Invité
Anonymous
Un coup, puis un autre, suivi d'un troisième. Ils se suivent et se ressemblent, ne laissent aucun temps mort. Mes poings heurtent le sac de sable de plus en plus violemment, les chocs résonnent dans la petite salle d'entraînement isolée que je me suis choisie, pour le calme et la tranquillité. J'ai pas trop envie de croiser encore un apprenti crâneur et vantard, ce qui est monnaie courante dans cette académie. Rien qu'à les imaginer se pavaner à cette heure dans les couloirs, j'aurais envie que mes coups leur décrochent la mâchoire.
Mes yeux sont rivés sur le point du sac que mes poings bombardent sans relâche. Je suis tellement concentré que je ne sens plus la douleur. Quelle douleur ? Et bien cela fait bientôt un quart d'heure que je défoule ma colère sur un sac sans porter de gants. Pourquoi ne pas porter de gants me demanderas-tu méprisable interrogateur ? Et bien la réponse est simple : je suis pas un baltringue. Plus je cogne, plus j'ai mal, plus j'ai mal, plus je me vide la tête et je me défoule.

Parce que oui, après une énième nuit à ressasser ma haine contre le monde entier, et après revoir encore les derniers instants de mon frère sur Makem Te, les regrets, la frustration tout ça, j'ai vraiment besoin de penser à autre chose. Et quoi de mieux que les coups, la sueur et le sang pour ça ?

Pourtant même en m'acharnant sur ce pauvre sac, qui ne m'a pas provoqué outre mesure, je le revois. Le carnage de Makem Te. Je me rappelle la douleur lorsque les tirs m'ont atteint. Les "camarades" Siths transformés en passoires, étendus par terre. Et les putains d'ordres qui ne nous autorisés qu'au moment où le nombre de survivant était le plus ridicule.
Sans même m'en rendre compte, mes coups se font plus rapides, plus violents, toujours plus. Ma rage s'exprime, et je ne cherche même pas à la retenir. Pour mon dernier crochet du droit, tout mon corps suit le coup, un hurlement sauvage surgit des profondeurs de ma gorge, et mon poing passe au travers du sac tamisé, allant se loger directement dans le sable qui le remplit.
Mes cheveux en bataille, trempés de sueur viennent troubler ma vision, comme pour enfouir mon visage sous leur masse noire.

Ça y est, je suis plus ou moins calme. J'extirpe mon poing du sac troué, je passe ma main gauche, moite, dont les phalanges sont écorchées, en sang, sur mon front pour en essuyer la sueur. Je m'attache les cheveux pendant que sous son propre poids, le sac s'affaisse, le trou devenant une large plaie sous la masse de sable qui le compose. Des kilos de sable s'en échappent et s'étalent sur le sol de la pièce. Pas grave, le sable, c'est pas ce qui manque sur cette foutue planète.

Je sens alors une présence, et un regard sur moi. Je me retourne par instinct, et découvre une Zabrak, tout du moins je crois, qui me dévisage. Je soutiens son regard sans un mot quelques secondes, puis je détourne les yeux pour les diriger sur mes mains, que j'enroule dans du sparadraps, pour en éponger le sang et en protéger la peau abîmée, endurcie par des mois d'entraînement aussi barbares.
J'ai pas trop envie de parler sur le moment, mais à elle de voir, soit elle continue de rester plantée là à rien faire, ce qui serait gênant, soit elle l'ouvre, à elle de voir. Qu'on compte pas sur moi pour jouer les camarades accueillant.
Invité
Anonymous
L'ouverture prochaine du tournois des apprentis avait plongé l'académie et les larves qui la peuplait dans un état d'agitation peu habituel, la fourmilière grouillant depuis quelques jours bien davantage que cela n'était coutumier. Mais après tout, quoi de plus normal puisque l’événement qui se profilait, en plus de permettre aux excités locaux d'assouvir leurs pulsions sanguinaires sans enfreindre les commandements du seigneur Ladium, était également l'occasion rêvée de briller devant les instances dirigeantes de l'Empire, ainsi que devant les nombreux seigneurs de plus ou moins grande renommée qui avaient été conviés par l'impératrice pour témoigner du massacre. D'autant plus que Darth Ynnitach elle-même assisterait aux affrontements, ainsi que le reste des membres du Conseil Noir… D'où la raison de la présence de ma Maîtresse sur Korriban et donc, de ma propre présence par extension.

Non pas que je me sois dispensée de participer au tournoi si les circonstances avaient été différentes. C'était le genre de réjouissances auxquelles un apprenti se doit de paraître et de vaincre s'il veut avoir le moindre espoir d'élever sa condition sur Korriban, mais la perspective de sang versé inutilement ne me réjouissait pas pour autant, contrairement à l'infini majorité de mes semblables. Il ne fallait pas voir dans ce manque d'enthousiasme une quelconque marque de pitié pour ceux qui périraient, loin s'en faut, mais dans mon esprit, tout cela ne demeurait qu'un immense gâchis, ces vies pouvant très certainement être sacrifiées à de fins plus grandes que le bon plaisir pervers de quelques seigneurs.

Il n'en demeurait pas moins que je me devais de briller devant les-dits seigneurs, sous peine de subir les représailles de ma Maîtresse pour avoir dévalorisé son enseignement devant tout l'Empire et là était donc la raison de ma présence matinale dans le centre d'entraînement de l'académie, un lieu que je n'affectionnais pourtant guère. S'y trouver seul relevait de l'exploit et j'avais pour ma part une nette préférence pour l'exercice solitaire, le niveau de stupidité local étant bien trop élevé pour que je puisse facilement trouver des partenaires d’entraînement convenables. Je m'étais donc tout naturellement dirigée vers les salles les plus reculées du complexe, espérant y trouver le calme que je jugeais nécessaire à tout exercice digne de ce nom, mais lorsque j'arrivais ce n'était que pour découvrir avec déplaisir que les lieux étaient déjà occupés.

Un humain était occupé à malmener un sac de sable avec un acharnement qui me semblait à mi chemin entre la rage et la folie, l'objet portant déjà les marques sanglantes de sa colère. En temps normal, j'aurais probablement tourné les talons, mais il était seul et son ardeur était parvenue à éveiller en moi un intérêt qui s'avérait pourtant souvent proche du néant dès qu'il s'agissait d'autrui. Je ne bougeais donc pas et m'adossais tranquillement à l'encadrement de la porte pour l'observer un moment, dardant sur lui mes prunelles jaunâtres. C'était un humain tout ce qu'il y a de plus basique, comme il y en avait beaucoup ici, mais il me semblait tout de même me souvenir de lui. J'avais en effet la réminiscence vague de l'avoir déjà aperçu en compagnie de Darth Gladius un guerrier sith avec qui j'avais fait équipe le temps d'une mission. Ce qui ne changeait toutefois pas grand chose à la situation. Cela n'avait pas d'importance. Pas pour ce que je comptais faire.

Je m'avançais donc un peu alors que l'humain achevait d'éventrer son défouloir et le sable crissant sous mes pas révélait ma présence. L'apprenti ne m'accordait qu'un regard avant de retourner panser ses plaies, préférant apparemment se murer dans le silence. Bien. Ce n'était apparemment pas un de ses imbéciles qui profitait de la moindre occasion pour s'enorgueillir de la moindre démonstration de force. Un bon point pour lui. Je le dévisageais encore un instant de la tête au pied, mes yeux s'attardant sur ses mains écorchées avant de me décider à sortir de mon mutisme.

« Si j'étais toi, je traiterais les mains qui tiennent le sabre avec davantage d'égards. »

Et j'appliquais moi-même ce conseil à la lettre, prenant toujours grand soin de mes mains, encore davantage que de mon arme. Après tout le sabre n'était qu'un outil, nettement plus remplaçable que le bras qui l'actionnait. Cela ne signifiait pas qu'il fallait négliger de l'endurcir, mais le sabre ne pouvait être le réel prolongement du bras que si ce dernier n'était pas endommagé. Et comme pour illustrer cet état de fait, ma main glissait jusqu'au pommeau de mon arme, le décrochant de ma ceinture.

« Mais peut-être cherches-tu un adversaire qui t'oppose un peu plus de résistance... »

Ce qu'une fois n'est pas coutume, j'étais disposée à être.
Invité
Anonymous
J'achève mon oeuvre avec finesse, ne laissant pas la moindre parcelle de peau malmenée à l'air libre, tout en écoutant d'une oreille attentive. Et c'est là qu'intervient mon talent incontestable dans l'arrogance : j'écoute tout ce qu'elle me dit tout en arborant la posture d'un type qui s'en fout comme de l'an quarante. J'ai mis des années à être aussi toxiques pour mes congénères ! J'en suis plutôt fier. Avec tous ces gorilles imbus d'eux-mêmes dans cette académie, croyez moi, avoir l'air méprisant comme ça, c'est une arme redoutable.

Elle se prend pour qui la peau rouge ? Je suis pas né de la dernière pluie, je suis pas con au point d'aller me casser le poing hein. J'ai beau aimer provoquer mes charmants camarades de classe, me trimbaler avec une main invalide, c'est le meilleur moyen de finir dans les ordures de la cantine, en plusieurs morceaux.
Néanmoins, j'aime bien son style. J'ai déjà croisé quelques Zabraks dans ce trou à rat. J'adore leur façon de se comporter, comme si leurs visages disaient "tu me touches je te casse les rotules" et ce dès leur plus jeune âge. J'ai toujours eu du respect pour eux. Avec leurs tatouages et leur "culture", c'étaient pas des rigolos. Des hommes bien virils, des femmes endurcies.

-Je sais ce que j'ai à faire.

Bon d'accord, là, on dirait pas que j'ai une quelconque estime pour elle, mais que voulez vous, j'allais pas lui cirer les pompes tout ça parce qu'elle était née comme il fallait. Je lui adresse un bref regard, fuyant, encore une fois. Mes yeux bleus plongent dans les siens assez longtemps pour en distinguer la couleur : jaune. Encore une qui veut paraître méchante. Leurs petits yeux jaunes vicieux, ils me gonflent. Et les oranges valent pas mieux hein. Alors quoi, pour paraître crédible faut avoir les yeux les plus rouges possibles ? Bon, d'accord, c'est pas top comme débat, revenons-en à nos affaires.
Je jette un bref coup d’œil à la porte, à l’affût de la moindre troisième silhouette, pour m'assurer qu'elle me ferait pas le coup du petit vicelard planqué dans l'ombre. En même temps, je suis de nature méfiante, et là, elle vient de me donner un conseil capable de froisser une fierté, sans même broncher ou mettre les formes. Or elle a beau paraître tout à fait apte physiquement, je viens de pulvériser un sac de son poids, j'aurais pas de mal à lui décrocher la mâchoire...

Quand elle sort son sabre, je crois halluciner. Cette fois-ci, je me permets d'arborer une mine étonnée, tout en laissait bien sûr la petite pincée d'ironie et d’exagération qui lui fera comprendre que j'ai pas peur d'elle et aussi un peu, mea culpa, tester sa réaction. Ai-je affaire à une énième apprentie avec un orgueil mal placé ?

-Si je te rangeais dans un sac, tu m'opposerais sûrement moins de résistance.

Allez, deuxième petite pique, j'adore déjà la tension que j'imagine monter suite à ma réplique. C'est du régal. Je vais pouvoir me défouler sur un truc qui bouge cette fois. Je détache Furie de ma ceinture, en active la lame, direction le sol. Je laisse mon bras pendre, et par extension ma fidèle lame rouge sang. J'adopte ainsi une posture nonchalante, je veux faire croire à mon adversaire que je ne la prends pas au sérieux. En réalité, elle m'a pris au dépourvu, elle n'a pas froid aux yeux. C'est louche une telle confiance, je vais devoir me préparer à une castagne sans nom. Le rêve en somme.

-Pas sûr que tu le fasses même en dehors du sac en fait...

Je dis cela d'un ton las. Troisième pique, je m'adore putain. Et là, je pense si fort "Montre moi que j'ai tort !" que je ne peux retenir l'esquisse d'un sourire d'excitation.
Invité
Anonymous
Je me délectais de cet instant.

Je savourais chaque seconde de cette tension si palpable et délicieuse qui précédait toujours le combat, de cette paix trompeuse qui annonçait le déchaînement prochain et inéluctable de la violence. Comme il me plaisait de ressentir encore et encore cette sensation, la tension si familière que provoquait l'imminence du combat, raidissant chaque muscle et affolant le cœur, jusqu'à ce qu'elle ne se brise enfin pour ne laisser place qu'à un maelstrom de sauvagerie débridée. J'aurais pu vivre dans ce seul but.

Mais comme souvent, l'humain ouvrait la bouche et gâchait tout. Il souillait le calme de ce moment, par ses paroles dénués d'intérêt et altérées par cette moquerie primaire si commune en ces lieux. Sans doute espérait-il ainsi piquer mon orgueil et me pousser à attaquer grossièrement, sans la moindre finesse ni réflexion derrière mes actes… Il était donc loin du compte. La raillerie, j'en usais souvent contre les autres et je la connaissais donc trop bien pour être trompée moi-même par des procédés aussi triviaux. Non, s'il y avait bien une chose que j'avais travaillé tout autant que le maniement du sabre ou de la Force, c'était ma maîtrise de moi-même et ce n'était donc pas cet apprenti qui parviendrait à l'ébranler.

Nonchalante, je laissais donc son fiel s'écouler sans consentir à lui livrer la moindre réponse, mes lèvre restant hermétiquement closes bien qu'altérées par une ombre de sourire sans joie. Tout simplement parce que je n'avais rien à prouver. Pas à un simple apprenti. Ni à quiconque hormis ma Maîtresse, et surtout moi-même. S'il pensait que j'étais ici dans le seul but de faire mes preuves, pour pouvoir mieux me gausser d'une éventuelle victoire devant les aspirants, il se méprenait sur mes intentions. Seuls comptaient les apprentissages que je pourrais tirer d'un entraînement commun, le reste n'était que poudre aux yeux. Mais il ne l'entendait manifestement pas ainsi et j'allais donc devoir expliciter.

« Je te préférais silencieux. »

Que je soufflais donc simplement, sans me départir de cette parodie de sourire qui continuait d'ourler mes lèvres, bien que contredis par la froideur de mon regard. La moquerie, la raillerie… Elle n'était là que pour tenter d'affaiblir l'adversaire, pour rendre la victoire plus facile et pour le spectacle. Mais aujourd'hui je n'avais aucune envie d'un combat facile, pas plus que de faux semblants. Il n'y avait que lui et moi dans cette salle vide, nul spectateur, et je ne souhaitais rien d'autre que le choc de nos deux lames dépourvu du moindre artifice.

« Parce que, vois-tu, ce n'est pas ce langage que je veux parler. »

Et ma lame rougeoyante se déployait comme la sienne, parant les murs comme nos visages de ses reflets carmins. Oui, il n'y avait qu'un langage que je souhaitais parler. Le seul qui vaille la peine d'être appris. Celui de la violence.
Invité
Anonymous
Bien, très bien. Comme je l'ai espéré, il ne s'agit pas d'une énième apprentie imbue d'elle-même, ayant paradoxalement le besoin impérieux de démontrer ses aptitudes à tort et à travers pour impressionner ses "camarades de classe", comme j'aime les appeler.
Chaque fois que je ne peux fuir un apprenti, grâce à un couloir ou même un quelconque passage discret pouvant me permettre d'esquiver la foule, j'affiche la même attitude arrogante et méprisante. C'est une façon de repérer les têtes à claque -ceux qui veulent démontrer leur "suprématie", mais qui affichent surtout la suprématie de leur déficience intellectuelle- et ceux qui sortent du lot. Et par chance, je suis visiblement en compagnie d'une Zabrak qui sort du lot. Heureusement d'ailleurs, je supporterai pas de rester plus de quinze minutes en présence d'un cliché d'apprenti mégalo et qui me raconte à quel point sa propre interprétation du code Sith en fait un spécimen supérieur. Je pourrais continuer des heures à vous parler de ces macaques qui hélas sont trop nombreux à l'académie, mais je pense que vous finiriez par vous lasser, alors revenons en à notre amie à peau rouge.

Désolé si je te déçois poupée, mais je suis pas là pour me faire une flopée d'ami afin qu'on aille tous se faire une bouffe au pays des lucioles et autres licornes hein. Néanmoins, force est de constater qu'elle est sévèrement burnée pour une demoiselle. Et quand elle déploie sa lame rouge similaire à la mienne, l'esquisse de mon sourire s'agrandit. Enfin une partenaire de choix, ça promet d'être intéressant !

-On fait comme tu le sens...

Je me permets une dernière réplique, cette fois sans aucun sarcasme ou sous-entendu, afin de la laisser comprendre que son défi me fait bien plaisir. Très rapidement, et grâce à mon bon jeu de jambes, j'effectue un demi tour sur moi-même, et suivant le mouvement du reste de mon corps, mon sabre vient fendre l'air, d'une mouvement souple et circulaire, entrant directement au contact du sien. Un mouvement simple, pas vicieux pour un sou, parfait pour entamer un bon entraînement.
Alors que je presse ma lame contre la sienne, jouant un peu de ma force physique pour tenter de la faire reculer, je brise brusquement ce contact en effectuant la même rotation en sens inverse. Ainsi, nous sommes tout à coup placés à deux ou trois mètres de distance.

-Quel est ton nom, si je peux me permettre ?

Je laisse ainsi comprendre à la Zabrak qu'elle a piqué ma curiosité à vif. Il est rare par ces temps de voir deux apprentis s'entraîner ensemble, ceux-ci préfèrent en général se réserver pour se donner en spectacle durant les cours communs.
Moi qui n'aime pas la compagnie des autres, je suis cette fois peut-être disposé à avoir un semblant de discussion avec cette brave Sith...
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn