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La Force m'avait tout pris.

Pour quelques bribes de puissance nonchalamment offertes, quelques pouvoirs futiles d'une inutilité criante, elle m'avait retiré tout le reste. Ma famille. Mon monde. Mon intégrité. Ma liberté.

La Force avait tracé pour moi une voie que je ne voulais voulais pas suivre et m'y avait jeté. Elle s'était faite l'architecte d'une déchéance minutieusement orchestrée. D'abord en me livrant aux caprices pervers de celui que j'avais longtemps appelé maître, puis en me laissant prendre sa vie, toucher du doigt l'espoir d'une liberté retrouvée… pour finalement m'en priver à nouveau, me laissant échoir dans cette cellule aseptisée, vide et silencieuse.

J'aurais peut-être dû me sentir soulagée. Après tout ce que mon maître m'avait fait endurer, après toutes ces souffrances, physiques comme mentales, la perspective de trouver enfin la paix – quand bien même c'était dans une cellule – aurait dû me satisfaire.

Mais il n'en était rien. C'était même encore pire.

Sous le joug de mon maître, il me restait tout de même une chose qu'il n'avait su me prendre : l'espoir. L'espoir de briser un jour mes chaînes. De le tuer. De pouvoir retourner à ma vie d'avant. Mais ici, au Temple jedi d'Ondéron, a des milliers d'années-lumière de mon monde natal, cet espoir n'était plus permis. Quelles perspectives me restait-il alors ? Celle de m’échapper ? Elle était si ténue, si risible, que mon esprit n'osait pas même l'envisager. Que les jedis me libèrent alors ? A en croire la mine de croque-morts sinistres de ceux qui m'avaient rendu visite, c'était hautement improbable. Ils ne faisaient rien d'autre que de m'interroger sans relâche, alors que je les comprenais à peine, chacune de leur question me laissant plus égarée que la précédente. Il voulait tout savoir de moi, de mes origines et surtout de mon maître, me questionnant sans cesse à propos d'un Empire dont j'ignorais l'existence avant qu'elle ne soit évoquée dans cette pièce. Alors je les laissais parler, indifférente. Et ils finissaient par partir. Toujours.

Ils me traitaient comme si j'étais… contagieuse.

Un esprit corrompu prompte à gangrener l'âme innocente de leurs apprentis de sa noirceur. Oh je ne pouvais pas leur en vouloir de me penser dangereuse, j'avais tout de même tenté de tuer l'un de leur après tout, dans une tentative aussi futile que stupide. Mais dangereuse l'étais-je réellement ? A dire vrai, je ne le savais pas moi-même. Il n'y avait plus rien dont je sois certaine, à propos de moi, comme du monde qui m'entourait. Tout ici me semblait être terriblement étranger, à des lieues de tout ce que j'avais connu sur Belkadan. Jamais encore je ne m'étais sentie aussi perdue.

Mais de cet égarement je ne voulais rien laisser paraître. Pas devant eux. Alors je me contentais d'attendre, passive, laissant s’égrainer les minutes, les heures et les journées entières, assise sur ce lit austère. Le temps est une notion toute relative, surtout quand l'unique horizon qui s'offre à notre regard se limite à une seule pièce, grise et sinistre. A force d'observer j'avais fini par connaître chaque détail de mon nouvel environnement par cœur, de la moindre tâche au mur au tas de plateaux repas intacts qui s'empilaient sur la table, chaque jour un peu plus grand. De temps en temps, une visite venait briser cette monotonie. Et cette éternelle valse de questions reprenait, sans fin…

Il me semblait d'ailleurs entendre maintenant des pas à l'extérieur, se dirigeant dans ma direction, sans toutefois que cela ne provoque chez moi une réaction. Ce n'est que lorsque j'entendis la porte crisser sur ses gonds, que je consentis enfin à sortir de ma léthargie, me redressant avec une lenteur paresseuse, calculée. Un homme venait d'entrer. Jeune, beaucoup plus que les ancêtres qu'on m'avait envoyé jusqu'à maintenant. Mon regard s'attarda un instant sur son visage, qui se trouvait trouvait dans un état presque aussi déplorable que mon dos, à la différence que les dégâts y avaient été en partie réparés. Mais la lueur d'intérêt fugace qui s'était allumée sur mon visage eût tôt fait de s'évanouir, n'offrant à plus à la vue du jeune homme qu'un mur d’indifférence las, qui ne semblait pas prêt de se fissurer.
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Pour beaucoup, la prison était synonyme de gouffre, d’enfer dans lequel on précipitait les êtres fautifs pour les y laisser pourrir. Pour Yun, elle était l’équivalent d’une renaissance, la porte vers un nouveau départ. Voilà pourquoi il marchait toujours tranquillement dans ces couloirs, qu’il semblait presque heureux de pénétrer en ces murs. Il n’y avait aucun souvenir douloureux, aucun regret, aucun traumatisme. Ici, pour la première fois de son existence, il avait goûté au calme. Il avait été en paix pendant ces quelques mois d’emprisonnement. Alors contrairement à l’ensemble de la population, et de façon furieusement paradoxale, l’épicanthix appréciait cet endroit, non par masochisme, mais simplement parce qu’il s’y était senti libre. Oui, il avait été libre en étant enfermé entre quatre murs : il n’était plus à une ironie du destin près.

La prison d’Izziz était construire de telle façon qu’elle irradiait littéralement le côté lumineux. Par un phénomène que le padawan ne s’expliquait pas, la Force suppurait par tous les pores pierreux de l’installation, inondant de sa lueur bienfaisante les visiteurs et coupant les moyens de ceux qui se refusaient à comprendre le côté clair de l’entité mystique. La première fois qu’il avait ressenti cela, après Artorias, il en avait éprouvé une sensation de malaise vertigineuse, comme si on lui avait arraché quelque chose qui avait toujours été présent à son côté. Puis après s’être habitué, il avait aussi ressenti un profond soulagement, comme s’il était devenu autre, lavé de cette énergie qu’il ne comprenait pas mais pour laquelle des gens étaient prêts à tuer leurs semblables. Sauf que bientôt, insidieusement, alors qu’il méditait sur son passé, tel le soiffard qui cherche une bouteille à même de rassasier son gosier asséché, dans une sorte d’élan animal, de besoin vital, il en avait été pénétré à nouveau, il l’avait laissée l’envahir et le rasséréner de sa présence apaisante. Tant que la connexion existait, personne n’était en mesure d’y échapper : on pouvait l’accepter ou s’y brûler. L’alternative n’existait pas. Comme pour beaucoup d’autres sujets à vrai dire.

Certains taxaient sa pensée de binaire, et ils avaient peut-être raison. Yun estimait simplement qu’il ne se voilait pas la face, lui, en essayant de concilier ce qui ne pouvait l’être. On pouvait parler de circonstances atténuantes, de choix, de fin qui justifiait les moyens, à la fin, une action était bonne ou mauvaises. C’était exactement pareil pour la Force : le colosse ne croyait pas en l’équilibre, et ses propres expériences l’avaient convaincu que ce n’était là que chimère inventée par ceux qui n’assumait pas leur propre déviance. La question n’était pas de savoir si lumière et obscurité pouvait coexister, mais si les deux pouvaient se lier. Or selon lui, ces antagonismes, fondamentalement différents dans leurs valeurs, leurs aspirations, leurs symboliques ne pouvaient que s’entrechoquer, se heurter, et toujours tenter de prendre le pas sur l’autre. Le problème était pris à l’envers tout simplement : il n’était et ne serait jamais question d’enrayer un aspect totalement, Mais il appartenait à chacun de prendre ses responsabilités et de se lever pour ce qu’il croyait être juste. Parce que le crime resterait le crime, que jamais il ne s’affadirait, et pourtant il demeurait condamnable.

Etait-il le mieux placé pour parler à une ancienne sith alors ? Vu comme ça, absolument pas. Sauf que… A une époque, il aurait été incapable de penser de cette manière. Son cheminement intime et philosophique avait été le fruit d’une réflexion profonde, longue et qui connaissait encore des achoppements. Oui, il avait été, fut un temps, un bourreau d’exception, dont les doutes se taisaient sous les coups assénés, dans sa volonté farouche de préserver sa vie. Seul son esprit hermétiquement clos avait été son refuge, sa barrière infranchissable, ce qui lui avait permis de remettre en question les préceptes inculqués et de trouver finalement le courage de s’enfuir, une fois son maître assassiné par ses adversaires. Libéré de sa tutelle, il avait saisi sa chance quand il n’avait pu supporter un instant de plus sa condition. Mais ce n’était que le premier pas. Ce n’était pas suffisant.

Une fois son autorisation de visite examinée, son sabre donné et ses vêtements fouillés, le jeune homme put pénétrer dans le quartier le plus sécurisé de la prison. Etant donné qu’on ne pouvait le sonder, il fallait bien s’assurer qu’il ne serait d’aucune aide à la prisonnière, la spécificité que la nature avait octroyée à sa race étant à la fois un don et un fardeau. Silencieux, telle une ombre rôdant, il s’engouffra dans le long couloir pour parvenir jusqu’à la cellule qui l’intéressait. Se découpant dans son embrasure, retrouvant la lumière, il resta là un temps pour que celle qui se trouvait à l’intérieur ait le temps de le voir, de s’habituer à sa présence. Puis il fit une ultime fois les vérifications nécessaires, et la porte s’ouvrit.

En raison de sa taille massive, l’épicanthix occupait quasiment tout l’espace aussi bien largeur qu’en hauteur. Bien que pratiquement parvenu à maturité, le jeune homme n’avait pas encore tout à fait fini sa croissance, et ces années au Temple n’avaient pas manqué de lui offrir l’occasion de s’étoffer davantage. Avec ses deux mètres passés d’envergure et ses cent kilos de muscles, l’ancien sith était indéniablement imposant, rares étant ceux capables de le regarder de haut dans la galaxie. Et c’était sans parler de son visage bouffi par le tissu cicatriciel, ravagé par la peau boursouflée par l’afflux d’électricité. Non, décidément, il n’avait rien d’une présence rassurante. Cependant, sous cette apparence se cachait une tranquillité non feinte, qui se sentait dans la Force. Depuis sa discussion avec son maître, le garçon avait retrouvé sa sérénité, et sa face était empreinte d’un calme surréel, aidé il est vrai par son manque absolu d’expression.

Silencieusement, il s’assit en face d’elle, en tailleur, presque dans une position méditative et resta ainsi un long moment. Inutile de l’assaillir de questions : d’autres s’en étaient déjà chargés. Il avait tout son temps, de toute manière. Plusieurs minutes s’écoulèrent ainsi, sans un geste, sans aucun frémissement de ses muscles faciaux, comme s’il s’était transformée en statue de pierre. Puis enfin, sa bouche s’anima en même temps que son bras qu’il étendit avant de tourner sa main et son index vers lui-même, et de dire :

« Je suis Yun Silthar. »

Pointant la cellule, il ajouta lentement, détachant bien ses mots pour qu’elle comprenne, avec son ton impitoyablement monocorde qui, à cet instant, était bien plus un avantage qu’un inconvénient tant cela rendait plus intelligible sa diction :

« J’ai été à ta place. »

Et son doigt de faire la navette entre lui et elle, pour lui faire comprendre que malgré tout ce qui les séparait à cet instant, au moins symboliquement, tous deux n’étaient si différents. Et que sous d’autres circonstances, leurs places auraient facilement pu être échangées. Il n’était pas son juge, encore moins son bourreau. Simplement un frère.
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Les questions et les interrogations sans fin auxquelles je m'étais préparée ne vinrent pas. Mon visiteur semblait avoir compris les mérites du silence, une qualité que je ne pouvais qu'apprécier. Moi-même, je n'avais jamais beaucoup parlé, que ce soit avant ou après ma rencontre avec mon maître. Le silence était celui des langages que j'avais toujours préféré, suffisamment lourd de sens pour se passer de la parole. Il était d'une harmonie que le timbre de nos voix discordantes ne faisait que bafouer, sans lui apporter le moindre intérêt. Mais s'il y avait bien une chose que la vie m'avait apprise, c'est que toute harmonie n'existait que pour être brisée.

Et cette fois ne fit pas exception à la règle.

Immanquablement, il finit pas parler. Et le calme relatif qui s'était emparé de moi durant ses longues minutes de silence s'évapora aussitôt, ne laissant place qu'à la suspicion. Je n'avais pas compris la totalité de ses mots, mais le sens général m'était tout de même intelligible.

Nous étions pareil. Voilà ce qu'il essayait de me dire. Ou de me faire croire plutôt.

N'était-ce pas là une stratégie des plus basique de tout interrogatoire qui se respecte ? Se rapprocher du prisonnier, pour mieux l'inciter insidieusement à se livrer, lui retirant ainsi une à une les cartes restant dans son jeu, jusqu'à ce qu'il n'ait plus rien à offrir. Mais moi, je n'avais aucune intention de me laisser déposséder de la sorte et ce n'était pas cette illusion de fraternité qu'il s’efforçait de créer qui y changerait quoi que ce soit. Je ne donnerais pas aux jedi ce qu'ils souhaitaient de moi. Ni à lui, ni aux autres. Celui qui était en train de me parler en ce moment n'était que le nouveau visage de tout ceux qui l'avaient précédé.

« Yun... »

Ma voix se répercutait contre les murs de ma prison, légèrement éraillée d'avoir trop peu servi, traînant sur chaque note du patronyme de mon visiteur. Les prénoms avaient une grande importance dans ma culture. Ils étaient l'essence même de leur porteur, ce qui les définissait en tant qu'être. Mais ce prénom-là n'avait entre mes lèvres qu'un goût de cendre et de sang.

« A ma place ? Ça être possible. Ou peut-être juste mensonge. »

Il pouvait se dire semblable à moi, mais ce n'était rien d'autre que des paroles, qui n'avaient rien de tangible. Il était après tout si simple de prétendre être ce que la situation exigeait.

HRP:
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Sans bouger un orteil, Yun observa l’inconnue faire rouler les trois lettres de son prénom dans sa bouche, les savourer ou les rejeter, il ne savait encore. Sa voix les chantait, de cette façon si courte qu’avait son patronyme de résonner à chaque fois qu’il était prononcé. Souvent, le jeune homme s’était fait la réflexion silencieuse que ses parents avaient au moins été bien inspirés sur une seule chose : ce choix. Pour le reste, il ne pouvait hélas en dire autant. Mais ça… Ça oui.

Cette appellation si brusque, si tranchante, et à la sonorité pourtant douce lui ressemblait plus qu’il ne pourrait jamais l’admettre. Elle était brutale, abrupt, comme son caractère qui ne souffrait guère les complications, les ronds de jambe, les grands discours … Il aimait aller droit au but, n’avait jamais su trousser les mots comme d’autres, et s’étonnait souvent que de tous jeunes enfants soient si éloquents quand lui, presque un adulte, peinait souvent à expliquer les tourments prenant vie sous son crâne si bien protégé par la nature. Cela menait parfois ses interlocuteurs à l’incompréhension, à moins qu’il ne prenne sur lui de bien expliciter ses dires. Ses expériences avec les chevaliers Nae et Belluma en étaient la preuve flagrante. Finalement, il avait eu infiniment plus de facilité à converser avec son maître ou le chevalier Kerin, le premier ayant cette capacité à poser toujours la question faite pour mettre le doigt sur ses interrogations intimes et lever le voile de ses doutes brûlants, tandis que le second avait eu cette capacité à s’adresser à lui simplement. Peut-être aussi que les circonstances, dans ce cas précis, avaient été moins tendues que dans les deux autres cas, il fallait bien le reconnaître.

Et pourtant … Aussi étrange que cela puisse paraître venant de cette masse de muscles, de cette montagne au faciès hideux et inexpressif, l’épicanthix n’avait rien d’une brute. Il réfléchissait en permanence, trop en vérité, contenant dans sa froideur naturelle le bouillonnement de ses pensées, et aurait bien été incapable de faire une mal à une mouche … Volontairement. Yun aimait le calme, la méditation, la lecture solitaire et abhorrait le combat, bien que ses prédispositions génétiques l’y aient rendus bon. Et l’année passée n’avait guère contribué à améliorer cet état de fait. Au moment où enfin, il lui semblait entrevoir la vérité de la voie du jedi et s’y glisser, la réalité venait lui rappeler qu’il ne pouvait échapper à ce qu’il avait été. La tentation serait toujours présente, comme une ombre susurrante, un serpent malfaisant s’insinuant en lui. Il en faisait peut-être trop de cas, de cet incident. Certes. Mais comment faire autrement, pour un être si désespéré de changer, de s’engager sur un autre chemin et qui voyait, brièvement, le vernis de ses efforts se craqueler ?

Alors, un sourire douloureux étira ses lèvres minces quand il entendit la réflexion finale de la prisonnière. Le doute ne disparaissait pas. La confiance n’apparaissait pas soudainement. Il fallait du temps, des semaines, parfois des mois. Jusqu’où était engagé cette jeune fille sur le travail si difficile de l’introspection ? Avait-elle seulement commencé ? L’avait-elle-même envisagé ? Il fallait croire au changement. Sinon sa vie n’avait pas de sens. Mais il fallait le choisir. Le vouloir. L’embrasser de toute son âme détruite pour la reconstruire, pour cicatriser ce qui ne pouvait pas être dit. Certaines blessures demeuraient, fantômes vigilants prêts à rappeler la puissance abandonnée, mais aussi les risques encourus.

L’épicanthix étendit sa grande main calleuse, ferma les yeux, et soudainement, des veinules électriques verdâtres apparurent au bout de ses doigts, reflet étrangement apaisé d’un pouvoir bien connu de tout utilisateur du côté obscur, et pourtant différent, souvenir qu’il avait emporté de Lorrd. Il n’était pas capable de l’exploiter à sa pleine valeur, et depuis Coruscant, la perspective ne l’avait même pas effleuré. Sauf que là, face à cette sœur qui s’ignorait, il pouvait doucement plonger dans son cœur et y trouver cette envie de justice, de vérité, de rédemption qui alimentait son pouvoir.

« Je pourrais. »

Doucement, il rabattit sa main, arrêtant d’alimenter le flux, et la fixa avec cette tranquillité de glace, pour souffler d’une voix neutre, habituelle chez lui :

« Mais ce n’est pas le cas. »

Avant d’ajouter, prenant continuellement garde à articuler clairement, prenant son temps pour détacher chaque syllabe, rendant sa diction encore plus monocorde qu’à l’accoutumée :

« J’ai été toi. Et je suis ce que tu peux être. »


Minus la figure brûlée. Evidemment. S’asseyant instinctivement en position de méditation il conclut dans un murmure sincère, qu’il laissa retomber simplement :

« Mais c’est ton choix. »

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