Luke Kayan
Luke Kayan
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Inlassable, les doigts de Luke suivaient la ligne imaginaire que formerait la lame de son sabre-laser tenu à l'horizontale par son autre main s'il avait été ouvert. Parfois, ses gestes très lents faisaient trembler ses phalanges et la ligne se perdait, alors le Jedi recommençait. Le kata qu'il reproduisait avec autant d'attention était assez facile, appartenant à la forme 3, mais l'exercice ne résidait pas là. Le jeune homme changeait son poignet de position de façon à décomposer doucement les mouvements du sabre-laser, puis sa main libre adaptait sa position pour construire à nouveau la prolongation du manche.

Dans le calme d'une salle délaissée de tous à 5h30 du matin, le blond travaillait si ardemment que même ses yeux aveugles se fatiguaient de "fixer" ainsi le même point. Le centre de gravité du manche de son sabre-laser, mais au moins son esprit était occupé, et il en avait bien besoin. En effet, même si la dernière mission avait apaisé ses cauchemars sans image à propos de Makem Te, le jeune Jedi avait d'autres soucis, heureusement plus gérables. Depuis toujours il s'était méfié de l'Amour bien qu'il avait accepté d'y céder. Pour cela, sa tristesse restait au bord de son coeur, enfermée entre son esprit tranquille, peut-être trop tranquille face à l'évidence qui se dessinait petit à petit, en noir sur noir, mais un noir brillant qui ne laissait aucune place au mensonge.

Il n'en savait pas encore beaucoup, mais les rumeurs couraient, se vérifiaient. De toutes façons, Luke connaissait parfaitement le caractère de Jason, ayant eu le temps de l'observer, surtout quand son compagnon croyait qu'il ne le voyait pas. C'était un fait, on se méfiait beaucoup moins d'un aveugle, au point de laisser traîner des papiers, des expressions... Et puis il y avait cette différence entre eux, toujours plus gênante. Jason ne comprenait pas les aspirations de son amant, pas plus qu'il ne pouvait sentir ses messages à travers la Force. Théoriquement, Luke était naturellement tolérant, il respectait les gens n'ayant pas eu la chance d'avoir un lien avec elle. Cependant, pour quelqu'un qui faisait toujours appel à cette dernière, communiquait plus avec des ondes qu'avec la voix, qui fusionnait continuellement avec, la réalité le rattrapait. Le Hapien s'éloignait inexorablement de l'Ambassadeur, pour sa part fatigué d'attendre son compagnon. D'un côté, il fallait le comprendre, Luke faisait clairement passer sa vie de couple après son devoir qui le passionnait autant qu'il le démotivait. Son Amour pour la justice ne laissait pas de place pour un amant, et les dernières rumeurs émanant de l'après-Dubrillon ne faisaient que précipiter la séparation.

Cette dernière avait été plutôt simple à vrai dire. Attendue, et réellement basique... Presque triste après divers épisodes de deux ans, aussi rares qu'intenses, nés à partir d'une soirée plutôt particulière. Le jeune homme ne savait plus qui avait vraiment rompu, ni si ces mots avaient été prononcé. Simplement, il avait demandé à Jason ce qu'il avait fait, quel avait été son rôle durant les ultimes événements. Pas de réponse. Luke n'avait pas cherché à approfondir, ça ne l'intéressait plus. Ou tout du moins, il faisait en sorte d'oublier. De toutes manières, le Hapien avait trop d'occupations pour pleurer sur une relation déjà fichue à cause du caractère divergents des deux conjoints.

La lame réchauffa les traits de Luke, illuminant son regard vairon ironiquement porté sur le sabre. L'azur de cette dernière soulignait le bleu pur de sa pupille droite, il passa à nouveau sa main sous la lame, rétractant sa main lorsque celle-ci ou le bras tenant le sabre tremblaient, entraînant une petite brûlure. Patiemment, le Jedi recommençait alors son étrange exercice, visant à apprivoiser en fait son arme, à apprendre à reconnaître ses courbes, à l'apprivoiser. Comme une nouvelle amante un peu récalcitrante.

Concentré, une fois n'était pas coutume, le chevalier habituellement attentif ne se rendit même pas compte que quelqu'un était arrivé. En réalité, cette personne aurait pu être là depuis longtemps que le blond ne l'aurait même pas remarqué. Pas très prudent pour un Jedi qui devait se montrer à l'affût. Au Temple pour autant, Luke avait toujours tendance à se relâcher. Il avait pleinement confiance envers les siens. Il avait fait le bon choix en délaissant Jason qui l'avait aidé à prendre le chemin de la médiocrité. La preuve, à cette heure il aurait été en train de lui parler, de minauder par holoprojecteur au lieu de travailler. Son destin était de se dédier à l'Ordre à qui il devait tout, à donner le meilleur de soi-même, un équilibre, sans céder à la tentation d'entrer en compétition avec ses pairs qui n'avaient pas besoin de faire la même chose que lui. Le sabre-laser était déjà leur ami, lui avait encore tellement de retard à ce niveau. Mais quelle importance ? Il avait désormais toute une vie pour le travailler, une vie solitaire et entourée, vide mais remplie. Pas d'ignorance, pas de peur ni de sentiments extrêmes. Honneur, dignité et Force.

Ouvert donc à son exercice mais fermé au monde, le jeune homme, les muscles aussi détendus que lui permettaient la fatigue d'une concentration extrême couplé à des brûlures légères mais lancinantes, il continuait.
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De l’avis général, la manie qu’avaient les maîtres d’armes et leurs disciples de se lever à des heures indues pour pratiquer l’art du sabre à s’en donner des courbatures pour commencer la journée relevait du masochisme. Et il fallait reconnaître que s’astreindre à une hygiène de vie recommandant des levers aux aurores pour entretenir son corps et son esprit à l’aide d’exercice parfois ardus n’était pas à la portée de la première personne venue. Avec le temps, bien sûr, la plupart des bretteurs de l’Ordre s’y étaient fait, et éprouvait même un certain bien-être dans cette routine exténuante. Alyria était de ceux-là.

Elle avait astreint Wen à la même discipline sitôt leur duo officialisé, bien que ce soit plus orienté pour le moment sur de la méditation et de l’apprentissage de katas. L’essentiel n’était pas dans la performance, mais dans la capacité à se fixer un objectif quotidien et à s’y tenir. Il y avait là-dedans une forme de travail sur soi-même que la maîtresse d’armes estimait essentiel pour devenir un jedi digne de ce nom, et qui se résumait en deux mots : patience et efforts. Un bon jedi se devait d’avoir un mental affûté en toutes circonstances, peu importe les difficultés, et l’habitude de conditions difficiles. En mission, le confort ne serait pas forcément permis, aussi il fallait apprendre à être parfaitement alerte dès le point du jour, avec quelques heures de sommeil à peine pour se remettre des émotions de la veille, et pour cela, rien ne valait une méditation matinale et quelques étirements soigneusement choisis pour stimuler les points de tension au sein de l’organisme.

Ce matin-là, Alyria s’en était tenue à une méditation et à quelques exercices de télékinésie avec un soupçon de gymnastique. Leur programme n’était en place que depuis peu, il fallait que la nautolane s’habitue à ce nouveau rythme de vie, prenne ses marques, aussi son mentor prenait garde à ne pas lui en demander trop. Puis elles s’étaient quitté, la plus âgée prenant le chemin du centre d’entraînement pour quelques mouvements plus approfondis avant de se rendre en salle du Conseil pour débuter les réunions matinales qui abondaient en ce moment. Avec toutes les décisions à prendre ordinaires, sans parler de celles découlant des événements récents … Les discussions allaient bon train, et traînaient parfois tardivement, au point que beaucoup se retrouvaient avec des charges de travail effrayantes s’ils avaient d’autres obligations. Ce n’était pas encore son cas, bien que jongler avec le tout commençait à devenir compliqué. Enfin, elle n’allait pas se plaindre. Servir l’Ordre restait un plaisir, avant d’être un devoir.

Contrairement à l’habitude toutefois, alors qu’elle s’approchait de la salle, elle perçut une présence, et pas ordinaire. Qui pouvait bien s’être levé à une heure pareille pour s’entraîner ? A force, pourtant, elle aurait juré connaître tous les acharnés capables d’une telle prouesse. Il y avait donc deux solutions : quelqu’un s’était lancé un défi, ou bien venait noyer ses pensées dans l’effort physique car incapable de dormir, comme elle-même avait pu le faire fut un temps qui lui paraissait extraordinairement lointain.

Seul, un jeune homme fin se trouvait au centre de la pièce, occupé à répéter des mouvements facilement discernables pour une experte comme Alyria. Préférant néanmoins ne pas rompre sa concentration, elle le laissa finir sa série, notant sans le vouloir, presque par manie de professeure endurcie, ses ratés comme ses réussites, notant presque ce qu’elle avait sous les yeux. Luke Kayan n’était pas connu pour son appétence au sabre, et elle avait été notoirement surprise de le voir assister à son cours, quelques mois auparavant. L’effort était néanmoins louable de la part du jeune homme, de partir du point le plus humble pour parfaire son entraînement dans un domaine qui ne lui était pas le plus facile d’accès. Le voir aussi assidu constituait néanmoins une surprise conséquente. Etrangement, la Force paraissait perturbée par moments, avant qu’elle ne se calme, comme si l’aveugle chassait des pensées dérangeantes. Comme quoi … Ils avaient vraiment tous les mêmes méthodes au fond. Profitant d’une pause, la jedi finit par dire en s’approchant, posant une main ferme sur son épaule et diffusant une énergie réconfortante, refermant ses petites brûlures :

« Vous voir ici n’est pas une habitude, Chevalier Kayan, surtout à une heure pareille. Je suis ravie de vous compter parmi nos bretteurs matinaux, mais n’oubliez pas que les brûlures ne sont pas moins douloureuses avant le lever du jour qu’après. »

Une fois sûre que tout était résorbé, elle ajouta :

« Vous acharner ne fera pas disparaître ce qui vous tracasse, du moins, ce ne sera que temporaire. Croyez-en ma vieille expérience. »
Luke Kayan
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Chaude, douce, mais autoritaire.

Luke leva ses yeux par automatisme pour croiser inutilement une silhouette bien connue. Cette sensation de familier anonyme le laissa perplexe quelques grains de secondes avant qu'un sourire ne s'esquisse sur le bord de ses lèvres. Avec la voix, il n'y avait plus de doute. Maître Alyria Von. Depuis longtemps déjà, bien avant sa classe au sabre, le Jedi avait enregistré les tonalités de son timbre. Après l'avoir autant de fois écouté parler sur Holonet ou à travers les différents médias en tant que chancelière, Alyria le tromperait plus facilement via la Force qu'avec des prouesses vocales. D'ailleurs, le Hapien avait, au long de sa carrière, déjà réussi à confondre quelqu'un en l'entendant. Il avait fallu confirmer sa version évidemment, mais au final, le "vilain" avait bien été arrêté, savamment déguisé, y compris au niveau de la voix, seulement, on ne trompait pas un aveugle expérimenté. Bref, toujours est-il que la Maître d'Armes n'eut pas besoin de se présenter, ni de saluer. La main posée sur l'épaule de Luke, résorbant ses multiples égratignures étant une marque de respect matinal suffisant.

- D'habitude je n'ai pas besoin d'autant d'espace, ou au contraire, il m'en faut plus alors je reste dans ma chambre ou je vais dans le parc.

Répliqua le concerné avec simplicité, précédant ses propos d'une légère onde de Force amicale. Son propre bonjour pour éviter de polluer la conversation qui s'annonçait avec trop de banalités. Prémisses dans lesquels le Jedi signalait inconsciemment avoir effectivement l'habitude de se lever tôt, même si normalement, il pratiquait la méditation ou des exercices avec la Force. S'il voulait communiquer avec la nature ou s'entraîner à des tactiques plus offensives, le blond choisissait le parc pour travailler avec l'eau. Cet élément flexible, répondant qui plus est, constituait un duelliste fantastique.

- Cela dit, aujourd'hui comme depuis quelques temps, j'espère m'améliorer enfin au sabre. J'ai étudié plusieurs ouvrages, et l'heure est venue de mettre en pratique.

Pas très doué au sabre-laser le jeune Chevalier peinait à s'améliorer. Il ne possédait pas cet instinct qui lui disait comment esquiver, ou ce don naturel pour se positionner. Son handicap soulignait encore cette "triste" obligation de devoir apprendre, anticiper, au point parfois de gâcher un peu la beauté de cet art ancestral. Enfin, on faisait avec ce qu'on avait, et Luke avait apprit à ne plus complexer depuis longtemps.

- Il serait en effet assez peu productif d'appliquer sur de petites plaies, d'autres brûlures.

Ajouta-t-il, en référence aux dires d'Alyria. Un bref sourire se voulant rassurant peignit ses lèvres pour appuyer ses propos. En réalité, la quadragénaire ne se trompait pas totalement, Luke était ici pour éteindre le feu avec du feu. Néanmoins, il allait mieux qu'après Makem Te, se battant juste contre la peine que lui avait causé la rupture avec Jason, couplée à cette sensation de trahison de la part de ce dernier. Il était probablement trop droit, trop sensible pour supporter les affres du coeur.

- Le temps est la meilleure arme dans mon cas. Je vais bien, disons que j'expérimente juste, une fois de plus, combien l'Ordre avait raison. L'Amour n'est pas fait pour nous. Il nous dévie de notre route et nous affaiblit. Du moins, celui égoïste concernant une seule personne. Certains sans doute, avec l'évolution du temps, de l'époque, sont capables de cumuler les deux et j'en suis fort aise. J'aime à voir les enfants de Maître Caldin égayer le Temple, écouter parfois aussi des ragots amusants. - Luke, commère ? Ma foi, quand on avait une ouïe affinée, et que les gens pensaient que parce qu'on ne voyait pas, on n'entendait pas, les rumeurs vous parvenaient facilement, certaines étaient adorables.- Néanmoins, il m'aura fallu apprendre mes propres limites.

Le Hapien remerciait intérieurement le Conseil de lui avoir laissé cette chance d'expérimenter, de l'adouber malgré ses aveux-"J'ai quelqu'un" avait-il dit de but en blanc aux aînés, prenant le risque de ne pas être accepté comme Chevalier, cependant, ainsi était son caractère, trop droit, à ses heures moralisateur, mais logique jusqu'au bout dans ce trait parfois fatiguant de sa personnalité.- Sa tristesse de ne plus réellement pouvoir s'échapper avec Jason lui semblait être un dégât collatéral acceptable. En soi, les Maîtres étaient parvenus à ce qu'ils voulaient avec sa personne. L'adoucir, le rendre plus humain, moins implacable, bien que, demeurant humain, Luke trimballait sa mélancolie en bagage. Il devait simplement se renforcer, s'endurcir de nouveau, en sachant toutefois nuancer. Maître Caldin pouvait avoir un compagnon, Luuna Shein aussi. Elles savaient faire la part des choses, pas lui. Au final, l'ancienne interdiction de l'Ordre, s'étant aujourd'hui transformé en recommandation, s'appliquaient probablement à des personnes comme lui. Etait-ce un bien ou un mal ? Peu importe, le tout était de savoir y remédier.

Aujourd'hui, bien que le Jedi évite de mentionne le sexe de son ancienne "expérience", ne serait-ce que parce qu'il ne voyait pas ce détail utile à l'avancée du débat, il ne cachait plus avoir eu quelqu'un-avoué à demi-mot à Alyria vu la tournure de ses dires.-. C'était à son sens, une bonne chose surtout avec les Padawans qui le voyaient comme un coincé n'ayant jamais rien compris à l'amour. On le respectait plus, on écoutait d'avantage ses conseils, et il avait intégré cet "écart" comme quelque chose de positif. Ainsi, le temps semblait-il, soignerait cette peine, même si demeurerait toujours le regret de se sentir incapable d'avoir une relation saine. Têtu dans son genre ? Trop prudent ? Il semblait trouver plus facile de se rendre à la première difficulté, du moins dans ce domaine si superficiel. Une conclusion sûre était qu'il ne souhaitait pas perdre plus de son précieux temps à maintenir une relation viciée, ni à en chercher une autre; le monde était trop riche pour s'astreindre à ces banalités. Tant mieux pour ceux, qui sans fouiller les alentours, les trouvaient et profitaient de leurs bénéfices -car il y en avait, certes.- mais tous n'étaient pas fait pour l'Amour. Au même titre que la Force, il fallait y être naturellement sensible. C'était une vision un peu triste évidemment, heureusement Luke menait une vie de Chevalier Jedi, pas de civil victime de la publicité ou de la pression d'un cercle d'amis. Son quotidien était rempli, suffisamment en effet, pour ne pas penser à ses peines de coeur. C'était un pansement temporaire, mais au final, la plaie finirait bien, abritée, par cicatriser, laissant simplement une marque de regret ayant emportée avec elle, un brin de son humanité. Ce qui lui manquerait le plus était ces moments passés l'un à côté de l'autre, chacun réfléchissant à ses affaires ou à une idée en commune, et les battements de coeur rythmant la respiration de celui qui dormait dans le lit. Rien d'insurmontable en soi. Personne n'était seul au Temple Jedi.

- En toute honnêteté, plus que combler ma peine, je cherchais à combler mes lacunes au sabre-laser. Lesquelles sont notoirement préoccupantes.

Bien qu'avouant sa tristesse, le Jedi passa rapidement dessus. Il n'avait pourtant pas la sensation de cacher quoique ce soit, ni de minimiser. Probablement car il se le cachait à lui-même avant tout. Mais que faire ? Exploser en larmes sur son lit, comme un ado ? Non merci, ce type de pleurs, il l'avait déjà appuyé à 13 ans, après que Josh l'ait embrassé et esquissé quelques câlins chastes sur ses hanches. Ce jour-là, comme un vrai ado, le Padawan avait foncé -littéralement en plus, vu qu'il s'était pris la porte d'entrée en pleine figure.- dans sa chambre, se moquant évidemment de sa "vision" brouillée par ses larmes. Il s'était écroulé sur son matelas et avait pleuré tout son soûl, victime d'une grande confusion. Ce jour avait été la confirmation de son homosexualité, depuis peu de temps soupçonné. Devoir se découvrir à soi-même, s'avouer des secrets était encore pire que de les montrer aux autres. Aujourd'hui donc, il estimait être sur le chemin de la paix, et sa route personnelle était le respect des vieilles traditions Jedis, même si une certaine sagesse l'avait conduit à ne plus forcer autrui à le suivre avec lui. Cela dépendait juste des individus.

- Aurais-je l'honneur d'observer la professionnelle en matière du maniement de notre arme légendaire ? Même si vos propos s'appliquent également à vous... Les muscles ne grandissent pas mieux et les techniques ne s'affinent guère plus le matin plutôt que l'après-midi.

Il se poussa, fermant son sabre-laser. Il ne pousserait pas le vice à lui suggérer un cours particulier à cette heure matinale. "Regarder" suffirait même si malheureusement sa cécité lui ferait perdre une grosse partie du spectacle éducatif. Quoique, si Alyria voulait être seule, comme le prouvait la position du Hapien, sagement en retrait, il la laisserait, ayant suffisamment profité de la salle. Toutefois Luke ne serait pas lui-même s'il n'avait pas lancé cette légère pique, gentille, du reste. N'empêche qu'il fallait le reconnaître, il n'était pas le seul à se faire du mal, pour se faire du bien.
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« Le passage de la théorie à la pratique … Tout un poème, n’est-ce pas ? Mais sans doute l’un des aspects les plus fascinants des arts jedis. »

Qu’y avait-il de plus beau qu’un kata observé en silence pendant des heures, dans le secret des alcôves de sa chambrée et qui soudain, par le travail acharné, prenait vie peu à peu, s’animait, se mouvait, se transcendait, guidé par la Force et cet instinct que tout jedi avait en soi ? Alyria l’ignorait. Pour la duelliste confirmée qu’elle était, rien n’était plus extraordinaire que d’observer l’éveil d’une conscience vers la maîtrise du sabre-laser, d’être le témoin et l’actrice parfois du passage d’un savoir ancestral de générations en générations. Elle n’était pas de ceux qui pensaient que, dans les matières de la lumière, la contemplation suffisait. Non, il fallait éprouver dans sa chair la difficulté, les aspérités, pour comprendre le sens profond de tel ou tel enchaînement. C’était une question presque métaphysique : il en allait de la conquête du savoir, car ce dernier ne s’acquérait pas uniquement par l’étude. Il demeurait tout un pan qu’elle avait coutume d’appeler la sagesse expérimentale, à savoir cette connaissance qui ne vient que de l’expérience, qui s’affine, se peaufine, et complète la théorie générale pour en préciser les contours, en soumettre à la conscience les limites. Certes, sa pensée à ce sujet était trop longue pour être développée en une phrase polie répondant à une réflexion simple d’un confrère Chevalier. Pour autant, elle éveillait en elle un désir de voir les talents de l’aveugle bourgeonner, s’épanouir, d’une manière ou d’une autre. Il s’était trop longtemps morfondu sur ses propres carences. Le cours qu’elle avait donné et auquel il avait assité avait-il changé la donne ? Peut-être. Si tel était le cas, et s’il n’était pas trop prétentieux d’y songer, alors la maîtresse d’armes aurait dit qu’au moins une chose bénéfique était sortie de ce dernier, même si elle espérait que les jeunes qui y avaient assisté en avaient profité pour apprendre deux ou trois éléments sur les arts jedis … Et que Joclad avait pris un peu confiance dans ses talents de professeur. Après tout, comme Luke, il formait la nouvelle génération de la chevalerie jedi, sa fine fleur, et elle espérait dans quelques années voir ces deux jeunes pousses la rejoindre parmi les rangs des maîtres pour guider à leur tour les novices. Ainsi en allaient le cours du temps. A leur âge, elle avait pris la résolution de devenir maître d’armes et travaillait dur pour forger son nouveau sabre et accéder à ce rang tant convoité. Et eux, quel était leur but ? En avaient-ils seulement un ? Ou bien vaquaient-ils sur les eaux troubles de la connaissance intérieure ?

La suite des paroles de l’hapien lui apporta la réponse à cette question, pour Luke, à tout le moins. Manifestement, le jeune homme souffrait de ce que l’on appelait couramment une peine de cœur. Cette constatation manqua arracher à son aînée un léger sourire, qu’elle réprima de son mieux, offrant son visage le plus impassible au jeune homme pour ne pas l’induire en erreur et lui faire croire qu’elle se moquait de ses tourments. Au contraire, elle comprenait cette situation mieux que quiconque, sans doute, au Temple, pour avoir eu le cœur brisé à peu près au même âge, quoique dans des circonstances ô combien plus tragiques, du moins à ce qu’elle devinait de cet aveu à demi-mots. Ah, jeunesse … Tes douces folies ne sont que les pavements du chemin qui mène à la sagesse, avait-elle envie de dire. En un sens, l’apparente résolution du garçon la chagrinait légèrement, et l’amusait en même temps. C’était là une réflexion qu’elle avait eue elle-même à cet âge, dans les mêmes circonstances, que de louer l’intelligence des anciens, de vouer aux gémonies un égarement considéré comme coupable. Et puis le temps avait fait son œuvre, apaisant sa douleur, et elle avait fini par envisager sereinement l’avenir et la question, aidée notamment par son ancien maître, Ranek Lond. Peut-être que, loin d’un cours magistral, Luke avait simplement besoin de quelqu’un à qui parler. Etait-elle la mieux placée pour le faire ? Oui et non. Indubitablement, compte tenu de sa situation personnelle, elle l’était. Dans le même temps, elle n’était pas forcément très proche du jeune homme. Mais s’il était venu dans sa salle d’entraînement, s’il lui avait parlé ainsi … La Force essayait-elle de lui transmettre un message ? De mettre à l’épreuve sa nouvelle position de maître du Conseil pour guider une âme en peine ? Possiblement.

« Bien sûr, Luke, tu peux m’observer. Je peux même t’aider à te perfectionner, si tu le désires. Mais avant … Puis-je te parler un instant ? De jedi à jedi. »

Elle attendit sa réponse, avant de poursuivre :

« Ce que tu as dit précédemment … Je t’ai trouvé bien catégorique. Le temps guérira la douleur, la peine ou les regrets. Et peut-être qu’un jour, muni de limites nouvelles, tu trouveras la paix qu’il te faut, seul ou avec quelqu’un.

Sers-toi de cette expérience pour devenir plus fort. Plus mûr. Mais ne la rejette pas forcément. Elle fait partie de toi. Et ce que tu as appris à travers elle pourra peut-être un jour t’être infiniment précieux.

Et puis … parfois … Parler à quelqu’un fait du bien. Si tu en as envie … N’hésite pas. »


La main était tendue, que ce soit d’ailleurs auprès d’elle ou d’une tierce personne plus compétente. L’essentiel, de son point de vue, était de ne pas rester seul avec sa tristesse, car même minimisée, enfouie, elle n’en demeurait pas présente. Mieux valait crever l’abcès avant qu’il ne devienne purulent, faute de soins.

« Quant à tes prétendues lacunes au sabre … Peut-être qu’un brin de confiance en toi est aussi une clé pour réussir à les surmonter.

Ne sois pas persuadé que ton handicap t’entrave. Il y a toujours un moyen de surmonter des morphologies différentes, des difficultés physiques.

L’essentiel est d’avoir foi en soi, et en la Force. Elle sait pallier nos insuffisances.

Crois-moi. Elle l’a fait pour moi. »


Sa main morte pendait sur son côté, témoignage de cet état de fait. On l’oubliait souvent, mais Alyria aussi avait dû surmonter un traumatisme physique, et avait mis plusieurs années pour le faire, ne retrouvant la plénitude de ses capacités que très récemment. Elle était donc pleinement en mesure de comprendre les difficultés de Luke, ainsi que son manque de confiance en lui, sa sensation de toujours échouer. Il n’avait pas besoin d’en parler : elle le devinait. Elle avait connu cela. Elle avait été lui.
Luke Kayan
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La question fusa après avoir écouté Alyria. Il aborda tout d'abord le premier sujet, lequel était normalement soigneusement évité.

- Maître Von, pourquoi les relations sont-elles aujourd'hui admises alors qu'elles étaient interdites auparavant ? Quant à mon expérience, elle m'a appris qu'il y a beaucoup plus d'inconvénients à aimer que d'avantages.

Sans être plaintif, Luke demeura catégorique. Ce que lui avait fait Jason, ce qu'il leur avait fait était inexcusable. D'ailleurs, le Jedi le soupçonnait de tremper dans une affaire encore plus sombre que des affaires politiques un brin louche. Celui qu'il avait vu comme un exemple, un modèle dans le métier et un passionné était en fait un égoïste sans considération. Décidé à outrepasser ses habitudes, Luke s'ouvrit. Il conservait une voix neutre même s'il se sentait aussi coupable. Tout était allé si vite entre l'Ambassadeur et lui. Enfin, certes, ils avaient fauté dès le premier soir puis avaient pris le temps de se connaître, mais le Hapien continuait de s'en vouloir. L'Amour l'avait définitivement aveuglé.

- J'ai connu quelqu'un, le Conseil était au courant. Nous sommes restés ensemble pendant un an et demi... Puis j'ai découvert que cette personne ayant un rang haut-placé était malhonnête. J'ai eu du mal à le quitter, tellement de peine à accomplir mon travail en le dénonçant. Que se serait-il passé si au nom de l'Amour, pas crainte de souffrir, j'avais choisi de me taire ? Et je n'en ai pas été loin, croyez-moi.

"Le quitter"... Il venait d'avouer en partie l'identité de l'être aimé, mais qu'importe, Luke n'en était plus à cacher pudiquement ses préférences sexuelles. Il était de toutes manières encore convaincu que certains avaient les épaules pour supporter l'Amour, et surtout le reconnaître, alors que d'autres comme lui, trop faibles devaient se résigner à demeurer seul. Heureusement, ni la frustration systématique, ni la jalousie ne faisaient partie de ses défauts, il était surtout inquiet de la pente dangereuse vers laquelle l'Amour l'avait fait glissé, au même titre que d'autres pourraient en être victime. Lui, le fidèle, le procédurier chevalier avait longuement hésité sur l'attitude à adopter face à Jason, laquelle lui aurait parue logique auparavant.

Le Jedi n'en voulait à personne d'avoir accepté les relations, il reconnaissait avoir été très heureux en couple, surtout lorsque son amoureux le contactait après une rude journée. Les conversations, la complicité, bien plus que l'acte physique, dérisoire malgré le délice procuré, tout cela lui manquait. De la même façon le chevalier trouvait quelque chose de poétique à la naissance d'enfants de Jedis au sein du Temple, un peu comme si l'Ordre avait de nouveaux héritiers de sang, d'ailleurs jusque là tous sensibles à la Force. Mais encore une fois, le risque de se détourner de sa mission première, de polluer sa vie dédiée à autrui lui semblait gros. Seule une partie de l'élite, des Jedis exemplaires, semblaient aptes à porter les deux. Alyria en faisait-elle partie ? En théorie, le Hapien songeait que lui, surtout en se rappelant de la femme charismatique postée à ses côtés lorsque Darth Nero était venu "discuter". La détermination de la trentenaire ne faisait aucun doute, mais avait-elle vécu l'expérience ? Quelque chose lui disait que oui.

- Cette vie à deux, vous savez de quoi je parle, n'est-ce pas ?

Il imaginait son aînée, plus jeune, céder aux caprices du coeur ou au contraire se battre contre eux mais au moins sentir la fascination pour cet autre être, la tendresse, le besoin d'être avec lui. Peut-être se trompait-il mais Atalan ou encore Alyria avaient raison, le désir comme l'Amour étaient naturels. Difficile d'y résister.

Un temps passa, Luke baissa légèrement la tête. Il savait cette fois à quoi faisait référence la Maître lorsque le deuxième sujet de conversation s'était présenté. Sa main. Ce n’était un secret pour personne. Le symbole était tellement fort pour une maître d'armes, ironique aussi.

En guise de réponse aux propos de cette dernière, Luke raffermis sa prise sur son manche et hocha la tête, un geste aussi déterminé qu'étrange vu sa situation, mais il avait conservé des réflexes de voyant. De plus il ne se voyait pas couper le silence de paroles aussi tranchantes qu'un sabre-laser. Ce silence, cette acceptation lente, ils étaient si beaux, mâtinés d'un chagrin contrôlé qui perlait encore dans son esprit. Elle avait raison, ni le handicap, ni un talent inné pour faire ce qu'il ne fallait pas faire avec un sabre-laser pouvaient servir d'excuse. Aussi bien prêt à "observer" Alyria qu'à participer, il se mit en garde, ne doutant pas d'un autre côté, que la Jedi lui répondrait à propos de ce qui était auparavant un tabou.
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