Yulpi Bepads
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Yulpi leva les yeux sur le ciel orangé de Korriban. Il n'aimait pas cette planète, mais il devait un peu la considérer comme “chez lui”, depuis qu'il était Sith. Pourtant, rien ici ne lui faisait vraiment sentir qu'il était chez lui, hormis les encouragements de Tisjess. Yulpi avait parfois du mal à cerner son maître – ce qui ne remettait pas en cause tout le respect qu'il avait pour lui ni son sentiment de reconnaissance. Tisjess parfois se montrait très “gentil” avec lui, le réconfortant avec des mots et des gestes tendres. Quand il trouvait Yulpi en train de pleurer, il l'enlaçait dans ses anneaux, et le Gungan se blotissait contre ce corps de serpent ; mais ça, ce n'était que lorsque Tisjess s'était levé sous son meilleur jour. D'autres fois, Tisjess se montrait à l'inverse très dur et exigeant avec Yulpi. Il le réprimandait sans compassion quand il le voyait morose et punissait ses erreurs et ses égarements. Le maître était-il bipolaire à l'image de son apprenti ?

Assis sur les marches d'escalier d'un petit patio de l'Académie, Yulpi replongea ses yeux sur le livre qu'il tenait sur ses genoux. Oui, un livre. La bibliothèque recelait encore de ces ancestraux ouvrages matériels, quand tout le monde était déjà passé au numérique. Yulpi aimait bien le contact du cuir de la couverture, le bruit des feuilles que l'on faisait glisser pour passer d'une page à l'autre, l'odeur du papier un peu poussiéreux. Lire un holo-livre, c'était si... froid, si abstrait. Yulpi n'aimait pas tout ce qui était informatique. Lire un vrai livre, c'était son petit plaisir, son moment d'évasion à l'Académie.

Seulement, il fallait forcément que ce genre de moments de plaisir et de détente soit gâché par quelque énergumène un peu bête qui, quant à lui, trouvait son plaisir dans le fait d'embêter les gens. Et franchement, disons-le, un Gungan a tout à fait la tête d'un souffre-douleur.
C'était un Humain, il avait sept ans de moins que Yulpi mais cela ne l'empêchait pas de s'en prendre à lui pour rouler les mécaniques devant ses potes. Une petite bande de trous du cul, voilà ce qu'ils étaient.

Apprenti Humain – Qu'est-ce que tu fais là, le crapaud ?

Yulpi leva la tête. L'adolescent Humain n'avait donc rien de mieux à faire que de venir l'embêter.

Apprenti Humain – Oh, tiens, haha ! Tu lis encore ces trucs, toi ? Ah oui, pardon, c'est vrai, tu n'es qu'un animal, alors les holo-disques tu connais pas, forcément !
YULPI – Ferme ton clapet, nazou !

Dans l'argot de Yulpi, venant de Chi'li'libaddad, “nazou” était un diminutif de “pauvre naze”. L'adolescent Humain n'avait probablement jamais entendu ce mot mais ne s'arrêta pas dessus, devinant très bien le sens. Il se pencha vers Yulpi et lui arracha le livre des mains d'un geste vif. Yulpi se leva pour le récupérer, mais l'Humain se recula pour laisser ses deux potes, un Kel Dor et un Dévaronien, s'interposer.

YULPI – Rends-moi ça, allez !

Pas très convaincant. L'Humain effeuilla le livre en se marrant. Yulpi était déjà énervé, et serra les poings en se retenant de se battre. A un contre trois, il doutait de faire le poids. Pourtant, l'Humain mériterait bien sa correction. Dans la matinée, déjà, il avait mis le filet sur Yulpi pour en faire son souffre-douleur, en plein cours.
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****** Plus tôt, dans la matinée ***

Tous les Apprentis n'étaient pas au même niveau. Certains, comme Yulpi, n'avaient pas encore développé leurs pouvoirs de la Force ; d'autres, en revanches, avaient dépassé les premières notions. Pourtant, dans un même cours, il n'y avait pas de séparation, tous les Apprentis étudiaient ensemble comme s'ils étaient au même stade. Pour certains, le cours actuel sur la Force était quelque peu rébarbatif et ils pouvaient avoir l'impression de ne rien apprendre. Pour Yulpi, c'était déjà plus enrichissant, même s'il ne progressait pas vite. Ce n'était pas à cause d'un manque d'assiduité, et probablement pas non plus à cause d'une déficience intellectuelle. Si Yulpi progressait si lentement dans l'usage de la Force, c'est parce qu'il n'arrivait pas à trouver cela aussi concret que les arts martiaux. Il y avait donc pour lui une difficulté supplémentaire, là où d'autres Apprentis étaient au contraire passionnés par la Force et trouvaient cela plus attractif que les arts martiaux. La Force était source de puissance et donc de pouvoir, disait-on. Sauf que le pouvoir, Yulpi n'en avait rien à secouer.

Parmi les Apprentis qui étaient à l'opposé de son point de vue, il y avait cet Humain de dix-sept ans. Yulpi ne s'était jusque là jamais méfié de lui. Il l'avait déjà vu traîner avec ses deux meilleurs potes, un Kel Dor et un Dévaronien, mais ne lui avait jamais adressé la parole et ne l'avait jamais vu s'en prendre à quelqu'un. Il n'y avait donc, dans sa tête, aucune raison pour que les choses changent. Seulement, être un Gungan attire souvent l'attention, c'est une race peu courant en-dehors de Naboo, et il semblait même à Yulpi qu'il était le seul Gungan à l'Académie Sith. En plus, il était l'apprenti d'un Sluissi, une race pas beaucoup plus courante ici.

C'est quand le professeur s'adressa à Yulpi pour une démonstration, que les choses se gâtèrent. Il s'agissait d'un exercice de télékinésie somme toute basique, que Yulpi avait déjà répété et réussi plusieurs fois. La difficulté était quasi inexistante, aucune raison donc de se ridiculiser devant le reste de la classe. C'était sans compter sur ce foutu Humain. Ce dernier avait maîtrisé le pouvoir d'atténuation des capacités. Pour se marrer, il décida de l'utiliser sur Yulpi.

Le Gungan se sentit troublé, sans comprendre immédiatement d'où cela venait. Sa télékinésie partit en vrille. Pour en rajouter une couche, l'Humain prit subrepticement l'emprise sur la télékinésie, et l'objet vint frapper le crâne du Gungan qui ne comprit rien à son échec. Il sentit la honte le submerger en entendant les rires dans la cantonade. Il finit cependant par se douter qu'il y avait quelque chose d'anormal, il ne pouvait pas échouer aussi lamentablement sur un exercice qu'il maîtrisait bien. Au pire, il n'aurait simplement pas réussi à faire léviter l'objet, mais pourquoi se sentir troublé ainsi, en perte de ses moyens, et s'envoyer l'objet en pleine tronche ?

Se concentrant, Yulpi perçut un afflux de Force qui ne venait pas de lui. S'efforçant d'ignorer les rires et la honte, il localisa la source de la Force. Il ne comprenait pas pourquoi cet apprenti Humain avait décidé de faire de lui la risée de la classe. Il l'accusa devant le professeur. Malheureusement, ce dernier n'en crut pas un mot, et reprocha même à Yulpi de ne pas assumer son échec lamentable et d'accuser un autre élève « au hasard ». Incroyable. Si Yulpi avait pu sentir la Force s'agiter chez l'élève en question, le professeur avait forcément dû le sentir aussi, non ?

*** Fin du flashback ******
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YULPI – Qu'est-ce que tu me veux, au juste, hein ? Va te chercher quelqu'un d'autre à broutiller, rends-moi ce livre !

Autre mot d'argot : “broutiller quelqu'un” avait le sens de “chercher futilement des ennuis à quelqu'un”.

Apprenti Humain – Viens le chercher toi-même, crapaud !
YULPI – Arrête de m'appeler “crapaud”, nazou !

L'Humain se marrait. Evidemment, c'était à lui de rendre le livre, pas à Yulpi ne venir le récupérer, mais avec des minables pareils, les choses n'allaient jamais droit. Le Kel Dor et le Dévaronien souriaient à peine, jouant simplement les molosses de service... à même pas dix-sept ans. Le plus jeune du trio était le Dévaronien, il devait avoir dans les quinze ans, pas plus, et jouait les gaillards devant un mâle de vingt-quatre ans juste parce que celui-ci était un Gungan, une race à l'aspect ridicule et inoffensif. A la limite, heureusement qu'il n'avait que quinze ans, ce Dévaronien : Yulpi n'avait pas envie de frapper un enfant. D'un autre côté, ça lui donnait peut-être une chance de gagner un combat à un contre trois, il pensait pouvoir dominer trois adolescents. D'autres Siths, à sa place, n'auraient pas hésité, en se disant qu'il fallait bien que les trois garnements assument leur connerie.

Mais puisque l'Humain voulait que Yulpi vienne chercher son livre, alors très bien ! Yulpi se tenait en bas de l'escalier, tandis que l'Humain s'était retiré sur la passerelle qui faisait le périmètre du patio. Le Kel Dor et le Dévaronien bloquaient l'escalier. Yulpi surprit ces derniers en courant droit vers l'Humain, et sauta en passant ses deux jambes par-dessus la rambarde et en ne prenant appui dessus que d'une main. L'Humain s'arrêta de lui, surpris de voir Yulpi arriver juste à côté de lui en contournant si agilement ses deux molosses. Il se mit alors à courir le long de la passerelle, Yulpi à sa poursuite.

Pour un Humain de son âge, il courait vite, Yulpi devait le reconnaître, mais le Gungan se savait plus rapide. Seulement, il y avait d'autres élèves sur le périmètre du patio. En devant les éviter, Yulpi ne put pas courir aussi vite. Bizarrement, les élèves se décalaient plus volontiers devant l'Humain que devant le Gungan. La foule était du côté du garnement, contrant l'avantage de vitesse de Yulpi. Un élève Humain eut même l'idée de lui faire un croche-patte. Yulpi ne put pas le voir et trébucha, mais se réceptionna en une roulade parfaite, comme si la Force aidait ses réflexes. Quelques spectateurs sifflèrent devant l'acrobatie. Tu parles d'un encouragement...

Voilà que le garnement Humain réussit à faire un premier tour complet du patio, ce qui signifiait une chose : le Kel Dor et le Dévaronien allaient bloquer la course de Yulpi. Il fallait les éviter. Yulpi se concentra et sauta en se décalant légèrement sur le côté, se retrouvant à courir sur la rambarde en funambule. Le Dévaronien tendit les bras pour choper les jambes de Yulpi, mais ce dernier anticipa le geste et sauta au bon moment. Il sauta une seconde fois vers le centre du patio pour couper sa trajectoire, puisque sa cible ne faisait que longer le périmètre du patio. Concentré sur la vitesse de sa cible, Yulpi calcula sa course pour arriver droit sur lui. Il reprit appui sur la rambarde de la passerelle et sauta les deux pieds en avant.
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Les deux pieds nus du Gungan percutèrent de plein fouet l'adolescent Humain en pleine course, lui faisant perdre l'équilibre en le projetant contre le mur sur le côté, tête la première. Le livre fut lâché mais aussitôt saisi par la langue du Gungan. L'objet récupéré, Yulpi se tourna vers le Kel Dor et le Dévaronien, qui couraient à leur tour, vers leur pote Humain. Leurs regards rivés sur ce dernier firent comprendre à Yulpi qu'ils étaient inquiets pour lui dans l'instant. Yulpi, ayant décollé le livre de sa langue pour le tenir dans sa main gauche, reposa le regard sur le garnement, qui gisait au sol. Il commença à se rendre compte que les choses étaient peut-être graves. Et s'il venait de le tuer ?

Yulpi resta interdit alors que le Kel Dor et le Dévaronien s'accroupirent auprès de leur pote, inerte sur le sol. Bien vite le Kel Dor se leva et insulta Yulpi en lui bousculant le torse des deux mains, mais cette fois-ci Yulpi ne réagit pas. Heureusement, l'Humain se mit à bouger, et même parla faiblement : il avait mal à la tête et demanda ce qui venait de se passer. Il saignait un peu, il était déboussolé. Quand sa tête avait reçu un choc contre le mur, il avait dû perdre connaissance pendant un bref instant. Le Dévaronien lui parla, pendant que le Kel Dor interdit à Yulpi de l'approcher. Pffff, il était bien mignon, mais le premier à avoir approché l'autre, ce n'est pas Yulpi.

YULPI – Il va bien. Dis-lui, à lui, de ne plus me soûler.

Yulpi ne sut si son message allait bien être enregistré. Il s'imagina plutôt que l'Humain allait vouloir se venger tôt ou tard. Les deux potes de ce dernier l'aidèrent à se remettre debout, et voyant qu'il saignait un peu du crâne, jugèrent bon de l'emmener à l'infirmerie. Alors qu'ils quittaient le patio, Yulpi fut surpris d'entendre trois élèves ayant été témoins de la scène lui dire : « Bien joué ! Joli coup ! ». Yulpi eut un petit sourire gêné. Oui, d'une certaine façon, il pouvait être fier, il s'était déjoué des trois garnements, en évitant de se battre, avec une bonne course et quelques galipettes, et il avait récupéré son livre ; seulement, ça aurait pu mal finir. Il se surprit donc à être soulagé que le « nazou » allât bien.

Ayant perdu l'envie de lire, Yulpi quitta lui aussi le patio pour aller rendre son livre à la bibliothèque. Seulement, en chemin, il croisa la route de Tisjess, et ce ne fut pas un hasard : son maître le cherchait.

TISJESS – Yulpi ! Raconte-moi : tu as envoyé un élève à l'infirmerie ?

Yulpi baissa le regard, coupable. Tisjess allait jouer la figure d'autorité de l'Académie et lui passer un savon parce qu'il avait failli blesser gravement un autre élève bien plus jeune que lui. Il était déjà au courant, il était donc inutile de lui mentir, d'autant que Yulpi était un mauvais menteur. Tisjess, avait ou sans l'aide de la Force, le verrait tout de suite. En revanche, Yulpi pouvait essayer d'expliquer la situation à Tisjess. Il ne voulait pas que le garnement se fasse passer pour la victime. Il ne doutait pas que le garnement essaierait, mais si Yulpi n'avait même pas son propre maître de son côté, cette histoire le mettrait vraiment en rogne, et il pourrait devenir plus violent qu'il n'en avait envie.

YULPI – Il m'a cherché, je me suis défendu.

Le regard bas, Yulpi ne vit que le long corps de serpent de Tisjess ramper vers lui. Qu'est-ce qu'il allait faire ? Yulpi se tendit un peu. Le visage fermait, il appréhendait la réponse de son maître. Si ce dernier lui faisait le moindre reproche, Yulpi sentait qu'il pourrait partir au quart de tour.

TISJESS – Très bien. Tu as réagi comme il faut.
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Avait-il bien entendu ? Tisjess ne lui faisait aucune remontrance, et même au contraire le félicitait d'avoir envoyé cet adolescent à l'infirmerie ? Yulpi leva le regard sur son maître, marquant la surprise. D'un autre côté, il connaissait la mentalité des Siths : la violence et la colère sont l'accès à la puissance, et il ne faut jamais se laisser faire, toujours riposter avec deux fois plus d'intensité que ce que l'on a subi. Yulpi avait du mal avec cette mentalité, il aurait préféré que l'Académie prône d'autres valeurs ; mais pour le coup, ça faisait son affaire.

TISJESS – Personne n'est mort. T'as donné à cet élève la leçon qu'il méritait.

Voilà pourquoi Yulpi aimait Tisjess : il était l'un des seuls à le comprendre.

TISJESS – Si cet Apprenti a son propre maître, alors je vais devoir répondre de ton acte. Mais je serai fier de le faire. Pour une fois que tu ne te dégonfles pas.

Ah, quand même, ça aurait été trop beau que Tisjess ne glisse pas une petite remarque négative pour nuancer ses félicitations. Yulpi adorait se battre, mais jamais tuer, ni faire du mal gratuitement, et il avait très souvent des remords après avoir commis un acte qui allait trop loin selon son tempérament ; cela avait de quoi exaspérer Tisjess, qui exhortait toujours Yulpi à se poser moins de questions et à ne pas retenir ses gestes. Exactement ce qu'il venait de faire là. Et encore, Tisjess ne savait pas que Yulpi avait eu peur et s'était mis à espérer que le garnement aille bien.

YULPI – J'ai failli le tuer.
TISJESS – Je sais que tuer t'effraie. Ne t'en fais pas, tu apprendras à voir la mort autrement, avec l'expérience. Pour l'instant, tu n'as tué personne, alors ne va pas t'imaginer quoi que ce soit. Tout ce qui importe, c'est que tu as eu la bonne réaction.

De sages paroles venant de quelqu'un qui ne voyait jamais le mal à tuer autrui sous quelque prétexte un tant soit peu valable. Yulpi lui sourit. Au moins, Tisjess avait raison sur une chose : il ne devait pas se mettre à imaginer ce qui se serait passé s'il avait tué le garnement. C'était plus fort que Yulpi, il fallait toujours qu'il se prenne la tête sur tout. Il ne savait pas ménager ses pensées.

YULPI – Merci, maître.
TISJESS – Va, mon Apprenti.

Yulpi hocha la tête et reprit la direction de la bibliothèque. Il doutait d'être un jour capable de tuer sans remords. Il était au moins heureux d'une chose : Tisjess était de son côté. Yulpi ne voudrait pas d'un autre maître que lui.
Il espérait maintenant que cet épisode soit fini. De deux choses l'une : soit le garnement voudrait se venger, soit il verrait Yulpi autrement que comme un souffre-douleur.
Yulpi allait en avoir la réponse plus vite qu'il ne le pensait...
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Après avoir rangé le livre dans la bibliothèque, Yulpi se demanda quoi faire. Il repensait aux mots de Tisjess, mais n'arrivait pas à enlever de sa tête qu'il avait envoyé un adolescent à l'infirmerie avec un traumatisme crânien – quoique ça n'avait pas l'air aussi grave, mais tout de même, l'Humain avait momentanément perdu connaissance, ce n'était pas rien. Il fit les cent pas dans l'Académie, hésitant même à aller prendre des nouvelles à l'infirmerie. Voilà par contre qui lui aurait mérité des réprimandes de la part de Tisjess. Bien sûr Yulpi était en colère contre ce garnement qui avait décidé de lui chercher des emmerdes depuis le cours de ce matin, bien sûr qu'il avait envie de le gifler voire plus... mais pas de l'envoyer à l'infirmerie.

Sachant très bien qu'il n'allait pas réussir à apaiser sa conscience sans rien faire, Yulpi se décida. Il se rendit à l'infirmerie, sans même croiser les deux potes du garnement. Il fallait croire que les deux molosses ne se sentaient plus aucun courage quand ils étaient livrés à eux-mêmes. Ils étaient pathétiques. Ils roulaient les mécaniques quand l'Humain était là pour leur dire quoi faire, et sans lui, plus personne ne les voyait. Finalement Yulpi se dit qu'il n'était pas le plus exaspérant des Siths. Au moins, lui, il n'avait besoin de personne pour se mettre en valeur, pas même de Tisjess. Enfin, ils n'étaient que des adolescents, alors on pouvait peut-être leur pardonner leur bêtise.

Le médecin de l'infirmerie était un Arkanien. Yulpi se présenta comme celui s'étant “battu” avec l'Humain. Il en profita en fait pour donner sa propre version de l'incident. L'Arkanien dodelina légèrement de la tête en haussant un sourcil. Quoi, il ne croyait pas Yulpi ? Ou bien au contraire il se rendait compte que l'Humain avait raconté n'importe quoi ? Ou peut-être simplement qu'il s'en moquait, au final. Après tout, la seule chose qui devait lui importer, est l'état de santé de l'élève. Savoir comment les choses s'étaient passées, il n'en avait rien à faire. Yulpi ne voulait simplement pas laisser le garnement déformer les faits pour se faire passer pour une pauvre victime.

Yulpi posa une autre question importante au médecin : si l'élève avait un maître attribué. Le médecin avait lui-même posé la question à l'Apprenti qui lui avait répondu que non. Il n'avait, normalement, aucune raison de mentir au médecin ; s'il avait réellement un maître, quand bien même le garnement aurait honte d'être vu comme un perdant et un faible, il faudrait le prévenir. Yulpi espérait donc que le garnement n'avait pas menti, car s'il n'avait en effet pas de maître attribué, alors Tisjess n'aurait pas à répondre de tout cela. C'était toujours ça d'ennuis en moins.

Enfin, Yulpi demanda au médecin s'il avait une idée du temps de convalescence du garnement. Selon lui, il n'en aurait que pour un jour tout au plus. Le saignement de son crâne avait été vite traité, il aurait une grosse bosse mais aucune séquelle. Il y avait eu plus de peur que de mal. Le médecin voulait voir comment l'Apprenti se sentirait après une nuit de sommeil ; en tout cas, il n'était pas inquiet à ce stade.

Yulpi repartit de l'infirmerie rassuré, et en même temps, maintenant qu'il savait que le garnement allait très vite sortir, il se dit qu'il aurait préféré le voir y rester un peu plus longtemps... Il ne lui tardait vraiment pas d'avoir de nouveau affaire à ce « nazou ».
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Tisjess avait très sagement conseillé à Yulpi de ne pas se prendre la tête avec ce garnement, dont il ne connaissait toujours pas le nom au demeurant – il l'avait déjà entendu une fois ou deux en cours mais ne l'avait pas retenu. Seulement, quand on a un esprit aussi agité que Yulpi, comment faire ? Yulpi ne pouvait simplement pas faire le vide en lui, passer à autre chose sans se préoccuper de rien. Il fallait qu'il pense, repense, ressasse les choses, qu'il s'imagine comment tout se serait passé s'il avait agi différemment, s'il n'avait pas commis une erreur, s'il avait dit autre chose...

Alors, d'une part, il repensait bien évidemment à la rixe dans le patio, à ce coup qui avait projeté le garnement tête la première contre le mur et lui avait fait perdre connaissance. Il se demandait s'il n'avait pas pu le rattraper d'une autre manière pour lui reprendre le livre. Il s'imagina même immobiliser l'un de ses deux molosses, soit le Kel Dor, soit le Dévaronien, et menacer de lui faire du mal si on ne lui fichait pas la paix. Ca aurait été un moyen de se défouler, d'évacuer son agacement. Yulpi se demandait également s'il avait raison de retenir ses coups contre un adolescent ; et dès qu'il se demandait ça, il se reprenait en se disant que bien sûr, il devait retenir ses coups. Pourtant, un vrai Sith faisait-il cas de l'âge de la personne qui lui cherchait des ennuis ?

En même temps, Yulpi ne repensait pas qu'à ça, mais aussi au pronostic du médecin : le garnement devrait quitter l'infirmerie au plus tard le lendemain. Le prochain cours auquel Yulpi devait assister, portait sur les techniques de combat au sabre-laser. Il y avait ensuite un cours dispensé par Darth Odium, un Chagrien, qui se déroulerait dans le canyon désertique, et le sujet de ce cours n'était pas très clair. Le garnement allait-il chercher à embêter Yulpi dans chacun de ces cours à venir ? Et même, allait-il chercher à l'embêter en-dehors de ces cours, comme il l'avait fait dans le patio ? Comment Yulpi devait-il réagir si le garnement revenait le « broutiller » tout le temps ? Au bout d'un moment, Yulpi finirait par réellement le frapper, il en était certain, il ne saurait se contrôler indéfiniment. Mais pendant un cours sur les techniques de combat au sabre-laser, ça pouvait devenir dangereux.

Il y avait une autre possibilité : celle que le garnement voie Yulpi d'un autre œil, et se mette à craindre ses réactions, sans plus vouloir lui chercher d'ennuis. Ce serait vraiment le mieux, mais Yulpi ne savait pas s'il pouvait bien compter là-dessus. Cela règlerait le problème, puisque Yulpi n'irait pas, en retour, adresser la parole à cet Humain, il se contenterait de l'ignorer en espérant être ignoré par lui. Yulpi ne voulait pas instaurer de rivalité avec un crétin comme lui. Il valait mieux que des provocations d'un merdeux de dix-sept ans. Une bonne chose était déjà que ses deux petits molosses ne faisaient plus rien sans lui. Eliminez le chef, vous faites taire la bande. Seulement, Yulpi n'allait pas envoyer le garnement à l'infirmerie à chaque fois, il se torturait déjà suffisamment l'esprit pour l'avoir fait une fois...

Quoique... Plus il y pensait, plus il en était sûr : si le garnement revenait l'embêter, Yulpi ne retiendrait pas ses coups. Même en le voulant, il n'y arriverait pas.
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Yulpi finit quand même par trouver le sommeil en début de nuit. Etant donné qu'un rien suffisait à lui prendre la tête et à lui faire se poser trop de questions, si à chaque fois cela devait l'empêcher de dormir, c'est bien simple, il ne dormirait jamais. Yulpi était pourtant un bon dormeur. Il ne faisait jamais de grasse matinée, car son corps avait vite besoin de son défoulement physique, Yulpi étant un Gungan plein d'énergie et de dynamisme, mais il ne pouvait pas se passer de ses bonnes huit heures de sommeil par nuit. Alors, peu importe ce qui le préoccupait, il trouvait toujours le moyen de dormir la nuit. Les insomnies, il ne connaissait pas. Il fallait bien reposer la nuit cet esprit toujours agité de jour.

Le lendemain matin, Yulpi suivit un programme presque rituel : après la douche et le petit-déjeuner, il effectua plusieurs étirements, révisa quelques katas avec et sans sabre-laser, et effectua un petit footing. C'était comme cela tous les matins où il n'avait pas cours – celui sur les techniques de combat au sabre-laser était programmé pour la fin d'après-midi. Il alla ensuite retrouver Tisjess pour discuter de choses et d'autres avec lui. Le maître et son apprenti déambulèrent dans les couloirs de l'Académie, et Yulpi put ainsi écarter le garnement de ses pensées... quoique pas tant que ça : au fil de la discussion, les évènements de la veille revinrent sur le tapis.

YULPI – Je sais que je vous ai déjà posé la question, maître, mais avec ce qu'il s'est passé hier, je veux en reparler. J'ai l'impression qu'ici ou ailleurs, mon espèce est mal considérée. On me juge indigne d'être un Sith simplement parce que je suis un Gungan, on croit que je suis stupide et faible et qu'on peut se moquer de moi. Vous-mêmes, vous me l'avez confirmé, puisque l'un des enseignements sur lesquels vous insistez, et que je dois donner tort à ce qui me tournent en dérision. Mais je ne peux pas m'empêcher de me demander : est-ce que vous ne regrettez pas, parfois, de m'avoir choisi comme apprenti ? Est-ce qu'on ne se moque pas aussi de vous pour avoir pris un Gungan comme apprenti ?

Cette question, en effet, Yulpi l'avait déjà posée une ou deux fois, peut-être avec des formulations différentes, il ne se rappelait plus trop bien. Il n'osait le dire pour ne pas le vexer, mais les réponses de Tisjess lui avaient, de mémoire, semblé un peu vagues, comme s'il avait botté en touche. Les Guerriers Siths ne se faisaient pas non plus de cadeaux entre eux, les provocations et injures allaient bon train, et les apprentis d'un Sith étaient aussi le reflet de sa valeur ; avec un Gungan comme apprenti, il était évident que Tisjess devait essuyer pas mal de manque de respect de la part de ses confrères. Pourtant, il ne rejetait pas Yulpi. Il y avait de quoi se demander pourquoi.

TISJESS – Si, évidemment.

Tisjess posa son regard sur Yulpi comme pour analyser sa réaction à ce qui avait l'air d'une gifle. En fait, Yulpi n'exprima pas grand-chose, pas de surprise en tout cas, car cela ne faisait que confirmer ce qu'il pensait. Il attendit simplement que Tisjess en dise plus.

TISJESS – Ce n'est pas pour autant que je regrette de t'avoir comme apprenti, car au-delà de ce que tu es, je sais ce que tu vaux. Malheureusement, tu gâches ton potentiel avec des valeurs absurdes. Tu es un Gungan, mais tu pourrais inspirer la crainte à ceux qui te connaissent bien, en profitant de l'effet de surprise sur ceux qui ne se fient qu'à ton espèce. Je vois en toi au-delà de ton espèce, mon apprenti. Il ne tient qu'à toi de montrer qu'un Gungan peut renoncer à la pitié, à la faiblesse du pardon et du remord, toutes ces choses auxquelles tu restes attaché.

Tisjess essayait de changer la personnalité de Yulpi, sans réussite. A côté de cela, il se révélait bien plus sage que d'autres Guerriers Siths. Sa réponse, plus complète et plus sincère que celles qu'il avait pu feindre les fois précédentes, emplit Yulpi d'un sentiment de réconfort. Que Tisjess soit fier ou non de lui, Yulpi était fier d'être son apprenti.

TISJESS – Si je dois avoir honte de toi, Yulpi, ce n'est pas pour ton espèce, ce n'est pas pour ce que tu es, c'est pour ce que tu refuses d'être.

D'un côté, Yulpi était heureux d'entendre un Sith, son propre maître qui plus est, dire enfin que sa nature de Gungan n'avait absolument aucune importance ; d'un autre côté, il entendait l'insatisfaction de Tisjess. Yulpi devait-il être capable de cruauté et d'absence de remords pour rendre son maître fier ? Cela lui posait problème.
Mais il le maintenait : Tisjess était sans doute le meilleur maître qu'il aurait pu espérer avoir chez les Siths.

TISJESS – Si tu veux bien m'attendre deux minutes, maintenant, je dois voir quelqu'un dans cette salle. Attends-moi là, dans le couloir, je ne serai pas long.
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Adossé au mur à côté de la porte, Yulpi avait un petit sourire après ce que venait de lui dire Tisjess. Alors qu'il attendait que son maître ressorte de la salle, son sourire s'effaça : plus loin dans le couloir, il reconnut trois silhouettes devenues récemment familières. Le garnement Humain était déjà sorti de l'infirmerie, et se retrouvait flanqué de ses deux sbires comme à son habitude. Yulpi se tendit, d'autant que le Dévaronien l'aperçut et le pointa du doigt, attirant sur lui l'attention de l'Humain et du Kel Dor. En les voyant approcher, Yulpi savait que cela n'allait pas se conclure par un simple échange de bons mots.

Yulpi se détacha du mur pour se mettre au milieu du couloir, où seulement quelques autres élèves passaient de temps en temps. Très peu de monde allait être témoin de la scène qui allait se dérouler. Quant à Tisjess, il en avait pour quelques minutes, au mieux ressentirait-il un trouble dans la Force ; mais si Yulpi venait de se détacher du mur, se plaçant au milieu du couloir, c'est inconsciemment parce qu'il voulait pouvoir régler cette histoire seul. Il ne savait pas ce que le garnement allait lui vouloir cette fois-ci, mais il n'irait pas chercher la protection de son maître. Il pouvait bien affronter trois adolescents seul, sans l'aide d'un Guerrier Sith.

Apprenti Humain – Bonjour, le crapaud !
YULPI – Je crois t'avoir déjà dit de ne plus jamais m'appeler comme ça.
Apprenti Humain – Oh, et tu vas me faire quoi, sinon ?

Yulpi soupira, d'un air fortement agacé. Il avait tellement envie de lui retourner une dizaine de baffes, à ce garnement ! Seulement, même s'il n'y aurait que peu de témoins, ça en ferait quand même, qui raconteraient que le Gungan avait gratuitement frappé le jeune Humain. Quoiqu'en y repensant, Yulpi n'avait eu aucun ennui disciplinaire après l'incident de la veille dans le patio. Il avait envoyé un adolescent à l'infirmerie, devant plein de témoins, et aucune figure d'autorité n'était venue le punir pour cela, ni même lui faire la moindre réflexion. L'on savait que la concurrence entre Apprentis était encouragée dans l'Académie Sith, car la rivalité amenait à l'émulation, et l'émulation à une plus grande puissance. Mais alors, quelles étaient véritablement les limites à cette rivalité tant encouragée ?

YULPI – Je peux te renvoyer à l'infirmerie, si tu le veux.

Yulpi ne savait pas trop quoi répliquer, et cette menace sonnait faux. Il avait ressassé ce que lui avait Tisjess, il avait macéré son agacement et s'était dit que si le garnement revenait lui chercher des noises, il ne se retiendrait pas ; mais maintenant que la situation se présentait, ses vieux défauts refaisaient surface, et il n'osait pas.
Le garnement s'exclama d'un rire peut-être même pas forcé. Il sentait bien que la menace de Yulpi était du vent. Il se sentait d'autant plus en confiance qu'il était flanqué de ses deux sbires, comme d'habitude. Il était sûr de ne pas se laisser avoir comme la veille dans le patio. Si Yulpi, par hasard, venait à l'attaquer, il serait prêt à se défendre. Le garnement était donc confiant : non, Yulpi ne l'enverrait pas à l'infirmerie. Pas cette fois.

Apprenti Humain – Essaie toujours. Viens, frappe-moi, crapaud !

Voilà qui posait un dilemme.
Si Yulpi attaquait maintenant, il tomberait dans le piège évident tendu par le garnement. Ce dernier se tenait à quatre mètres de lui, Yulpi pouvait couvrir très rapidement cette distance mais le garnement et ses deux sbires se tenaient prêts, et difficile de savoir ce qu'ils avaient en tête.
Si Yulpi restait impassible, il entrerait dans un violent conflit intérieur. Son esprit tout entier le démangeait d'aller rabattre le clapet au garnement. Il aimait se battre, il ne pouvait pas refuser une si belle “invitation” à le faire, d'autant plus que l'insulte de “crapaud” était réitérée.
Alors, cherchant un moyen de concilier les deux options, Yulpi essaya de retourner la situation :

YULPI – Puisque tu te crois si fort, vas-y, toi, viens essayer de me frapper ! Vous êtes trois, ne me dis pas que t'as peur ?

L'Humain ricana en regardant tour à tour le Kel Dor et le Dévaronien. Le retour de provocation de Yulpi l'amusait. Voilà tout ce dont le Gungan était capable : faire rire son vis-à-vis quand ce n'était pas le but. Yulpi comprit tout de suite que l'Humain n'allait pas céder et se jeter sur lui. Il attendit donc de savoir ce qu'il allait dire.

Le garnement Humain tendit son bras droit vers Yulpi, en pliant légèrement les doigts tels des crochets. Yulpi sentit alors une pression s'exercer sur sa gorge.
Un pouvoir d'étouffement...
Yulpi n'avait pas prévu ça. Les yeux grands ouverts, il porta instinctivement les mains à la gorge, mais rien ne le tenait, il le savait, ce n'est pas comme ça qu'il allait pouvoir contrer la Force.
Allait-il être asphyxié et envoyé à l'infirmerie à son tour ?
Yulpi Bepads
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Il ne fallait pas se mentir, Yulpi ressentit comme une vague de panique. Il était plus en train de paniquer que de penser à l'humiliation que ce serait pour lui d'être si bêtement envoyé à l'infirmerie par ce garnement qui méritait juste trente-six paires de baffes. Essayant de trouver son souffle, Yulpi put se rendre compte que l'Apprenti Humain maîtrisait bien les bases du pouvoir d'étouffement. Entre ça et le pouvoir d'atténuation des capacités qu'il avait appris en plus, l'Humain de dix-sept ans était déjà plus avancé dans l'utilisation de la Force que le Gungan de vingt-quatre ans. Il y avait fort à parier qu'en contrepartie, il n'était pas aussi talentueux en combat au corps-à-corps. Seulement, Yulpi ne se voyait pas capable de se battre correctement en étant sous l'effet d'un pouvoir d'étouffement. Il devait d'abord réussir à le contrer...

Le contrer ! Mais oui, c'est ça ! Quel idiot faisait-il, à essayer de libérer sa gorge avec les deux mains alors que rien de matériel ne l'empoignait ! Yulpi ferma les yeux un instant, pour ressentir la Force. Pas évident alors qu'il se sentait paniquer. Le temps jouait contre lui, il devait vite réussir à contrer le pouvoir s'il ne voulait pas être trop affaibli pour tenter encore quoi que ce soit. Quand enfin il perçut le flux de Force partant de l'adolescent Humain jusqu'à lui, il essaya de puiser dans sa propre Force pour le rompre. Il ne savait pas bien comment s'y prendre. Il avait déjà eu des cours là-dessus, mais il n'arrivait pas à se concentrer sur une seule émotion forte pour gagner en puissance. Son esprit partait dans tous les sens, affolé, et sa défense mentale n'était qu'un néon grésillant essayant de résister à une lame de sabre-laser.

Yulpi décida donc de tenter autre chose. Puisqu'il n'arrivait pas à rompre lui-même l'étouffement, il pouvait tenter de pousser l'Humain à le rompre lui-même. En le distrayant, par exemple ? Ou mieux : en l'étouffant lui-même.
Arrêtant donc de se tâter le cou, Yulpi tendit le bras droit vers l'Humain, et exerça sur lui un étouffement de Force. Curieusement, le Kel Dor et le Dévaronien n'agirent pas ; peut-être avaient-il reçu la brève consigne par leur pote Humain de le laisser en découdre seul avec le Gungan.

L'étouffement prit sur l'Humain, et Yulpi savait déployer une certaine puissance dans la Force. Cependant, il avait déjà bien trop tardé à répliquer. Tout allait se jouer à l'endurance, maintenant. C'était un duel d'étouffement, à celui qui fléchirait le premier. Yulpi essaya de se concentrer sur son propre pouvoir, mais sa gorge devenait très douloureuse. En fait, le pire n'était même pas la sensation d'asphyxie : les Gungans, en plus d'être amphibiens dans leur mode respiratoire, possédaient une excellente apnée. La situation ici était néanmoins différente, d'une part parce que Yulpi ne s'était pas préparé à devoir rester en apnée, d'autre part parce que le pouvoir d'étouffement était aussi douloureux et que la situation le faisait paniquer.

Encore une fois, son esprit ne sut se concentrer sur une seule chose et finit par se perdre, si bien que non seulement il ne réussit pas à pousser l'Humain à rompre son sort d'étouffement, mais c'est le sien même qui fut rompu. Le garnement, voyant cela, eut un large sourire. Il sut que la victoire était sienne.
Dans un ultime effort, Yulpi cessa de lutter contre l'étouffement et s'avança aussi vite qu'il put vers lui. L'Apprenti Humain ne maîtrisait pas suffisamment ce pouvoir pour se déplacer en le maintenant. Soit il laissait Yulpi arriver sur lui, soit il rompait le sort. Il choisit la seconde option.

Reprenant vite son souffle, Yulpi s'élança et vint frapper le Dévaronien d'un coup de pied dans l'abdomen. L'Humain et le Kel Dor prirent la fuite, et Yulpi préféra reprendre son souffle que de les poursuivre.

YULPI – C'est ça ! Barre-toi ! Et ne reviens plus jamais vers moi !

Yulpi laissa le Dévaronien s'en aller aussi, et revint à côté de la porte où il devait attendre Tisjess. C'est alors qu'il vit ce dernier dans le couloir. Il avait déjà fini. Avait-il vu toute la scène ? Probablement. Yulpi était d'autant plus frustré d'avoir perdu l'opposition de Force, que son maître avait été spectateur, en plus des quelques personnes étant passées par là et n'étant pas intervenues.

YULPI – Désolé. Je sais que vous êtes déçu.

Tisjess mit un petit instant à répondre, ne laissant aucune expression paraître sur son visage reptilien.

TISJESS – Il est parti, et te laissera la paix un petit moment. Mais il t'a montré être plus puissant dans la Force que toi. Pourquoi ? Parce que tu as été incapable de laisser ta colère se diriger contre lui. Ce n'est que de cette manière que tu aurais pu résister à son pouvoir. Allez, rentrons.

On y revenait : utiliser la colère comme seule émotion forte pour devenir plus puissant. Seulement, Yulpi ne voulait pas devenir plus puissant, il voulait juste avoir la paix. Seulement, pouvait-il vraiment espérer avoir la paix en se montrant faible ? Il devait se poser les bonnes questions. Tisjess avait raison, Yulpi le savait. Mais l'on ne changeait pas tout un tempérament en claquant des doigts.

En fin d'après-midi, Yulpi se retrouva encore dans le même cours que le garnement, un cours sur les techniques de combat au sabre-laser. Cette fois-ci, il n'y eut aucun incident. Le garnement ignora Yulpi qui n'osa pas se dire que tout était fini entre eux deux. Les jours suivant, Yulpi n'eut pas d'ennuis, comme si le garnement avait bel et bien décidé d'arrêter de le prendre pour son souffre-douleur.
Mais c'était avant le cours de Darth Odium dans le désert...
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