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Le soleil venait de se lever sur le Temple d'Ondéron. Il était encore tôt mais depuis la lettre qu'elle avait reçu de la part de cannelle d'Este, la jeune chevalier avait d mal à dormir longtemps. Èvengellyne venait de s'installer à une table de la bibliothèque. Elle y déposa de quoi écrire et elle alla chercher des livres dans différents rayons. Maître Saï Don venait de lui donner une nouvelle mission. Celui qui devait l'accompagner était le jeune padawan de maître Don. Elle le connaissait à peine. Elle en avait juste entendu parler comme étant un ancien apprenti sith. Cependant, elle n'avait encore jamais fait de mission en sa compagnie. Voilà qui était une occasion de mieux le connaître. Après tout, les missions et la solitude créaient des liens entre les gens. Mais cette fois la mission était délicate. Ils devaient faire une reconnaissance sur Lorrd. Alors pour bien se préparer, Èvengellyne avait entreprit de faire quelques recherches sur la Planète et sur le secteur Kanz auquel elle appartenait. Plus le temps passait et plus ses notes augmentaient proportionnellement aux livres qui venaient s'entasser et s'empiler sur la table devant elle. Èvengellyne resta le nez dans ses livres jusqu'en milieu d'après-midi. Puis soudainement, elle referma son dernier livre. Elle se leva tranquillement, fit plusieurs petite pile de ses livres et rangea ses notes. Elle alla ensuite remettre ses livres à leur place, faisant deux, trois voyages à cause du poids. Le soir même, la jeune femme lisait et relisait ce qu'elle avait écrit plutôt dans la journée. Elle devait préparer des plans d'actions. Mieux valait anticiper et penser à toutes les éventuelles situation à l'avance. Y réfléchir avant était un gain de temps et de réaction non négligeable. Ils devaient être rapides et efficaces ainsi que discrets.

Le lendemain matin, Èvengellyne se leva également aux aurores. Elle finit de boucler son sac de voyage. Elle y avait mis tout ce don elle était susceptible d'avoir besoin pendant sa mission. Elle voulait être certaine de pouvoir se débrouiller tous seuls. La discrétion, visiblement c'était le maître mot du Conseil. Toutefois, elle gardait dans la tête que peut-être ils devraient se mêler aux habitants. Selon elle, faire une reconnaissance sans jamais se mêler aux autochtones étaient presque infaisable. Même s'ils se montraient discrets, ils finiraient sûrement par tomber sur l'un deux. Il fallait donc penser à des explications plausibles pour ne pas mettre à mal leur couverture. D'ailleurs quelle était leur couverture ? Comme la jeune femme n'en savait encore rien, elle avait pris soin de mettre dans son sac plusieurs types de vêtements. Il y avait des habits de marchands, d'explorateurs et notamment des vêtements de maître et d'esclave se réservant celui de l'esclave. Il fallait tout de même rester un minimum réaliste.

Une fois tout préparé, elle quitta sa chambre en chantonnant. Elle traversa les différents couloirs du Temple et se dirigea ensuite vers le hangar. Une fois sur place, elle inspecta les différents vaisseaux proposés par l'Ordre. Ne sachant pas lequel ils devaient prendre, elle alla demander à un technicien. L'homme lui indiqua un petit vaisseau et Èvengellyne le remercia. Elle marcha d'un pas léger vers le bâtiment et y monta à bord. Ce n'était pas un vaisseau très important mais cela importait peu. Maître Don et à travers lui le Conseil, avait manifestement fait le bon choix. C'était un vaisseau avec une certaine capacité mais qui restait néanmoins assez discret. En somme, un vaisseau tout à fait adapté au type de la mission donnée. Cependant, Ève ne regarda pas le tableau de commande de vaisseau. À quoi bon, de toute façon il était hors de question qu'elle le pilote. Si la jeune femme n'était pas une championne pour le maniement du sabre, elle s'était vite rendu compte qu'il en était de même pour le pilotage. Ceux qui s'étonnaient pourquoi la Zabrak ne partait que très rarement en mission solitaire n'étaient autres que ceux qui n'avaient encore jamais fait de mission en sa compagnie. Lui confier le pilotage d'un vaisseau c'était simplement accepter d'allonger la durée du voyage de plusieurs jours. En effet, Ève n'étant pas du tout confiante à ce poste autant dire qu'elle n'appuyait pas sur le champion.
La jeune femme était entrain d'installer son paquetage lorsqu'elle entendit de nouveaux bruits de pas. Ils venaient dans sa direction. Intriguée, elle releva la tête et sortit du vaisseau. Quelle ne fut pas sa surprise en reconnaissant maître Don au côté du padawan. Manifestement le maître du Conseil avait décidé de les accompagner. Faisant un grand sourire, elle se mit à agiter les bras en l'air et à leur faire de grands signes.

« Maître Don ! Jeune padawan ! Par ici je vous prie ! » s'exclama-t-elle à travers tout le hangar. Elle ne vit même pas le regards de tous les techniciens se posant petit à petit sur elle.
Saï Don
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L'aube, à nouveau. Mais cette fois, le vieil homme n'allait pas rejoindre sa place au Conseil. Dans sa petite chambre dépouillée, il avait préparé un bagage léger, et passait sur ses épaules une bure d'un tissu épais. Là où ils iraient, le froid allait les mordre, de longues heures durant. Des journées entières, peut-être. Lorrd... C'était la première fois qu'il mettrait les pieds sur ce monde devenu soudain intéressant en raison de la proximité de l'Empire. Bien sûr, le vieil homme aurait préféré des circonstances moins sombres, mais cette mission augurait aussi de nouvelles choses plus positives : il allait enfin voir ce que valait Yun sur le terrain. Celui qu'il avait choisi comme nouveau padawan était surveillé de près, mais Saï croyait en ses capacités et en son esprit rigoureux. Il l'aiderait à faire ses preuves... Même si le Conseil désapprouvait déjà que l'on envoie l'espion potentiel établir les premières briques d'une base secrète destinée à surveiller l'Empire.
Mais c'était somme toute un pari auquel le vieil homme était habitué. Qui ne tente rien...

Le soleil était éclatant au-dehors. Maître Don avait donné rendez-vous à Yun devant le hangar, qui ignorait tout de leur destination. Seule Evengellyne Belluma avait été mise dans la confidence lorsqu'elle avait été désignée pour les accompagner. En dehors du Conseil et de cette jeune femme, le secret concernant le projet Lorrd avait été précieusement conservé.

Yun était à l'heure. Ce n'était pas une surprise. Le vieil homme le rejoignit et le salua d'un bref mouvement de la tête.

- Bonjour Yun. Es-tu prêt à partir ? Et as-tu pensé aux vêtements chauds ?


Maître Don s'était contenté de demander au jeune Epicanthix de se préparer à devoir survivre quelques jours dans un environnement possiblement très froid, sans lui donner de destination, sous prétexte sincère que la mission pour laquelle ils s'embarquaient était secrète. Il allait lui intimer de le suivre lorsque la voix d'Evengellyne Belluma les interpella, arrachant un petit sourire aux lèvres du vieux Maître.

- Ah, oui. J'ai oublié de te dire que nous ne partons pas seuls. Le Chevalier Evengellyne Belluma va nous accompagner. Une jeune femme très dynamique, tu vas voir.

Dynamique, ce n'était pas peu dire. Evengellyne avait un tempérament de feu, qui suscitait parfois l'agacement, parfois l'indulgence du Conseil. Saï, lui, avait eu affaire à elle à plusieurs reprises en raison de son amitié avec son ex-padawan, Luke Kayan. Il avait pu constater à maintes reprises qu'Evengellyne, quoiqu'impulsive, était pleine de bonne volonté et avait mérité son titre de Chevalier.

Ils la rejoignirent à l'intérieur du hangar, près du vaisseau qui allait les conduire sur Lorrd. C'était une corvette légère de Corellia, de classe Défenseur. Il ne datait pas d'hier, avec ses bandes bleues qui disparaissaient sous les tâches de suie, mais avait fait ses preuves par le passé et surtout, passerait plus inaperçu qu'un vaisseau flambant neuf orné du symbole des Jedi comme en utilisaient parfois les diplomates.

- Bonjour Chevalier Belluma. Je vous présente le padawan Yun Silthar... mon nouvel élève.

La formule était consacrée. Leur association ne manquerait pas d'être commentée, mais Saï n'avait cure des rumeurs qui pouvaient circuler quant à ses excès de confiance envers des ennemis potentiels, tout autant qu'il savait qu'Evengellyne, de son côté, s'intéresserait principalement à leur mission. C'était là une qualité qu'il appréciait particulièrement chez elle.

- Allons, ne perdons pas de temps, fit-il en s'engageant le premier sur la passerelle de la Corvette, une main tenant son sac et l'autre adressant un signe à un ingénieur quelques mètres plus loin. Yun, veux-tu prendre les commandes ?

C'était plus un ordre formulé poliment, bien sûr, qu'une proposition. Le vieil homme n'était pas un fanatique du pilotage mais la mission serait l'occasion de connaître plus précisément les compétences du jeune Epicanthix. Travail d'observation qui débuterait dès que Yun aurait mis un pied à bord.

Maître Don attendit que tout le monde soit à bord avant d'activer la commande qui refermait la passerelle, puis alla s'installer sur un siège derrière la place du pilote, laissant avec joie la place de co-pilote à Evengellyne. Désormais, ils ne seraient plus que tous les trois pendant des jours. Déjà, à travers la vitre du cockpit, il voyait s'ouvrir la porte de décollage qui leur permettrait de quitter le Temple. Ils en auraient pour bien des heures...
Autant de temps qu'il mettrait à profit pour briefer les deux jeunes gens.

- Bien, fit-il en s'adossant au dossier de son fauteuil, cherchant inutilement un confort qu'il ne trouverait pas dans ce minuscule cockpit. Nous allons contourner le Consortium d'Hapès en traversant le secteur Nojic. Nous croiserons ensuite la route commerciale perlemienne mais poursuivrons jusqu'à Contruum, après quoi nous suivrons la voie commerciale qui va jusqu'au système de Corsin. Nous nous réorienterons depuis Corsin sur la voie hydienne en direction de Bandomeer... où nous quitterons la voie principale vers Dathomir, puis la frontière républicaine... puis le secteur Kanz.

C'était un chemin assez direct qu'ils ne prendraient peut-être pas au retour. Mais en partance d'Ondéron, le vieil homme ne craignait pas qu'ils fussent suivis ou surveillés... Pour le moment.

- Ah oui, nous nous rendons sur Lorrd, ajouta-t-il soudain comme s'il avait oublié de prévenir son nouvel élève. C'est un monde assez froid du secteur Kanz, près de Bimmiel, qui fait assez peu parler de lui. Sa proximité avec l'Empire en a fait un monde idéal pour une éventuelle base avancée discrète de l'Ordre Jedi. Ce ne sont pour le moment que des spéculations, bien sûr, mais j'ai bon espoir que ses zones désertiques et glaciales nous offrent des recoins parfaits pour observer sans être vus...

Le principal risque, bien sûr, provenait de la proximité de Lorrd avec la frontière impériale. En cas d'expansion de l'Empire... Il faudrait penser à une solution de repli pour évacuer les Jedi présents sur Lorrd. Mais ils verraient tout ceci en temps et en heure.

- Le matricule de notre vaisseau bénéficie d'une autorisation d'entrée en atmosphère de Lorrd que nous avons négociée il y a quelques jours. Aussi pourrons-nous éviter la capitale et nous poser rapidement dans une zone moins peuplée.

Il avait déjà en tête quelque ville peu peuplée qui, il le pensait, ferait l'affaire.

- Des questions ?

Si tout était clair, il profiterait de leurs longues heures de voyage pour faire un petit somme. Si, bien sûr, son pilote et son co-pilote leur offraient une navigation paisible...
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Pour la cinquième fois au cours des trois dernières minutes, Yun vérifia son paquetage : rations de survie, respirateur, balise de repérage, comlink, lance-grappin à air comprimé, holo-carte de la galaxie et quelques vêtements de rechange bien rembourrés… Il était fin prêt. Son long manteau chaud sur les épaules, à la couleur d’un carmin doux, l’imposant padawan s’approcha de la porte. Pendant un long moment, il regarda son sabre laser, puis avec un soupir, finit par le prendre et l’accrocher à sa ceinture, les plis de son pardessus le cachant à la vue de tous.

Comme à chaque fois qu’il devait prendre ce sabre, il éprouva un frisson de dégoût en le manipulant. Avec cette arme, il avait ôté la vie, menti, torturé… Pour survivre, se répétait-il à l’époque, même s’il savait que peu importait les justifications de ses actes, à un moment, il avait choisi consciemment d’exécuter les ordres, et parfois de les outrepasser, juste pour s’assurer une place sur Korriban, et ne pas finir écrasé par les autres apprentis. Ce sabre était la marque visible de son passé, une réminiscence sans cesse présente de ce qu’il avait été pendant de longues années. Sauf qu’il n’avait pas le choix : Maître Don lui avait dit qu’ils partaient en mission pendant un long moment, et Yun savait que d’un point de vue purement pragmatique, il se devait de se préparer pour être le plus efficace possible, et s’armer d’un véritable sabre était alors inévitable. Sans compter que d’une certaine façon, cette lame lui rappelait constamment son nouveau chemin, et ce qu’il arriverait s’il en déviait : c’était autant un souvenir sanglant qu’un garde-fou.

Yun ouvrit la porte et sortit, arpentant doucement les couloirs du Temple, profitant de sa haute stature pour voir venir les quelques jedis qui passaient en cette heure matinale et ainsi éviter d’éventuelles collisions. Il sentit le regard de certains se poser sur lui, et vit comme d’habitude certains sourcils se froncer, ainsi que des chuchotements chez deux chevaliers qui se dirigeaient vers la salle d’entraînement. Il fallait dire que la nouvelle avait vite fait le tour de l’Ordre : à vrai dire, le fait que le chef du Conseil prenne un padawan était un événement en soi, alors quand ledit padawan était un ancien sith, évidemment, les commentaires redoublaient de vigueur. C’était tout à fait normal, et l’Epicanthix ne s’en était pas formalisé.

En effet, à sa grande surprise, non seulement il avait été confirmé dans la place qu’il occupait désormais au Temple, mais surtout, Maître Don avait décidé de le former. Le jeune homme appréciait pleinement cette marque de confiance, et l’honneur qui lui était fait : jamais il n’aurait imaginé une telle chose, lui qui avait pensé un temps passer sa vie au service d’un des Corps jedis, où il aurait pu apprendre des techniques différentes et donner un sens à sa vie, voilà que la Force avait dressé devant lui ce qui s’apparentait à une ironie du destin, et à une chance immense. Yun tenterait par tous les moyens de rendre son nouveau maître fier de lui, et de sa décision qui ne ferait pas que des heureux, il en avait pleinement conscience : cela, il se l’était juré.

Or, la veille, le vieil homme lui avait appris qu’ils partaient pour un temps, dans un endroit potentiellement froid. Des informations assez maigres en vérité, mais le jeune homme n’avait pas osé poser de questions… Peut-être que maître Don voulait le mettre à l’épreuve ? Du coup, il avait cherché à la bibliothèque les planètes aux températures extrêmes, réduisant un peu le nombre de destinations potentielles. Il avait vu qu’Illum correspondait à une telle description… Se pouvait-il que… ? Yun en doutait, pour lui, il n’était clairement pas prêt, mais après tout… Ou alors c’était tout autre chose, en tout cas, c’était forcément la mission de probation donc son maître avait parlé lors de la discussion qui avait scellé leur partenariat.

C’était donc la tête bourdonnante de questions sans réponses, d’appréhension, et d’une pointe d’excitation que le garçon avait commencé à préparer ses affaires, même si ses maigres possessions n’allaient de toute façon pas bien loin. Puis, une méditation s’était imposée afin de se calmer, et d’avoir les idées claires.

Yun fut sorti de ses pensées par la vue du hangar du Temple devant lui. Il était parfaitement à l’heure, comme toujours. Et l’attendant, Maître Don. Aussitôt, le colosse s’inclina devant son maître pour le saluer, puis il répondit :

« Bonjour Maître. Oui, mes affaires sont prêtes. »

Il montra du doigt son manteau et sa besace, puis ajouta soudain, un peu gêné, passant la main dans ses cheveux de jais, un toc qui indiquait souvent un certain embarras chez le jeune homme. Puis il sortit de sa poche une écharpe et la tendit à l’humain en marmonnant :

« J’ai croisé le Chevalier Kayan hier… Quand il a appris que nous partions pour un temps, il m’a demandé de vous remettre ceci… »

Se balançant d’un pied à l’autre, paraissant singulièrement mal à l’aise, Yun avait conscience qu’il devait avoir franchement l’air idiot. Par ce petit geste affectueux, Luke Kayan lui avait rappelé que son maître avait une longue histoire au sein de l’Ordre, avec d’autres que lui, et quelque part, le jeune homme se demandait s’il arriverait à y trouver sa place.

Heureusement, ce moment clairement gênant fut interrompu par l’exclamation de quelqu’un qui les interpellait vigoureusement : Yun se redressa et tenta d’apercevoir la personne ayant parlé. Suivant son maître qui s’approchait, le jeune homme eut bientôt une vision plus claire : une zabrak plus âgée que lui, à la peau orangée et aux cheveux bruns longs, nettement plus petite lui… Détail qui était en réalité, à de rares exceptions près, la norme pour le colosse. Et en entendant le commentaire fait par Maître Don, le jeune homme ne put s’empêcher de sourire légèrement, car il correspondait fort bien à la silhouette qui leur faisait de grands signes enthousiastes avec les bras, aussi il répondit doucement :

« Effectivement, je vois ça… »

Une fois parvenus en face de la chevalière, le chef du Conseil fit les présentations, et Yun ne put s’empêcher de ressentir une pointe de bonheur en entendant verbaliser son nouveau statut : il était un padawan, certes encore en probation, mais tout de même… Il était heureux de faire un pas de plus vers l’acceptation de ses pairs. Il s’inclina devant la zabrak, et déclara avec la déférence due à une supérieure :

« Mes respects, Chevalier Belluma. Ce sera un honneur de partir avec vous et Maître Don. »

La suite le surprit cependant : lui, prendre les commandes ? Yun n’était pas un mauvais pilote… Mais de là à dire qu’il était bon, il y avait clairement un pas qu’il n’allait sûrement pas franchir. A vrai dire, il avait tendance à se reposer sur l’utilisation de la Force pour diriger un vaisseau, Darth Mantis lui ayant enseigné les bases de ce genre de manipulation quand il était sur Ziost. Le reste datait de son enfance avec ses parents, autant dire que ses bases en matière de conduite spatiale remontaient quelque peu. Alors, oui, cela avait toujours été suffisant pour les petites missions que les instructeurs de Korriban confiaient aux apprentis, les trajets étaient courts, à et à force, Yun les connaissait correctement, mais là… L’espace républicain, il n’en avait rien vu depuis Artorias, n’étant pas sorti d’Ondéron depuis son arrivée. Sauf qu’il ne voulait pas décevoir son nouveau maître : après tout, il avait emmené une carte : si on lui indiquait le trajet, il pourrait peut-être s’en sortir… Aussi le jeune homme finit par dire :

« Je peux essayer, maître. »

Bon, il n’allait pas non plus garantir une parfaite maîtrise, mais vu que la zabrak ne semblait pas franchement vouloir lui disputer les commandes… C’est alors que sa tête heurta durement le haut de l’entrée du vaisseau : évidemment, perdu dans ses pensées, il avait oublié de se pencher, et venait de subir l’un des désagréments liés à sa grande taille. Se massant le crâne un instant, il afficha un petit sourire contrit avant de dire :

« J’oublie toujours que les portes ne sont pas faites pour moi… »

Yun se dirigea donc vers la place du pilote, et une fois que ses deux aînés furent installés et la passerelle rabaissée, le jeune homme commença à regarder les commandes en face de lui. Il lui fallut plusieurs minutes pour trouver où elles étaient, ayant l’habitude des chasseurs légers siths plus que des corvettes jedis. Il mit en route les deux moteurs, activant l’ensemble du panneau de commandes, et pria un instant très fort pour ne commettre aucun impair.

Dès que Maître Don commença son briefing, Yun sortit sa carte et commença à suivre du doigt le trajet qu’indiquait l’humain, tentant de mémoriser au mieux tous les points de passage qu’il voyait. Après tout, c’était lui qui allait devoir leur faire parcourir tout ce chemin à travers l’espace. Arrivé au secteur Kantz, il attendit patiemment la suite, pour avoir enfin le nom de leur destination : Lorrd. Le jeune homme ne savait pas grand-chose de cette planète hormis qu’elle avait été un temps un repaire d’esclavagistes, un certain nombre d’esclaves de Korriban ayant eu des ancêtres lorrdiens qui avaient fini, au gré de leurs propriétaires, sous la férule des siths… Et qu’apparemment, elle possédait des températures glaciales. Des connaissances singulièrement maigres, donc.

Cependant, il devait reconnaître que la planète était en effet situé très près des bordures de l’Empire : c’était un poste d’observation intéressant… Et dangereux. Yun n’osait imaginer ce que feraient les siths s’ils apprenaient que des jedis s’étaient installés à proximité de leurs frontières, et surtout sur une planète neutre. Il avait suffi à Artorias d’être le lieu de naissance du chancelier républicain… Que se passerait-il s’ils étaient découverts ? Pour la population ? Une fois de plus, sa prudence extrême parlait. Les ravages dont il avait été témoins lui avaient inculqué le respect et l’envie de protéger les populations civiles.

Ainsi, quand son maître demanda s’ils avaient des questions, Yun hésita, mais sa franchise finit par l’emporter. Cependant, soucieux de ne pas remettre en cause un plan qui avait dû être mûrement réfléchir par les hautes instances de l’Ordre, il réfléchit un petit moment à la formulation à employer, puis finit par dire sur un ton un peu hésitant :

« L’intérêt stratégique d’une telle base me paraît évident, maître, mais je me demande… La négociation de notre passage… Enfin… Ce que je veux dire c’est que… »

Le garçon cherchait ses mots, ne sachant trop comment poser sa question malgré sa réflexion en amont, et finit par lâcher dans un souffle :

« Le gouvernement de cette planète est-il au courant de nos intentions ? Je comprends le secret mais… Quand on voit qu’il a suffi d’un rien pour que l’Empire attaque Artorias… Que faire si les siths avaient vent de cette opération ? Les risques pour les civils sont très élevés. Alors, si ce n’est pas fait avec l’approbation de la population… Je ne sais pas… Peut-être pourrions-nous voir avec eux tout de même, qu’ils sachent le danger potentiel que cela représente ?

Et puis, cela couvrirait efficacement notre présence, non ? »

Les explications terminées, voyant la porte de décollage du hangar se lever, il retourna à son panneau de commandes et commença à amorcer ledit décollage. Dans le fracas habituel des moteurs, la corvette se souleva dans les airs, puis se retrouva propulsée dans l’atmosphère ondéronienne, puis dans l’espace. Ils étaient parés.

Les yeux rivés à son holo-carte, Yun se mit à calculer les coordonnées potentielles d’un saut dans l’hyperespace, et une fois qu’il réussit ces opérations mentales, il se décida à lancer le vaisseau. Leur voyage vers Lorrd pouvait commencer.

Les heures s’écoulaient paresseusement, sans incident majeur, l’Epicanthix suivant à la lettre l’itinéraire recommandé par Maître Don. A vrai dire, malgré ses calculs et ses précautions, il s’était trompé deux fois de direction, et seule sa maîtrise de la Force lui avait permis de rectifier cela. Yun espérait que ses deux compagnons de route ne lui en voudraient pas trop.

Et enfin, alors que les muscles de son corps commençaient à devenir à force d’être dans la même position inconfortable, ils arrivèrent dans le secteur Kantz. Immédiatement, Yun se repencha sur sa carte afin de calculer les coordonnées de la planète et d’amorcer leur atterrissage, quand soudainement, un fracas assourdissants se fit entendre, et le vaisseau fit une violente embardée. Cramponné à son siège et aux commandes, le jeune homme réussit à ne pas se faire éjecter, et tenta une retraite en urgence le temps d’y voir plus clair. Quelques vaisseaux essayaient manifestement de les encercler. Et quand Yun entr’aperçut l’insigne peinte sur ces derniers, il comprit immédiatement le danger. Elevant la voix pour couvrir le bruit des tirs, tandis qu’il tentait désespérement de trouver une issue par laquelle se faufiler, il dit précipitamment :

« Ce sont des esclavagistes thalassiens ! Je reconnais leur emblème ! Ils traitaient souvent avec les siths de l’Académie de Korriban pour … enfin, les ravitailler, si j’ose dire. »

La jointure de ses doigts se mit à blanchir : ces malfrats étaient impitoyables, et il était hors de question que lui, le chevalier Belluma ou maître Don tombent entre leurs mains. Surtout Maître Don : il n’osait imaginer ce qu’il arriverait si les esclavagistes comprenaient la valeur potentielle de leur prise.

Raffermi par cette pensée, il ferma les yeux, et, s’ouvrant à la Force, il tenta de reproduire ce que son ancien maître sith lui avait appris : il fallait sentir l’énergie dans l’espace, entre les vaisseaux afin de se diriger. Insensible au bruit autour de lui, il se plongeait dans la Force. Et au moment où un tir allait les percuter de plein fouet, il braqua les commandes de côté, faisant faire à la corvette une violente embardée, puis il augmenta la puissance des moteurs, les poussant presque à fond, et espérant entrevoir un espace entre deux des assaillants, il déclara d’une voix sourde, presque déconnectée de la réalité :

« Je vais essayer de nous extraire de ce bourbier en tentant de les prendre de vitesse, mais j’ai besoin d’aide ! »

Soutien mental ou, plus prosaïquement mais aussi plus efficacement, tirs de barrage, il espérait juste que ces deux compagnons comprennent ce qu’il était en train de tenter, tandis qu’il mettait brutalement les moteurs en marche et qu’il fonçait comme un forcené dans l’espace ouvert minuscule. Il leur faisait entièrement confiance… Et de toute façon, il n’avait pas le choix. Surtout que quand il se serait épuisé à puiser dans la Force, il n’aurait plus rien pour faire face à une telle menace hormis ses talents limités de pilote. 
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La jeune fit les vit approcher et cessa immédiatement ses signes. Affichant toujours un magnifique sourire, témoin de son réel enthousiasme, elle regarda longuement le jeune homme qui accompagnait maître Saï Don. Il devait bien lui mettre deux têtes. Elle répondit à la salutation du maître par une légère inclinaison de la tête. Puis ce fut au tour du jeune padawan dénommé Yun. Son formalisme fit rire la jeune femme. Puis elle retrouva un peu de sérieux et se mit à faire non de la main.

« Bonjour maître Don. Je suis ravie de faire la connaissance de votre nouvel élève. Quand à vous jeune homme, je vous en prie relevez-vous. Ne soyons pas si formel voyons. »

Èvengellyne lui donna une petite tape dans le dos avant de se diriger vers la corvette en face d'elle, à la suite du maître jedi. Elle se retourna un pied sur la passerelle abaissée et fit un petit sourie taquin au jeune padawan.

« Alors c'est donc officiel c'est toi le successeur de Luke. Je suis certaine qu'on va bien s'entendre. »

Ève emboita définitivement le pas du maître et monta dans la Corvette. La jeune femme retint un soupire de soulagement lorsque le maître ordonna à demi mot à son jeune élève de prendre les commandes. Èvengellyne n'allait pas se faire prier pour les lui laisser. La chevalier était bien consciente de ses limites dans le pilotage. Si jamais elle devait se retrouver aux commandes, il était plus que certain que le voyage trainerait en longueur. Elle eut un petit sourire lorsque l'élève répondit d'un air peu assuré assurant qu'il allait les mener à bon port.

« Je vous prie de bien vouloir ne pas faire qu'essayer jeune padawan. Je tiens à rester en vie encore un petit moment voyez-vous. J'ai encore des projets... »

La jeune femme s'interrompit brusquement. Elle commençait encore une fois à trop parler. Évidemment, elle avait des projets concernant son père et son maître. Mais ils partaient en mission, ce n'était donc nullement le moment de déballer tout ceci. Elle devait se contenter de rester muette sur cette question. Elle n'avait pas à leur raconter. Elle était sur le point de rejoindre un emplacement tranquille dans la Corvette lorsqu'un bruit sourd se fit entendre. Èvengellyne sursauta et se retourna. C'est à ce moment-là qu'elle vit l'Epicantix sur le seuil. D'après la remarque qu'il fit juste après, elle en déduisit qu'il avait du se manger la porte. Pas de chance, il avait du oublier de baisser la tête. Elle étouffa un nouveau petit rire. Si elle avait eu un instant un doute sur l'ambiance de cette mission, voilà qu'ils étaient tous envolés. Elle en était certaine à présent, avec l'Epicantix elle serait haut en couleur. Il fallait croire que les padawan de maître Don étaient voués à devenir des sujets de taquineries pour la jeune femme. Elle le laissa ensuite rejoindre les commandes et prit la place du copilote. Visiblement maître Don n'avait pas l'attention d'agir sauf peut-être leur indiquer la route à suivre. Ève se cala dans son siège et écouta attentivement les explications du maître. La route était la plus simple et la plus connue. Nul doute que c'était uniquement du au fait qu'il paitrait d'Ondéron. Quelque chose lui disait que le retour ne serait pas aussi simple. Et puis le nom de la destination tomba d'un coup comme si le maître avait oublier de le mentionner à son élève. Ève se redressa et regarda la maître un instant. Puis elle posa son regard sur l'Epicantix. Elle chercha un moment à deviner ses pensées de part son attitude puis lâcha l'affaire.
Lorsque le maître annonça que leur vaisseau était autorisé à franchir l'atmosphère de Lorrd, Ève s'empressa de le noté sur un petit bout de papier. Le reste, elle le garderait en tête. Cependant, prenant son rôle de copilote très à cœur, elle ne voulait pas que sa mémoire lui joue des tours. Elle était également heureuse de constater que le maître avait tout prévu depuis un petit bout de temps déjà. Ève n'était pas surprise après tout il s'agissait de maître Don. Le finit son explication et demanda finalement s'ils avaient des questions. La jeune femme n'en avait pour sa part. Mais un bref coup d'œil à son compagnon lui fit comprendre que lui en avait. Il ne tarda d'ailleurs pas à s'exprimer à ce sujet. Elle attendit patiemment que celui-ci donne son avis. Elle commença et le timbre hésitant de sa voix attira l'attention de la jeune femme. Elle était un peu surprise de le voir ainsi. Aurait-elle oublié un instant qu'il ne s'agissait que d'un enfant ? Peut-être, mais elle fut vite ramener à la réalité. Malgré sa taille dut en grande partie à sa race, le padawan n'en demeurait pas moins un enfant, au mieux un adolescent pas très sûr de lui manifestement. La Zabrak écouta l'adolescent et prit note de ses appréhensions. Sans donner le temps au maître de lui répondre, elle prit l'initiative de le rassurer à sa façon. Elle posa simplement un e main sur son épaule et la tapota doucement.

« Je comprends très bien ce que tu veux nous dire. Mais si maître Don a prévu cette mission aussi bien que je le pense nous n'avons pas de souci à nous faire. Quand aux civils, »

Ève s'arrêta un instant puis reprit en mesurant chacun de ses mots.

« Il est plus qu'évident que nous ne les mettrons pas en dangers dans la mesure du possible. Ceci est une reconnaissance, il n'est par conséquent même pas certain qu'une base sera implanter sur cette planète. Puis pour les siths et bien espérons qu'ils ne mettent pas les pieds ici. Quoi qu'il en soit pour le moment tu devrais te concentrer sur la route à suivre. »

Prenant pleinement conscience d'avoir mordu sur les plates bandes du maître concernant son élève, Èvengellyne se tourna vers lui et lui fit de petits yeux.

« Veuillez m'excuser pour mon intervention maître. Je vous laisserai intervenir la prochaine fois. »

Lorsque le maître eut donné toutes ses informations Yun se concentra à nouveau sur les commandes et il fit décoller le vaisseau. Ils sortirent bientôt de l'espace d'Ondéron. Èvengellyne bien que détendue, gardait un œil sur le parcours à suivre. Et même si elle n'en souffla pas un mot, elle remarqua que le jeune garçon s'était trompé au moins à un moment. Elle sourit intérieurement constatant qu'elle n'était pas la seule à réussir à se perdre malgré des informations très clairs. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle se refusait à piloter dans la mesure du possible. S'il était certain que son vaisseau finissait toujours par arriver à bon port, le chemin lui en revanche était parfois douteux. Si Yun ne pouvait se le permettre, Ève, elle somnola légèrement à deux reprises. Elle avait appris à somnoler tout en gardant un œil ouvert un peu comme les chats. Alors qu'elle allait se laisser aller pour la troisième fois, un bruit assourdissant et une secousse la rappela à l'ordre. La Zabrak se redressa sur son siège et chercha à savoir ce qui avait provoqué tout ceci. Les sens en alerte, Èvengellyne scrutait l'espace à travers la vitre du cockpit. Elle repéra des vaisseaux mais ne réussit pas à reconnaître le symbole de leur pavillon. C'est Yun qui lui apporta les informations qui lui manquait. Des esclavagistes, il ne manquait plus que cela. De plus ces montres traitaient avec les siths. Ces quelques mots suffirent à faire dresser les poils de son corps. Glissant un regard vers son jeune compagnon elle vit ses membres se raidirent. Voulant détendre l'atmosphère, Eve lui donna une légère tape derrière la nuque.

« Détends-toi et reste concentré ! »

Èvengellyne ne savait pas si c'était sa phrase où autre chose mais elle constata avec bonheur que son jeune ami se ressaisissait. Elle-même se détendit un cours instant. Puis elle reprit sa recherche dans l'espace. Elle voulait savoir précisément combien de vaisseaux en avaient après eux. Elle ne remarqua pas d'autres ennemis hormis les deux assaillants déjà pris en compte. Mais alors qu'elle pensait que le plus gros du danger était passé, la corvette fit une nouvelle embardée. Commençant à être agacée par ses fauteurs de troubles, La jeune chevalier fixa d'un air sévère le jeune padawan. C'est à ce moment-là qu'elle constata qu'il avait les yeux fermés depuis un certains moment. Èvengellyne se mit à bouillir. L'heure était grave et lui s'amusait à piloter les yeux fermés. On était pas dans un jeu ni dans un entraînement quelconque. La moindre erreur pouvait leur couter très cher et la jeune femme était bien décidée à le lui rappeler rapidement. Mais alors que la Zabrak s'apprêtait à secouer comme un prunier le padawan pilote, celui-ci s'exprima pour leur signaler qu'il allait tout faire pour les sortir de là. Encore heureux allait répliquer Ève. Mais ce dernier demanda de l'aide et le tout finit par faire sortir de ses gongs la jeune femme. Ni une ni deux, jurant à vois basse, Ève se détacha et se leva. Elle se dirigea nerveusement vers les balistes de tir et s'y installa. Elle se mit à tirer sur les vaisseaux adversaires rageusement. Ils avaient oser perturber leur voyage, elle n'allait pas laisser cela impuni. Chance du débutant surement, elle réussit à toucher légèrement un vaisseau. Malheureusement ce fait ne se reproduisit plus. Agacée, elle tira plusieurs fois de suite avant de se concentrer. Elle rejoignit Yun dans la Force et essaya tant bien que mal de guider ses tirs vers les vaisseaux, les changeant en tête chercheuses foireuses puis qu’aucun ne touchèrent leur cible.
Saï Don
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Une longue écharpe de couleur similaire à sa bure. Qui, sinon Luke, aurait pu faire preuve de tant de prévoyance à son égard ? De bien des points de vue, depuis que son ancien padawan était devenu Chevalier, ce dernier avait pris toute la mesure de ses responsabilités : envers ses missions qui nécessitaient prudence et méthode, envers l’Ordre qui encourageait honneur et sincérité, envers les plus jeunes qui avaient besoin de l’expérience de leurs aînés, envers lui-même qui avait appris à respecter sa propre personne… Et puis envers son vieux schnock de maître qui risquait de s’enrhumer. On ne referait pas Luke et son caractère soucieux.
En contemplant l’écharpe posée sur ses genoux, Maître Don eut un rire discret, pour lui-même. Luke était sûrement en train de penser la même chose de lui : on ne refaisait pas un vieux Maître et ses lubies.
Néanmoins, il devait avouer qu’au-delà de son utilité contre le froid, ce morceau de laine tressée représentait en soi un symbole fort : le Hapan avait refilé la garde du vieux fou à un cadet. Maître Don n’était pas mécontent que ces deux-là soient en bons termes, au vu des rumeurs négatives qui circulaient sur le jeune Yun et qui devaient agir comme des nuages noirs dans la vie de l’Epicanthix. Au conditionnel, car qui savait ce qui se produisait sous ces cheveux sombres ? Personne à part lui-même, au contraire de centaines d’autres padawan que le Conseil pouvait sonder.

Le vieil homme releva les yeux vers l’avant du cockpit et pencha la tête de côté pour mieux apercevoir son interlocuteur. Yun et lui n’avaient pas encore pris leurs habitudes de communication. L’Epicanthix s’exprimait avec quelques hésitations. Remettre en question, ne serait-ce qu’un tant soit peu, la décision du Conseil face à l’un de ses membres relevait d’un certain courage… Le vieillard sourit. Il appréciait que le jeune garçon fît ce qu’il lui semblait être juste. Cela dénotait une intelligence stratégique.
Eve, quant à elle, réagissait comme toujours à la vitesse de l’éclair. Quelle vivacité d’esprit ! Mais son optimisme et sa confiance en eux ne serait pas de trop parmi la petite équipe qui s’était constituée. Maître Don pouffa, mais il intervint tout de même car il ne voulait pas que Yun prît l’habitude de taire ses appréhensions. Mieux valait l’encourager dans la voie qu’il avait choisie, celle de la communication. Eve, de son côté, avait l’habitude d’obéir aux ordres depuis plusieurs années, mais l’Epicanthix avait, quant à lui, beaucoup à prendre. Il était normal de poser des questions.

- Ce n’est rien, Evengellyne. Bonne réponse : pour l’instant, nous faisons une simple reconnaissance. Mais effectivement, je me suis posé exactement la même question, commenta-t-il avec intérêt pour expliquer son processus de réflexion sur le sujet – il fallait dire que le Conseil lui-même ne l’avait pas questionné plus avant sur ses plans. Si Lorrd se révèle aussi intéressante que je l’espère, alors une négociation avec le gouvernement de la planète sera effectivement indispensable pour mettre en œuvre l’établissement de cette base éventuelle. Il n’est pas question de le faire sans leur accord, bien sûr, et il sera nécessaire de compenser cette présence par un don d’une forme ou d’une autre de notre part. Mais pour l’instant, nous ne sommes que des Jedi en promenade…

Il sourit, affecta un regard amusé vers Evengellyne avant de reprendre un peu plus sérieusement.

- Pour être honnête, je ne pense pas que le gouvernement Lorrdien refuse notre proposition. Ma conviction personnelle est que l’Empire joue les voisins calmes et honnêtes pour le moment, mais qu’ils ne tarderont pas à chercher à s’étendre dans un avenir plus ou moins proche. Il leur sera alors plus facile de s’emparer des planètes qui ne bénéficient pas de la protection de la République. Or, Lorrd est en première ligne… J’ai bien peur que le gouvernement de Lorrd ne soit déjà très inquiet de sa propre situation. Avoir le soutien des Jedi ne sera peut-être pas de trop pour eux. A moins bien sûr qu’ils n’aient déjà décidé de prêter allégeance à l’Empire… Mais le sort d’Artorias a suffisamment de quoi effrayer. Bref, ce sera ma part de travail d’aller négocier notre présence sur leur planète, si tant est que nous trouvions un site protégé dans les jours qui viennent.


Et sa part du travail ne serait pas la plus simple. Maître Don omettait ici le fait que le gouvernement pouvait, un jour ou l’autre, décider d’alerter l’Empire de la présence des Jedi pour sauver sa propre peau. Pour contrer cette éventualité, il faudrait prévoir des solutions d’évacuation très au point… Et trouver un moyen de dissuader le gouvernement d’agir de la sorte. Il n’avait pas encore trouvé quel levier utiliser, si ce n’était de rappeler régulièrement aux Lorrdiens le genre de vie que menaient les subordonnés de l’Impératrice.
Tout ceci constituait néanmoins les problèmes du Conseil et de ceux qui dirigeraient la fameuse base, si elle existait un jour. A chaque jour suffit sa peine, et le vieil homme considéra que le plus urgent était d’accomplir cette mission en confortant dans les esprits l’idée que le projet pouvait être mené à bien en respectant le Code Jedi et en préservant le plus de vies de civils possible.

Le voyage débuta ainsi dans une atmosphère plutôt détendue puis concentrée : l’Epicanthix prenait son rôle de pilote très au sérieux, tandis qu’Evengellyne observait un calme qui contrastait avec son agitation lorsqu’ils l’avaient retrouvée. Maître Don, quant à lui put fermer les yeux après avoir observé la première heure de pilotage, qui se déroula sans anicroche importante. Yun n’avait visiblement pas l’habitude de piloter sur de si grandes distances, mais ils n’étaient pas pressés par le temps. C’était en pilotant que l’on devenait pilote, et le vieillard lui laissait donc le temps d’apprivoiser l’appareil…
En réalité, cependant, il ne dormit pas. Il médita longuement. La question de Lorrd était plus vaste qu’elle en avait l’air. En raison de sa proximité avec les frontières de l’Empire, leur gouvernement avait dû déjà commencer des mesures soit dans le sens de la défense, soit dans celle de la soumission. De cette orientation dépendrait tout le succès de leur projet. Or, cette orientation ne lui serait peut-être pas révélée. Car si Lorrd se préparait à se soumettre à l’Empire, il serait bien sûr évident qu’ils ne l’avoueraient pas au Conseil Jedi. Le vieil homme devrait donc se préparer à atteindre ce qui se jouait derrière les discours sans révéler trop vite l’objet de sa visite… Un exercice difficile. Il regrettait que les Jedi n’aient pas plus de relations positives avec les différents mondes hors de la République, car ceux-ci pouvaient devenir des alliés de poids contre l’Empire. Qui savait si ce dernier ne prospectait pas lui aussi, déjà, dans ce sens ? Et que feraient-ils si l’opération était trop risquée ? La déménager ailleurs, éventuellement… En risquant de se confronter partout au même problème.

Une embardée et un grand bruit interrompirent brutalement ses réflexions. Le vieil homme se redressa, tous les sens en alerte, pour apercevoir les tirs croisés qui frôlèrent le transparacier du cockpit. Yun et Evengellyne, eux, entraient déjà en action : l’information immédiatement donnée par Yun se révéla un atout précieux. Une preuve encore que récupérer un ancien apprenti n’était pas forcément une erreur… La zabrak tempéra rapidement l’agitation du padawan tandis que le vieil homme restait quelques instants silencieux, essayant d’appliquer du sens à ce qui était en train de se produire : les esclavagistes thalassiens traitaient-ils avec le secteur Kanz, ou bien les harcelaient-ils ? Seraient-ils à même de rapporter à l’Empire l’intrusion des Jedi ? Pas si ces derniers arrivaient à franchir leur ligne incognito.

- Pas de panique, ils sont bien trop désorganisés pour nous avoir, décida fermement le vieil homme.

Cette injonction était loin d’être une certitude, mais si elle était vécue comme telle par ses deux équipiers, alors ils reprendraient suffisamment confiance pour que la pression ne leur fît pas commettre trop d’erreurs. En outre, la désorganisation des esclavagistes était réelle. Ils avaient pris le vaisseau pour ce à quoi il ressemblait : une corvette un peu miteuse qui devait contenir quelques marchandises et deux trois passagers, à des fins d’affaires ou de contrebande. Peu méfiants, ils les avaient attaqués sans stratégie, sans réflexion.

Ce à quoi Maître Don ne s’était pas attendu, en revanche, c’était la réaction du padawan autant que du chevalier. Le premier pilotait soudain via la Force uniquement tandis que la seconde devenait furax pour les abattre. Une coordination tout à fait… Originale. Mais périlleuse.

Le vieil homme eut immédiatement recours à la Force pour se joindre aux esprits du vaisseau, propageant une onde lumineuse destinée à rassurer l’un, et à faire reprendre son sang-froid à l’autre. Développant leurs perceptions et leur lien, il les engagea dans un processus de discernement partagé, permettant à Yun de voir les dégâts commis par Evengellyne et à cette dernière d’anticiper les mouvements du vaisseau mis en œuvre par Yun pour mieux ajuster ses propres tirs. Un drôle de silence s’installa dans l’appareil, troublé uniquement par les tirs de laser propulsés ou reçus. Les esclavagistes durent admirer l’agilité soudaine du vaisseau qu’ils attaquaient, qui se mouvait et se défendait comme s’il s’était agi d’un unique être vivant aux capacités déployées.

Le vaisseau traversa la ligne ennemie avec élégance avant de piquer une pointe de vitesse, alors même qu’Evengellyne canardait vers l’arrière pour les dissuader de reprendre leur fuite. Parallèlement, Maître Don avait changé d’orientation dans la Force pour provoquer une confusion derrière eux, destinée à ralentir la prise de décision ennemie et ainsi pouvoir les semer au plus vite.

Quelques minutes plus tard, les esclavagistes disparurent des radars. Maître Don se rassit en soupirant, attendant que les uns et les autres reprissent leurs esprits. Cette fois, l’heure n’était plus à la détente.

- Rappelez-moi, si nous rentrons vivants, d’ajouter aux formations des Jedi un volet « j’explique ce que je fais aux autres histoire qu’on puisse se coordonner » !
fit-il avec un brin d’ironie, mais son ton était malgré tout légèrement contrarié.

Bien sûr, l’important était qu’ils s’en soient sortis. Mais s’en sortir de justesse était-il un signe de maîtrise extrême ou bien la preuve qu’ils étaient à la portée de l’échec ?

- Yun, pense à brouiller nos traces. Nous changeons de trajectoire. Nous entrerons dans l’atmosphère de Kanz via le pôle Sud.

Il s’enfonça dans son fauteuil en attendant qu’Evengellyne les rejoignît. Serait-elle calmée ?

- Que sais-tu d’autres de ces esclavagistes, Yun ? Une idée de pourquoi ils se trouvent ici ?

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Piloter grâce à la Force était une expérience fascinante : risquée, demandant une véritable maîtrise, mais tout bonnement extraordinaire. Soudain, l’horizon ne se limitait pas au champ de vision rétréci d’un vaisseau, mais à tout ce qui se trouvait autour de soi, à l’extérieur du cockpit comme à l’intérieur. Sentir les filaments de Force onduler dans l’espace et relier les êtres entre eux était une sensation unique. Sans compter son aspect purement pratique, puisque c’était une manière de savoir où se trouvaient les ennemis.

Yun n’était pas un bon pilote. Enfin plus exactement, il n’était pas suffisamment expérimenté pour se sortir d’une embuscade avec pour seul outil à sa disposition des commandes qu’il ne maîtrisait guère. Faire un trajet, avec un peu de préparation, cela passait encore, mais gérer une attaque… Il ne se faisait pas confiance, et à vrai dire, le poids de la responsabilité soudaine l’avait fait paniquer, aussi; son esprit embrumé s’était raccroché à la seule façon de procéder qu’il connaissait : le pilotage de Force.

Lors de ces années sur Ziost, Darth Mantis lui avait fourni un enseignement assez complet, et avait inclus un passage pilotage. Or, l’humain avait l’habitude de conduire les vaisseaux uniquement à travers la Force. Comment avait-il appris cette technique ? L’Epicanthix n’en avait strictement aucune idée, et demander aurait été de la pure folie, c’était tout simplement hors de question. Dans tous les cas, le sith avait fourni à son apprenti quelques bases dans cette configuration de pilotage, et le garçon s’était révélé un élève correct, certes pas nécessairement brillant, mais ce n’était pas le but recherché. Et il se débrouillait de toute façon mieux ainsi que par une voie plus traditionnelle.

Seulement maintenir une connexion profonde avec la Force aussi longtemps épuisait les réserves de l’utilisateur de Force rapidement. C’est pourquoi sentir les esprits du Chevalier Belluma et de Maître Don se joindre au sien permit au padawan de ne pas ralentir la cadence. Mais contrairement à la zabrak, l’humain réalisa un prodige qui fit comprendre avec acuité, et humilité, pourquoi celui que certains pouvaient considérer comme un vieillard était sans doute la figure la plus connue du Conseil de l’Ordre jedi. 

Il ne s’agissait pas simplement d’un soutien : Maître Don semblait littéralement connecter les trois esprits entre eux. Soudain, le garçon avait une vision périphérique en plus de la sienne, il voyait des canons et des tirs sur les côtés du vaisseau à travers les yeux d’Evengellyne, partie en trombe tirer sur les pirates. Il sentait une certaine colère à travers cette connexion soudaine, mais également la présence rassurante du plus âgé du trio qui l’enveloppait dans une aura lumineuse bienveillante, éclaircissant sa propre conscience et le rendant plus vif, plus rapide. C’était comme s’il profitait de la sagesse de son nouveau maître et de la fougue du chevalier.

Alors, Yun commença à agir presque comme s’il était en dehors de son propre corps. Il se voyait braquer les commandes dans un sens ou dans un autre, évitant souplement les tirs, se rapprochant parfois pour permettre à leur tireuse de viser plus précisément les vaisseaux ennemis. L’adolescent était engagé dans une valse à quatre temps spatiale : esquiver, contre-attaquer, s’écarter, repartir, et recommencer jusqu’à trouver une ouverture qui lui permettrait de contourner leurs assaillants.

Face à ce feu nourri et soudain combiné avec l’étonnante maîtrise de la conduite du vaisseau, les esclavagistes thalassiens semblait difficilement donner le change. Peut-être que l’affirmation du maître jedi se vérifiait : confronté à une résistance qu’ils n’avaient pas prévu, les pirates se désolidarisaient, préférant sauver leur propre peau sans se préoccuper des autres membres de leur petite flotte. Typique de ce genre de charognards qui s’attaquaient à ceux qu’ils pensaient être des proies faciles et s’enfuyaient à la moindre résistance un peu appuyée.

Soudain, il vit une ouverture : c’était le moment ! Poussant les moteurs à fond, évitant un nouveau tir au passage, Yun fonça entre deux bâtiments adverses, et profita d’un temps de réaction assez long pour mettre ces pirates définitivement derrière eux. Ils avaient réussi. 

Poussant un soupir de soulagement, l’Epicanthix rouvrit les yeux, fermant son lien intense avec la Force afin de reprendre contact avec une réalité plus tangible. Cela dit, sa satisfaction fut de courte durée en entendant les premières paroles de Maître Don. L’ironie se mêlait à la contrariété, et Yun se sentit alors comme le dernier des imbéciles…

Tout à sa volonté de faire au mieux pour contourner les thalassiens, il n’avait en effet pas donné d’indications très claires de ce qu’il comptait faire, laissant à ses deux compagnons de voyage le soin de faire le lien. Evidemment, alors qu’il s’était plongé dans la Force, tout lui avait paru logique, mais en y réfléchissant… Bon sang, il se serait donné des claques. Paniqué et trop soucieux de bien faire, il avait réagi sans discernement, et surtout sans prendre en compte le fait qu’il avait des partenaires pour cette mission. Quel idiot…

Mais surtout, il le sentait dans ce ton de voix, Yun avait déçu Maître Don. Déjà, après si peu de temps, il faisait une erreur grossière alors que ce moment était censé déterminer sa fin de probation. Il avait en plus questionné le maître juste avant sur le bien-fondé de leur action. Il fallait croire que lui laisser les commandes d’un vaisseau le faisait accumuler les actions stupides. Sauf que le problème allait bien au-delà : décevoir celui qui avait accepté de lui faire confiance, malgré le qu’en dira-t-on… Une énième fois en quelques instants, l’ancien apprenti sith se morigéna silencieusement.

Cependant, il voulait tenter de s’expliquer, de s’excuser, aussi l’Epicanthix finit par dire piteusement :

« Je suis vraiment désolé, Maître Don… J’ai… J’ai réagi sans réfléchir, instinctivement. Je ne suis pas assez doué pour piloter en situation d’assaut… Alors j’ai pensé… Dans la Force, tout me semblait clair, mais j’aurais dû … »

Sentant qu’il s’embourbait encore plus, Yun finit par lâcher lamentablement un petit :

« Navré… Ça ne se reproduira plus, je vous le promets. »

S’affairant déjà à les rendre indétectables si les pirates envisageaient de les poursuivre, il hocha la tête suite à l’annonce du changement de trajectoire, et déclara d’une voix atone, épuisé par ce moment prolongé dans la Force aussi bien que par ces errements psychiques :

« Bien, Maître Don. »

Se penchant une énième fois sur la carte galactique, il fit quelques calculs très rapides et changea aussitôt de direction afin d’atteindre leur objectif selon les nouvelles données. Cela dit, il accueillit la question du maître avec joie : si on lui demandait d’émettre un avis, une suggestion, c’était qu’il n’avait pas tout raté non ?

Tout en manœuvrant le vaisseau prudemment, attentif à ne laisser aucune trace susceptible de facilité un éventuel pistage, le garçon déclara :

« Pas grand-chose, hélas, Maître. Ils sont originaires de Thalassia, qui est assez proche de Lorrd, quand j’y pense… Globalement, nous venons d’avoir un bon aperçu de leurs méthodes : s’attaquer aux vaisseaux isolés pour tenter de les aborder et de réduire leurs occupants en esclavage… Et les revendre au plus offrant. »

Au départ, il en avait entendu de manière simple : certains apprentis de l’Académie sith provenaient directement de ces raids. Une fois leur sensibilité à la Force détectée, leur envoi sur Korriban était immédiat… Et rapportait le double de la somme normale à leurs ravisseurs. Par la suite, il avait assisté au déchargement d’un convoi une fois, de futurs ouvriers pour les excavations sans cesse renouvelées des tombeaux de la Vallée des Seigneurs noirs.
Il ajouta, chassant ces sinistres souvenirs :

« De temps en temps, ils agissent comme mercenaires… Pour le compte de l’Empire, ou d’autres. Ce sont de bons harceleurs. »

Enfin, il conclut en hasardant une hypothèse :

« Pourquoi sont-ils là ? Eh bien, je dirais simplement qu’ils profitent de l’absence de contrôle militaire conséquent dans la région pour tenter de ramener leur butin habituel, après tout, ils ont l’habitude de se fournir dans la Bordure ou dans les territoires hutts… 

Et avec le passé de Lorrd, et le retrait de la République des territoires proches… Ils doivent trouver la cible alléchante. »

Ces informations étaient maigres, il en avait conscience, mais c’était tout ce qu’il avait à offrir pour le moment. Après deux minutes, il déclara finalement :

« Cela dit, si quelque chose me revient, je vous en ferais immédiatement part Maître Don. »

S’ensuivit alors un nouveau moment de navigation, Yun guidant le vaisseau en fonction de la nouvelle direction demandée. Pour se tenir éveillé, il décida après une intense réflexion de poser la question qui le titillait depuis l’embuscade.

« Pardonnez ma curiosité Maître Don, mais… Ce que vous avez fait durant l’attaque… Cette manière de joindre tous nos esprits en un… J’ai lu quelque chose là-dessus à la bibliothèque et je me demandais… Etait-ce une technique de Fusion mentale ? »

Les mystères de la Force avait fasciné Yun dès son arrivée sur Ondéron, et même, s’il fallait être honnête, lors de ces années sur Korriban à travers les miettes de savoir qu’il avait pu grappiller çà et là. Il avait lu un passage dans la bibliothèque du Temple sur cette technique jedi rare, et était réellement curieux de savoir s’il avait réellement témoin et sujet de son utilisation.

Enfin, Lorrd fut en vue.

« J’amorce la descente. »

Grâce à leur arrivée négociée au préalable comme l’avait souligné Maître Don, Yun put entrer sans encombre dans l’atmosphère de la planète, et commença à chercher un endroit tranquille pour atterrir, suivant toujours en cela les recommandations de l’aîné du groupe.

Après un moment, il aperçut soudain l’endroit parfait, au milieu de l’océan de glace qu’il avait déjà parcouru du regard : un pic rocheux enneigé avec à ses pieds un village. Si l’Epicanthix ne se trompait, il y avait de fortes chances pour que cet endroit soit plus que prometteur. Descendant toujours plus, il vit enfin ce qu’il avait supposé dès le départ : le pic était en réalité une montagne très abrupte, avec un amas de roches enneigées formant une caverne en contrebas.

Se positionnant correctement, Yun amorça enfin l’atterrissage tant attendue. En raison du sol gelé, l’arrivée fut quelque peu… brutale, et glissante, mais le garçon avait pris suffisamment d’élan pour encastrer à peu près correctement la navette dans la caverne visée.

D’une voix où perçait clairement sa fatigue après tous ces efforts, l’adolescent finit par dire après avoir coupé les machines :

« Nous sommes arrivés… »
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Toujours concentrer sur ses tires, Evengellyne sentit tout de même la présence de Maître Don dans la force. Heureuse de se sentir soutenue par le maître, elle afficha un magnifique sourire. La douceur et sérénité du maître l'invitait à reprendre le contrôle de son esprit. Cependant ce n'était pas aussi simple pour la jeune femme. Elle pouvait supporter bien des choses, sauf peut-être que l'on s'en prenne aux siens. Or c'est ce qu'avait justement fait les pirates. Tirer sur le vaisseau, perturbé le padawan pilote était une faute qu'elle ne pouvait tout simplement pas laisser passer. Si certains pensaient que les liens étaient une faiblesse en quelque sorte, pour Evengellyne s'était sa force. Elle se sentait capable de faire des miracle pour les autres. Le problème c'est qu'en se laissant trop submergé par ses sentiments, elle avait la fâcheuse tendance à agir un peu trop sans réfléchir ce qui le cas présent affectait sa perception sur ses tires. Et puis soudain elle sentit que le vaisseau avait accéléré. Yun avait réussit à se faufiler entre deux assaillant. Finissant de les tenir à distance et de les dissuader de les poursuivre, Evengellyne ralentit petit à petit ses tires. Ils se trouvèrent bientôt hors de porter des pirates et Evengellyne cessa.

Revenant lentement à la réalité, elle coupa son lien avec la force. Elle voulut se lever pour retourner à sa place, mais ses jambes refusèrent de la soulever. Avait-elle présumer de sa résistance ? Manifestement oui. Restant assise à sa place plus par contrainte que par volonté, elle tenta de ne perdre aucune miette de la conversation qui s'instaurait entre le padawan et son maître. La Zabrak en profita pour recouvrir un certain calme. Heureusement, elle avait cette capacité de redescendre rapidement après ses excès de colère. Respirant lentement, elle se concentra pour faire le vide dans son esprit. Sa bouche se déforma légèrement lorsqu'elle entendit le maître réprimer un peu son padawan. Bien évidement qu'il avait raison mais Evengellyne le trouvait quelque peu sévère. Après tout Yun effectuait l'une de ses premières si ce n'était sa première mission. Se coordonner était une chose que l'on apprenait avec le temps. Puis le principal était qu'ils soient toujours en vie et libre de leur mouvement.

Voilà la jeune femme soupira. Son intuition s'était réaliser. La réflexion de Maître Don avait mis à l'aise le pauvre padawan. Voilà qu'il tentait maladroitement de se faire pardonner. Sa malheureuse tentative amusa grandement la Zabrak qui étouffa un petit rire. Retrouvant finalement toutes ses forces, Evengellyne se leva enfin de sa place et se dirigea vers le cokpite pour retourner à sa place. Elle passa devant maître Don et vint à la hauteur de Yun. Elle regarda maître Don puis Yun et enfin reprit le fil de la conversation.

« Maître Don vous y êtes pas aller un peu fort. Voyez dans quel état vous nous l'avez mis. Votre pauvre padawaan n'arrivait plus à s'exprimer. »

Elle fit mine d'aller s'asseoir puis revint ébouriffer les cheveux de l'Epicantix avant de le prendre sobrement dans ses bras.

« Ne t'en fais tu t'en es très bien sortit. Puis nous sommes sain et saufs c'est le principal. Même si quelques petites explications auraient été les bienvenues. »

Puis la Zabrak finit par véritablement regagner sa place de copilote attitrée. Elle écouta ensuite les explications techniques du maître en silence. La Brune regarda son camarade se concentrer sur la carte pour les amener à bon port. Profitant du petit silence après les précisions sur les esclavagistes.

« Maître Don, vous comptez donc engager les négociations avec le gouvernement de Lorrd ? Si je suis votre raisonnement je me retrouverai responsable de votre padawan à un moment donné ? »

Elle allait poursuivre son questionnement lorsque les secousses de l'atterrissage la surpris. Elle agrippa légèrement son siège et lança un petit regard réprobateur au padawan. Heureusement que l'endroit était un peu isolé en quelque sorte. Evengellyne nota dans un coin de sa tête qu'au retour il serait plus judicieux que le maître prenne les commandes. Cependant, elle ne pouvait pas lui en vouloir longtemps. En effet l'endroit choisi était une montagne enneigée et particulièrement glissante ce qui rendait la manœuvre plus complexe. Finalement Yun annonça leur arrivée. La Zabrak se détacha et s'étira contente d'en avoir finit avec ce vol.

« Finalement tout s'est bien passé ! Je vais jeter un œil au alentour j'ai besoin de dégourdir mes jambes au plus vite. »

Accompagnant ses paroles, Evengellyne se leva et alla chercher quelques couches en plus pour se protéger du froid. Une fois bien couverte, elle ouvrit la porte du petit vaisseau et sortit. Se retrouvant sur la neige, elle ajusta ses cols et respira à pleins poumons l'air frais. Souriante, elle fit quelques pas pour amélioré sa vue sur ce qui s'étendait sous ses yeux.
Saï Don
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Le danger s’était évaporé derrière eux, permettant à chacun des Jedi de se questionner sur les instants surprenants qu’ils venaient de vivre. Sans surprise, l’Epicanthix avait pris à cœur le commentaire du vieil homme. Beaucoup à cœur. Son esprit avait beau être illisible, on devinait sans peine la confusion dans laquelle il était plongé. C’était la deuxième fois en présence de son nouveau Maître qu’il faisait la démonstration inconsciente d’un état émotionnel à fleur de peau. Pour le vieux Jedi, ce n’était pas à prendre à la légère : Yun apparaissait fragile sur ce plan-là, mais cela le rassurait aussi quelque peu d’avoir pris en main sa formation lui-même : si le Conseil avait attribué un Maître sceptique pour tester le jeune padawan, probablement l’aurait-il déstabilisé au point de le pousser à la faute. Il allait falloir du temps, beaucoup de temps avant que ne s’instaurent entre eux une confiance suffisante pour permettre à Yun de connaître une certaine stabilité émotionnelle dans leurs échanges. Mais lorsque l’on avait vécu huit décennies, le temps ne paraissait plus être un problème insurmontable.

Evengellyne, quant à elle, prenait la chose avec bonne humeur, dédramatisant la situation. Si les leçons du Maître étaient importantes, savoir les prendre avec distance était aussi primordial. Finalement, ils formaient ensemble équilibré de sagesse, de doute et d’enthousiasme. Le vieil homme soupira.

- Allons ! C’est en faisant des erreurs que l’on apprend.

Un autre jour, il leur raconterait la fois où, adolescent, il avait malencontreusement enfermé son propre Maître dans la soute malodorante d’un vaisseau transporteur de Bantha. Mais un autre jour. Quand Yun serait plus tranquille d’esprit, et qu’il pourrait être un peu plus philosophe… Et qu’Evengellyne ne risquerait pas de prendre ça pour une autorisation à faire les quatre cent coups !

Aujourd’hui, il valait mieux se concentrer sur l’instant présent. Cette histoire de pirates thalassiens l’intéressait au plus haut point, et c’était une chance que Yun pût les informer à ce sujet.

- Cela veut dire que nous risquons d’en rencontrer régulièrement… Ainsi que d’autres Jedi, si nous nous installons dans le coin. Et je ne doute pas qu’ils se privent de vendre l’information de nos allées et venues à prix d’or s’ils venaient à découvrir ce qui se passe.

Une augmentation des allées et venues inhabituelle ne manquerait pas d’être remarquée, dans tous les cas. L’Empire aurait tôt fait de s’y intéresser, ce qui n’arrangeait pas du tout leurs affaires.
Le vieil homme s’enfonça plus profondément dans son siège, caressant pensivement sa barbe.

- Ils représentent un risque considérable s’ils fréquentent beaucoup les abords de Lorrd, puisque nous serons irrémédiablement remarqués. Sauf si…

Il eut soudain un sourire satisfait.

- … Sauf si dans l’espace, nous nous faisons passer pour des pirates thalassiens nous-mêmes…

A chaque risque qui se présentait, un plan pour anticiper les problèmes devait être établi. Yun apprendrait progressivement cette gymnastique de l’esprit : en plus de préparer des plans de secours, cela gardait vif l’aptitude de l’esprit à trouver des solutions imaginatives et dans des délais très courts. Tout ce qui était nécessaire pour se tirer d’un mauvais pas, donc.

- Qu’en dis-tu, Yun ? Te paraît-il possible d’arborer leurs signes distinctifs et leurs modes de déplacement ? Cela permettrait même de déjouer l’attention de l’Empire s’ils se mettent à se balader dans les parages…

Pendant qu’ils discutaient et réfléchissaient, le vaisseau atterrit sans encombre. Ainsi Yun serait temporairement libéré de responsabilités stressantes au moins pour quelques heures, car venait ce qui serait le plus long et le plus intéressant à la fois selon le vieillard : l’exploration. Mais d’abord, il leur faudrait affronter le froid…

Evengellyne s’activa la première pendant que le vieil homme et son apprenti poursuivaient leur conversation. Yun était intéressé par la technique qu’il avait utilisée pour connecter leurs esprits quelques instants plus tôt. C’était une technique dont il ne faisait usage que très rarement, en réalité, car elle comportait un certain nombre de risques et qu’il ne souhaitait pas que les Jedi se reposent de trop sur des techniques facilitatrices. Tandis qu’il se levait pour aller remettre sa bure la plus chaude et sa nouvelle écharpe assortie, il reprit la parole :

- Bien vu, jeune homme. Il s’agissait en réalité d’une version allégée, assez instable, de la Fusion de Force. La vraie Fusion nécessite une volonté propre à chaque Jedi de s’unir aux autres, alimentant la connexion de sa propre énergie, ce qui la rend plus forte, plus stable et donc utilisable sur des durées un peu plus longues que les quelques minutes pendant lesquelles nous l’avons utilisée ici.

Evengellyne sortie, l’air glacé mais respirable des montagnes de Lorrd s’engouffrait dans le vaisseau, leur donnant un avant-goût de ce qui les attendait dehors.

- Mais nous n’avions pas besoin d’une Fusion complète, tout à l’heure, seulement d’une connexion temporaire pour nous coordonner plus justement… Aussi n’avais-je pas besoin de votre énergie. Mais comme tu le sais peut-être, c’est une technique que l’on n’enseigne pas aux padawan à cause des risques qu’elle comporte. Pour ces mêmes raisons, tu verras que je ne l’utilise que très peu… Allez, il est l’heure de prendre l’air, je parie que nous aurons tout le temps de discuter en marchant !

Et quelle marche les attendait ! Le paysage qui s’offrit à leurs yeux lorsqu’ils posèrent le pied dans la neige était d’une magnificence à couper le souffle. Il régnait un silence effarant sur des montagnes enneigées colossales. D’ici, les minuscules créatures qu’ils étaient avaient l’impression d’être des insectes dans un océan blanc et sauvage.
Le vieil homme inspira longuement l’air frais, revigorant. Ils allaient devoir bouger s’ils ne voulaient pas voir leurs orteils se pétrifier. Il se tourna vers Evengellyne, à quelques mètres de là.

- Satisfaits de votre destination de vacances ? Alors en route !

Quand la passerelle du vaisseau se fut refermée hermétiquement et qu’il n’émit plus aucune lumière ni aucun signal de présence, le vieux Maître emboîta le pas de ses deux équipiers en direction du col le plus proche, celui qui devait donner accès à de solides grottes, si l’on en croyait l’étude topographique préalable qu’avait conduite une équipe de Chevaliers du Temple…
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En sortant à la suite de son maître, Yun fut frappé par une rafale de vent glaciale. Sous ses yeux, les landes neigeuses s’étendaient à perte de vue, et le garçon cligna des yeux sous l’effet de la réverbération particulièrement forte. Puis il se déplaça vers le côté de leur navette et passa sa main sur la carlingue de leur vaisseau à présent à l’arrêt. Silencieusement, il réfléchissait à la question que Maître Don lui avait posée un peu plus tôt.

Leur navette était de facture classique, petite, mais sans signe particulier. Donc, peut-être qu’avec de la peinture spécialisée, ils pourraient camoufler l’engin oui. Mais cela ne serait pas suffisant. Au bout d’un moment, le garçon rejoignit l’humain et la zabrak qui avaient déjà pris de l’avance, comptant sur son allonge considérable, ses grandes jambes le portant rapidement à leur hauteur et il finit par dire :

« Si nous peignions sur l’extérieur des vaisseaux le signe des pirates, une sorte d’ovale noire stylisée, peut-être que ce serait un début. Mais il faudrait sans doute prendre des navettes plus grandes que celle-là, pour simuler un transporteur d’esclaves… »

Le dernier mot lui arracha la bouche, mais c’était hélas la stricte vérité. Plus que des pirates, les thalassiens étaient avant tout des esclavagistes sans merci, qui vendaient le fruit de leur odieux trafic à qui voulait bien en faire commerce, comblant notamment les besoins en main d’œuvres des siths, et sans doute du nouvel Empire.

« Peut-être que les autorités locales ont dérobées des codes, des navettes pirates ? Ce serait une assurance supplémentaire de pouvoir les utiliser. »

Après tout, en voyant des supposés confrères, un trafiquant intelligent pourrait très bien à chercher à entrer en communication avec eux et alors, la couverture ne tiendrait pas bien longtemps. Sans compter que voir toutes ces fausses navettes se poser risquait d’alerter le gouvernement de la planète, aussi Yun suggérait implicitement de les mettre au courant, pensant que son maître comprendrait aisément le sous-entendu impliqué.

Après cela, il se tut et continua à marcher en silence sous la bise glacée de ce monde perdu aux confins de l’espace encore libre de la férule sith. La proximité avec son ancien monde le rendait légèrement nerveux, mais il faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître, attentif à ne pas imposer une cadence trop élevée à ses deux comparses.

Rapidement, la pente se fit plus abrupte, le chemin plus escarpé, difficile à escalader, le froid plus mordant. Les cheveux balayés par le vent, dévoilant au passage sa discrète natte de padawan, Yun continuait à progresser, aidant parfois d’une main secourable son maître ou le Chevalier Belluma en cas de difficulté. Lui-même ne sentait pas la fatigue pour le moment, aidé par sa carrure et son endurance largement supérieure à la moyenne.

Alors que l’ascension du col se poursuivait, et que l’espace pour marcher se rétrécissait, un bruit sourd parvint aux oreilles du jeune homme, qui releva la tête… Juste pour crier d’une voix de stentor :

« Un éboulement ! A terre ! »

De ses deux mains puissantes, il poussa Evengellyne et Sai par terre, les recouvrant de sa masse non négligeable, mais aussi à cet instant protectrice. Il se releva après quelques minutes et épousseta son lourd manteau, silencieux, ayant agi rapidement et à l’instinct, et ne sachant trop que dire après cela.

Enfin, après ce qui lui parut une éternité, Yun vit enfin une ouverture dans la paroi rocheuse : une grotte sans doute, en partie obstruée par un rocher. S’arc-boutant, l’épicanthix banda ses muscles saillants, et poussa sur la masse rocheuse de toutes ces forces et de tout son poids, faisant pression sur la pierre pour la faire glisser et libérer le passage. Suant à grosses gouttes, la mâchoire contractée sous l’effort, le garçon resta quelques minutes dans une sorte de bras de fer silencieux avec cette nature revêche, et enfin, après une ultime poussée, et un grognement de douleur lâché, la pierre céda, et le passage s’ouvrit enfin à sa vue.

Devant eux s’étendait une cavité qui semblait partir en un boyau étroit dans les entrailles de la montagne, quelques stalactites et autres stalagmites agrémentant les lieux. Mais pour le moment, vidé par son effort précédent, Yun se contenta de se laisser glisser contre la paroi, reprenant lentement sa respiration et siffla sur un ton pince-sans-rire :

« Je crois que notre hôtel est avancé, Maître. »

Contrairement à ce que les apparences auraient pu laisser penser, le colosse n’était pas complètement dénué d’humour. Ce dernier était simplement à son image : tranchant, un peu brut de décoffrage, souvent non dénué d’ironie. Il en faisait simplement très rarement usage, mais avait eu besoin de dire quelque chose après ce long moment passé sans desserrer les dents, sauf pour avertir d’un danger imminent.

Il ajouta cependant :

« Nous pourrions passer la nuit ici, au moins nous serons à l’abri. »

A l’extérieur, le vent grondait de plus en plus fort, et Yun craignait qu’une tempête ne soit en préparation, et il préférait de loin éviter de se retrouver à sa merci, sans compter qu’il était à présent un peu fatigué par la marche et le reste des efforts effectués, ses muscles le tiraillant légèrement.

Il tourna son regard gris vers ses deux compagnons, attendant leur avis tout en se ressourçant dans la fraîcheur agréable et presque tempérée de la grotte.
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La Zabrak contemplait les lieux. Ces étendues enneigées lui rappelaient sa planète, là où elle avait grand avec sa mère. L'ordre avait beau dire de ne pas garder de contact avec les siens, Eve en était bien incapable. Elle ne pouvait briser ce lien si particulier. Elle avait passé des jours heureux avec ses parents et puis elle était arrivée au temple un peu plus vieille que les autres. C'était peut-être pour cela qu'elle ne voulait pas faire une croix sur son passé, sur tout ce qui s'était passé avant sa vie au temple. Ou alors c'était dans sa façon de voir les choses. Pour la jeune femme, tout le monde à un passé, vouloir l'effacé c'était comme tué l'être que l'on avait été, c'était anéantir une part de soi-même en quelque sorte. Et cela, elle ne pouvait le faire, c'était impensable, inimaginable. Le maître Jedi sortit finalement et après un petit moment il vint à la hauteur de la jeune femme, lui demandant si elle aimait la destination. Evengellyne fit un grand sourire.

« Elle est tout simplement parfaite. J'ai l'impression de retomber en enfance. »

Elle avait presque chuchoté sa dernière phrase comme une confidence. Le maître du Conseil ne lui en tiendrait sûrement pas trop rigueur de penser à sa vie d'avant. Du moins elle l'espérait. Ils furent ensuite rejoins par Yun et ils entreprirent de se diriger vers le col qui devait abriter des grottes. En entendant le terme d'esclave, la Zabrak grimaça. Elle savait bien que cela existait mais si près de la république, cela la désolait profondément. Quand la race des êtres vivants intelligents cessera donc de s'exploiter elle-même de la sorte ? Mais le simple fait que le jeune Yun ne poursuive pas sa réflexion, stoppa celle de la Zabrak. La pente se faisait plus raide et ils devaient se concentrer. De temps à autre, le padawan les aidait et la jeune femme lui offrait un petit sourire. En tant que Zabrak elle était assez résistante au mal, mais il fallait reconnaître que sa petite taille n'était pas à son avantage. La neige faisait un petit bruit sous leur pas. Evengellyne aimait se petit son significatif. Mais beaucoup moins celui de la voix de Yun lorsqu'il se mit à crier avant de les plaquer au sol, elle et maître Don comme des crêpes. Puis le garçon se releva et les laissa à nouveau respirer. Le souffle un peu coupé par la soudaineté de l'action, Evengellyne se releva et le fixa avec une regard dur qui semblait vouloir dire « Ne refais jamais ça ! ». Le choc passé, elle retira la neige de ses vêtements et se rapprocha du jeune padawan.

« Tu n'as rien ça va ? C'était gentil de ta part mais fait attention à toi tous de même. »

Des paroles beaucoup plus douce que son regard, voilà ce qu'elle lui offrit. Puis ils reprirent leur marche. Ils finirent par arriver devant ce qui semblait être une grotte. Son entrée était partiellement bloquée et Yun entreprit de faire céder la roche. Un combat contre mère nature commença et Evengellyne eut tôt fait de vouloir lui donner un petit coup de pouce avec la force et la télékinésie. Elle voulait ainsi ajouté du poids au garçon pour qu'il ne s'épuise pas de trop. Finalement, elle n'eut pas besoins de le faire et la pierre bougea laissant entre voir l'intérieur de l'espace qu'elle renfermait. Ils entrèrent et rapidement Yun se laissa glisser le long de la paroi. Ni une ni deux, Evengellyne alla le rejoindre et passa une main experte devant lui se laissant guider par la Force. Elle ne faisait peut-être plus parti du Medcorps mais elle n'avait rien oublier de ses années de formations. Elle eut un petit rire pour accompagner la remarque du padawan.

« Et moi je crois qu'il serait temps de se reposer. Tu veux bien faire, mais tu te fatigue à force, jeune padawan. Alors ne bouge pas et laisse-moi t'arranger un peu. »

La jeune femme se concentra et à l'aide de la Force entreprit de calmer les flux du corps du garçon. La fatigue était due à l'effort physique mais aussi mental. Calmer l'esprit, détendre les muscles crispés, c'était l'une des premières choses que l'on apprenait lorsque l'on commençait un tel apprentissage. Bien évidement que l'opération coûtait de l'énergie, mais avec l'expérience elle diminuait considérablement. Evengellyne mettrait peu de temps à retrouver ses entières capacités. Le padawan aurait sûrement encore les muscles qui le tiraille mais le but était que cela lui passe rapidement.

Le temps passa et Evengellyne s'écarta du jeune garçon. Elle l'observa un instant et puis reporta son attention sur la grotte et ses alentours. Dormir ici, ce n'était pas une mauvaise idée. Elle ne connaissait pas bien le climat de Lorrd mais s'il était semblable à celui de Nelvaan, ils devaient craindre des tempêtes de neiges imprévisible. Progresser dans la nuit serait alors dangereux. Le bruit sourd du vent commença à se faire entendre. Mauvais présage qui s'annonçait, ils ne devaient pas sortir pas tout de suite.

« Le vent se lève, une tempête est à prévoir. Je vais me poster à l'entrée de la grotte et surveiller tout ça. Au besoins il faudra condamner temporairement ce lieu si elle s'avère aussi violente que certaines présentes sur Nelvaan. »

Sur ces quelques mots, ne leur laissant pas le temps de contredire son choix, la jeune femme alla s'asseoir à l'entrée de la grotte. Là, en lotus, elle fixa ses yeux gris sur l'étendu blanche qui s’étalait devant elle. Sans même les regarder, elle lança encore quelques mots.

« Reposez-vous bien. Je suggère qu'on en s'attarde pas ici et qu'on reprenne le plus tôt possible demain. Qu'en pensez-vous maître ? »
Saï Don
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Leurs pas traçaient dans la neige de longs sillons dans le paysage blanc édenté de pics rocheux. Le ciel gris ne laissait entrevoir aucun passage aérien. Le vieil homme s’interrogeait sur l’opportunité de rester dissimulé grâce au temps capricieux de Lorrd. Pourtant, à leur arrivée, le ciel avait été d’un bleu magnifique, mais rapidement, au cours de leur progression, il s’était couvert de nuages bas, assombrissant le jour. Bientôt, la neige se mit à tomber, les enveloppant d’un silence plus épais encore et effaçant leurs traces. Il fallait espérer que les chutes de neige n’ensevelissent pas de trop leur appareil pour qu’il soit utilisable à leur retour… Dans combien de temps ? Tout dépendrait de leur chance dans leurs recherches.

- Oui, voilà une bonne idée Yun, nous coopérerons avec les autorités locales. Quant à la taille des vaisseaux, si nous devons amener ici des matériaux et du personnel, nous devrons nécessairement faire venir des vaisseaux plus grands. Avec l’aide du gouvernement, je pense que nous pourrons bel et bien masquer cela en transport d’esclaves…

Sa voix ne portait que peu dans cet univers recouvert de neige, qui insonorisait naturellement l’espace tout autour d’eux. La neige se faisait peu à peu plus violente, leur fouettant désagréablement le visage tandis qu’ils disparaissaient tous les trois sous leurs couches de vêtements. Seul leur mouvement régulier et les volutes de vapeur qui s’échappaient de leur bouche les démarquaient dans ce paysage de plus en plus opaque.

La conversation entre les trois acolytes s’épuisa vite lorsque les efforts à fournir durent être plus intensifs. Le chemin s’étrécit progressivement et le vieil homme tâchait de ne pas perdre le rythme des foulées des jeunes gens devant lui. Parfois, son nouvel élève l’aidait d’une main secourable, car leur marche se transformait de plus en plus en escalade où ils risquaient de plus en plus de glisser. Pourtant, ils atteindraient bientôt le sommet du col, où Saï espérait qu’ils puissent prendre quelques instants pour se reposer, si le temps leur en laissait le loisir.
Mais subitement, un bruit sourd gronda en amont, et le vieil homme n’eut que le temps d’ouvrir la bouche avant que son padawan n’intervînt. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il se retrouva couché à terre, compressé entre Evengellyne et Yun le temps d’une longue minute où la poussière et le brouillard les enveloppa dans un fracas de roches et de rocailles dévalant follement vers la vallée. Ils restèrent silencieux, gauchement, allongés, protégés par le grand gaillard qu’était l’Epicanthix. Lorsque le silence fut enfin revenu, le padawan les libéra tous les deux, et le vieil homme gémit en se relevant. Il s’épousseta les genoux avec un soupir, simple signe extérieur de la fatigue qu’il ressentait. Ce pauvre corps prenait les coups beaucoup plus durement qu’auparavant. La Force avait beau le doter d’une grande énergie, ses articulations accusaient les chocs et plus de temps qu’avait lui était nécessaire pour se remettre de ses blessures. Toutefois, si Yun n’avait pas été là, il aurait dû s’épuiser à utiliser la Force pour se protéger. Or, leur épopée serait peut-être longue, il était nécessaire de sauvegarder cette énergie pour plus tard…

- Merci mon garçon, fit-il lorsqu’il fut prêt à reprendre la marche, le gratifiant d’une pression sur le bras avant de se remettre à marcher.

Quelques mètres au-dessus d’eux, enfin, ils découvrirent l’entrée d’une caverne, et Yun joua de nouveau de ses muscles pour libérer l’entrée de leur futur campement pour la nuit. Ce serait certes frugal, mais cela ferait l’affaire. Leurs paquetages comportaient quelques provisions, et les Jedi étaient habitués à dormir dans des conditions peu agréables.

- Vous avez raison, approuva le vieillard en entrant lui-même dans la caverne.

Par endroits, il devait se baisser pour que son crâne ne se heurte pas à la paroi humide et inégale qui leur servirait de toit. Dehors, les bourrasques semblaient s’amplifier à chaque instant. Tandis qu’Evengellyne apaisait le jeune homme, Maître Don s’enfonça prudemment. La caverne se transformait progressivement en un long couloir étroit. Le vieil homme fronça les sourcils avant de se retourner vers ses deux acolytes.

- J’ai bien peur que nous ne puissions pas nous reposer tout de suite,
chuchota-t-il. Nous ne sommes pas seuls…

Le vieil homme attrapa son sabre-laser à la ceinture, mais sans l’allumer. Fermant les yeux pour mieux faire usage de la Force, il projeta celle-ci autour de lui pour mieux déceler ce qui avait éveillé ses sens. Ce n’était pas une forme de vie intelligente. C’était un individu isolé d’une espèce animale… Eveillé, et qui se dirigeait vers eux. Probablement l’éboulement l’avait-il éveillé.

Maître Don rouvrit les yeux et fit signe aux deux autres de le rejoindre et de se tenir prêt. Pendant quelques minutes, seul le silence répondit à leur attente. Puis des bruissements, des pierres crissant sous un poids considérable, et le souffle rauque d’une créature… A cet instant, le vieil homme se concentra pour établir entre eux et la créature qui approchait un bouclier de Force qui les protégerait partiellement tous les trois.

Lorsque l’un des sabres du trio fut allumé, il illumina une énorme bête couverte de fourrure sombre et dotée d’une tête reptilienne. La gueule de la créature s’ouvrit grandement en les toisant, dévoilant trois rangées de dents affûtées.

- Un gorgodon ! laissa échapper Maître Don, glacé par la surprise.

Il alluma à son tour son propre sabre qui projeta sur les parois grises une lueur verte. S’il était seul, il le maîtriserait. S’il n’était que la sentinelle d’une meute, alors il faudrait considérer la possibilité de devoir battre en retraite…
La créature ne leur laissa guère le temps d’y réfléchir davantage. Avec un grondement guttural, elle s’élança en avant, ses griffes noires crissant et dérapant avec stridence sur le sol rocheux.
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En sentant l’énergie bienfaisante passer du Chevalier Belluma à lui-même, Yun ne put retenir un léger soupir d’aise, appréciant la chaleur douce qui se répandait dans ses membres, ces derniers commençant à arrêter de le lancer au bout de quelques minutes de ce traitement. La science curative des jedis était vraiment fascinante, et le garçon ne s’était jamais lassé d’observer les guérisseurs de l’Ordre œuvrer au Centre médical, certains ayant pris comme un défi à leurs capacités de lui rendre une partie de sa motricité faciale. Pour le moment, leurs efforts s’étaient avérés globalement vains, mais leurs soins permettaient au colosse de ne plus sentir de douleurs au niveau de son visage, ce qui constituait déjà une avancée significative par rapport à son existence jusqu’à présent.

Ne relevant pas la remarque presque maternelle que la zabrak lui avait lancé, car elle n’avait fondamentalement pas tort, le gaillard se contenta de souffler doucement, une fois sa respiration reprise et ses muscles enfin détendus :

« Merci. »

Il n’y avait pas besoin de s’épancher davantage, et Yun n’était pas le genre de personne à être dans une profusion de grands sentiments. Un simple mot suffisait souvent, à ses yeux, à décrire son état intérieur, et d’ailleurs, selon lui, conserver ainsi la substantifique moelle de sa pensée lui donnait plus de poids. Relevant la tête, il finit par l’interroger, laissant sa soif de connaissances l’emporter :

« Votre technique est très efficace, Chevalier. Je me demandais… Comment fonctionne-t-elle ? »

Cependant, ce petit moment de questionnements fut bientôt interrompu par Maître Don, qui s’était légèrement éloigné pour avancer vers le fond de la caverne… Et son assertion ne manqua pas d’inquiéter Yun. Que pouvait bien receler les profondeurs de cette montagne ? D’autres voyageurs fourbus ? Peu probable. Des individus peu recommandables en quête d’une cachette sûre ? Déjà plus logique. Une créature locale guère enthousiaste à l’idée de partager son logis avec trois envahisseurs non désirés ? Complètement plausible.

Relevant aussi vite que possible son imposante carcasse, Yun grimaça en sentant son corps le tirailler, mais il n’était plus temps de s’en soucier. Il devait soutenir son maître et le Chevalier Belluma du mieux qu’il pouvait. Endurci par des années de souffrance, le garçon était dur au mal, aussi il serra les dents et prit plusieurs respirations profondes pour focaliser son attention sur ce qui allait bientôt apparaître sous ses yeux, profitant de ces ultimes secondes de répit.
La grotte résonna bientôt du bruit d’une respiration profonde, animale, et surtout de l’écho d’une masse considérable se déplaçant. Manifestement, la troisième hypothèse se confirmait. Et Yun avait l’intuition que leur hôte était un prédateur, et non un passif herbivore occupé à chercher tranquillement de la nourriture. Dans ce cas, la bête aurait sans doute pris peur ou n’aurait pas bougé de son abri. Fort de cette présomption, il porta la main à sa ceinture et empoigna son sabre, puis l’activa. Une lueur rouge éclaira alors brièvement l’endroit, colorant les murs d’une pigmentation sanglante.

Si son maître était évidemment au courant de cette possession pour le moins particulière, l’épicanthix ne savait pas si c’était le cas de la zabrak complétant leur trio d’explorateurs. Il savait que cette lame carmin avait tendance à engendrer la méfiance chez ses pairs jedis, voir à réveiller pour certains des souvenirs douloureux. Mais il n’avait pas d’autre arme, et portait ce symbole de sa déchéance puis de sa renaissance comme la preuve du fardeau qui pesait sur ses épaules et qu’il devait surmonter : le poids de son passé, et de ses fautes.

Cependant, il n’avait pas le temps de se soucier des états d’âmes éventuels d’Evengellyne, aussi le padawan darda son regard vers le bout du boyau… Pour sentir son sang se glacer dans ses veines à la vue monstrueuse qui s’offrit soudain à lui. Deux mètres cinquante de muscles et de cuir reptilien progressait jusqu’à eux, la bave aux lèvres, la gueule de la créature dévoilant trois rangées de crocs acérés. Il fallait rajouter à cette vision infernale des bras terminés par d’imposantes mains aussi grandes que des battoirs, ornées de griffes à la longueur plus que respectable, le corps étant recouvert d’une mixture de poils drus et de cuir. Un gorgodon donc, comme venait de le révéler Maître Don, et qui semblait désireux de les réduire en miettes pour avoir osé pénétrer dans son antre.

Les hostilités démarrèrent tambour battant, par une charge étonnamment rapide de la créature qui se heurta de plein fouet à une barrière invisible créé par le maître jedi, ce qui ne fit que décupler sa rage, le monstre se mettant pilonner les airs de ses deux bras interminables, décrivant des cercles suffisamment importants pour obliger Yun, qui se tenait sur le côté, à s’éloigner rapidement pour ne pas faire se faire trancher par les griffes acérées qui déchiraient l’espace.

Profitant de ce bref répit avant que le bouclier ne cède, le garçon se concentra pour imiter son aîné et apposer une protection sur sa propre personne. S’immergeant dans la Force, il appela le calme intérieur, la résolution qui l’habitait pour puiser dans le côté lumineux, et commença à œuvrer pour tisser une défense certes moins élaborée que celle de Maître Don, mais qui le protégerait un peu des chocs à venir. Et enfin, après plusieurs seconds d’efforts qui lui parurent une éternité, le Bouclier de Force se déploya autour de lui. Il était fin prêt.

La barrière céda alors, et le gorgodon poussa un rugissement de fureur avant de se ruer vers le trio, dans une charge rageuse, tout croc et griffe dehors. Yun roula sur la gauche pour se mettre hors de la portée de la créature, ne sachant pas ce qu’il était advenu des deux autres, et se releva après une roulade maladroite, mais qui avait eu l’effet souhaité, à savoir le préserver des attaques de leur assaillant.

Yun se rendit alors compte qu’il était sur le flanc du monstre, et donc en dehors de son champ de vision. Voilà qui était une ouverture intéressante, surtout qu’étant aux prises avec les deux autres, la bête ne pouvait couvrir une défense à trois cent soixante degrés. Empoignant la garde de son sabre à deux mains, l’épicanthix s’élança, et abattit avec violence sa lame entre les côtes du gorgodon, y mettant toute sa force, tout son poids, la fatigue envolée avec l’adrénaline du combat.

Cependant, le cuir et les poils dévièrent en partie l’impact de sa frappe, qui entama la chair sans véritablement la pénétrer trop profondément. La créature rugit de douleur face à cette attaque imprévue, et balança son bras en arrière dans un mouvement de balayage, qui manqua le garçon d’un cheveu, ce dernier s’étant reculé à temps, et il profita de l’ouverture pour asséner un nouveau coup, en visant cette masse musculeuse qui revenait vers le gorgodon. A nouveau il érafla le prédateur, cette fois au bras gauche, attisant un peu plus sa fureur.
Toutes narines en avant, la créature tourna sa face hideuse vers le padawan, et commença à effectuer des mouvements de tenailles avec ses pattes monstrueuses, du sang gouttant de sa blessure et colorant le sol d’une teinte rougeâtre, qui faisait écho à la lame écarlate de Yun. Ce dernier essayait de reculer et d’éviter les assauts du mieux qu’il pouvait, bloquant quelques fois les griffes acérées qui tentaient de le saisir aves son sabre.

Mais cette danse ne pouvait pas durer, et la bête, avec un ultime grognement vicieux, finit par l’acculer contre le mur. Le dos contre la paroi calcaire, la tête dangereusement proche d’une stalactite, la sueur dégoulinant sur son front, l’épicanthix se sentait pris au piège. Et les deux membres difformes se refermèrent sur lui. Par pur réflexe, Yun plongea au sol sur sa droite, mais son mouvement ne fut pas suffisamment rapide pour éviter les griffes de la bête, qui déchirèrent son manteau et sa tunique de jedi, pour fouailler dans sa chair.

Malgré la douleur aveuglante, dans un ultime effort, l’épicanthix roula encore une fois sur le côté, une seule idée obscurcissant son esprit embrumé par la souffrance : se mettre hors de portée du gorgodon, qui s’était vengé en lui infligeant la même blessure que celle qu’il lui avait causée en chargeant la première fois. La seule différence était que la sienne était plus profonde, même si les couches de vêtements avaient amorti le choc. Sinon nul doute qu’il aurait frôlé la mort de peu.

Manifestement, l’un de ses comparses était venu à son secours, car la créature ne poursuivit pas sa charge. Lentement, Yun porta sa main à son côté, pour la voir enduite d’un liquide poisseux, à l’odeur âcre, qu’il reconnut aisément : du sang.

Pantelant, il essaya de se relever, en s’agrippant à la paroi rocheuse pour tenter de se soulever, les jambes flageolantes, incapable de poursuivre l’affrontement pour le moment.
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La Zabrak avait souri aux remerciement du jeune homme et s'était mise un peu à l'écart. Il lui demanda ensuite comment l'art de la guérison fonctionnait. La jeune femme eut un large sourire, heureuse de savoir que ce dont donner par la Force pouvait intéresser le nouveau Padawan de Maître Don.

« Et bien, en réalité même si cela à l'air assez simple... »

Evengellyne finit pas sa phrase. Le Maître Jedi qui était partit explorer les entrailles de la caverne était revenu un peu trop tôt au goût de la Jedi pour que cela soit sans danger pour eux tous. Aux paroles chuchotées de Maître Don, Evengellyne se leva lentement. Elle ne fit pas de bruit et laissa la Force l'envahir pour déceler ce qui avait valu au mettre de tenir de tels propos. Ses sens en éveils, elle rejoignit ses deux compagnons et sonda la caverne. Un animal, c'était un animal qui venait vers eux et au vu de ce qu'elle ressentait il ne semblait pas franchement d'accord pour qu'ils squattent son chez lui.

Le silence qui entourait les trois Jedi se brisa. Les bruits de pas de la bête se rapprochèrent. Evengellyne frissonna instinctivement. Elle n'aimait pas cela. Yun alluma presque immédiatement son sabre. Il vint éclairé la grotte de sa couleur rouge sang. La jedi glissa un regard dans sa direction. Elle avait beau savoir le passé du nouvel élève de Maître Don, voir son sabre rouge, témoin de son ancienne appartenance aux sith lui fit quelque chose. En même temps, elle était fière de voir qu'elle avait raison de croire que ces apprentis sith pouvaient changer lorsqu'ils le désiraient vraiment. Yun en était la plus belle preuve et la Zabrak lui offrit un sourire qui lui montrait toute la confiance qu'elle lui accordait. Mais une grimace vint bientôt poindre sur ses lèvres lorsqu'elle constata que le garçon souffrait encore. Elle n'avait pas pu utiliser sa guérison comme elle l'avait souhaité. Non seulement elle ne maîtrisait pas cet art comme Cannelle, mais hélas elle devait aussi préserver ses propres forces. Et elle avait eu raison de le faire en un sens. Maître Don suivit le mouvement de son Padawan et alluma lui aussi son sabre. Seule la Zabrak ne saisit pas le sien. Elle préférait vraiment connaître l'espèce de la bête avant d'agir. Les deux lames rouge et verte éclairèrent l'animal. Un Gorgodon. Le Gorgodon est un animal appartenant aux reptiles. Il a une peau de cuir recouverte d'un poil dru, des dents acérées sur trois rangées et des pattes griffues tout aussi dangereuse que ses dents. Rapidement le Maître Jedi commença à mettre en place un bouclier de force. Evengellyne, elle scrutait la bête à la recherche du moindre petits détails. Elle avait fait des recherches sur la faune des différentes planètes et commençait un entraînement long et périlleux sur l'étude et l’apprentissage de leurs moyens de communication. L'animal ne les laissa pas longtemps tergiverser. Il se mit à les charger. Heureusement pour eux le bouclier de Force de Maître Don résista un certain temps aux griffes du Gorgodon. Ce dernier balançait ses pattes dans l'espoir vain, pour le moment de les atteindre. Yun en profita pour se créer un bouclier quoi que sommaire autour de lui. Evengellyne, elle se mit à l'écart et se tint prête à se reculer où à se pousser au moment où le bouclier du maître céderait.

Ce qui devait arriver, arriva. Le bouclier finit par voler en éclats et Evengellyne sauta sur le côté par réflexe pour éviter les griffes du Gorgodon. Un court instant elle regarda autour d'elle pour voir où étaient ses deux compagnons. Par elle ne c'est qu'elle miracle, ou malheur, le jeune Padawan se retrouva sur le flanc de l'animal. C'était un bon point. Placé là où il était, il se trouvait en dehors de son champ de vision et par conséquent à l'abri de ses attaques. Alors qu'Evengellyne tentait d'occuper l'animal sans pour autant lui porter un seul coup, elle vit la lame rouge s’abattre entre ses côtes. Elle n'eut pas le temps de crier un « NON ! » monumental que déjà le prédateur furieux de s’être fait blesser s'en prenait avec rage au Padawan. Un geste malheureux, voilà ce qu'avait fait Yun. Un prédateur blessé est encore plus dangereux qu'en possession de tous ses moyens. Une seconde blessure vint éveiller encore plus la rage du Gorgodon qui désormais ne lâcherait plus le garçon avant de l'avoir réduit en bouilli. À moins qu'ils ne parviennent elle et Maître Don à l'en empêcher. Yun reculait de plus en plus. Evengellyne et le maître devait faire quelque chose. Dans peu de temps il serait acculé contre la paroi de la grotte. Une stalagmite vint lui rappeler sa présence.

« Attention ! » cria la Jedi.

Elle ne sut si le jeune garçon plongea sur le côté un peu avant de l'avoir entendu ou un peu après. Quoi qu'il en soit, il réussi à éviter une blessure trop importante. Vieux réflexe stupides, Evengellyne s'était précipitée vers le Padawan alors que celui-ci roulait une deuxième fois pour se mettre définitivement hors de porter du prédateur. Rapidement, elle avait allumer son sabre et pointer sa lame bleu en direction de l'animal. Ce dernier recula d'abord semblant se très bien se rappeler de l'effet qu'il pouvait avoir su sa chair. D'un regard sûr, elle examina a distance l'ampleur des dégâts. La blessure était profonde mais assez nette par chance. Du coin de l’œil elle observa le Gorgodon. Il ne bougeait plus et semblait ne plus vouloir attaquer pour le moment. C'était comme si blesser le Padawan l'avait satisfait. Mais ses yeux reptiliens ne trompaient pas la jeune femme. Il ne s'arrêterait pas là. Il jouait avec eux, comme les félins le font avec leurs proies. Elle s'approcha du Padawan qui se relevait péniblement. Levant les yeux en direction de Maître Don, Evengellyne appliqua quelques soins à Yun pour au moins empêcher que le sang ne coule de trop.

« Je vous laisse vous occupez de votre Padawan, Maître Don. Je vais tenter de calmer ce Gorgodon. »

Elle se dirigea alors vers le Gorgodon et après avoir tendu son sabre, elle l'éteignit comme pour lui signifier qu'elle ne voulait pas se battre. Elle s'approcha doucement, fixant ses yeux de reptile. Sa respiration était lente et calme. Elle le regardait avec douceur pour lui signifier qu'elle ne lui ferait pas de mal. L'animal la fixa et un court instant, Evengellyne se mit à douter. Il n'en fallut pas plus pour que la bête se remette à lancer ses griffes dans tous les sens. La Jedi les évita de peu. Bien, elle devait chasser tous doutes de ses pensées, le Gorgodon le sentait. Elle devait se placer devant lui, sereine, pas effrayée. Petit à petit, la bête cessa de faire mouvement brusques. Un bruit sourd sorti de la bouche de la jeune femme et le Gorgodon tourna la tête sur le côté. Étrange communication, mais cela semblait marcher. La zabrak réitéra à plusieurs reprises tout en s'approchant lentement.

« Bien il est plus calme. Si nous ne tentons pas de l'attaquer, il ne devrait plus s'en prendre à nous. »

Un bref examen lui apprit qu'il s'agissait probablement d'un mâle.

« Nous sommes sur son territoire. Si nous ne faisons pas de geste susceptibles de lui faire comprendre que nous le défions, tout devrait bien se passer. »

Comme pour appuyer ses mots, Evengellyne alla s’asseoir à proximité de l'animal. Elle gardait tout de même un œil sur lui. Lorsqu'il semblait à nouveau s'exciter, elle reproduisait ce même bruit sourd.
Saï Don
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Les éclats rouges et verts des sabres lasers illuminaient la caverne d’une manière surréaliste tandis que les trois Jedi faisaient face à la bête immonde. Rien en elle n’inspirait la compassion ni la sérénité, et le vieil homme et son padawan étaient prêts à défendre chèrement leur vie. Les deux coéquipiers de Saï s’étaient écartés : l’Epicanthix plongeait à gauche tandis qu’Evegenllyne prenait du recul. Le vieil homme tint sa position, une main tenant son sabre tandis que l’autre, la droite, exposait sa paume vers le gorgodon afin de maintenir autant que possible le bouclier de Force. La bête était si déchaînée qu’il ne lui fallut qu’une poignée de secondes pour s’entêter et forcer le passage. Instantanément, Maître Don esquissa un pas de recul, agitant son sabre devant ses yeux pour faire dissuader la bête de plonger sur lui. Les crépitements et la lumière intense du sabre faisaient au gorgodon le même effet qu’une torche enflammée, et l’animal grogna en essayant d’éviter cette arme qu’il savait mortelle par intuition.
Maître Don avait envisagé de tenter un contrôle de l’esprit de l’animal par la Force, mais son corps à corps intense avec la bête l’empêchait de se concentrer puissamment. Il attendait donc le bon moment, celui qui lui permettrait d’exploiter une faille dans le comportement du gorgodon lorsque brusquement, la lame rouge de son padawan fit son apparition en se plantant dans le dos de leur adversaire. Le vieillard n’eut que le temps de voir la monstrueuse créature se retourner pour poursuivre le combat contre Yun, qui se défendit quelques secondes avant d’être violemment balayé par les bras énormes et velus. Du sang marbrait le sol et le Maître souhaita qu’il ne s’agît uniquement de celui du gorgodon tandis qu’Evengellyne se précipitait aux côtés de Yun, laissant seul Saï dans le dos de la bête déchaînée, qui déjà se dirigeait de nouveau vers Yun. Sa rage créait entre ses dents une écume blanche qui s’écoulait d’entre ses lèvres, qu’un rugissement de haine fit de nouveau trembler.

De nouveau, le Maître leva sa main droite, celle qu’il utilisait pour diriger la Force, sa vieille alliée. Une main invisible enserra la créature, l’entravant dans ses gestes et l’empêchant de se ruer sur ses deux coéquipiers. Le vieillard serra les dents et fronça les sourcils pour maintenir sa prise qui tâchait de se débattre furieusement, incapable de comprendre ce qui lui arrivait. La Force, utilisée par télékinésie, l’enserrait tant et si bien que ses pattes se décollèrent du sol et qu’il se retrouva transporté quelques mètres plus loin tandis que le vieil homme essayait de mettre le plus de distance possible entre elle et les deux Jedi affairés au sol. Lorsque la bête toucha la paroi de roche glacée, Maître Don relâcha son étreinte et la créature s’effondra comme un tas de linge emmêlé, totalement déboussolée.

Elle ne tarderait pas à se remettre sur ses pieds et attaquer de nouveau, Saï n’en doutait pas. Mais cette action leur donnerait quelques secondes de répit que le vieil homme avait l’intention de mettre à profit pour mettre de la distance et des obstacles supplémentaires entre le gorgodon et son padawan blessé. C’est pourquoi il accourut aussitôt auprès de Yun, sa lame tenue en arrière afin de ne blesser personne par un mouvement maladroit. Evengellyne avait déjà commencé des soins rudimentaires avant de lui passer la main. Saï éteignit son sabre et s’agenouilla pour regarder de plus près la blessure.
Elle n’était pas mortelle, mais suffisamment profonde pour handicaper durablement le padawan. Après ce bref examen, le vieil homme appliqua une main sur la plaie dont le sang perlait toujours, et activa ses dons pour accélérer le processus de restructuration des tissus.

Comme il était étrange de soigner quelqu’un dont on ne ressentait pas la douleur. Chaque fois qu’il avait eu à soigner un padawan ou un confrère, le vieil homme ressentait la souffrance du blessé, qui était un indice pour évaluer l’efficacité de la guérison mais qui faisait aussi partie d’un phénomène d’empathie qui permettaient aux Jedi de se lier entre eux, d’avoir des souvenirs communs issus des moments difficiles affrontés ensemble. Mais l’esprit de Yun, totalement hermétique, ne laissait rien transparaître, et le vieillard se rendit compte à quel point cela lui serait toujours étrange. Seul le visage de l’Epicanthix le renseignait sur sa peine.

Le vieil homme releva les yeux lorsqu’il entendit le sabre d’Evengellyne s’éteindre. Il eut un moment de stupeur, convaincu qu’en abaissant sa garde, la Jedi allait être atteinte au moins aussi durement que leur camarade mais étrangement, le gorgodon reprit son calme en émettant des sons mystérieux. La caverne était encore rougeoyante en raison des éclats rouges du sabre de Yun, mais l’obscurité était plus intense, et l’on distinguait à peine la silhouette d’Evengellyne qui se rapprochait de la créature. Saï n’osait souffler un mot, de peur de briser le charme. Il suspendit même sa respiration lorsqu’il comprit que c’était la zabrak elle-même qui émettait les sons étranges… Elle parlait à la bête, et l’apaisait. Le calme s’instaurait de nouveau dans la Force, et Saï se détendit quelque peu.

- En voilà une surprise...
murmura-t-il calmement, pour ne pas troubler l’atmosphère paisible qui se réinstaurait dans la caverne.

Il avait déjà vu à l’œuvre ce genre de manœuvres, car certains Jedi développaient la capacité de communiquer avec les espèces animales, les transformant parfois en des alliés temporaires lors d’une bataille, ou en les apaisant pour ne pas que leur agitation révélât la présence des Jedi. Mais voir ce phénomène avoir une emprise sur une bête si féroce impressionnait le vieux Maître. Evengellyne, définitivement, était pleine de surprises…

Saï tendit le bras doucement pour poser sa main sur le manche du sabre de Yun, que l’Epicanthix tenait toujours et qui avait dû sentir le contact chaud sur ses doigts, pour lui signifier d’éteindre son sabre. Ils plongèrent alors dans l’obscurité. Leurs souffles et leurs voix étaient les seuls indices de leur présence.

- Bravo, Evengellyne,
ajouta-t-il, exprimant sa réelle admiration pour le talent de la Jedi. Restons ainsi quelques instants. Etes-vous sûre qu’elle restera inoffensive ?

Tout en écoutant la réponse du Chevalier, le vieil homme se pencha de nouveau sur la blessure de son padawan. Ses yeux s’habituaient à l’obscurité, mais pas suffisamment pour voir clairement la plaie. Faisant appel à ses sens, la Force et sa mémoire, il revint toutefois poser sa main sur celle-ci, reprenant son travail où il l’avait laissé.

- Yun, nous devrons te faire un pansement de kolto dès que possible. La blessure n’est pas profonde, mais il faut éviter qu’elle s’infecte, expliqua-t-il calmement. En attendant, il faut que tu parviennes à te détendre… Cela allègera ta douleur.

Et maintenant, qu’allaient-ils faire ? Prendre du repos était une priorité. Mais il fallait aussi réfléchir à ce qui se produirait ensuite…

- Evengellyne, ce talent… Il pourrait nous être très utile. Croyez-vous pouvoir pousser ce don jusqu’à inviter le gorgodon à rester à nos côtés comme un allié, et ainsi explorer avec lui ces galeries ?

Jusqu’où allaient ces cavernes ? Déjà dans l’esprit du vieil homme se dessinait quelque espoir : la montagne pourrait être un fabuleux château pour les Jedi, invisible aux radars et aux survols des vaisseaux de l’Empire…
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La douleur obscurcit l’esprit, broie les chairs, annihile la volonté du corps et de l’âme. Fidèle compagne de tous ceux ayant voués leur vie aux armes, elle était une arme pour les siths, et un moyen de tester son self-control pour un jedi. Mais surtout, elle était une force impérieuse empêchant toute pensée rationnelle, tout acte pendant un moment plus ou moins long, selon la résistance du blessé.

A cet instant, celle de Yun avait été fortement entamée. Fatigué par ses heures de pilotage seul et son usage instinctif de la Force, harassé après avoir joué de ses muscles pour protéger ses camarades et pénétrer dans la grotte, ses réflexes étaient moins affûtés, et il venait de payer très cher son petit accès d’héroïsme. Quelle idée avait-il eu de s’attaquer ainsi au gorgodon ? Il n’était qu’un padawan, un débutant… Mais il avait vu une ouverture, et il avait frappé. Désormais, il devait assumer les conséquences de son action dans la souffrance.

Sa tentative de se relever se solda par un échec cruel, et il fut contraint de ramper pour se mettre hors de portée, chaque centimètre gagné lui arrachant un tressaillement de douleur. Mais c’était sa vie qui était en jeu, et s’il voulait ne pas handicaper le Chevalier Belluma et Maître Don, il devait se dépêcher de sortir du champ de bataille, même s’il devait se traîner à la force des bras, dans une démonstration de détermination brute.

Il sentit confusément l’aura de la zabrak autour de lui, et ses mains se poser sur son flanc ouvert pour éviter qu’il ne continue à se vider de son sang. Mais aveuglé par les élancements provenant de sa blessure béante, sa vue s’obscurcissant, il ne pouvait pas réellement la discerner, seulement la sentir. Confusément, il sentit les chairs se refermer un peu, et le liquide rouge et gorgé de vie s’égoutter un peu.

Puis soudain, la présence chaleureuse d’Evengellyne s’écarta de lui, et bientôt il ne la sentit plus à travers la Force. Où était-elle allée ? Le gorgodon avait-il fait une nouvelle victime ? Paniqué, il sentit les battements de cœur s’accélérer, et la sueur perler à son front. Non, il devait se calmer, dans son état, le stress n’était pas… Mais il n’y pouvait rien, Yun était là, seul au milieu de ses douleurs qui l’accablaient, aveugle et sourd à son environnement immédiat, n’entendant donc pas les dires de la jeune femme.

Puis une autre aura, encore plus intense, s’approcha de lui, et des mains fines et ridées firent leur apparition sur son flanc souillé de sang. Maître Don était là. Il sentit alors une onde bienfaisante le parcourir, et un soupir de bien-être passa sur ses lèvres, accompagné bientôt hélas par un grognement de douleur quand le vieillard compressa un peu trop son côté en piteux état. Mais peu à peu, l’épicanthix sentait qu’il reprenait conscience… Même si ses yeux ne distinguaient que du rouge devant lui, et une vague silhouette humaine penchée sur lui…

Le gorgodon était-il mort ? Que se passait-il ? Pourquoi entendait-il au loin des sortes de grognements…. Et s’il y en avait d’autres ? Cette perspective lui glaça le sang, surtout qu’il était inutile, blessé ainsi… Un boulet, voilà ce qu’il était pour son maître et le chevalier les accompagnants. A nouveau il essaya de se lever, mais la douleur lui vrilla la tête en un instant, et il se rabattit sur le flanc, des larmes de frustration et de souffrance perlant dans ses yeux fermés.

Il sentit alors la main de Maître Don se refermer sur la sienne et il comprit qu’il tenait toujours son sabre allumé, aussi il usa les restes de conscience qui l’habitaient encore pour l’éteindre d’une pression, et il le lâcha, laissant l’arme maudite rouler hors de sa portée. Qu’importe. De toute façon, l’obscurité les avait recouverts de son manteau sombre, il ne pourrait pas l’utiliser avant un bon moment.

La Guérison de Maître Don continuait à agir, et bientôt Yun sentit la douleur refluer un peu, même si la gangue qui enserrait toujours son esprit n’était pas encore partie, au moins elle avait desserré un peu son étreinte. Comme dans un écho lointain, il entendit les paroles du chef du Conseil et essaya de l’appliquer, tentant de calmer sa respiration du mieux qu’il le pouvait, mais il sentait ses pensées dériver inexorablement vers les abysses.

Dans un ultime sursaut, Yun murmura d’une voix hâve :

« Dans mon sac… Medipacks… Rations… Pour le Gorgodon… »

Généralement, le jeune homme avait un goût prononcé pour les repas carnés, aussi il avait fait attention de prendre des rations de survie nourrissante et à haute teneur en protéine animale. Ainsi, il pensait qu’en les donnant au prédateur, celui-ci calmerait sa faim et se tiendrait à distance. Pour le reste, il avait pris deux médipacks d’urgence, et se disait que son maître pourrait en avoir bon usage. Après tout, quand on lui demandait de se préparer, Yun avait tendance à ne pas laisser de détails au hasard… Peut-être que cette minutie allait leur rendre un fier service.

Mais avoir prononcé ces quelques mots avaient achevé de l’épuiser totalement. Alors doucement il ferma les yeux, et le colosse se mit à dériver vers le pays des songes ... Yun s’évanouit comme s’il s’endormait simplement, son corps ayant décidé de trouver le repos qui lui manquait par un moyen aussi radical que sûr. Mais il avait confiance dans son maître et le Chevalier Belluma pour avancer sans lui…

De toute façon, Yun ne pouvait pas faire grand-chose d’autre qu’espérer qu’ils s’en sortiraient sans lui. La Force avait décidé d’accueillir son esprit et son corps fatigués pour quelques heures…
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La jedi était assise là et attendait simplement. L'animal ne bougeait plus. Il était calme. Elle pouvait maintenant se préoccuper des autres. Elle regarda le maître et le padawan toujours un peu à l'écart d'elle et de la bête. Elle avait agit de façon instinctive. Elle n'avait pas prévu que cela fonctionne aussi bien. Elle ne l'avait dit à personne mais aujourd'hui était une première. Elle avait fait son baptême du feu et manifestement elle venait de réussir. Heureusement d'ailleurs sinon elle n'osait pas imaginer ce que cela aurait fait. Le maître souffla quelque mot qu'elle eut du mal à entendre. Il semblait surpris. Elle sourit dans son coin. Elle s'en doutait un peu qu'il n'avait pas prévu cela. Peu de personne était au courant du fait qu'elle s'entraînait depuis un certains nombres d'années déjà à percer les secrets du langage des bêtes. Saï s'occupa de Yun et lui indiqua d'éteindre son sabre. Désormais ils n'étaient plus éclairés. Evengellyne se concentrait sur leur respirations à tous que ce soit les humains et l'animal. Pour le moment, il n'y avait aucune perturbation dans l'air. Le Gorgodon était calme et cela devait rester ainsi le plus longtemps possible. Le maître du Conseil rompit le silence une nouvelle fois. Il témoigna son admiration pour le don de la Jedi ce qui eut pour effet de la mettre particulièrement mal à l'aise. Elle ne trouvait rien de spécial à cela. Elle avait juste agi comme elle avait dû le faire et rien d'autres. Le maître lui demanda si l'animal resterait inoffensif. La jeune femme eut un moment d'hésitation. Non pas qu'elle doutait du fait en l'état actuel, mais elle ne pouvait pas donner une garantie suffisante à son grand regret, ce qu'elle expliqua.

« Je ne peux hélas vous le garantir à cent pour cent. Malgré tout, je peux vous affirmer une chose. Si nous agissons avec autant de calme et de sérénité que maintenant, alors oui, ce mâle restera calme. »

Elle avait dit tout cela sachant pertinemment que le maître l'écouterait tout en s'occupant de son padawan. Il lui fit quelques recommandations. Evengellyne, elle se contenta de réfléchir à un moyen d'explorer les alentours sans attirer les foudres de l'animal. Mais son attention fut attiré par l'attitude du padawan qui commençait à s'endormir. Yun eut juste le temps de dire quelques choses au sujet de ration de protéines animal pour le gorgodon. Evengellyne sourit une nouvelle fois. Ce padawan promettait de belles choses il pensait à beaucoup de chose bien quelle doutait que ces rations suffisent. La jeune femme se leva et alla rejoindre le maître jedi au côté d padawan.

« Et bien il faut croire qu'il en avait vraiment besoin. Nous devrions rester là encore un peu. » proposa-t-elle à voix basse. Elle ne voulait prendre le risque de le réveiller bien qu'elle se disait que cela ne se produirait pas aussi facilement. Son corps avait besoin de repos et il lui avait fait savoir à sa façon. Mais lorsque le maître lui demanda si elle pouvait pousser son don au point d'utiliser l'animal comme un alliée potentiel, la Jedi se mit à rire. C'était un petit rire gêné.

« Je suis désolée maître. Je peux communiquer avec lui mais je ne peux pas pour le moment aller au-delà. Il faudra faire sans lui j'en ai bien peur. Pour pouvoir l'utiliser comme allié, il faudrait que mon don soit plus développer que cela hélas. En revanche, je peux peut-être le convaincre que nous ne lui voulons aucun mal. Dans ces conditions, peut-être que l'un de nous deux pourrait aller explorer les cavernes pendant que l'autre reste avec votre padawan. Si j'y arrive, le gorgodon pourrait nous laisser parcourir les cavernes. Je suis désolée maître de ne pas pouvoir aider plus. »

Evengellyne, dont les yeux s'étaient habitués à l'obscurité regarda le padawan dormir. Elle ne peut s'empêcher de poser une main sur son front. Puis elle se releva pour aller voir l'animal. Elle s'approcha de lui tout doucement comme l'autre fois. Elle tendit une main puis prononça à nouveau les petits grognements. Elle réussit alors à le toucher et le caressa comme elle put pour continuer à le rassurer.

« Alors, voulez-vous aller explorer la caverne. Vous aviez déjà commencer il me semble. Vous connaissez peut-être un peu mieux le début de la caverne. » proposa la chevalier jedi. Toute fois, elle se doutait bien que maître Don refuserait probablement de laisser son padawan. Elle le comprenait d'ailleurs parfaitement. Elle agissait encore comme si elle faisait toujours parti du Medcorps. Elle savait pourtant qu'elle en était parti plus ou moins de son propre chef. Il fallait dire qu'elle n'avait pas toujours été très coopérative avec sa hiérarchie tout comme elle ne l'avait pas toujours été avec les membres du Conseil de l'Ordre Jedi. Evengellyne était comme cela. Elle savait également que le maître était sans aucun doute bien plus doué en médecine qu'elle. Mais son instinct parlait un peu trop vite et déjà elle avait tendance à voir le jeune padawan comme un malade qu'elle aurait peut-être eu à soigner.

« Maître Don, pourriez-vous m'apporter la ration que Yun avait. Je pense que cela aidera même si ce ne sera pas suffisant. Cela est déjà un bon moyen de garder sa confiance. » ajouta-t-elle en souriant.
Saï Don
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Le vieil homme se débarrassa à regret de son écharpe flambant neuve, car Yun venait de sombrer dans l’inconscience. Il fit doucement pivoter le corps de l’Epicanthix sur le dos tout en positionnant à tâtons sa tête sur l’étoffe offerte par Luke afin que le jeune homme pût reposer dans un confort relatif. Le sang gouttait toujours sur son flanc, mais les médipacks comportaient certainement des rouleaux de bandage qui lui permettraient d’arrêter l’hémorragie. Le vieil homme releva la tête en sentant l’aura d’Evengellyne se rapprocher de lui. Plongé dans l’obscurité, il distinguait à peine une silhouette. La Force lui était néanmoins suffisante pour s’orienter, et le son de la voix du Chevalier aidait à se donner une idée de l’espace confiné qui les entourait.

- C’est déjà beaucoup plus qu’espéré, chuchota le vieux Maître en réponse aux excuses d’Evengellyne, tant pour ne pas troubler le repos de son padawan que pour éviter d’agacer la créature monstrueuse qui grognait à quelques mètres d’eux. Le gorgodon est-il gravement blessé ?

Une bête meurtrie était toujours farouche, et Maître Don ne tenait pas particulièrement à ce que la créature reprît sa fureur défensive à cause de ses douleurs. Peut-être Evengellyne pourrait-elle faire quelque chose pour lui ?

Saï dût attendre quelques minutes encore pour que ses yeux s’habituent un peu mieux à l’obscurité. Les pourtours de la grotte se dessinèrent progressivement, la silhouette de la créature adossée aux parois rocheuses également. Il percevait le soulèvement relativement rapide de la cage thoracique du gorgodon qui essayait de survivre à ses blessures. A quelques pas, enfin, gisait la besace de l’Epicanthix, que le vieil homme attira à lui grâce à la Force. Le sac vint se déposer doucement entre Evengellyne et lui. Tâtonnant maladroitement, ils trouvèrent un médipack et une ration protéinée, que le vieil homme tendit au Chevalier.

Il dut déchirer sur la longueur un pan de la tunique de Yun afin d’avoir mieux accès à sa hanche et passer ainsi le tissu sous le corps de l’Epicanthix. Il essuya la plaie en essayant de ne pas la rouvrir plus que de raison, puis il l’enduisit de pâte de kolto. La matière ressemblait à de la boue grumeleuse et froide, et dégageait une odeur d’algue marine. Elle viendrait apaiser la douleur tout en aidant à la cicatrisation, bien que le jeune homme allait certainement souffrir quelques jours. Le vieil homme mit enfin le bandage en place, l’enroulant méthodiquement autour du ventre frémissant de sueur de son padawan malgré l’atmosphère glaciale qui leur mordait la peau. Saï tâcha de n’y voir que les restes de la transpiration liée au combat et à la douleur ressentie, et non à une fièvre annonciatrice d’une infection qui leur poserait de gros problèmes – les obligeant à rebrousser chemin jusqu’au vaisseau dès que cela leur serait possible. En attendant, il n’avait pouvait pas faire mieux pour Yun. Il replaça sa tunique, l’enveloppa dans sa bure pour qu’il conservât sa chaleur corporelle afin de s’adosser lui-même contre la paroi, afin de profiter de quelques minutes de répit.

Dans l’ombre, il percevait Evengellyne qui caressait la créature avec une touchante tendresse. Dans d’autres circonstances, il aurait souri, mais à cette heure – quelle heure pouvait-il bien être ? – l’inquiétude emplissait ses pensées. Il ne pouvait absolument pas demander à Evengellyne de poursuivre l’exploration seule, au vu du danger de ces galeries. Il était également hors de question de laisser Yun avec le gorgodon, qui n’en ferait qu’une bouchée s’il venait à retrouver ses forces et sa combattivité. Rester ici à attendre ne leur apporterait rien de bon non plus : s’il y avait d’autres dangers, alors ceux-là allaient venir les trouver et ils se trouveraient désarmés et blessés. Il était également impossible de retourner dehors, la tempête devait toujours faire rage.

Il avait promis à ses confrères, au Conseil, que Yun représentait le padawan idéal pour le vieil homme qu’il était : résistant, âgé, autonome, intelligent. Le genre d’élément sur lequel il n’aurait guère beaucoup à veiller, au contraire d’un enfant de qui l’on ne pouvait se séparer quelques instants. Le genre de padawan qui pourrait être un bras droit efficace dès leur binôme officialisé, et non un investissement de longue durée, auquel il s’attacherait éperdument. Car l’on savait que Maître Don pouvait être distrait et tenu par des sentiments relationnels. C’étaient là ces principales faiblesses. Avec l’Epicanthix, il avait gagé qu’il s’agirait d’une relation professionnelle, afin que son jugement ne pût être obscurci par son attachement au padawan, au cas où celui-ci devait retomber dans le côté obscur de la Force. Il n’espérait pourtant pas devoir faire preuve si tôt d’un tel détachement, pas avant d’avoir développé avec Yun une complicité qui leur permettrait à tous deux de se sentir lié malgré la distance. Pourtant, leur binôme allait déjà devoir subir une séparation, au cours de leur première mission. L’Epicanthix blessé allait-il vivre comme un échec le fait que son maître ait dû poursuivre sans lui à cause de ses blessures ? Ils en discuteraient, se promit-il, tout en se disant que peut-être, il serait de retour bien avant le réveil de Yun.

Après un soupir, le vieillard entreprit de se remettre debout. Il ajusta sa bure autour de son cou et remit sa capuche de façon à dissimuler son visage et garder au chaud son crâne dégarni. Il s’épousseta, vérifia que son sabre était bien attaché à sa ceinture avant de s’approcher lentement d’Evengellyne. Il constata avec soulagement que la bête restait calme malgré sa présence.

- Evengellyne, je pense que le plus sage est que vous restiez ici, à veiller sur Yun et le gorgodon, pendant que je vérifie qu’aucun danger immédiat ne nous guette dans ces cavernes, murmura-t-il. Je n’en ai pas pour longtemps. Au moindre problème… Vous savez comment faire appel à moi.

Par la Force, bien entendu. Ils étaient les seuls êtres la manipulant à des kilomètres à la ronde ; il ne devrait pas être problématique pour Evengellyne de lui lancer un appel silencieux à travers elle si jamais un incident survenait.
Après avoir vérifié qu’il n’oubliait rien derrière lui, Saï se concentra pour ramener son aura de Force au plus près de lui, et s’y drapa méticuleusement. Tout son corps disparût sous son voile de Force, aidé en cela par l’obscurité qui les entourait. Ce fut ainsi, en silence et invisible, qu’il s’enfonça dans les profondeurs de la montagne de Lorrd.

Les couloirs humides s’étendaient sur des kilomètres, labyrinthiques. Contrairement à ses craintes, Saï ne rencontra aucunement de meute de gorgodon, mais des ossements ici et là lui intimèrent la prudence ; ces cavernes étaient habitées par des créatures sauvages depuis longtemps.
Au bout de ce qui lui sembla être une longue heure de marche, il s’apprêtait à faire demi-tour, lorsqu’il lui sembla que des reflets bleutés dansaient sur les parois rocheuses, au détour d’un coude étroit. Poussé par la curiosité, redoublant de vigilance néanmoins, le vieillard s’enfonça plus avant dans les boyaux de la montagne… Puis s’interrompit brusquement, le souffle coupé.


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Il venait de déboucher sur une corniche, laquelle surplombait une vaste salle cernée de stalactites. En son centre, un étang de la taille de leur vaisseau brillait grâce à des rayons de soleil, qui traversaient la montagne grâce une longue trouée probablement creusée par les eaux depuis des siècles. La neige qui en débordait gouttait encore au-dessus de ce point d’eau improvisé, au-delà duquel de nouvelles ramifications labyrinthiques se perdaient dans la roche. Mais le vieillard croyait percevoir le son d’éclaboussements lointains faisant penser à une cascade interne.

Saï s’accorda quelques minutes de contemplation supplémentaire avant de se décider à rebrousser chemin pour retrouver ses deux compagnons.

Finalement, leur refuge était bien plus qu’une grotte…
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Quand Yun ouvrit les yeux, sa vision se brouilla, des ombres dansant devant ses yeux. Quelle vision singulière que ces formes sombres qui brillaient dans le noir complet de la caverne... L'ensemble avait un côté psychédélique, à mesure que lesdites ombres se teintaient de cercles rouges , bleus, jaunes, comme c'était le cas généralement quand les yeux restaient fermés trop longtemps. Pour autant, l'expérience restait rarement agréable, peu importe sa répétition.

L'épicanthix se sentait mal, sa tête lui tournait, et une envie de vomir désagréable lui tordait le ventre, tandis que sa gorge sèche exhalait un parfum de sucs digestifs renvoyés dans sa bouche peu ragoûtant. Cependant, au fur et à mesure que les minutes passaient, son regard devenait plus vif, sa conscience revenait peu à peu, même s'il devait lutter pour ne pas retomber dans les limbes. Lentement, il respirait l'air vicié de la grotte, une odeur animale venant lui chatouiller les narines, reconnaissable entre mille, dans son mélange amer de poils et de sueur, d'urine et de renfermé : c'était la flagrance du gorgodon.

Ce constat lui arracha un frisson qui n'était pas dû au froid ou à la fièvre, mais bel et bien à la peur et au dégoût mêlé. Il ne savait pas combien de temps il était resté évanoui, mais le constat à son réveil demeurait : la bête hideuse était toujours là, peut-être à quelques mètres de lui, en train de savourer les ossements de ses deux compagnons avant de s'attaquer au dessert blessé. Sentant l'affolement le gagner, Yun tenta d'inspirer profondément pour se calmer, essayant de garder ses idées claires malgré la frayeur et le froid qui l'envahissait.

Le colosse à terre s'en remit donc à la seule chose qui pouvait l'aider à cet instant précis : la Force, cette vieille compagne d'infortune. A travers elle, il sentit bientôt non loin de lui l'aura douce et réconfortante du Chevalier Belluma, et il manqua pousser un soupir de soulagement. Elle ne paraissait pas blessée, tout du moins, il ne voyait pas de traces dans la Force l'indiquant. Et à ses côtés il percevait une masse sifflante et imposante, parcourue par instant de soubresauts étranges : le gorgodon.

Impuissant, le jeune homme aurait voulu lui hurler de faire attention, d'achever le monstre, mais aucun son ne sortait de sa bouche désespérément silencieuse. Sentant la fièvre le gagner, il resta immobile, à demi-conscient, pour finalement voir les ombres l'engloutir à nouveau et ses yeux se fermer pour l’emmener vers des rivages peuplés de silhouettes de son passé et de cauchemars irréels.

Pour la seconde fois, Yun rouvrit les yeux, et cette fois, le mouvement était plus assuré. Ses paupières papillonnèrent quelques instants, mais il se sentait nettement mieux qu'auparavant. La fièvre était tombée, et son mal de tête avait nettement diminué, même si une douleur sourde continuait de l'assaillir de temps en temps. Par réflexe, il tenta de bouger sa main qu'il posa sur son flanc bandé, et grimaça sous la souffrance procurée par ce simple contact.

Gémissant légèrement sous l'effort, le gaillard tenta de se relever, pour se sentir retomber immédiatement sur le sol dur de la grotte. Pour autant, sa détermination ne vacilla pas, et il réitéra sa tentative, soulevant son dos meurtri, l'arrachant de terre pour se retrouver assis, les jambes encore un peu tremblantes. Il regarda autour de lui, et la vision improbable d'Evengellyne Belluma assise à côté du gorgodon manqua le faire dégobiller le peu qui restait dans son estomac. Pour autant, la bête ne paraissait pas vouloir dévorer la zabrak, aussi Yun pensa qu'elle devait l'avoir calmé par quelque contrôle mental inconnu de lui. Pour le moment, il avait un problème plus urgent, motivé par un besoin certes égoiste, mais néanmoins vital : manger, et se soigner.

Cherchant son sac, il l'aperçut ouvert non loin de lui et constata qu'un médipack et une ration manquait. Le premier avait dû être utilisé sur lui en partie, le second donné au monstre de la grotte. Cependant, il restait encore une barre protéiné, et il en avait besoin pour ne pas tourner de l’œil dans les minutes qui allait suivre. Surmontant sa nausée, il fit léviter le sac vers lui, ce maigre effort faisant pourtant couler la sueur à son front. Mais le sac était à ses pieds, et la nourriture avec. D'un coup sec, l'épicanthix déchira le papier et avala goulûment la ration à l'intérieur, son estomac grognant pour souligner son approbation, et une remontée acide lui indiquant que son cerveau avait lui du mal à se faire à l'idée qu'il lui fallait ingérer quoi que ce soit à cet instant. Cependant, l’esprit se devait d'être plus fort que le corps, aussi il surmonta sa répugnance et son envie de vomir pour avaler la dernière portion de son maigre repas.

Cela fait, Yun s'intéressa un peu à son flanc, constatant que le kolto sous le pansement de fortune avait absorbé le sang et que ce dernier n'avait que peu souillé le tissu. Avec précaution, il entreprit de retirer la bandelette, et en arracha une nouvelle de son vêtement pour l'appliquer sur le plâtras verdâtre à l'odeur doucereuse qui engluait la plaie. Satisfait de ses soins, il entreprit de sonder la Force autour de lui pour vérifier l'état de la cicatrisation, n'ayant pas les connaissances pour l'accélérer mais préférant tout de même s'assurer qu'aucune infection ne couvait. Apparemment, ce n'était pas le cas, même sis on manque d'expertise dans le domaine l'empêchait d'émettre un diagnostic avec cent pour cent de certitude.

Restait une ultime inconnu à résoudre : son sabre. Il se souvenait vaguement l'avoir lâché, mais ne savait pas où l'arme avait roulé. Son esprit entreprit de chercher tout autour de lui le cristal synthétique à l'intérieur, pour le trouver finalement à plusieurs mètres de distance, contre le mur. Ouvrant sa main, il l'attira à lui comme pour le sac, constatant avec satisfaction que la fatigue pour accomplir une télékinésie pourtant semblable était bien moindre que précédemment. Ses doigts se refermèrent sur le manche du sabre, et il le rangea à sa ceinture.

Constant que le gorgodon n'avait pas bougé, Yun estima qu'il était temps désormais de parler, aussi il finit par murmurer la question qui hantait son être depuis son réveil :

« Où est Maître Don ? »

Plus qu'une simple interrogation d'un élève pour son maître, perçait derrière le ton habituellement morne du garçon l'inquiétude sincère qu'il éprouvait pour le vieillard qui avait disparu de son champ de vision, et qu'il ne trouvait pas dans leurs environs immédiats.
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La jeune femme gardait son attention rivée sur l'animal. Elle ne voulait pas le lâcher du regard comme cela c'était encore trop risqué. Lorsque le maître lui demanda si le gorgodon était gravement blessé, instinctivement Evengellyne fit un signe négatif de la tête. Elle en avait presque oublié que la caverne était sombre et qu'il était fort probable que le maître ne voit pas son geste. « Non, ne vous inquiétez pas pour cela Maître. Les gorgodon cicatrisent rapidement fort heureusement pour nous. » souffla-t-elle alors. À ce moment-là, elle sentit un raidissement sous ses doigts. La bête réagissait à ces propres mots, étrange. A moins que... Evengellyne fronça les sourcils dans l'obscurité. Elle avait un contact étrange sous sa peau. Elle sentait quelque chose de chaud.. un peu visqueux. L'ancienne médecin grimaça. Avait-elle parlé un peu trop vite finalement. Oui, elle ne pouvait en douter, c'était bien une plaie ouverte qu'elle ressentait. Comment avait-elle fait pour ne pas la voir. Elle avait inspecté le corps de l'animal à plusieurs reprises depuis qu'il s'était calmé c'était incompréhensible. Mais elle devait bien se rendre à l'évidence. Elle avait commis une erreur. Elle devait soigner cette blessure au plus vite. Déjà elle entendait le changement du souffle de l'animal. Au son qu'il faisait, sa blessure semblait le faire souffrir et ce n'était pas bon signe. Si cela continuait, il risquait de devenir dangereux.


Pendant que la jeune femme soignait comme elle pouvait l'animal, elle sentit le Maître s'approcher d'elle. Il lui tendit une ration qu'elle lui prit en souriant. Elle sentit dans la force que le maître repartait rejoindre son padawan. La jeune femme donna la ration au gorgodon. L'animal mangea avec satisfaction. Visiblement cela l'aida à reprendre des forces. Sa respiration fut plus régulière, plus sereine aussi maintenant que la douleur se faisait moins forte. Evengellyne, elle s'essoufflait au fur et à mesure qu'elle le soignait. Elle mit un certain temps à sentir la présence du maître à ses côtés. Elle le regarda fixement attendant de connaître sa réponse au sujet de l'exploration. Elle était aussi un peu curieuse de savoir si le maître allait se décider à la faire lui-même ou s'il préférerait rester avec son padawan. La Chevalier fut assez stupéfaite lorsque le maître du conseil lui demanda de rester auprès de son padawan et du gorgodon. Evengellyne le laissa partir et quitta le gorgodon pour aller rejoindre le padawan encore endormis.


Pendant que le maître explorait la grotte, Evengellyne veilla sur le padawan. Elle surveilla l'état de sa blessure tout en s'assurant que l'animal restait toujours calme. Yun était paisible et s'était bon signe. Bientôt il reprendrait connaissance. Petit à petit, Evengellyne sentait que le padawan reprenait contenance. Elle se releva et retourna auprès de l'animal. Si Yun revenait complètement à lui, elle devait avoir un œil sur le gorgodon. Jusqu'à présent il était resté calme parce que le danger que représentait le garçon n'existait plus vraiment. Mais lorsque ce dernier serait à nouveau parmi eux, il était possible que la bête réagisse avec violence. La Chevalier devait s'assurer qu'il resta calme et posé. Du coin de l’œil, elle le regardait se débattre pour se mettre plus ou moins debout. Un court instant, elle en était certaine, elle avait presque senti son angoisse lorsque le garçon avait vu l'animal à ses côtés. De l'inquiétude sûrement, mais la jeune femme s'employa à le rassurer via la force.


Finalement, le padawan se releva totalement et usa de la télékinésie pour récupérer son sac. « Totalement réveillé alors Yun » souffla-t-elle à travers la caverne humide. Sa voix était basse mais elle semblait portée par l'air. Elle n'avait pas besoin de hausser le ton de sa voix. Yun, lui se concentrait pour reprendre son sabre laisser à terre un peu plus loin. Bientôt elle n'en doutait pas, il lui demanderait sûrement où se trouve Maître Don. Cela ne manqua pas. Lorsque le sabre retrouva la ceinture de son propriétaire, Yun posa la question sans détour aucun. La jeune femme nota dans sa voix un brin d'inquiétude qu'elle n'avait pas ordinairement. C'était assez compréhensible d'ailleurs. Maître Don devait beaucoup compter pour l jeune homme. Evengellyne se tourna vers lui et fit signe de venir près d'elle. « Viens Yun n'aie pas peur de lui. » dit-elle doucement. D'ailleurs l'animal n'avait pas bougé d'un iota lorsque le sabre avait voleté jusqu'aux mains du garçon.


« Tu sais il a tout aussi peur de toi que toi de lui au fond. C'est peut-être un prédateur mais il sait reconnaître une personne plus forte que lui. Et puis nous sommes sur son territoire, sa réaction était légitime. Cependant... je dois dire que lui foncer dans le tas comme tu l'a fait plutôt n'était pas une bonne idée. En le blessant tu l'as surtout encore plus énervé que ce qu'il ne l'était à l'origine. Retiens bien ceci, face à un animal tel qu'un gorgodon on ne fonce pas tête baissée au risque de le blesser. » La Zabrak marqua une pause avant de reprendre. « Pour ce qui est de maître Don, il est parti explorer le reste de la grotte. Ne t'inquiète pas pour lui il sait ce qu'il fait. Assis toi près de moi et attends patiemment qu'il revienne. Je suis certaine qu'il trouvera des choses intéressantes. » Le gorgodon émit un petit bruit et immédiatement la jedi se tourna vers lui pour le calmer. Visiblement quelque chose ou quelqu'un venait de troubler le calme de l'animal. Elle plongea son regard dans les yeux de la bête et émit à son tour quelques sons pour le rassurer. Elle reprit ses caresses et calma la bête. « Yun ne va pas croire que je le manipule ou que je le contrôle. Pour tout te dire, certains Jedi apprennent à communiquer avec les bêtes. Et il se trouve que je fais parti de ces Jedi. C'est un art complexe et délicat que beaucoup trop d'entre nous sous-estime à mon grand regret. »


la chevalier aurait sûrement continué mais l'aura de maître on se faisait sentir dans la Force. Evengellyne se leva et alla à sa rencontre.

« Et bien Maître qu'avez-vous trouvé plus loin ? Je doute qu'il y est d'autres gorgodon dans les parages. Ces animaux ne vivent pas en groupe généralement. Cependant dites-moi avez-vous vu d'autres animaux ? La présence d'autres races pourraient s'avérer ennuyeuse. Au stade où en est ma formation je peux gérer un animal mais guère plus hélas. Et je dois dire que je ne peux à ce niveau faire guère d'avantage que de lui parler pour le calmer où faire en sorte qu'il ne nous attaque pas ce qui en soit reste limité. »
Saï Don
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Le chemin du retour prit moins de temps que l’aller, essentiellement parce que moins de prudence était nécessaire maintenant qu’il connaissait les lieux, mais aussi car l’aura de ses compagnons faisait office de phare vers lequel s’orienter aisément. A l’approche de leur zone de repos, le vieil homme délaissa progressivement son voile de Force. Lorsqu’il parvint au-devant d’Evengellyne, qui s’était levée pour aller à sa rencontre, il était parfaitement visible.

- Me revoilà, annonça-t-il à voix basse, et sans mauvaise nouvelle, cette fois. Aucune mauvaise rencontre à déplorer.

Le vieillard jeta un coup d’œil derrière le Chevalier, pour apercevoir dans l’obscurité son padawan éveillé ainsi que la silhouette du gorgodon qui n’avait pas l’air d’avoir bougé d’un iota depuis son départ. Apparemment Yun, lui, surmontait sa blessure, à la satisfaction de son maître fier de voir que le jeune Epicanthix faisait bravement face à la situation douloureuse à laquelle il avait abouti.

Il prit le temps de répondre aux multiples questions du Chevalier tout en se rapprochant de la créature et du gorgodon, Evengellyne à ses côtés.

- Aucun autre animal, non, à part des insectes et de petites créatures volantes accrochées dans des recoins et qui ma foi ne m’ont pas semblé être une menace. Il semblerait que notre ami gorgodon ait défendu chèrement son territoire dans ces galeries… Toutefois, à moins d’une heure de marche d’ici, les souterrains convergent vers une salle pourvue d’un lac souterrain peut-être potable et d’une percée vers l’extérieur… Inaccessible bien sûr, mais qui signifie que nous pourrions capter et émettre des signaux…

De l’eau potable et une connexion vers l’extérieur… Que demanderai de plus un Jedi sur un poste d’observation ?

Le vieil homme s’installa en tailleur à même le sol, près de son padawan. Il jeta un coup d’œil au bandage, mais celui-ci ne semblait pas avoir été souillé de sang, preuve rassurante que le kolto avait arrêté l’hémorragie.

- Alors, cette blessure ? demanda-t-il à Yun en prenant soin de garder un ton doux, pour ne pas alerter le gorgodon dont la respiration sifflante se faisait toujours entendre à quelques centimètres d’eux. Ressens-tu une quelconque fièvre ? Tu te sens peut-être capable de marcher, mais il est probablement plus sage de laisser à ton corps le maximum de temps pour récupérer. Nous allons de toute façon avoir besoin de temps pour définir tout ce que nous allons faire à partir de maintenant…

Silencieusement, il intima à Evengellyne de venir les rejoindre, afin que tous les trois puissent converser à voix basse. Lorsque ceci fut fait, il reprit la parole.

- Le cœur de cette montagne me semble être un terrain adéquat pour installer une éventuelle base d’observation, expliqua-t-il. En étant dissimulés sous la roche, nous serions invisibles aux observations depuis l’orbite de la planète, ni même dans le cas d’éventuels survols de la zone. Nous disposerions d’eau potable et des radars pourraient être installés à l’intérieur de la montagne sans être visibles… Qu’en pensez-vous ?

Un beau projet, sans nul doute. Restait un sacré paquet de petits détails à régler pour faire de ce terrain un lieu d’installation Jedi, et surtout il fallait qu’ils parviennent à trouver des solutions à leurs problèmes immédiats.

- Il va me falloir rencontrer le gouvernement de Lorrd, et leur donner des gages vis-à-vis de la préservation de la faune et de la flore locale, mais aussi et surtout leur assurer qu’accepter notre présence leur accorderait le soutien des Jedi en cas d’attaque impériale, ce qui sera loin d’être une négociation évidente au vu du Traité d’Artorias, qui impose aux Républicains de ne pas se mêler des affaires de l’Empire en dehors de son territoire.

Cela allait promettre d’être un casse-tête diplomatique. Mais c’était son rôle de maître du Conseil, et il ne doutait pas qu’il parvînt à un accord... Mais il y avait tant à faire avant cela !

- Toutefois, il faudra que nous nous assurions d’abord que le gouvernement n’est pas déjà sous la surveillance de l’Empire, ce qui ne sera pas non plus une mince affaire. Et dans l’immédiat… il nous faut explorer la zone et la cartographier, permettre à Yun de se remettre, et décider de ce que nous allons faire pour notre hôte un peu grincheux.

Saï jeta un coup d’œil au gorgodon. Il n’était probablement qu’une seule des créatures que les Jedi allaient déranger en venant s’installer ici.

- Des idées ? les interrogea-t-il avec une bonne humeur retrouvée, car la perspective de tant de tâches pour son projet, étrangement, l’animait.

Yun allait devoir se ménager pendant quelques jours, cela déjà il en était certain. Il ne pourrait pas lui demander d’arpenter les galeries souterraines pendant des heures, pas maintenant. Il allait falloir qu’il retournât au vaisseau pour profiter d’une aide médicamenteuse plus avancée. Quant à Evengellyne, ses talents de guérisseuse allaient pouvoir aider tant le padawan que le gorgodon, mais elle pourrait également mettre à profit son affinité avec les animaux pour comprendre quel genre de faune vivait dans cette montagne, afin qu’ils pussent trouver des manières de s’établir en garantissant au gouvernement local la préservation de cette vie interne. Quant à lui, bien sûr, sa plus lourde tâche désormais serait de convaincre les lorrdiens…

- Je ne tiens pas particulièrement à ce que nous nous séparions, surtout maintenant, ajouta le vieillard. Nous pourrions retourner tous ensemble au vaisseau avant d’envisager de reprendre nos activités. Nous pourrions remettre l’exploration et la cartographie des lieux à plus tard, et nous concentrer sur la partie politique du projet, qui sera certainement moins physique, le temps que Yun se remette de sa blessure…

Et surtout, au vaisseau, ils connaîtraient un repos plus tranquille, et pourraient se restaurer à leur faim, et non en se contentant des maigres rations qu’ils avaient emportées et qui ne convenaient pas à une équipe comportant un blessé.
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La peur, Yun l’avait connue intimement. Il en connaissait tous les synonymes, toutes les manifestations, du simple frisson à la terreur pure. Toute une partie de son existence avait été guidée par l’horreur absolue que lui inspirait l’idée de mécontenter son maître, et d’encourir ainsi son châtiment. Pour lui, ce sentiment était le corollaire de torture et de souffrances indicibles.

Ainsi, il lui était sans doute compliqué d’expliquer à une jeune femme comme Evengellyne Belluma qu’il n’avait pas ressenti de la peur. Pas réellement du moins. Evidemment, vu son âge, son passé, c’était l’hypothèse la plus probable. Mais sa réaction n’avait pas été celle d’un sith obnubilé par son envie d’éradiquer un danger qui l’effrayait. Non, il avait voulu défendre son maître, ses compagnons. Alors, certes, il n’éprouvait aucune fascination, aucune compassion pour ce prédateur qui l’aurait volontiers dévoré. Cependant, ce n’était pas de la peur. De cela il était certain.

Aussi il ne s’assit pas, mais resta debout, l’effort lui permettant de tester son corps et de vérifier sa résistance. Heureusement que la plaie était peu profonde et sa musculature imposante. Parfois, avoir une telle masse aidait. Yun était un roc, et avait l’habitude de la douleur… sans doute plus que tout autre jedi. Après avoir manqué perdre la moitié de son visage sous le pire déluge d’éclairs possibles, les autres épreuves physiques paraissaient fades, et il se rappelait sans cesse de ce qu’il avait enduré pour surmonter la douleur présente, qui refluait peu à peu.

« Je n’ai pas peur de lui. »

Sa voix était un filet rugueux, étrange contraste, mais elle s’affermit légèrement pour trouver une constance plus apte à se faire entendre, au milieu de ce silence pesant.

« Quand un animal charge, qu’il est dangereux, je défends ceux qui sont à mes côtés. Je ne sais pas lui parler, et je ne tenais pas à me faire hacher vivant.

Il ne restait que peu d’options. Peut-être était-ce stupide. Mais dans le feu de l’action en voyant Maître Don seul face à un gorgodon déchaîné… Attirer son attention autre part n’était pas la pire des solutions. Et il est bien plus vital à la réussite de cette mission que moi… ou même vous.

Cela valait bien une coupure, même vilaine. »


Franc, l’épicanthix l’avait toujours été. Sous un régime de terreur, il avait tu au mieux cet aspect de sa personnalité pour se réfugier dans un silence empli de réprobation. Maintenant qu’il avait la possibilité de dire ce qu’il pensait, il ne s’en privait pas, sans jamais outrepasser toutefois le respect dû à un supérieur.

« J’espère que je ne vous offense pas en disant cela, Chevalier Belluma. »

L’écoutant lui expliquer le principe de ce qu’elle venait de réaliser pour maintenir la bête tranquille, Yun hocha la tête, avant de dire :

« Je ne doute pas que cela soit utile, Chevalier. Vous l’avez amplement prouvé. »

Peut-être que le respect des êtres vivants permettaient aux jedis d’être plus sensibles à ces derniers, et donc d’en avoir une approche différente. Après, il avait vu des siths se servir de leurs pouvoirs pour dompter une bête. Une fois encore, il y avait une ressemblance troublante entre les deux Ordres, ou du moins leurs capacités. La différence se situait sans doute encore une fois dans l’utilisation faite de la Force, dans la façon de voir non pas un asservissement, mais une collaboration.

Yun n’eut cependant pas le temps de s’appesantir sur cette pensée plus longtemps, le retour de Maître Don l’interrompant. Le colosse l’écouta parler de sa découverte, hésitant entre le fait de se réjouir d’avoir trouvé aussi vite un endroit convenable et ses doutes quant à cette facilité. Pessimiste, le padawan ? Un peu, mais la vie lui avait appris à être très circonspect.

Quand son maître prit la peine de s’enquérir de l’état de sa blessure, le gaillard se redressa du mieux qu’il put pour montrer qu’il était un peu remis, et s’empressa de le rassurer :

« Le saignement s’est arrêté, et la fièvre n’a guère tenu longtemps, grâce au kolto. Je suis résistant, Maître, ne vous inquiétez pas. »

D’aucuns auraient pris cela pour de la vantardise. Mais en l’occurrence, il fallait être objectif : taillé comme il l’était, Yun semblait clairement plus endurant que la moyenne. Et ce n’était pas qu’une apparence. Conscient qu’il ne devait pas avoir l’air trop sûr de lui, il consentit cependant enfin à s’asseoir, et écouta le sage vieillard expliquer son plan.

Réfléchissant, le garçon ne put qu’approuver d’un signe de tête… tout en exprimant ses doutes à voix haute :

« Cela semble l’endroit parfait, maître, en effet. Mais… je ne sais pas, s’il a tellement de facilités… Je doute que nous soyons les premiers à le découvrir. Enfin, il y a pas mal de groupes qui aimeraient s’installer sur Lorrd je pense, exactement comme nous.

Peut-être que certains ont investi les profondeurs de cet endroit. »


En ce qui concernait le reste…

« En tout cas, je vous en conjure, Maître Don, ne prenez pas une décision en fonction de ma condition physique, mais des impératifs de la mission. Je suis resté inconscient suffisamment longtemps pour que la fièvre tombe et le kolto fasse effet, je vais tenir le temps qu’il faudra.

S’il faut nous séparer pour être plus efficaces, séparons-nous, le Chevalier Belluma et moi pouvons explorer cet endroit pendant que vous allez parlementer avec les autorités locales. A vrai dire, je pense qu’elles seront plus en confiance face à une seule personne plutôt que confrontés à un trio dont l’un de ses membres porte la marque des siths.

Mais si vous pensez que nous vous serons d’une quelconque utilité lors de ses négociations, alors autant vous accompagner. »


Bon, il en doutait fortement, mais si le vieux sage l’estimait nécessaire, l’épicanthix se plierait à l’exercice diplomatique, même si ce n’était clairement pas son fort.

« En attendant… Peut-être qu’une bonne nuit de sommeil au vaisseau nous permettra d’y voir plus clair, en effet. »
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Evengellyne regardait le padawan alors que celui-ci se rapprochait. Il avait de la répartie le petit c'était certain. Cela ne lui déplaisait pas au contraire. Mais la jeune femme n'aimait pas sa façon de voir son geste. Il avait beau dire qu'il n'avait pas peur, qu'il avait réagit de la manière la moins désavantageuse, la Zabrak restait septique. Et puis elle n'avait que peu apprécié sa dernière remarque. Comme cela il pensait que maître Don était la personne a gardé en vie à tout prix pour cette mission ? Yun avait tort parce qu'il ne voyait que la finalité de la mission. Evengellyne ne le voyait pas de la sorte. Elle n'était pas vexée mais elle devait constater que le padawan avait encore du chemin à faire. Malgré tout la jeune femme lui adressa un sourire.

« Ne t'inquiète pas pour ce que tu viens de dire. Simplement je ne vois pas les choses de cette façon. Maître Don est important c'est un fait pour cette mission et pour l'ordre. Par sa sagesse il a encore beaucoup de choses à donner à l'ordre, aux chevaliers comme moi et encore plus aux padawan tel que toi. Il est important pour cette mission mais pour l'avenir de l'ordre, pour l'avenir de la galaxie et de ce monde qui nous entour... tu sais qui est la personne la plus importante dans notre groupe ? » Evengellyne marqua une pause. Elle approcha une main de l'animal et puis reprit. « Et bien la personne c'est toi Yun. Maître Don appartient à un passé qui s'éteindra bientôt. Moi je ne suis que le présent, un présent voué à devenir passé. Et toi, toi, Yun, tu es notre avenir, notre force et notre futur. Parce que tu es encore jeune, parce que tu apprends encore de nos enseignements, tu sera dans le futur ce que nous sommes aujourd'hui. Et c'est pour cela que tu es si important tout comme les autres padawans. Et c'est notre rôle de veiller à ce que tout padawan devienne jedi. »

Étrangement, la jeune femme était restée parfaitement calme. Sans doute en raison de la présence de l'animal qui l'obligeait à se contrôler. Et puis le retour du maître fit tout s'accélérer. Le maître expliqua aux deux autres ce qu'il avait vu. D'après lui, il n'y avait pas d'autres bêtes majeurs. Evengellyne soupira en l'apprenant. Elle laissa aussi le maître s'occuper du padawan et de sa blessure. Il fallait dire que le maître était bien plus talentueux qu'elle dans l'art de la guérison du à son expérience. Elle le reconnaissait volontiers malgré tous les compliments qu'on avait pu lui faire avant qu'elle ne quitte le Medcorps. Elle serait devenue un grand médecin disait-on. Enfin cela c'était surtout avant et si elle avait appris à tenir sa langue un peu plus.

La Zabrak fit une grimace lorsqu'il fut question de négociations. Elle ne doutai pas que cela serait nécessaire mais ce n'était pas dans ses cordes. Elle ne connaissait pas la diplomatie c'était un fait connu au temple. Même le Conseil en avait fait les frais bien malgré elle et malgré eux. Elle laisserait cette exercice au maître jedi Mais ils n'en étaient pas encore là. Ils devaient d'abord continuer l'exploration de la grotte et surtout se reposer. Et Maître Don ne manqua de le faire remarquer au padawan. Yun finit par accepter non sans mal. Evengellyne devait saluer son entêtement et en même temps elle ne pouvait s'empêcher de se dire que le padawan devait se ménager davantage. Il avait beau être un épicantix, il n'en restait pas moins un enfant.

« Je suis d'accord avec Maître Don. Nous devons nous reposer avant de continuer. Et je ne suis d'ailleurs pas très pour que nous nous séparions. Nous couvrirons certes plus de terrain en petit groupe mais on ne sait jamais. Il vaut mieux rester grouper lorsqu'on ne connaît pas les lieux. » ajouta-t-elle en souriant. « Il faudra cependant que je reste un peu avec l'animal pour m'assurer qu'il ne s'en prenne pas à nous lorsque nous reviendrons ici plus tard. »

Evengellyne caressa la bête doucement. Elle lui parla un peu et puis se tourna vers ses compagnons. « Partez devant je vous rejoins dans pas longtemps. »
Saï Don
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Eclats Kyber : 31
Maître Don écouta les opinions des uns et des autres, caressant pensivement sa barbe blanche et éparse. Yun émettait des doutes sur la discrétion de cet endroit, avant d’enjoindre son maître à éviter de prendre des décisions en fonction de la faiblesse de son élève. Le vieil homme sourit. L’Epicanthix respectait le Code et les enseignements de l’Ordre à la lettre ; cela, l’on ne pouvait le lui reprocher. Quant à Evengellyne, elle insistait sur la nécessité de rester groupés, avant de s’intéresser plus avant au Gorgodon qui, au vu des grognements bougons qu’il émettait, devait commencer à se remettre de ses émotions et de ses blessures.

- Bien sûr, approuva le vieil homme à leurs remarques. Il sera nécessaire d’explorer et de surveiller les lieux avant de se lancer dans une quelconque installation. Cependant, si le lieu paraît facile d’accès, il faut remarquer que c’est l’une des rares zones de Lorrd complètement distante toute zone urbaine ou industrielle. C’est cet isolement qui, à mon avis, en fait un lieu peu digne d’intérêt pour les autochtones, ou même pour les contrebandiers et les pirates, qui ont besoin d’aires d’atterrissage correctes pour leur cargo de marchandises ou d’esclave. Autant de choses que le gouvernement ne leur donnerait pas la permission de construire… Et autant de choses qui vont nous manquer, car nous devrons prendre garde de ne pas être visible depuis une observation aérienne. De plus, le fait que les lieux sont déserts cache aussi peut-être une hostilité que nous n’avons pas encore perçue…

En effet, qu’en était-il de la potabilité de l’eau, par exemple ? Des insectes pouvaient être particulièrement dangereux, ou tout simplement le climat trop peu clément pour qu’une installation pusse être durablement entretenue. Ils le découvriraient sans nul doute avec l’expérience.

- Nous ne nous séparerons pas au sein de ces grottes, en effet, ajouta-t-il plus gravement. Ce gorgodon nous a bien prouvé que nous étions vulnérables en ce lieu qui n’est pas notre territoire. Nous allons devoir demander des renforts pour explorer et cartographier les lieux… et faire du repérage pour que de prochains appareils et de prochaines équipes puissent accéder à ces souterrains aisément. Mais tout cela ne sera possible qu’avec l’accord du gouvernement local, encore une fois.

Le vieil homme haussa les épaules avant de s’adosser plus confortablement contre la paroi rocheuse. Il sentait le froid tenter de percer les couches successives de tissus qu’il portait sur le dos, signe que la fatigue allait commencer à se faire sentir.

- Adjugé, nous retournerons donc au vaisseau pour nous reposer avant que la nuit ne tombe au dehors. Evengellyne, ne vous éloignez pas. Nous ne quitterons pas les souterrains sans vous, mais allons prendre les devants pour dégager l’entrée de la grotte.

Maître Don aida son élève à se lever doucement, puis ils s’engagèrent lentement dans le corridor qui les avait conduits jusqu’ici. Peu à peu, une certaine clarté leur parvint, et le vieillard nota que l’on entendait plus le vent hurler au dehors. Probablement ce répit était-il leur meilleure chance de retourner sans trop de problèmes jusqu’à leur appareil. Malheureusement, l’entrée qu’ils avaient empruntée était recouverte d’un manteau de neige. Saï dût donc se désintéresser de son padawan et le laisser se tenir seul debout pour user de la télékinésie afin de leur dégager un passage suffisant pour se glisser au-dehors. Les rayons d’un soleil de fin d’après-midi s’infiltrèrent peu à peu, et lorsqu’enfin ils purent tous deux poser le pied hors de la grotte, Evengellyne les rejoignait à son tour. Tous trois reprirent leur marche d’un pas mesuré pour permettre à Yun de les suivre. L’exercice donna du temps au vieil homme pour envisager la suite des évènements.

- Vu l’enthousiasme général pour aller parlementer avec les officiels, plaisanta-t-il, je propose que demain, nous rejoignions la capitale et que vous m’y déposiez afin que je m’occupe de cette partie de la mission. De votre côté, vous pourriez en profiter pour parcourir notre lieu en vol et analyser la topographie. Il sera nécessaire d’établir des plans pour que nous puissions concevoir notre installation avec une plate-forme d’atterrissage dissimulée. Surveiller également la zone aérienne pour voir à quel point elle est fréquentée, voire même si des zones habitées à proximité, générant du trafic aérien et spatial auraient pu nous échapper.

Cela ferait un beau programme pour la journée pour le Chevalier et le padawan. Saï ne doutait pas qu’ils ne s’ennuieraient pas en son absence. L’important étant que les ennuis, de manière générale, restassent plutôt à l’écart de leurs petites affaires.

Le retour au vaisseau prit un peu moins de temps que l’aller, car descendre les montagnes était plus aisé malgré la neige qui s’était déposée. L’équipe fut particulièrement soulagée de pouvoir rejoindre la chaleur de leur petit appareil. Après s’être restaurés, ils purent méditer et dormir sur leur couchette respective. Un repos bien mérité.


***



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----------Lorrd City, le lendemain matin…

Enfin, ils survolaient la capitale de ce monde glacé. Yun avait repris les commandes de l’appareil, une position assise qui ménageait un peu mieux sa blessure. Evengellyne faisait office de co-pilote et le vieil homme, emmitouflé dans sa bure d’hiver, se tenait debout derrière eux pour admirer la vue depuis le cockpit. La lueur matinale, jaune pâle, faisait apparaître Lorrd City comme un animal au cou tendu vers le ciel, figé comme une statue dans le froid glacial de la planète. Un mélange d’élégance et d’industrie qui ne détonait en rien dans le paysage montagneux, et donnait un certain plaisir aux yeux de celui qui aimait les formes et les couleurs, comme un tableau original.

- Nous y voilà, commenta simplement Maître Don avant de se pencher pour ramasser la besace qui l’accompagnerait en ces lieux.

Il avait plus l’air d’un voyageur que d’un diplomate en mission, mais le vieil homme avait la réputation suffisamment importante pour qu’un gouvernement acceptât ce manque de convenance. De plus, il n’était pas sûr que Lorrd fût véritablement attaché au faste des rencontres diplomatiques : sa meilleure preuve de sincérité dans leur projet était de venir tel qu’il était vraiment : ascétique.

- Ne traînez pas ici, mieux vaut que nous ne nous fassions guère remarquer, même si notre appareil peut difficilement être identifié comme celui de l’Ordre Jedi vu sa vétusté. Essayez d’avancer sur l’analyse des lieux. Donnez-moi des nouvelles régulièrement, ne vous séparez sous aucun prétexte... et surtout n'oubliez pas de revenir me chercher ce soir !


Quelques minutes plus tard, ils obtenaient l’autorisation d’atterrir sur une plate-forme proche du centre de la capitale, et le vieil homme se prépara à quitter le vaisseau, s’enjoignant à ne pas s’inquiéter davantage de l’état de son padawan à qui le repos avait redonné quelques couleurs. La Force l’aida à se concentrer sur son objectif auprès du gouvernement : rassurer les officiels sur leurs intentions, sonder leurs relations avec l’Empire, comprendre leurs craintes et leurs désirs… Pour leur proposer un plan en conséquence.

Un plan où l’Ordre Jedi serait leur allié.



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Cris. Supplications. Douleur. Les images tourbillonnaient dans la tête de Yun comme un kaléidoscope hypnotique tout droit sortir des enfers. Cette nuit ne serait pas différente des précédentes alors qu’il revisitait en rêve les lieux où il avait laissé des cadavres derrière lui. Hanté par les actes d’une vie qui était sienne tout en appartenant à un passé révolu, l’épicanthix n’arrivait que trop rarement à dormir du sommeil du juste, et sans doute que sa blessure n’avait pas aidé cette nuit-là. Ces visages qui pleuraient, il les revoyait tous avec une acuité destructrice, tout comme il se souvenait de l’agonie déformant leurs traits. Ces morts étaient sa conscience, et elle ne cessait de se rappeler à son bon souvenir.

Quand l’aube parut dans le ciel poudreux de Lorrd, le colosse ouvrit les yeux, ses paupières papillonnant légèrement alors qu’il tentait de reconnaître son environnement, de s’arracher aux ombres de son esprit pour se baigner dans la lumière du matin. Un coup d’œil à son flanc lui arracha une grimace de mécontentement : ses gesticulations nocturnes avaient fait dévier le pansement, mais il n’osait pas réveiller ses deux aînés qui dormaient encore, aussi il se leva silencieusement et farfouilla dans la pharmacie d’urgence pour en retirer les instruments nécessaires. Avec précaution, il ôta le haut de sa bure pour se retrouver torse nu et enleva le bandage initial fait par Maître Don. Essayant de se souvenir en détail des gestes pratiqués, il appliqua une dose généreuse de produit médical, la boue verdâtre et odorante recouvrant bientôt la plaie, avant d’ajuster les bandes au mieux pour ne pas entraver ses mouvements. Satisfait du résultat, il se leva pour vérifier son travail plus avant, et une fois parfaitement content de lui, le jeune homme se rhabilla, faisant disparaître le témoignage de son imprudence de la veille sous les plis de son vêtement.

Lentement, il prépara un petit-déjeuner consistant pour eux trois, et attendit que tout le monde arrive, saluant Maître Don et le Chevalier Belluma une fois ceux-ci prêts. Rassasiés, ils pouvaient désormais partir, et Yun retrouva avec un enthousiasme particulièrement mesuré sa place de pilote, les événements de la veille encore gravés dans sa mémoire, de même que les reproches faits par son maître. Très franchement, il aurait bien aimé céder les commandes à un autre, mais ce n’était apparemment au programme, aussi il se contenta de faire bonne figure avant de faire décoller leur enfin. Au moins, normalement, il y avait peu de risque de se retrouver en pleine bataille spatiale dans l’orbite de la planète… Non ?

Une fois Lorrd City en vue, l’épicanthix entra sans sourciller leur code d’identification et attendit l’autorisation de se poser sur la piste du spatioport de la ville. Voyant son maître descendre de leur appareil, Yun chassa l’angoisse qui l’étreignait en voyant le vieillard partir seul. C’était particulièrement stupide, en plus, eu égard à ses talents beaucoup plus impressionnants que les siens, mais le jeune homme n’aimait pas l’idée de se séparer, quand bien même il jugeait cela profondément nécessaire. Finalement, il se contenta de souffler doucement :

« Que la Force vous soit favorable, Maître. »

Puis, la silhouette de l’humain se vit plus lointaine, et Yun remit les réacteurs en marche tandis qu’il décollait à nouveau. Tandis qu’il lançait leur vaisseau dans le sens inverse du trajet qu’ils venaient de parcourir, Yun se demanda s’il était censé parler là, et opta assez lâchement pour le silence en désespoir de cause, incapable de trouver un sujet de discussion à partager avec la pétulante jedi assise à son côté.

La lande blanchâtre s’étendait à perte de vue sous ses yeux, le paysage déchiqueté par endroit par une poussé montagneuse qui semblait déterminée à s’arracher du sol pour pointer vers les cieux dans un accès de désolation. A vrai dire, le colosse ne savait si l’ensemble était apaisant ou un peu dérangeant. La réponse devait se trouver à mi-chemin entre les deux, probablement. Bientôt, ils arrivèrent près du piton où ils avaient atterri la veille, et le padawan finit par dire :

« Nous devrions faire le tour en rase-motte, donc. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, et il fit descendre l’appareil aussi bas que possible pour avoir la vision la plus parfaite, avant de demander :

« Vous pouvez activer le scan, Chevalier Belluma ? »

Ainsi, ils pourraient éventuellement la présence de traces organiques suspectes et tenter de déterminer s’il y avait des personnes vivant là. Leur tour d’approche se fit sans rien de notable, les bips de l’écran ne signalant que des traces attendues d’organismes, sans doute les animaux locaux. Peut-être des amis de leur gorgodon ? Cette pensée lui arracha un léger frisson.
Pour autant, alors qu’il agrandissait son périmètre de patrouille, le scan se mit à émettre un signal plus fort, à tel point que Yun commença à trianguler le signal, persuadé que l’appareil était mal réglé. Sauf que… Non. Manifestement, il avait repéré des traces de vies suffisantes pour penser à autre chose qu’à des bêtes sauvages.

« Le scan semble indiquer une présence humanoïde mais… Je ne vois rien… »

Proche de montagnes, leur navette tournait en rond, tandis qu’il cherchait désespérément une explication. En désespoir de cause, il finit par proposer :

« On se pose ? »

Comme de toute façon, il n’y avait pas grand-chose à faire d’autre au vu des impératifs de leur mission, Yun amorça donc la descente, se posant sur un petit plateau neigeux à altitude moyenne. Les deux jedis sortirent du vaisseau, que l’épicanthix verrouilla avec précaution avant d’avancer. Cependant, au bout de quelques mètres, ses sens s’éveillèrent. Il y avait…

« Chevalier, je crois que… »

« Mettez vos mains en l’air, étrangers. »

Un rayon rouge pointé sur leur poitrine laissait peu de place à la discussion. Apparemment, il y avait vraiment des gens-là… Est-ce qu’ils protégeaient simplement leurs foyers éloignés de tout, ou étaient-ils hostiles ? Là résidait toute la question…

« Nous sommes des jedis. Nous venons en paix. »

En temps normal, Yun se serait attendu à une réaction d’indifférence, voire de détestation. Pourtant, il vit le laser s’abaisser, alors que la voix lointaine faisait :

« Prouvez-le. »

Croisant le regard avec le Chevalier Belluma, il haussa ses épaules, pensant qu’elle serait plus à même de les impressionner que lui.

« Je crois que vous avez carte blanche pour être aussi impressionnante que possible… »
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Les deux hommes avaient pris les devant. Elle entendait leurs pas au loin. L'animal était calme. Il était l'heure pour elle aussi de quitter les lieux. Elle fit une dernière caresse à la bête, fit un dernier grognement et prit la même direction que ses compagnons de voyage. Ils passèrent la nuit à l'intérieur de la navette. La nuit et le froid, Evengellyne ne dormit que très peu, préférant regarder les grandes étendues neigeuses. Vraiment, elle s'y croirait presque, sur Nelvaan. Il ne manquait plus que sa mère. La jedi regarda le blanc manteau neigeux et ses yeux finirent par se fermer. Ce ut l'odeur de la nourriture qui la réveilla le lendemain matin. Yun s'était sans aucun doute lever bien plus tôt. Il avait tout préparer et avait saluer les deux jedi. Evengellyne lui répondit par un sourire et mangea rapidement. Inutile de perdre du temps. Ils avaient mieux à faire et beaucoup de choses les attendaient. Ils devaient mettre le cap sur Lorrd City et y déposer maître Don. Le jeune padawan retrouva sa place de pilote et la Zabrak sa place dans l'appareil.

Une fois au dessus de Lorrd City, Yun entama la descente pour permettre à maître Don d'aller négocier avec les autorités locales. La jeune femme ressentit la crainte du jeune padawan lorsque ce dernier vit son maître partir seul. Elle ne le comprenait que trop bien. Elle-même avait tendance à beaucoup s'inquiéter pour son propre maître. Elle posa une main douce sur l'avant bras de l'épicantix alors qu'il souhaitait bonne chance au maître jedi qui s'éloignait déjà.

« Ne t'en fait pas autant pour lui. Maître Don sait ce qu'il fait. Et nous pourrons toujours faire demi-tour si nous avons un mauvais pressentiment. Après tout nous restons sur Lorrd et dans un périmètre somme toute assez restreint. » Une tentative d'apaiser la conscience du padawan. Evengellyne ne savait pas si elle avait réussi ou non. Quoi qu'il en fut réellement, les deux jedi repartir. Le vaisseau fit sensiblement le même trajet qu'à l'aller, retournant vers la fameuse grotte qu'il avait trouvée la veille. Evengellyne eut une pensée pour le gorgodon et un léger sourire vint s'étaler sur son visage. Il n'y avait pas à dire, elle aimait les paysages désolé, où la neige était à la fois fascinante et si dangereuse. Yun ne disait rien, préférant sûrement se concentrer sur le pilotage. Evengellyne elle, laissa son esprit divaguer, quelques mots s'échappant de ses lèvres. « Ce paysage est vraiment magnifique. Si envoûtant, il ressemble au paysage que je voyais enfant. Tant de souvenirs, de sentiments qui se mélangent. Et dire que nos maître désapprouvent cette attitude, c'est tellement dommage. Ils sont parti intégrante de ce que nous sommes. Sans eux nous ne sommes que des coquilles vide. »

La divagation de la jeune femme fut interrompue par la voix du padawan. Evengellyne le regarda et acquiesça d'un hochement de la tête. Faire un premier tour de reconnaissance à basse altitude était en effet préférable. On ne pouvait pas vraiment savoir s'il y avait des être vivant autres que les bêtes ou non. À la demande du jeune homme, Evengellyne activa le scan. Rien, il n'y avait rien de très concluant sur les radars. Sûrement des animaux, mais rien de plus. Et puis soudainement, les prunelles de la jeune femme furent attirer par quelque chose sur le radar. Visiblement Yun l'avait lui aussi remarqué. Evengellyne essaya de voir ce que cela pouvait être mais il n'y avait rien à faire. Ils seraient obliger de se poser. « Oui, oui pose-toi Yun. » fit la jeune femme comme toute réponse à la demande du padawan quelques minutes plus tôt.

Mais à peine étaient-ils posés, à peine avaient-ils fait que quelques mètres qu'un mauvais pressentiment fit frémir la jeune femme. Yun l'interpella et finalement ce fut la voix d'une personne au loin qui parvint quelques minutes plus tard aux oreilles de la jeune femme. Evengellyne baissa le yeux et soupira en voyant qu'on les pointait avec un laser. Il manquait plus que cela. L'heure était grave. En moins de temps qu'il ne le faudrait, ils risquaient d'être tirer comme de vulgaire lapin., ou presque. Yun précisa qu'ils étaient des jedi et qu'ils venaient en paix. La Zabrak lui jeta un bref coup d’œil et tenta de déceler la position exact de la personne qui les visait ainsi. La voix de l'homme raisonna à nouveau dans le silence de l'étendue blanche. La personne abaissa le laser et demanda une preuve. Evengellyne manqua d'exploser de rire. Au moins cela ne devait pas être des utilisateurs de la Force. Sans quoi ils ne leur auraient pas demander de preuve. Yun croisa le regard de la chevalier Jedi et lui affirma qu'elle avait carte blanche pour les impressionner. Evengellyne sourit. « Ouhhhhhhh » fit-elle un air malicieux dans le regard. Elle comptait bien s'amuser un peu de la situation. Mais avant cela elle devait remettre les choses au clair.

« Vous prouvez que nous sommes bien ce que nous prétendons être, hein ? » commença-t-elle. « Mais nos sabres ne suffisent-ils pas ? Oh, en faîtes vous savez quoi ? Vous avez raison de ne pas vous fiez à de simple sabre. Qui peut dire s'ils sont bien à nous ? »

La personne repointa le laser sur la jeune femme. Evengellyne haussa les épaules. « Du calme, ce sont les nôtres et nous n'allons pas nous en servir. À dire vrai il n'y a que quelques raisons qui expliqueraient que nous avons des sabres. Soit nous sommes des Jedi et ils nous appartiennent ; soit ils ne nous appartiennent pas et nous les avons récupérés. Dans ce cas, soit nous n'utilisons pas la Force et vous avez de la chance ; soit nous l'utilisons et la raison la plus valable est que nous sommes des siths. » Evengellyne sourit et reprit.

« Mais rassurez vous. Si nous étions des sith, vous seriez...déjà morts » ajouta-t-elle après l'avoir attiré à elle par télékinésie. « Oh vous êtes donc un homme. Cette démonstration vous suffi-t-elle ? Ou bien dois-je usez d'autres choses pour vous le prouver ? » Demanda-t-elle en souriant. Elle le relâcha et se tourna vers Yun. « Navrée, mais je n'allais tout de même pas utiliser toutes mes capacités. » Puis elle se tourna à nouveau vers l'homme.

« Et vous, que faîtes vous ici ? Savez-vous que nous sommes proche des territoires de quelques gorgodon ? »

L'homme fixa la jedi.

« Comment le savez-vous ? »

Evengellyne ajusta ses cheveux d'un geste de la main.
« Je peux sentir des bêtes et avec de l’entraînement, nous pouvons reconnaître certains animaux particuliers.
- Comme les Gorgodons ?
- Comme les Gorgodons. Dites-moi, y a-t-il d'autres être humains non loin d'ici ? »
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