autant plus qu’en effet, je ne connais pas cet Ombrios. Nous aurons peut-être affaire à un vieux fou à moitié dément, mais tout aussi possiblement à un ingénieur redoutable qui se sera constitué sa petite armée.

Et c’est ainsi que, près de deux heures plus tard, le vaisseau des trois hommes dérivait lentement à bonne distance du fameux astréoïde, dans le froid silence de l’espace. Chacun avait son tour de garde, en attendant que Darth Venenous, la fidèle Inquistrice de Noctis, une ancienne Jedi qu’il avait corrompue, ne les rejoignît avec le contingent qu’elle était en train d’assembler. En attendant, à bord, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire que méditer, se reposer et lire.

Les archives siths n’avaient pas été des plus loquaces à propos de Darth Ombrios. C’était un Bothan que l’on disait génial mais il était difficile de déterminer exactement les fondements de cette réputation. Il avait agi dans l’ombre pendant bien des années, avant l’avènement de l’Empire, fournissant aux futures armées siths des droïdes de combat, mais quand la politique impériale avait commencé à se mettre en place ses idées étroites et rigoristes ne l’avaient pas mis bien en cour. Depuis, il était isolé sur son astéroïde, perdu dans ses recherches robotiques et, disait-on, à moitié fou.

Si ce que l’on racontait de Darth Ombrios et de ses opinions était avéré, alors Noctis soupçonnait d’avoir été la victime d’un attentat pour des raisons essentiellement morales. Ombrios avait apparemment une vision des Siths proches de celles de Jedis, en tout cas pour les habitudes : une rigueur monastique, une abstinence de tous les plaisirs, et une adhésion à ce que le ssociétés avaient à proposer de plus traditionnels. Dès lors, sans surprise, il ne devait pas se satisfaire de l’ascension politique d’un Hapien coureur et réformateur, qui faisait parler de lui soit pour ses frasques homosexuelles, soit pour sa perspective parfois atypique sur les arts siths. C’était le choc des cultures.

Oblivion entamait son deuxième tour de garde quand il se présenta dans les quartiers communs de l’arrière du vaisseau, où deux couchettes étroites n’offraient qu’un confort rudimentaire.

- Elle vient de sortir de l’hyperespace.

Oblivion avait un immense respect pour Venenous, mais aucune sympathie. Mais elle n’en inspirait jamais à personne, sauf peut-être à Noctis. Son rôle principal, après tout, était de traquer les traîtres au sein de l’organisation tentaculaire de l’Hapien et, au-delà, de débusquer les ennemis parmi les autres Impériaux. Elle remplissait tout à la fois les rôles de police secrète, de juge et de bourreau, avec une efficacité implacable.

C’était un petit croiseur qui s’approchait d’eux, dissimulé de l’astéroïde par la masse de la planète glaciaire. Leur navette fut bientôt happée par les vastes hangars du vaisseau et, quand ils débarquèrent, une dizaine d’Acolytes, chacun dans les habits de sa planète, certains jeunes, d’autres plus âgés, attendaient, derrière Venenous. Celle-ci s’inclina profondément devant Noctis, avant d’adresser un signe de tête à Syn et Oblivion.

- Tout est arrangé selon vos ordres, Seigneur. Je crains cependant de ne pas avoir réuni de plus amples informations sur Ombrios. Il mène apparemment une existence isolée depuis un moment et je suis pour tout dire assez surprise d’apprendre qu’il se mêle des affaires des autres.
- Je ne doute pas pourtant que notre informatrice était parfaitement sincère. Rien dans son esprit ne m’a laissé croire à un mensonge. Prêts pour le bombardement ?
- Nous sommes en train de scanner l’astéroïde pour déterminer les zones sensibles, qui peuvent être détruites sans compromettre un débarquement.
- Très bien. Syn, établissez le plan de l’opération au sol avec ces acolytes. Oblivion et moi allons jeter un œil au plan de bombardement. Retrouvez-nous sur le pont de commandement, quand vous aurez fini.
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Lorsque nous rejoignîmes enfin le croiseur de mon maître, je fus apaisé. Nous étions enfin entourés d'alliés, enfin loin d'une terre inconnue ou hostile. Darth Venenous n'avait rien de conciliant, mais elle était sans doute la personne auprès de laquelle je me sentais le plus en sécurité, mon maître mis à part. Après l'avoir saluée avec tout le respect que je lui devais, j'allais à la rencontre des acolytes, serrant les mains de chacun d'eux. Depuis que Darth Noctis m'avait pris sous son aile, j'avais entrepris de m'intégrer le mieux possible au rang de ce dernier. Jusqu'alors, je m'étais très bien débrouillé, et j'avais même trouvé une certaine sérénité à être aimable.

Je restais en compagnie de mon mentor, curieux de prendre connaissance de la façon dont nous procéderions ensuite pour nous attaquer au fameux Bothan dément. Une fois que l'hapien m'eût chargé d'établir la façon de procéder une fois parvenu au sol, j'invitais silencieusement les acolytes à me suivre.

Nous nous rendions dans une pièce voisine. J'étais en totale improvisation, ce qui était assez oppressant. D'ordinaire, j'étais lâché seul au front, parfois sans plan d'extraction, avec pour seul rôle de tuer une cible, ou de multiplier les victimes. Manager une équipe, la coordonner, établir un plan général était parfaitement inédit pour moi.
Je me permis de prendre une grande inspiration, pendant que l'aîné des acolytes projetait au centre de la pièce un hologramme représentant la surface de la planète. Tout était angoissant dans ces circonstances. Tous ces regards braqués sur moi. Tous ces cadets qui n'attendaient que mes instructions. Il me fallait prouver ma valeur même aux recrues les moins importantes de mon maître. Et mon visage, le vrai, l'organique, était visible aux yeux de tous.

J'expirai. J'étais Syn Kieffer. Aucun champ de bataille, aucun complot ou alliance n'était jamais parvenu à venir à bout de ma ténacité. Peut importait la mission, je la menais toujours à son terme. Et mon nom, ce maudit Bothan le connaîtrait avant de rendre son dernier soupir.
Je me retournai vers mes camarades soupçonneux, la mine soudain plus sérieuse et déterminée que jamais. Je ne flancherai pas. Après tout, comment pourrais-je former et rendre opérationnelle la moindre section de combattants si je n'étais pas capable d'établir un plan ?

-Bien. Mes frères, des suggestions ? demandai-je.

Quelques vagues idées ou remarques pertinentes attirèrent mon attention. Un focus plus précis sur la surface de la planète, et la mine industrielle qui en émergeait. Il m'apparut comme une évidence que la mine devait être reliée par un réseau à l'intérieur de l'astéroïde. C'était donc un moyen simple de s'introduire sous la surface. Mais ce plan était sans nul doute prévisible, et nous devrions attendre le début des bombardements pour être surs de ne pas être accueillis par des régiments de droïdes armés pour tuer.

-Je veux tout le monde avec des tenues de camouflage, de quoi communiquer une fois au sol, armes de poings et armes blanches. Quelques mines anti personnelles, de quoi embrouiller les systèmes de droïdes. Si vous avez le sentiment que j'oublie quelque chose d'utile, innovez, ordonnai-je.
-Attaquer de front, c'est le meilleur moyen de se faire canarder.

Le plus vieux des acolytes, presque aussi vieux que moi, venait de tester mon autorité et ce, devant tout mes camarades. Je fis de mon mieux pour ne laisser transparaître ni ma surprise, ni ma contrariété. Je me contentai de faire quelque pas jusqu'à ce que nos visages se touchent presque. Il faisait quelques centimètres de lus que moi, et son regard était plein de défit. C'était un humain, dont la peau brune était gravement brûlée sur toute une moitié de son crâne. Ni un plaisantin, ni un néophyte. Je me devais d'étouffer ce sentiment de désobéissance dans l’œuf, sinon mon autorité serait sapée pour tout le reste de l'opération, et cela me coûterait cher.

-Et si je t'ordonne de te faire "canarder", alors tu le feras. Désobéir et battre en retraite, c'est digne d'une bête mal dressée. Et ces bêtes là n'ont pas leur place ici. Tu feras ce que je dis. N'est-ce pas ?

Mon regard soutint le sien avec dureté, jusqu'à qu'il hoche enfin la tête, signifiant par la même qu'il serait docile. Je me permis alors de poursuivre mes instructions :

-Prenez ce dont vous aurez besoin, je vais avertir le Seigneur Noctis que nous serons bientôt prêts à débarquer. Tenez vous prêts mes frères.

Les appeler ainsi me permettait de forcer une certaine familiarité. Je savais qu'il ressentait aussi cette proximité que l'on éprouve lorsque l'on va risquer sa vie aux côtés d'un camarade. Cette intimité qui se forgeait au combat, lorsque l'on luttait contre un ennemi commun. Ce genre de relations qui me permettaient de partager le fardeau du sang versé. Une fois que nous aurions fini ce que nous entreprenions -si nous y parvenions, j'étais convaincu de tisser un lien fort avec chaque acolyte présent à mes côtés.

Je rejoignis ainsi mon maître et ceux qui étaient restés à ses côtés. Dans l'atmosphère qui régnait, il y avait cette tension, cette ardeur silencieuse qui faisait reparaître chez moi la moindre de mes habitudes. Ma démarche était raide, militaire. Mon regard était vif, décidé.

-Maître, les acolytes sont prêts à me suivre sur le sol. Si vous le permettez, je souhaiterai que nous débarquions après les premiers tirs, afin de jouir d'un relâchement d'attention. Je pense qu'il serait judicieux de passer par la mine de Darth Ombrios. Je suis persuadé qu'elle nous offrira une voie dérobée jusqu'aux profondeurs de cet astéroïde.
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- Vous le sentez…?

Les yeux mi-clos, Noctis se tenait devant le poste d’observation du pont de commandement. De l’autre côté, l’astéroïde tournait lentement sur lui-même. A ce rythme-là, le Bothan employait certainement des générateurs de gravité pour se faciliter la vie à bord. Et il le percevait, là, dans les recoins inanimés de sa station sans vie, entouré par ses machines. Très souvent, Noctis était porté à mépriser les droïdes. Même les plus ingénieux et les mieux programmés n’étaient jamais que du métal en mouvement, privé de la Force et, par conséquent, dénué d’intérêt.

Oblivion secoua la tête. Guerrier exceptionnel, ses talents dans la Force étaient étroitement circonscrits aux domaines qui lui servaient sur le champ de bataille. Les prouesses mystiques de Noctis lui échappaient la plupart du temps et même Venenous, plus versée dans ces arts-là, aurait eu du mal, à une telle distance, à deviner quoi que ce soit.

- La folie… La lente démence qui vient avec la solitude… L’isolement l’a brisé… Mais il n’aura pas brisé ses inventions.

Si l’autre Seigneur ne serait peut-être pas un adversaire considérable, éprouvé par le temps et l’autarcie, ses machines pouvaient opposer à leur invasion une résistance solide. Un frisson parcourut le corps de l’Hapien et il se détourna de sa contemplation, alors que Syn venait faire son rapport. Après avoir consulté d’un regard Oblivion et Venenous, le Sith hocha la tête.

- Si c’est ce que vous préconisez tous, je vous fais confiance. Commencez le bombardement.

Les ordres se multiplièrent en cascade à partir de cette impulsion originelle. Chacun trouvait sa place, sous le regard vigilant de Venenous, quoique le capitaine du vaisseau, un Echani au visage austère, semblait fort bien veiller au grain. Quand tout parut être en place, Noctis décréta :

- Allons nous préparer.

Déjà, les premiers tirs tombaient sur la surface de l’astéroïde. Ils avaient tenté d’estimer ce qui constituait des cibles critiques. Les télécommunications, principalement, avaient été visées. Alors que les quatre Siths descendaient les coursives pour rejoindre les navettes de débarquement, une brève alarme se fit entendre. Dans leur comlink, ils purent entendre la voix du capitaine.

- Ils ont déployé des chasseurs droïdes. On interrompit le débarquement pour nettoyer l’espace. Si vous voulez débarquer, il serait bon d’en profiter maintenant.
- Allons y, s’exclama Noctis.

Et ils s’élancèrent au pas de course. En quelques minutes, ils s’étaient entassés dans la navette avec les Acolytes et le vaisseau décollait du hangar du croiseur, qui opposait son flanc et ses tirs nourris aux chasseurs automatisés. Quelques torpilles bien placées, et les explosions qu’elles provoquèrent, offrir une couverture à la navette qui fila vers la surface. Alors qu’il s’approchait, le pilote lança :

- Comité d’accueil sur la plateforme droit devant nous. Vingt droïdes standard. J’vais faucher la plupart avec mon tir en approche mais faudra se grouiller de dézinguer le reste.
- Syn, vous menez l’infiltration conformément à votre plan. Venenous, avec moi. Oblivion, sécurisez la navette avec l’équipe de pilotage.

Le petit vaisseau fut très vite durement ébranlé par les tirs de droïdes au sol mais, en réalité, les rayons des machines perturbaient l’atterrissage plutôt qu’ils ne malmenaient la navette. La rampe s’ouvrit à quelques centimètres du sol pour laisser Syn et ses acolytes débarquer et, après quelques minutes, Oblivion et Venenous se lancèrent à sa suite, avant que la navette n’atterrît pour de bon et que Noctis en émergea à son tour. Les carcasses fumantes des droïdes était un spectacle rassurant mais ce petit bataillon annonçait la résistance qui les attendait dans les couloirs de la mine.

Son double sabre à la main, Venenous suggéra :

- Ne trainons pas à découvert.

Alors qu’Oblivion prenait position prêt de la navette, pour protéger leur évacuation, et que les explosions retentissaient au-dessus de l’atmosphère artificielle de l’astroïde, deux Acolytes foraient de leur sabre un passage dans la double porte blindée qui protégeait l’accès à la mine. Aucun signal ne se faisait entendre et les bombardements avaient bien dû toucher leur cible. Au moins, la coordination de leurs adversaires en serait gravement entravée.

Les Acolytes de Syn pénétrèrent dans la mine, suivis par Venenous et Noctis. Ils avaient été obligés de s’équiper de petits respirateurs : l’atmosphère, minimal, n’offrait guère d’oxygène, dans ces couloirs pensées pour des créatures mécaniques. Les tronçons parfaitement entretenus le disputaient aux sections en ruine et l’activité des droïdes de maintenance et d’extraction paraissaient fort désordonnée. Un effet des bombardements, peut-être ou, plus probablement, de la décadence que l’installation connaissait en même temps que son maître.

Le silence n’était perturbé que par les cliquetis des robots arachnéens qui ignoraient entièrement les intrus, trop occupés à exécuter les tâches simples pour lesquelles seules ils avaient été programmés. Mais bientôt, Noctis, les sens en alerte, murmura :

- Ombrios a perçu notre présence.

Et bientôt, en effet, ils purent entendre le pas caractéristique d’un nouveau bataillon de droïdes de combat.
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Jamais je n'avais été entouré d'autant de machines. Bien que celles-ci semblaient n'être programmées qu'à l'entretien et l'exploitation de la mine, je craignais que mes maigres connaissances en terme de droïdes - plus proches de l'intuition en réalité, ne m'induisent en erreur.
Sous-estimer un environnement potentiellement hostile était une des fautes les plus graves que pouvaient commettre un apprenti de ma trempe.

J'étais ainsi constamment sur mes gardes, cherchant d'un œil un accès aux niveaux plus profonds, et d'un autre une machine dont le comportement serait suspect. Le vacarme assourdissant rendait très difficile une véritable attention auditive. Partout, la ferraille forait, découpait, brisait.
J'incitais chacun des acolytes à se tenir sur ses gardes. Alors que mon maître venait tout juste de nous faire part de son ressenti, j'entendis non loin de moi un cri déchirant.

A seulement quelques mètres sur ma gauche, un des acolytes venait d'être traversé de part en part par un membre métallique, semblable à la patte d'une arachnide. Les autres novices contemplèrent ce spectacle avec horreur, alors que je faisais tout mon possible pour refouler la peur et la surprise.
Ce pauvre garçon était déjà perdu, il me fallait maintenir la cohésion du groupe.

-Serrez les rangs ! hurlai-je par dessus le cri de douleur de la première victime.

Aussitôt, notre petit groupe forma un cercle. Les sabres se dressant tels des dards défensifs dans toutes les directions. Quelques arachnides métalliques s'approchaient lentement de nous, laissant subitement retomber tout ce qu'elles transportaient, tandis que le reste de leur comparses continuaient leur besogne sans s'intéresser à nous.

Il fut difficile d'apaiser la crainte des hommes qui me suivaient, en particulier lorsque le droïde meurtrier agita son membre ensanglanté dans tous les sens pour en défaire le corps encore chaud de notre camarade défunt.
Par chance, ces machines n'étaient pas armées pour le combat. Il suffisait aux combattants en première ligne de les défier de leurs sabres pour les faire reculer. Après avoir passé quelques minutes atrocement longues à rechercher enfin la sortie de cet enfer irrespirable, je parvins à distinguer une sorte de plateforme manifestement conçue pour descendre à des niveaux plus profonds.

-Tenez les rangs serrés et approchons nous doucement de cet ascenseur !

Notre traversée fut longue et périlleuse, de nouvelles arachnides rejoignant la mêlée, jusqu'à ce qu'il nous faille les éloigner de notre chemin comme l'on braverait les lianes d'une jungle. De plus, il nous fallait accorder nos pas, ce qui n'était pas simple, tant l'inexpérience des acolytes les rendait angoissés et craintifs.

Lorsque nous fûmes enfin presque parvenus à l'ascenseur, qui avait désormais des allures de messie, les droïdes se firent plus agressifs encore. Cette fois, ils ne craignaient plus nos armes. Perdu pour perdu, ils étaient prêts à être détruits pour nous tailler en pièce. Deux novices, occupés à trancher des pattes mécaniques surgissant de partout de l'ombre, finirent par ne plus trouver leur place dans le cercle, et nous les perdîmes bientôt de vue, jusqu'à ce que nous n'entendions plus le son émis par leurs armes, mais seulement quelques cris stridents, qui ne furent bientôt plus qu'un lointain écho.

La plateforme s'enclencha, et toute notre troupe s'enfonça dans la roche, contemplant d'en dessous les araignées meurtrières qui tentaient de rattraper l'ascenseur, pressant leurs pattes d'acier. Quelques volées d'éclairs les tinrent en respect, jusqu'à ce que l'ascenseur soit parvenu dans un nouveau niveau. Aussitôt, le groupe se pressa en avant, pénétrant dans une nouvelle salle, que je ne pris pas tout de suite le temps d'examiner.

La plateforme était vide. Aussitôt, je projetai quelques éclairs du bout de mes doigts sur le panneau de contrôle de cette dernière, priant pour que cela ait l'effet escompté. Par chance, notre échappatoire se remit brusquement en marche, remontant brusquement en direction de la mine. Nous entendîmes plusieurs bruits sourds, et j'en déduisis que ce vacarme signifiait que notre sauveur avait du heurter plusieurs des machines infernales.

Alors que je me retournai, je contemplai l'horreur de nouveau, bien que cette fois ci, son visage soit légèrement différent : des dizaines de mètres de chaînes de montage de droïdes. Assez de machines pour nous inonder de tirs de blasters toute la journée.
N'ayant pour l'instant pas de plan davantage élaboré, je me contentais d'ordonner à la petite troupe :

-Formez des rangs serrés ! Protégez notre maître !
Absalom Thorn
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— Oblivion ?

Pas de réponse. Les kilomètres de roche qui les séparaient de la surface de l’astéroïde, et les veines de métal qui les traversaient perturbaient les communications. Sans doute. C’était du moins ce que Noctis espérait, alors qu’il s’engoufrait en compagnie de ses fidèles dans une salle de montage. Les Acolytes, à l’ordre de Syn, se resserèrent autour de lui. Après quelques secondes d’attente anxieuse, il s’avéra que les droïdes sur la chaine de montagne ne bougeaient pas.

Ils étaient poussés de station en station, les bras mécaniques soudaient, découpaient, vissaient, avant d’être fixés sur des bornes de chargement.

— Vous, se décida enfin Noctis, en désignant l’une des apprentis, qui manqua de sursauter, découpez les générateurs. Les autres, vers les droïdes en chargement. Prenez garde aux bras de montagne.
— Seigneur Noctis, s’exclama soudain une voix qui résonnait à travers le système de communication de la mine, je constate que vous avez décidé de sacrifier des acolytes.

D’un geste de la main, Noctis intima malgré tout aux autres de se mettre en marche. L’Acolyte qu’il avait choisie se détacha de la troupe pour se fondre dans les ombres et entamer son approche des générateurs des chaînes de montage.

— Ombrios, je présume. Est-ce que vous auriez l’obligeance de m’indiquer la raison qui vous a poussé à témoigner pour moi d’un intérêt si vif ?
— Tu ne le sais que trop bien, vermine. Tu es de ces infections qui font pourrir le corps déjà malade de l’Empire. Un pacifiste, un inverti, un Jedi ! Je ne te laisserai pas corrompre plus longtemps la pureté des enseignements siths.
— La pureté des enseignements siths, ça consiste à se cacher lâchement derrière ses machines ?

Pas de réponse. Noctis avait vraisemblablement touché une corde sensible. D’ailleurs, le Bothan invisible ne tarda pas à réagir à sa manière. Les bras mécaniques des chaînes de montagne se détournèrent bientôt de leurs tâches industrielles pour diriger leurs arcs plasma de découpe, leurs fuseaux de soudure, leurs lasers, tout leur arsenal qui formait autant d’armes improvisées, vers les intrus de la mine.

Noctis tendit la main. L’un des bras mécaniques se détacha dans un déchirement métallique et le Seigneur l’envoya percuter un second. Les sabres laser avaient recommencer à fendre l’air autour de lui, alors que la télékinésie du Sith mettait en pièce le bel agencement technologique d’Ombrios. Le double sabre de Venenous virevoltait à une vitesse hors du commun dans les airs. L’Inquistrice était à la hauteur de sa réputation : fulgurante, sombre, efficace.

Une aura colossale se dégageait de l’Hapien alors qu’il maniait les machines par la Force. La fragile délicatesse qu’inspiraient en général ses traits l’avait définitivement céder à une puissance écrasante qui témoignait de son rang. Et puis, toutes les machines se turent. Les bras retombèrent brusquement et les lasers s’éteignirent. L’Acolyte avait remplie sa mission. Elle émergea bientôt des décombres de la chaine à leur gauche, les joues éraflées, en sang. Noctis s’approcha d’elle, posa les mains sur ses joues, déposa un baiser sur son front et, après quelques secondes, il retira ses mains et le visage de la jeune femme était intact.

Avec la ferveur typique de celles et ceux qui entouraient l’Hapien, elle se jeta à genoux pour le remercier dans une langue sifflante et mélodieuse. Noctis lui tendit la main pour la relever et elle s’inclina encore une fois.

— Excellent travail, finit par lancer Noctis à l’adresse de tout le monde. Règlons encore le compte de ces droïdes en chargement et continuons à progresser.

Les sabers lasers tranchèrent le métal inanimé mais, alors qu’ils achevaient ce nettoyage, un chuintement étrange se fit entendre et une brise légère se leva dans la salle.

— Ombrios est en train de vider l’atmosphère, déclara l’Inquistrice d’un ton placide, comme si cette vérité dramatique, qui leur promettait une mort certaine, ne méritait pas que l’on s’inquiète.

L’heure n’était plus à la prudence. Noctis tendit la main vers la porte droit devant eux. Après un grincement atroce, le lourd panneau métallique fut arraché de la pierre, avant de retomber lourdemment au sol, et toute la troupe s’élança au pas de course. L’endroit où se trouverait le Bothan serait indubitablement préservé de la vidange atmosphérique et c’était donc là où ils devaient se rendre.

La vaste salle qui s’ouvrait désormais à eux était l’antichambre des appartements d’Ombrios. Une antichambre à l’air de moins en moins respirable. Et une antichambre remplie de droïdes.

— Occupez vous d’eux, murmura Noctis, avant de s’élancer dans la mêlée, avec une confiance fanatique dans la protection de la Force, pour atteindre le plus vite possible Ombrios et, surtout, les commandes centrales de la mine, qui lui permettraient d’inverser le processus.

Les tirs de blaster fusaient. Certains frôlèrent le Seigneur. Il demeura indifférent à la douleur de la chair brûlée. Parfois, un droïde qui avait eu la mauvaise idée de rester en travers de son chemin était propulsé jusqu’au mur le plus proche. D’autres fois, il se contentait d’esquiver. Il ne lui restait plus ainsi que quelques mètres à parcourir.
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L'air devenu de plus en plus irrespirable. C'était un sentiment si étrange. Inspirer, mais avoir le sentiment que cela ne servait à rien. Il nous fallait vite rejoindre les appartements d'Ombrios, avant que nous ne suffoquions totalement.

L'antichambre ressemblait à un hall au plafond assez haut, tout du moins pour de telles pièces souterraines. Il était peu éclairé, seules quelques lumières artificielles nous permettaient de distinguer les rangées de droïdes postées là pour nous accueillir.
Sur une première rangée, c'était des machines assez imposantes, dont les corps étaient courbés et tenaient sur quatre pattes. Chacun d'eux étaient pourvus de quatre membres d'acier, quatre membres équipés en leur extrémité de canons de blasters.

Cette première rangée était manifestement destinée à défendre plusieurs autres de soldats mécaniques bien moins terrifiant, humanoïdes, pourvus de fusils. Sans doute des créatures plus faciles à produire, dont le nombre était le principal avantage.

Le temps que nous comprenions la situation, ils avaient déjà commencé à libérer sur nous un torrent de tirs. Les acolytes en première ligne en parèrent le plus possible, mas furent rapidement dépassés et pour la plupart, blessé.

Je n'avais pas le luxe de réfléchir davantage. Il me fallait rompre cette formation avant que nous ne soyons décimés. Je me ruais alors en avant, rejoint sur le champ par Darth Venenous. Nos lames virevoltèrent, déviant nombre de tirs. De plus, l'inquisitrice semblait avoir déployé devant nous une sorte de pouvoirs qui faisaient s’effriter quelques coups de feu avant qu'ils ne parviennent à notre portée.

Dans un hurlement guerrier, je chargeai l'un des droïdes les plus imposant, profitant de mon élan pour le soulever et m'en servir comme d'un grand bouclier. Ainsi équipé, je pénétrai dans les rangs des droïdes, mon sabre dardant sur les côtés, découpant et détruisant ça et là.
Ma charge inspira d'autres acolytes, et alors que les droïdes se contentaient jusque là de tirer devant eux, il leur fallait désormais faire feu de manière diffuse, ce qui les rendait bien moins efficace. Bientôt, toute l'équipe d'expédition se retrouva au milieu des rangs de ces machines meurtrières, détruisant de l'intérieur leur formation.

Le fracas monta crescendo, jusqu'à ce qu'un silence de mort ne s'installe de nouveau. Tout autour de nous, des membres d'acier étaient éparpillés, encore rougeâtres de la chaleur des sabres. Je m'écroulai, tombant lourdement sur mes genoux, et laissant retomber sur ma droite le droïde sphérique, dont tout le squelette était recouvert d'impact de tirs de blasters. Mon dos était encore douloureux et brûlé à de multiples endroits. J'avais du recevoir pas mal de tirs, et l'adrénaline qui m'abandonnait désormais me faisait prendre la pleine mesure de la souffrance occasionnée par mes blessures.

Je me relevais, mais j'étais essoufflé. J'étais trempé de sueurs, plusieurs mèches blanches étaient collées sur mon visage, dissimulant mon œil gauche. J'avais beau respirer frénétiquement, je ne parvenais pas à faire fuir ce manque. Inhaler à plusieurs reprises dans mon respirateur me soulagea en partie. Je me retournai, contemplant ce carnage derrière moi.

Plusieurs acolytes étaient allongés au sol, certains épuisés, d'autres trop figés pour avoir l'air encore vivant. C'était donc une victoire en demi teinte. Venenous se rendit auprès de notre maître, seul debout au milieu de cette pièce devenue encore plus sinistre qu'elle ne l'était. L'inquisitrice me désigna alors une porte blindée, située dans la fond de la pièce. D'un hochement de tête entendu, je me dirigeai donc vers la fameuse porte.

J'entendais la petite troupe se rassembler derrière moi. L'heure était venue d'en finir. Je faisais face à la porte, et alors que je dégainai de nouveau mon sabre laser, déterminé à ne plus être arrêté par quoi que ce fut, la porte blindée s'ouvrit brusquement.
J'échangeai un regard entendu avec mon maître, puis pénétrai enfin dans la pièce où, enfin, nous pourrions achever cette croisade vengeresse.

Cette ultime pièce était finalement bien moins vaste que la précédente. Il y régnait une ambiance sombre, angoissante. Un mélange étrange entre des murs de pierres, des armes et des objets à l'apparence antique, et la technologie qui était là aussi très présente.
Sur chaque côté de la pièce, des droïdes de protocole s'affairaient derrière des bureaux, faisant face à d'immenses écrans, seules sources de lumière, légèrement bleutée, qui éclairaient la pièce. Ces écrans semblaient permettre de surveiller les différents niveaux de l'installation, mais aussi superviser le fonctionnement des droïdes.
Au fond de la pièce, affalé dans un trône ressemblant au final à un fauteuil de cuir, ce qui correspondait à l'apogée de la caricature que l'on pouvait faire d'un roi fou, se tenait un Bothan imposant, dont la tête reposait sur le revers de sa main, témoignant d'une attitude nonchalante. Son visage était tiré, signe qu'il ne parvenait pas à dissimuler son irritation. Le fait que tous ses pièges aient échoués avait du le placer dans une situation d'inconfort. Sa patience et sa confiance devaient être épuisées.

L'air chargé d'oxygène remplit brusquement mes poumons, et mes premières bouffées d'air me brûlèrent presque la trachée. Petit à petit, pas à pas, tout ce qu'il restait de notre groupe pénétra dans la chambre, faisant face à notre funeste hôte. Nous attendions tous de savoir quel démarche nous devrions adopter, suspendus aux lèvres de Darth Noctis.

-Bienvenue Seigneur Noctis. Êtes vous à votre aise ? demanda de sa voix grave le Bothan, toujours assis lourdement dans son fauteuil ridicule.

Celui-ci se leva brusquement, dévoilant une taille assez impressionnante, bien qu'il semblait voûté, malingre, voire même malade. Mais malgré cet air de vieillard aigri, il ajouta :

-Imposteur.
Absalom Thorn
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Du sang coulait de son épaule. Sans importance. L’air, enfin, l’oxygène, et son adversaire. Voilà ce dont il se souciait. L’accueil du Bothan avait quelque chose de cette théâtralité ubuesque que les Siths sur le retour affectionnaient parfois.

— Je suppose que c’est le moment où nous échangeons des mots d’esprit, avec une élégance toute protocolaire, en faisant abstraction de notre affrontement, pour se prouver à nous-même notre noblesse, notre élégance et notre supériorité.
— Si vous croyez qu…

Il y eut un craquement sinistre, la tête du Bothan pivota à cent-quatre-vingt degrés et son corps roula aussitôt en bas du siège. Noctis baissa la main qui avait donné cette impulsion télékinésique. Il n’était pas d’humeur à se la jouer héros d’holodrames. Rien de ce qu’Ombrios n’avait à dire ne l’intéressait et il n’avait aucune envie de lui offrir une sortie dramatique digne des légendes siths. Sa mort était médiocre, expéditive, comme une formalité.

Les droïdes protocolaires s’étaient figés, interdits. Manifestement, Ombrios avait eu la vanité de croire que sa forteresse le protégeait toujours, et peut-être que son aura en imposerait au jeune Seigneur. En tout cas, il n’avait rien programmé pour le cas de sa mort et les machines restaient là, les bras ballants, incapables de savoir si elles devaient s’obstiner à la routine ordinaire de leurs ordres et se laisser désactiver, tout simplement.

— Vous êtes blessé, Seigneur, finit par murmurer Venenous.
— Plus tard.

L’Hapien pianota sur une console de communication.

— Oblivion?
— AH. Enfin. Comment ça se passe ?
— Beaucoup de pertes mais l’affaire est réglée. De votre côté ?
— J’ai eu quelques visiteurs mais la navette est intacte. Je viens vous chercher ?
— Ca devrait aller. Préparez-vous au décollage.

Noctis se retourna vers les Acolytes encore à peu près vivants et distribua des ordres simples. Désactiver les droïdes de la mine. Télécharger les fichiers, à tout hasard. Enclencher le protocole d’autodestruction. Pendant qu’ils commençaient à s’affairer devant les consoles de commande, le Seigneur s’approcha de son Apprenti et lui adressa un sourire fatigué.

— Tu t’es illustré dans toute cette affaire, Syn. Un jour, tu deviendras un grand Seigneur.

Venenous, elle, n’eut le droit qu’à un hochement de tête mais il était facile de deviner qu’après de longues années d’association étroite, Noctis et elle n’avaient guère besoin de plus pour se communiquer leur reconnaissance et leur respect. Les Acolytes eurent bientôt fini leur tâche et le chemin du retour fut incomparablement plus calme, à travers les carcasses de droïdes éventrés et, plus haut, dans le premier niveau de la mine, les corps mécaniques simplement désactivés.

Ils laissaient derrière eux les cadavres des Acolytes tombés au combat. La marche invitait à la méditation sur la violence inhérente au chemin emprunté par les Siths. La faiblesse, une erreur, un seul moment d’inattention, et l’on finissait, froid et mort, dans un astéroïde, très loin de chez soi. Noctis connaissait le nom de chacun de ce qui s’était sacrifié, aujourd’hui, pour lui. Il ne les estimait pas autant que ceux qui avaient survécu, esprit aristocratique oblige. Mais il regrettait leur mort. Et leurs familles, celles et ceux qu’ils avaient pu aimer, recevraient bientôt un témoignage de la reconnaissance du Seigneur Sith.

Sur la petite passerelle de décollage, les moteurs de la navette vrombissaient déjà. La mâchoire d’Oblivion se crispa quand il constata l’état somme toute assez piteux de l’équipe qui revenait mais il ne fit aucun commentaire. Bientôt, leur vaisseau s’éloignait pour rejoindre les hangars du croiseur et quand les boucliers de ce dernier se relevèrent derrière eux, ils furent protégés du souffle de l’explosion silencieuse qui illumina l’espace, une fois le compte à rebours de l’autodestruction arrivé às on terme.

Alors que le croiseur sautait dans l’hyperespace, la petite troupe fut conduite à l’infirmerie de bord, où des droïdes médicaux assistaient deux médecins taciturnes mais efficaces. La méditation et la Force joueraient évidemment un grand rôle dans le rétablissement de chacun mais il n’y avait pas de raison de se priver du secours de la science et des méthodes plus ordinaires. Assis sur le bord d’un lit, torse nu, alors qu’un droïde pulvérisait un pansement d’abord liquide sur sa plaie désinfectée, Noctis surveillait avec attention les soins que l’on prodiguait à son Apprenti.

— Vous avez déjà pris des vacances ?

Le tutoiement affectueux qu’il avait employé dans les appartements d’Ombrios le cédait à nouveau à une distance qui n’était pas l’effet de la froideur mais plutôt d’une hiérarchie que Noctis jugeait nécessaire dans les relations entre un Maître et un Apprenti.

— C’est un art assez difficile. Se reposer et se délasser, pour libérer l’esprit et le corps, sans pour autant mollir et faiblie. Mais un art nécessaire. J’ai connu un Maître Jedi qui assurait que la différence entre un très grand guerrier et un guerrier exceptionnel venait de ce que le second savait parfois passer ses week-ends à la pêche. Et je crois que nous avons tous besoin de vacances.
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Mon sabre était resté allumé. J'étais figé, observant chacun des mouvements de la silhouette du Bothan. Mon œil était si aiguisé que j'observais sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration. A tout moment, j'étais prêt à me jeter sur le seigneur Sith, pour le tailler en pièces, quitte à être démembré sur le champ.

Alors que ma concentration était proche de la transe, et que mes mains avaient encore davantage blanchies à force de serrer la garde de mon arme, un craquement horrible me tira de cet état si particulier digne d'un prédateur. Je sursautai, surpris. Lorsque le corps de Darth Ombrios s'écroula, il y eut un long moment où, déconcerté, je ne savais plus que faire.

En un seul geste, mon maître venait de ramener la paix sur ce petit monde si particulier. Alors que j'étais constamment sur mes gardes depuis Serreno, je n'avais brusquement plus aucune raison de me méfier. C'était un retour à la réalité très étrange, qui me laissa bouche bée quelques minutes. Finalement, lorsque mon maître eût fini de distribuer de nouveaux ordres aux acolytes, je venais juste de recouvrer une certaine paix intérieure, rangeant mon sabre à ma ceinture.
Ses félicitations me mirent beaucoup de baume au cœur. Cela faisait des années qu'un aîné ne m'avait si sincèrement complimenté. Le simple fait ne pas avoir déçu mon mentor était une grande fierté. D'un sourire complice mais en demi-teinte, signe de ma grande fatigue, je lui témoignai ma gratitude. Car fatigué, je l'étais. Maintenant que la pression imposée par les circonstances était redescendue si brusquement, la douleur et la lassitude reprenaient leurs droits.

Quelques temps plus tard, nous débarquions dans le croiseur, enfin loin de ce sinistre astéroïde. Alors que tous les rescapés se déversaient dans l'enceinte du vaisseau, j'entrepris de serrer la main de chacun des acolytes, les remerciant ainsi de m'avoir suivi. J'aimais nouer cette proximité avec ceux qui avaient combattu à mes côtés. Le dernier à descendre de la navette fut le plus vieux des novices, celui qui plus tôt, avait tenté de me tenir tête. Son visage avait été brûlé sur un de ses côtés, et il semblait lutter pour dissimuler sa douleur.
Lorsqu'il fut à me hauteur, je fis en sorte de lui témoigner mon plus profond respect, et lorsque je le présentai mes remerciements, il sembla être profondément ému, bien qu'il fasse de son mieux pour demeurer impassible. A celui-là seulement, j'accordai une accolade fraternelle. Lorsque le blessé s'éloigna d'un pas raide, je pris la résolution de m'intéresser à ce jeune homme. Etant donné sa ferveur face aux droïdes d'Ombrios, il méritait que je me penche sur son profil. J'aurai besoin très bientôt de soldats déterminés.

A l'infirmerie, je pris place aux côtés de mon maître. J'étais presque entièrement nu, et deux droïdes s'afféraient autour de moi, désinfectant les brûlures multiples de mon dos, recousant des plaies ça et là. Mon corps avait été assez sérieusement malmené au cours de toutes ces péripéties. Maintenant que notre vendetta s'était conclue par un succès, je me sentais désespérément vide, comme si toute ma volonté avait été sapée. J'aurais sans doute tuer pour repasser une nuit sur Naboo, cette planète si paisible.
Le fait que mon maître évoque des vacances déposa sur mon visage un large sourire. D'une part car mes nerfs étaient devenus bien trop réactifs, mis à vif par l'épuisement. De plus, la perspective de prendre un congé dans le seul but de me reposer avait quelque chose de trop beau pour être vrai. D'irréel.

-Oui. Je me suis déjà retiré sur Dagobah, un temps, répondis-je, amusé.

Ma retraite sur Dagobah, nécessaire après que l'on ait tenté de m'éliminer, m'avaient en effet permis de fuir l'Empire un temps, mais survivre dans cette jungle sordide n'avait rien de comparable avec des vacances.

Un nouveau mouvement chirurgical pour recoudre une plaie sanglante sur ma cuisse m'arracha un râle de douleur. Pour tromper celle-ci, et essayer de prendre de la distance avec ce quotidien si difficile à vivre, je me laissai aller à quelques fantasmes, et complétai dans un trait d'esprit :

-Il me prend la subite envie d'aller pêcher maître. Quelque chose qui ne puisse pas me dévorer vivant, si possible. Vous avez des idées ?
Absalom Thorn
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— Hé bien, je n’ai jamais été exactement du genre à me promener en pleine nature, avec mes hameçons et ma chaise pliante.

Comme Syn avait pu le deviner à bien des reprises, en pénétrant dans les appartements du Hapien, sur telle ou telle planète, les plaisirs du Seigneur Sith étaient vraisemblablement beaucoup plus sociaux. On l’imaginait plus aisément à l’opéra, dans sa bibliothèque ou avec quelque sculptural jeune homme dégotté dans on ne savait trop quel bouge de l’Espace Hutt, auquel il aurait offert une providentielle liberté, qu’à longer une rivière à la recherche du menu fretin.

— Mais je crois savoir que Venenous a des idées assez précises sur la question.

Il esquissa un sourire amusé en précisant :

— Ceci reste entre nous, bien entendu. Je crains que sa passion pour les poissons d’eau douce ne nuise quelque peu sinon à sa crédibilité d’Inquisitrice. Mais en tout cas, chacun a besoin de ses passe-temps. De son repos. De ses plaisirs. L’esprit et le corps qui restent perpétuellement pliés à l’exercice finissent invariablement par s’assécher ou briser. Quel intérêt de se battre avec la ferveur de celui qui veut continuer à vivre si la vie n’a rien à offrir après le combat ? Ca ira, merci.

Les derniers mots avaient été adressés à un droïde qui, sans un bip, s’éloigna du Hapien. Noctis descendit de la table d’examen. Les quelques blessures ne suffisaient pas à défigurer sa beauté surréelle, avec la régularité parfaitement improbable de ses muscles et sa peau dénuée, contre le sens commun, de toute imperfection. Il était difficile de croire que ce corps à la pureté quasi fantasmatique venait de se livrer sans ciller à un assassinat de sang froid.

— Vous avez besoin d’un pied à terre. Ailleurs qu’à Dromund Kaas, qui n’inspire à personne, je suppose, l’envie de se reposer et de profiter du bon temps. Quelque chose de bucolique, si vous aimez la pêche.

En parlant, le Sith enfila l’un des pantalons de toile légère qu’il affectionnait et, comme il lui arrivait souvent, il demeura torse nu. Venenous lui reprochait souvent ses tenues d’exhibitionniste mais elle savait au fond que les habitudes vestimentaires — ou, à vrai dire, non-vestimentaires — du Seigneur participaient beaucoup à l’emprise qu’il exerçait sur ses fidèles. Indépendamment des désirs, parfois frénétiques, qu’il inspirait aux unes ou aux autres, sa beauté exceptionnelle creusait encore un peu plus le fossé qui le séparait aux yeux des siens du commun des mortels et donnait encore plus de fondement à son culte de la personnalité.

— D’ailleurs, aucune raison de ne pas y pourvoir maintenant. Tout exploit mérite récompense et c’est bien le moins que je puisse faire que de vous offrir quelque part une maison qui vous convienne. Avec un étang. Ou une rivière. Ce qui est le plus approprié pour la pêche. A moins que vous ne vous voyiez dans un phare avec un petit chalutier pour la haute mer.

Mais ça semblait beaucoup moins reposant.

Noctis avait entraîné Syn dans les coursives du croiseur et il apparut bien vite qu’il raccompagnait son Apprenti aux quartiers de celui-ci. Quand ils arrivèrent devant leurs portes automatiques, l’homme suggéra :

— Consultez les bases de données planétaires de l’Empire, trouvez un endroit qui vous convient et nous ferons le nécessaire dès que nous serons rentrés.

La générosité de Noctis lui paraissait une juste récompense pour la dévotion de Syn et, du reste, un pied-à-terre lui semblait être une étape nécessaire à l’apprentissage de son Apprenti. Tout Sith qui travaillait sur soi-même et sur la Force avait besoin d’un endroit calme pour se retirer et méditer, faire le point sur ses découvertes et penser à son avenir. Ce n’était pas dans l’agitation continuelle des couloirs de Korriban que l’on pouvait, selon Noctis, concevoir le genre de détermination calme et solide nécessaire à la progression.

Avec un dernier signe de tête, il laissa son Apprenti à son repos et reprit la marche dans les couloirs. Quand il pénétra dans ses propres quartiers, il y trouvait une esclave twi-lek d’une vingtaine d’années, occupée à arranger les draps. Au même moment, le croiseur sauta dans l’hyperespace. L’esclavage dans l’entourage du Hapien relevait, toute proportion gardée, de la situation idéale pour des gens de sa condition. A vrai dire, il s’approchait quasiment d’un salariat, à ceci près qu’on ne pouvait pas vraiment démissionner.

Noctis veillait à ce que les esclaves fussent rémunérés, bien logés et bien nourris. La logique qu’il avait toujours, que la récompense et l’affection, mêlées de respect, suscitaient des fidélités et des dévotions bien plus durables que la peur et les mauvais traitements, s’appliquait dans ce domaine comme dans les autres.

— Lya, c’est cela ?
— Oui, Seigneur, confirma la jeune femme, qui ne parvint pas à retenir son regard de s’égarer sur le torse nu de l’Hapien.
— J’espère que les tirs de torpille ne vous ont pas effrayée. Tout est réglé à présent.

La Twi-Lek se contenta de hocher la tête.

— Auriez-vous l’obligeance de vérifier que tout est prêt de la même manière dans les quartiers de mon Apprenti ?
— J’en viens justement, Seigneur.
— Il s’y trouve à présent, si vous pouviez vous en assurer une seconde fois...

Le regard de Noctis se plongea dans celui de la jeune femme, entendu. Il n’y avait pas vraiment d’ambiguïté sur ce qu’il était en train de suggérer.

— … si toutefois si cela ne vous dérange pas, bien entendu. Vous savez que je n’entends pas forcer qui que ce soit à ce genre de services.

Il y eut un silence plein d’hésitations puis la Twi’Lek avoua :

— On raconte qu’il est froid et un peu brutal.

Noctis s’accorda le temps de la réflexion. Des habitudes intimes de son Apprenti, il ne savait pas grand-chose, à part qu’il aimait les femmes et les Twi’Leks en particulier, un secret qu’il avait éventé assez facilement en posant quelques questions judicieuses à droite à gauche. De ce qu’il avait cru comprendre, personne ne s’était vraiment plaint.

— Je suis à peu près sûr que non. En tous cas dans ces circonstances.
— Il a un petit côté ténébreux, concéda la demoiselle d’un ton pensif.
— Certes.
— Et c’est un grand guerrier.

Le Seigneur ne répondit rien, signe sans doute qu’il était temps pour aller de lever le camp et d’aller rêver à haute voix dans le couloir. La porte se referma derrière elle et, pendant que la Twi’Lek descendait la coursive en direction des quartiers de Syn, Noctis se laissait enfin tomber sur son lit pour un sommeil réparateur.
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