Halussius Arnor
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- - - - Au Bantha Argenté – Nar Shaada

Les couleurs chatoyantes de la devanture de l’établissement attirait l’attention des passants au premier coup regard. Les hologrammes alentours faisait la promotion de l’hôtel vantait un service de qualité, des chambres tout équipées et un confort digne des plus grands palaces de la planète, mais à un prix défiant toute concurrence… Du baratin pour touristes ! Le Bantha Argenté n’avait « d’argenté » que le nom. En vérité, il ne s’agissait là que d’un hôtel miteux installé dans une ruelle d’une des plates-formes inférieures flottantes au-dessus de Nar Shaada. Il se plaçait pourtant bien au-dessus de tous les autres concurrents alentours. En d’autres termes, le meilleur du pire. Mais pour qui fréquentait ce genre d’établissement, la discrétion et la tranquillité de l’endroit passait bien avant le niveau de standing. Contrebandiers, marginaux et autres trafiquants composaient l’essentiel de la clientèle du Bantha Argenté. Le propriétaire, un devaronien bedonnant, s’en accommodait fort bien et assurait à tous un parfait anonymat pourvut qu’on en paye le prix et qu’on ne soit pas dans le collimateur des Hutts. Un endroit de rêve…

Au troisième étage, un droïd de nettoyage s’affairait à nettoyer l’endroit comme il le pouvait. La machine n’était pas de première jeunesse à en croire sa maladresse et sa lenteur. Chancelant, il se cognait contre les murs une fois sur deux faisant s’entrechoquer à chaque fois les bouteilles de détergeant à sa taille. Un bruit qui ne semblait pas déranger les occupants des différentes chambres, notamment celui de la chambre trente-quatre.

Les faibles rayons du soleil zébraient en partie la chambre tout juste assez grande pour accueillir un lit double et un petit coin aménagé pour pouvoir se préparer à manger. Ici, pas de transpacier polarisant mais un simple store à lamelles placé devant la fenêtre permettant de réguler la lumière extérieure. Un détail dont les deux hommes qui occupaient le lit ne se souciaient pas…

La différence d’âge entre eux ne semblait pas énorme, ils étaient allongés l’un à côté de l’autre, paisibles et endormis. Un simple drap léger dissimulait en partie leur nudité et leur silhouette athlétique. L’atmosphère poisseuse et lourde régnant dans la chambre suggérait une activité nocturne assez… intense. Une nouvelle maladresse du droid contre la porte de la chambre et les yeux de Arien s’ouvrirent. Il n’appréciait pas du tout d’être réveillé aussi soudainement, encore moins lorsqu’il avait besoin de se reposer. Sortant peu à peu de son sommeil, Arien sentait la tension dans tous les muscles de son corps, voir même une ou deux courbatures. Fixant le plafond, il tourna son regard sur les courbes de son amant qui dormait. Il fixait les quelques cicatrices qui marquaient son dos à certains endroits. Curieux… Il ne les avait pas remarqués jusqu’ici. Il passa nonchalamment sa main délicate au niveau du bas de son dos, espérant peut-être une réaction de sa part… mais rien. L’autre restait parfaitement impassible et endormi. Cela ne le dérangeait pas en fin de compte. Doucement, il quitta le lit dans le plus simple appareil, affichant l’ombre de sa ligne svelte et musclée sur le mur de la chambre.

Arien observa rapidement les alentours, plus précisément à l’endroit où les affaires personnelles de son amant étaient posées. Tout en redécouvrant les lieux, une série de flashs retraçant la nuit dernière inondaient son esprit, lui faisant esquisser un petit sourire satisfait. S’assurant que l’autre dormait toujours, Arien commença à fouiller dans un sac posé sur une sorte de valise, à la recherche de quelque chose de précieux ou de quelques crédits bienvenus, mais non sans une certaine arrière-pensée. Il se disait qu’il était encore tombé sur l’un de ces contrebandiers fauchés. Un sac, une valise… mais pas d’armes, juste un genre de bâton d’un peu plus d’un mètre de longueur. Plutôt atypique… Le sac ne contenant que quelques provisions et des choses sans importances, Arien s’attaqua à la valise qui s’ouvrit sans difficultés. Au milieu des vêtements parfaitement pliés se trouvait plusieurs objets qu’il n’avait jamais vu auparavant. L’un d’eux était de forme pyramidale, à l’aspect sombre et gravé de symboles rougeoyants. Les autres ressemblaient à des cubes cristallins avec chacune de leurs arêtes couvertes par un métal précieux. Les yeux de Arien brillaient et son esprit frétillait à l’idée du prix qu’il pourrait tirer de ses babioles précieuses. Mais son sang ne fit qu’un tour lorsqu’il vit le dernier objet... Une sphère, pas plus grosse qu’une pomme, parfaitement translucide et cerclé par un fin liseré métallique. Plus Arien fixait la sphère et plus il était fasciné par elle et son halo mauve confinée en son cœur.


« Tu n’en tirera rien… »

Arien sursauta et lâcha la sphère qui retomba là où il l’avait prise. Il se releva et se tourna vers son amant qui se trouvait toujours dans la même position et endormi. Du moins en apparence…

« Des bibelots de famille sans valeur… Regarde dans la poche intérieure de la valise, tu trouveras les crédits que tu cherches… Prends les et vas t’en. »

Des mots anodins. Des mots que Arien était habitué à entendre. Mais cette fois, ces mots avaient eu un effet percutant et raisonnaient dans sa tête. D’abord tenté de faire comme on lui avait dit, le jeune homme se ravisa. Il ne l’avait pas senti venir, mais son amant se trouvait à présent derrière lui. Arien se retourna de manière à ce que les deux hommes soient face à face, les yeux dans les yeux.

« Je ne veux pas faire ça… Je ne veux plus. Tu es différent des autres, Hal, je le sais… »

Halussius avait toujours se regard neutre qui le caractérisait. Il n’était définitivement plus le même… Le jeune Chevalier faisant son entrée au Sénat, le Chancelier suprême de la République… tout cela était si loin à présent.

« Je vois… Un tel changement en seulement trois nuits ? »

Un regard neutre mais une pointe d’ironie était perceptible dans ces propos. Lorsqu’il avait vu Arien pour la première fois, lorsqu’ils s’étaient parlé et rencontrés, Halussius avait de suite perçue à qui il avait affaire… Il n’était donc pas surpris que cet amant ait tenté de la dépouiller ou bien que, prit sur le fait, il tente de le faire d’une autre manière. Mais tout dans le regard et l’attitude de Arien écartait l’idée d’une tromperie. Nul besoin de faire appel à la Force pour s’en rendre compte.

« Je suis sincère… J’en ai assez de cette vie ! Je veux partir avec toi ! Je… je… »

Devant sa difficulté à finir sa phrase, Arien décida d’embrasser Halussius, avec douceur, avant que tous deux commencent à s’enlacer. Halussius avait compris ce qu’il en était… Il finit par mettre fin au baiser pour prendre la parole, alors que Arien était dans ces bras.

« Quoi que l’on ait pu te dire… Tu es quelqu’un de bien, Arien et tu mérites beaucoup mieux que cette vie-là. Mais je ne suis pas certain de pouvoir te l’offrir… Tu ne sais pas qui je suis. »

« Je m’en moque… Le peu que je sais de toi me suffit. »

Le regard de Arien était si attachant, si sincère. Halussius le regardait avec tendresse et compassion. Tendrement, il plaqua sa main sur la joue de Arien.

« Je ne t’oublierai jamais… »

La soudaine tristesse qui s’empara des yeux d’Halussius troubla l’espace d’un instant Arien, mais la douce caresse d’Halussius sur sa joue attira de suite toute son attention. Il ne pouvait s’en rendre compte, mais la Force était en train de s’infiltrer en lui, dans son esprit. Halussius le regardait et lui adressa un dernier baiser plein de tendresse avant de lui dire quelques mots.

« Tu vas prendre les crédits que je vais te donner et partir de cet endroit sans jamais y revenir… »

Le regard de Arien était vide, comme s’il était absent ou hypnotisé. Tel un droïd, il se mit à répéter mot pour mot ce qu’Halussius venait de dire avant que ce dernier ne poursuive.

« Tu prendras la première navette pour Aldéraan et tu ne reviendra jamais sur Nar Shaada. »
Une fois encore, Arien répéta tout à la perfection.

« Tu vas trouver un travail et commencer une vie digne et honnête. »

Halussius hésita un instant… Il fixait toujours Arien dans les yeux. Devait-il prononcer les mots qu’il était sur le point de dire ? Cela n’avait en réalité pas d’importance… Il connaissait déjà la réponse.

« Tu vas oublier Hal… à jamais.»

Une fois encore Arien répéta tout comme un automate tandis qu’Halussius déposait les crédits dans sa main. Un dernier mot de sa part lui disant de partir et Arien récupéra ses vêtements, se rhabilla et quitta la chambre sans regarder derrière lui… L’ancien Jedi resta un petit moment assis sur son lit, pensant à ce qui venait de se passer et ce qu’il venait de faire. Il se disait qu’il n’avait pas eu d’autres choix que celui-là… L’affaire qu’il avait en tête primait sur le reste. C’est pourquoi, il finit par passer rapidement là-dessus. Après une douche rapide, Halussius s’habilla avec ces vêtements « locaux », quitta l’hôtel…

- - - - Spatioport – Baie de transit SD-03 – Nar Shaada

Même s’il se fondait parfaitement dans le décor, Halussius faisait attention à ne pas attirer l’attention sur lui. Il se comportait comme la plupart des passagers en transit ici attendant avec impatience le départ dans un hall surpeuplé. Doucement mais surement, il se faufilait parmi la foule afin de rejoindre la plate-forme technique.

Halussius évita de se faire renverser par un droïd-cariste tirant plusieurs wagons de bagages et divers matériels. Il y avait là des vaisseaux privés en réparation ou en entretien. Le sol était couvert ici et là d’huiles et l’on pouvait sentir une vieille odeur de graisses chauffées par les étincelles. Il ne fallut pas attendre longtemps avant que son « contact » se manifeste. L’homme avait l’air roublard, assez chétif et peu porté sur l’hygiène et portait en permanence un flacon d’alcool à la main… Sur le coup, Halussius se demanda s’il s’agissait de la bonne personne mais un rapide signe de la tête le lui confirma. Tous deux se dirigèrent derrière un amas de caisses entassées en attente d’être chargées dans la soute d’un des vaisseaux.


« Vous avez ce que j’ai demandé ? »

« Ça dépend… Vous avez la somme ? »

Le contact avait un air suspicieux mais Halussius restait de marbre face à lui. Tranquillement, il sortit cinq plaques de crédits de sa poche intérieure. Voyant la somme, le contact prit une bonne gorgée de son flacon.

« C’est ce qui avait été convenu, n’est-ce pas ? »

« Ouais… à la base… Mais ca prenait pas en compte que le gars en question était un Hutt… »

« Qu’est-ce que cela change ?

« Hé… On est dans l’Espace Hutt ici mon gars ! On est chez eux ! C’est pas la République ou l’Empire… Ici, quand un Hutt veux passer inaperçu faut se lever de bonne heure pour le retrouver ! Si vous voulez savoir où il est ce sera trente pourcents en plus. »

« Ce n’est pas ce qui était convenu… »

Le roublard prit une nouvelle gorgée d’alcool et se mit à ricaner.

« C’est le business, mon gars ! Et puis… Ce serait peut-être fâcheux que tous vos efforts pour rester discret soient inutiles, hein ! Monsieur… Arnor.

Pour la première fois, Halussius leva le menton et plissa son front. L’entrevue prenait un tournant qu’il n’avait pas envisagé. Il regardait la vermine qui se trouvait en face de lui, souriant et confiant dans le fait qu’il allait se faire un bon paquet de crédits. Le Forceux glissa alors à nouveau sa main dans sa poche intérieure et en tira deux autres plaquettes de crédits. Il remit le tout à son contact, ostensiblement content de lui. En échange des crédits, Halussius reçu un datapad qu’il s’empressa de lire.

« Le Relai Gul’Sar ? »

« Ouais… un avant-poste commercial entre Toydaria et Nimban… Un port franc. »

Halussius parcourait les informations du datapad. Son informateur lui semblait s’impatienter et fini par lui dire.

« Le deal est terminé… J’en ai marre… je me tire ! »

Alors qu’il avait toujours les yeux fixé sur le datapad, Halussius lui glissa une question…

« Et les recherches que vous avez fait sur moi ? Elles n’y sont pas… »

L’interlocuteur se retourna et fixa Halussius en rigolant et désignant sa propre tête d’un geste de la main.

« Ahah… Elles sont là-dedans, mon gars. C’est plus sûr… et j’ai une très bonne mémoire. C’est très utile vous savez de se tenir informer sur les gens avec qui ont fait affaire… Ca évite les mauvaises surprises… Tu ne m’en veux pas j’espère, hein ? Après tout, qu’est-ce que je risque de la part d’un Jedi et d’un ex-chancelier ?

Le regard plein de confiance du roublard laissait Halussius de marbre. Il était satisfait de son coup… et n’en dit pas plus. Il tourna les talons et pris la direction opposée à celle par laquelle il était arrivé. Halussius le regarda un instant et quitta à son tour la zone.

A quelques mètres de là, le roublard s’arrêta un instant pour prendre une nouvelle gorgée de son flacon d’alcool. Il en profita aussi pour regarder avec envie les plaquettes de crédits et commença à envisager la manière de les dépenser. Mais il recracha soudainement le liquide qu’il était en train de boire, toussant comme s’il avait avalé de travers. Une sensation étrange était en train d’envahir sa gorge… Comme si elle se resserrait toute seule… L’effet était si soudain et saisissant qu’il en lâcha les crédits et son flacon. Sa gorge se resserrait de plus en plus au point qu’il devenait difficile pour lui de respirer. Il commençait à paniquer… sentant la pression énorme qui s’exerçait sur sa gorge. Il se sentait défaillir et pourtant… sans pouvoir l’expliquer… il se mit à marcher… Ses deux mains étaient portées à son cou comme pour se défaire d’une étreinte invisible. Il titubait et marchait péniblement… sans savoir qu’il se dirigeait vers une grande trappe d’évacuation des résidus toxiques et autres déchets radioactifs collectés dans les réservoirs des grands transporteurs du spatioport.

Un wagon de cinq conteneurs dirigés par un droïd était justement en train de se mettre en place devant la trappe pour pouvoir y déverser les déchets en question. Le roublard ne pouvait plus respirer, il ne pouvait plus parler et ses tentatives pour alerter les droïds alentours étaient vaines. Ses yeux se révulsèrent en même temps qu’un craquement se fit entendre au niveau de son cou. Au même instant, la trappe s’ouvrit et le droïd commença à déverser les déchets. Le roublard était suffisamment proche pour que son corps tombant à la renverse se jette lui aussi dans la trappe…

Du haut d’une passerelle d’accès, Halussius regarda la trappe se refermer et le droïd repartir avec son convoi comme si de rien n’était. Il ne bougeait pas et dissipa la Force présente autour de la trappe d’une seule pensée. « Après tout, qu’est-ce que je risque de la part d’un Jedi… » un raisonnement qui se tient… si l’on écarte un point important… Halussius n’était plus un Jedi.


- - - - Relai Gul’Sar – Avant poste commercial

Situé au cœur d’un immense astéroïde, le relai Gul’Saré était plus proche d’une véritable ville que d’une station spatiale. On y trouvait des immeubles à plusieurs étages, des dômes végétaux, des marchés divers, des cantinas à foison et un spatioport. Il était possible de vendre et d’acheter n’importe quoi en toute tranquillité, le tout avec la bénédiction totale du Cartel fermant les yeux moyennant un pourcentage confortable sur les bénéfices. Gul’Sar était aussi le meilleur endroit pour débuter un voyage au sein de la Bordure Extérieure en toute tranquillité et en toute discrétion…

Halussius était là depuis deux jours environs… La population étant complétement cosmopolite, aussi diverse que variée, l’ancien Jedi n’avait pas lieu de se faire discret ou de se déguiser d’une quelconque manière. Il portait sa nouvelle tenue composée de plusieurs pièces d’armures légères et ouvragées. Le tout n’était dissimulé que par un manteau long surmonté d’une capuche couvrant haut du visage d’Halussius. Il marchait paisiblement avec son bâton à la main, qui devait lui arriver un peu en dessous des épaules, lui aussi ouvragé avec raffinement. Malgré son apparente tranquillité, il était parfaitement concentré et sa déambulation n’avait rien d’aléatoire… Au détour d’une rue, Halussius se stoppa et leva la tête. Comme prévu, une navette de venait de franchir le sas d’accès et survolait la ville pour rejoindre les plates-formes du spatioport…

La navette finit par se poser doucement sur le sol métallique laissant échapper plusieurs panaches de fumée blanche. Halussius observait discrètement les passagers descendre le long de la rampe d’accès de la navette… C’est alors qu’il le vit… Celui qu’il cherchait depuis des mois… Celui qui occupait ses pensées depuis des années… Malgré sa longue absence, Halussius constatait que certaines choses ne changeaient pas, Ragda Rejliidic grimpait toujours sur son répulseur personnel de la même manière. Un frisson bien marqué parcourut tout le corps d’Halussius rien qu’à la vue du Hutt. Cela faisait si longtemps…

Ragda prenait la direction du turbolift des marchandises. Etant donné sa taille naturelle et l’envergure importante de son répulseur, il lui était impossible de prendre les mêmes accès que les passagers lambdas. Uns fois à l’intérieur, la main pâteuse du Hutt appuya sur la touche correspondant au niveau qu’il souhaitait atteindre, soit une dizaine en dessous de la plate-forme d’atterrissage.

Première niveau… deuxième niveau… troisième niveau… Le turbolift se stoppa une fois arrivé au sixième niveau alors même que Ragda ne l’avait pas demandé. Les portes coulissantes s’ouvrirent sur un genre d’entrepôt mal éclairé et assez mal rangé. Le Hutt commença à grommeler pensant à un dysfonctionnement de l’engin, s’énervant sur le panneau de contrôle. Tout à coup, une force inconnue propulsa le répulseur et son occupant en dehors du turbolift, assez violement, jusqu’au centre de l’entrepôt. La lumière était plus forte à cet endroit, comme si elle s’y concentrait. Quelque peu secoué, Ragda regardait tout autour de lui… une voie raisonnait partout tout autour de lui.


« Toujours le même … Mais avec quelque chose de changé malgré tout … Je ne pensais vous revoir un jour … Je suis sûr que vous non plus vous ne m’avez pas oublié … Je suis sûr que vous saviez que ce jour arriverai forcément … »

Le Hutt avait beau regarder partout, il n’y avait personne… Pourtant cette voix venait bien de quelque part… C’est alors qu’il finit par percevoir une présence… Un tour de tête et il avait les yeux sur cet homme encapuchonné, Halussius, se tenant droit, noblement, avec son bâton à la main. Il n’attendit pas que le Hutt réagisse et releva sa capuche pour se montrer.

« Bonjour… mon « vieil ami »…

Malgré une voix grave et profonde, le regard d’Halussius était plutôt doux, il avait même un petit sourire avenant sur ses lèvres.

« Halussius ?... »

Les yeux du Hutt s’étaient écarquillé au possible avant de redevenir normaux. C’est comme s’il avait vu un fantôme. Halussius avait perçu que quelque chose avait changé chez Ragda. La Force était en lui d’une certaine manière. Ce n’était certes pas aussi franc et tangible que la plupart des êtres sensibles mais elle était là. Une chose surprenante quand on sait la nature imperméable des Hutts à la Force… normalement. La présence de la Force chez Ragda offrait un avantage à Halussius. Contrairement aux années où tous deux se côtoyaient à la Chancellerie, il était enfin possible à l’ancien Jedi de percevoir les émotions de son interlocuteur.

« Vous semblez troublé de me voir… Craignez-vous quelque chose ? Pour ma part, je me réjouis de vous revoir enfin après toutes ces années… Nous allons pouvoir parler.»

Halussius percevait le rythme cardiaque du Hutt qui était en train de s’accélérer… Il perçu également la tentative de Ragda d’actionner une touche sur le boitier de commande de son répulseur.

« Je vous en prie, prenez vos aises, mon ami… »

D’un coup franc et rapide, Halussius frappa le sol avec son bâton. Il ne se passa rien de spécial si ce n’est que le répulseur de Ragda s’affala sur le sol en dégageant des gerbes d’étincelles, manquant de renverser Ragda sur le côté.

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Vous trouverez une image illustrative du bâton tenu par Halussius ici. Le bâton peut ce rétracter pour devenir un sabre-laser classique.
Darth Velvet
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Un soupir s’échappe de mes lèvres, révélant mon agacement aussi surement que cette plissure à la commissure des yeux. Et, dans la prunelle de mon regard, l’étincelle de ma réprobation étoile l’azuré d’un éclair irrité.

« Tu plaisantes Ragda ! »

« Tu sais très bien qu’on peut pas vivre d’amour et d’eau fraiche. Bordel Vel, faut qu’on trouve un moyen de faire subsister l’avant-poste ! »

Il a raison, c’est un fait que je ne peux nier. Boz Pity ne peut indéfiniment se développer aux crochets de sa fortune. Je grimace. Si j’en approuve le fond, j’en réprouve la forme.

« Nous pourrions cultiver n’importe quelle céréale plutôt que ça. »

« Ouais ou on pourrait aussi attendre qu’Ynnitach devienne une gentille jédi ! On en a déjà parlé. Ecoute, avec les vingt bouches en plus, à nourrir que tu m’as dégotté avec ton capitaine, il faut faire vite. Nous avons besoin de matériel plus récent, et de développer le camp, de palier au rudimentaire des installations. Disons que dans un premier temps, c’est une solution ! Je sais très bien qu’elle ne te convient pas, mais elle a au moins le mérite de pouvoir nous faire vivre.»

« Humm…d’accord… mais seulement dans un premier temps, on cultivera ta plante en sus des parcelles nourricières, par contre c’est hors de question qu’elle soit transformée sur Boz Pity. Tu t’arranges comme tu veux, mais tu la revends à l’état de fleurs séchées. Hors de question que nous produisions de la drogue ! »

« Ils peuvent aussi en faire des médicaments. »

« Mais bien sûr ! Ne me prend pas pour une imbécile. » Mes paupières se froncent sous mon mécontentement lorsque je poursuis néanmoins. « Et tu devras vendre nos stocks en priorité à des laboratoires pharmaceutiques officiels ! »

« Si tu veux…. Ça va fonctionner ! La région des Andernelles sur Boz Pity est un endroit idéal pour sa culture. Elle va pousser comme du chiendent ! »

« Hmmm… »


« Nous approchons du relais Gul’Sar, Ragda. Dois-je demander l’autorisation d’atterrissage ? » Demande soudainement la voix métallique d’E.V.A, m’interrompant dans le flux de ma réflexion.

« Evidemment ! » clame-t-il avant de reprendre en question à ma réponse muette. « Je vais enfiler un poncho. C’est juste un petit arrêt, je n’en ai pas pour longtemps. »

J’hoche la tête, mon profil figé et hivernal alors qu’il glisse jusqu’à ses appartements. Et moi, le cœur lourd de nos décisions, l’esprit agité, je file vers ma cabine, arpentant les passerelles de l’Agonie Aargau, telle une âme en peine.

**************

Le hutt, les pupilles ahuries, accrochées sur ce visage, ce jedi, cet ancien chancelier déchu, détailla les inévitables altérations de ce profil autrefois amical. L’angoisse, toujours plus volumineuse au creux de son estomac augmenta, et ses doigts boudinés tâtonnèrent par reflexe, jusqu’à la crosse d’un blaster. Il n’était pas dit, que Ragda Rejliidic serait sans défense, surtout devant cette mine inquisitrice et la noirceur de cette aura déclenchant un tremblement dans sa graisse proéminente
.
« Halussius ! Quelle… bonne surprise… que me vaut le plaisir de ta visite ? » contra-t-il, le front plissé de bourrelet et de mucus luisant « Juste parler ? Vraiment ? Vous ne pouviez prendre rendez-vous ? Je suis quelque peu occupé."

Qu’il s’approche, qu’il menace, qu’il fasse quoi que ce soit d’autres que palabrer ou ôter son sourire de ces lèvres et il se pourrait bien que le hutt choisisse de vendre chèrement sa peau.

« Alors parlons de ce qui vous préoccupe visiblement, puisque mon répulseur semble momentanément en panne. » fanfaronna-t-il faussement, le cœur emballé et les mains moites sur le blaster encore dissimulé par son engin de locomotion

**************


La soie noire et humide de mes cheveux, coulent au creux de mes reins, d’une caresse veloutée, balançant hypnotiquement sous le souffle de la ventilation. Pour autant, je demeure figée, assise en tailleur, la paume de mes mains apposée sur mes genoux gainés de cuir, les paupières closes, le visage offert et la respiration profonde. Immergée dans la force, mon corps, réceptacle évidé et pétrifié dans une minéralité séculaire, se plonge dans un immobilisme angoissant, comme s’il ne restait rien de celle que je suis, hormis le tempo de mon cœur et la lente insufflation de l’air dans mes poumons. Pourtant, je suis bien ici, ancrée dans les flux et les reflux chatoyant de la Force, bercée en son sein par l’indolence de ses vagues, noyée dans son kaléidoscope de sensations et de couleurs. Je me perds, je me trouve, j’oscille entre conscience de l’Univers et inconsistance. Et sur mes lèvres, un sourire serein fleurit.

Le calme doucereux envahissant mes muscles d’une quiétude bienfaitrice, flattant mon esprit comme l’on cajole un enfant se rompt brutalement, m’arrachant un cri de surprise, un cri de douleur. L’écho d’un autre perçu au travers de cette toile arachnéenne. Je bascule en arrière et mon dos percute le sol violemment, volant mon souffle déjà lancinant.


« Ragda ! » remue mes lèvres devenues muettes sous l’impact.

Et mes poings se serrent, griffant la peau de mes paumes, mon visage se ferme arborant le profil acéré d’un oiseau de proie. La souffrance de Ragda… elle fut mienne un court instant, engourdissant d’une douleur aigue, cuisante mes nerfs, envahissant mon âme de ses cris de détresse, déchirant ce lien d’amitié et d’apprentissage qui nous unit d’affliction et de désespoir.

« E.V.A. ! » commande ma voix éraillée par mes émotions instables

« Oui, Velvet ? »

« Envoie-moi, immédiatement les coordonnées de Ragda. Il doit avoir son datapad sur lui. »

« Tout de suite. Voilà, elles sont sur votre terminal. »

« Bien, attends mes instructions et tiens toi prête pour un décollage d’urgence. «

« Certainement. Velvet. Y a -t-il un problème avec Ragda ? »

« Oui. »

Mon regard glisse sur le tubolift, brûlant d’une flambée agacée. Que les coordonnées conduisent à un vieil entrepôt vide et actuellement en attente d’un propriétaire ne m’étonne pas outre mesure. En revanche qu’il ne dispose que d’un seul accès par cet ascenseur m’arrache une grimace désabusée. Au temps pour la discrétion. Quoiqu’usuellement adepte de la diplomatie privilégiant la discussion et le compromis, aux chants des blasters et aux vrombissements de mon sabre, j’avoue que le tiraillement de Force qu’exerce Ragda via notre lien, que cette continuelle douleur qu’il m’inflige, ne me porte guère sur une solution pacifique. Et puisqu’on m’absout de toutes alternatives…

J’enclenche le bouton associé à l’entrepôt désaffecté, observant le défilement des niveaux comme un compte à rebours achevé à la sonnerie du turbolift et aux grincements de ses portes.


« Ragda ! » Hurle ma voix sans tergiversions, alors que j’avance fermement, silhouette féline nimbée d’ombre, de colère et d’une légère angoisse, avisant de ces autres, plus loin, au centre du bâtiment. « Qui que vous soyez, je vous assure que vous allez le regretter » grinçais-je alors que je m’élance au pas de course vers eux, vibrante d’une énergie vindicative et revancharde.

Ma lame se déploie brutalement, m’auréolant de sa lueur meurtrière et assoiffée, et je me jette sur ce qui n’est pour l’heure qu’un homme drapé d’une mante, un ravisseur, un geôlier… un tortionnaire.
Halussius Arnor
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La voix si particulière de Ragda n'avait pas changé, toujours si grasse et profonde. Elle n'avait jamais quitté l'esprit du Jedi, refaisant parfois surface dans les pires moments de solitude. L'entendre à nouveau, après toutes ces années, provoquait un frisson courant tout le long de son échine. Mais contrairement au Hutt, Halussius gardait une sérénité et un calme absolu... Pourquoi en serait-il autrement ? Il le tenait à sa merci.

 «  Je me réjouis que nous puissions prendre le temps... Quelle coïncidence n'est ce pas ? Après tout ce temps, nous nous retrouvons vous et moi, ici, dans cette station spatiale, à ce niveau loin d'éventuel trouble fait...

Vous n'avez pas changé, mon ami... Vous êtes resté parfaitement identique à l'image que j'avais de vous dans mes souvenirs. Mais... je remarque tout de même une nouveauté vous concernant. »


A ce moment précis, Halussius capta l'aura dégagée par Ragda dans la Force de manière à se lier à lui à travers elle. Aussitôt le lien établi, Halussius ressentait parfaitement les émotions, les échos de ses pensées. Ragda ne pouvait le visage en partie dissimulé d'Halussius, mais ce dernier avait les yeux fermés, se concentrant afin d'optimiser au mieux son lien avec le Hutt.

 «Fascinant... Je ne pensais pas qu'une telle chose soit possible. La Force est en vous d'une manière tout à faite singulière... mais elle est là. »

Halussius resta un instant silencieux. Il ne faisait pas que sonder Ragda, cherchant à jauger le niveau d'intensité entre lui et la Force. Non. Il cherchait autre chose.

 « Pourquoi tant d'angoisse et d’appréhension ? Je peux le sentir en vous... »

Soudain Halussius ouvrit les yeux. Il venait enfin de trouver ce qu'il cherchait... Un point d'entrée, un accès à l'esprit de Ragda, à tout son esprit.

 « Avez vous quelque chose à craindre de moi ? Voyons, nous sommes des amis, n'est ce pas ? Nos étions des collaborateurs, des partenaires... De quoi avez vous peur ? Oh ! de cela peut être?

Une simple impulsion lancée à travers la Force de la part d'Halussius en direction de Ragda et un cri rauque ébranla soudainement l'entrepôt. Un cri irrésistible poussé par le Hutt qui peinait à trouver son souffle. Le visage d'Halussius était grave. A présent qu'il avait réussi à accéder à l'esprit de Ragda, il lui était possible de lui faire ressentir toutes sortes de sensations. Ce n'était pas une chose si simple à mettre en place et guère en phase avec ce que l'on pouvait apprendre au temple Jedi, mais les années écoulées avaient de toute évidence à Halussius, qui semblait avoir élargi sa connaissance de la Force. C'est ainsi que d'une simple impulsion, Halussius faisait croire à l'esprit de Ragda qu'il brûlait de l'intérieur, comme si un feu intense se propageait le long de tout ces muscles, ses os, ses nerfs...

 « Non... Ce ne serait vraiment pas mon genre de faire cela... »

Halussius fit alors quelque pas sur la gauche, le visage toujours dissimulé et son bâton toujours dans la main. Il regardait le Hutt se tordre de douleur, à sa manière, et envoya une seconde impulsion de manière à faire disparaître l'effet qu'il avait produit plutôt et d'apaiser Ragda.

 « Le moins que l'on puisse dire c'est que vos affaires ne sont pas bonnes en ce moment, mon ami. Recherché par la République, traqué dans l'espace Hutt... et par l'Empire ? Que c'est-il donc passé ? La Dame noire vous aurait-elle abandonnée ? Ou bien lui auriez vous joué un de ces mauvais tours dont vous seul avez le secret ? »

Halussius envoya une nouvelle impulsion dans l'esprit de Ragda, cette fois lui faisait croire qu'il recevait des chocs électriques. Il continuait de marcher autour de lui. Volontairement, il ne laissait aucune occasion à Ragda de répondre à ses interpellations, tant la colère était en train de s'emparer de lui à mesure qu'il était en présence du Hutt. Cette colère, Halussius l'avait en lui depuis fort longtemps. Mêlée de frustration, de déception et d'incompréhension, cette colère hantait l'ancien Jedi, d'une certaine manière. Il gardait fermement ancré dans son esprit cet instant, à bord du vaisseau de commandement de Darth Ynnitach au dessus d'Artorias en flamme, cet instant où il se trouvait en face d'elle alors qu'il n'était pas encore complètement remis de sa fracture au crâne. Cet instant où l'impératrice des Sith dévoila l'entente entre Ragda et elle... Cet instant où, pire encore, Ragda en restant silencieux confirmait cette entente... sa trahison. Lorsque la vision de ce moment revint de manière plus vive à l'esprit d'Halussius, ce dernier augmenta l'intensité des chocs électriques que Ragda croyait recevoir.

 « Je vous faisait confiance... Je croyais en vous... Et vous m'avez trahis ! »

A son tour le cœur d'Halussius se mettait à battre la chamade. La colère était telle que tous ses muscles étaient en train de crisper, son souffle de s'accélérer. Il augmenta une fois encore l'intensité des chocs... A présent, dans l'esprit de Ragda, c'est comme si Halussius était en face de lui et de le foudroyer d'éclairs de Force. La douleur du Hutt était immense... Halussius avait stoppé sa marche et s'approchait du Hutt totalement tétanisé...

 « Un monde innocent... Un monde qui ne demandait rien à personne... Un monde attaqué lâchement... Mon monde... »

A présent qu'il était tout proche de Ragda, Halussius releva doucement sa capuche, dévoilant totalement son regard froid, marqué par la douleur et la colère.

 « Et vous l'avez laissé brûler... Vous l'avez marchander... Pourquoi ? La réponse à cette question me hante depuis tout ce temps... Mais maintenant que je vous vois, je ne suis pas certains de vouloir la connaître. »

Halussius parlait doucement et regardait Ragda cette fois avec une certaine pitié.

 « Vous pensez souffrir n'est ce pas ? Je peux le sentir... Mais sachez, mon ami, que ce n'est rien en comparaison de la mienne...

D'un geste assuré, Halussius posa sa main sur le côté du crâne de Ragda, malgré sa peau suintante. Le contact physique allait lui permettre de mieux transmettre ce qu'il voulait.

 « Voilà la véritable souffrance. Souffrez à présent... Souffrez... et mourrez, mon ami. »

Des images horribles issues de la bataille d'Artorias commencèrent à se déverser dans l'esprit du Hutt. Halussius partageait non seulement des images de sa propre expérience sur le champs de bataille, mais aussi des scènes qu'il avait perçu au moyen de la Force. Il partageait non seulement les images, mais également les sensations, les ressentis qu'il avait capté. Autant de désespoir, de souffrance, de détresse, de cris... et de morts.

L’exercice fut soudainement interrompu...
Ragda!... Halussius tourna sa tête en un instant en direction de celle qui venait de crier ce nom et qui était en train de s'élancer de manière hostile vers lui. Retirant sa main de Ragda, Halussius fit quelques pas en arrière pour s'éloigner de lui. Sa concentration étant totalement troublé par cette arrivé soudaine, le lien entre lui et l'esprit de Ragda se brisa.

Il ne fallut pas longtemps à Halussius pour percevoir l'aura puissante qui émanait de la nouvelle venue dans la Force. A présent qu'elle avait dégainé un sabre-laser, la confrontation semblait inévitable. Brandissant son bâton devant lui, Halussius actionna une touche située sur sa partie supérieure. En un instant, le bâton se rétracta, pour ne faire qu'un quart de sa taille, et laissa jaillir une lame laser de couleur jaune.


Halussius adopta une posture de défense adaptée à recevoir l'assaut porté contre lui.
Darth Velvet
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Ma colère, sombre et fielleuse, m’auréole, tissant dans la Force l’étendard de ma vindicte, emplissant l’air du hangar d’un crépitement fiévreux. Et, sous les lambeaux de cette ire, la douleur palpitante du lien entre Ragda et moi, vibre douloureusement, vrillant les muscles de mon corps et tambourinant à mes tempes avec l’acharnement d’un millier de tamtams. Des picotements agitent ma peau, et je tressaille, m’abandonnant à l’escalade de violence né en mon Obscurité, arrachant à ma gorge un cri rauque et sauvage.

« Ragda ! » Répétais-je alors que je fonce droit sur les silhouettes

Et, cette main de fer broyant mon esprit, distillant son venin de souffrance s’efface brutalement pour m’abandonner pantelante sur les rivages de ma rage, et de ma rancœur. Pourtant, je sens encore sur moi, sur mon apprenti, l’empreinte de ses agissements et le gout amer de son pouvoir. Qui est-il pour s’abimer dans l’âme du hutt et parvenir à m’atteindre en ricochet, au travers du temps et de l’espace ? Qu’importe au final, seule la morsure de ma lame dans sa chair me parait être une réponse adaptée à cette séance ignominieuse de torture.

Je fonce sur lui, tiraillant les fils éthérés de la Force, me drapant de son étoffe, nouant sur ma peau son sortilège pour me fondre dans les ombres. Je ne suis plus qu’une ligne fantomatique, l’essence d’un spectre, invisible, intangible, prête à frapper là où il ne s’attend. Et pourtant, alors que la fraicheur de mon invisibilité trace d’un doigt glacé, des frissons sur mon derme, le sol choit sous la semelle de mes bottes.

Le béton s’est dissous, devenant une pâte molle et collante, un piège où je m’englue. Des perles de sueurs coulent le long de ma colonne alors que je tente de m’extirper de ce traquenard. Comment est-ce possible ? Je tire, déployant mes muscles, m’enfonçant encore plus profondément dans cette mélasse goudronneuse. Je ne suis plus qu’une phalène, emprisonnée dans la toile d’une araignée. Plus je me débats et plus je m’enferre dans cette chape.

**********


Ragda, la respiration courte et brisée, l’esprit emmêlé des flashs imposés par Halussius, du châtiment infligé à son corps endolori, ouvrit un œil terne sur cette voix reconnaissable entre toutes, perçant fugacement l’étreinte de son inconscience. Velvet ! Elle était venue… et sur le visage gras et humide du hutt, un rictus déchira sa bouche. Ses doigts boudinés sur la crosse du blaster inutilisé, se crispèrent et dans un ultime sursaut de volonté, comme animé d’un dernier souffle d’animosité ou de volonté. Il enfonça la gâchette et tira à l’aveuglette, une seule et unique fois, espérant dans le secret de son cœur, offrir à son amie, une opportunité contre le chancelier déchu.

**********


L’écho d’un blaster résonne entre les murs vides de ce hangar, et, en réponse, comme une délivrance inespérée à cette nasse de béton liquéfié, l’oscillation d’une illusion se délitant. Je recouvre ma liberté de mouvement, avisant de la duplicité de cet adversaire retors et de sa faculté sidérante à projeter en mon âme, le sceau de sa manipulation et les ombres de ses impostures. Qu’il s’essaie à nouveau à ces chimères, qu’il pénètre à nouveau l’intimité de mon esprit, le viole sans vergogne, que je lui offre une surprise à la hauteur de ma folie et de sa fantasmagorie. Mes muscles réagissant enfin à mes commandements, je m’exécute, glissant par-delà sa position avant qu’il ne tente une nouvelle fois, son maléfice. Et ma lame, brûlante et impatiente de gouter à son sang, perce l’éther d’un vrombissement assourdissant.

Lame dorée contre Lame rubescente. L’énergie de nos armes crachotent un crépitement d’étincelles, grinçant l’une contre l’autre avant que ne commence notre danse mortelle. Mes pas glissent sur le sol avec la précision d’une bretteuse rouée à ce jeu d’épée, d’estoc et de parade. Je fends l’espace, ferraillant brutalement, lui imposant le rythme soutenu de mes attaques, le harcelant sans répit pour qu’il n’use de la Force à mon encontre. Je me fais légère, mordante, sauvage, imprévisible, enchainant les voltes aériennes, la justesse de mes coups à mon talent d’épéiste. Il pare, le souffle profond et assuré de ceux endurci à l’effort par un entrainement quotidien, la riposte fulgurante, dangereuse. Il est un adversaire plus qu’honorable, pourtant, à mesure que s’écoulent les secondes, que le combat s’éternise, je perçois les faiblesses de sa garde, l’ouverture fugace entre ses attaques, la légère inflexion de son genou lorsqu’il réceptionne ma lame contre la sienne.

Mes lèvres s’étirent, carnacières, ajustant mon corps aux mouvements du sien. Une vague télékinésique me percute soudainement au plexus, et je ploie, mes poumons vidés de mon souffle. Mon sabre tombe sur le sol et j’effectue une rotation, venant bloquer son bras armé d’une main, frappant férocement de la tranche de la seconde sous ses côtes, à hauteur du foie. Sa main s’ouvre à son tour, délivrant son arme, et je lui fauche les jambes, me renversant sur lui, m’emparant au passage du couteau dans ma botte.

La pointe se fige contre son cou, mes cuisses enserrent sa taille d’un étau d’airain alors que je le chevauche fermement. Je me penche au-dessus de lui, glissant mon regard vers son visage, la soie noire de ma chevelure cascadant de mes épaules, effleurant d'une caresse arrachnéenne sa joue. Mon profil se pare d’effarement et saisie, mes lèvres s’ourlent sur un nom :


« Chancelier Arnor…. »

Mon étreinte se desserre légèrement, et ma lame s’écarte de cette gorge offerte, lui offrant sans même en avoir conscience, la possibilité de renverser nos rôles.
Halussius Arnor
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La lame dorée et étincelante du sabre-laser d'Halussius ornait son visage d'une aura lumineuse faisait ressortir ses yeux verts, ses rides très douces et légères ainsi que l'image de sa concentration. Interrompu en pleine discussion avec son ancien collaborateur, le forceux observait avec une toute particulière attention celle qui était en train de fondre sur lui, prenant ainsi le parti de Ragda. Sa puissance dans la Force ne faisait aucun doute tout comme son obscurité.

Pourquoi un Sith en viendrait à prendre la défense d'un personnage aussi vil que le Hutt ? Voilà la certainement la question qui aurait traversé l'esprit d'Halussius s'il en avait eu le temps... Alors que la nouvelle venue se trouvait à quelques mètres de lui, son sabre paré à fondre sur lui, elle disparut totalement. Surpris mais pas désappointé, Halussius ne baissa pas sa garde et se laissa aller à un peu sourire, comprenant la manœuvre qu'elle tentait d'utiliser contre lui.

Fermant un instant les yeux, Halussius appela la Force à lui, la laissant l'envahir entièrement. Comment son adversaire pouvait raisonnablement penser se dissimuler aussi facilement à ses yeux... La Force pleinement en lui, Halussius commença à envoyer de faibles échos dans la Force de manière répétée et très rapide. Des échos partant de son corps et se propageant dans toute la pièce, rebondissant et changeant de direction face à un obstacle comme à la manière d'un sonar. Une technique particulière qui lui permis de localiser en quelques instants à peine son adversaire.

A présent qu'il la tenait, Halussius chercha et trouva un point d'entrer dans son esprit, comme il l'avait fait pour Ragda. Le lien entre leurs esprits établit, l'ancien chancelier pouvait instiller son jeu d'illusion... En l'occurrence, lui faire croire que le sol se mouvait sous ses pieds et l'aspirait comme des sables mouvants. Tout comme Ragda, cela fonctionnait parfaitement, au point même que le Voile de Force de son adversaire tomba. Halussius ne prenait aucun plaisir à voir la panique et l’incrédulité dans le regard de la jeune femme qui tentait futilement de se débattre mais il était satisfait de sa réussite.

Une satisfaction qui s'effaça en même temps que le lien entre lui et elle, lorsque retentit l'écho du tir de blaster du Hutt. Il ne l'avait pas anticipé, ni même perçu l'existence de cette arme. D'un geste rapide et poussé par la colère, Halussis tendit une main en direction de l'arme de Ragda qui lui échappa soudainement des mains tout en étant broyée à mesure que la main d'Halussius se resserrait. L'ancien Jedi eu juste le temps de finir cette action qu'il devait déjà contrer les attaques virulentes de son adversaire d'arme.


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Le coup que venait de lui porter la jeune femme lui coupa le souffle littéralement. C'était comme si le coup qu'il venait de recevoir au ventre avait provoqué un choc qui lui comprimait les poumons. Halussius ne l'avait pourtant pas ménagé et la dernière onde de Force projeté contre elle en aurait pétrifié de douleur plus d'un... mais elle semblait plus endurcie qu'en apparence.

A présent qu'il se retrouvait au sol, sur le dos, le torse douloureux, totalement désarmé et sa gorge sur le point de se faire trancher, Halussius avait pour la première fois sur le visage de son adversaire redoutable. A y regarder de plus près, ses traits avaient comme quelque chose de familier, pourtant rien dans la mémoire d'Halussius ne lui rappelait cette femme...

Une absence de mémoire qu'elle ne partageais pas... De son regard émeraude couvert d'une chevelure ébène caressant le visage du Jedi disparut elle prononça distinctement son nom... Chancelier Arnor... Elle n'était pas la première à ce souvenir de lui, mais encore maintenant, après tout ce temps, Halussius s'étonnait encore qu'on le reconnaisse et qu'on se souvienne de lui.

C'est ce qui explique qu'il resta un ou deux secondes aussi stupéfait qu'elle, mais pas plus. Cette surprise réciproque ne devait que lui être favorable. Il n’appréciait guère d'être en position qu'on puisse lui ôter la vie. Avant d'agir, Halussius lança comme un soupire..


 « Ex-chancelier... »

Aussitôt il prononça d'étranges mots :  « Col Nin ar Thûl ».. Le corps d'Halussius glissa alors sur le sol, sans qu'elle ne puisse rien faire, comme s'il était aspiré par un courant d'air à quelques pas de son adversaire. Une pirouette sur lui même et son corps se redressa de tout son long de manière étonnante, les franges de tissu de son armure s'évadant comme balayées par une brise légère. Un appel de la Force lui permettant de reprendre son sabre-laser en main, Halussis resta là où il se tenait debout. La lame dorée de son sabre-laser brillait à nouveau, mais il n'avait prit nul position défensive ou agressive. L'un surpassait visiblement l'autre dans un domaine et inversement au point que le combat semblait parfaitement équilibré... Halussius sentait son buste encore endolori se décontracter suffisamment pour qu'il puisse respirer à nouveau normalement. Le regard grave d'Halussius croisait celui de son adversaire.

 « Vous me connaissez... Je ne crois pourtant pas que nous n'ayons jamais été présenté. Une question se pose... Qui vient donc au secours de ce traître? »

Durant tout ce laps de temps qui venait de s'écouler, Halussius avait complètement oblitéré Ragda, son attention étant toute entière tournée vers sa mystérieuse et néanmoins redoutable défenderesse. Un répit auquel Halussius comptait mettre fin.
Darth Velvet
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La confusion m’enserre d’un cocon ouaté, immobilisant mon corps d’une déroutante langueur, alors qu’il s’échappe du cercle de mes cuisses et du baiser de ma dague, sans que je n’amorce le moindre mouvement pour le retenir sous mon égide. Qu’a-t-il dit ? Nonchalant, mon bras se lève, appelant à moi mon sabre esseulé, abandonné dans la poussière grise du hangar. La garde, délicatement ouvragée de liserés d’argent, se fige au creux de ma main et si, durant quelques secondes sa lame mortelle et sanguine, demeure rétractée dans son écrin d’ébène, je la sens palpiter entre mes doigts en écho à ma surprise, ma perplexité, mon intérêt teinté de respect envers celui qui fut, un jour, Chancelier Suprême.

Et, lentement, je me redresse et me déploie, le visage dénué d’émotion sous la frange de soie noire de ma chevelure, sous la courbe d’un sourire énigmatique révélé à la lueur fratricide de ma lame. Par deux fois, déjà, il a noué mon âme à l’entrave de ses arcanes, de cette étrange variation de la Force, m’assujétissant à ses rets perfides et à la nasse de cet art inconnu, liant mes sens et mon corps à ces illusions et ces ordres. J’inspire profondément, me refusant de lui offrir une nouvelle opportunité, brûlant de lui rendre coup pour coup cet affront, édifiant en mon cœur les remparts d’une forteresse derrière lesquelles je me terre pour qu’il n’accède à pensées ou mes secrets.


« Nous l’avons été… il y a longtemps. Dans une autre vie, dans un autre contexte, sous d’autres lumières, mais que vous n’en ayez pas souvenir, n’a rien d’une surprise. Comme je l’ai dis, c’était en d’autres temps. »

J’avance d’un pas vers lui d'un pas, esquissant un second.

« Qui suis-je ? Une amie… une protectrice… une subalterne… un mentor… qu’importe Halussius Arnor, qui ou ce que je suis. Il n’y a qu’une seule chose que vous devez connaître à mon sujet. Tant que je serais capable de tenir une arme, je n’abandonnerais pas Ragda à vos effusions de colère et à votre vendetta aveugle. »

Mon regard glisse sur la forme affalée un peu plus loin, sur le souffle rauque que je perçois indistinctement, et mes prunelles revenant à mon adversaire, se font plus sombres, plus dures.

« Quoi que vous en pensiez, Ragda vous respecte et je doute qu’il apprécierait que je vous transperce. Sachez que malgré tout je n’hésiterais pas une seconde. Je comprends votre vindicte, je comprends que vous puissiez le rendre responsable de votre déchéance, de votre malheur, et de la débâcle d’Artorias. Oui… c’est quelque chose que je comprends. Peut-être même a-t-il mérité une part de vos remontrances et de cette noirceur qu’il instille en vous, même s’il n’est en rien le traitre que vous imaginez. Il a toujours eu une haute opinion de vous, de vos qualités… »

J’exhale un soupir, fermant sur mes iris tourmentées entre le désir de l’écarter définitivement de Ragda, et celui d’apaiser cette confrontation naissante entre nous. Alors, je relâche la tension de mes muscles, rétracte mon sabre d’un grésillement réprobateur, muselant dans le secret de mon cœur, ma rancœur et l’envie viscérale de sentir s’éteindre sa vie. J’ignore s’il saura saisir l’occasion que je lui offre, s’il devinera sous l’étreinte glacé de mon regard, ma volonté de cesser cet échange stérile. Ragda ne le souhaiterais pas. Non… il a toujours eu de l’admiration, de l’amitié même, pour cet homme et bien qu’il ait, autrefois, fait des erreurs de jugements et d’appréciation, à son encontre, je ne doute pas que, d’une certaine façon, il lui soit attaché. A sa façon de hutt.

« … je croyais qu’il avait régler cette querelle avec vous il y a longtemps, mais semble-t-il que je me sois fourvoyée. Vous voulez une discussion franche et à cœur ouvert avec lui. Des explications. Soit… faites. Allez-vous mettre autour d’une table pour percer l’abcès, vous hurler allégrement l’un sur l’autre ou que sais-je ! Mais si vous êtes juste ici pour vous venger Halussius Arnor, sans rien écouter de ce qu’il a à dire, avec pour seules lignes de conduite, vos accusations et votre rage, alors vous ne méritez certainement pas les égards qu’il a à votre sujet, ni même le respect qu’il vous accorde. Comme je vous l’ai dit, je ne vous laisserais pas user de davantage de torture à son encontre. A vous de choisir qui de lui ou de moi, devra s’expliquer avec vous. »

Halussius Arnor
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Faire un choix. Tel est la vie de chacun résumé en une seule phrase ridiculement courte. Se tenant debout dans une posture défensive assurée et empreinte de noblesse, Halussius avait déjà choisit. Il avait écouté avec attention les propos de la jeune femme, chose qui ne manqua pas de faire ressurgir en lui des flashs, des souvenirs... Lui et Ragda sur Coruscant dans son ancien bureau... Ragda se défendant, lui l'écoutant, l'accusant et acquiesçant finalement. Des propos qui, malgré tout, avait trouvé un écho visiblement suffisant pour le faire douter de son choix.

Les yeux d'Halussius était en train de se fixer sur Ragda. Il regardait le Hutt en train de chercher sa respiration, en train de subir le contre coup de ses violences. Il ne pouvait refréner cette colère, ce dégoût qu'il éprouvait en le voyant. Mais il ne pouvait également s'empêcher de ressentir de la pitié, de la compassion et du regret devant une telle détresse. Malgré toutes ces années, tout ce qu'il avait découvert et vécu, pourquoi se mettait-il soudainement à douter ?

Son regard alternait successivement les échanges entre Ragda et sa protectrice. Elle avait décidé de désactiver son sabre-laser, pourtant lui tenait toujours le sien, lame rutilante, bien fermement dans sa main. Un nouveau regard sur Ragda et Halussius lui dit doucement.


 « Dès le premier jour, j'avais décidé de vous faire confiance. Je vous ai confié le Trésor et je vous ai maintenu dans vos fonctions alors même que j'étais parfaitement au fait des combines et des crapuleries que vous commettiez en usant de votre position au gouvernement. Je ne comptais plus notes que me fournissait les services de Renseignements. Je vous ai couvert alors que j'ai eu mainte fois l'occasion de vous faire arrêter et de vous réduire à néant. C'était une naïveté que je n'ai plus aujourd'hui !

Je voyais votre ambition grandir... Je croyais pouvoir la contrôler et la diriger pour servir l'intérêt de la République... Mais il y a eut Artorias... Il y a eu votre entente avec l'Impératrice... Pourquoi ? Vous disiez avoir fait cela pour sauver la République ? »


Halussius poussa alors un rire amusé et totalement ironique.

 « Vous ne vouliez qu'une chose... Servir votre ambition... Vous y avez vu l'occasion de prendre ma place. Vous avez profiter de mes blessures pour me faire passer pour... un fou ! »

C'est à ce moment là qu'il reporta ses yeux sur la jeune femme.

 « Comment accepter de quelconques explications pour justifier un tel manque de loyauté ? Comment pardonner cela? Est ce une « vendetta aveugle » ? »

A la suite de cela, il resta un instant silencieux. Il était en proie au doute, cela se voyait. Il ne voulait pas s'en cacher. Reprendre le combat avec la gardienne de Ragda ne lui poserait aucun problème. Mais sa rancœur n'était pas dirigée contre elle... Elle n'avait à rien à faire dans tout cela. Après quelques instants, le doigt d'Halussius caressa légèrement la crosse de son sabre-laser qui se désactiva alors. Il ne voulait pas attendre que Ragda puisse répliquer.

 « Quoi qu'il ai pu vous dire, quoi qu'il ai pu faire pour vous convaincre. Ne faites jamais confiance à un Hutt... Vous vous dites son mentor ? Vous allez lui enseigner la Force ? Prenez garde dans ce cas. Un Hutt est versatile de nature.. Un Hutt qui maîtrise la Force ne peut être que pire. »

La voix d'Halussius était grave mais empreinte de bienveillance, de sincérité. Intérieurement, son esprit était en pleine ébullition. Pourquoi un tel changement alors qu'il y a quelques minutes à peine, il n'aurait pas hésiter un instant à pousser la tension dans l'esprit de Ragda au point de le faire céder et de le briser ? Remise en question, doute, hésitation, faiblesse ? Halussius était tout simplement devenu un être différent, à la fois beaucoup plus simple et plus complexe à la fois que celui qu'il fût auparavant. Il posa une nouvelle fois les yeux sur Ragda.

 « Moi aussi, j'avais une haute opinion de vous... »

D'un geste de la main, le sabre-laser d'Halussius redevint ce long bâton qu'il tenait en main avant la venue de le jeune femme. Il frappa à nouveau le sol avec son bâton. Immédiatement, le glisseur de Ragda se réactiva et se remit peu à peu à flotter au dessus du sol.

 « Partez... »

Un simple mot... Une injonction... Un ordre... Une supplication... Un conseil... Probablement tout cela à la fois... En vérité, Halussius avait bel et bien décidé d'en finir depuis le début... Le tout réside dans la conception de « la fin ».
Darth Velvet
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L’écho de cette voix, grave, charriant reproches et accusations, résonnait dans son crâne, libérant une douleur infernale. Il ouvrit un œil, puis le second, peinant à comprendre la teneur de cet échange houleux. Comment sa tête pouvait-elle s’être transformer en bouillie géante aussi vite ? Il se redressa avec difficulté, avisant d’une Velvet de dos, en rempart au-devant de lui et par-delà sa silhouette élancée, celle dressée d’Halussius. Halussius Arnor, ancien Chancelier Suprême disparut et ressurgit des tréfonds abyssaux où sa trace s’effaçait. Un revenant, un spectre du passé s’élançant dans une vendetta sinistre. Un remord succinct vint chatouiller la conscience du hutt, comme la résilience du souvenir de ne pas avoir agi avec la totale probité que le jedi aurait exigé de lui. Mais le passé étant ce qu’il est, un état révolu et immuable, il ne chercha pas à s’appesantir davantage sur les erreurs de jadis, privilégiant les actions du présent. Aussi, son doigt boudiné, seul membre qui obéissait encore au stimulus de sa cervelle réduite à l’état de gelée, cherchait désespérément à réenclencher les moteurs de son glisseur, d’un appui régulier et frénétique sur le bouton de démarrage.

Je demeure figée, ciselée dans la jade, observant la lutte du doute sur son profil grave, devinant au-dessous l’agitation fébrile de ses pensées. Et mon cœur se serre à l’idée, qu’il ne se saisisse de cette main tendue entre nous comme un gage de paix, qu’il préfère à la conciliation, le chant de la colère et de la guerre. Je n’hésiterais pas, ne le lui ai-je pas affimer ? et pourtant, je n’ai pas envie de cet affrontement entre nous, plus maintenant alors que son identité m’est révélée, que ses griefs sont mis à nu. Je comprends l’ébullition qui l’agite, le chagrin de la trahison qu’il ressent, la fureur violente et le courroux coulant dans ses veines à mesure qu’il se remémore les événements. Oh oui, je ne comprends que trop bien, cette amertume frémissante à la surface de son cœur, l’onde ténébreuse et ombrageuse dont il se drape avec résignation. J’esquisse un pas vers lui…


« Partez… »

J’hésite, mon regard se noyant dans la contemplation du sien. Peut-être que je deviens trop sensible, peut-être que le lien qu’il a instauré entre nous en s’infiltrant au travers de Ragda et de moi, attise l’empathie que je lui voue ou simplement a-t-il toujours bénéficier de mon respect et de ma sympathie, lorsque j’œuvrais dans les cours mondaines sous l’effigie d’une belle de nuit. Il faut dire qu’il n’a jamais été de ceux, dont les œillades concupiscentes dévalaient avec avidité mon corps, ou avec le mépris hostile de ceux qui se jaugent supérieurs aux autres. Bien qu’un élan me porte irrationnellement vers lui, je marque un pas en arrière, puis un second, rejoignant l’ex Sénateur toujours affalé dans la soie multicolores de ses coussins.

« Ragda, tu dois partir… » glissais-je tout en me saisissant de mon datapad. « Je te rejoins. Ne discute pas, c’est un ordre. » Puis activant mon comlink, je continue, à l’adresse d’EVA cette fois ci. « EVA, rapatrie immédiatement Ragda jusqu’au vaisseau, et prépare l’infirmerie. »

Je sens les réticences de Ragda aussi surement qu’elles s’affichent sur son faciès adipeux, et d’un sourire rassurant, je les fais taire alors qu’il s’éloigne sur son chariot répulseur et s’enfonce dans le monte-charge. Je soupire longuement allégée du poids de cette inquiétude et me retourne vers l’ancien jedi. Je sais ce qu’il me reste à faire, je sais qu’il le faut. C’est une erreur, un risque, assurément… j’ignore pour quelles raisons exactement, j’emprunte cette voie. Par instinct, pour ne pas demeurer hantée par le regard de cet homme ? Il y a de cela et tellement davantage….

Je m’avance d’un pas feutré et lent, de celui dont on use pour amadouer un chaton un peu sauvage.

« Il n’a rien eu à dire pour me convaincre, il a agi. Vous savez Halussius, je fais bien davantage confiance à Ragda qu’à moi-même… »

Et, sous le claquement de mes bottes contre le sol crayeux, je délace un à un les doigts de mon gant. Ma voix se mêle à l’écho de mon approche, écrin de velours.

« Je crois, Halussius que vous le laissez partir aujourd’hui, mais que la rancœur sommeille dans votre cœur, que cette histoire ne prend pas fin maintenant comme vous aimeriez peut-être le croire. Le genre de sentiments que vous nourrissez à son égard ont la vie tenace. Je ne peux pas le permettre. Vous comprenez ? Ce n’est pas viable, pour lui, pour vous, pour moi. Je vous ai proposé de crever l’abcès, et nous allons le faire, d’une façon ou d’une autre… »

Je me fige devant lui, à une enjambée, et mes prunelles d’azur l’harponnent. Il n’y a nulle menace dans ma voix, dans ma posture, rien qu’une légère inflexion dans l’intonation, dénotant une pointe de nervosité et l’esquisse de ma fébrilité.

« Il y a quelques années, j’aurais probablement laisser parler mon sabre, mais voyez-vous, je n’ai pas de querelles avec vous, Ragda vous apprécie trop pour que je n’en tienne pas compte et… et… qu’importe. Il n’y a pas beaucoup de chose que je puisse dire pour vous convaincre, alors je vais vous montrer, ce que je sais, ce que j’ai vu… »

Je réduis l’espace entre lui et moi, retenant presque ma respiration sous cette audace. Une vague d’obscurité me submerge, quelques secondes alors que son souffle trop proche effleure ma peau pour refluer en mon cœur, comme un secret bien gardé.

« Si tu as pu accéder mon esprit pour tes petites illusions, non-jedi, je ne doute pas une seconde que tu sauras en lire les souvenirs que je partage… et n'essaye pas de voir plus ce que je t'offre... tu pourrais ne pas apprécier...»

Et ma main s’ouvre simultanément à mes paroles, s’appose sur sa tempe dans un frémissement incertain. Un frisson me parcourt glissant sur ma colonne d’une caresse glacée. Assurément, ma témérité réclamera son tribut… plus tard, peut-être, lorsque la chaleur de ce contact s’effacera, lorsque mes doigts se retrancheront de sa présence, mais en cet instant, ils sont les connecteurs qui le lient à moi, alors que je tisse un sortilège de Force, l’attirant dans mes souvenirs, le transportant à cette époque, en d’autres lieux, dans les alcôves du Sénat et les secrets de Ragda.

Je m’abandonne, je me livre à cet homme, à cet inconnu. Mon souffle court et sporadique balaye son visage, soulevant la soie noire de ma chevelure, entre nous, comme le voilage fragile d’une protection bien légère devant la profondeur de mes aveux, de mes confidences. Et, comme pour ne pas choir sous son étreinte, sous sa présence intrusive dans mon esprit, ma main libre se raccroche à lui, cherchant une prise sur son torse, serrant l’étoffe frénétiquement au gré des souvenirs qui m’envahissent. Nous envahissent.

Les résurgences du passé s’impriment sur sa rétine, alanguies de mes émotions, de mes pensées. Ragda recevant la Dame Noire durant une mission diplomatique, la sous-estimant, elle, son empire en formation. L’empreinte de la suffisance, de la certitude, de la supériorité de la République qu’elle distille en lui et mes mots, mon conseil détourné d’un revers de main :
« Je ne te payes pas pour me dire comment je dois mener les affaires de la République, où de qui je dois me méfier. Ce n’est qu’une parvenue, une rien du tout qui se la joue à l’esbrouffe. Moi je négocie et toi... toi tu assures ma protection sous les airs de Sweety la demi-mondaine. »

Puis viennent, les magouilles, les arrangements, le silence de savoir ce qui va s’abattre sur Artorias, la décision de se taire sur ce qui ne peut être qu’un conflit de petite envergure au vu de la faiblesse de l’Empire. Pour tester le chancelier. Pour tirer son épingle du jeu. L’horreur, la honte, la peur qui submergent les yeux rougis par le manque de sommeil du hutt, alors que la guerre déferle avec une force de frappe inattendue, réduisant en cendres la planète, les flottes républicaines. Les nuits blanches, avisant des multiples écrans de son bureau, cherchant une issue à cette impasse.

« Vous devriez vous reposer Ragda. Les décisions prises, l’esprit embrumé par la fatigue et le corps ankylosé par le sommeil, sont rarement de bonnes décisions. »

« Je ne vous demande pas votre avis »

« Fantôme me paye pour votre sécurité, et vous faire prendre du repos alors que vous tirez sur la corde en fait partie » ajoutais-je en glissant sur ses épaules une couverture. « Allez-vous allonger un moment, reprenez demain. »

Le désarroi, le renoncement dans sa voix :

« Je ne peux pas. La république, Arnor ? vous y pensez »

« Vous ne l’aiderez pas en vous tuant à la tâche, lâchez du lest ! »

« Impossible »

Je le lui laisse observer Ragda pris à son propre piège, et ce qui devait lui apporter la popularité, le lustre d’un héro se muer en désespoir et en une nasse impénétrable de remords, d’angoisse, de travail, de stratagèmes bancals échafaudés dans le chaos des batailles. Dépassé par son jeu… perdu… et l’espoir de se racheter en sauvant celui qui a un jour cru en lui. Et si ce désir originellement motivé par l’ambition et l’urgence de la situation, s’intensifie, s’ajoutant à la sympathie et à l’attachement qu’il éprouve à son égard, de cette loyauté nouvelle qu’il se découvre. Comme si le poids de ces erreurs ne suffisait pas, s’ajoute les ruses des autres politiciens qui cherchent à le pousser dans cette fonction qu’il ne veut assumer, qui ne lui appartient pas, nouant leurs petits stratagèmes et leurs désirs de pouvoir en complot. Et refusant à ces loups à l’affut du sang, la curée qu’ils attendent dans l’ombre absente d’Halussius, il perd ses soutiens, s'offre de nouveau ennemis, parmi les gradins de la rotonde.

Il y a la montée indésirée vers les sommets, et la chute. Inévitable… retentissante. Tout cela je le lui dévoile, sous le filtre de mon regard, de ma conscience, de mes émotions. Je lui livre ma vérité, celle intime du hutt, les répercussions de ces actes dont l’écho résonne encore aujourd’hui dans nos vies. La déchéance d'Halussius, en vérité, est aussi celle de Ragda, ou du moins l’amorce de son déclin jusqu’à son parjure.

Les souvenirs défilent, s’effilochent entre nous jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à ajouter, rien à contempler, rien à analyser. Et, mes doigts s’écartent légèrement de ses tempes, cherchant à rompre le lien qui nous unit, refusant qu’il s’attarde encore dans les méandres de mon passé sans avoir le pouvoir immédiat de l’en empêcher.

Halussius Arnor
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Ayant libéré le chariot répulseur de son carcan mystique, Halussius laissait donc partir celui-là même pour lequel il était venu, pour lequel il n'avait pas ménagé ses efforts afin de le retrouver. Ragda s'en allait sans que le Jedi errant ne lui octroie aucun regard.

Tout cela pour en finir ainsi ?

Halussius n'était certes plus le même qu'auparavant. Dantooine, Darth Anetharion, son voyage sur cette terre inconnue qu'est Praxis, la Citadelle d'Ortanc... Autant d'acteurs et d'environnements qui contribuèrent à faire naître un homme nouveau. Mais derrière toute nouveauté ce cache parfois une part d'ancien, si infime soit-elle. C'est bel et bien ce vestige de l'ancien Jedi qu'il était qui l'avait poussé à épargner le Hutt... et ce même vestige qui faisait qu'il ne déchaînait pas la Force au moyen de quelques formules face à la témérité de la protectrice de Ragda, qui se trouvait à présent devant lui. La Force était réceptive à ses commandements, agissant comme un seul homme pour lui obéir. Mais Halussius savait écouter et comprendre ce que la Force lui disait... Il ne devait rien tenter contre cette femme.

C'est souffle contre souffle que la main de son adversaire se posa doucement sur sa tempe. Halussius ferma presque aussitôt les yeux, sentant cette connexion entre eux se créer. Son esprit dans son esprit.... Ses pensées dans ses pensées...

Aussitôt Halussius se retrouve là où la jeune femme veut le conduire. Des flashs, des bribes de souvenirs qui le conduisent sur Coruscant... dans des arcanes qu'il a jadis bien connu, le Sénat. L'exercice est ardu pour elle, Halussius le sens. Son esprit est puissant, mais celui de l'ancien Jedi est avide, une avidité qui croit à mesure que se précise les souvenirs qui se matérialisent. Une avidité qui mets à l'épreuve son endurance et ses forces. Il sens la main de la jeune femme s’agripper à lui... Il se saisit de son poignet, non pas d'une étreinte violente mais douce et bienveillante mais une étreinte apaisante.

Les souvenirs ne sont plus des flashs ou des soubresauts, Halussius voit à présent les choses à travers les yeux de l'autre... Son cœur s'accélère... Tout son corps semble réagir face à tout ce qui était en train de lui être révélé... et qui confirmait ce qu'il pensait du Hutt.


 « Vous saviez... et vous n'avez rien dit... Rien empêcher... »

Ces mots étaient à peine audibles sauf pour le jeune femme qui se trouvait au plus proche de lui. Des mots empreints de colère et d'amertume qui le poussèrent sans le vouloir à resserrer fermement son étreinte sur le poignet de la jeune femme. Ses mots il les prononçaient comme s'il s'adressait à Ragda directement, comme s'il était en face de lui...

 « Avidité... Orgueil... Pouvoir... Sacrifier un monde innocent en leur nom, pour les satisfaire et obtenir récompense... »

Le désarroi originel d'Halussius, sa colère, sa déception ne s'en trouvaient qu'amplifier... A quoi jouait la jeune femme en lui montrant tout cela ? En lui confirmant ce qu'il présentait et savait déjà?Ce questionnement intérieur, partagé inconsciemment avec elle, trouva rapidement une réponse lorsque de nouveaux souvenirs se matérialisèrent sous le prisme conjoint du point de vue de Ragda et de la jeune femme.

Halussius était en train de découvrir une tout autre facette de ce drame que fût Artorias... de nouvelles intrigues dont il ignorait tout et qui semblait le désarmer et l'ébranler dans ses certitudes. Ion Keyiën et les autres...

Mais ce qui résonnait le plus dans son esprit était ces murmures, ces regrets, ce remord à la fois opportun et sincère, cette honte profonde provenant de Ragda et qui troublait quelque peu Halusisus.

A mesure que cette « fusion » de leurs esprits courait, Halussius s'enfonçait sans s'en rendre compte un peu plus loin dans l'esprit de la jeune femme, s'infiltrant presque instinctivement dans les failles qui se présentaient... C'est ainsi que la parfaite restitution des souvenirs qui se produisait jusqu'ici commença par être parasité par des flashs qui n'avaient rien à voir.

Les couloirs du Sénat... un déguisement... le Côté obscur de la Force... Deux Jedis... Des combats... Une défaite... Une Sith... Ces nouveaux flashs étaient en train de balayer les autres... A travers la Force, Halussius sentait que l'endurance de la jeune femme s'affaiblissait, qu'elle cherchait à rompre le lien qui les unissait pour se préserver... Les flashs se succédaient si rapidement qu'ils agissaient presque comme une force à part entière alimentant la connexion elle-même, comme si le processus était en train de s'emballer... Cet enchaînement nouveau de souvenirs issus des pensées profondes de la jeune femme appelait l'esprit d'Halussius à en vouloir plus encore.

Tout redevint noir soudainement... Halussius avait mit fin brutalement à la connexion avant qu'il ne puisse plus rien maîtriser. C'est tout aussi soudainement qu'il lâcha le poignet de celle qu'il connaissait à présent sous le nom de Darth Velvet. Les dernières secondes de la connexion les avaient tous les deux mis à l'épreuve non seulement mentalement mais aussi physiquement. Halussius avait fait deux pas en arrière et sentait son corps et son souffle tendu comme s'il venait de fournir un effort physique conséquent. Mais ses yeux s'étaient figés sur Velvet. Il lui dit doucement...


 «  Personne n'a jamais su qui en particulier avait perpétré cet attentat le jour là... Des utilisateurs de la Force... Des Jedis renégats ou pire encore... mais c'était donc vous... Darth... Velvet. »

Halussius sentait peu à peu le contre-coup de toutes ces révélations qu'il venait d'assimiler. Il ne s'était pas trompé sur Ragda, mais il se rendait compte que son jugement, tout en restant en partie pertinent, reposait sur des données incomplètes. Les souvenirs involontairement absorbés de la mémoire de la Sith... Il l'avait côtoyer a certaines occasions sans le savoir, sans s'en rendre compte, sans percevoir l'obscurité qui l'habitait... Cela faisait beaucoup même pour l'esprit aguerri et puissant qu'était devenu celui d'Halussius.
Darth Velvet
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Un frisson m’envahit brutalement, au frôlement de ses doigts sur mon poignet, de cette peau contre la mienne, transcendant la connexion de nos âmes et accélérant les battements de mon cœur. Pourtant, en cet instant, alors que les images se succèdent dans nos esprits, alors que nous sommes liés sous les frondaisons de mes souvenirs, je ne ressens le besoin viscéral de m’arracher à cette étreinte. Mes démons ne claquent pas leurs gueules avides, ne réclament pas le prix du sang pour cette audace, ils se taisent juste. Apprivoisés par la tiédeur qu’il imprime sur ma peau ou peut-être par ce soutien indéfectible, et sa douceur bienveillante.

Jusqu’à cet instant-là. Cet instant où je tente de me soustraire à sa curiosité avide, où j’essaie de taire la Force palpitante entre nous, de défaire ce lien, cet échange, cette fusion de nos esprits. Je ne veux pas qu’il lise en moi davantage que ma relation avec Ragda, qu’il me découvre au fil de pensées parasites et de la résilience de mon passé, qu’il me dévoile, qu’il me mette à nue et m’explore contre ma volonté. Cette intrusion me brûle soudainement, réveillant en moi les fantômes d’antan et les banshees de ma folie. Il s’engouffre dans les failles de ma forteresse mentale, griffe, ronge, les défenses, déchirant des pans entiers de souvenirs qu’il absorbe avec convoitise. Et je me sens violée, impuissante sous l’égide de sa présence, incapable de me libérer de son emprise spirituelle… physique…

Je veux crier, lui hurler de me lâcher, le contraindre à s’extirper de mon âme, mais je suis réduite à érafler son torse au travers de l’étoffe de sa chemise pour ne pas tomber à genoux, sous l’épreuve qu’il m’inflige et la douleur qu’occasionne ma tentative de résistance.  Et puis soudain tout cesse. Le lien se rompt avec une brutalité cruelle. Un râle, un gémissement s’échappe de mes lèvres asséchées et je chois dans la poussière,aveuglée et meurtrie, blessée, le souffle court et l’âme en feu.


«  Personne n'a jamais su qui en particulier avait perpétré cet attentat le jour là... Des utilisateurs de la Force... Des Jedis renégats ou pire encore... mais c'était donc vous... Darth... Velvet. »

Mes paupières closes, s’ouvrent sur l’azur endolori de mes prunelles, et en dessous, affleurant à la surface turquoise, les volutes de mon obscurité. Mon regard se relève vers lui, derrière le voile de soie noir de ma chevelure, et ma bouche s’arrondit moqueuse, insolente.

« Darth … oui… cela et davantage à la fois Halussius Arnor. De la même façon que vous êtes un non-jedi, je suis une non- sith. »

Ma voix est rauque, brulée presque âpre. Doucement je me redresse, ignorant la faiblesse de mes jambes, la lourdeur de mes muscles, les battements frénétiques de mon cœur et mon souffle erratique. Je refuse de ployer devant lui, devant ce qu’il imagine savoir mais ignore, devant ces bribes de souvenances qu’il m’a dérobé contre mon gré. Et ma bouche se durcit, mes yeux se plissent pour n’être plus que deux fentes à l’éclat doucereux.

« Vous n’avez donc rien appris. Vous ne comprenez pas qu’il faut savoir lire au-delà des apparences... »

Un soupir déçu m’échappe, et sous la minéralité séculaire de mon visage, les prémices de mon amertume

« Tout… tout ça pour que vous ne tiriez pas la moindre leçon. C’est affligeant. Ais-je fait partie du commando pour l’attentat du Sénat ? Effectivement… mais ce n’est qu’une demi-vérité. La bonne question, celle que vous devriez me poser ce n’est pas est-ce vous, mais pourquoi ? Parce que je devais être le grain de sable dans le rouage du sénateur Keyiën, l’instigateur de ce complot, parce que je suis douée pour paraître ce que je ne suis pas, parce que je suis et serais toujours loyale à Ragda. Attaquer et détruire la menace de l’intérieur, déjouer leur sordide stratagème. C’était mon rôle. Un rôle que je n’ai pu tenir puisqu’il a fallu qu’un jedi s’en mêle. Lui aussi ignorait les tenants et les aboutissant. Lui aussi a préféré se fier à ses yeux et sa méfiance plutôt qu’à son cœur et aux sentiments que je lui vouais … J’imagine qu’il préférait demeurer aveugle que de croire en ma probité. Mais vous Halussius, quelle excuse avez-vous à m’exposer pour avoir fouiller sans vergogne dans ma mémoire, bien plus loin que je ne vous y ai autorisé ?»

Mes dents se serrent sur un rictus carnacier, et, mon aura vacille, plus sombre, plus menaçante, comme une promesse funeste emplissant l’atmosphère du hangar de ses tentacules sinistres. Pourtant, malgré mon obscurité presque palpable, je demeure figée, immobile, envahie par la colère mais non soumise à ses désirs, peut-être parce que je n’ignore pas, au fond, qu’il aurait pu chevaucher mes souvenirs jusqu’à ce que je me délite entièrement .
Halussius Arnor
Halussius Arnor
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Halussius avait le regard absent… Si que son esprit était en proie à une intense réflexion. Il n’avait écouté les paroles de Velvet qu’à demi-mots, mais suffisamment pour pouvoir réagir à ses derniers mots.

« Ce n’était pas intentionnel… Cela n’aurait pas dû se passer comme ça… »

Il disait vrai. Halussius s’était exercé à ce genre de « fusion mentale » alors qu’il était en exil dans la Citadelle d’Ortanc. Il s’était non seulement entraîné à percer les multiples défenses mentales dont un individu pouvait se parer, forceux ou non, mais il avait lui-même apprit à modeler son esprit, à le refaçonner de manière à en faire une forteresse imprenable. Une forteresse conçue pour servir autant de bouclier pour se protéger que de réceptacle pour contenir son pouvoir et protéger les autres. Mais le lien tissé sur le moment avec la jeune femme avait non seulement mis à mal la structure de cette forteresse mais aussi engendré des fissures de part et d’autre de cet édifice chimérique. S’engouffrant dans ses brèches, le pouvoir d’Halussius s’était affranchi temporairement de son contrôle.

Il semblait intrigué par Velvet… C’était la première fois que cela se produisait. Etait-ce parce que son esprit était plus faible que le sien ? Il en doutait. L’ancien Jedi percevait une grande affinité avec la Force témoignant d’un entraînement et d’une pratique assidus. C’était forcément autre chose…


« Ce que vous deviez faire… à qui vous obéissiez… vos motivations… tout cela n’a plus d’importance. Ce que vous avez fait, ce que j’ai fait… C’est derrière nous à présent. Vous et moi avons fait des choix et ce sont ces choix qui nous ont conduits ici. Ce n’est pas un hasard. Tout comme ce n’est pas un hasard que notre « fusion » se soit emballée… En cela, je vous prie d’excuser ces désagréments.»

Halussius à pleinement conscience que la colère qui habite la jeune femme alimente l’obscurité qui est en elle alors qu’elle est face à lui. Il la sent, mais plus, il peut la ressentir, la jauger, comme si elle était devenue palpable et tangible pour lui. Il suffirait d’une étincelle et ce serait l’embrasement…

« De plus, mes propos ne faisait que mettre en exergue un fait que j’ignorais et qui, suivant que je viens de dire précédemment, n’a aucun autre intérêt que celui d’identifier la jeune femme qui se trouve devant moi… Il n’est donc pas utile de mettre plus encore la sécurité de cette station en danger. »

Dans l’esprit d’Halussius, il n’y avait plus qu’une chose… plus qu’une parole… en vérité les derniers mots qu’on lui avait adressé avant son départ de Praxis il y a quelques mois à peine de cela… « Fais ce que tu as à faire en conscience, Halussius. Mais il se pourrait bien que tu rencontres un obstacle à l’aboutissement de ta quête… Souviens-toi alors à ce moment-là que cela peut être une opportunité à saisir… Parts en paix à présent et fais que le savoir qui t’a été transmis ne meurt pas… »… Les yeux d’Halussius étaient fixés sur Velvet. Elle se disait non-sith… Le Côté obscur de la Force l’habitait et pourtant il ne la contrôlait pas. Il y avait quelque chose de spécial chez elle…

« Vous êtes partie de l’Obscurité comme je suis partie de la Lumière… Nous nous en sommes respectivement éloignés et sans pour autant que nous en soyons délaissés. Je suis ne suis plus un Jedi, mais je ne suis pas devenu un adorateur du Côté obscur pour autant. Tout comme vous n’avez pas été charmé à l’éblouissant éclat de la Lumière… Nous sommes plus proche qu’il n’y paraît, de toute évidence. Peut être est-ce vous dont il était question…

Halussius venait de finir son propos comme s’il venait de se faire une réflexion à haute voix. La situation pouvait paraître confuse pour Darth Velvet, mais elle était tout autant pour l’ancien Jedi qui se trouvait troubler non seulement d’avoir épargné Ragda mais aussi par le fait que les paroles prophétiques qu’on lui avait confiée soient peut être en train de se réaliser.
Darth Velvet
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J’inspire profondément, voilant sous mes cils d’ébène, la violence céruléenne de mon regard. L’écho de sa voix, comme un murmure, grave et hypnotique, s’infiltre d’un susurre apaisant dans le secret de mon âme, chuchotant à mon cœur ravagé de suspicion, une vérité que je connaissais déjà. Et là dans mon ciel obscurcit par la tempête, sous le grondement sourd de ma confiance bafouée par son intrusion, apparaît les prémices d’une fêlure, une absolution amère. Ma colère vacille et se délite, s’éteint sous l’expression de ses prunelles mordorées, abandonnant dans le miroitement irisé de mon aura, l’effiloche de quelques éclats d’obscurité.

« Excuses acceptées. » Livre, hivernale, ma voix de velours

Et ce qui fut suintant de noirceur, sombre et tentaculaire disparaît totalement, absorbé dans le moiré mercuriel dont je me nimbe naturellement. Une seconde peau, une seconde nature, une seconde apparence au-delà de ce que perçoit l’œil et de ce que devine l’intuition …


« Vous faites erreur Halussius Arnor. Je ne suis pas née de l’Obscur et si elle est une part conséquente de celle que je suis, c’est qu’elle existe en chacun de nous, à la différence qu’elle fut cultivée en mon sein par les événements de mon passé. L’exclure, la taire, l’oublier serait me retrancher, m’amputer d’un morceau de mon être, de tailler dans mon âme des failles exploitables. Et seuls les imbéciles offrent au monde, une brèche à exploiter. »

Mes bras s’enroulent sous ma poitrine, se croise en cache-cœur comme un bouclier précaire à mes pensées et à son sous-entendu. Moi ? Dont il est question ? De quoi parle-t-il ? L’indécision noue mon ventre d’une boule d’incertitudes curieuses. Et alors que mes lèvres souhaiteraient demeurer silencieuses d’un mutisme observateur, elles s’entrouvrent, intriguées.

« J’ignore si nous sommes identiques ou proches. Acceptez-vous l’ombre en votre cœur, ou n’est-elle qu’un monstre à abattre et rien de plus ? Vous souvenez vous que l’obscurité seule ne peut exister sans lumière ? Que l’un et l’autre forment un tout, indissociable et indivisible… Je ne le crois pas, non-jedi… pas alors que vous raisonnez en ces termes, que vous envisagez la Lumière comme un bienfait et l’Obscurité en tentation. Mais en ceci, puis-je faire erreur. »

Je pourrais argumenter, avancer mes croyances, les lui exposer, lui rappeler ô combien la lumière si elle est source de vie, peut aussi être le soleil brûlant et implacable. La vie ne se développe que rarement dans l’obscurité la plus profonde, même si elle existe, il en va de même pour la lumière. Les mondes où jamais l’encre de la nuit ne se déverse dans le ciel, s’ils ne sont stériles, abritent que peu d’êtres. L’équilibre… tout est question d’équilibre entre le sombre et la clarté, tout n’est que nuances de gris. Mais cela je l’élude, lui refusant ma réflexion, non que je l’en juge indigne mais parce qu’il est une autre chose dans ses propos qui attire mon attention, comme le phalène s’amourache du réverbère.

J’avance d’un pas vers lui, réduisant cette distance entre nous. Et mes iris se relèvent vers les siennes, d’azur et d’interrogations tues, à la recherche d’une réponse qui demeure scellée et que j’ose enfin libérer dans le silence poudré du hangar.


« Que voulez-vous dire ? De quoi suis-je la question ou la réponse ? »

Halussius Arnor
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Il regardait la ténébreuse Velvet s’approcher à nouveau de lui. Halussius tenait son bâton devant lui très fermement bien qu’aucunes velléités n’émanaient d’elle. Une prévention sommes toute utile étant donné la nature versatile inhérente à la personne des Sith et quand bien même les mots semblaient avoir pris le pas sur l’affrontement. Le visage d’Halussius bougeait et s’adaptait à mesure qu’elle venait vers lui.

« La personne que vous avez devant vous n’est plus celle que vous avez pu croiser auparavant. Des années se sont écoulées et ont apportés leurs lots de changements. De changements profonds… Il serait sage de prendre ne compte cela, non-sith. »

Halussius prit une certaine inspiration tout en regardant Velvet avec ses yeux envoutants ponctuant un regard assez dur.

« Nous ne serons jamais identiques, mais nous sommes résolument semblables et cela même si vous n’avez pas remarqué que mes propos n’avaient pour autres finalité que d’arriver à la même démonstration que la vôtre.

J’ai accepté et intégré l’obscurité qui est en moi… tout comme vous l’avez fait pour la lumière qui est en vous. Nous suivons tous les deux un chemin médiant… La lumière donne naissance à l’obscurité et l’obscurité donne naissance à la lumière. C’est là une chose essentielle et immuable que l’Ordre Jedi et l’Ordre des Sith ont complétement oblitérée pour s’enfermer chacun dans des extrêmes opposés. Ils se sont fourvoyer… »


Halussius continuait de regarder Velvet avec attention. Les lignes avantageuses et les courbes de la jeune femme ne l’intéressaient guère. Il n’avait d’attrait que pour son visage et plus précisément son esprit. L’aura qui était la sienne dans la Force avait comme quelque chose d’intriguant, de fascinant… Il avait en tête non seulement les propos de son ancien mentor dans la tête, mais aussi ce souvenir précis et bien implanté de cette vision de lui-même beaucoup plus âgée avec laquelle il s’était entretenu en songe lors de sa captivité à bord du vaisseau de l’Impératrice. L’un l’exhortait à saisir l’opportunité qui s’offrait et l’autre l’avait invité à sortir des sentiers battus et à explorer d’autres voies, quand bien même cela serait dangereux. Néanmoins, il doutait… et se doute influençait la nature de la réponse qu’il était sur le point de donner à la question dernièrement posé par Velvet.

« Là d’où je viens… Durant toutes ces années, j’ai découvert que la Force était bien plus complexe et extraordinaire que ce que l’on peut apprendre chez les Jedis et les Siths. Qu’elle pouvait prendre une multitude de formes et d’aspects et qu’elle transcendait les concepts établis… Ce savoir qui est à présent le miens est trop précieux et important pour qu’il n’appartienne qu’à moi. J’en suis à présent conscient et c’est la tâche qui est la mienne… Partager avec ceux qui y sont disposés et m’associer à eux… Il se pourrait que vous soyez la première d’entre eux… »
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« Oh, ne vous en faites pas pour moi, Halussius Arnor. J’ai parfaitement intégré que vous n’étiez plus le même homme qu’autrefois. A cet instant même où vous avez déferlé contre Ragda, où cela m’a frappé en ricochet, cet instant où il y a eu corrélation entre ces actes et votre visage. » Mes iris, mer déchainée sous un ciel d’orage, se durcissent à l’unisson du mordoré des siennes, et mes lèvres s’ourlent d’un sourire en lame, sombre et dangereux, une promesse, une mise en garde. « Est-ce là votre manière d’exprimer vos réserves à mon encontre en inversant les rôles ? Un peu décevant pour un ancien chancelier habitué aux doubles sens et aux jeux de dupes politiques… »

Ma main se lève entre nous, avec cette douceur que l’on use pour amadouer un animal rétif. D’une lenteur consommée, elle frôle le bâton érigé en rempart au-devant de lui, effleurant le métal frais, son grain lisse. Ses doigts à lui l’enlacent plus fermement, les miens longent seulement son arme, l’abaissant délicatement.

« Vous savez Halussius, je n’ai pas de querelles à votre encontre. Pas de rancœur, et je n’ai pas la moindre intention de vous sauter à la gorge… du moins pas tant que vous n’essayerez pas de tenter quoi que ce soit à l’encontre de Ragda, ou de moi. »

Un éclat de rire jaillit de ma gorge, entre nous, triste et résigné sous l’aile de sa suspicion vénéneuse. Qu’imagine-t-il ?

« Je ne suis pas aussi sauvage ou lunatique que vous semblez le craindre. Malgré mon titre de Darth et l’Obscurité qui le nourrit. Et je ne crois pas que vous ayez changé au point de me passer cette lame en travers du corps sur une saute d’humeur. Ais-je tort ? »

J’esquisse un pas en arrière, déroutée sous le masque hivernal de mes traits, fléchissant sous la portée de ses mots disséminés en une proposition voilée que je peine à appréhender, à saisir la substance réelle. Mes lèvres se pincent, lézardant légèrement la minéralité séculaire de mon visage. Il y a dans l’expression de mes lèvres pincées, l’arc de mes sourcils, toute l’indécision et l’incompréhension que je ressens.

« ... Peut-être que oui, peut-être que non, mais n’est-ce pas un risque à prendre Halussius ? Surtout lorsque vous parlez de partage. Quel partage peut-il exister entre personnes qui ne se font pas confiance ? Et au-delà de ça… »

Je me détourne, fuyant l’inquisition dorée de ses yeux pour ne pas révéler ma perplexité, les failles disloquant ma réserve usuelle sous mon agitation. A quoi joue-t-il exactement ? Qu’attend-t-il de moi ? Que je me rue sur sa proposition avec l’avidité insatiable des ambitieux toujours en quête de pouvoir ?

« Je… je ne comprends pas… »

Un pas en arrière, puis un autre vers lui. J’oscille entre m’approcher, m’éloigner et, sous le délié de mes gestes, je suis sûre qu’il perçoit mon trouble, l’incertitude que ses propos déclenchent en moi. Je devrais partir, l’abandonner là, auréolé de cette lumière poudrée dans l’obscurité du hangar, maintenant que nos querelles se délitent. Mais j’en suis incapable. Sans savoir pourquoi, je reste à l’écouter et lentement, la distance entre nous s’efface, mêlant nos souffles à nouveau. Mon regard se lève vers lui, enlaçant, se noyant dans l’or fondu de ses prunelles. Comme pour se raccrocher à sa présence. Et il ne reste de ma voix de velours, qu’un filet éraillé et indécis, un murmure, et de la glace hivernale de mon visage, un vestige


« J’avoue que je m’interroge Halussius… Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant, alors que ce hangar résonne encore des cris de Ragda et du fracas de nos lames fratricides. Nous ne sommes peut-être plus des ennemis pour le moment, mais nous ne sommes pas amis. »
Halussius Arnor
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Voici qu’à nouveau, les corps des deux adversaires se rapprochaient l’un de l’autre. Cette proximité renouvelée ne dérangeait en rien Halussius. L’attitude douce et avenante de Velvet cependant pas en mesure de lui faire baisser sa garde… ni son bâton.

Tous deux se regardaient… Plus précisément, ils s’observaient ! L’un et l’autre jaugeait cet adversaire de haute stature. L’un était sûrement en train d’apprécier la lucidité et la cohérence de l’autre… CE même autre était en train de déterminer quoi répondre et surtout d’’éclaircir lui-même ses pensées…


« C’est un fait… nous ne sommes pas des amis. Mais nous ne sommes pas non plus, des ennemis. Sans quoi, les éclats aveuglants de nos lames s’entrechoquant ajouteraient une touche de fantaisie à ce hangar lugubre. »

Les yeux d’Halussius venaient de trouver ceux de Velvet et ne les quittaient pas d’un battement de cils.

« Je concède que je ne m’attendais pas moi-même à ce que les choses tournes de cette manière lorsque je suis arrivé ici… Je voulais faire souffrir Ragda, je voulais qu’il endure une fraction de ce que j’ai pu ressentir. Je ne l’aurais pas tué… Ce qui n’aurait pas été le cas si nous nous étions fait face il y a quelques années de cela. »

Halussius ne semblait pas vouloir mettre fin à cette proximité entre eux. Au-delà du fait que cela facilitait le dialogue et ajoutait une touche de mystère dramatique, cette proximité unissait également leur aura respective dans la Force... Il s’agissait là d’une autre forme de dialogue venant compléter les mots propres aux utilisateurs de la Force, par lequel ils pouvaient échanger impressions, ressentis, émotions.... Ce n’était pas une chose aisée à établir… Mais entre Velvet et Halussius, cela ne semblait pas poser de difficultés.

« Pourquoi vous ? Je ne saurai pas répondre à cette question… Vous étiez des Sith. Vous avez été formée, éduquée et entraînée par eux. Tout comme je l’ai été par les Jedis. Il m’a fallu payer un prix fort pour apprendre combien il pouvait être difficile de se détacher de l’Obscurité… comme de la Lumière… Et pourtant, nous y sommes arrivés… et nous sommes là maintenant, l’un en face de l’autre. Je ne crois pas au hasard ni au destin… il n’y a que la conjonction de facteurs favorables au sein de la Force.

Je ne sais pas si vous êtes la bonne personne… Je ne saurais même pas dire qui je recherche exactement… Mais mon entreprise à l’encontre de Ragda a servie de point de focalisation à la naissance de quelque chose de nouveau.

Nous ne nous connaissons pas… mais ne le ressentez-vous pas ?... »


Dans l’univers invisible et immatériel de la Force, les auras respectives des deux adversaires étaient en parfaite harmonie… Deux auras distinctes mais raisonnant de la même manière, irradient la Force à l’unissons sans que l’un et l’autre n’en soit un quelconque acteur.

« Vous avez dit « Quel partage peut-il exister entre personnes qui ne se font pas confiance ? » mais si le partage était justement le premier pas pour établir et bâtir cette confiance qui nous fait défaut ? Alors je serai le premier à avancer dans ce sens… »

Darth Velvet
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Je ne suis pas celle qu’il s’imagine, cette femme érigée en ambassadrice déchue de la doctrine sith, cette adepte conçue et née de l’obscur, drapée dans son ombre et son chaos, dans une idéologie vénéneuse de noirceur et d’obscurantisme sanglant. Et si, à cette veine létifère, je me suis abreuvée autrefois, je n’ai pas grandi sous son aile toxique. Non… et pourtant… malgré ce mensonge avancé avec la conviction de l’ignorance, il y a du vrai dans ses propos. Comment pourrais-je ignorer, alors que nos souffles se mêlent, que je sens sur ma peau, le picotement de sa présence et de sa chaleur, cette harmonie parfaite qui vibre entre nous, cet accord de nos auras et la symbiose de nos empreintes dans la symphonie de la Force, de l’univers.

Un frémissement s’immisce et cascade le long de mon dos. Et sous leur frange d’ébène, mes paupières voilent l’acceptation et la résignation muette de mon regard. Je pourrais réfuter l’affinités de nos âmes, la complicité innée et l’enlacement de nos auras. Oui, je le pourrais mais lui et moi, reconnaitrions sous mes faux-semblants et mes excuses illusoires, la supercherie. Nier qu’il existe une communion naturelle de nos forces, ne serait-ce pas me désavouer ? Et cela… je ne le peux. J’exhale un soupir résigné, et vaincu

« Comment pourrais-je y être indifférente, Halussius ? Je ne suis pas aveugle... »

Je m’écarte doucement, sa proposition s’infiltrant dans le secret de mon cœur, tentatrice et ensorcelante.

« Etes-vous sûr de vous Halussius ? Est-ce vraiment ce que vous souhaitez ? Il est des chemins que l’on emprunte qui ne peuvent être rebrousser une fois engagés… J’imagine que oui. Vous étiez, vous êtes de ces hommes qui pèsent leur mot… »

Je croise mes bras sous ma poitrine, relève mon regard vers le sien, délayant l’incertitude de sa profondeur céruléenne pour embrasser le mordoré de ses yeux.

« Je crois… que ce n’est pas à vous seul d’œuvrer à un rapprochement, il faut être deux pour que naisse la confiance. Le partage en pierre d’angle…votre offre… la mienne également. Vous savez, parfois, il faut de l’audace, savoir oser, s’élancer dans le vide et faire le grand saut malgré les peurs ou les craintes que la voie choisie éveille en nous. Parfois tout se joue sur un seul coup, la vie, la mort, l’amitié, l’honneur. Il faut avoir le courage de se saisir de cette opportunité quel qu’en soit les périls et les sacrifices… peut-être le regretterais-je ultérieurement mais… je suis justement de ceux qui meurent pour la possibilité de percer le cœur d’un adversaire. Il ne peut y avoir de réel partage entre nous, Halussius, ou même de confiance, si nos pas ne s’accordent pas l’un à l’autre, si vous et moi restons deux étrangers se rencontrant périodiquement sous un ciel stérile. Venez avec moi… à bord l’Agonie d’Argau. Ma vie en partage et la promesse d’un peut-être. Mon offre. »

J’oscille un instant, hésitante, avant de continuer, d’une voix ferme et monocorde.

« Cependant je rajouterais, à cela, trois conditions. Vous devrez discuter avec Ragda de vos différents. Ma vie ne se conçoit pas sans sa présence, il ne peut y avoir de confiance entre nous si je dois perpétuellement vous protéger l’un de l’autre.
Vous ne devrez jamais me toucher sans mon autorisation, mon consentement… et, pour finir, vos armes devront rester dans l’armurerie du vaisseau. »
Halussius Arnor
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La tête d'Halussius s'abaissa lentement. Un simplement opinement du chef pour confirmer qu'il n'était pas du genre à foncer tête baisser. Il pesait chaque mot. Il était de ce genre de personne pragmatique mais réfléchit qui ne se lançait pas à l'aveugle dans une aventure, ce qui n'empêchait pas que cela l'amenait à faire parfois de erreurs.

La proposition de Vevelt trouvait un écho favorable dans l'esprit et le cœur d'Halussius, pour l'essentiel du moins. Pour les détails, les conditions apposées par la non-Sith faisait en partie tiquer l'ancien Jedi.


 « Je ne m'attends pas à ce que nous soyons les meilleurs amis de la galaxie, ni même la prétention de penser que cela pourrait arriver un jour. Mais ce que nous entreprenons maintenant, ce qui va se dérouler à partir de cet instant, nous liera inexorablement et demandera de la part de chacun des compromis et des efforts. J'accepte votre proposition. »

A ce moment précis, Halussis retira son bâton de devant lui, brisant ainsi cette barrière physique mais symbolique entre Velvet et lui. Il prit une légère inspiration avant de reprendre.

 « C'est pourquoi, je crois qu'il convient cependant d'examiner vos conditions... Quoi que vous puissiez avoir comme souvenir de celui qui portait la charge de Chancelier suprême, vous vous rendrez compte que je ne suis peut être plus aussi conciliant qu'il ne l'était. Ce que je propose de partager, notre association ne saurait être contraint par des conditions, quel-qu’elles soient.

Toutes fois, quand bien même je ne comprends pas ni la nature, ni le bien fondé de l'existence de ce lien si particulier qui vous unis à Ragda. Mettre les choses au point avec lui me semble une bonne chose et une nécessité puisque nous ne pouvons nous passer de lui. Il ne lui arrivera rien tant que nous n'aurons pas eut cette mise au point... et quelque soit l'issue de cette discussion franche. »


Il enchaîne ensuite sur la seconde condition portée par Darth Velvet. A ce stade, Halussius se laissait emporté par ce qu'on pourrait appeler « une déformation » de toutes ces années à étudier et pratiquer la politique. Il reprenait les chacune des conditions dans l'ordre et y apportait une réponse...

 « En d'autres circonstances, je pourrais presque me sentir insulter par ce que votre deuxième condition insinue... Encore que je ne sais pas vraiment ce que vous entendez par « me toucher ». Mais vous pouvez vous rassurer, vous n'avez rien à craindre de ma part sur ce point. »

Cette condition laissait Halussius quelque peu perplexe en vérité... Mais ce n'était pas si important que cela en définitive. Si l'avenir de cette nouvelle entreprise exigeait une distance réglementaire entre eux, soit. Arrivait alors la troisième et dernière condition posée par Velvet, celle qui allait porter polémique.

 « Quant à la dernière de vos conditions, elle n'est pas acceptable. Si mon intention était véritablement d 'attenter à la vie de Ragda ou à la vôtre, je pense que vous en êtes arrivé facilement à la conclusion qu'être privé de ceci ne changerai rien...

Halussius avait porté son bâton au plus proche de lui et le désigna un instant du regard.

 « Cet objet, n'est pas seulement un sceptre, un bâton ou même un sabre-laser élaboré... En vérité, que je le conserve pourrait bien être paradoxalement la seule garantie que vous ayez qu'il ne se passe rien de regrettable. C'est un sceptre unique en son genre, qui ne répond qu'à moi et qui à été fait pour moi. Je suis lié à lui et lui à moi. Et je ne romprais pas la promesse que j'ai faite lorsqu'il m'a été offert, de ne jamais m'en séparer...

Ce sceptre resta donc avec moi et ce n'est pas négociable... »


Le refus porté par Halussius contre une demande somme toute anodine et raisonnable pourrait être assimilé à un caprice comme les enfants en ont parfois le secret en refusant de laisser pour un temps leur jouet préféré. Mais ni le ton, ni le regard, ni l'attitude d'Halussius n'allait dans ce sens. Non, en vérité, tout en lui montrait qu'il était à la fois sincère et sérieux dans ses propos.

Darth Velvet
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Un soulagement indicible m’envahit, dénouant la boule au creux de mon ventre, sans que je comprenne réellement les causes de cette angoisse. Je ne lui dois rien, et même si j’aspire à créer autre chose entre nous qu’une froide méfiance ponctuée de doutes, nous ne sommes que des étrangers réunis sous l’aile de la providence. Repartir chacun de notre coté par son refus, ne devrais n’avoir aucune emprise sur mes émotions. Et pourtant…  je ne peux ignorer, à mon corps défendant, que je ne suis pas aussi insensible que le clame, l’immobilisme de mon profil et le bleu glacé de mes iris.

Aussi je l’écoute, énumérer, argumenter mes conditions, ressentant dans chacune des fibres de mon être, l’ondulation de son aura, la nuance de sa voix inflexible et chaude comme une flambée de cheminée dans l’hiver éternel de Hoth.  J’opine de la tête, acquiesçant légèrement au raisonnement de ma première condition pour n’ajouter, en fin, qu’un

« Peut-être finirez-vous par comprendre… »

Au fond, je doute qu’il le puisse mais le problème n’est pas tant qu’il le comprenne mais qu’il en soit avisé. Ma vie est fondamentalement liée à celle du Hutt, par des liens de respects, de collaboration, d’amitié, par ceux d’un maitre envers un élève… mais cela ne peut être expliqué avec des mots, juste constaté, appréhendé intuitivement. J’exhale un soupir devant l’océan d’incompréhension qui s’étend entre nous à ce sujet. J’ignore un jour nos terres se rejoindront par-delà les flots de sa colère à l’encontre de Ragda, de ses accusations partiellement justifiées.

« Il n’y a pas d’insultes, Halussius, ne le considérez pas ainsi. » commençais-je, mon aura se contractant, se recroquevillant en moi, pour qu’il ne la lise, pour qu’il ne reconnaisse l’obscurité et l’obsidienne ourlant de violence sa couleur naturelle à l’évocation de cette condition. «  Le problème n’émane pas de vous, mais de moi. Juste aucun contact que je n’amorce, je ne… le supporte pas. Vous pourriez ne pas beaucoup aimer ce qu’il en découlerait… le cas échéant. »

Vraiment ? Et qu’en était-il de cette proximité, de nos souffles mêlés, de l’enlacement de nos auras, de ma main effleurant audacieusement sa tempe ? N’ai-je pas été assez proche de lui pour que ma folie me consume sous cette phobie ? Visiblement, il n’enclenche pas en moi ce dégout inerrant au contact, ce relent amer, cette rage incontrôlable qui m’oblige à garder mes distances, même avec ceux qui me sont chers. A cause de l’harmonie de nos Forces ? Possible, mais ceci je préfère le taire pour l’heure, l’oublier.

« Quant à votre bâton… »

Mon regard glisse au-dessus d’une caresse intriguée. Faut-il que je lui laisse passer cette fantaisie qui semble lui tenir plus que tout à cœur ? Est-ce si important que je ne puisse envisager un compromis ?

« Je n’ignore pas que vous pourriez vous essayer à nous assassiner sans. Justement quelle importance de le garder en ce cas…Mais une promesse et une promesse, je peux vous accorder de le garder … cependant… n’oubliez pas que sa présence sonne comme une menace et qu’elle n’incite que modérément à la confiance. Si nous sommes d’accord ? »

Je quête son approbation muette, contactant quelques secondes plus tard de mon datapad, E.V.A

« EVA, j’arrive. Peux-tu préparer l’une des cabines pour visiteurs ? Nous avons un invité. »
Halussius Arnor
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Machinalement, Halussius avait fermé les yeux une fraction de seconde après que Velvet lui ai concédé de garder son bâton. Il éprouvait un certain soulagement en vérité, c'est pourquoi il ajouta ceci en réponse définitive sur le sujet.

 « C'est justement en me permettant de garder mon bâton auprès de moi, que vous écarter toute menace possible... »

A cela, il inclina une nouvelle fouis la tête en avant, pour montrer à la fois sa reconnaissance et la remercier de cette concession. Mais le sujet était clos à présent.

Une page était en train de se tourner et un nouveau chapitre s'écrivait... un chapitre nouveau avec des éléments anciens, mais toujours pertinents. Halussius retrouva ce petit air agréablement surpris qui s'emparait parfois de lui, lorsqu'il entendit Velvet prononcer le nom de E.V.A. Il connaît cette intelligence artificielle création inédite à l'époque où il était Chancelier suprême, apporté par Ragda. Halussius avait permis qu'elle soit intégrer au réseau de la Chancellerie pour plusieurs raisons... Ce souviendrai-t-elle de lui ? Une question plutôt curieuse rapportée à un programme informatique, même élaboré.

Il enchaîna le pas à Darth Velvet lorsqu'elle se mit en marche vers l'élévateur. D'un regard de part et d'autre de lui, Halussius observa une dernière fois cet entrepôt miteux dans lequel il avait entraîné Ragda et dans lequel son chemin venait de prendre une nouvelle direction.

Au moment où les portes de l'élévateur s'ouvrirent, Halussius se stoppa et se retourna une dernière fois... Tout l'entrepôt était baigné dans l'obscurité à l'exception de son centre, là où il avait infligé les souffrances à Ragda et où Velvet et lui s'étaient entretenu... Après un court instant, il frappa le sol avec son sceptre ce qui fit s'éteindre immédiatement les lumières restantes, plongeant totalement l'entrepôt dans le noir.... comme la fin d'une séquence.
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