Saï Don
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Il sut que la journée allait être longue dès son arrivée au bâtiment principal du gouvernement : il avait été reçu par un droïde à qui il avait expliqué être un maître du Conseil Jedi qui passait par là, pour une visite non-officielle, mais qu’il souhaitait rencontrer le gouvernement local pour des affaires stratégiques qui leur importeraient grandement. Le droïde, une machine de protocole au design argenté quelque peu dépassé, s’était fendu de plusieurs formules de politesse pour lui expliquer que la demande serait transmise, mais que le gouvernement n’était pas si aisément disponible, et qu’il vaudrait donc mieux prendre rendez-vous pour le mois prochain. Le vieil homme expliqua qu’il avait tout son temps, qu’il pourrait attendre toute une journée si nécessaire, que par ailleurs il avait obtenu un code pour entrer dans l’atmosphère grâce à une demande officielle qui prévoyait sa venue, et que donc il était attendu d’une manière ou d’une autre. Il avait bien entendu toute la journée, ainsi que le lendemain et le jour suivant. S’il le faudrait, il reviendrait chaque jour à l’aube, repartirait chaque soir au crépuscule, afin qu’on lui accordât cinq minutes de discussion. Le droïde transmit plusieurs messages, puis l’invita à patienter.

Le bâtiment était dans le même style que le reste de Lorrd City : du métal et de la pierre, des odeurs d’industrie, de soufre et d’huile, et de grandes surfaces de transparacier faisant entrer une vive luminosité mais d’une pâleur qui donnait au tout un air surréaliste. Toutefois, maintenant qu’il était si près de ces murs, de ces poutres de métal et de ces industries qui environnaient le centre-ville, il réalisait que les impressions d’élégance et d’efficacité faisaient place, à bien y regarder, à une vétusté et un calme étrange. Maître Don connaissant relativement peu le contexte social de cette planète, mais il s’était dans tous les cas attendu à quelque chose de plus… Vivant. A moins que ce ne soit le quartier du gouvernement qui fût ainsi ? Ou alors, tout le monde était ailleurs… Dans un endroit où il se passait quelque chose de particulier.

Un drôle de sentiment étreignit le vieil homme. Yun et Evengellyne étaient-ils en danger ? Il se rasséréna, décidant que le chevalier et son padawan étaient futés et capables. S’ils avaient des ennuis, ils sauraient soit s’en sortir, soit utiliser la Force pour l’en alerter. Mieux valait qu’il se concentrât sur sa mission.

Ce ne fut que plusieurs heures plus tard, que le vieillard passa assis à rouiller sur un fauteuil dans une salle d’attente, qu’enfin quelqu’un se présenta à lui. Il s’agissait d’une humaine entre deux âges, la mine sévère et passablement fatiguée, qui vint lui serrer la main avec autorité.

- Maître Don, c’est bien cela ?
l’interrogea-t-elle en le toisant au-dessus de ses petites lunettes tandis que le vieil homme se levait.
- Tout à fait. Madame… ?
- Hassen. Assistante du directeur des relations publiques.

Avec cette étincelle d’intelligence dans le regard et ses cheveux resserrés en un chignon étroit et grisonnant à la racine, elle lui rappelait Krava.

- Maître Jedi, vous tombez mal, lui annonça-t-elle de but en blanc. L’une de nos usines a connu une défaillance, ce qui a provoqué un accident compliqué… Et des émeutes dans la partie sud de la ville.
- C’est ce que j’ai cru comprendre, fit le vieillard en désignant du doigt l’écran d’holonews qui, en boucle, ne cessait de repasser des scènes d’effondrement d’une architecture de machinerie.
- Vous comprendrez donc que nous n’ayons guère de temps à vous accorder. Il semblerait qu’une équipe de mineurs soit bloquée en sous-terrain, et les médias nous harcèlent quant aux moyens mis en œuvre pour les sauver, alors même que des gaz toxiques nous empêchent de pénétrer la zone de manière sécuritaire. Un véritable casse-tête. A moins que vous ne soyez là pour nous apporter de l’aide, je crains que nous ne puissions nous occuper de votre cas, Maître Jedi. Qu’est-ce qui vous amène ici ?

Le vieillard acquiesça avec bienveillance.

- Ce qui m’amène ici est une demande toute particulière qui, vous avez raison, n’est pas une urgence au regard des évènements qui se déroulent à Lorrd City. Mais la Force ne m’amène que rarement par hasard, madame Hassen. Ce pourrait donc tout aussi être pour vous apporter de l’aide que je suis ici…

Son interlocutrice fronça les sourcils, indécise. Après quoi elle porta ses mains à son nez, dont elle massa quelques instants l’arête meurtrie par le port de ses lunettes étroites. Elle semblait être confuse tout autant qu’en proie à une réflexion intense.

- Je vous remercie, Maître Jedi, mais je crains que vous ne puissiez rien nous apporter dans l’immédiat. Nous ne manquons pas de moyens, seulement de l’ambiance appropriée : l’équipe piégée a semble-t-il cédé à la panique. Nous pourrions les extraire via une voie d’évacuation extérieure, mais… Le message ne passe pas, ils ne nous écoutent pas. Ils se sont retranchés dans une salle de contrôle qui sera bientôt envahie par le monoxyde de carbone. Comme ils ne le sentiront pas, ils se seront laissés empoisonner sans même s'en rendre compte...

- Dans ce cas, peut-être pourrais-je leur parler.

Madame Hassen sembla jauger le vieillard du regard, puis elle haussa les épaules, comme pour dire que cela ne coûterait rien. Elle lui fit un bref signe avant de s’éloigner à pas vifs vers le parvis devant le bâtiment, et Maître Don leur emboîta le pas. Un petit vaisseau stationné là les attendait, ses moteurs ronronnant déjà, comme s’il était prêt à s’enfuir. Madame Hassen annonça qu’ils avaient un passage supplémentaire avant de s’engouffrer dans le véhicule, et le vieil homme l’imita.

L’instant suivant, l’appareil s’éleva dans les airs, effectua une boucle majestueuse avant de plonger dans la faille qui séparait les deux montagnes aux cimes desquelles Lorrd City avait été bâtie. En un éclair, ils passèrent d’une luminosité sans borne à l’obscurité des profondeurs. Saï s’agrippa à son siège tandis que leur cabine tremblait sous l’effet de la vitesse. Jusqu’à quelle profondeur les Lorrdiens avaient-ils creusé pour construire leurs mines ?
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« Venez. Ce sera plus simple. »

L’homme leur fit un signe de main, avant d’agiter son bras pour faire signe à ses comparses restés hors de vue, sans doute, de baisser leurs armes. Avec soulagement, Yun vit le faisceau rouge quitter sa poitrine et put reprendre une respiration qu’il avait interrompue sans même sans rendre compte, le portant au bord de l’asphyxie alors qu’il avait contemplé avec angoisse le Chevalier Belluma s’exposer ainsi. Que ce serait-il passé si elle n’avait pas agi assez vite et que, face à son déploiement de force, les partisans de l’inconnu aient riposté, prenant l’attraction pour une tentative de meurtre ? Mieux valait qu’il n’y pense pas.

Baissant enfin ses bras, l’épicanthix suivit donc leur interlocuteur en silence, veillant à garder son sabre bien en évidence pour ne pas attiser davantage la méfiance. Quelque part, il trouvait curieux que ces gens n’aient pas davantage tiqués à la mention de jedis, mais il préférait ne rien dire et les laisser s’expliquer. Parfois, laisser faire et ne rien provoquer était une mesure sage. Il ne servait à rien de s’imposer quand manifestement, quelqu’un désirait faire la lumière sur ses agissements. Oh bien sûr, ce pouvait être un piège, éloigner le duo de son vaisseau et les mener dans un guet-apens où ils seraient en surnombre pour mieux les mettre hors d’état de nuire, cependant, outre que Yun ne pouvait de toute façon pas le prouver, leurs choix demeuraient limités. Soit ils le suivaient, soit ils se montraient pointilleux, et en étant tenus en joue de cette manière, ce n’était peut-être pas la mesure la plus sage. Bref, advienne que pourra : ils allaient se laisser porter par la Force, lui faire confiance.

Bientôt, ils furent en face de la paroi de la montagne, et Yun comprit soudain pourquoi ils n’avaient rien vus, étant donné le brouillard qui masquait le haut de cette dernière : creusés en son flanc, de véritables escaliers en rigoles dominaient cette dernière, tandis que des ouvertures paraissaient donner vers l’intérieur-même de la roche. Sous sa vue, c’était toute une cité industrieuse invisible depuis les hauteurs qui s’offrait à sa vue, ou du moins, ses vaillantes sentinelles. Il n’osait imaginer comment et en combien de temps un tel édifice avait été taillé… Des centaines, peut-être des milliers d’années avaient dû être nécessaires pour accomplir une telle entreprise.

Un peu sidéré, ses yeux gris parcourant ce spectacle unique, se gorgeant de cette vue impromptue, l’épicanthix traînait un peu et un braillement peu amène lui fit comprendre qu’il était temps d’arrêter de flâner le nez au vent, aussi il allongea le pas pour se maintenir à la hauteur de leur guide et de la zabrak, ce fait seul lui arrachant une mince grimace étant donné l’effort demandé à son flanc toujours en cours de cicatrisation, et qui n’appréciait guère les changements violents de la sorte. Pestant encore une fois en silence contre ce maudit gorgodon, Yun se contenta d’avancer dans le même silence buté qu’auparavant, laissant le Chevalier faire la conversation si elle le désirait. L’homme appuya sa main contre la paroi, tapa quelques fois dessus, et cette dernière s’ouvrit alors, comme une porte naturelle. D’un geste, il leur fit signe de les suivre, et tous s’engouffrèrent à l’intérieur.

Là, un dédale les accueillit, et le jeune homme cessa rapidement de chercher à se répérer, ayant la conviction que de toute manière, leur hôte essayait de les empêcher en leur faisant faire toutes sortes de détours inutiles. Décidément, le colosse se demandait bien à quoi rimait tout cela, alors qu’il devait avancer courbé pour ne pas voir sa tête heurter le plafond et veiller à éviter les stalactites qui perçaient ce dernier. Manifestement, ces galeries n’avaient pas été creusées en pensant aux personnes de sa stature.

Enfin, ils arrivèrent contre une paroi où des sortes de meurtrières se dessinaients dans la roche. D’une voix impérieuse, leur guide leur fit :

« Regardez. »

Yun obéit, ne cherchant plus la logique de tout cela… Et retint son souffle. Sous ses yeux, entourées par la chaîne montagneuse et creusées en son sein, s’enfonçant, des rigoles serpentaient sous la terre à une profondeur inimaginable, le noir dominant tout. L’ensemble donnait une impression ondoyante, faussement vivante… Et atrocement dérangeante. Cherchant à en savoir plus, instinctivement, le jeune homme s’ouvrit à la Force, se détachant de lui-même … Et immédiatement, la nausée le submergea, tandis que des hurlements sordides emplissaient ses oreilles.

Devant ses yeux hagards défilèrent des cris désarticulés, des cadavres lui emplissaient les prunelles, des ordres, des claquements de fouet, et surtout, cette odeur de mort immonde qui lui chatouillait les narines paraissait vouloir le contraindre à l’évanouissement tant elle était insupportable. Ici, des milliers avaient péri dans des douleurs indicibles, contraints de creuser de leurs mains à même la roche, victimes d’une folie paranoïaque. C’était comme si ces âmes passées à la Force le prenaient à témoin, lui montraient leur martyre. Chancelant, Yun ferma ses paupières, essayant de reprendre contenance, de la sueur perlant à son front. Puis il annona :

« Cet endroit… Il a été construit… Par … ces gens… ? »

« Nos ancêtres. Les esclaves qui ont été sacrifié par le régent Torphéris afin de bâtir ceci. »

Il ajouta :

« Vous avez devant vous les fosses aux esclaves de Lorrd, le témoignage oublié de ce que certains ont subi, et que nous gardons depuis que les jedis nous ont libéré.

Bienvenue à vous. »


Abasourdi, Yun resta muet quelques instants, le temps d’ingurgiter les informations délivrées. Bien sûr, au Temple jedi, et même au sein de l’Académie sith, il avait étudié la révolté des lorrdiens contre leurs maîtres quelques siècles plus tôt, quoique sous des auspices différentes, les uns magnifiant les actions des leurs libérateurs, les autres préférant se contenter d’en tirer des conclusions sur la manière d’ériger une bonne dictature et sur la faiblesse intrinsèque des régimes autoritaires non-siths comme incomplets dans leur gouvernement de puissance. Cependant, rien ne faisait mention de ces fausses aux esclaves. C’était… étrange. Vraiment étrange.

« Vous… vivez près de ça ? »

« Oui. Quand nos ancêtres ont été libérés, certains ont décidé de rester pour surveiller les fosses. D’autres sont partis. Avec le temps, les contacts se sont raréfiés, et les autres lorrdiens ont oublié cet endroit. Mais pas nous. »

Franchement, Yun ne voyait pas le mal qu’il y avait à quitter un endroit aussi dérangeant, mais c’était là son avis … En tout cas, il se demandait bien en quoi c’était si ennuyeux, justement, que ces fosses restent là, tranquilles, cachées et sans personne autour.

« Et qu’est-ce que vous ne devez pas oublier ? »

Immédiatement, l’épicanthix sut qu’il n’avait pas posé la bonne question. L’homme darda sur lui un regard torve, et plusieurs minutes s’écoulèrent avant qu’il ne finisse par éructer d’un ton qui ne souffrait aucune réplique :

« Ce n’est pas à moi de vous le dire, si même les jedis ont oublié aussi. »

Tournant les talons, il ajouta :

« Si vous voulez l’hospitalité pour la journée et la nuit, nous vous la donnerons, en vertu de ce que vos anciens ont fait pour les nôtres.

Jurez de ne rien révéler de cet endroit. »


Yun échangea un regard avec la zabrak avant d’acquiescer. Apparemment satisfait, l’homme les mena à nouveau par le dédale de couloirs creusés dans la roche avant de déboucher sur une cavité bien aménagée, et de leur dire :

« Vous pouvez rester ici, si vous le désirez. Au fait, je m’appelle Torden. »

Et il s’en fut, laissant les deux jedis derrière lui, au creux de la montagne.
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La Jedi y avait cru à son discours. Mais il lui restait une pointe d'appréhension. On ne pouvait jamais être totalement certain des réactions des uns et des autres. Alors elle avait laissé sa dernière phrase un peu en suspend. Mais visiblement, tout allait bien se terminer. Leur interlocuteur les invita même à les suivre plutôt que de répondre de vive voix, un peu dans le flou à sa question. Oui, voir, c'était certain que cela allait plus leur parler. Mais la jeune femme ne baisa réellement sa garde que lorsque les petits rouges ne pointèrent définitivement plus sur eux. Ce fut uniquement à ce moment précis, qu'un soupire s'échappa de sa bouche, soulagement.

La Jedi tout comme le padawan leur emboîtèrent le pas. Les deux utilisateurs de la force suivirent le petit groupe. Evengellyne ne comprenait pas bien a départ. Il n'y avait rien, elle n'avait d'ailleurs rien vu depuis le ciel. Et puis ce fut la surprise, stupéfaction devant la paroi creusée. Des galeries, des couloirs, à perte de vue, et puis l'homme les invita à regarder. Mais à regarder quoi, elle ne savait pas très bien. Ses yeux cherchaient d’avantages à s'habituer qu'à scruter ce qui se trouvait devant eux. Mais il n'y avait rien d'autre à voir, que ce dédale souterrain. Et là elle comprit, ou plus exactement elle ressenti. La souffrance de ces êtres morts, par centaine ou millier et plus encore. Et Yun qui se tenait à ses côtés sentit aussi. Elle le remarqua dans la Force. Elle se rapprocha de lui, essayant de transmettre des pensées, des ressentis plus positifs pour éloigner toute cette chape de plomb.

Puis Yun commença à discuter avec l'homme qui les avait amené jusqu'à cet endroit. Evengellyne, elle, écoutait sans rien dire. Après quelques échanges, l'homme leur souhaita la bienvenue.

« Nous vous remercions. » fit la Jedi en souriant. Mais l'atmosphère était pesant. Le jeune padawan semblait soucieux. Peut-être en raison de ce qu'il venait d'apprendre. Oui personne n'en parlait au Temple. Il y avait des choses qu'on préférait passer sous silence, ne pas remuer le passé. Le passé devait resté dans le passé et seuls quelques personnes gardaient en mémoire ce qu'il se devait d'être retenu. Et puis la conversation reprit. Yun s'interrogea sur le fait qu'ils vivent non loin de là. Evengellyne regardait, scrutait les lieux. Elle s’imprégnait à sa manière de la moindre sensation qui émanait de cette fosse. Elle ne perdait pas une miette. Elle voulait être certaine d'avoir tout mémoriser si le besoin de tout restituer se faisait sentir.

Evengellyne allait empêcher le jeune garçon de continuer de questionner l'homme, craignant un faux pas mais elle ne fut pas assez rapide. La question tomba et le comportement de l'homme changea. On ne demande pas comme cela ce qu'il faut ou non ne pas oublier. Et puis à dire vrai, la Zabrak ne le savait pas non plus. Mais elle savait que ce passé était délicat.

« Veuillez lui pardonner cette question. Il est encore jeune et ne connaît pas encore parfaitement les lois de la sagesse. » ajouta-la jeune femme pour apaiser le regard de l'homme qui leur faisait face. Pour une fois la Zabrak parlait peu. Mais Yun parlait pour deux alors elle ne sentait pas obliger d'en ajouter une couche supplémentaire. Leur guide du jour finit par passer outre la question et éluda le sujet en refilant soigneusement la tâche à un autre. Après avoir juré de ne rien révéler, les deux jedi suivirent leur guide à travers le dédale des couloirs t des cavités creusées dans la montagne. C'était à la fois merveilleux et inquiétant, un étrange sentiment qui coulait dans les veines de la Zabrak. Finalement, arrivée à l'endroit où il voulait les amener, le Lorrdien leur signala qu'ils pouvaient rester pour la nuit et les laissa là, seuls.

Il s'appelait Torden. La Zbrak nota ce nom dans un coin de sa mémoire. Ses yeux parcoururent la cavité et son aménagement. Rudimentaire, mais l’essentiel y était à savoir au moins un endroit où dormir. Pas forcément très confortable mais l'assise semblait suffisante. Elle se tourna vers le garçon et le regarda avant de lui dire.

« Nous pourrions explorer un peu les alentours. Mais il vaudrait mieux que nous restions ensembles. Non pas que je ne leurs fais pas confiance mais on ne sait jamais. Nous ne savons pas très bien où nous sommes alors restons prudents tu veux. » Evengellyne marque une pause et reprit. «  Nous avons encore du temps avant la tombée e la nuit. Demain nous poursuivrons nos recherche mais une chose est certaine, si nous restons dans leurs bonnes grâces ils pourront sûrement nous aider dans notre tâche. » affirma la Zabrak. « Commençons. » fit-elle en se dirigeant lentement vers un petit couloir donnant sur leur propre cavité.


[HRP : désoéle c'est pas terrible Sad ]
Saï Don
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Le sol rocheux de Lorrd, sous sa capitale aux allures froides et élégantes, était troué de galleries de plus en plus profondes, en un réseau ramifié et complexifié par des barrages automatisés, des ascenseurs bruyants et des systèmes d'aération qui laissaient flotter un odeur toujours plus âcre à mesure qu'ils s'enfonçaient. La navette les avait déposé sur une plateforme aux abords d'une gallerie, et Maître Don avait docilement suivi madame Hassen en speeder, puis à pied. Le pass de la technocrate leur permettait d'emprunter, eux et leur escorte policière lorrdienne, des voies sécurisées leur permettant de passer outre les émeutes. Ils ne croisaient que quelques militaires en faction qui les saluaient sobrement.

Ils parvinrent enfin à ce qui s'apparentait à une salle de contrôle hautement technologique remplie d'officiers lorrdiens et de techniciens installant ici un écran, réparant là une console électronique. Tout n'était pas flambant neuf : l'endroit avait été bâtie avec du matériel plus ou moins ancien, combiné à quelques perles de technologie, comme une longue table au-dessus de laquelle s'affichait, en un hologramme au grain particulièrement fin, ce qui devait être la carte du réseau souterrain industriel de Lorrd City. Maître Don s'en approcha à la suite de Madame Hassen, qui s'y immobilisa en posant les mains sur le bord de la table avant de lui jeter un regard évaluateur par-dessus les verres de ses lunettes rectangulaires.

- Je n'ai pas l'impression que la panique face au danger de perdre des centaines de mineurs règne ici, commenta le vieil homme avec un sourire entendu.
- Ne vous inquiétez pas. Ils sont en sécurité. Ou plutôt, ils se croient en danger, mais il n'y a aucun gaz incolore et indolore qui les menace. Ils seront bientôt évacués, et les émeutes s'apaiseront. Dès que nos travaux seront terminés, s'entend. Nous devons faire entrer un radar grâce une machine importante... Ici.

Elle pointa son doigt en un point de la zone basse du réseau, où une salle souterraine semblait commencer. Le vieil homme fronça les sourcils.

- Vous voulez dire... Il n'y a pas eu d'accident ?

Madame Hassen haussa les épaules, la mine toujours aussi froide.

- Non. Aucun mort. La presse y a cru, cependant, et c'est tout ce qui compte. Les mineurs seront bientôt libérés par nos équipes et rentreront chez eux en croyant avoir échappé à une mort certaine.
- Tout ça pour faire entrer une machine en secret ?
- Plusieurs, en réalité, chargées de beaucoup de matériel. L'évacuation, l'entrée des machines de déblaiement, des équipes spécialisées, et même de l'armée... Voilà un théâtre catastrophique dont personne ne pourra soupçonner qu'il s'agissait d'une opération spéciale.
- Et par personne... ajouta le vieil homme, curieux, vous entendez... Nos amis communs au-delà de la frontière, n'est-ce pas ?

Elle acquiesça d'un bref mouvement de la tête. Que préparaient-ils exactement ? Si elle l'avait amené ici, c'était bien qu'elle souhaitait qu'il en sût plus sur cette opération hautement secrète. Mais pourquoi l'informer ?

- Pourquoi au juste me révéler une opération si sensible ? Vous auriez pu prévenir le Conseil Jedi depuis longtemps, nous vous aurions peut-être même assistés...
- Impensable, le coupa-t-elle abruptement. L'Empire nous surveille certainement de très près. Nous ne pouvons pas prendre le risque même de vous contacter. Au sein même du gouvernement, certaines personnes ne connaissent pas l'existence de ce projet, parce que nous ne sommes pas certains qu'il ne s'agisse pas d'informateurs de l'Empire. Ils peuvent être partout. Au moindre soupçon... Nous ne pouvons pas même prendre le risque de leur laisser penser que nous vous accueillons à bras ouvert. D'où le temps que nous avons mis à vous recevoir, et je m'en excuse. Mais il nous fallait également vérifier votre identité... A ce sujet, que font vos compagnons ?

Maître Don eut un mince sourire. Ils avaient été surveillés depuis le début. Lorrd se préparait beaucoup mieux que ce à quoi il s'était attendu. C'était soit bon signe qu'ils mesurent le danger, soit mauvais signe car ils risquaient de refuser leur aide immédiatement.

- Ils survolent la planète, simple reconnaissance, répondit-il. Je vois que vous avez ouvert l'oeil, en tout cas. Pourquoi toutes ces précautions ? Vous nous saviez ennemis de l'Empire, si c'est d'eux que vous vous protégez...
- Nous devions vérifier que vous étiez prudents, rétorqua-t-elle comme s'il s'agissait d'une simple formalité de routine. Je le répète : nous ne pouvons pas être associés à l'Ordre Jedi.

Le vieillard pinça les lèvres à cette réponse. Les Lorrdiens n'allaient pas être faciles à convaincre, surtout s'ils se pensaient assez forts pour pouvoir résister seuls à l'Empire. Folie.
Il contourna un siège, et s'assit sur celui qui lui donnait une vue d'ensemble du réseau, devant la table holographique. Son regard se perdit dans la contemplation des multiples ramifications colorées.

- Il semblerait donc que vous sachiez pourquoi je suis ici, laissa-t-il entendre tandis que Madame Hassen se retournait pour croiser les bras face à un autre écran.

Elle semblait surveiller des moniteurs, ou bien se donnait-elle seulement une contenance pour se laisser le temps de réfléchir à sa réponse. Lorsqu'elle le fit, ce fut avec un ton prudent.

- Pas exactement. Nous savons les Jedi indépendants de la République, dans une certaine mesure... Aussi j'imagine que vous conduisez vos propres opérations contre l'Empire.

Elle se retourna pour lui adresser un regard étincelant d'une attente mêlée d'espoir et de colère à la fois. Enfin un peu d'émotion ressortait de cet être froid et calculateur, se dit le vieil homme. La corde sensible était donc à proximité. Il serait prudent lui aussi.

- C'est exact, répondit-il calmement.
- Alors, vous avez pensé à Lorrd pour une opération ou une autre. Lorrd est près de la frontière, vous êtes vous dit, ce pourrait être un point de chute, ou bien une porte d'entrée vers l'Empire... Sauf que nous ne sommes pas prêts à la guerre, Maître Don.
- Nous non plus, admit-il pour la rassurer. Nous ne sommes pas là pour la déclarer, mais nous devons surveiller l'Empire. L'empêcher d'écraser les mondes neutres dès que ça lui chantera. Et Lorrd est en première ligne. Nous ne pourrons vous aider si nous sommes à des milliers de parsecs d'ici le jour où l'Empire attaquera. Ils ne sont guère du genre à prendre du temps. Ils agissent vite car ils ont des moyens inférieurs à la République. Il ne leur faudra qu'un jour ou deux pour briser Lorrd.

Madame Hassen grimaça, et il devina qu'elle s'était déjà fait cette réflexion.

- Ecoutez, nous ne gagnerons pas si l'Empire attaque. Alors nous nous organisons pour créer les conditions nécessaires à une résistance souterraine.
- Ils vous cerneront aisément.
- Pas s'ils ne savent pas que nous sommes là !

Elle avait presque crié de rage. Le désespoir était aux portes des membres de ce gouvernement, songea le vieil homme, avant de se demander quelle place avait cette femme. Assistante du directeur des affaires publiques ? Certainement pas...

- Nous n'avons nulle part où aller. Nous n'aurons pas le temps d'évacuer, nous...

Elle s'interrompit en fulminant, et se retournant brutalement vers le moniteur le plus proche en posant les mains autour du cadran comme pour se concentrer dessus, mais les jointures de ses doigts blanchissaient sous la pression qu'elle lui infligeait.
Maître Don inspira profondément, utilisant doucement la Force pour instiller le calme dans la pièce, car les militaires et techniciens présents ressentaient la tension de leur supérieure hiérarchique, et s'agitaient avec fébrilité. Pendant ce temps, Madame Hassen retrouvait elle aussi son calme.

- Nous ne nous rendrons pas aussi aisément que nous allons le leur faire croire, conclut-elle d'une voix plus douce, et déterminée.
- L'Empire n'est pas encore là, lui rappela le vieil homme. Lorrd ne sera pas forcément sa première cible. Il vous reste peut-être plus de temps que vous le pensez pour organiser un moyen de fuite.
- Une fuite ? persifla-t-elle. Et vers où ? Nous ne serons pas les prochains réfugiés de la République, Maître. Avec tout le respect que je vous dois, nous sommes un peuple indépendant. Nous n'avons l'ambition de ne finir ni comme les artoriens, ni comme les dubrillionnais. Notre planète et ses ressources constituent toutes ses richesses. Nous voulons nous défendre.
- Je l'entends, et nous vous aiderons à vous défendre si nous le pouvons, répondit Maître Don, mais votre population civile devra être protégée, d'où une voie d'évacuation à envisager.

Madame Hassen poussa un soupir avant de secouer négativement la tête.

- Je ne vous ai pas fait venir pour cela, de toutes manières, trancha-t-elle brusquement. Votre présence nous permet de vous informer de ce qui se joue ici, sous-terre. Nous avons... Un Veilleur, qui saura si l'Ordre Jedi est légitime sur Lorrd ou non. Le gouvernement s'appuiera sur lui pour décider et trancher vis à vis de vos projets. En revanche...

Elle se retourna de nouveau vers lui.

- Les Jedi ont la réputation d'apporter leur aide à ceux qui le demandent.

La phrase sonnait comme un défi, comme si elle voulait tester un vérité sur leur Ordre. Maître Don acquiesça en silence.

- Et vous êtes les ennemis de nos ennemis. Par conséquent... Nous demandons votre aide, Maître Don. Pas pour combattre l'Empire, je n'ai pas de doute que vous le fassiez déjà. Mais pour nous fournir le soutien de la République.

La requête fut suivie d'un moment de silence, avant que Maître Don n'inspirât longuement.

- L'Ordre Jedi est indépendant de la République, expliqua-t-il, nous n'avons aucune...
- Foutaises ! Vos liens sont étroits, c'est évident. Il y a des Jedi dans les couloirs du Sénat, des Jedi ex-Chanceliers ou ministres, et des Jedi dans les vaisseaux républicains. Vous avez un pouvoir d'influence. Utilisez-le pour nous fournir le soutien de la République face à l'Empire ! Sans elle, il n'y aura pas de libération de Lorrd, et toute l'organisation de notre résistance aura été complètement futile !

L'Ordre Jedi à lui seul n'était pas assez puissant pour défendre tout un Empire de Lorrd, ils le savaient tous les deux. Maître Don tourna de nouveau son regard vers le réseau holographique.

Les Jedi n'étaient pas des politiciens, il l'avait mille fois répété. Il avait oeuvré à les sortir du système républicain pour être plus indépendants. Il ne pouvait pas retourner sa veste et s'enchaîner au Sénat de nouveau, il n'en sortirait rien de bon. Et influencer un gouvernement démocratique n'était absolument pas dans leur morale. C'était un risque de corruption trop grand, et pourtant... Comment le refuser à une planète qui ne demandait qu'à survivre aux Sith ?

Les mains dans sa bure, il serra les poings d'agacement.
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Décidément quelque chose ne tournait pas rond ici. Yun en avait la certitude, un instinct qui lui secouait les tripes. Et peu importe que sa question ait déplu à ce Torden : il avait la sensation que la clé de leur quête, du mystère se trouvait dans cette réponse qui n’était pas venue, comme si l’Ordre avait oublié des alliés, une part de son histoire. Sinon, comment expliquer cette sorte de fraternité qu’il ressentait dans les paroles de cet homme, dans leur manie de tout ramener à des actes oubliés de tous, sauf d’eux ? Qui étaient-ils, ces montagnards enfouis dans leurs sommets enneigés, perdus des mémoires communes et invisibles aux yeux de tous, sauf des leurs ? Cet endroit semblait le fruit d’un mystère, et l’épicanthix avait l’intime conviction que la Force ne les avait pas menés là pour rien.

Acquiesçant aux paroles de la zabral tout en observant la cavité autour d’eux, il souffla :

« En effet. Je sens qu’il y a … quelque chose. Je ne saurais pas l’expliquer, c’est une sorte de prémonition. »

Tandis qu’ils avançaient dans les couloirs creusés dans la montagne, le colosse ajouta, pensif :

« Je cherche de quoi Torden parlait. Je sens que je devrais … Mais rien ne me vient. Que ce soit de ce que j’ai lu sur Lorrd au Temple jedi… Ou avant. »

Avant de conclure :

« Même si je présume que ça a un rapport avec l’indépendance de la planète. Enfin, vu ce qu’il nous a montré … Cette chose respirait la mort … »

Tandis qu’ils erraient dans le couloir, Yun sentit soudain une présence étrangère dans la Force, une puissance qui cherchait à passer ses barrières mentales sans y parvenir.

« Vous avez senti ? »

Peut-être que la chose, la personne, bref, avait réussi à contacter le Chevalier Belluma, qui ne possédait pas la résistance naturelle des épicanthix aux intrusions spirituelles. En tout cas, voilà qui expliquait son impression depuis le début, presque épidermique. La Force paraissait attirée autant que troublée par ces environs à l’histoire sombre.

Presque d’instinct, le jeune homme se mit à suivre cette piste de Force, tel un chien kath sur les talons d’une proie. C’était facile, tellement elle était forte, à croire que ce dont elle émanait voulait les attirer à lui. Peut-être était-ce un piège. Cependant, la curiosité était la plus forte. Une ribambelle de couloirs plus tard, il parvint devant une imposante porte en bois sculpté qui épousait parfaitement la forme de la roche, et une voix claire traversa cette dernière pour dire :

« C’est ouvert. Approchez, jeunes gens. »

Ils entrèrent. Devant eux se tenait une corniche donnant sur la montagne, et la bise glacée scia les jambes de Yun un bref instant. Le panorama en lui-même était à couper le souffle. Silencieusement, en méditation, soit à quelques centimètres du sol, se tenait une silhouette squelettique, aux cheveux d’argent, enveloppé dans un tas de vêtements bigarrés.

« J’ai senti votre approche. Même si j’avais compté trois auras au départ. Venez. Je suis Olen Starzander. »

Son aura était … étrange. Fluctuante, reptilienne, intemporelle, dotée d’une teinte clair-obscur délavée, comme si le bien et le mal se mélangeaient sans arrêt dans la Force autour de lui. Indubitablement, ce n’était pas un jedi … pas un sith… Enfin, sinon, il était de ceux qui marchaient sur la corde raide de leur Ordre … Exactement comme Yun.

« Je vous ai vu dans la Force. Fille d’un sith, ancien apprenti sith … Jedis singuliers. »

Paf. Celle-là, Yun ne s’y était pas attendu. A vrai dire, il regarda avec des yeux ronds Evengellyne Belluma, se demandant si l’information était véridique … Voilà qui pourrait expliquer ses réactions si mesurées, si différentes de celles habituelles à son encontre.

« Je vous ai observé dans la Force. Elle m’a prévenue de qui vous étiez. Et avant que vous ne posiez la question, je ne suis ni jedi, ni sith. Simplement un observateur du temps qui passe. »

Reprenant ses esprits, l’épicanthix finit par demander, ne cherchant pas à cacher son ébahissement et son scepticisme :

« La Force vous a … Prévenue ? »

« J’ai eu des visions, oui. Vous devez savoir que la Force se révèle de différentes façons à ceux qui la servent. »

Un prophète. Voilà ce que cet homme. Yun avait souvent entendu ce mot, révéré autant par les siths que les jedis. Il savait que certains chevaliers et maîtres étaient reconnus pour leurs pouvoirs de prédiction, comme pour leur capacité à traverser les âges par la Force. C’était là un aspect qui le fascinait.

« Je tenais à vous faire partager ce que je sais de Lorrd. N’ayez pas peur. »

Et sans un mot de plus, il les invita à s’asseoir devant lui. Trop abasourdi, Yun obéit et sentit confusément que l’homme l’observait avec curiosité. Puis il parla :

« Dix générations se sont succédées ici, depuis la libération de Lorrd. Les descendants des esclaves libérés ici par les jedis de leurs chaînes. L’un des vôtres est resté, a épousé une femme, a eu des enfants. Et ces derniers sont les gardiens. Ils voient, et protègent cette communauté. Mais ils gardent aussi ce qui est sous la terre.

Cet endroit n’est pas qu’une montagne. C’est une prison. Torphceris, le régent Argazdans, notre bourreau, a usé de cet endroit, de notre chair, pour créer une chose qui sommeille dans ses tréfonds. Et qui menace continuellement la planète. Alors nous gardons. Nous observons. Mais le chaos gronde au-dehors. La Force tourbillonne. Elle dérange. Elle réveille. »


Il se tourna vers eux :

« Et nous avons besoin d’aide pour la contenir. »

Se tournant vers Evengellyne, il ajouta :

« Je vais vous montrer ce que je sais. »

Et sans que Yun ne puisse le voir, la zabrak se retrouva à parcourir l’histoire, à voir des flahs des temps anciens, de morts précipités dans l’abîme, dévorés, d’une monstruosité sommeillant, du scellement par des jedis, de l’installation des veilleurs … De leur oubli. De l’arrivée de deux vieillards, également, de leurs efforts, puis leur propre arrivée …

Silencieux, l’épicanthix la laissa se remettre, puis il sortit son datapad, et souffla dedans :

« Maître Don ? C’est Yun. Je crois que j’ai une solution … Et un problème à vous soumettre. »
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Evengellyne marchait tranquillement. Aucune tension n'émanait maintenant d'elle. Calme, elle observait simplement et écoutait patiemment les réflexions à voix haute du jeune padawan. La Zabrak sourit et finalement donna son avis sur la question. « Les réponses a tes questions arriveront bien assez vite, Yun. » La jeune femme avait parlé avec une extrême douceur. Non pas qu'elle voulait le rassurer mais elle avait cette sensation qu'il ne fallait perturber ce calme. Des lieux se dégageaient une plénitude mortuaire. Mais cela ne semblait plus autant oppressant, du moins plus pour elle. La mort, passée les horreurs, embrassait les esprits avec un calme surprenant. Presque apaisé, elle ne les sentaient plus si terrifié ses esprits, ses brides de tensions dans la Force. Et puis il y eu comme un appel. Evengellyne le sentit, venir vers elle et lutter pour franchir ses barrières mentales. Mais bien vite, son esprit s'ouvrit et ce n'était pas que la conséquence d'une lutte qui avait échoué. La jeune femme les avait laissées tomber. Cet appel, au fur et à mesure qu'ils avançaient il se faisait de plus en plus prenant. Yun finit par lui demander si elle l'avait aussi sentit. La chevalier Jedi acquiesça et poursuivit la route à travers le dédale de couloirs.

Leurs pas les menèrent jusque devant une porte en bois ouvragée. Evengellyne se figea et n'osa un instant ouvrir la porte. Et puis une voix clair s'éleva et leur parvint. Elle leur signifia que la porte était déjà ouverte et les invita à franchir le seuil. Les deux compères entrèrent et la Zabrak s'arrêta net. L'aura était étrange et la mettait clairement mal à l'aise. Il avait senti trois aura différentes, sûrement celle de maître Don. Evengellyne ne se dérida pas. L'homme se présenta et les traits de la jeune femme se tirèrent lorsqu'il dévoila son ascendance sith. Surprise, elle était surprise. Comment pouvait-il savoir, comment ? Personne n'était au courant, mis à part le conseil et maître Yin. Personne n'était au courant. « Comment ? Comment pouvez-vous ? Personne ne le sait. » bredouilla presque la jeune femme. Mais l'homme ne répondit pas. Il ajouta même que la Force 'avait prévenu. Evengellyne resta dubitative. Elle voulait bien le croire mais elle ne comprenait toujours pas comment il avait pu avoir cette information, si, secrète.

La jeune femme se détourna de ses interrogations rapidement. Voilà qu'il annonçait qu'il avait eu des visions. La chevalier Jedi arqua un sourcil et le laissa poursuivre. Les invitant à s'asseoir à ses côtés, il tenta de les rassure. Mais il trouva une Zabrak bien moins réceptive que le jeune padawan qui l'accompagnait. Refusant tout d'abord de s'exécuter, Evengellyne répliqua sur la défensive. « Ce n'est pas de la peur, mais de la prudence. L'histoire de Lorrd est mystérieuse. »

Sur ses gardes, la Jedi n'alla pas s'asseoir malgré le regard bienveillant de l'homme. Elle alla s'accoler à une des parois et écouta ce qu'il avait à dire. Une chose fit tiquer la Zabrak. L'un des leur avait eu des enfants avec une femme d'ici. Elle en ragerait presque alors que ceci c'était déroulé il y a bien longtemps. L'homme du le sentir, il se mit à la fixer du coin de l’œil.

« Cela réveillerait-il des souvenirs, jeune fille ? » demanda-t-il curieux. Un peu trop d'ailleurs, au goût de la Jedi qui fronça les sourcils. « Peu importe, poursuivez je vous prie. » rétorqua-t-elle sèchement. Elle n'aimait pas qu'on mette ainsi en lumière son passé et son ascendance quelque peu hors norme. L'homme ne se vexa pas. Il reprit son histoire et la requête tomba. De l'aide, ils voulaient de l'aide. Un petit sourire s'afficha sur les lèvres de la Zabrak. Non pas que cela la réjouissait, mais simplement qu'elle appréciait cette possibilité d'aventure. Et puis il se tourna vers elle et là, tout alla très vite, trop vite.

Une succession d'image, de flash du passé, ce qui s'était passé. Elle pu voir la peur sur les visages des anciens, bien plus réelle que les sensations dans la Force. Un frisson parcourut son corps. Elle voyagea ainsi dans le temps. Dans un lieux où passé et présent se mélangeaient sans vergogne. « Assez.. » souffla-t-elle entre ses dents. Et là revoilà dans la caverne. La respiration rapide et le souffle court comme qi elle venait de livrer un terrible combat. Yun sortit son datapad et tenta une communication avec Maître Don. Pendant ce temps là, le prophète s'approchait de la chevalier.

« Maintenant vous savez fille de sith. Votre force est grande, vos sentiments et votre sensibilité aux autres aussi. Ils pourraient être dangereux. Ils sont votre force autant que votre faiblesse, ne l'oubliez pas, fille de sith, ne l'oubliez pas. » lui souffla l'homme. Et puis il se tut, laissant la Zabrak à ses propres réflexions et le padawan à sa communication.
Saï Don
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Madame Hassen lui avait permis de prendre le temps de réfléchir. La question en apparence insoluble s’éclaircissait peu à peu dans l’esprit du vieil homme. Dans une étroite pièce dotée de deux couchettes pour le repos des officiers, qui lui avait été prêtée, Maître Don méditait. La République, tôt ou tard, allait faire appel à l’Ordre, ainsi qu’elle le faisait toujours. S’ils parvenaient à établir une base ici-même, sur Lorrd, alors peut-être pourrait-il négocier une protection de principe, au cas où la planète était attaquée. Il ne savait ce que la République serait prête à concéder pour un monde neutre… Et surtout, il ne savait ce que l’actuel Conseil Jedi penserait de cette négociation. Il n’était pas envisageable de les laisser à l’écart, bien entendu. Tout ce qu’il pouvait promettre à Madame Hassen, c’était d’essayer.

Celle-ci toqua à sa porte, et le vieil homme sortit de son isolation mentale lorsqu’elle entra dans la pièce, et referma derrière elle. Elle se laissa tomber face à lui, sur l’autre couchette, et les deux humains assis s’observèrent quelques instants. Derrière la façade rebelle de la jeune femme pointaient des émotions confuses. Espoir, colère, crainte, détermination, émoi, tristesse.

- L’opération est presque terminée, annonça-t-elle sans révéler un quelconque indice de ce qu’elle pouvait penser du vieil homme. Nous allons devoir remonter à la surface. Je dois avoir… Des éléments avant que nous reprenions chacun nos rôles officiels respectifs.

Maître Don acquiesça, tout en s’interrogeant sur les histoires qu’ils allaient bien pouvoir raconter à son sujet et à son rôle dans cette affaire.

- Qu’en est-il des mineurs ?
- Ils ont été évacués par une voie dégagée plus proches d’eux. Nous leur faisons subir des vérifications médicales de principe, après quoi ils rejoindront leur famille. Ils seront interviewés, raconteront l’enfer de la captivité, le zèle des soldats qui les ont extraits. Et cela fera une merveilleuse petite histoire pour les journaux.

Tout était réglé comme du papier à musique, songea-t-il.

- Mais vous ne m’avez pas vraiment répondu, reprit-elle sans un sourire.
- C’est exact. Votre proposition est légitime. Tout ce que je peux vous promettre, c’est de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que la République nous vienne en aide.

Elle parut l’air profondément déçue.

- Seul, je n’ai pas l’influence que vous me prêtez, madame Hassen. Cependant… Si nous étions plusieurs Jedi influents, alors peut-être aurions-nous une chance.

Un éclair brilla soudain dans le regard de la femme. Elle voyait où il voulait en venir. Il fallait juste espérer que le Veilleur auquel ils pensaient tous deux avait l'influence nécessaire. Car sa seule aura de Maître du Conseil ne suffirait pas, surtout dans un contexte où le Conseil lui-même avait décidé de se méfier de lui.

- Nous avons confiance en la sagesse du Veilleur, approuva-t-elle. Je lui formulerai mes requêtes et… Je vous laisse le soin de le convaincre d’une manière qui soit avantageuse pour l’Ordre comme pour Lorrd.

Le vieil homme approuva, puis tendit la main, que la courageuse femme serra avant qu’ils ne quittassent tous deux la pièce.

Le trajet pour remonter à la surface fut exactement le même. Lorsqu’ils grimpèrent à bord de la navette qui les ramèneraient au bâtiment central gouvernemental, la connexion du datapad de Saï s’éveilla elle aussi et l’alerta d’un message reçu pendant son absence. La voix de Yun l’alertait d’un problème et d’une solution simultanée, mais son ton était calme et il supposa que son padawan et Evengellyne n’étaient pas en danger. Il attendit cependant d’être arrivé et déposé dans la capitale pour prendre congé de Madame Hassen. Le soir tombait et la nuit apportait ses températures glaciales. Le vieil homme se réfugia dans une petite auberge locale où il fut accueilli comme un vieillard impotent. Le personnel, bourru mais bien intentionné, lui fournit le couvert et une table au calme, ainsi qu’il l’avait demandé. Un bouillon brûlant lui fut servi, et il put enfin reprendre son datapad lorsqu’on le laissât tranquille.

- Yun, ici Saï. Me voilà disponible. Navré pour le délai de réponse, les évènements dans la capitale… M’ont fait perdre un peu de temps. Rien de grave. Mais je vais devoir rester une journée de plus, rencontrer une nouvelle personne.

Un Veilleur dont il ne savait rien, si ce n’était qu’il avait été l’un des leurs, autrefois. Maître Don ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. La nuit lui porterait conseil.

- Bref, je t’écoute, Yun. Qu’avez-vous trouvé ?
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« Une journée supplémentaire ? Je … Bien maître. »

Malgré lui, Yun avait froncé les sourcils. Inconsciemment, les paroles de leur hôte impromptu résonnaient encore dans sa tête et il aurait aimé avoir le secours du plus expérimenté de leur trio, cependant, il avait la sensation que si le Chevalier Belluma ou lui demandaient un délai pour intervenir, le peu de confiance qui s’était créée ne manquerait pas de disparaître. Autant expliquer rapidement de quoi il retournait, pour que l’ancien soit au courant s’il leur arrivait quelque chose …

« Hum, bref … Oui, donc, le Chevalier Belluma et moi sommes … euh … tombés sur des autochtones dans les montagnes. Des descendants des esclaves ayant travaillé là apparemment, avant l’indépendance de Lorrd, qui vivent plus ou moins en autarcie. Parmi eux, il y a … un prophète de la Force, je crois que c’est le mot qui convient. Vous savez, comme ces consulaires au Temple qui peuvent voir le passé ou le futur … ? C’est ça. Il s’appelle Olen Starzander.

Cet endroit … C’est une sorte d’a-pic géant, mais creusé à l’intérieur de la montagne, caché de la surface. Et ils nous connaissent, ceux qui vivent ici, ils se souviennent de l’aide apportée par les jedis. Je suis sûr qu’avec un peu de travail … Nous pourrions les convaincre de les laisser nous aider. Et ce, sans formellement impliquer le gouvernement local. »


Ça, c’était pour la version simple. Maintenant arrivait la partie un brin plus complexe.

« Mais … Au fond de ces gorges … Je crois qu’il y a … Quelque chose. Et Starzander le pense aussi. C’est cela qu’il veut, pour prix de sa collaboration : que nous allions voir … Et sans doute, que nous trouvions une solution. Rapidement. Ce qui signifie que le Chevalier Belluma et moi allons devoir descendre sans vous … »

Se rendant compte qu’il n’avait pas franchement discuté de cela avec la concernée, qui semblait finir sa propre conversation avec le mystique et paraissait passablement perplexe, légèrement ébranlée, Yun se tourna vers elle et bredouilla :

« Enfin euh … Si vous êtes d’accord, Chevalier … »

De toute manière, ils n’avaient pas fondamentalement le choix. Il fallait le faire, et advienne que pourra. Le colosse écouta attentivement les dernières recommandations de son maître puis coupa la communication, se retrouvant donc à nouveau face à la zabrak et à l’étrange humain. S’inclinant devant lui, il le remercia pour ces confidences et, étant donné qu’il avait entendu sa communication, lui déclara qu’ils étaient prêts à la descente. Et c’est ainsi qu’en à peine une demi-heure, lui-même et Evengellyne Belluma se retrouvaient à descendre dans une nacelle jusque dans les tréfonds de la terre. L’air frais et les bourrasques frappaient leurs visages, arrachant une grimace au jeune homme, qui ne savait pas, de surcroît, s’il devait commenter ce qu’il avait appris sur le passé familial de sa comparse. Au bout d’un long moment, il finit par sortir de son mutisme et chuchota très doucement :

« Peu importe qui étaient vos parents. Seul compte ce que nous choisissons comme chemin pour nous-mêmes. »

Il était bien placé pour le savoir. Yun n’acceptait aucune excuse pour ceux voués au côté obscur, mais en retour, refusait de condamner un jedi sur une simple ascendance. A vrai dire, l’espace d’un instant, il se demanda même si ce n’était pas ce fait précis qui avait rendu la jeune femme si chaleureuse à son égard, contrairement à d’autres membres de l’Ordre. Peut-être y avait-il en cela une forme de reconnaissance entre semi-parias ? Elle devait savoir faire la part des choses, comprendre ce qu’il vivait, même un soupçon, suffisamment pour ne pas lui faire endurer sa méfiance plus que nécessaire. Oh, il comprenait ceux qui entretenait ce sentiment de défiance à son égard … Ils avaient leurs raisons. En un sens, ils avaient raison, même. Cependant, il était agréable d’être avec des personnes qui le traitaient pour ce qu’il était : un padawan qui commençait ses apprentissages et commettaient, à son plus grand regret, des erreurs banales en mission.

Soucieux de ne pas être plus intrusif, comme il estimait avoir déjà outrepassé très largement les limites qu’il se fixait ordinairement en termes de commentaires sur la vie des autres, n’appréciant guère ceux qui se laissaient aller à de tels actes sur son propre compte, Yun se mura ensuite dans le silence, habituant ses yeux au manque de lumière à mesure qu’ils s’enfonçaient dans les profondeurs. Il paraissait évident que les murs avaient été creusés, polis, travaillés à la main, car aucune formation rocheuse naturelle n’aurait pu atteindre un effet aussi lisse. Parfois, il devinait des inscriptions, des chemins plus ou moins effondrés qui n’avaient pas supportés le poids des ans. Et à chaque fois, cette impression de malaise qui ne le quittait pas venait lui enserrer la poitrine douloureusement. Oui, il y avait de la vie dans ces abysses, et elles hurlaient leur manque de repos dans une mort atroce et laborieuse. Et, au-delà de cette sensation, il y en avait une autre, plus insidieuse, comme si … La montagne était vivante et s’empressait de les engloutir dans ses entrailles pour les livrer à ses secrets inviolés.

Enfin, un choc sourd sous leurs pieds indiqua aux deux jedis qu’ils venaient d’atteindre leur but. Tous deux descendirent, pour se retrouver face à une grotte immense, occupée en partie par un lac souterrain qui clapotait doucement. Etrangement, en face d’eux, le lac se confondait avec le mur extérieur de la cavité en un immense portail muré, scellé, qui fit immédiatement écho dans l’esprit de Yun aux images que Olen Starzander leur avait montré. Ils étaient au bon endroit.

Précautionneusement, l’épicanthix longea le bord de la rive, scannant l’ensemble à la recherche d’un signe de vie, tandis que son malaise s’accentuait. Tout était trop calme, exactement comme avec le gorgodon précédemment. Et cette fois, l’effet de surprise joua contre eux. Alors qu’il s’avançait vers le bord, soudainement, un immense tentacule sortit de l’eau et s’enroula autour de lui, le soulevant de terre, lui arrachant un cri de douleur alors que l’appendice s’enroulait autour de sa taille et comprimait sa blessure. Aveuglé par la souffrance brute qui se répandit dans ses veines, le malheureux empoigna son sabre et larda la chose de coups, qui ricochèrent sur sa surface, tandis que le bout tentait de lui arracher son sabre. Du coin de l’œil, Yun vit qu’une autre sortait de l’eau et faisait subir le même sort au Chevalier Belluma. Ils étaient pris au piège, et même si le colosse jouait de sa force pour parvenir à tenir la monstruosité aqueuse à distance de son bras et éviter l’immobilisation complète, la pression sur sa cage thoracique devenait difficilement supportable, son souffle se faisait plus court, plus heurté, à mesure que son assaillant resserrait sa prise sur son corps et comprimait sa poitrine. L’air commença à lui manquer, et si ses côtes ne se brisaient pas avant, il allait mourir asphyxié.

Que se passa-t-il dans sa tête, à cet instant ? Même Yun n’aurait su le reconstituer précisément. Mais son esprit se révolta, refusant la perspective de mourir ainsi, bêtement, au milieu des entrailles de Lorrd. Il avait survécu à un gorgodon, à Artorias, aux siths, à une vie d’errance dans son enfance, à une blessure faciale qui aurait dû l’achever … Il avait lutté contre son destin qui semblait pourtant tout tracé, contre la fatalité de son existence, avait plié mais n’avait pas rompu sous le joug de son ancien maître. Il avait trahi, il avait médité, il avait retrouvé l’espérance … Pour quoi ? Pour ça ? Une fin qui ne résoudrait rien, qui n’apporterait rien à l’Ordre qu’il avait rejoint. Il s’y refusait. Et surtout, profondément, dans tout son être se mêla à son amertume rageuse les images de ceux qui étaient morts là, qu’il avait vu succomber dans la Force. Alors, son cœur se gonfla d’un sentiment nouveau.

Yun exhalait l’envie de justice, de se mettre au service d’une cause, de remplir son contrat. Il refusait de mourir sans avoir atteint ce but. Empli par les souvenirs donnés par Olen Stargazer, mû par ses propres doutes et son propre idéal, il sentit en lui un pouvoir iridescent, une vague de révolte remuer ses membres, jaillir de son corps meurtri pour bouillonner dans sa main libre. Il laissa tomber son sabre laser au sol qui illumina la pièce de sa couleur rougeâtre, avant de s’éteindre, en véritable symbole de ce qui allait suivre.

S’agissait-il d’un réflexe ? D’une impulsion subite dû à cette révolution des tréfonds de son être face à un trépas inutile, à ces âmes hurlantes autour de lui ? Là encore, l’épicanthix n’aurait su dire. Cependant, une vérité demeurait : sa main libre, il pouvait encore l’utiliser, et s’il avait toujours répugné à le faire, étrangement, là, il n’hésita pas. Son instinct savait ce qu’il faisait. Ses doigts commencèrent à tressauter sous l’impact tandis que le reste de son corps se raidissait sous la poigne de fer l’enserrant, la gangue de chair amphibie conservant sa prise avec férocité. Il était en face de la chose scellée dont avait parlé Stargazer, de celle qui avait été utilisée pour terroriser les anciens esclaves, ou d’une partie de cette dernière, il en était sûr. Et ces gens oubliés de tous méritaient la justice. Ils méritaient qu’on leur donne, l’espace d’un instant, l’assurance qu’ils n’étaient pas morts en vain, que leurs descendants avaient perpétué leur souvenir jusqu’à lui, Yun, dans l’espoir qu’il les délivre. Qu’il leur apporte la paix. Qu’il leur apporte la rédemption de la main de justice. Et le jeune homme étendit sa main, rassemblant son pouvoir, appelant la Force à lui dans ce seul et unique but : la justice.

Des gerbes verdâtres s’échappèrent de son bras, incontrôlables et incontrôlées. L’arc d’électricité pure produit chargea la bête, dévorant son corps recouvert d’eau, entraînant une réaction en chaîne. Yun sentit l’étreinte autour de lui se relâcher et bientôt, le tentacule le relâcha. Continuant son ouvrage, il étendit son second bras, propulsant la même énergie, sentant son endurance vaciller, son esprit se tordre alors que des murmures tentateurs faisaient leur apparition, qu’il chassa pour se concentrer désespérément sur sa cible. Et finalement, comme frappé, les deux tentacules tombèrent, foudroyés, de la fumée s’échappant lentement de leur carcasse, tandis qu’un hurlement étrange paraissait résonner dans la montagne.

Epuisé, le padawan tomba à terre, et eut juste le temps d’entendre des bruits de pas autour de lui avant que ses yeux ne se ferment et qu’il tombe, évanoui, les battements de son cœur ralenti au possible. Une telle débauche d’énergie avait prélevé son dû, et sans soin, s’avérerait sans doute fatale. Pour autant, il restait avec le sourire aux lèvres : les voix des morts s’étaient tues. Les ombres avaient disparu. Elles étaient libres. Et c’était une récompense suffisante pour lui. Il avait fait le bien. Lui, l’ancien sith avait rendu leur liberté dans la Force à d’anciens esclaves morts des années auparavant, sans qu’il ne puisse expliquer d’où lui venait cette certitude mystique. Mais elle était présente en lui, vivace, et c’était le plus important. L’Ordre avait un endroit pour s’installer. Leur mission était un succès. Qu’il meurt à cet instant, et il ne regretterait rien. Qu’il vive, et il ne regretterait pas davantage.

Au seuil de son existence, Yun était heureux.
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Finalement, maître Don devait rester une journée de plus dans la capitale. Evengellyne ne dit pas un mot, mais la mimique de son compagnon de route ne lui échappa pas. La jedi allait poursuivre la conversation avec le maître lorsque Yun s'en chargea lui-même. Manifestement il avait pensé la même-chose qu'elle. Ils n'avaient pas le temps d'attendre. Ils ne pouvaient pas se permettre de perdre la confiance du vieille homme. Et en même temps, ils en savaient tellement sur eux. Peut-être qu'il comprendrait, mais peut-être pas. Et ils ne pouvaient pas prendre un tel risque, pas maintenant. Ils devaient agir et vite. D'ailleurs, Yun se rendit compte qu'il n'en avait pas encore parlé avec elle puisqu'il finit par lui demander si elle était d'accord. « Bien sûr que je le suis. Et de toute façon nous n'avons guère le choix. Mais je vous prierai de ne rien faire de stupide. » ajouta-t-elle comme pour lui rappeler son action face au gorgodon.

Moins d'une demie-heure plus tard ils étaient tous les deux entrain de descendre dans un nacelle. La zabrak était tendue. Si la neige ne la dérangeait pas le moins du monde elle ne pouvait en dire autant pour ce qui était des cavernes et des puits. Mais l'épicantix la tira de ses pensées en lui faisant une remarque sur ses parents. Évidemment, elle devait s'y attendre. Peu de personne pour ne pas dire presque personne, était réellement au courant pour son père. Il fallait dire que le Conseil avait pris grand soin de garder cela pour lui en demandant à sa mère de quitter le temple et l'ordre. Evengellyne grimaça et puis elle lui répondit. « Ce n'est pas mon père, ce n'est que mon géniteur. Je ne le connais pas. » fit-elle avec une pointe de regret qu'elle ne parvint pas à retenir. Malgré tout ce qu'elle pouvait en dire, malgré tout ce qu'elle savait sur les sith, malgré toutes les recommandations du Conseil, de sa mère et de son père, elle aurait aimé le connaître, elle aimerait le rencontrer, juste une fois. Sur ces paroles, le jeune padawan se mura dans un silence peu commun. D’ordinaire, les autres auraient chercher à en savoir plus mais pas lui. Evengellyne se rapprocha et lui ébouriffa les cheveux. « Ne t'en fait pas. Ta curiosité est légitime. Ma mère était chevalier jedi pour tout te dire. Quant à mon père, oui il s'agit bien d'un sith, mais c'est tout ce que je sais de lui. Il ne m'a pas élevée, je doute même qu'il sache qu'il a une fille. Après tout, ma mère et lui se sont séparés alors que je n'étais pas encore née.» termina-t-elle alors qu'une secousse et un bruit sourd leur indiqua que leur descente prenait fin.

Un lac, il y avait un lac. Ils longèrent l'étendue d'eau. L'endroit lui rappelait la grotte du gorgodon et trop perdue dans ses réflexions, elle ne sentit pas venir le danger pourtant bien présent. Rapidement, Yun fut attrapé par une tentacule. À peine eut-elle le temps de crier son nom qu'elle se retrouvait elle aussi en proie avec cette chose qu'elle ne savait qualifier. Et à ce moment-là, de multiples questions s'étaient mises à traverser son esprit. Depuis quand elle n'était plus capable de contrôler ses émotions ? Depuis quand elle se laissait prendre aussi facilement ? Elle aurait dû réagir bien plus tôt. Elle aurait dû faire en sorte que cela n'arriva jamais. Yun était sous sa responsabilité et elle agissait comme une enfant qu'elle n'était plus. Cela devait cesser et tout de suite. Evengellyne concentrait ses forces pour lutter contre la bête. L’étreinte lui faisait mal mais c'était raisonnable. Par chance, sa constitution robuste de Zabrak jouait en sa faveur. Elle était résistante au mal et c'était une aubaine.

Soudain, son corps se raidis sans prévenir. Ses yeux se rivèrent vers le padawan et des frissons vinrent lui parcoururent l'échine. Cette sensation, elle la connaissait, si... bien. Elle ne voulait pas s'en rappeler et pourtant... Oui, elle était bien gravée dans sa mémoire. Une marque indélébile que bon nombres de jedi, et de jeune padawan comme elle l'était à l'époque, du temple avaient en commun. Un souvenir, des flashs et puis plus rien mis à part le choc de retrouver terre. Douloureuse chute qui la ramena à la réalité. Yun, il s'était servit de ses pouvoirs et tous s'étaient déclencher comme un processus de sauvegarde. Son esprit avait fait en sorte qu'elle ne soit pas témoin une nouvelle fois de cette utilisation de la Force si particulière. Elle était consciente que cette fois elle lui devait la vie, mais tout de même. Quoi qu'il en fut, si la Zabrak reprenait son souffle, le jeune padawan était en piteux état. Elle s'approcha de lui et lui prodigua les soins nécessaire tout en prévenant maître Don et surtout celui qui les avaient accompagné. Il savait, lui, il savait et leurs regards se croisèrent. Et là il comprit une chose que beaucoup se refusaient de voir. Il comprit à quel point la jeune femme était marquée bien au delà de l'attaque du temple par l’emprunt des siths. Qu'il y avait chez eux comme quelque chose qui la fascinait, qu'elle voulait comprendre et qu'elle comprendrait d'une manière ou d'une autre. Il comprit aussi que la rencontre avec on père biologique n'était pas qu'un simple caprice d'enfant gâtée mais bien une nécessité pour mieux rejeter ce côté de la Force. Parce qu'elle ne pouvait l'oublié et le rayer de sa vie, elle le combattrait.

Mais cela n'était pas encore au programme. Le plus important était de rentrer au temple maintenant que l'Ordre avait un endroit où installer sa base et que la population de Lorrd reposait en paix.
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La journée supplémentaire était loin d’avoir été du temps perdu. Certes, il avait passé de longues heures dans une salle d’attente à se demander s’il ne retardait pas la réunion du groupe Jedi pour une broutille avec cette histoire de veilleur… Mais maintenant que la rencontre était faite, il savait qu’elle n’avait pas été inutile.

Maître Manteer. S’il s’était attendu à pareille rencontre ! Et plus qu’une surprise, c’était un petit miracle : le vieux dragon n’avait rien perdu de sa fougue. Mieux encore, il se positionnait dans la droite lignée de la stratégie de Maître Don. Un soutien inattendu face au Conseil dont il savait qu’ils le surveillaient de près.

Après cette entrevue plus que favorable, le gouvernement avait sans hésitation accepté de lui prêter navette et pilote pour la journée afin de rejoindre Yun et Evengellyne. La facilité avec laquelle il obtenait cette faveur n’était que représentative de l’estime que le gouvernement lorrdien portait à Maître Manteer en tant que Veilleur. Le feu vert du vieil Epicanthix donné, Maître Don devenait un invité de marque, et ce n’était pas pour lui déplaire. Tout serait désormais plus facile, n’en déplaisent aux fameuses blanches colombes.

Dès qu’il fût monté à bord du petit appareil trois places, dont un siège resterait vacant, maître Don transmit au pilote, un lorrdien chétif qui disparaissait presque sous son casque, les coordonnées provenant du message de Yun. Le pilote les entra dans son tableau de bord, et ils décollèrent sans attendre.

Il ne fallut que quelques heures pour rejoindre la zone. Temps que Maître Don mit à profit pour s’immerger dans une méditation visant à le ressourcer tout aussi bien qu’à ressentir l’âme de cette planète bien singulière. Elle avait du caractère, elle et ses habitants prêts à résister sans le savoir. Singulier aussi était l’existence de ce prophète, Olen Starzander. Un nom qui sonnait peu lorrdien, mais la planète avait fait l’objet de différents flux migratoires au cours des âges et ce n’était pas étonnant que des racines humaines hors lordiennes fussent présentes. Enfin, le plus étonnant était l’intuition de son padawan, cette chose au fond du gouffre… Avait-ce été une erreur de laisse Yun et Eve s’y engager sans lui ? C’était un pari comme un autre, au fond. Le duo était un doux alliage de fougue et de prudence. Eve et son volontarisme légendaire, Yun et son respect absolu des règles.

Lorsqu’ils se posèrent enfin, dans un paysage de toundra plongé dans une nuit calme et sombre, le vieil homme intrigué se pencha sur son fauteuil pour mieux y voir à travers le plastacier. Des étendues de neige à perte de vue, éclairée par les lumières puissantes de leur appareil. Il échangea un regard interrogatif avec le pilote, qui haussa les épaules.

- Ce sont les coordonnées, dit-il simplement.

Etrange. Bien étrange. Des arbres se découpaient ainsi que des roches comme des tâches lugubres dans le blanc vallonné. Une fois l’appareil stabilisé, le pilote reprit la parole.

- On peut repartir, si vous voulez…
- Non, souffla le vieil homme. C’est bien ici.
- Je vous laisse là ? Vous êtes sûr ? J’ai ordre de retourner au plus tôt.
- Faites donc, ne vous inquiétez pas pour moi. J’ai de quoi communiquer si nécessaire.

Contre toute apparence, la Force lui indiquait que c’était bien l’endroit où se trouvaient Yun et Eve. Ils avaient atterri, eux aussi, non loin d’ici… Mais avec la nuit environnante, il était difficile de retrouver leur appareil.

Saï descendit de la navette après un bref au revoir. Il était aussi emmitouflé que lors de leur première sortie, mais il n’y avait pas un seul brin de vent à l’extérieur, aussi le froid était-il supportable. Marcher le réchauffa rapidement. Bientôt, il entendit derrière lui la navette décoller pour le laisser seul dans la vallée. Il s’éveilla une nouvelle fois à la Force, pour le guider dans ce paysage obscur. Il ressentait son élève et le chevalier Belluma, si proches, et pourtant si lointains… Pourquoi ne percevait-il que des auras comme engourdies, vivantes mais inertes ? Les deux Jedi étaient-ils endormis ?

- Vous avez pris beaucoup de temps.

La voix le fit sursauter. Maître Don fit volte-face, sourcils froncés. Il ne porta pas la main à son sabre – ce n'était pas une intervention hostile, seule une constatation proche de la lassitude.

- Qui est là ?

Au bout de quelques secondes, enfin, une silhouette s'approcha. Le son de ses pas était totalement absorbé par la neige, comme si l'homme avait toute sa vie su comment faire taire le bruit d'un pied posé dans cet environnement glacial. L'inconnu plia un bâton qui s'illumina dans un craquement, les baignant subitement tous deux dans une douce lumière émeraude.
Une seconde plus tard, et Maître Don distingua le visage de celui qui lui faisait face – aussi âgé que lui, sans doute. Des rides sur joues émaciées, un sourire étrange déchirant ce visage morne et blanc comme la neige. Il tendit au Jedi une main décharnée.

- Olen Starzander, Maître... Don, c'est cela ?

Le Jedi serra la main de Starzander. Sa poigne ne tremblait pas, remarqua-t-il. La main était chaude et forte, étonnamment.

- Vous m'attendiez ?
- En quelques sortes, répondit-il, énigmatique. Suivez-moi.

Olen lui tourna le dos et Saï lui emboîta le pas, intrigué. Le lorrdien avait une empreinte singulière dans la Force : c'était une présence feutrée, immobile comme si elle était incapable d'interagir réellement avec la Force mais qu'elle veillait, inlassablement. Depuis combien de temps ?

Saï fut admiratif de l'infrastructure qui apparut sous ses pieds, tandis qu'après un escalier dissimulé dans la roche, ils s'enfonçaient dans un dédale où la montagne était striée d'éléments de métal. Il avait cette conviction que c'était bien par là qu'Evengellyne et Yun s'étaient aventurés avant lui. Il y régnait une atmosphère légère, malgré l'odeur de renfermé et de poussière de roche : comme s'il y avait un soulagement commun, une joie fugace partagée. Mais comme l'homme ne disait rien, Saï s'abtint de poser toute question.

Les réponses vinrent à lui d'une autre manière. Après plusieurs kilomètres de marche, et quelques lorrdiens intrigués croisés ici et là, l'infrastructure primitive parut de plus en plus aménagée, tant et si bien qu'in fine elle paraissait chaleureuse. A l'abri des vents de la surface, le froid était moins mordant quoique toujours présent. L'humidité était repoussée à l'aide de torches électriques qui éclairaient les couloirs de lueurs claires et de bourdonnements discrets.

Enfin, il fut conduit dans une petite pièce, composée de deux lits de bois et de quelques meubles sommaires entassés. Evengellyne et Yun reposaient là, endormis. Ils avaient été avec peu de matériel mais avec soin.

- Comme leurs ancêtres avant eux, ils nous ont aidé, dit simplement Starzander. Ils affronté le monstre sous nos pieds, et l'ont fait taire.

Saï acquiesça, sourcils froncés. Il commençait à entrevoir ce qui s'était produit, mais il lui faudrait attendre le récit d'Evengellyne et de Yun eux-mêmes pour en avoir le cœur net.

- Pourquoi sont-ils endormis ?
- Nous leur avons injecté un anti-douleur le temps de les soigner, c'était plus prudent. Ils devraient se réveiller d'ici peu de temps. J'avais peur que vous ne soyez pas là à ce moment-là.

Saï se tourna vers lui, le regard interrogateur. Tous ces mystères n'étaient pas exactement rassurants. Mais visiblement, Yun et Evengellyne s'en étaient plutôt bien sortis tous seuls...

- Vous pouvez être fiers d'eux, dit Starzander. Ils ont affronté leurs propres démons pour descendre dans l'ombre, et vaincre. Nous sommes prêts à faire preuve de la même ténacité, Maître. Nous nous sommes souvenus, et nous nous souviendrons encore. Auprès des Jedi.

Sur ce, il s'éclipsa, laissant le vieillard seul avec les siens. Maître Don s'installa dans un fauteuil à proximité, et patienta jusqu'au réveil des deux jeunes Jedi. Lorsqu'ils ouvriraient les yeux, ils leur apprendraient ce que leur trio avait réussi : trouvé un lieu pour installer leur base, mais bien au-delà.
Ils s'assuraient la coopération du gouvernement et tout à la fois d'un groupe autochtone.
Ils avaient enterré un monstre.
Et réveillé un dragon.


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Dans un continuum distordu, l’esprit de Yun dérivait, remontant le fil de sa vie comme s’il voyageait dans la Force même, aspiré par une énergie dont il ignorait tout mais qui pulsait vigoureusement à son côté, à moins que ce ne soit les battements de son cœur qu’il percevait au sein de cette existence éthérée née de son corps fiévreux et malmené. Il observait l’enfant qu’il avait été grandir, se rebeller, obéir, grandir, forcir, rompre, se relever, fuir, se reconstruire, grandir toujours jusqu’à devenir la masse de chair et de muscles qu’il était désormais. Jusqu’à être ce jedi qu’il s’efforçait de devenir, dont il pourrait être fier, qui représenterait sa rédemption.

« Tu as parcouru beaucoup de chemin. »

Une voix douce, grave et virile résonna à ses oreilles. Le Yun de son rêve se retourna brusquement, pour apercevoir une silhouette massive se découper dans l’espace-temps noir où il était perdu, dans ce vortex singulier qui l’aspirait. L’homme le dominait, son corps sculpté comme une statue de marbre antique, véritable ode à la beauté athlétique, cependant, les traits de son visage non cachés par l’obscurité était doux, apaisés, tandis que ses lèvres minces s’ourlaient d’une fine moustache qui descendait sur son menton en une barbe soigneusement taillée et d’un noir d’encre. La couleur lui était familière, et un doute soudain l’assaillit, qui fut rapidement dissipé quand l’inconnu sortit défensivement des ombres pour mettre son visage en pleine lumière. Son œil était entouré de nervures rougeâtres, les replis de la chair brûlés striant sa face de nodules boursouflées que le temps n’avait guère altéré. C’était lui. Et ce n’était pas lui. C’était un autre Yun, mais Yun tout de même.

« Reste à savoir quel chemin exactement. »

Une autre voix, plus tranchante, se joignit à la première. Une crinière sauvage se découpa sur sa droite, et bientôt, des yeux d’un gris trop sombre se posèrent sur lui, quelques cicatrices supplémentaires ornant le visage de ce nouveau Yun qui respirait la puissance et la force, ses muscles déliés se découpant sous son armure. Il vint rejoindre son vis-à-vis à la bure, ses bottes frappant le sol désincarné sans qu’aucun son n’en sorte. Il marchait sur le vide.

« Je … »

« Tu te demandes qui nous sommes, n’est-ce pas ? Et où tu es ? »

Le Yun à la bure venait de parler. Silencieusement, trop secoué pour répondre, hébété, cherchant ses mots, le padawan se contenta de hocher la tête, presque apeuré par ce rêve, ou ce cauchemar même, et vit un sourire torve secouer les lèvres du Yun à l’armure tandis qu’il levait les yeux au ciel.

« Nous sommes toi. Et nous sommes … en toi. »

Abasourdi, l’épicanthix les regarda à tour de rôle sans comprendre, ce qu’il entendait se heurtant à un mur insondable, comme s’il refusait d’en comprendre le sens, que ce dernier se refusait à lui. Soupirant, le Yun à la bure ajouta :

« Ne le rends pas encore plus confus. Yun … Nous sommes tes futurs. Ce que tu peux être. Ce que tu choisiras d’être. »

Alors il comprit. Enfin. Et il acquiesça tandis que l’autre continuait :

« N’oublie pas. Nous sommes toi, l’un comme l’autre. Et nous pouvons changer. Ne pense pas qu’un seul choix te mette sur une voie. Il n’y a pas de chemin tracé. Seulement celui que nous choisissons. Alors … Choisis bien. »

Dans un craquement, le continuum se fissura, et comme un bris de verre, tout s’effondra, emportant les Yun du futur et le Yun du présent qui hurla … Et se réveilla. La lumière l’aveugla immédiatement, et il fallut plusieurs minutes pour qu’il s’habitue à cette dernière et mette de l’ordre dans ses idées. Près de lui, il parvint enfin à distinguer la silhouette de Maître Don, cette simple vision lui insufflant immédiatement la force dont il avait besoin pour se relever … Force qui s’avéra insuffisante face à la douleur qu’il ressentit instantanément à son côté. Manifestement, sa pauvre cage thoracique avait un peu trop souffert de toutes ces péripéties. Sur le lit voisin, le Chevalier Belluma reposait, bien que le jeune homme ne puisse savoir si elle dormait toujours ou si elle était réveillée. Au moins, elle était vivante, puisqu’il entendait son souffle. Lentement, il détacha ses lèvres l’une de l’autre et souffla :

« Maître … »

Un sourire illumina son visage.

« Je crois que nous avons trouvé. Notre mission est accomplie. »

Il sentit l’aura d’Olen Starzander s’approcher.

« L’Ordre aura un foyer sur Lorrd … Et de nouveaux alliés. »

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