Je ne suis pas beaucoup les actualités. Le monde extérieur m’intéresse peu et ce que je dois savoir, on me le transmet, inutile de m’encombrer l’esprit avec des faits inutiles. Mais parfois il est des événements qui s’imposent à moi et viennent perturber ma tranquillité.

L’intervention de la Chancelière en est un. Impossible de l’éviter. Tout le monde en parle : la République attaque l’Empire. Sans même une déclaration de guerre.

Je cherche dans les archives un enregistrement du discours et le trouve facilement. Est-ce même possible ? Sommes-nous vraiment attaqués ? Nous, des Siths ?

Incrédule, je contemple son visage d'albâtre, si doux. Est-ce cette femme qui vient tuer nos hommes, affronter nos canons ? Non, ce doit être une erreur, une plaisanterie. Je l’écoute, hypnotisée par sa voix. Ses traits disparaissent. Seules restent ses lèvres et les insanités qu’elles profèrent.

“Mesdames, messieurs. Je vous parle depuis l'orbite de Dubrillion, à l'intérieur des frontières de l'Empire. Oui. Ce soir, 21h34 heure de Coruscant-Sénat, l’Armée Républicaine a fait délibérément irruption dans l’Espace Impérial, aux abords du système de Dubrillion, dans le secteur Myto, afin de récupérer cette planète sauvagement attaquée par l’Empire il y a peu. “

Nous sommes bien attaqués. Elle foule les accords et traités, nous agresse. Nous, des Siths ! Je suis sidérée.

“ Oui, je ne vous le cache pas : la République prend le risque de déclarer une guerre longue et difficile ce faisant. Mais c’était une confrontation inévitable : plus nous attendions, plus l’Empire prenait de la puissance… Ainsi que des planètes et leurs peuples innocents. “

Bien sûr, car c’est ainsi que doivent être les choses. Nous sommes des prédateurs et vous des moutons. Depuis quand les proies attaquent-elles le chasseur ?

“Il y a déjà plus de deux ans, je vous ai promis que la République, sous mon égide, serait forte, implacable. Ce jour est venu. L’Empire doit reculer et rendre les terres qui ne lui appartiennent pas. Ni cette Impératrice aux allures de tyran, ni ses Seigneurs du Mal ne m’effraient : l’Armée Républicaine est puissante et bien plus massive que la leur, et à nos côtés, je l’espère, les Jedi nous défendront aussi.”

Implacable. Implacable. Implacable …

Ma main se pose sur cette bouche virtuelle, flouttant ses contours holographiques.

Implacable. Tu ignores le sens de ce terme. Etre de chaire, être de vie, comment peux-tu effleurer la signification profonde de ce terme. Et tu médis de Mon Impératrice. Tu prétends ne pas être effrayée. Mais tu n’as jamais connu la peur, l’insidieuse, terrible et désarmante sensation que tout effort est voué à l’échec. Que le monstre que l’on affronte est capable de tout. Tu te sens en confiance parce que tu es loin protégée par ton armée, dans le confort d’un bureau, enrubannée de jolies dentelles. C’est facile d’être brave ainsi.

“Oui, je prends le risque de déchaîner la colère de mes ennemis. Oui, je prends le risque qu’aucun n’a encore pris avant moi : celui d’affronter nos peurs et les monstres qui sont à nos portes, au prix certainement affreux mais pour le sauvetage de peuples et de planètes autrefois républicaines, tout autant que pour défendre nos idéaux et nos principes républicains. “

Tu veux déchaîner notre colère ?

“Et bien tu as réussi !”

Oh oui je la sens me glacer les veines et me serrer les entrailles. Je suis furieuse. Tu prétends te dresser face à l'Impératrice ? Tu veux réveiller les monstres ? Tu as réveillé le pire. Je te promets je te jure une lutte à mort entre toi et moi, sans rémission, sans pardon, sans retour en arrière. Tu veux faire un exemple ? J’en ferai un avec toi !

Je n’écoute plus le reste. La rage m’engloutit. Je hurle, me fracasse la main contre le mur, cinq fois, dix fois, frappe encore. Je hurle.

“J'ESPÈRE QUE TU N’AIMES RIEN NI PERSONNE EMALIA CAR JE VIENS A TOI ET JE TE PRENDRAI TOUT. JE BRÛLERAI TOUT ET TU TE NOURRIRAS DES CENDRES DE TA VIE JUSQU'À CE QUE TU MEURES DANS LE DÉSESPOIR”

“Mesdames, messieurs, la RÉPUBLIQUE, ENFIN, se REVEILLE face à ses ENNEMIS !”

*** Fin de la rediffusion ***