Karm Torr
Karm Torr
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— Et vous voyez, c’est vraiment de la dernière génération !

Karm se retint de répliquer que la dernière génération de scanners, elle était beaucoup plus petite et beaucoup plus efficace. D’ailleurs, il se retenait de dire bien des choses depuis que, à leur arrivée sur Belsavis, Sœur Assayanah s’était portée à leur rencontre, sur la plateforme d’atterrissage de l’un des vastes cratères volcaniques envahis par la jungle et ses cités, qui rompaient la monotonie de la calotte glaciaire de la planète.

Assayanah était belle. Sa peau brune, parfaite, comme celle de Luke, ses seins fermes et bien dessinés, son sourire envoûtant, sa voix douce et caressante, ses cheveux tressées en un dessin complexe. Elle était enjouée mais calme, respectueuse des règles mais imaginative, mais surtout, intelligente. Très intelligente. Membre d’une confrérie de prêtresses guérisseuses, qui voyageaient de monde en monde pour y soigner les malades et y assister les infirmes, elle était sur Belsavis depuis déjà trois ans.

Et elle n’avait d’yeux que pour Luke. Dès que les deux Jedis, dépêchés par le Conseil pour rédiger un rapport d’observation sur les méthodes curatives et les dispensaires gérés par les Sœurs de l’Infinie Consolation, étaient arrivés au pied de la rampe de débarquement de leur petite navette, Assayanah avait été frappée par la beauté de l’Hapien, frappée aussi par sa prestance naturelle, son tempérament, son professionnalisme et ses connaissances médicales.

Karm aurait pu être un droïde protocolaire sur le retour en mal d’huile de moteur qu’il lui aurait fait le même effet. Cela, le jeune homme s’en accommodait. Il vivait beaucoup moins bien en revanche l’attention que la jeune sœur portait à son compagnon. Il se sentait éclipsé par l’enthousiasme éloquent qu’avait la missionnaire quand elle évoquait sa mission, par la facilité avec laquelle elle parvenait à faire la démonstration de son expertise.

Elle les avait conduits à travers la jungle qui se mêlait à la ville. Là, les bâtiments poussaient contre les arbres, ou les arbres contre les murs, et des passerelles traversaient la végétation pour les lier entre eux. On n’avait beau savoir que, sous les couches de glace, la planète abritait une prison qui renfermait certains des pires criminels de la Galaxie, Siths inclus, la traversée d’Ossilla, la petite ville où ils avaient atterri, ressemblait beaucoup à une promenade dans le jardin d’Eden.

L’équipement du dispensaire qu’y avaient installé les Sœurs de l’Infinie Consolation était restreint mais d’excellente qualité. À Ossilla, en général, on devait prendre une navette pour rejoindre l’un des cratères principaux, où se trouvaient les grandes villes, pour les maladies graves et, le reste du temps, on se contentait de rendre visite à l’un ou l’autre des médecins libéraux qui exerçaient là. La petite ville n’était donc pas équipée pour traiter l’étrange épidémie qui la frappait, une maladie sans gravité, semblable au pire à une mauvaise grippe, mais qui se répandait rapidement dans la population.

L’Ordre, curieux d’en découvrir plus sur les activités des Sœurs, qui pouvaient peut-être servir d’inspiration aux dispensaires jedis sur les mondes les plus éloignés, y avait vu une excellente occasion de les observer de près. Karm en sa qualité d’explorateur, Luke en celle de guérisseur très compétent, avaient été assignés à cette tâche. Il fallait dire que les deux Chevaliers progressaient beaucoup, ces derniers temps, et que cet apprentissage paraissait tenir essentiellement à un partenariat prometteur. Le Conseil se faisait donc fort d’encourager cette saine instruction mutuelle.

— Et les patients, du coup, parvint enfin à demander Karm.
— Hmmm, fit Assayanah, à peu près aussi concernée par la question de l’Ark-Ni que si elle avait entendu une porte grincer. Je suis si contente que vous soyez là, Luke ! J’ai tant à apprendre, véritablement, des méthodes des Jedis.

Assayanah posa une main sur l’avant-bras du Consulaire. La mâchoire de Karm se serra un peu.

— Nous mêmes, nous sommes évidemment très profondément spirituelles, mais hélas, nous n’avons vos pouvoirs et j’imagine que vous ressentez des choses incroyables. On voit tout de suite que vous êtes une personne d’une grande sensibilité. Nos patients ont vraiment beaucoup de chance de vous avoir à leurs côtés.
— Et donc, ils sont où, les patients, s’obstina Karm ?
— Si vous voulez bien superviser le déchargement du matériel que vous venez nous livrer, Chevalier Torr, je conduirais Luke jusqu’au chevet de nos malades, pendant ce temps.

En d’autres termes, elle l’envoyait jouer plus loin.

Voilà qui promettait.
Luke Kayan
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Cette main sur son avant-bras fit contracter la mâchoire de Luke, mais il résista à l'envie de le retirer brutalement. Avec le temps, il avait apprit à se maîtriser. Certaines cultures valorisaient le toucher, ce besoin de communier physiquement, y compris avec des inconnus. Jamais le Hapien ne l'avait saisi, ni particulièrement apprécié, très peu friand de caresses ou de fròlements, mis à part de ceux d'une ou deux personnes proches de son entourage, dont Karm, Saï, ses beaux-parents ainsi que ses demis-frères et soeurs. L'enjeu restait aujourd'hui suffisamment important pour qu'il se retienne de vexer Soeur Assayanah qui se focalisait de manière si évidente sur lui, que Luke, tellement innocent habituellement, ne saurait l'ignorer. Autant dire que l'attitude de la Soeur l'agaçait. Cependant il essayait d'être indulgent à son égard, et espérait que son ami aussi saurait l'être. Elle devait s'intéresser à lui en tant que guérisseur d'un monde lointain et autrement plus avancé que leur petite planète. Karm était un excellent Jedi, mais il était focalisé sur l'exploration. Les pilotes du coin ou les géologues le valoriseraient de façon abusive plus tard, ignorant totalement le blond. Cela tombait sous le sens.

- Une bonne partie des soins se base sur une application stricte du protocole scientifique, surtout chez des patients non-sensibles à la Force. Elle est peu utile psychologiquement parlant, en ce sens.

Commenta Luke en se référant à une remarque qui revenait beaucoup, celle qui concernait les pouvoirs Jedis. Non, ceux-ci malheureusement et heureusement ne réglaient pas grand chose dans certains cas. C'était tout l'un ou tout l'autre en réalité. Soit ils étaient totalement obsolètes, inutiles, comme lors de l'accouchement de cette femme que Luke avait assisté en plein espace, soit salvateurs, tel que l'avait démontré l'opération de Karm en pleine nature, sur Vonghaï. Le Hapien, habituellement passionné par la Force, avait décidé de l'écarter aujourd'hui. Il souhaitait se pencher sur les méthodes locales de soins, le pourcentage d'utilisation de médecine moderne et l'influence des traditions ou d'une quelconque religion sur cette dernière.

- Quelles sont les maladies les plus communes ici? Y a-t-il des souches spécifiques de ces lieux?

Ainsi, une grippe bégnine sur Coruscant pourrait devenir mortelle ici, stimulée par des facteurs environnementaux idéaux-bien que la planète soit en général, froide.- et immunisée aux médicaments. Pareillement dans le sens contraire, un local qui se mouchait 24h durant pouvait tuer un étranger contaminé, incapable de résister à une souche déviante de ladite maladie. Et d'ailleurs, des maladies complètement nouvelles, inexistantes autre part, y en avait-il? Luke s'interrogeait beaucoup, sa curiosité revenait au galop et il n'avait de cesse de prendre des notes, perçant une feuille disposée sur un bloc-note en acier lui servant de soutien. Cela faisait longtemps que le jeune homme n'avait pas eu l'occasion de discuter soins avec une personne pratiquant cette spécialité qui lui avait été destinée au hasard, ou accordée par la Force. Ignorant totalement les compliments de la Soeur, tout simplement parce qu'il ne les écoutaient pas, bien trop fasciné par ce qu'il apprenait, Luke ne réagit que lors des dernières paroles de la femme. Pas de manière agressive cela dit, puisqu'il ne se rendait compte de rien.

- je sais que le déchargement de matériel est important, mais il n'est pas primordial. J'aimerais que nous visitions votre laboratoire et que vous nous en disiez plus sur les médicaments. Avez-vous la permission et la capacité pour en élaborer? Oh, et évidemment comme vient de le préciser Karm, il serait plus qu'intéressant de voir les patients.

Non seulement les deux Jedis pourraient en apprendre plus sur l'ambiance médicale des lieux, mais ils pouvaient aussi espérer aider ces infirmières d'infortune, pour qui le Hapien ressentait beaucoup d'empathie. Elles avaient décidé d'aider les autres, sans la Force, sans véritable structure, c'était admirable. Le jeune homme espérait donc pouvoir ausculter quelques patients afin d'en savoir davantage sur leur maladie mais également de poser des diagnostiques. L'épidémie qui semblait attaquer tant de monde ces temps-ci pourrait ètre une bonne connexion. Sans être grave, elle restait dérangeante, suffisamment pour que les Jedis aident, pas assez pour trop s'inquiéter. De quoi étudier tranquillement, pour une éventuelle prochaine fois bien plus grave. Si le problème venait de l'extérieur, il faudrait fermer les frontières ou du moins les protéger davantage avec des détecteurs ainsi que des tests médicaux obligatoires pour les rares visiteurs. Si le souci était interne, à voir comment supprimer le distributeur de mauvaise grippe.

Quant à Karm, Luke comptait sur lui pour l'aider, le sachant doué en matière de faune et de flore. Sans nul doute, son compagnon avait sa place au chevet des malades, et non sur un karnac de déchargement. Soeur Assayanah n'avait, cela dit, aucune conscience de ce qu'étaient vraiment des Jedis. Elle devait ignorer que leurs compétences étaient souvent plus étendues. Karm était un explorateur mais par extension, un excellent candidat pour la médecine. Luke n'en doutait pas et se sentait heureux, honoré que ce dernier se soit intéressé à cette mission. Il faisait donc tout pour l'intégrer, espérant lui enseigner davantage de choses sur l'art des soins. D'autre part, sachant que son compagnon y accordait de l'importance et qu'ils étaient sur un petit monde perdu-et vu l'enthousiasme réel du Conseil à les laisser repartir ensemble.-, le Chevalier avait décidé d'appeler son ami par son prénom en présence de la Soeur. Luke était décidément dans d'excellentes dispositions même si la crainte de ne pas être à la hauteur l'effleurait toujours. Son aîné lui avait efficacement enseigné les bases de l'exploration, saurait-il faire de même pour la médecine? Sans oublier que son "disciple" n'était pas un débutant dans la matière, il avait presque autant de connaissance que lui. De son point de vue, en tout cas. Pour ce que le point de vue d'un aveugle comptait, évidemment.

- Avez-vous identifié la faune et la flore susceptibles de transmettre des épidémies?- Interrogea Luke, curieux et pragmatique, sachant d'après les rapports que cette ville était particulièrement enlacée, dans tous les sens du terme, avec la nature.- Et si leur propension est grande, avez-vous songé à les étudier afin de leur inoculer un vaccin? Karm, est-ce que cela serait possible? J'ai lu divers articles parlant de cette hypothèse, visant à bloquer le virus dans le corps du porteur sain, mais je n'ai aucune idée des possibilités qu'il y a quant la mise en pratique sur toute une population d'insectes.

En d'autres termes, ledit vaccin, s'il existait, se transmettrait-il à la génération suivante de plantes ou d'insectes piqueurs? Si c'était impossible, autant oublier la théorie car personne ne pourrait chaque année, suivre les naissances de moustiques ou de mouches par millions afin de leur innoculer le bloqueur. Quant à la première génération, il faudrait aussi tous les localiser, et c'est là que Karm pouvait intervenir. Directement sur la faune, la flore. Leur expliquer. Les guider.

Tout à sa mission, Luke ne se départissait pas de son professionnalisme, interrogeant la superbe Assayanah dont la beauté le laissait indifférent pour deux raisons évidentes. Il était toutefois légèrement influencé par son savoir, son intelligence et sa manière de s'exprimer, fine, délicate et posée. Ce devait être pour cela, outre sa proverbiale patience, que le Jedi lui permettait des petits écarts tel que cette main sur son bras ou son comportement avec Karm, bien que sur le coup il avait froncé les sourcils, signe avant-coureur que la situation ne serait toléré qu'un temps. Il faut dire qu'en la matière, le Hapien avait les idées extrêmements claires. Fidèle sans concession, il ne doutait pas de Karm non plus en ce sens. Sa relation était très simple, il ne se posait guère de questions et n'avait aucune inquiétude en ce qui concernait son ami. Peut-être était-ce trop simple, au final?

Assayanah esquissa une moue que le Jedi ne put évidemment voir mais qu'il ne ressentit pas non plus ou qu'il attribua à autre chose. Elle fit alors signe à Karm de le suivre, désireuse de ne pas froisser Luke. Elle avait aussi à coeur ses patients, et sans doute que son intérêt avait légèrement augmenté en faveur de l'explorateur. S'il repondait que les insectes ou mammifères capables de transmettre certaines maladies pouvaient arrêter de les véhiculer, elle l'écouterait, et à l'occasion, le planterait dans un labo, microscope à la main, voir dans un nid d'oiseaux vecteurs d'épidémies.
Karm Torr
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— Ouais, c’est totalement possible.

Idiot.

Karm se mordit la lèvre et essaya quelque chose de plus élégant.

— Oui, c’st tout à fait probable, glissa-t-il d’une voix timide à laquelle le murmure qu’était ordinairement le ton de l’Ark-Ni achevait de donner l’air d’une réponse incertaine d’un enfant à son professeur.

Assayanah s’expliquait mal ce que l’Ark-Ni venait faire là. À part, peut-être, pour servir d’assistant au Jedi aveugle, pour diverses tâches quotidiennes, même si au demeurant, Luke paraissait fort bien s’en sortir. Karm, de son côté, ne survivait à l’angoisse grandissante que Luke se rende compte de sa profondeur inadéquation que grâce à la jungle qui les entourait et qui lui promettait, en effet, que ses aptitudes ne seront pas totalement inutiles dans la région.

— En même temps, vu le fonctionnement très fermé de l’écosystème d’une jungle en cratère volcanique, j’doute que y ait des grosses brassages dans le biotope et vu que la population locale survit…

Il n’avait pas fini sa phrase, habitude ark-ni oblige, et l’essentiel de ses raisonnements et de ses conclusions était demeuré informulé. Pour une fois cependant, la Sœur, dont le professionnalisme l’emportait indéniablement sur la séduction que Luke exerçait bien involontairement sur elle, en fuit réduite à lui poser des questions.

— Le fonctionnement très fermé ?
— Euh. Ouais. Ben, une jungle, dans un cratère volcanique, entouré par des milliers de kilomètres de couches glaciaires, vous voyez, tout se passe en vase clos. C’est pas comme un vaste continent où des espaces végétales ou animales voyageraient, changeraient les équilibres et tout ça. Du coup, ça pousse à une stabilisation qui fait que les choses changent peu. Comme des forêts primaires isolées, vous voyez ? Et, hm. Ben, ça fait un moment que les gens vivent ici et l’épidémie est plutôt un événement exceptionnel. Pas grave, mais statistiquement, exceptionnel. Dans de pareilles conditions, j’pencherai sur une cause extérieure.
— Vous pensez que c’est notre arrivée qui l’a causée ?

Le ton n’était pas agressif : il témoignait de l’inquiétude sincère d’être la cause de ces maux, bénins pour l’heure, mais néanmoins difficiles à vivre pour les patients. Tout en posant sa question, Assayanah avait passé les portes automatiques d’un bâtiment petit mais assez moderne, dont le style tranchait un peu avec celui de l’architecture locale : c’était de toute évidence un préfabriqué installé là par les Sœurs pour mener leurs opérations.

À l’intérieur, un personnel médical bien plus hétérogène que la population belsavienne s’activait avec un calme affairé.

— V’z’êtes là depuis combien de temps ?
— Trois ans, personnellement, cinq, pour la Mission.
— C’est la première épidémie de ce genre ?
— Oui.
— De nouvelles missionnaires arrivées récemment ?
— Nous sommes toutes là depuis au moins deux ans.
— Ben voilà. Pas votre faute.

Karm eut même le droit à un sourire soulagé de la part de la sculpturale religieuse, avant que celle-ci ne reporte son attention exclusive sur Luke. Ce fut bien à l’Hapien qu’elle fit la visite, Karm à nouveau relégué au rôle de suiveur. L’Ark-Ni était un peu rassuré malgré tout : il avait montré qu’il n’était pas complètement inutile et s’il parlait moins bien que la jeune femme, s’il s’y connaissait moins en médecine, Luke savait au moins qu’il n’était pas un abruti. Ce semblant de quiétude retrouvé, il put écouter les explications de leur guide.

Habitué qu’il était des hôpitaux militaires sur les champs de bataille, même l’installation que la Sœur décrivait comme sommaire lui paraissait luxueuse. Comme elle le leur avait dit, l’équipement était excellent. Les patients avaient des chambres par trois, ce qui étaient toujours mieux que les interminables dortoirs de soldats blessés, où chacun devait subir l’agonie des autres. Assayanah ouvrit la porte d’une chambre qui n’était occupé que par un seul patient, un vieillard que son âge avait sans doute rendu fragile, et plus exposé que les autres à la maladie.

— Maître Gadon, comment allez-vous aujourd’hui ?
— Mieux maintenant que je vous vois, ma petite.
— Maître Gadon est le principal notaire de la ville. Alors évidemment, nous faisons tout notre possible pour le remettre rapidement sur pieds.
— Et moi qui croyais que c’était mon charme qui vous faisait revenir toujours ici !

Assayanah rit de bon cœur.

Karm fut hérité de constater que son rire était absolument charmant.
Luke Kayan
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* Pas de la nôtre non plus*

Pensa Luke pragmatique; ils étaient arrivés aprèes le début de l'épidémie et il y avait si peu de temps. D'une oreille attentive, le Hapien écoutait les propos de Karm, n'hésitant pas à prendre également des notes tandis que ce dernier exposait sur le brassage dans le biotope. Intérieurement il fut fier de noter que le langage un peu familier de son ami ne détériore pas la qualité de son discours. L'Ark-Ni progressait à son rythme et était de plus en plus clair dans ses expositions.

- Un changement de climat inhérent à des perturbations extérieures comme l'atmosphère ou une modification des paramètres stellaires seraient-ils envisageables? Avez-vous enregistré une baisse ou une augmentation de la température ou des précipitations?


Interrogea le Jedi en s'orientant vers une cause externe à la planète. Ses connaissances en météorologie, pire encore, en espace étaient très vagues; se limitant à leur influence sur un écosystème. La pluie ou plus précisément l'humidité alliée à la chaleur pouvaient faire de ravages; incubateurs de choix pour de nouveaux virus et le renforcement de ceux déjà existant. Toutefois un autre souci, interne lui, préoccupait Luke qui salua poliment Maître Gadon avant de se retourner vers Soeur Assayanah. Sans être froid avec le doyen; le jeune homme prenait simplement le temps d'achever la première conversation. Les patients encore en état de parler et surtout de blaguer n'étaient pas son fort, il détestait les nuisances passives qui les détournaient d'une discussion instructive. De plus, l'argument de soins attentionnés parce que cet homme était un notaire important lui semblait aussi superficiel que décevant: il aurait pour sa part avancé l'argument de l'âge non du statut social. Pourquoi une association à but non lucratif lui accordait-il autant de privilèges? Les notaires n'étaient pas plus précieux, du moins pas plus qu'une femme au foyer. Pas dans le domaine de la santé, quelques soient les répercussions financières. Aussi, contrairement à ce qu'avait suggéré de prime abord la Soeur; Luke choisit de ne pas démontrer de sensibilité. Pas tout de suite. Il ignora sciemment le joli rire de la femme bien qu'inconsciemment il en retint les tonalités.

- Je pense que nous devrions suivre la piste évoqué par notre expert, Karm. Toutefois; pour clore un dernier doute en ce qui concerne un facteur interne, permettez-moi une question: Depuis combien de temps utilisez-vous les mêmes médicaments?

Le jeune homme s'approcha enfin du vieil homme, lequel perdit son sourire pour contempler ce jeune blanc-bec qui marchait de façon un peu raide, et qui n'avait même pas la politesse de le regarder, malgré un sourire de circonstance, aimable, professionnel. L'homme se redressa malgré les tubes qui sillonnaient le creux de ses bras ou son nez. Il avait une bedaine prononce, une calvitie avancé et une barbe de 4 ou 5 jours. Malgré cet air peu sain de trop bon vivant, sa volonté semblait parvenir à tenir la maladie en respect... Paraissait. Certes. C'est d'une voix froide, imposante qu'il s'adressa à la Sœur. évidemment, plus de copinage quand les choses se tordaient. Voilà pourquoi Luke détestait cette hypocrisie sociale. Il se retint de défendre Assayanah, conscient que c'était une professionnelle, aimée par ses patients, et apte à répondre à leurs angoisses.

- Attendez, ma bonne petite, désolée de vous le dire mais vous vieillissez. Sont-ce là les renforts dont vous me parliez avec tant d'enthousiasme? Mon petit, voyons tsss tsss, un aveugle et... Une... Un stagiaire?

Luke qui s'avançait vers le lit stoppa sa progression, apparemment peu vexé. D'un ton neutre, presque mécanique il énonça:

- Mon collègue est très compétent et dispose des connaissances suffisantes pour vous ausculter, si vous le préférez.

Le jeune Jedi avait apprit à ne pas s'offusquer des requêtes des patients. Parfois, des femmes refusaient qu'il ne le touche, ou au contraire, des hommes. Mais la critique à laquelle il devait évidemment le plus souvent faire face, était son handicap. Un médecin aveugle, bien sûr, cela n'incitait guère à la confiance.

- Je crois que je me sens déjà mieux. Je suis solide!

Le Hapien dirigea son regard éteint directement vers l'homme. Il le braqua avec une certaine intensité, suffisante pour mettre mal à l'aise. Il semblait presque capable de l'observer, bien que ce ne soit qu'une impression.

- Auriez-vous l'amabilité de sortir un nouvel électrocardiogramme? - Demanda le Chevalier, saisissant au vol l'occasion lorsqu'une infirmière entra pour vérifier la transfusion du doyen.- et de me les faire traduire en braille.

- Nous n'avons pas un tel matériel, désolée Monsieur.

- Fonctionnons à l'ancienne alors. Prenez le dernier électrocardiogramme que vous avez, le nouveau, superposez-les et décalquez en appuyant sur le tracé. Un léger relief suffira. Merci.

Sous l'air éberlué de Gadon, et peut-être celui de la Soeur dont il ne savait pas si elle reconsidérait ses pensées à son égard, Luke attendit patiemment que l’infirmière achève son travail d'écolière précise. Il avait été inutile de lui dire que son tracé devait être parfait. La scène dura un bon moment, puis, remerciant sa stagiaire en mathématiques de l'instant, le jeune homme attrapa ensuite la feuille et passa ses doigts dessus. Il les laissa courir, évaluant les différences minimes entre les courbes. Ensuite, le jeune homme braqua à nouveau son regard sur le malade. Il s'intéressa aux symptômes qu'une liseuse énonça dune voix monotone, en un écho presque sinistre.

Karm fut le seul évidemment, à sentir que le jeune Jedi en appelait à la Force. Il la concentra autour du coeur de l'homme après l'avoir retenu, le temps de dissocier le côté purement scientifique de celui mystique.

- Cela m'étonnerais énonça seulement Luke après un petit moment.

- Mais enfin voyons, de quoi?

- Que vous alliez mieux.

Luke profita de la consternation du notaire pour obtenir son autorisation par omission. Il s'approcha du lit, puis d'une main douce quoique ferme, toucha le front de l'homme, ses joues, puis sa poitrine. Il exigea le silence pendant un instant puis repris.

- Selon les électrocardiogrammes, votre rythme cardiaque a augmenté de 2 battements par minute, cela semble négligeable mais la différence se maintient dans le temps, ce qui suggère un effort supplémentaire. Apparemment votre température aussi est plus forte, et j'entends un léger sifflement dans le poumon. Il va falloir faire des tests plus précis et autrement plus formels que ceux que je viens de faire, évidemment, mais le virus n'est pas en rémission, ni contrôlé, je puis vous l'assurer.

Sans s'alarmer pour autant, Luke qui penchait pour une grippe carabinée fit un pas en arrière. Il griffonna quelques notes avec sa pointe. Son étude lui semblait désespéramment simpliste, peu concise, mais sans ses outils, bien que les lieux soient équipés à merveille question machines, scanners et autres, il se sentait légèrement démuni, en essayant évidemment de ne pas le montrer, surtout au patient qui doutait déjà de sa personne. Et si Maître Gadon avait raison? Sans son traducteur au braille ou l'imprimante spécifique dont il disposait au Temple, Luke devait recourir aux moyens du bord. Heureusement d'un autre côté, il en avait pris l'habitude et ses précédentes affirmations prudentes étaient dans le vrai.

- Je dois m'entretenir avec mon confrère. Ne vous en faites pas Monsieur Gadon, nous allons tout faire pour que vous rétablissiez.

Sans avoir idée de ce que l'homme pensait de lui- il aurait été fin tiens, de se préoccuper du regard d'autrui, venant de sa part.- Luke adressa un sourire rassurant au patient ainsi qu'à Soeur assayanah, puis il se dirigea vers l'entrée pour inviter Karm à discuter avec lui.

- Que penses-tu de son état? Et penses-tu pouvoir l'ausculter? Apparemment il ne veut pas de moi pour des tests plus poussés. Je me demande vraiment d'où peut venir ce virus, mais je n'aime pas cette gourmandise envers les personnes âgées. Pour peu que ce soit contagieux, nous devrions établir un protocole d'isolement... Mais je ne veux pas alerter tout le monde. Parfois le remède est pire que le mal...

D'une onde de Force, il interrogea son ami, remerciant la Force que ce dernier soit présent à ses côtés. En ce moment, ses connaissances médicales ne suffiraient pas à le sortir seul de la situation. Heureusement que l'homme aux cheveux argentés se retrouvait là, juste à quelques pas de lui.
Karm Torr
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— L’ausculter… ?

L’attitude des locaux et de Sœur Assanayah à son endroit avaient durement ébranlé la confiance de Karm. Si, à la rigueur, on lui avait demandé de se battre contre des ordres d’envahisseur ou d’improviser un carburateur de speeder avec un vibrolame et ses chaussettes, il ne serait pas senti aussi peu à sa place.

— C’est toi qui sais faire tout ça, souffla l’Ark-Ni.

D’ailleurs, le professionnalisme de Luke, de questions en gestes précis, avait indubitablement achevé de conquérir Assanyah et calmer un peu les doutes du notoire. Karm jeta un regard aux trois étrangers, par-dessus l’épaule de son compagnon.

— En tout cas, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Quelque chose de…

Il poussa un soupir. Le stress qui montait l’empêchait de s’exprimer très clairement. Pourtant, son esprit très agile avait promptement analysé la situation — de sa manière bien à lui, certes, avec des raccourcis soudains, des conclusions qui relevaient presque de l’intuition, parce qu’elles faisaient l’économie de toutes les étapes intermédiaires du raisonnement, et cette clairvoyance, pour exceptionnelle qu’elle fût, était aussi exceptionnellement difficile à partager.

Sa nervosité était palpable dans le lien qui l’unissait avec Luke, à travers la Force.

— Non mais sérieux, elle arrête jamais de te regarder…

D’un autre côté, il la comprenait. Karm considérait que Luke était la beauté incarnée et que la Galaxie toute entière aurait dû être obnubilée par l’idée de l’avoir dans ses bras. En plus de cela, il était intelligent, charismatique, il sentait bon, il était talentueux et sa façon de s’asseoir était incroyablement poétique.

En toute objectivité.

L’Ark-Ni prit une profonde inspiration et parvint à expliquer :

— Pas d’médicament, un système en vase clos, pas de flux de population, devrait pas y avoir de maladies qui apparaissent, pas de nouvelles, je veux dire. Et si c’était le cas, elles devraient avoir des effets dévastateurs, pas… Pas un genre de simple grippe. J’la sens pas, toute cette histoire. Mais si on fait une quarantaine pour rien, que les gens dehors pètent un câble, qu’on a des émeutes sur les bras, ce sera encore pire.

Mais l’heure n’était pas aux lamentations. Ressasser leur perplexité ne les ferait pas progresser et Karm consentit finalement à ausculter le notaire.

— Tu devrais aller voir d’autres patients, qui seront plus coopératifs. En croisant les données, on finira peut-être par avoir une idée de ce qui se trame.

Il aurait voulu tendre la main, pour toucher Luke, au moins l’effleurer : c’était sa manière à lui de communiquer. Mais il craignait de mettre l’Hapien mal à l’aise. Alors, à la place, dans la Force, il lui communiqua des sentiments où se mêlaient la crainte, l’admiration, un peu de désir, et beaucoup de confiance. Puis ils s’en retournèrent vers les autres.

— Je vais poursuivre les examens de Maître Gadon pour tirer tout cela au clair. Ma Sœur, si vous voulez bien accompagner le Chevalier Kayan auprès des autres patients…
— Mais avec plaisir, assura sans surprise la religieuse, qui ne tarda pas à embarquer l’Hapien à ses côtés, pour faire le tour du dispensaire.

L’infirmière était restée aux côtés de Karm.

— Vous êtes majeur, au moins ?
— Une fois, sur l’champ de bataille, j’ai recousu le bras d’un camarade, arraché par une explosion.
— Ah.

D’expérience, Karm savait que les détails de blessures sanguinolentes et de sauvetages dramatiques avait tendance à calmer les patients qu’un mal peu considérable affligeait : ça mettait les choses en perspective et ça incitait à tenter de retenir son déjeuner plutôt que de parler. Le Jedi fut ainsi tranquille pour un moment et, avec l’infirmière, ils passèrent d’appareil en appareil pour ausculter le notaire.

Comme l’Ark-Ni taciturne n’invitait guère à la conversation et qu’il ne faisait aux questions du notaire que des réponses laconiques, dans un murmure distrait, le silence avait fini par s’installer dans la chambre. Au bout d’une bonne demi-heure, Karm en était à observer les données qui défilaient sur un hologramme.

— Alors, se résolut finalement à demander le notaire ?
— C’est mal engagé.

Pour le tact et la délicatesse, on repassera.

— Le flux sanguin dans vos poumons est en réduction constante, bientôt vous aurez des détresses respiratoires, va falloir intuber, et en même temps si votre cœur s’accélère, ça veut dire que ça va bloquer quelque part. Vous risquez l’oedème interne.

Le notoire avait pâli d’un coup.

— Mais… mais… alors, qu’est-ce qu’on fait ?

Pour toute réponse, Karm ferma les yeux et se concentra dans la Force. Il avait vu quelque chose. Il avait compris quelque chose. Il ne savait pas quoi, pas précisément, mais il le sentait, là, à la limite de sa conscience, et il suffisait d’écouter la Force pour trouver sinon la réponse, du moins la solution. Brusquement, il rouvrit les yeux et décréta :

— Dialyse.
— Vous êtes sûr ?
— Ouais.

On attendait généralement de son docteur un ton un peu plus professionnel. Karm se retourna vers l’infirmière et demanda :

— Vous avez ça ?
— Bien sûr ! Des machines du dernier cri ou presque.
— Cool.

C’était lui ou il faisait vraiment très chaud, dans ce dispensaire ?
Luke Kayan
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- Hum? Crois-tu qu'elle se méfie aussi? - Luke haussa les épaules après un temps de réflexion. Il comprenait qu'on ait du mal à lui faire confiance, surtout après son apparente improvisation.- Je peux la saisir... Il va falloir, je suppose, ne plus lui donner d'occasions de le faire, ou du moins pas assez pour qu'ils nous renvoient. Aie confiance en toi Karm, rappelle-toi ce que tu m'as dit, ça vaut pour toi. Si le Conseil t'as envoyé sur cette mission, c'est que tu es capable. On est capable.

Malgré son bref sourire, autant pour Karm que pour lui, le Hapien, persuadé qu'Assayanah cachait efficacement son aversion pour un médecin aveugle sentit son cœur se serrer légèrement. Il avait, dans le feu de l'action, retrouver un peu de sûreté, mais désormais que Karm le prévenait, ses doutes revenaient, au point qu'il avait l'impression de réellement ressentir le regard de la femme sur lui. Il n'y avait aucune autre raison à ce que les choses ne s'écoulent pas aussi fluidement que prévu: Un échange entre médecins de mondes éloignés, totalement différents. Ils auraient dû profiter de l'occasion. Non, ils allaient le faire, et ce n'était pas l'opinion d'une étrangère qui allait le perturber, du moins, pas assez pour éviter qu'il ne continue son travail. D'habitude peu confiant envers sa propre personne, si Luke accrochait, saisissait un détail, il ne lâchait plus et continuait coûte que coûte. Or, bien que d'apparence bénigne, cette mauvaise grippe était désormais une affaire toute personnelle que le Jedi était décidé à résoudre, sans compter la découverte des secrets de cette infirmerie étrangement bien équipée malgré son isolement. Et surtout, il gardait en tête d'aider, les satisfaire venait ensuite.

- Très bien, allons-y.

Le jeune homme accepta la proposition de l'Ark-Ni, sa bouche s'était refermée sans avoir prononcé un mot lorsque la Soeur s'était approchée, si rapidement. Elle devait vraiment se méfier pour les laisser seuls un si maigre instant. Luke ne comprenait pas comment certains parvenaient à occulter si bien leurs vrais sentiments, même au sein de la Force, puisque venant de sa part, le blond ne voyait que de la bienveillance. Une bienveillance sucrée, collante.

- Allons dans l'aile de pédiatrie si vous le voulez bien. Comme vous vous en doutez, les enfants ont également été touché. Ce sont des proies de choix pour un virus, plus encore que les personnes âgées dans ce cas.

Luke opina du chef, suivant attentivement la femme. Sa main courait le long des murs propres de l'infirmerie. Le chemin ne fut pas long, le couloir étroit les menant directement, sans détour jusqu'au service pédiatrie.

- À quel degré de contagion estimeriez-vous cette maladie?

- Apparemment assez élevé- répondit la voix charmante aussitôt. Cette fois-ci, la femme avait décidé de changer de stratégie, la sobriété et le professionnalisme qui semblaient tant plaire au Hapien. Gagné, Luke lui offrit son entière attention, ses yeux se posant presque dans ceux magnifiques de la Soeur. Elle dû prendre ça pour un petit signe encourageant car sa voix se fit involontairement chantante. Le Hapien, innocent, l'attribua à la passion de son travail bien que les circonstances ne prêtent pas à de telles exclamations joyeuses quoique discrètes.- On a déjà une dizaine de malades. Cela dit, nous hésitons encore quant au mode de transmission. Personnellement je penche pour le toucher, sans quoi il y aurait encore plus de victimes.


- C'est possible. Ne lançons pas encore le protocole de quarantaine, j'en ai discuté avec Karm, et il vaut mieux éviter la panique.


À contrecœurs, la Soeur donna raison au chevalier. Luke ressentit effectivement un brin d'acidité cette fois, sans en saisir la véritable teneur. Peut-être qu'elle aurait penchée pour ne prendre aucun risque et lancer l'alarme.

Les enfants et leurs parents étaient relativement sages bien qu'on entendait quelques pleurs discrets. Luke se dirigea vers ce son indiquant douleur mais aussi droit. Oui, le droit de s'exprimer que ne possédaient pas les animaux par exemple. Bien qu'il s'abstienne souvent de gémir ou quoique ce soit d'autres, le Hapien valorisait ce pouvoir commun à toutes les races pensantes -ou presque-. Il écouta donc attentivement la gamine de 3 ou 4 ans après avoir vaguement salué la mère. Assayanah s'occupa de tranquilliser cette dernière, étonnée et un peu outrée de voir le Jedi planté là, écoutant simplement son enfant geindre. Luke ferma les yeux, il percevait le bruit du coeur de la petite, un rythme trop élevé, une danse qu'elle peinait à suivre, tout comme son sang. Lorsque le Hapien étudia la Force, il sentit que la source de vie était toujours fluide mais pauvre, étrangement pauvre. Comme si quelque chose en dévorait les nutriments, le salissait. Ce n'était pas juste une grippe. Assayanah lui apporta les résultats, détaillant avec minutie la situation des courbes afin d'éviter de recourir au tracé collégien. Le regard rivé sur l'autre- même si le Jedi louchait de quelques centimètres.- ils ouvrirent la bouche en coeur. Une sorte d'union professionnelle venait de se révéler, créé depuis leur rencontre. Malgré la situation ils ne purent s'empêcher de sourire, juste un peu. De satisfaction.

- Dialyse.

La religieuse avisa la chef du service, tandis que Luke raisonnait la mère et l'enfant, utilisant des mots communs "nous allons tout faire ce qui est en notre pouvoir, ne vous alarmez pas, la dialyse est un processus commun.", professionnels mais sincères. Les enfants lui faisaient toujours de la peine, surtout les petites filles de l'âge de Kim. Elles lui rappelaient toujours cette enfant au corps déformé sur Hapès, celle que Velvet et en partie lui avaient condamnée. Était-ce vraiment mieux ainsi? Le blond n'avait jamais oublié le résultat de l'expérimentation cruel des laboratoires de sa planète qui jouait ou pleurait dans ses bras comme n'importe quelle gamine.

Assayanah le rejoint, sortant Luke de son passé. Ils se dirigèrent d'un pas unanime vers la chambre du notaire, bien pâle. Heureusement trop pour se plaindre du traitement humain trop direct reçu par "le stagiaire". Le Hapien davantage formé en ce sens parvint à faire l'effort de ne rien laisser paraître pour héler le plus calmement possible son compagnon hors du champs d'écoute du vieil homme.

- Apparemment cela touche le sang, comme si le virus polluait ce dernier, en tout cas ce n'est pas une mauvaise grippe. La progression semble lente au début, je dirais même qu'elle stagne, comme si la maladie s'installait dans un relatif silence, avant de littéralement s'en prendre aux cellules sanguines,de toutes parts. Cela dit, j'ignore si c'est un autre symptôme ou la finalité, je dois admettre être assez inq... Karm, est-ce que tu vas bien?

L'adrénaline avait dû augmenter son rythme cardiaque. Oui, c'était sûrement cela que le Hapien ressentait à travers le fil invisible qui les unissait. Toujours.
Karm Torr
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— Ça va, t’inquiète, j’ai juste un peu chaud.

Probablement la jungle — c’était ce qu’il essayait de se dire, même s’il entendait la climatisation du préfabriqué hospitalier tourner à plein régime.

— J’en suis arrivé aux mêmes conclusions de mon côté. La dialyse semble un peu début, mais c’t’un traitement symptomatique, et pour traiter le fond du problème, faut isoler l’agent pathogène et développer les médicaments appropriés. L’idéal, ce serait une autopsie, j’suppose, mais faut espérer que l’occasion se présente pas. En tout cas, j’en viens à me demander si c’est pas…
— Un nouveau cas vient de se déclarer hors de l’hôpital, les coupa la Sœur, en esquissant néanmoins un sourire d’excuse.

Les examens menés par Karm avaient dû le faire remonter un peu dans son estime.

— Allons-y. On en apprendra peut-être un peu plus en analysant un cas déclaré dans son environnement naturel.
— Je suis d’accord. Un transport nous attend.

Après avoir formulé quelques ultimes recommandations à l’attention de l’infirmière, ils quittèrent la chambre puis l’hôpital. Une fois dehors, Karm eut un peu de mal à reprendre sa respiration. La chaleur de la jungle lui semblait véritablement écrasante et, pourtant, il était habitué à des conditions bien plus extrêmes. Il fit comme il put pour dissimuler son état mais il avait bien conscience que Luke le percevait dans la Force. Pour se rassurer lui-même autant que son compagnon, il murmura :

— Ça va.

Sa constitution était moins fragile que celle de la plupart des Ark-Ni, parce qu’il n’avait pas passé sa jeunesse dans l’environnement aseptisé des vaisseaux, mais il lui arrivait tout de même souvent de tomber malade. Avec l’âge, son état était rarement aussi problématique que les épisodes critiques qu’il avait pu connaître, étant Padawan, et il avait fini par ne pas se considérer différent, en la matière, de n’importe quel humain. Ce jour-là, pourtant…

Ils grimpèrent dans un speeder étroit, fait pour se faufiler dans l’enchevêtrement des bâtiments et de la végétation et Assayanah conduisit d’une main de maîtresse. Ils ne tardèrent pas à se ranger au septième étage d’un bâtiment aux allures modernes, qui avait été construit récemment, au flanc du cratère, dans un équilibre qui aurait pu paraître instable, sans l’ingéniosité irréprochable des architectes locaux, habitués à conquérir le moindre espace propice aux constructions.

Ils s’engagèrent dans un petit couloir bordé de portes toutes identiques.

— Ce sont des logements étudiants. L’université locale essaie de se développer et comme les prix ne cessent de monter dans le cratère principal, faute d’espace constructible, inévitablement, les gens de la classe moyenne sont attirés par ici. Numéro 112, c’est aussi.

Ils frappèrent à la porte et une étudiante leur ouvrit.

— Par ici. Il s’est effondré d’un coup, alors qu’on était en train de réviser.
— D’un coup, répéta Karm en fronçant les sourcils.
— Oui. Il se plaignait d’avoir chaud et puis là, bam.
— La maladie est censée progresser lentement, souffla l’Ark-Ni à son ami. Si le virus évolue aussi rapidement, après avoir atteint un premier pallier de contamination, ça ressemble beaucoup à… à quelque chose de… de…

Karm s’agrippa au bras de Luke, à la recherche de sa respiration, et il dut fermer les yeux, se concentrer sur la Force et puiser dans ses ressources méditatives pour contrer l’avancée de la maladie.

— Chevalier Torr, s’exclama la Sœur, sincèrement inquiète. Chevalier Torr…

Karm parvint à ouvrir les yeux. Seuls ses talents de Jedi lui avaient permis de surmonter la première attaque du mal.

— J’ai bien peur d’avoir été contaminé. Mais occupez-vous du malade. De l’autre malade, j’veux dire.
— Asseyez-vous ici, Madame. M’sieur. Euh… Chevalier.

Karm se laissa en effet tomber un peu lourdement sur la chaise que l’étudiante avait tirée dans le petit studio. Son cœur battait à la chamade, et, pour une fois, ce n’était pas parce qu’il était près de Luke. Son tee-shirt était moite de sueur et son souffle court. Il leva les yeux vers Luke et assura :

— J’ai connu pire, t’inquiètes.

Même si, lui, il était un peu inquiet, au fond.
Luke Kayan
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Luke fronça les sourcils, déconcentré alors qu'il observait l'étudiant qui s'était effondré, via la Force. Les questions flottaient dans sa tête sans réussir à les rattacher. "Le colocataire s'était-il senti mal avant? Et si oui, quand avait émergé le premier symptôme?" "Pourquoi l'étudiante ne semblait pas malade, était-elle en train de couver la maladie, juste avant de s'effondrer à son tour?". Karm ne cessait d'empirer, le coup de chaleur s'était transformé en un mal-être plus subtil que Luke perçut quelques secondes avant que son ami ne tombe à son tour. Si les Jedis pouvaient également être atteints par la maladie, Luke était très inquiet tout à coup. Les Midichloriens étaient en général de meilleurs remparts que les globules blancs, sans parler de leur entraînement couplés à leurs voyages incessants qui leur permettaient d'améliorer considérablement leur système immunitaire, surtout celui de l'Ark-Ni, explorateur actif. Rattrapant la nouvelle victime du virus en suivant ce bras agrippé à lui, le Hapien le retint juste assez pour l'aider à se glisser sur la chaise offerte par l'étudiante. La main qui tenait fermement le poignet du malade ne put s'empêcher de diffuser une onde guérisseuse, peut-être inutile mais lancée sans réserve, instinctive. Cherchant la plaie, la Force s'amassa autour de l'homme aux cheveux argentés, un peu désappointée certes. Luke la sentit s'engouffrer finalement à l'intérieur de son ami, elle virevoltait autour de ses organes désormais, pour essayer d'attraper le mal, de s'y attaquer, sans résultat. Le Hapien qui avait fermé les yeux les rouvrit en sentant un léger malaise l'envahir.

Sous les regards inquiets, il était resté immobile, les paupières closes, vacillant un peu parce qu'il avait envoyé une bonne dose de son énergie dans l'être de l'Ark-Ni. La Soeur retrouva des couleurs lorsqu'elle s'aperçut que Luke ne s'effondrait pas. Le concerné, lui, soupira. Il leur faudrait un moment de calme pour essayer à nouveau de soigner Karm via la Force, ici, il ne faisait que gaspiller une énergie vitale.

- Ordonnez la mise en quarantaine.

Parvint-il à articuler d'une voix sombre et basse, le regard davantage perdu dans le vague que d'habitude. Son visage aux traits fins s'était mués en une expression digne des statues antiques, indéchiffrable, belle mais rigide, anti-naturelle. Il essayait de cacher son trouble.

- Ça va aller. On va trouver.

Le jeune homme était également inquiet à propos de sa propre contagion. S'il tombait malade, il ne pourrait pas faire grand chose de plus à en juger l'état de Karm, déjà hors d'état de nuire après une attaque vivace du virus. Mais les sentiments ne comptaient pas, ou du moins, ils devaient s'exprimer en silence, entre eux. D'une onde de Force, le Hapien envoya tout son courage et tout son amour au chevalier, demeurant impassible de l'extérieur, ou presque. Qui le connaissait bien saurait que son visage, glacé par un professionnalisme exacerbé était un masque.

- En admettant que Karm ait contracté le virus dès notre arrivée, son incubation s'est accélérée, car à peine trois heures se sont écoulées. Je ne sais pas si c'est un facteur général ou localisé, mais c'est un jeune homme en bonne santé, avec une excellente condition physique. Soit le virus s'est renforcé, soit il n'avait pas eu l'occasion jusque là de contaminer des personnes saines.

* En espérant que ce ne soit pas le premier cas, une adaptation si rapide à son environnement signifierait une épidémie à grande échelle.*

- Vous n'êtes pas malade Soeur Assayanah et apparemment, moi non plus. Nous allons rentrer à l'infirmerie et faire des analyses sanguines, afin de savoir si quelque chose d'autres que le hasard nous a protégé.

En rentrant, il faudrait aussi songer à mettre un masque ou du moins des gants, car la chance pouvait ne pas durer. Désormais que la maladie de son ami était visible, y compris pour un aveugle, le blond s'était à nouveau organisé. Il marchait à l'instinct, boosté par l'expérience, du moins le peu qu'il avait dans le domaine des épidémies.

Une ambulance fut appelée pour transporter le colocataire et l'étudiante, tandis que dans une autre, Luke accompagnait Karm, cherchant à se préserver via la Force. Cela lui fendait le coeur de ne pas partager davantage son énergie avec ce dernier, mais s'il tombait aussi malade, ce serait la catastrophe. Il appela brièvement le Temple pour lui faire part d'un rapport rapide et improvisé- comme il les détestait.- manquant singulièrement de précisions bien qu'il soit heureusement organisé, question d'habitude. Puis, revenant s'asseoir auprès de son ami, le Hapien se risqua à lui prendre la main, bien que la sienne soit désormais gantée, gâchant une partie de la sensation tactile. Il portait aussi un masque chirurgicale léger qui cachait sa bouche et son nez. Le contact lui manquait affreusement, il était déboussolé par le caoutchouc qui cachait ses "yeux", mais il essayait de ne rien laisser paraître.

- Ce n'est que la première phase et elle semble ralentie par la Force et tes midichloriens. On a encore un peu de temps avant... ?


Avant que son coeur ne s'emballe, son sang se salisse et puis... Quoi après? Luke doutait qu'un virus aussi agressif s'arrête là.

- Karm tu allais me faire part d'une hypothèse tout à l'heure. Tu as dit que si l'évolution était si rapide, ce ne pouvait être que... ?

Désolé de presser le Chevalier turquoise mais sachant que c'était une piste à ne pas ignorer, Luke l'enjoint à faire travailler sa mémoire, pressant davantage sa main contre celle du malade. Il leur restait quelques instants encore avant que l'ambulance ne s’arrête, que les portes s'ouvrent à la volée et que le véhicule planant à quelques mètres du sol ne soit investi par les blouses blanches. Ensuite, une nuée d'infirmières viendraient l'accueillir, elles aussi masquées et gantées. Une partie du personnel, Luke le savait, avait déserté, surtout les bénévoles qui n'avaient jamais eu à faire face à ce type d'épidémies. Elles étaient réunies, retenues, dans la salle de repos à grands renforts de persuasion du médecin en chef qui faisait appel à leur sensibilité, les culpabilisant. Si elles sortaient en portant peut-être le virus, elles lui permettraient de se propager à une vitesse folle. Le Hapien lui réfléchissait, comment Karm avait-il pu être contaminé? Qu'avait-il fait que le blond n'avait pas fait? Lui-même ne ressentait aucun symptôme. Le temps d'incubation serait-il plus long pour lui, Soeur Assayanah ou encore l'étudiante? Fallait-il un échange de salive pour que l'individu tombe malade? Mais le notaire n'avait pas embrassé son ami à ce qu'il sache. Et une blessure minime contaminée par le sang de Gadon? La tête sur le point d'exploser, Luke se prit à espérer que les analyses entre les personnes saines et malades révéleraient une différence notoire, la présence d'une enzyme n'ayant rien à voir qui arrêtait pourtant le virus. Auquel cas, ils pourraient forger un remède d'urgence et l'injecter.

Trouver un porteur sain ou une personne apte à repousser le virus en lui serait idéal. Salvateur.
Karm Torr
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L’ambulance filait dans la jungle urbaine et ses soubresauts, pour éviter les lianes ou les passerelles, agitaient le patient plus qu’il n’était indiqué. D’ailleurs, l’état de Karm se détériorait rapidement. Le cœur de l’Ark-Ni ne cessait de s’accélérer, jusqu’à rater un battement ou deux, dans une crispation douloureuse, pour repartir ensuite à un rythme à peu près normal, et recommencer alors sa course folle. Karm serrait la main gantée de son compagnon d’une poigne un peu désespérée et il n’était pas loin de céder à la panique.

D’ordinaire, son sang-froid semblait à toute épreuve, mais c’était qu’il supportait bien les situations où ses actions pouvaient le tirer d’affaire, quelque improbable que l’issue en parût. Abandonné sur glacier, perdu au milieu d’une bataille avec les Siths, il savait que son entraînement et sa détermination pouvaient lui permettre de surmonter les difficultés. Mais ce jour-là, il n’y avait rien qu’il pût faire : ses forces l’abandonnaient peu à peu ou, bien plutôt, elles s’accumulaient et explosaient.

Un gémissement de douleur lui échappa alors que son corps se contractait une nouvelle fois en un spasme affreux. Les muscles de son ventre étaient serrés avec la violence d’une crampe et toute cette douleur qui montait en lui nourrissait la peur de mourir là, dans une ambulance, sapée par la maladie, après s’être battu tant de fois et avoir vécu tant d’aventures, en apparence autrement plus dangereuses.

Les mains de Luke lui arrivaient comme à travers la brume et ils faisaient mal impression sur son cerveau. C’était seulement en se raccrochant à la Force que Karm parvenait à ne pas céder entièrement à l’angoisse.

— T’es pas… t’es pas humain… Et… Et… Moi non plus… Pas comme eux… Pas…

Ce qu’il essayait de dire tant bien que mal, c’était que les spécificités génétiques des Hapiens d’un côté et des Ark-Ni de l’autre avaient pu protéger Luke dans une certaine mesure et, en revanche, l’exposer lui.

— J’suis désolé, j’suis désolé, j’suis…

Il serra à nouveau la main de Luke, très fort, et cette fois-ci, ce fut un bref cri de douleur qui lui échappa, contenu tant bien que mal. L’ambulancier lança, depuis l’avant du speeder :

— On est bientôt. Tenez bon.
— Bio… Bioingén… ingéni… Si le virus change… C’est c’que je voulais dire… s’il change comme ça, comme ça, d-de façon si… r-radicale… c’est que… qu’il a été… créée… pour la… pour la… pr…

Le sens de la machine qui surveillait le rythme cardiaque du Jedi, après s’être affolé, venait de se transformer en un long bip continu, alors que le corps de l’Ark-Ni, après s’être encore cambré de douleur, venait de retomber lourdement sur le brancard.

— Merde, murmura l’ambulancière, à l’arrière avec Luke.

L’Hapien n’avait pas besoin de machine, sans doute, pour savoir que le cœur de son compagnon s’était arrêté. Alors que le speeder amorçait sa descente vers le petit tarmac de l’hôpital, l’ambulancière découpa le tee-shirt de Karm pour découvrir son torse, y placer deux petites électrodes et régler le volume du courant sur son datapad.

— Lâchez-le, ordonna-t-elle à l’Hapien, avant d’enclencher l’électricité.

La première décharge fut sans effet mais, alors que le speeder, qui venait de se poser, déployait sa rampe de débarquement, la seconde redémarra le corps de Karm. L’Ark-Ni n’avait pas repris conscience cependant. Deux bénévoles s’engouffrèrent dans le speeder pour tirer le brancard, après avoir activé la suspension aérienne, et tout ce petit monde partit au pas de course dans l’hôpital, sans se soucier de l’aveugle qui pouvait difficilement les suivre aussi vite.

Mais Assayanah ne tarda pas, elle, à retrouver Luke. Elle n’était plus d’humeur à flirter avec lui cependant, parce qu’elle apportait une terrible nouvelle :

— L’étudiant est mort en chemin. Sous mes yeux. Son… Son cœur s’est arrêté. On n’a rien pu faire. On n’a rien pu faire.

Elle était jeune encore et c’était en vérité la première mort dont elle était témoin. Jusque là, les dispensaires médicaux où elle avait officié n’avaient traité que des maladies ordinaires sur des planètes reculées, dans des conditions souvent frustes, certes, mais où elle n’avait été exposé à rien de grave. Elle avait vu le brancard passé avec le Jedi inconscient et il était difficile de ne pas penser que Karm serait le prochain sur la liste.

Comme si le Chevalier était déjà condamné, elle murmura :

— Désolée pour votre collègue…
Luke Kayan
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Luke n'était pas humain certes. Il aurait donc dû tomber malade et s'effondrer avant l'Ark-Ni étant donné ses gènes. Bien qu'il ne soit pas un enfant éprouvette des plus extrêmes, il restait issu d'une race obsédée par la beauté ayant clairement délaissé la santé au nom de l'apparence parfaite. Les propos de Karm, effectivement attaqué par le virus d'une façon aussi incompréhensible que rapide, condamnaient le blond. Pour autant, le jeune homme ne sentait toujours aucun symptôme. Désespéré par le besoin de saisir les propos hachés de son ami, Luke réfléchissait à toutes les possibilités. Un virus créé? Par qui et pourquoi? Dans le but de faire chanter un politicien? De demander une rançon contre le remède? Un genre de rançon à l'échelle planétaire? Pourquoi le criminel ne s'était toujours pas manifesté dans ce cas? La main du Chevalier Turquoise serra la sienne plus fort, Luke sortit de ses pensées frénétiques, il envoya une onde de Force à son ami, plus puissante que ce qu'il ne devrait pour se préserver, mais il lui avait été impossible de doser son soutien rempli de tendresse et d'inquiétude. C'était la troisième fois déjà que le Hapien risquait de perdre Karm, après Vonghaï et sa torture dans la cité aux Deux Soleils. Auraient-ils une mission vraiment simple, comme on leur promettait toujours?

- Je te préviens, si tu continues comme ça, je ne t'emmènerai plus en mission.

Plaisanta-t-il en fouinant dans une ressource insoupçonnée de courage pour sourire. Sa main ganté rendait à Karm sa poigne, essayant de maintenir le jeune homme avec lui. Désormais que ce dernier avait livré une partie de son secret, le blond allait lui dire de se taire, de se reposer, lorsqu'une douleur s'élança brutalement dans ses doigts, meurtris par une force physique inattendue. Le corps terriblement crispé, l'Ark-Ni venait de rendre son dernier souffle. Du moins, pour le moment, car Luke n'était pas décidé à le laisser s'éteindre. Il projeta la Force en Karm, envahissant son être inanimé

- Non!

Loin d'être professionnel, son exclamation était remplie de désespoir. Lorsque les portes s'ouvrit, il lâcha la main de son ami, obéissant comme un pantin aux infirmières qui firent descendre le brancard. Très vite, le jeune homme se retrouva seul. Il n'avait même pas eu le temps de se repérer pour descendre les marches que le chevalier était déjà parti vers la salle de réanimation. Le visage blême, vidé de son énergie, le Hapien resta immobile, sur le banc à côté du lit froid. Il y avait ce tourbillon au sein de la Force quelques secondes auparavant encore, et désormais plus rien. Le néant. C'était comme perdre la vue une seconde fois.

Assayanah le rejoignit tandis que le blond fouillant plus profondément dans sa vaillance descendait du véhicule. Elle lui annonça la mort de l'étudiant. Luke baissa la tête, il resta silencieux quelques secondes, laissant une brise presque câline caresser sa chevelure blonde.

- Je suis désolé.

Parvint-il à murmurer, un ton qui lui rappela inévitablement son ami, habitué à parler de la sorte. La religieuse lui adressa elle aussi ses excuses, le Hapien les accepta d'un hochement de tète, son visage se ferma davantage et il entreprit de se diriger vers l'entrée de l'hôpital. Malgré son désir de courir jusqu'au lit de son camarade, il continua sa route pour aller dans la salle de radiographie où des médecins s'affairaient, confirmant que la maladie ne touchait pas les os.

- Comparez les échantillons des malades et des personnes saines. S'il y a un porteur sain, je veux être avisé sur l'instant, même si je doute qu'on ait cette chance. Trouvez le point commun entre les victimes et ce qui leur manque... Ou ce qu'ils ont en trop dans leur sang. On sait que la maladie attaque le système sanguin, je veux savoir comment. Destruction de globules rouges, de protéines ou fluidification extrême. Tout. Biopsie des poumons et de la colonne vertébrale.

Assayanah donna des ordres, elle aussi émettait des idées, à toute vitesse. Elle était sur le bord des larmes, troublée par cette première mort. Luke la stoppa en pleine route dans les couloirs.

- Je... Vais bien.

- Inutile de le cacher. Je vois vos larmes.


Avec douceur, le Hapien trouva le visage de la religieuse et essuya une larme qui coulait effectivement. Hébétée par l’expression de l'aveugle, la femme resta un instant silencieuse. Le blond essaya de lui transmettre un peu de courage via la Force mais c'était difficile, tellement différent d'avec Karm. Sans retour. Naturellement.

- Vous faites de l'excellent travail.

Acheva le jeune homme qui consentit à attendre quelques secondes que la femme-médecin retrouve de l’aplomb pour reprendre sa route, guidée par cette dernière, un peu ragaillardie.

- Vous allez aussi me tester et vous tester, car nous étions présents dans cette chambre avec les deux étudiants et... Karm. Je ne m'explique pas que nous soyons apparemment sains.

Évidemment, la possibilité de découvrir qu'ils étaient porteurs, pouvant tomber n'importe quand avait de quoi mettre sur les nerfs, mais le Hapien devait sortir des doutes, surtout si cela pouvait leur donner des éléments valables pour la guérison. La guérison. Dire qu'une heure avant encore, Karm exposait ses idées, entre une ou deux remarques sur la chaleur présente. Le premier symptôme, évidemment.

- Y a-t-il de grands complexes pharmaceutiques qui se sont intéressés à la planète ces derniers temps, une insistance particulière pour vous fournir en médicaments?

- Non, je ne comprends pas cette question.

Assayanah dévisageait désormais le blond en craignant que chez lui, la maladie ne se déclare via la folie. En voyant le sérieux qui habillait son visage, elle saisit toutefois qu'il était préoccupé par quelque chose lui échappant. Intelligente et ayant établi un certain lien avec lui, la jeune femme ouvrit et referma la bouche, capable de se faire une idée quoique peu précise des inquiétudes, vraiment inquiétantes, de Luke. Il soupçonnait une attaque criminelle.

- Il y a une prison ici - commença la femme, peu assurée. Le silence de Luke l'encouragea à continuer.- -Je doute que ce soit le mode opératoire habituelle d'un criminel pour se venger et personne ne s'est échappé jusque là... Mais. Je ne sais pas.

Le Hapien abandonna aussi l'idée, mouvant négativement la tête. La piste ne lui paraissait pas logique, alors il prit contact avec les autorités locales destinées à veiller à la mise en place de la quarantaine ainsi que pour pister d'éventuels laboratoires pharmaceutiques, une piste plus probable.

D'ici peu les sirènes ou le système mis en place par la ville hurlerait de ses poumons électroniques, la panique emplirait la ville et il faudrait toute l'énergie de la police locale pour contenir le mouvement. Luke respira à fond puis se laissa guider vers un lit. Il se dévêtit sans complexe devant Soeur Assayanah, passa une tenue spécifique de patient, au moins pour les tests. Pendant ceux-ci, il se focalisait sur Karm, cherchant son aura dans les couloirs, outrepassant les frontières physiques. Une fois ce dernier localise, ironiquement assez proche de sa chambre, il lui envoya sans savoir si cela servirait, des ondes réconfortantes. Une larme glissa de ses yeux lorsqu'Assayanah procéda à la biopsie, elle dû penser que cette expression de douleur était due à la longue aiguille pénétrant dans son dos.

Une fois rhabillé, il fallait attendre les résultats. Luke demanda à être mené auprès de son collègue.

- Procédez au rafraîchissement des corps et combattez les infections de sang. La dialyse pour les cas les plus graves. - Ordonna le Hapien sans savoir si Karm ferait partie des élus, mais il savait surtout que son ami aurait agi de la sorte avec lui, tout en le voulant pour lui-même. La mission avant tout.-

Le jeune homme s'échappa, conscient que bientôt il faudrait appeler le gouvernement, faire appel à des fonds privés pour trouver des médicaments, des machines de dialyse, affronter ou supplier les intéressés par le malheurs des autres. Il s'assit à côté du lit de Karm, sans savoir si espérer que les mesures destinées à traiter les symptômes lui permettrait de reprendre conscience, au moins par intermittence. Il prit la main du Chevalier et la serra. À nouveau une larme coula sur sa joue, Assayanah le remarqua à travers la vitre épaisse d'observation. Or, il n'y avait pas de longue aiguille cette fois.

- Tam. Reste.

Quémanda-t-il en un murmure qui lui avait pourtant paru être un cri.
Karm Torr
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Hélas, l’Ark-Ni ne répondait pas. Son état était moins critique que celui de certains autres patients qui, arrivés en trombe à leur tour, avaient déclaré des symptômes tout à fait préoccupants, avant de mourir peu après. L’étudiant n’était plus le premier sur la liste des victimes de l’épidémie, qui menaçait de s’allonger démesurément. Cependant, après la première vague, une fois la quarantaine mise en place, la contagion se fit moins violente.

L’état de Karm était préoccupant. Pour une large part, il échappait aux médecins. Volontairement ou non, plus probablement par l’effet de son instinct, le jeune homme s’était plongé dans une profonde transe méditative, proche d’un morichro, une technique dont il ignorait tout mais que son esprit avait trouvé, avec cette énergie de désespoir que les Jedis avaient parfois, dans les pires extrémités. Tout son métabolisme s’était ralenti, à deux pas de la mort, mais la propagation de la maladie avait été suspendue de la même manière et il restait dans son état sans variation, très stable, mais à la limite de l’inexistence.

Pour les docteurs de ce petit dispensaire, c’était un phénomène qui n’avait guère d’explication et, à part surveiller le patient, leur intervention ne pouvait qu’être limitée. Ni les mots, ni les gestes de Luke ne paraissaient non plus avoir le moindre effet sur l’Ark-Ni et la veille de l’Hapien fut finalement interrompue par Assayanah, qu’une infirmière venait de contacter. La jeune femme tapota doucement sur la vitre d’observation, pour attirer l’attention de l’aveugle, et quand celui-ci l’eut rejoint, elle expliqua :

— Nous avons les résultats des premières analyses et c’est la première fois que je vois ça. Regardez, poursuivait-elle sans réfléchir en montrant le datapad à l’aveugle, euh… Désolée… Les analyses indiquent sans doute possible que le virus est artificiel. Il s’attaque aux cellules sanguines et leur fait libérer une toxine. La fièvre lutte contre le corps étranger d’abord mais la toxine finit par gagner le cœur, avec les symptômes que l’on connait. Chez l’étudiante et chez moi, le virus a été combattu par l’organisme assez rapidement, pour des raisons qui ne sont pas très claires encore, peut-être simplement une résistance naturelle, mais chez vous, c’est très différent. Chez vous, le virus est resté entièrement inactif.
— Ma Sœur ?
— Dr. Carvier. Entrez. Halistor Carvier, le Chevalier Luke Kayan.
— Enchanté, répliqua machinalement le médecin belsavien, comme tout le monde plus préoccupé par les patients que par les mondanités, c’était pour vous dire que la maire a lancé un appel à l’assistance du gouvernement central, des autres villes et des grandes industries du secteur.

Carvier était un peu dépassé par les événements. Médecin libéral de la ville, il occupait d’ordinaire son temps de rhumes en migraines et, quand un cas plus grave se présentait, les hôpitaux de la capitale se chargeaient d’accueillir le patient. C’était la première fois, depuis ses années d’internat, il y avait plus de dix ans de cela, qu’il était jeté dans la tourmente des urgences.

— Excellent.
— Un cargo d’un laboratoire pharmaceutique de Naboo, Harmonia, passait justement dans le secteur et ils sont en train de demander l’autorisation à leur conseil d’administration de nous apporter une aide humanitaire. Ce seront des médicaments génériques surtout, mais ce serait déjà beaucoup.

Harmonia était une entreprise sans histoire de Naboo, dont les activités se partageaient entre l’exploitation de la flore locale, et notamment des fleurs de milla, et l’élaboration de médicaments. Récemment, la compagnie avait été victime de morts et d’attentats étranges. On avait soupçonné un sabotage industriel, le cours des actions avait plongé mais quelques investisseurs s’étaient décidés à la remettre sur pied et elle avait repris ses activités.

En réalité, c’était le Seigneur Sith Darth Noctis qui avait orchestré la chute d’Harmonia, pour s’assurer le contrôle de vastes réserves de milla, une plante essentielle au développement en cours d’une super-arme destinée à favoriser le contrôle mental de vastes populations. Les scientifiques de Noctis avaient investi les laboratoires Harmonia avec d’autres projets et c’était précisément l’un d’entre eux qui se répandait désormais dans la population locale.

Le datapad de Carvier vibra. Le docteur parcourut rapidement du regard les quelques lignes que la maire lui communiquait.

— Ah ! Il semble que Harmonia a accepté de nous offrir ces médicaments.
— Une générosité inattendue, murmura Assayanah, que les soupçons de Luke avaient contribué à rendre méfiante à son tour.
— Il parait que la société a connu une mauvaise passe, à mon avis, ils cherchent surtout à redorer leur image et à se rebâtir une réputation. Écoutez, en tout cas, personnellement, je ne vais pas cracher dans la soupe. Leur aide nous sera bien utile. Il faudrait organiser la réception de leur matériel et de leur personnel. Leurs navettes devraient se poser au sud de la ville.
Luke Kayan
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Luke balaya "l'offense" d'un geste de la main dans le vide, attentif aux résultats que Soeur Assayanah s'était vue contrainte de lui lire. Son coeur rata un battement lorsqu'il entendit l'expression "virus artificiel". Ainsi, Karm avait raison. Le jeune homme fronça les sourcils, réfléchissant à toute allure. Se pourrait-il que le virus soit un accident de laboratoire? Halistor Carvier l'interrompit en arrivant, saluant d'ailleurs le Jedi d'une façon sobre que ce dernier apprécia. Ils n'avaient pas le temps pour faire plus ample connaissance, et encore moins échanger sur leur expérience. Au moins, l'homme ne semblait pas hautain, sans doute poussé par le désespoir, il acceptait la présence de ce "jeune premier" comme un pair.

- Bonjour et merci d'être venu.

Nulle poignée de main ne s'en suivit, tous inconsciemment limitaient leurs interactions physiques. Le Hapien porta deux doigts gantés à son menton pour gratter cette barbe qu'il n'avait pas. Les nouveaux éléments apportés par le docteur libéral faisaient leur bonhomme de chemin dans sa tête, et plus rapidement encore, dans celle d'Assayanah.

- Une mauvaise passe? Quel type de mauvaise passe?

Interrogea le Jedi qui commençait à croire qu'Harmonia aurait pu prévoir le coup de cette maladie et ne prévenir personne par omission volontaire, soit parce qu'elle avait carrément crée le virus. Après tout, ce dernier était artificiel. Il était curieux de voir qu'un laboratoire en disgrâce se trouve "justement dans le secteur" selon les termes d'Halistor Carvin, quand on avait précisément besoin de lui. Le Hapien se tourna vers Assayanah qui gardait la bouche entrouverte, songeant aux mêmes conclusions que le Hapien sans oser en faire part. Sans doute était-il trop dur pour elle d'admettre que des gens aussi mal intentionnés puissent exister. Luke, lui, en avait suffisamment vu sur sa planète d'origine pour savoir que certains tueraient afin de préserver ou augmenter leur réputation. C'était parfois un motif plus dangereux encore que celui de l'argent.

- Bien. Soeur Assayanah, nous allons approfondir les recherches concernant votre résistance et celle de l'étudiante. C'est un virus très agressif, il est étrange que vous, vous ayez résisté, Karm non. C'est un Jedi entraîné, il a beaucoup voyagé, plus que moi encore. À ce propos, justement, essayez de trouver ce qui fait que je sois un porteur sain.

L'ironie voulait donc que ce soit lui, ce fameux porteur sain si recherché. Une nouvelle pas si bonne car Luke ignorait la réaction des corps de victimes si on leur injectait un sang rempli de Midichloriens. Tout être en avait, bien sûr, mais dans des proportions beaucoup plus diluées qu' un Jedi. Ces organismes actifs et efficaces pouvaient-ils se révéler agressifs dans le corps d'un étranger? Ou être vus comme tel par les globules blancs? C'était un peu comme injecter du groupe A dans un système qui fonctionnait avec du Sang de la catégorie B. Dangereux.

- Prélevez des globules blancs de tous ceux qui ont efficacement combattus le virus, comme le vôtre. Ce pourrait être un bon début afin de faire un vaccin.


Le jeune homme préférait cette voie-ci qu'un échange sanguin bizarre, mettant en cause un phénomène "jamais vu" selon les propos d'Assayanah. Au moins, si on cultivait les globules résistants, on pourrait prélever leur nouvelle connaissance, inscrite dans leurs cellules et "apprendre" aux globules de victimes comment combattre le dit virus. Étrange tout de même, cette disproportion de réactions face à la maladie. Certains mourraient et d'autres telle Assayanah ne ressentait même pas un coup de chaleur. Luke se sentait tout à coup épuisé par autant de pistes, lesquelles pouvaient être bonnes ou toutes fausses, évidemment. Sans parler de lui-même qui constituait une anomalie des plus bizarres. Qu'avait-il de différent de Karm?

- Ce n'est pas la Force qui permet de combattre le virus, clairement. Karm est stable, en coma volontaire.- Luke ne comprenait pas comment, mais il soupçonnait évidemment un des mystères de la Force. Cela dit, inutile de perdre son temps à l'expliquer aux deux autres. Son compagnon était pour l'instant "protégé", cela le soulageait un peu.- mais son corps ne parvient toujours pas à se débarrasser de l'intrus, bien actif. Fouillez dans mes gênes. Nous devons découvrir pourquoi je porte le virus sans qu'il ne m'envahisse. Je n'ai pas précisément un système immunitaire qui se prête à ce genre de prouesses.

Consentit enfin à dire Luke, bien qu'il ne croyait pas du tout à cette hypothèse. Le corps humain d'Assayanah avait bien résisté, celui de l'Ark-Ni s'était rendu immédiatement ou presque, il aurait du suivre l'exemple de son ami, de constitution fragile lui aussi. Précisément, les Hapiens possédaient l'une des ADN les plus répétitives et tristement pauvres de la planète. Tout ça au nom de la beauté. Mais bon, il fallait explorer toutes les voies, y compris celle de sa cécité générée. Parfois, une maladie ou un handicap permettait de contrecarrer un virus. Ainsi il se rappelait d'un cas théorique vu pendant ses cours: un vieil homme avait survécu à toute sa ville ou presque suite à une épidémie, car, atteint d'une grippe, il avait combattu le virus qui ne supportait pas la fièvre, les écoulements nasaux et le rythme cardiaque induit par le premier attaquant.

- Acceptez les médicaments si généreusement offerts par Harmonia, mais analysez les génériques qu'ils vous envoient.

Avec un peu de chance, le prototype de vaccin serait prêt avant les pilules de ce laboratoire que Luke n'appréciait pas d'entrée de jeu. Le coup de la "mauvaise passe", du blason à redorer en sauvant une population d'une épidémie artificielle, cela commençait à faire trop pour le Jedi qui espérait pourtant encore une triste coïncidence.

- Monsieur Halistor, y a-t-il moyen de rencontrer le chef du complexe d'Harmonia? Je voudrais le... Remercier en personne.

L'hôpital était en effervescence. Pourtant tout semblait ralenti autour de Luke. Il sentit Assayanah s'accrocher à lui, et sans honte, il fit de même. Elle était sa seule connaissance de confiance ici. Un lien spécial s'était forgé entre eux. Sans Karm, le jeune homme s'en remettait à sa personne, plongé dans sa nuit indicible, elle était sa lumière. Bien entendu, dans le sens totalement spirituel du terme, car le Hapien n'avait jamais eu une idée dépassant celle du professionnalisme ou de la tendresse toute amicale à l'égard de sa jeune collègue remplie de bonté, à l'âme si chevaleresque. Encore moins en ce moment bien sûr. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il n'avait aucune envie de rencontrer qui que ce soit d'Harmonia, de quitter l'hôpital, délaisser Karm ou la religieuse.

Tandis que Carvin se chargeait de bonne grâce de voir si Luke pouvait rencontrer le responsable d'Harmonia- il n'appréciait guère que le Jedi doute de la bonne volonté du complexe pharmaceutique mais se réjouissait d'avoir une mission concrète à remplir au milieu de ce capharnaüm- et organisait l'arrivée des renforts médicaux, les résultats arrivaient petit à petit. Luke était épuisé après 4 ou 5 h de folie. Il essayait avec la Force de ralentir le processus des victimes les plus touchées, mais les morts commençaient à s'annoncer de partout dans les chambres. La dialyse stabilisait certains patients, dont, étrangement, le coriace Monsieur Gadon qui luttait actuellement pour sa vie. Grâce au travail formidable d'Assayanah, épaulée par Luke, ce n'était pas l'hécatombe, mais il sentait que la femme perdait espoir. Trois morts, c'était trop pour une personne habituée à faire la loi contre des grippes ou à des rhumes dans son dispensaire. Il la soutenait de son mieux.

- Les résultats de votre biopsie. Regardez... Hum pardon à nouveau. On a effectivement trouvé une différence. Il semblerait qu'elle soit bien dans vos gênes. Votre race. Nous n'en sommes pas encore sûrs, mais cela pourrait jouer.

- Je n'y comprends rien, ma race possède un patrimoine génétique désastreux. Au point que je doive bénir ma relative bonne santé générale, je ne suis pas un des plus touchés mais... À moins que... Par pure coïncidence ou volonté... Cette maladie épargne les Hapiens?

Ça n'avait aucun sens. Il n'y avait pas de Hapiens ici... Il tenta tout de même.

- Je n'ai rien vu sur les rapports, mais y aurait-il une colonie de Hapiens par ici? Un laboratoire? Ils sont excellents en sciences.

Oui, enfin... Surtout complètement stupides, car prêts en leur âme et conscience à tout sacrifier pour la beauté, connaissant le prix. Comment pouvait-on être aussi avancé scientifiquement et primaire sur les considérations, les priorités dans la vie? Si les Hapiens étaient venus tester il ne savait quoi par rapport à leur quête de la beauté et/ou de la sélection des meilleurs -leur obsession.- Luke commençait à comprendre toute cette histoire. Il croyait encore peu à son hypothèse un brin rocambolesque, mais quand même, les résultats étaient là et Assayanah les avaient fait réviser deux fois. Karm avait donc raison. Ils n'étaient pas humains et là résidait la clé. Une double clé peut-être. Tant pour trouver le vaccin que l'instigateur de ce virus artificiel.
Karm Torr
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— Vous devez être le seul Hapien sur la planète. Ici, ce n’est pas très grand, même au delà de ce cratère-ci, et il n’y a pas vraiment d’endroits pour cacher une colonie. Enfin, il y a peut-être un ou deux Hapiens dans la Tombe, mais comme vous vous en doutez, je n’ai pas accès aux registres pénitentiaires.

La Tombe, c’était la prison dont Belsavis avait hérité et que la République continuait à employer. Là étaient retenus certains des criminels les plus brutaux de la Galaxie et quelques Siths qu’on avait jugé trop dangereux pour être contenu ailleurs mais trop ignorants des affaires actuelles de l’Empire et de sa guerre contre la République pour que l’on ait besoin de se livrer à un des interrogatoires réguliers.

L’esprit d’Assayanah commençait à suivre naturellement le genre de chemin que celui d’un Jedi aurait emprunté et elle ait poursuivi d’elle-même :

— Et de ce que j’en ai compris, la prison est trop bien protégée pour que les prisonniers puissent espérer quoi que ce soit de l’intérieur. Je veux dire que même si tous les gardes venaient à mourir à cause de l’épidémie, ils ne seraient pas pour autant tirés d’affaires.
— Chevalier, ma Sœur.

C’était le docteur Carvier qui faisait à nouveau son apparition, dans le petit laboratoire d’analyse. Le cargo de médicaments avait atterri une heure plus tôt et il en avait supervisé le déchargement avec une équipe d’Harmonia. À son insu, une petite troupe de mercenaires engagée par l’occasion par Noctis avait quitté un compartiment secret dans la soute du vaisseau et s’était mis en route vers la Tombe. L’épidémie avait été une excellente excuse pour se poser sur Belsavis dans la plus grande discrétion et profiter de la confusion qui régnait parmi les autorités.

— Le Dr. Bashant Manyam, qui assura à bord du Callypso les transports de médicaments d’Harmonia.

La peau caramel comme celle d’Assayanah, le physique avenant, le Dr. Manyam état un homme d’une quarantaine d’années, beaucoup plus athlétique qu’on aurait pu s’y attendre pour un scientifique. La mâchoire carrée, le regard pénétrant, il avait le sourire facile et la poigne solide. C’était en réalité un mercenaire impérial qui, sous une identité d’emprunt, s’assurait que l’épidémie tenait occupés les locaux.

— Désolé d’apprendre ce qui arrive ici. Nous étions partis livrer les hôpitaux du secteur voisin, dans notre tournée d’approvisionnement ordinaire, mais je suis heureux que le conseil d’administration ait accepté de vous venir en aide.
— Ça vous arrive souvent, de livrer vous-même vos médicaments ? La plupart des laboratoires passe par les transporteurs généralistes.
— Hélas, après les événements sur Naboo, vous savez peut-être que nous avons été victimes de sabotage, après ces événements-là, il nous est nécessaire de rassurer personnellement les gros clients. Je vous avoue que cette gymnastique commerciale n’est pas exactement l’aspect le plus exaltant du métier, mais enfin, il faut ce qu’il faut.

D’un geste de la tête, le prétendu Manyam désigne les appareils d’analyse.

— Vous faites des progrès ?
— Il semblerait que le virus soit artificiel, répond naturellement Assayanah sans trop se méfier, Et qu’il épargne les Hapiens, plus quelques autres personnes qui paraissent avoir une immunité naturelle.

Celles, en réalité, dont le patrimoine génétique, pour une raison ou une autre, se rapprochait des membres du commando d’extraction, qui était désormais tout proche de pénétrer dans la prison.

— Nous ayons de synthétiser ces facteurs immunitaires pour les distribuer dans la population.
— Je vois, je vois. Nos médicaments devraient ralentir le processus. Enfin, je crois. Je vous avoue que je suis plutôt biochimiste, l’épidémiologie n’est pas exactement ma spécialité.

En réalité, les médicaments d’Harmonia ne tarderaient pas à avoir un effet radical, en permettant aux organismes infectés de combattre efficacement la maladie. La réputation de l’entreprise devait en ressortir grandi — le cours de ses actions aussi. Le regard de Manyam se posa sur Luke.

— Je ne pensais pas que les Jedis seraient arrivés aussi vite sur plus.
— C’est le Chevalier Kayan, qui précisément voulait vous parler. Pour vous remercier, sans doute, insista un Carvier soucieux d’entretenir de bonnes relations avec son providentiel collègue.
— Inutile, inutile, c’est bien normal. Dr. Carvier m’a parlé d’un second Jedi… ?
— Dans une sorte de coma, hélas.

Excellent, songea le mercenaire.

— C’est terrible.
— Au moins, son état est stable, même s’il est vrai que dans la situation actuelle, il semble y avoir peu d’espoir. Et…

Une alarme planétaire se mit à retenir alors que les premières sécurités de la Tombe venaient de tomber.

— Qu’est-ce donc, interrogea Manyam, d’un air faussement inquiet ?
Luke Kayan
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Réflexe d'ancien voyant? Instinct primitif de communication basique? Luke lança un regard sévère à Soeur Assayanah à défaut d'être meurtrier. Bien qu'il n'ait à priori rien contre le nouveau-venu-ayant d'ailleurs débarqué très vite.- le jeune homme avait tendance à se méfier. Il n'aimait pas que l'on évente des analyses internes. Premièrement parce qu'aucune conclusion concernant ses gênes n'étaient certaines, ensuite parce qu'évoquer la totale vérité quant à l'état de Karm se révélait aussi dangereux pour lui que douloureux pour son compagnon encore sur pieds. Faisant fi des sentiments de la religieuse qui pensait "qu'il n'y avait presque aucun espoir", le Hapien se contenta de rester silencieux, hochant la tête de temps en temps alors qu'il écoutait la conversation. De toutes manières, les secrets avaient été révélés avant d'en venir. Luke soupira discrètement: pas de laboratoire Hapien retors dans les environs, son immunité relevait plus du hasard que de la conspiration émanant de la Tombe. C'était obligé.

- Portez les médicaments aux malades. Vite.

- N...

Luke n'eut pas le temps de protester, le docteur Halistor avait déjà ordonné la distribution. Le Hapien ne pouvait rien faire, car Assayanah emportée par une vague de panique avait simplement dodeliné de la tête, ce qui s'apparentait à un "oui" tonitruant selon les infirmières désœuvrées et désemparées.

Dans son cerveau, les interrogations s'effilochaient, s'entremêlaient sous l'égide des deux aiguilles à tricoter : Virus et Artificiel. Luke ne laisserait pas passer ces idées jointes qui le forçaient à soupçonner Bashant Manyam. Il sonda la Force prudemment afin de voir si par hasard, celui-ci y était sensible, et plus suspect encore, la maîtrisait. Apparemment non. Le jeune Jedi put donc investiguer plus profondément, quoiqu'il n'eût guère l'occasion de fouiller au-delà des barrières superficielles où il avait senti une sorte d'hypocrisie. L'homme ne semblait pas si inquiet que cela pour les victimes, mais ça ne le condamnait pas pour autant. Cela restait une première impression et quand bien même elle serait vraie, elle pouvait dénoter un caractère particulièrement froid, ou le résultat de la banalisation de la maladie après des années de métier. Manyam cacherait alors son manque d'empathie pour des raisons purement commerciales. Logique. Presque compréhensible, bien que le blond trouve leur arrivée extrêmement rapide étrange. Comment avaient-ils décidé de quels médicaments acheminer? Chargé le lot? Accourus jusque là si rapidement? Cela tenait plus de la prouesse que du hasard comme ils le prétendaient. Sans parler de cette mauvaise passe qui restait en travers de la gorge du Hapien. Des sabotages. Dans quel but? Et pourquoi c'était justement cette entreprise pharmaceutique en train de se redresser qui avait eu les moyens d'intervenir en ville pour porter secours au dispensaire?

- Quels types de médic...?

Et maintenant... Ce bruit strident. Luke sursauta tandis que sa bulle de calme éclatait. Le jeune homme dérangé dans son entretien résista à l'envie de se boucher les oreilles. Au lieu de ça, il employa ses mains à une activité bien plus utile, comme tirer Assayanah vers lui, non seulement pour la protéger mais également l'isoler de Bashant.

- C'est la Tombe! Les prisonniers... Quelqu'un s'est enfuit. Ou... Quelqu'un est entré!

- Alors là. Pas d'accord.

D'un geste vif, Luke sortit son sabre-laser même s'il ne l'enclencha pas. En revanche il usa de la Force pour isoler Bashant des autres, avançant vers lui inexorablement. Lorsqu'il eût trouvé un mur, le Hapien profita de la surprise couplée à ses pouvoirs pour coincer l'homme contre le mur. Il sentait sous ses doigts les pectoraux de l'individu et devina rapidement qu'il ne tiendrait pas longtemps, si l'autre décidait de lui envoyer un coup de poing, il volerait à l'autre bout de la pièce. Ce pouvait être une coïncidence, mais le médecin était un peu trop musclé pour un docteur justement. Le Jedi releva son coude, portant le manche de son sabre-laser au niveau de l'épaule de l'homme. S'il l'allumait, la lame irait directement s'enfoncer dans la chair, pour une blessure non-mortelle mais franchement handicapante en plus d'être extrêmement douloureuse, cela va sans dire.

- Beaucoup trop de hasard. Vous débarquez comme une fleur, à peine après vous êtes proposé, juste quand l'épidémie prend de l'ampleur, évidemment. Et maintenant, la Tombe d'où personne ne s'échappe?


Bien qu'il conservât un air calme, Luke s'exprimait avec une colère glaciale qui lui retournait l'estomac. À peine un brin d'obscurité effleurait son esprit qu'une douleur physique envahissait son être. La Force décuplée en lui était trop puissante pour son corps, frêle réceptacle. Le Jedi souffla donc pour se calmer, et reprendre l'interrogatoire. Cela dit, il n'avait pas lâché la blouse de l'individu, il maintenait également sa menace. C'était leur seule piste pour stopper cette folie. Tous ces malades.

- Quoi, mais vous êtes fous!- La voix étranglée de Carvin raisonna par-dessus le bruit de l'alarme.- Lâchez-le damné Jedi! Il vient de sauver les patients... Il y a des premiers signes d'amélioration, plus que nets!

Luke haussa les sourcils, étonné, puis il les fronça à nouveau et referma son emprise sur Bashant. Il porta sa main libre à sa ceinture pour y chercher des menottes. Ce fait était un soulagement -si jamais les symptômes ne flambaient pas après cette accalmie.- mais il rendait Harmonia davantage suspect. Pour l'instant les preuves étaient circonstancielles, Luke pouvait avoir des ennuis pour cette arrestation, mais il comptait sur Assayanah pour appuyer ses propos. Elle serait de son côté, n'est-ce pas?

- Tiens donc. Des médicaments choisis à la va-vite pour essayer de ralentir le processus, et hop, un vaccin miracle. C'est tellement beau. Désolé je n'y crois pas. Même la Force n'a su accomplir une telle chose. Je vous arrête pour empoisonnement à grande échelle, et nous verrons pour une éventuelle évasion.

Sachant que la religieuse disposait des résultats qui devaient lui arriver désormais pas centaines sur son datapad, le blond prit le risque de se retourner vers elle:

- Karm?

Il avait soudainement peur que le remède soit faux, ou qu'il y ait des réactions négatives, qu'après de premières améliorations destinées à distraire, ou simplement le hasard, tout retombe. Que les médicaments combinés au virus achèvent les gens. Ce miracle, il ne lui faisait pas confiance, le craignait tout en le remerciant. La femme à la peau caramel hocha la tête, s'étant soudain décidée. Son visage se durcit tandis qu'elle contemplait Manyam. Elle semblait prête à lui arracher les yeux pour avoir éventuellement joué avec la santé de ses protégés, tuant de fait un étudiant, deux enfants et une femme enceinte de 8 mois. Sans parler des séquelles à vie possibles.

- J'envoie un message au chef de la police pour savoir ce qu'il s'est passé exactement à la Tombe. Je signe de votre nom, n'est-ce pas?

- Vous avez tout compris.


Un sourire se dessina sur les lèvres de Luke, soulagé de compter sur une assistance aussi salutaire. Sa question précédente, quant à elle n'était pas très professionnelle mais Soeur Assayanah comprendrait sans doute qu'il s'intéressait aussi aux autres patients. Juste que le nom d'un collègue très proche qu bord de la mort était automatiquement sorti de ses lèvres. Il n'était pas humain, mais ses sentiments, eux, l'étaient. Assayanah pencha la tête sur son datapad qui émettait des dizaines de bruits étouffés, se coupant les uns les autres tant ils arrivaient vite. La réponse concernant la Tombe venait d'arriver, et celle concernant la santé de Karm aussi.

- Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Vous avez le droit à un avocat, et si vous n'avez pas les moyens d'en payer un, on vous en assignera un d'office.

Habituellement frileux à procéder à ce type d'arrestations, si les preuves n'étaient pas formelles, Luke n'avait cette fois pas douté. Il se fichait des risques et agissait selon son instinct. Il ignorait ce que cette histoire de gênes Hapiens avaient à voir avec cette affaire, mais ce Manyam, il ne l'appréciait pas du tout, et il ne fallait pas être le meilleur des détectives pour se rendre compte que la série d'événements n'était pas innocent. Et ses agissements n'avaient rien à voir avec le fait qu'on s'en soit pris à son compagnon.
Karm Torr
Karm Torr
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Deux heures plus tard, la situation sur Belsavis était parfaitement confuse. Si les médecins de l’hôpital étaient bien moins débordés, à mesure que les patients connaissaient un rétablissement spectaculaire, les autorités, elles, s’étaient engagés dans une chasse à l’homme dont les détails échappaient largement aux hospitaliers. On racontait que deux criminels Siths s’étaient enfuis de la Tombe, assistés par une troupe de mercenaires, et qu’ils avaient été récupérés par une mystérieuse navette. Celle-ci aurait profité de l’ouverture des défenses planétaires, consentie pour faciliter les manœuvres d’urgence du cargo d’Harmonia, pour s’échapper sans encombre.

Le chef de la police locale avait dépêché deux enquêteurs pour assister Luke mais il s’agissait de stagiaires de l’école planétaire, qui venaient finir là leur formation. La fine fleur passait la Tombe au peigne fin, soit pour contenir les prisonniers, soit pour comprendre comment l’évasion avait pu se produire, et une partie des forces de l’ordre avait été dépêchée à bord du cargo d’Harmonia, pour y mener l’enquête, jusqu’à présent sans succès.

Les rapports préliminaires paraissaient en effet suggérer que le capitaine du bâtiment pharmaceutique avait ignoré entièrement la présence à son bord d’une équipe de mercenaires. Quelques recherches dans les bases de données génétiques de la République avaient rapidement permis d’identifier le prétendu Dr. Manyam comme Bov’Ill Yurk, un mercenaire originaire de Coruscant, mais, depuis son arrestation, celui-ci refusait obstinément de parler, indifférent à toutes les menaces comme à toutes les tentatives de l’amadouer. L’équipage d’Harmonia jurait de toute sa bonne foi que l’identité réelle du Dr. Manyam leur était toujours demeurée inconnue.

— Paie ta mission d’observation sans histoire, murmura l’Ark-Ni, d’une voix encore plus faible que d’habitude.

Karm était sorti de son coma volontaire une petite demi-heure après l’injection de l’antidote fournit par Harmonia et, depuis, il donnait tous les signes d’un futur rétablissement complet, même s’il demeurait encore assez faible. Assayanah s’était laissée tomber dans un fauteuil dans la chambre du Jedi, dépassée par les événements.

— Jamais je n’aurais cru… jamais je n’aurais pensé… Tous ces morts ! J’ai cru que vous alliez y passer vous aussi.
— J’avoue que… j’suis pas trop sûr de ce que… j’ai fait…

Il avait bien lu des choses sur les transes profondes des Jedis, qui permettaient de survivre dans les circonstances les plus extrêmes en attendant d’être sauvés, mais c’était une technique qui le dépassait largement. Bien sûr, il arrivait que, dans les situations critiques, la Force prenne le relai. Karm avait été rarement plus reconnaissant envers cette puissance tutélaire et il attribuait sa bonne fortune à la présence de Luke à ses côtés.

— Tu te souviens… de ma mission… avec Marja ?

Karm avait bien entendu raconté à Luke les détails de ce périple fort éprouvante, avec le commando d’élite de la République, lorsque, sur un monde tropical, ils avaient été attaqués par des zombies transformés grâce à la chimie et à la magie des Siths. Il résuma l’affaire à Assayanah en quelques mots et la Sœur pâlit de plus belle. Pour elle, la guerre avec l’Empire avait été toujours une réalité un peu lointaine. Elle était intervenue dans des colonies récentes, chez des réfugiés, mais jamais dans des circonstances aussi exceptionnelles.

— Et y a des… y a des…

Karm fut pris d’une quinte de toux. Aussitôt, Assayanah bondit de sa chaise pour consulter les écrans du Chevalier, qui lui était de toute évidence devenu beaucoup plus sympathique, maintenant qu’il était un patient et que sa théorie du virus artificiel avait été confirmée par les premiers éléments de l’enquête.

— Vous devriez vraiment, vraiment vous reposer, vous savez. Le médicament fait des miracles, je suis bien obligée de le reconnaître, mais votre organisme a été durement éprouvé.
— Dans quelques instants… Promis…

Karm échangea un regard avec la religieuse et celle-ci, soit qu’elle eût vraiment affaire ailleurs, soit qu’elle eût compris confusément le genre de relations que nourrissaient les deux hommes et l’intimité dont ils devaient avoir besoin, hocha la tête et déclara :

— Bon. Cinq minutes. Je vais voir où en sont les autres.

La jeune femme s’éclipsa, refermant doucement la porte de la chambre derrière elle. Il y eut un silence puis Karm avoua :

— J’ai eu vachement peur…

Il n’en était pas très fier.

— Sur le champ de bataille, en explo… ça va, mais là… je me suis senti vraiment… vraiment paniqué… J’suis désolé, Luke… J’suis désolé de pas… avoir été…

Nouvelle quinte de toux.

— Plus fort…
Luke Kayan
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- Monsieur Darvis, appelez le commissariat pour faire dériver le prisonnier. Je n'ai pas confiance, j'imagine qu'il pourrait avoir des amis à la Tombe.

L'enquêteur, un jeune premier tardif, de l'âge de Luke et le ventre légèrement gonflé par une routine bien installé dans cette ville tranquille hocha nerveusement la tête, oubliant que le Jedi ne pouvait pas le voir. Il se tourna vers son camarade, comme s'il rechignait à se séparer de celui qui pouvait saisir son stress, confiné à la même situation que lui, bien que Paul Tracker ait effectué quelques missions déjà. Le bleu pris finalement son comlink, encouragé par son collègue, un peu moins bleu, et s'éloigna pour contacter la centrale. Le Hapien quant à lui tenait désormais un datapad qui crachotait des informations dans des écouteurs- un de ces petits engins désagréables, presque trop gros qui ressortait à la moindre secousse et faisait mal aux tympans.- portés à ses oreilles. Il se tourna vers Assayanah, s'autorisant un sourire.

- Félicitations. Je vous annonce officiellement que vous avez des gênes Hapiens, le saviez-vous? Cela peut remonter à des de très nombreuses générations. - Ajouta-t-il avant d'être interrompu par une protestation.- Apparemment, c'est ce qui vous a aidé à lutter, à défaut d'avoir empêché le virus de s'activer. Ce qui confirme que cette maladie artificielle a été créé pour toucher n'importe qui sauf cette race. Quoique... Là encore il y a des mystères, car l'étudiante est bien humaine, elle. Je pense qu'il était très puissant mais instable. Je veux dire, né dans la précipitation ou sans que les scientifiques n'y mettent trop d'intérêt. Il n'y a qu'à voir comme certains civils pourtant en contact direct avec, dans un lieu fermé comme l'était cette chambre, y ont échappé. L'étudiante n'a même pas eu un rhume. Je pense que c'était une distraction... Si le créateur s'était plus embêté, cela n'aurait pas été une tragédie telle que ça l'ait aujourd'hui, sinon une hécatombe qui se serait étendue sur divers jours, voir semaines.

Cela restait une hypothèse bien sûr, mais Luke était de plus en plus certain que l'évasion de la prison avait à voir avec la maladie. Il peinait encore à croire que les Hapiens soient concernés par l'événement, ça n'avait guère de sens puisque les scientifiques de cette race évoluaient majoritairement sur leur planète où toutes les horreurs leur étaient permises.

- Monsieur Tracker, demandez à la prison de m'envoyer tous les dossiers des prisonniers Hapiens ou métissés Hapiens.

On ne savait jamais et comme l'avait suggéré la religieuse, ces derniers n'étaient pas bien nombreux. Ce ne serait ni compliqué, ni un luxe de vérifier vu le peu de pistes disponibles et ce satané "Manyam" qui refusait de coopérer quelques soient les accords écoeurants qu'on lui promettait.

La présence de Karm, affaiblit mais vivant et surtout conscient radoucit toutefois le jeune Jedi, blessé par la dure réalité de la justice obligée de supplier un criminel potentiel. Il écouta attentivement ce dernier, s’apprêtant lui aussi à courir à son chevet lorsqu'une quinte de toux le prix. Toutefois, il saisit aussi que son ami veuille parler, participer et le laissa faire malgré son inquiétude. En se remémorant la mission avec la Maître Jedi réputée aussi douée qu’Acariâtre et ce commando républicain qui lui rappelait négativement quelqu'un.

- Est-ce que tu crois que le même laboratoire serait derrière tout ça? Les Hapiens sont plutôt connus pour être obsédés par la beauté. Précisément parce qu'ils craignent de finir comme ces espèces de zombie avec l'âge. Ça semble contradictoire, enfin s'il y a plus que du hasard derrière ma résistance et celle de Soeur Assayanah.

La femme s'autorisa un sourire pour elle-même, soit amusée pour ses gênes, soit soulagée de ne pas être tombée malade, ou peut-être flattée. En effet, sa beauté était désormais officiellement explicable, bien que modeste, elle ne se soit jamais considérée comme forcément jolie. Désormais moins exclusive, elle s'intéressait autant à Karm qu'à Luke. Lui attribuait ça au fait que la religieuse avait cessé de se méfier de sa propre personne ou de son compagnon. Lorsqu'elle les laissa seuls, le blond enroula sa main autour de celle de l'Ark-Ni, la serrant, non sans y mettre un peu de résistance. Juste assez pour s'assurer que son ami reprenait bien une certaine force et sentir son pouls.

- Moi aussi j'ai eu vraiment peur. J'ai plaqué Monsieur Muscles contre un mur, sabre-laser prêt à s'enclencher avec pour seules preuves, des coïncidences circonstancielles. J'ai fait voler tous les protocoles en l'air.

Il rougit, conscient que cette manière d'agir, impulsive -même si cela s'était basé sur de réelles préoccupations pour la sécurité des civils autour, sans parler d'éviter que le suspect ne s'enfuit.-. Luke? Jeter la pile de paperasse administrative qu'il adorait tant dans un geste aussi inédit, c'était assez difficile à imaginer.

- Ne sois pas bête. C'était un virus, tu ne pouvais rien contre lui. Et encore... Je mens, parce que si tu l'as combattu, de manière assez remarquable d'ailleurs. Tu as laissé les médecins totalement perplexes et je pense qu'ils vont citer cet exemple tout au long de ce qu'il leur reste de carrière. Je n'avais jamais assisté à ce type de manifestions. Les interactions étranges avec la Force, c'est habituellement mon rayon.

Le blond sourit, il avait raconté son aventure à 10 ans, lorsque s'associant avec les maîtres pour tenter de réveiller Elena Caldin, il avait libéré une bulle de Force pure puis s'était effondré, simplement endormi. Le phénomène s'était répété lorsqu'il avait été enlevé sur Korriban ou... Quand on avait essayé de le forcer à manier le sabre-laser. Bref, lorsque Luke se sentait en danger ou contrarié. Heureusement, maintenant qu'il était adulte, cela n'arrivait plus. Un Jedi qui s'écroulait par terre, ronflant de tout son soûl, après avoir tout chamboulé avec ses dons incontrôlés, ce serait gênant.

- Bon, on a encore quelques instants de calme avant une nouvelle slave d'informations, d'alertes et j'en passe... Alors qu'en penses-tu? J'ai fait demander les dossiers des prisonniers Hapiens, vu qu'on semble être des privilégiés au sein de l'épidémie, même si je doute que ce soit une piste qui tienne vraiment la route...

Ce disant, il tâtonna dans le vide pour retrouver le lit de son ami et chercher à le pousser dedans. Dûsse-t-il l'y pousser ou le mettre aux arrêts, Karm devrait se reposer après avoir émis ses hypothèses. Joignant la Force aux gestes, le Hapien lui transmit une onde d'énergie, quoique légèrement altérée, fatiguée après de nombreuses heures de tension, passées debout sans manger ni même boire et encore moins se reposer.

Malgré les morts, la confusion, les criminels dehors, il était heureux. Était-ce égoïste? Tant pis, pour une fois.
Karm Torr
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— T’es sexy quand t’enfreins les protocoles, commenta l’Ark-Ni d’une voix faible, t’es tout le temps sexy, en même temps. Moi aussi je te plaquerais bien contre un mur.

Oui mais alors plus tard, quand il serait en état, par exemple, de mettre un pied devant l’autre. D’ailleurs, il n’opposa pas trop de résistance au moment de se recoucher, et un soupir lui échappa en sentant les oreillers moelleux le soutenir. Il avait passé bien des nuits, en retour de mission, à l’infirmerie du Temple d’Ondéron, et cette fois-ci encore, sa constitution fragile lui jouait des tours. Plus jeune, cette situation l’avait fait beaucoup complexé mais désormais, la sagesse aidant, il avait appris à accepter ses propres limitations.

— En tout cas… tu as eu de l’intuition… Et l’intuition c’est plus proche… de la Force que les… protocoles. Mais tu devrais… Aussi te reposer. Tu tombes de fatigue et… un bon Jedi est un… Jedi en pleine possession… de ses facultés.

Il se tourna sur le côté, pour pouvoir caresser, de la main qui ne tenait pas celle de Luke, la cuisse du Hapien. Comme il lui était difficile d’étendre sa présence dans la Force, ces contacts étaient encore pour le plus sûr moyen de partager un moment de réconfort avec son compagnon.

— Le virus fait une excellente diversion… pour acheminer le commando… sur une planète où il y a sinon pas beaucoup de trafic et où le moindre… vaisseau serait d’office inspecté… par les douaniers qui n’ont… que ça à foutre. Et vu l’indifférence… totale pour les civils… ce serait pas surprenant si c’était… un coup des Siths…
— Chevaliers, je… OH.

Un peu trop enthousiaste, Assayanah était rentrée sans frapper et la position dans laquelle elle avait surpris les deux Chevaliers ne laissait guère d’ambiguïté sur la nature de leur relation. Karm retira aussitôt ses mains du corps de Luke et se retourna sur le dos. Pour sa part, il n’était pas embarrassé mais il craignait que l’Hapien vive mal cette surprise.

— Je suis désolée, je ne savais pas… Je veux dire, je ne veux pas vous déranger, je peux revenir plus tard.
— Non, non. Nous vous écoutons.
— Bon. L’inspecteur… Enfin le policier, entre nous soit dit, je ne suis pas sûre qu’il soit tout à fait dans son élément. Enfin bref. Il m’a transmis les dossiers des condamnés pour vous. J’ai essayé de lui faire comprendre que ce n’était pas exactement mon domaine mais je crois qu’il a un peu peur de vous, Chevalier Kayan. Toujours est-il que tout est là. La situation a l’air d’être sous contrôle à la Tombe.

La religieuse tendit le datapad à Karm et elle ne put s’empêcher d’observer tour à tour l’Ark-Ni et l’Hapien. Ignorant que les relations étaient peu communes au sein de l’Ordre Jedi, elle était simplement un peu curieuse de la manière dont ce couple qui paraissait somme toute fort peu assorti pouvait bien fonctionner.

— Hmm. Pas d’Hapien échappé. Une certaine Benada Rokhal, surnommée Darth Antara, scientifique sith de cinquante ans, spécialisée dans la biologie botanique, appréhendée l’année dernière alors qu’elle tentait de faire passer d’importantes quantités de psychotropes à la frontière entre la République et l’Espace Hutt, et un certain Jal Sto, acolythe sith de vingt ans, capturé sur Corellia, où il tentait de pirater les systèmes d’une compagnie d’assurance. Ils n’ont jamais été très loquaces mais on les soupçonne de répondre aux ordres de Darth Noctis.

Karm avait entendu parler de l’Hapien tristement célèbre, traître à l’Ordre Jedi, qui poursuivait désormais sa carrière au sein de l’Empire mais, comme il passait l’essentiel de son temps hors des Territoires Connues, ses informations en la matière étaient pour le moins lacunaires. Par exemple, il ne découvrit à quoi ressemblait le Noctis en question qu’en affichant l’hologramme contenu dans le dossier.

— Ah.
— Il est magnifique, commenta Assayanah d’une voix absente.[/color]
— Pas de toute, il est Hapien. Genre, le haut du panier, niveau sélection génétique.
— Non mais regardez ces yeux…
— On l’appelle le Boucher de Kano-IV et c’est pas pour son talent avec les chipolatas, hein.

Ce rappel à la réalité coupa court à l’admiration d’Assayanah. Karm coupa l’hologramme pour éviter toute distraction, aussi facialement symétriques fussent-elles.

— Pas de rapport connu entre Noctis et Harmonia, cela dit.

Parce que le Seigneur Sith avait été fort prudent.

—Les enquêteurs pensent qu’il a simplement profiter de la faiblesse de la société pour infiltrer sa propre équipe, tous des mercenaires probablement. Pourquoi il fait évader que ces deux-là et seulement maintenant, ça, c’est un mystère.
— En tout cas, vous semblez aller mieux, vous parlez plus librement.
— La vertu du travail, j’suppose.
— Et de l’affection conjugale : c’est un précepte fondamental des Sœurs de l’Infinie Consolation que les malades doivent être entourés autant que possible de leurs proches, qui leur fournissent des raisons solides de se battre et d’aller mieux. C’est pour cela que nous travaillons notamment à l’aménagement d’espaces pour les parents dans les chambres d’enfants. Avoir votre conjoint près de vous, c’est essentiel.

Elle n’avait de toute évidence pas conscience d’évoquer un tabou.
Luke Kayan
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- Karm! - S'offusqua Luke comme toujours lorsque son ami osait de tels rapprochements avec le fameux acte ultime. Il aimait -juste un tout petit peu- que le Jedi détourne ses mots, cependant y compris sous la torture, il ne le reconnaîtrait jamais, estimant que cela serait encourager ces références. Or, le cœur -presque- pur du Hapien était trop fragile, il finirait par lâcher.

La main sur sa cuisse fut une des meilleures sensations, lui paraissait-il, offerte depuis longtemps. Le contact avec Karm était toujours agréable en soi, mais en être gratifié deux heures et demi après avoir pensé le perdre faisait retomber l'adrénaline avec douceur. Luke retombait petit à petit de son nuage bien orageux, désagréablement cotonneux, sur lequel il flottait jusque là, prisonnier, privé de ses repères. Sans cérémonie, le Jedi retira enfin ses gants, retrouvant la capacité de voir avec les doigts. Il apprécia le contact avec les draps, puis celui avec le tissu, -doux et surtout vivant de peau de son ami. Lorsqu'Assayanah entra, Luke sursauta et retira vivement sa main. Trop tard. Obnubilé par ces retrouvailles, les amoureux avaient oublié que le monde continuait de tourner autour de leurs petites personnes, les gens de se déplacer et de voir. Le Hapien fit un effort pour ne laisser filtrer aucun reproche pour leur inattention. Il était si heureux que le Chevalier Turquoise soit en vie qu'une petite crise identitaire serait futile. D'autant plus que la situation était loin d'être entièrement réglée. Luke fronça les sourcils une nouvelle fois en écoutant la conversation.

- Tiens donc. Un Hapien.

Son hypothèse farfelue semblait finalement s'habiller d'une certaine crédibilité. Bonne nouvelle d'un côté car ils avançaient, de l'autre, c'était une mauvaise chose car Luke savait que ces beautés venimeuses étaient des adversaires redoutables, capricieux. Tant qu'il n'obtiendrait pas ce qu'il souhaitait, ce Noctis-dont il ignorait absolument tout.- et son acolyte -comme par hasard, un scientifique.- ne lâcheraient rien, quitte à balancer un second virus. À savoir si le premier était vraiment éradiqué d'ailleurs.

- Il va falloir ratisser la prison en entier. Soit Noctis n'a pas eu les moyens de les faire s'échapper jusque là, ou du moins pas avec des statistiques de réussite satisfaisants
-se corrigea-t-il en pensant à l'argent qu'il avait dû déployer pour infiltrer Harmonia, sans parler d'un sens de la stratégie quasi impeccable. Cette échappée belle qui avait tardé n'avait été qu'une question de temps, à moins que...- Soit il y avait un intérêt à les laisser là-bas. Au cas où, préconisons une fouille complète, même si tout à l'air sous contrôle.

Acheva le blonds en soulignant les propos utilisés par Assayanah, totalement amourachée du Sith. Luke, lui, cacha sa légère déception. Il ne pensait pas cette femme fantastique aussi superficielle. Il faut dire qu'il n'avait jamais vraiment bien saisi le concept de la beauté et pourquoi c'était si difficile d'y résister. Quand Karm leur énonça le CV de l'homme, le blond songeait que c'était suffisant à retirer l'envie à qui que ce soit. Heureusement, la religieuse sembla précisément recouvrir sa raison, et abandonna son côté adolescente aux hormones en ébullition.

- Charmant homme. Un Hapien quoi.

Grogna le jeune Jedi en serrant les dents. Généralement tolérant, tel qu'on lui l'avait enseigné, il avait toutefois une petite tendance au racisme envers les natifs de sa planète. Chacune de ses rares rencontres avec des êtres de sa propre race avaient mal finis cela dit. Tant dans le laboratoire où il avait récolté ses deux fines cicatrices sous son oeil droit, que chez lui où il avait justement perdu la vue des mains de sa mère, et que dire de Jason, l'ambassadeur frauduleux et possiblement meurtrier. Clairement, Luke avait de quoi se montrer rétif à traiter avec des Hapiens, surtout sachant que ceux-ci étaient des Siths. Tout tendait à lui prouver que ce peuple entier était pourri jusqu'à la moelle. Pour lui l'aveugle assoiffé de justice, probablement l'un des plus laids de la Galaxie d'ailleurs.

- Hum.

Sorti de ses réflexions nuancées d'une certaine colère commençant à poindre dans son coeur, il hésita à couper sèchement Assayanah. Trop heureux d'avoir retrouvé Karm, Luke se garda bien de le rejeter même indirectement, même pour les protéger. En cet instant, il lui semblait plus important de soutenir son ami or il n'était pas stupide et savait que leur relation secrète le blessait. S'il ignorait à quel degré, le blond commençait à saisir que le Chevalier Turquoise valorisait l'honnêteté dans ce domaine, bien que lui ne soit pas encore prêt. Luke choisit donc un entre-deux, ne rejetant pas le titre de "conjoint", ni le bienfait évident du soutien dans le couple -il avait lui-même avancé plus vite, boosté par l'envie, le besoin d'aider Karm, guidé par ses premières hypothèses qui plus est.- tout en se montrant réservé.

- Soeur Assayanah, à ce propos, si vous pouviez être discrète. Merci.

Comme il était probable que la femme pense que Luke ne voulait pas révéler leur secret parce qu'ils étaient deux hommes, le concerné abandonna la conversation ici, songeant que cela suffirait.

- Karm, que penserais-tu de rendre visite à cette prison? Enfin, moi je vais y aller, car toi du dois te reposer.

Acheva le Consulaire, se montrant sans le vouloir, sous son jour le plus protecteur voir tendre. Couple assorti ou pas, ils tenaient l'un à l'autre et cela se voyait.

- Quelle est l'évolution du vaccin?

- Nous avons pu analyser les éléments composant le médicament envoyé par Harmonia. Apparemment rien à signaler, pas de rechute surprise à craindre, ni poison à retardement. Ils ont vraiment envoyé un remède miracle. Par contre la composition reste suffisamment spécifique pour deviner qu'il a été créé spécialement pour éradiquer ce virus...

- ... Donc préparé par anticipation. Une belle preuve de préméditation.

Acheva Luke en profitant du lien qui l'unissait à Assayanah, lequel s'était renforcé au cours de ces heures d'urgence. Il se tourna ensuite vers Karm.

- Que sais-tu de Noctis? A-t-il un jour utilisé ce type d'attaque lors de ses dernières... Interventions dirons-nous, ou quelque chose ressemblant? Je veux dire un genre de signature qu'on retrouverait aujourd'hui. Ou de cette scientifique... Est-ce qu'elle a des liens avec des laboratoires? Hapiens, je doute qu'il soient répertoriés, mais si elle a été engagé ailleurs, nous pourrions avoir accès à ses travaux. Non ?
Karm Torr
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Quand Luke réclama la discrétion, une vague de tristesse traversa la Force, que Karm n’avait pas été capable de retenir, diminué comme il l’était, mais il s’en voulut aussitôt. Au quotidien, il faisait son possible pour accepter et respecter les règles que Luke avait imposées pour leur relation. Pour lui, c’était une épreuve douloureuse, et plutôt deux fois qu’une : cacher sa relation ne lui donnait pas une haute opinion de lui-même et mentir relevait souvent, de manière générale, de la mission impossible.

Finalement consciente d’avoir mis les pieds dans le plat, Assayanah n’insista pas sur le sujet la conversation reprit sur le sujet de l’évasion et de l’Hapien qui en avait été de toute évidence le sinistre instigateur.

— J’en sais pas grand-chose, les Siths, c’est pas tellement ma spécialité, avoua Karm, tout en pianotant sur son datapad, mais voyons ce que les fichiers de l’Ordre ont à nous dire. Ma Sœur, je crains que…
— Que ce ne soit confidentiel, ne vous inquiétez pas, je comprends fort bien. Après tout, je gère moi-même le secret médical au quotidien ! Et de toute façon, même si leur état s’est amélioré, mes patients ont besoin de moi. Surtout pour rassurer les proches et la population mais enfin, n’est-ce pas là une autre forme de soin ? Je reviendrai vous voir pour que nous puissions juger de l’amélioration de votre état. En attendant, vous avez intérêt à manger tout ce qu’on vous apportera !

Karm répondit par un sourire et la jeune femme s’éclipsa. À vrai dire, elle était impatience d’aller expliquer aux habitants qui se présentaient encore, inquiets, au dispensaire au moindre signe de toux que le grand danger était écarté : après avoir dû annoncer bien des morts, se trouver porteuse d’une bonne nouvelle était une consolation à ne pas négliger.

Quand la porte se fut refermée sur lui, Karm, peu désireux d’évoquer l’incident sur leur relation et la discrétion que Luke avait intimée à Assayanah, entreprit aussi la lecture des rapports de l’Ordre.

— Ancien diplomate jedi, la trentaine passée. Padawan prodige dans la maîtrise de la Force et dans les négociations, une sorte de petit génie, avide de connaissances. Trop avide. Il aurait mené des expériences de toutes sortes, avec la manipulation vitale. Trahi la République à Artorias, s’impose dans l’Empire avec le massacre de Kano-IV. Extrêmement riche, très manipulateur, même selon les standards siths et très… Oh.

Le jeune Chevalier venait de tomber sur la liste des amants connus de Noctis, recensés scrupuleusement par les Ombres Jedis, car ils constituaient la meilleure source d’informations sur le Seigneur Sith.

— Apparement, il, euh. A un goût prononcé pour les hommes. Très, très prononcé. Sérieux, doit y avoir cinq pages de noms, le mec, je sais pas comment il a le temps de monter des plans machiavéliques s’il passe son temps à s’envoyer en l’air aux quatre coins de la Galaxie. Attends, mais c’est le nom d’un général républicain, ça. Et lui, là, c’est l’assistant parlementaire d’un des sénateurs qui étaient dans ma sous-commission. Oui, bon, bref. Il s’occupe, quoi.

Tout sensualiste qu’il fût, Karm comprenait mal le principe de la débauche. L’union des corps n’avait de sens que dans la complicité et la complicité ne se créait que par une relation particulière. S’il voulait bien admettre que l’exclusivité ne soit pas la norme, certainement on ne pouvait pas estimer que Noctis était capable d’entretenir des liens significatifs avec chacun des nombreux hommes — et quelques-unes des rares femmes — qui peuplaient cette interminable liste.

— Si ça se trouve, il a fait évader d’anciennes conquêtes. Là, il y a une Ombre qui assure que Noctis mettrait plus d’énergie à sauver un de ses amants qu’à conquérir le trône impérial. C’est… Romantique, je suppose, en un sens. Et profondément dérangeant, vu les méthodes. Enfin bref. Il fait des expérimentations sur la vie au sens large, mais on n’a pas trop d’infos sur la question. Surtout de la magie sith ou quelque chose d’équivalent, mais peut-être qu’il s’appuie aussi sur des méthodes plus scientifiques. Bon, c’est pas énormément concret, tout ça.

Mais c’était hélas le cas de bien des Seigneurs Siths. Leurs actes les plus spectaculaires étaient bien connus des archives jedis mais leurs motivations personnelles et leurs machinations les plus profondes échappaient le plus souvent même à la sagacité des Ombres bien entrainées. Ce qu’ils venaient d’apprendre sur Darth Noctis n’apparaissait pas très utile à Karm mais il se savait piètre enquêteur, à côté de Luke, et il espérait encore que son compagnon s’y entende mieux.

— On apprendra sans doute un peu plus si on interroge les gens de la Tombe sur les deux détenus évadés. Enfin, faut pas se leurrer, les détenus risquent pas d’être coopératifs, surtout si on a rien à leur offrir en échange, mais les gardiens, on sait jamais. Tu préfères pas quand même attendre demain ? Une bonne nuit de sommeil, ça te fera pas d’mal, et moi, je serai rétabli. Enfin mieux.

Même si la situation était rétablie dans la Tombe, Karm n’était pas très à l’aise à la perspective de laisser un autre Jedi y pénétrer seul, encore moins son compagnon.
Luke Kayan
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Une onde d'agacement mâtinée de tristesse traversa le corps de Luke pour rejoindre l'esprit de Karm sans qu'il ne puisse rien faire pour la retenir. Le Hapien ne comprenait pas que son ami soit "obsédé" par révéler leur relation. En tant que Jedis ils devaient déjà partager tant de choses, jusqu'à leurs sentiments que les plus attentifs captaient même sans le vouloir. Après avoir dormi des années avec ses camarades de dortoir, mangé ensemble, parlé, avoir été en cours, tout en disposant de vêtements semblables -ce dernier point n'avait pas vraiment touché Luke évidemment.- il appréciait un peu d'intimité, un secret à chérir et duquel avoir peur à la fois. Pour lui, cette relation précieuse ne devait pas être éparpillée sous peine de perdre de son intensité ou de sa beauté, outre la réaction du Conseil que le Hapien continuait naturellement de craindre. Le blond faisait déjà beaucoup d'efforts pour ne pas renier violemment le chevalier Turquoise, concédant à ce dernier que cette attitude du début était offensante. Il acceptait voir valorisait leurs contacts même en mission du moment que ces derniers ne soient discrets. À quoi s'attendait Karm? Ils étaient des chevaliers, pas des civils dont la mission était de se marier, gagner de l'argent et faire vivre la société. Leur cas était différent, c'était déjà bien beau qu'on laisse flotter le doute au-dessus de leur tête -car Luke ne se leurrait pas, les Maîtres devinaient au moins une attraction entre eux. Surtout Saï imaginait-il bien que le vieil homme ne lui ait rien dit, ni transmis à ce propos.


M'enfin c'était Karm et cela faisait partie de son charme. Au moins, son désir de s'afficher révélait son attachement à Luke qui se sentait malgré tout attendri. D'une ultime onde de Force, cette fois gentille et amoureuse, le jeune homme ferma le chapitre, s'excusant d'un regard jeté dans le vide mais très expressif de ne pas avancer aussi vite que l'Ark-Ni. Il avait besoin de plus de temps. Lorsqu'il crut qu'enfin, la diversion nommée Noctis le sauverait du moment embarrassant, le Hapien se retrouva confronté à un espèce de malade du sexe bisexuel, avec un net penchant pour les hommes. Un soupir face à l'ironie s'échappa de ses lèvres. Il n'avait jamais été à l'aise face à ce type de connotations. Travailler sur un réseau de prostituées, faire face à un mégalomane séducteur, ce type de missions lui paraissaient davantage difficiles, suppurant le vice et risquant de le contaminer.

- Interrogeons les gardiens, en effet, et certaines de ses conquêtes. Cette frénétique débaucher pourrait représenter un avantage pour nous, surtout si Monsieur à tendance à se confier sur l'oreiller. Puisqu'il se montre si véhément à protéger ses amants favoris, peut-être les a-t-il aussi gâtes de quelques détails concernant sa vie? Le général Républicain et l'assistant parlementaire, eux, pourraient avoir intérêt à parler. Tu as encore son contact?

Le fait que Karm connaisse cet ancien amant représentait une possibilité infime, une chance à la fois ténue et inouïe dans laquelle Luke n'hésitait pas à s'infiltrer. Quand il y avait si peu d'indices, tant d'enjeux, le Hapien redoublait de ruse pour récolter des informations. Il fouillait le plus loin possible, allant jusqu'à chercher dans l'enfance du présumé coupable pour ne serait-ce qu'essayer de saisir son mode de fonctionnement. Le Noctis présent ne parlerait certainement pas. Il était, de fait, très probable que Karm ou lui n'aient jamais accès au redoutable prodige, néanmoins, il avait laissé des traces, et Luke comptait les suivre, s'il le fallait, avec son flair de limier encore parfois bancal mais qui s'affinait avec l'expérience et l'âge.

- Lorsque nous rentrerons, je chercherai à rencontrer les professeurs l'ayant côtoyé, ainsi que le maître qui l'avait choisi.- Luke ne doutait pas que cet homme avait eu un mentor particulier. Les enfants doués dans le domaine de la Force attiraient toujours. Lui-même avait été choisi à seulement 10 ans, même si dans son cas, Saï l'avait également pris à cause de ses problèmes d'intégration et son retard. Un palmarès peu fameux dont le Hapien ne se cachait pas, rectifiant ceux qui le croyaient, lui aussi, prodige dans le domaine de la Force. Il détestait le mensonge ou la fausse modestie et tenait toujours à renvoyer les lauriers sur la tête de son si patient mentor qu'il aimait profondément. Saï avait, à ses yeux, pris un gros risque en le choisissant, et il avait du se casser la tête sur bien des défis à surpasser afin de continuer sa formation.- Mais pour l'instant, tenons-nous en à la Tombe que nous avons sous la patte... Demain.

Concéda le blond qui, pourtant, brûlait d'impatience, un fait rare chez lui. Le désir de coincer le Seigneur Sith, mais aussi la crainte que ce dernier lui inspiraient avaient gommé une partie de sa fatigue. Le jeune homme se sentait automatiquement mal à l'aise lorsqu'il s'agissait de traiter avec des gens de sa race, il était également au courant-et la réaction de Soeur Assayanah en était la preuve- que de nombreuses personnes se laissaient séduire par eux. Plus horrible était le Hapien, plus son rang était élevé comme si cette société prônait le vice et la cruauté. Ces femmes- généralement les hommes étaient des sous-fifres, ce qui rendait le cas de Noctis davantage fascinant et préoccupant, comment s'était-il imposé dans cette société féministe? Traitait-il avec sa planète d'origine, d'ailleurs?- recevaient une excellente éducation. Leur raffinement les rendaient encore plus dangereux, intelligents et beaux aux yeux de voyants décidément bien aveugles dans le domaine d'une beauté dont Luke n'avait jamais saisi, ni les tenants, ni les aboutissants. Il avait donc hâte de remonter le réseau, tout en craignant d'exposer Karm à cet individu.

Désireux de ne pas se coucher après avoir induit un mal-être, Luke puisa dans ses récentes sensations pour se souvenir d'à quel point il tenait au Chevalier Turquoise et réussir à aborder LE thème qu'il aurait aimé éviter jusque là.

- Karm, je tiens à toi. Tellement. Je ne veux pas qu'on utilise notre relation contre nous. Contre toi. Qu'on nous sépare de quelque façon qui soit. Mais je suis fier de toi, de comment tu as résisté au virus, deviné ses origines. Tu progresses tellement et j'apprends beaucoup de toi. Ne doute pas de mon amour. Essaye juste de comprendre ma méfiance. C'est trop beau, et je ne veux pas le perdre.

Il sourit faiblement, rougissant comme le bon petit diplomate qu'il était, habitué à ses enquêtes, à ses papiers plus qu'à livrer ses sentiments. Ombre dans un bureau, le jeune homme passait toujours en second plan, derrière les grands gardiens, les explorateurs. Il n'était, volontairement, qu'un membre discret de l'Ordre, ne désirant ni s'exposer, ni s'écarter des règles qui l'avaient sauvé par deux fois. D'abord dans sa prime jeunesse après les actes de maltraitance de sa mère sur sa personne, puis à son retour de l'académie Sith. S'exposer ainsi lui demandait de gros efforts, tout comme accepter le contact avec autrui lui avait coûté des années de patiente rééducation. Il était lent, plus que Karm pourtant lui aussi maltraité, mais tout le monde ne réagissait pas de la même façon. Luke était prudent, craignant de perdre ce qui avait été si ardu à gagner.
Karm Torr
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— Hé, je doute pas de ton amour. Dire ça, c’est pas…

Juste.

Karm avait l’impression que Luke lui reprochait sa tristesse, comme s’il avait pu contrôler ce genre de sentiments. Pourtant, il faisait tout son possible pour ne pas exiger trop de Luke, pour contenir tous ces désirs qu’il éprouvait, pas seulement ceux de la chair mais aussi ceux, plus compliqués même sans doute, de la publicité, de la vie conjugale. Bien des Jedis avaient vécu ensemble, s’étaient mariés, même, et avaient fondé des familles, au fil de l’histoire, et même si Karm avait conscience que ce n’était pas le cas de la plupart d’entre eux, il tenait cette tradition pour bien établie au sein de l’Ordre et, par conséquent, parfaitement légitime.

Pourtant, il demeurait silencieux. Souvent, il retenait ses gestes, aussi, de crainte de solliciter Luke plus que de raison. Combien de fois avait-il eu envie de l’embrasser dans une navette de voyageurs ? Combien de fois sentait-il s’éveiller en lui le désir de le plaquer contre un mur pour lui faire l’amour ? Il déployait des trésors de patience pour ne pas brusquer l’Hapien, et ces trésors de patience donnaient naissance à des trésors de frustration.

— … c’est pas grave.

Il était diplomate à sa manière et, en lui, était ancrée solidement la propension des Ark-Ni, renforcée par celle des Jedis, à éviter tout conflit personnel. Sur un vaisseau, exposés aux dangers de l’espace, chacun devait apprendre à se montrer conciliant. Les compromis étaient nombreux et c’était ainsi que Karm avait passé les premières années de sa vie, en accommodant ses propres aspirations à celles des autres.

— Je suis désolé de pas avoir pu contrôler l’expression de ma… tristesse. Je pense pas qu’Assayanah s’en soit rendue compte, alors bon, c’est toujours ça. Mais je te fais pas de reproche. Je veux faire ce qui te convient.

Son ton était las et cette lassitude ne venait pas seulement de la fatigue : la maladie, la peur, le sentiment d’avoir été inutile dans cette affaire, celui de ne pas correspondre aux attentes de Luke, tout se mêlait pour le décourager. En vérité, il aurait eu envie d’être seul dans son lit d’hôpital, seul dans sa chambre, de pleurer un peu peut-être, et de s’endormir enfin d’un lourd sommeil réparateur, pour faire abstraction quelques heures au moins de tout ce qui venait de se passer.

Il n’eut pas le courage de faire autrement que de changer de sujet.

— Je contacterai l’assistant parlementaire. Je trouverai un prétexte quelconque, le suivi des rapports de la commission, quelque chose de ce genre. J’me souviens plus très bien de lui, pour être honnête, j’étais trop stressé par la commission pour vraiment faire attention, mais ça fait partie de son boulot, alors y a pas de raison qu’il refuse de me voir.

À l’époque, il avait été tellement concentré sur son rapport, et la peur de se ridiculiser encore un peu plus devant les sénateurs et, par extension, la galaxie entière, que les visages, les lieux, les détails de son expérience n’étaient plus pour lui qu’une impression vague.

Quelqu'un toqua à la porte et Karm fit un effort pour veiller à ce qu’une diplomatique distance de sécurité le sépare de Luke.

— Entrez.

La même infirmière qui l’avait assisté avec le notaire fit son apparition, pour déposer un plateau repas devant Karm.

— Euh…
— Ordre d’Assayanah. Elle dit que vous avez besoin de vous rétablir.
— Oui enfin, commenta Karm en considérant le plateau où s’accumulait les feuilles de palmes farcies, les crèmes de noix, la viande rôtie et d’autres mets locaux qu’il aurait été bien incapable de reconnaitre, elle m’a confondu avec une garnison de caserne, peut-être.

L’infirmière croisa les bras et fixa Karm d’un air sévère.

— Euh…
— Je bouge pas.
— Oui, oui, je mange.
— Allez !
— Pour un peu, vous feriez encore plus peur que les guérisseurs du Temple.

Un sourire éclaira le visage de la femme.

— Je prends ça pour un compliment.
— C’est le cas.

Elle se tourna vers Luke, dont elle avait cru comprendre qu’il était le médecin du tandem.

— D’ailleurs, est-ce que des fois vous faites l’inverse ? Et les crèmes, aussi, c’est plein de calcium.
— Oui, m’dame.
— Oui, donc, je veux dire. Vous visiter les gens pour découvrir leurs méthodes médicales mais est-ce que des fois le Temple accueille des visiteurs ? Même pas, euh, magiques.
— Sensibles à la Force ?
— Voilà.
— Toutes les méthodes médicales jedis passent pas nécessairement pas la Force. Enfin pas exclusivement. Alors je suppose que c’est pas impossible. Si ça existe pas, ce serait pas inintéressant à mettre en place. Histoire que les gens nous prennent moins pour des illuminés, au moins.

Karm n’était pas un grand adepte du secret ésotérique et il considérait que le Temple devait faire des efforts de transparence. Naturellement, tout ne s’expliquait pas aisément à de simples civils mais il était persuadé qu’il y avait des occasions insoupçonnées de partage démocratique.
Luke Kayan
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- Si ça l'est. J'essaye justement d'en parler.

Mais pourquoi Karm devait-il toujours aborder un sujet puis lancer un "pas grave" à la cantonade, abandonnant la discussion? Luke devait puiser dans sa patience pour parvenir à rester tranquille. Ce n'était pas son ami qui l'agaçait mais plutôt les circonstances qui rendaient toute communication difficile. Entre deux Jedis aptes à lire l'émotion de l'autre sans se parler, à voir les blessures de leur vis-à-vis sans user du regard, c'était plutôt ironique. Un soupir las s'échappa des lèvres du jeune homme, il était énervé, seulement Karm pouvait deviner aisément qu'il s'en voulait personnellement. Impossible d'être vraiment fâché contre celui qui lui avait tant apporté. Si compliquée soit leur relation - Luke contribuait malgré tout à se la compliquer comme un grand, sans sa tète.- il n'y renoncerait pas, mais de ce fait, les frustrations s'amoncelaient dans son esprit.

- Ce qui nous convient.

Corrigea le Hapien en se tournant brutalement vers la porte lorsque cette dernière resplendit d'une nouvelle aura, comme si elle avait prit vie. Ce fut évidemment une aura bien indépendante qui se détacha du duracier qui leur offrait un peu d'intimité. Une infirmière entra avec de la nourriture que le blond pouvait sentir de sa place, et vu la forte odeur, soit elle avait emmené des plats très variés, soit nombreux ou particulièrement odorants. Habitué à une gastronomie sobre, Luke ne fut pas étonné de ne pas reconnaître les effluves qui s'échappaient du repas, certains étant alléchants, d'autant plus que malgré son appétit d'oiseau, le Jedi ne s'était pas nourri depuis un bon moment.

- Merci.

Lâcha le jeune homme d'un ton neutre, là où il aurait normalement accueilli la distraction avec une certaine effusion. Aujourd'hui, l'intrusion, et pire, la conversation banale le fatiguait. Malheureusement, la politesse semblait importante à Luke, alors il patientait... Patientait encore et toujours, ne désirant pas soulever de soupçons sur une éventuelle dispute, et plus précisément une dispute de couple. Cependant, la femme qui pérorait l'agaçait davantage à chaque parole prononcée. Elle pouvait être une infirmière secourable et fidèle qui était restée malgré le virus, elle pouvait ne pas avoir de visage pour Luke, ce dernier en avait toujours de plus en plus contre sa voix. Elle le brûlait presque.

- Bon, c'est bien gentil, mais Karm a besoin de se reposer, je veillerai à ce qu'il mange. Merci.

Secouée par les mots glacials du si courtois, si discret Luke, l'humaine le regarda les yeux ronds. Le jeune Jedi la repéra sans trop de difficulté et commença à la pousser gentiment vers la sortie. Il regrettait déjà son geste, se sentant terriblement coupable tandis qu'il sortait de son schéma habituellement passif. Après s'être débarrassé de l'intruse, au risque de révéler sa relation avec Karm à cause de son comportement, le Jedi referma la porte, il s'y adossa quelques secondes, souffla, soupira, puis revint au lit. Décidément en sautant ainsi tous les protocoles, il risquait d'y prendre goût à la fin, ce qui devenait préoccupant, mais aujourd'hui, le Consulaire n'y prendrait pas garde, pas plus qu'il n'avait donné d'importance aux paroles de Karm concernant le parlementaire. Ces propos protocolaires, il les connaissait bien, se cachant derrière eux, piètres frontières luttant inefficacement contre un sujet difficile à affronter.

- Désolé. Mais.- Il se pencha sur le lit, sans s'y asseoir, conscient au fond de lui que Karm devait vraiment se reposer et être ménagé- Zut. Tout. ira. bien. Je te le promets.

Et il chercha à l'embrasser, à faire la paix. Peu importe leurs querelles muettes, leurs inquiétudes ou la maladresse de Luke qui avait seulement chercher à rassurer Karm -mais l'avait en réalité enfoncé.-. Si le Chevalier lui offrait la possibilité de s'amarrer à ses lèvres en guise de bonne nuit, ce serait un long baiser tendre et peu chaste. Puisque Luke sensément éloquent ne parvenait pas à s'exprimer avec son compagnon, il laisserait son désir le faire pour lui, pour une fois, juste une fois, peu importait les dangers.

- Bon appétit. Je te surveille, je l'ai promis.


Il sourit et termina

- Tu sais, je crois qu'on se débrouille bien. Vraiment pas mal.

Il y croyait, du moins venant de Karm, moins pour lui. Mais quand même: Il y croyait plus qu'avant.
Karm Torr
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— J’ai b’soin d’un encouragement médical de plus…

Et ce disant, Karm attrapa Luke par la chemise et l’attira à nouveau vers lui pour l’embrasser une seconde fois. Il avait accueilli le premier baiser sans réticence, et y avait rejoint Luke avec entrain ; le second fut encore moins réservé. Sa main libre se glissa sous le haut de Luke pour caresser son flanc, laissant les expressions de leur Force vitale se mêler. Il aimait sentir le corps de Luke ses doigts, et mieux lire la manière dont l’énergie s’y propageait. C’était à sa manière à lui de voir, de vraiment voir.

Lorsque leurs lèvres se séparèrent, il souffla contre celle de son ami :

— Je t’aime, Luke.

Comme à chaque fois, le prénom de l’Hapien avait été prononcé avec cette inflexion particulière qui, pour un Ark-Ni, lui donnait le même sens qu’un « mon amour ».

— Mange toi aussi. Tu en as besoin. De toute façon, malgré les ordres d’Assayanah, jamais je pourrais avaler tout ça.

Il prit la main de Luke et la guida sur le plateau de nourriture, avant de reprendre lui-même son propre repas.

— Moi aussi je trouve qu’on se débrouille bien, tu sais. Et c’est pas parce que parfois on est pas d’accord, et qu’on ressent pas forcément les mêmes choses, et qu’on a pas forcément les mêmes aspirations, les mêmes envies, ou qu’on donne pas la même importance aux mêmes aspects de notre situation, qu’on est… Plus éloignés l’un de l’autre pour autant. J’dis pas que j’prends toujours tout avec philosophie, hein, et que j’angoisse pas à mort parfois. Surtout là, aujourd’hui, j’suis quand même… Lessivé. P’têtre un peu déprimé. Je me sens à moitié comme un looser, en fait.

Au moins, il l’avouait et puis son ton était plus léger. Le baiser lui avait fait assurément beaucoup de bien. Voir Luke reconduire l’infirmière à la porte sans ménagement aussi, au fond, non par cruauté mais parce que c’était la preuve que l’Hapien le désirait assez, l’aimait assez, pour se montrer parfois impulsif.

— J’ai servi presque à rien, j’me suis effondré comme une bouse de bantha, et même avant ça, ben… J’me suis senti débile.

Auprès de ses professeurs au Temple, l’Ark-Ni avait toujours eu la réputation d’une intelligence solide, et même très nettement supérieure à la moyenne, mais une intelligence qui s’exprimait de manière singulière, parfois peu compréhensible pour les autres. Karm n’avait jamais été l’un de ces surdoués talentueux qui transmettaient facilement leurs raisonnements à celles et ceux qui les entouraient et, bien plutôt, il restait enfermé dans son monde. C’était une situation qui créait entre lui et les autres une telle distance qu’il se sentait parfois complètement dépassé.

— J’t’admire tellement d’être si… T’sais, t’arrives à connecter avec les gens. Tu dis toujours que t’es soporifique et tout, mais la vérité, c’est que sur le terrain, entre professionnels, les gens t’écoutent, parce que t’es clair et précis. Et tout ça. Moi… J’sais pas. J’ai eu l’impression d’être la cinquième roue du carrosse, Assayanah et toi, vous étiez, genre, tellement en phase, elle a l’air tellement intelligente, tellement intéressée par les mêmes trucs que toi, et elle est, genre, incroyablement canon, ça m’a fait stresser grave. Alors bon, avec ça la maladie et la fatigue, j’suis un peu nerveux, quoi.

Mais il avait suffi d’un baiser et de quelques caresses pour le débloquer et lui permettre de se confier.

— Du coup voilà. Ça empêche pas que j’aie foi en nous. Alors c’est vrai, j’aimerais vachement qu’on soit… Public. J’viens d’une société où la vie privée, c’est quand même un concept très abstrait. J’sais pas mentir, j’sais pas faire semblant, et cacher des trucs, des fois, ça me prend vraiment aux tripes. J’comprends toutes tes raisons, hein, rationnellement, j’vois bien ce que tu veux dire, se protéger et tout ça, faire durer la relation dans le temps, et même, genre, émotionnellement, je comprends que ça puisse être difficile pour toi, intimidant, d’affronter l’avis des autres. C’est juste très différent de ma manière de percevoir les choses. De ma manière d’être au sein d’une communauté. Les secrets, ça me ronge. Maintenant… Maintenant…

Karm hésita mais puisqu’il s’était lancé dans une pleine honnêteté, autant poursuivre.

— Maintenant, j’ai vachement de mal à parler aux autres Jedis. Parce que, ben. J’ai toujours peur de trop parler de toi, parce que c’est ce que j’ai envie de faire et que tu donnes du sens à presque tous les aspects de ma vie. Mais je veux pas que les autres soupçonnent notre relation et que ça te déplaise. Mais si j’parle pas de toi, alors que les gens savent qu’on fait pas mal de missions tous les deux, ce sera aussi bizarre. Du coup, je suis vraiment… ‘Fin, je me sens très isolé, quoi. Après, j’ai jamais été le mec le plus sociable de l’Ordre mais bon…

Karm repoussa le plateau-repas malgré tout presque vide. Mission accomplie.

— Mais je sais que c’est compliqué pour toi aussi. Que tu as du mal à… Accepter des trucs. La sexualité et tout ça. Le regard des autres. Et j’imagine que moi aussi, je dois te stresser, à ma manière et pour d’autres raisons. Que tu dois te poser des questions et tout, par rapport à moi. J’veux pas avoir l’air de me poser en victime unilatérale ni rien. Et puis tous ces trucs que je dis là, au fond, je m’en fiche, tant que je peux être à tes côtés.
Luke Kayan
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Luke rompit le baiser, forçant la main de Karm à quitter son logement confortable lorsqu'il se redressa. Il avait, tel un enfant à qui ont venait d'apprendre que les fées n'existaient pas, les yeux ronds, semblant réellement observer "le profanateur", un air étonné fiché sur ses traits, une expression soulignée par le cadre que formait ses longs cheveux blonds, dont certaines mèches trônaient encore sur les draps du lit.

- J'espère que tu plaisantes.- Répliqua-t-il du tac au tac un peu désespéré de voir combien son compagnon, malgré les preuves, continuait de se dénigrer. C'était devoir se supporter, en pire. Même lui n'était pas aussi buté en ce sens, finissant par s'attribuer un mérite ou deux. Aussi attendri que chagriné par cette tendance, il s'empressa d'exposer la suite.- La façon dont tu as retenu le virus lancé en pleine conquête de ton corps fut remarquable. Jamais je n'ai pu observé un tel phénomène au sein de la Force. Les médecins ne l'ont observé que superficiellement, mais moi je l'ai senti en profondeur et ton aura était parfaitement alignée à ce moment, totalement dépurée. Je n'ai pas pu vraiment apprécier car j'étais inquiet, mais Karm, conscient ou non, cet acte révèle d'une parfaite maîtrise de son corps. Quand tout va bien, il est facile de contrôler, c'est quand tout s'effondre que le mérite consiste à retenir toutes les ruines, les briques fissurées, cassées pour reconstruire ensuite le château. Enfin, je te rappelle que nous sommes sur cette piste parce que sur ton lit de mort, c'est toi qui a suggéré avant n'importe quelle analyse, que l'on songe à un virus artificiel.

Le Hapien laissa passer quelques secondes de silence afin que son ami absorbe l'information.

-Finalement, je me demande si tu ne fais pas tout ça, te dévaloriser, pour qu'on lisse ensuite tes lauriers.

Le taquina-t-il en piquant dans un fruit. Ce dernier, un peu amer vengea Karm, et le Hapien dût se forcer afin de le terminer. Mauvaise pioche. La suivante fut bien plus agréable quoiqu'un peu salissante: de la crème de noix, Luke n'en avait jamais mangé mais il avait reconnu l'arrière-goût de ce fruit quasi inaccessible pour lui.- plus jeune, il avait failli éborgner un camarade en essayant d'en décortiquer une comme un grand.-

- Je sais. C'est assez compliqué. Personnellement je ne vois pas ça comme du mensonge, plutôt de la discrétion. Personne ne me demande la vérité, après tout. Quand je sortais avec Jason, je suis passé Chevalier, pendant la cérémonie on m'a demandé si j'avais quelque chose de spécial à déclarer, c'était terrible, car mon Maître ne savait rien. Cependant je me suis senti obligé de tout confesser. J'aurais pu y laisser ma place. Surtout pour ce que sa compagnie valait en fin de compte. Heureusement les Jedis sont justes, ils ont su voir que je n'étais pas impliqué, juste... Honteusement aveugle. J'ai découvert ses fraudes après un an de relation, s'il a vraiment commandité des meurtres, j'imagine qu'il en a eu le temps parce que j'ai réagi sur le tard. On se voyait peu, certes, mais j'aurais dû savoir. Je ne pensais plus jamais accepter quelqu'un ensuite, et tu m'es un peu... Littéralement tombé dessus lorsque le vaisseau a fait naufrage.- Luke esquissa un sourire, balancés contre les parois comme ils l'avaient été, nul doute qu'ils s'étaient écrasés l'un l'autre au moins une fois.- le fait que tu sois Jedi me rassure beaucoup. J'aime aussi que nous suivions les principes un peu plus traditionnels, je le reconnais. Mais c'est également certain que j'ai passé la phase pendant laquelle je me méfiais malgré moi. Alors j'imagine que nous pourrions... Faire un compromis? Je pourrais éventuellement parler de toi à des proches, comme mon Maître? Et toi, de moi aux Jedis que tu côtoies le plus?

Le Hapien frissonna, cet effort lui en coûtait, et cher, mais il tenait à Karm et comprenait d'ailleurs ses arguments. Rester caché pouvait donner l'impression d'être des criminels en fuite, alors qu'ils avançaient, dans leurs missions et leur apprentissage. Énoncée par son ami, la vérité semblait plus douce, moins frauduleuse. Il aimerait y croire. De plus, il n'était pas du tout sûr que sa proposition leur permette de conserver leur relation dans un cercle privé. Les Jedis n'étaient habituellement pas commères -sauf Catherine et il soupçonnait fortement Évangellyne.- mais ils vivaient tous ensemble, échangeaient énormément, aussi bien verbalement que non. Garder le secret serait compliqué à "si grande" échelle. De la même façon, de nombreux pairs étaient tolérants, élevés par des maîtres prônant l'ouverture d'esprit, seulement Luke n'était pas dupe. Il connaissait certains maîtres à la limite de la xénophobie. Aussi lâche cela paraisse-t-il, il n'avait pas envie de souffrir d'homophobie, ni que son aîné découvre ce que c'était. Le souvenir des accusations d'un petit Arkanien de 13 ans, tremblant en se voyant isolé avec lui restait ancré dans sa mémoire. Le Padawan avait fini par lui avouer craindre qu'il ne tente quelque chose avec lui. [HJ: Joué en rp mais je ne trouve plus le topic.] Luke avait été simplement horrifié. À l'époque il avait réagi en souriant, corrigeant le gamin en lui révélant son homosexualité et non sa pédophilie. L'épisode restait toutefois marquant, un des plus douloureux concernant son orientation sexuelle à vrai dire.

- Tu n'as jamais eu à affronter l'homophobie, toi, c'est vrai. Je juge ça plus humiliant que tout ce qu'on a pu me dire concernant mon handicap, pour te donner une idée de l'échelle.

Luke n'avait pas connu beaucoup d'éclats d'intolérance, probablement parce qu'il évoluait dans un monde protégé, c'est-à-dire le Temple. Seulement il imaginait facilement combien les choses pourraient être pire si tout le monde apprenait ses tendances, puisqu'en demeurant discret, jouant sur le doute, il avait déjà vécu des situations désagréables. Et que dire de l'extérieur? Jusque là, ils étaient encore une fois bien tombé, avec Soeur Assayanah par exemple. En songeant à elle, Luke sourit, se souvenant des propos de son ami.

- Premièrement le fait qu'elle soit "canon" importe bien peu à mes yeux. Ils leur faut plus pour s'émouvoir il me semble. Ensuite je suis gay, je te le rappelle.- Luke avait expliqué ce terme à l'Ark-Ni qui avait du mal à le saisir apparemment.- et pour finir, j'ai sans doute de nombreux défauts mais pas celui de l'infidélité. En gérer un, c'est bien assez difficile pour en chercher d'autres.

Fit-il en riant, envoyant une légère tape à l'idiot aux cheveux argentés. Comment avait-il pu être jaloux? En ce qui le concernant, Luke n'éprouvait simplement et purement aucun sentiment de ce type. Partant du principe que lui-même ne se laissait jamais tenté, parce que s'il était amoureux de quelqu'un, il n'y avait aucun sens à aller voir ailleurs, il était persuadé que n'importe qui pensait, ou devrait penser comme lui. Karm pourrait se retrouver avec ce Sith "canon", raffiné, intelligent par exemple, qu'il ne sentirait aucune inquiétude. Si son partenaire était réellement digne de confiance, il se contrôlait, tout simplement. À la rigueur, le Hapien pouvait ressentir une certaine culpabilité de ne pas se sentir à la hauteur en comparaison avec l'homme idéal qui bavait littéralement sur son ami, ou irrité par l'attitude ouvertement séductrice de ce dernier, mais aucune préoccupation Karm ne l'effleurerait. Si cela se produisait, il aurait tendance à s'éloigner pour laisser convoler les nouveaux amoureux. Celui qui trompait n'aimait plus le premier. Inutile de le retenir, puisque la prochaine occasion pour finir dans un autre lit serait la bonne. Le Hapien serait détruit, mais silencieux. Il avait autre chose à faire que courir après quelqu'un qui galopait derrière un autre, d'autant plus que courir n'était pas une de ses spécialités, justement. Par chance, cette inquiétude-là ne les concernait nullement.

- Soeur Assayanah a étudié la médecine comme moi. Je suis désolé si tu t'es senti isolé à un moment, je suppose que ça aurait été pareil si tu avais discuté avec un géographe spécialisé. Je me suis laissé emporter. Elle a des connaissances auxquelles je n'avais pas accès, surtout que je me suis dirigé dans cette branche par pur hasard et pas convaincu au début. Voilà tout.


Gentiment moqueur, Luke poussa l'épaule de son ami, doucement car il n'oubliait pas l'épreuve traversée par ce dernier. Toutefois, il n'en demeurait pas moins étonné. C'était surprenant de faire face à quelqu'un de "jaloux" lorsque ce concept lui était totalement étranger. Un peu douloureux, un peu flatteur quand même.

- Bon, il va falloir songer à terminer ce repas et dormir.

Acheva le jeune homme en annonçant un couvre-feu, forcé s'il le fallait pour le bavard- bien malgré lui.- demain, il leur faudrait visiter la Tombe et Luke avait le sentiment que tout n'était pas sous contrôle comme le songeait la religieuse. Étant donné leur chance habituelle, la prison connaîtrait une mutinerie lorsqu'ils y seraient. Peut-être même que Noctis devinait leur intention de s'y rendre pour enquêter suite à l'échappée belle de la scientifique et du jeune acolyte du mégalomane.
Karm Torr
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— Un compromis, c’est bien.

En vérité, il n’y avait pas tant de Jedis si proches de lui. Wen, bien sûr, mais elle avait déjà tout deviné toute seule. À part ça, il ne voyait pas trop à qui il se serait confier. Sa supérieure au sein de l’ExploCorps, probablement, mais il était prêt à parier qu’elle se doutait de l’essentiel : à force de gérer ses équipes, la veille Jedi avait développé une perspicacité hors du commun pour les affaires personnelles, peurs ou romances, découvertes inavouées ou inimitiés mal contenues. L’idée qu’il avait en fin de compte fort peu d’amis n’était guère réjouissante mais la promesse d’un compromis entre Luke et lui suffisaient à apaiser ses autres peines.

Désormais allongé dans le lit, il observait Luke, un spectacle dont il ne se lassait guère.

— J’étais pas… jaloux. Enfin si. Je sais pas. Je veux dire, si tu l’avais embrassée ou je sais pas, c’est…

Dans la société ark-ni, c’eût été tout à fait normal. Dans son enfance, Karm ne se souvenait pas avoir jamais entendu parler d’exclusivité sentimentale et les quelques visites qu’il avait faites aux siens au fil des années lui avaient confirmé que, sur les vaisseaux, si les couples et les familles existaient bien, la conception de la fidélité chez les Ark-Ni reposait bien plutôt sur la constance des relations que sur leur caractère unique. C’était son compas moral à lui, puisque l’enseignement fruste de l’Ordre Jedi en matière de sentiments et d’éducation sexuelle n’y avait guère substitué quoi que ce fût d’autre.

Il avait à peine conscience de s’engager sur un terrain glissant.

— Je suppose que ça ne m’aurait pas dérangé, dit-il d’une voix pensive. ’Fin, perso, depuis qu’on se connait, j’ai jamais eu envie de faire quoi que ce soit avec qui que ce soit d’autres que toi, mais je prétends pas te posséder ou rien, ou restreindre ta liberté, et puis bon, c’est pas parce que tu t’intéresses à quelqu’un d’autre que tu t’intéresses plus à moi. Pas comme si c’était une monnaie en quantité finie qu’on dépensait.

Autant dire que sa conception des choses était radicalement opposée à celle de Luke même si, en pratique, Karm n’avait jamais donné l’impression d’éprouver le moindre intérêt pour une autre personne. Depuis leur naufrage, ses pensées allaient vers Luke, toujours, comme ses désirs, et il n’avait jamais réfléchi à la question. Il ne comptait pas courir la Galaxie pour draguer tout ce qui bougeait, même si sa vie d’explorateur lui aurait permis de nouer bien des relations au nez et à la barbe du Conseil, comme il passait beaucoup de son temps loin du Temple.

— J’voulais pas insinuer que tu m’avais délaissé, quoi. Tu me dois pas d’excuses ni rien. C’est juste moi qui me suis senti inadapté. Mais c’était une question d’ego de ma part, et franchement, j’en suis pas très fier. J’aurais dû faire preuve de plus d’humilité. Ou pas d’humilité mais, t’sais, quoi, dans l’absolu, on s’en fout d’avoir l’air brillant ou pas. Au fond, je sais que tu m’as en haute estime. J’devrais avoir plus confiance en moi, pour pas être atteint par ce qui est purement extérieur. Comme la reconnaissance des autres.

De toute évidence, la question de la jalousie, de la relation entre Luke et Assayanah et de l’orientation sexuelle était pour lui une considération parfaitement accessoire, au regard de problèmes qu’il jugeait plus essentiels, à l’aune de sa propre moralité, comme celui de la vie en communauté et du rapport aux autres. Son esprit revint quand même à la fameuse crainte de Luke. L’homophobie.

Les mains croisées sur la nuque, les yeux fixés au plafond, Karm réfléchit.

— Ça me fait pas peur, je crois, qu’on se dise que je suis… « Gay ».

Manifestement, le mot et le concept demeuraient lointains pour lui.

— Bon, en vrai, j’suis pas gay. ‘Fin, si j’en crois les gens qui ont un peu éveiller mon intérêt, depuis que je suis ado, je crois que je suis plutôt… Tout ? Tousexuel ? Quelque chose comme ça. ‘Fin, bon, j’ai mes limites, hein, les Hutts tout ça, c’est pas exactement mon truc, mais… Les humanoïdes disons, ça va. Mâles ou femelles. Ou les deux. Ou aucun. Ou… Je sais pas. J’ai vachement de mal à concevoir ce que c’est que choisir en fonction du sexe. Enfin non, c’est pas un choix, je sais ça, je m’exprime mal. Mais…

C’était comme essayé de décrire quelque chose qui pour lui n’avait jamais existé et qui se matérialisait soudain devant lui. Il tourna la tête vers Luke.

— Comment c’est, pour toi ? J’veux dire, comment… ‘fin. Tu me vois pas, ni rien, et ma voix, c’est pas spécialement… Masculin. D’ailleurs, même si tu me voyais, tout habillé, juste à mon visage, c’est pas flagrant, il parait. Mais je crois que même avant que tu aies pu me toucher, même avant que… T’sais, que tu as eu accès à quelque chose de vraiment mâle. J’dis pas, hein, tout ça, juste, les muscles ou quoi. Y avait quelque chose, je crois, entre nous. Qu’est-ce qui fait que je suis un homme, pour toi ? Que je rentre dans tes critères. Enfin pas tes critères, mais genre, tes préférences ? Je suis pas super viril ni rien.

Dixit le guerrier expérimenté, baroudeur de premier ordre, avec son physique athlétique, en tout cas selon les canons de son espèce, et ses instincts protecteurs.
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