Lyrae O'Sil
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Balosar, 21.569...


Dès qu’il avait aperçu la planète depuis le hublot du transporteur affrété par les Jedi, Lyrae avait su que Balosar lui réserverait bien des surprises. A travers de son atmosphère sombre et chargée de pollution, on percevait la surface pourpre d’un monde industriel, qui avait depuis bien longtemps exploré les profondeurs les plus noires de la corruption et de la criminalité. Comme Coruscant, si une surface il y avait, elle était si loin sous les barres d’immeubles et les usines qu’on l’avait probablement définitivement oubliée.

- Autorisation d’atterrissage obtenue. Pénétration dans l’atmosphère imminente. Nous vous prions de bien vouloir rester assis à vos sièges, ceintures attachées.

La voix de la pilote de l’ExploCorps était professionnelle. Lyrae rangea son datapad tout en jetant un œil au Chevalier Besshk, du Medcorps, assise à ses côtés. Elle fermait les yeux, plongée dans une méditation visant probablement à aborder leur nouveau lieu de vie, pour quelques mois, avec sérénité. Le Chevalier O’Sil était incapable d’un tel calme : Balosar était le lieu des bâtons de la mort, des prostituées et des trafics en tout genre. La population qu’ils rencontreraient là-bas serait tout sauf chaleureuse et accueillante. Et ils côtoieraient la misère de si près que Lyrae avait préféré que Laïkin ne vint pas lui rendre visite. Kolin, lui, se sentirait peut-être dans son élément, néanmoins… Le padawan le rejoindrait probablement après son petit séjour pour Coruscant, où il devait recevoir une médaille pour sa bravoure sur Felucia. Le Chevalier esquissa un sourire. Le gamin méritait bien sa petite heure de gloire, sa formation pourrait attendre quelques jours de plus. Et puis, quelques jours ne seraient pas de trop pour apprivoiser un peu la vie locale balosar…


***


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- Entreposez les caisses de bacta par ici. Et je veux qu’on fasse un tour des lieux pour vérifier les conditions élémentaires de sécurité avant que les médecins n’installent leur équipement,
expliqua-t-il au petit être doté d’antennes devant lui, qui acquiesça avec un brin d’agacement évident. Je veux avoir le temps de regarder l’état de l’installation électrique, sinon on va bousiller tout le matériel à la première instabilité.

Les balosars étaient petits et vifs. Tous ceux présents dans cet entrepôt désaffecté qu’ils allaient transformer en hôpital étaient employés par le gouvernement, à la tête duquel Madame Laz’ziark avait fait appel aux Jedi pour leur aide dans sa mission – désespérée, selon Lyrae – d’assainir les bas-fonds de la planète. Ces petites gens étaient intelligents, mais avaient leurs propres intérêts et mœurs que le Chevalier ne saisissait pas.

- Ces vérifications pourraient être faites en même temps, nous perdrions moins de temps. Je dois faire un rapport rapide à mes supérieurs confirmant votre installation selon les modalités prévues dans la convention.
- Cette convention ne dit pas qu’on a un délai pour s’installer,
rétorqua Lyrae, qui en réalité ne connaissait rien du tout au bout de papier signé entre le Conseil Jedi et le gouvernement local. Il y a plein de réparations à faire, et je veux pouvoir estimer tout ça avant qu’on s’installe et que ça devienne compliqué.

Le balosar soupira, griffonna quelque chose sur une tablette électronique avant de s’éclipser. Lyrae fut soulagé de le voir s’éloigner et il s’autorisa une petite pause pour contempler le désastre dans lequel ils avaient atterri : le complexe cédé par le gouvernement pour l’installation de l’antenne du Medcorps était certes spacieux, mais il était dans un état déplorable. Il avait visiblement subi de multiples réparations, et les murs avaient l’air d’un patchwork sans cohérence avec des morceaux de taule, de plastacier et de béton. La lumière, artificielle, tremblotait sous l’effet d’un courant électrique instable, et Lyrae estimait même, à l’odeur de renfermé et de produit chimique qui régnait, que l’aération ne fonctionnait pas. Il grimaça.

- Allez, fais pas c’te tête, Lyr’, on a vu pire sur l’terrain nous tu sais ! Ici au moins on va pas s’faire bombarder ! Enfin… Normalement, quoi.

Le besalisk ventru donna une tape dans le dos du Chevalier, qui lui adressa un demi-sourire. Vlad n’était pas un Jedi, simplement un technicien qui renforçait les équipes de l’Explocorps quand ceux-ci réalisaient des projets mobiles. Lyrae était plutôt content d’avoir au moins une tête connue ici : en charge de l’aspect logistique du projet en raison des équipements hautement technologiques du Medcorps, il avait quelque peu du mal à se faire sa place dans cette nouvelle équipe pétrie d’un idéal humanitaire auquel il n’était pas habitué. Lui, son truc, c’était plutôt les vaisseaux. Ces médecins persuadés de sauver le monde, il ne se sentait pas particulièrement proche d’eux. Mais il avait accepté parce qu’il fallait un Jedi ET bon mécano, entre autre, pour leur assurer qu’ils ne bousilleraient pas leur matériel tout autant que leur garantir une disponibilité opérationnelle de leurs trois vaisseaux en cas de nécessité d’un départ précipité.

- Ouais, t’as raison Vlad. Mais c’est quand même pire que ce que j’pensais. J’étais censé m’occuper seulement des bécanes, et me voilà à devoir presque réinventer l’électricité !

Le besalisk eut un rire gras. Il s’engagea vers le cargo que des hommes et des balosars déchargaient, et Lyrae lui emboita le pas.

- Ha ! Heureusement qu’on a prévu un peu des renforts.

- Des autochtones ?
- Non, on a embauché depuis Coruscant. Maître Belma avait peur de piocher comme par hasard parmi des criminels qui en profiteraient, si on embauchait directement ici. Bonjour les préjugés !
- Ouais, ben vu la gueule de la planète, j’aurais tendance à dire qu’il a pas tort…
- Bref, j’sais pas quoi leur dire, moi, aux recrues. Faut répartir les tâches, tout ça. A toi d'leur causer.

Ils grimpèrent à bord d’un second cargo après avoir contourné le premier. Une drôle de cohue y régnait. Deux hommes en uniforme du medcorps s’engueulaient, tancés par un Maître Jedi nautolan qui espérait apaiser le tout, tandis qu’une caisse cassée gisait au sol, d’où s’était écoulé un liquide sombre et visqueux. Derrière eux, un petit groupe de personnes discutaient et observaient les alentours. Un devaronien beugla dans une langue étrange à l’adresse du besalisk. Vlad répondit avec un mouvement nonchalant du bras.

- V’là la masse en question. T’en as dix qui sont qualifiés heu… Pour différents trucs.


Lyrae soupira, décontenancé par le groupe hétéroclite. Deux dévaroniens à la mine perverse, trois bith identiques, un petit humain maigrichon qui avait même pas l’air d’être majeur, deux femmes humaines à la peau sombre et à l’air revêche, un nautolan ceinturé d’outils qui l’air bien décoré plutôt que compétent, un vieux Dug qui avait l’air endormi par terre et une arkanienne à la peau très pâle mais au regard professionnel. Bon, ben il allait devoir faire avec.

- Bon, vous deux, plus vous, allez me reconstituer les plans de l’aération si elle existe. Sinon, inventez-en un, car on va pas pouvoir respirer longtemps dans cette benne à ordures. Quelqu’un s’y connait un peu en matériel médical ? Vous deux ? Très bien, allez auprès du Chevalier Besshk, elle vous montrera les équipements qu’il va falloir installer et calibrer avec leur aide. Toi le jeune, et vous les bith, je veux que vous fassiez un check up des vaisseaux déjà déchargés. L’une des navettes a un défaut d’équilibrage, trouvez-moi d’où ça vient et réparez moi ça au plus vite. Et vous… Hé ho !

Le vieux Dug ne leva même pas le nez. Bon sang, il devait être sourd, en plus d’être décrépi.

- Hé le jeune, prends celui-là avec toi. S’il sert à rien, au moins fais en sorte qu’il reste pas au milieu, grommela-t-il. Et vous, venez avec moi, on va regarder un peu le circuit d’alimentation du bâtiment. Vlad, tu me fais des rondes pour surveiller tout ça ?

Pas qu’ils fussent dans l’urgence, mais Lyrae tenait à ce que leurs nouveaux employés ne chipent rien, en particulier dans le matériel médical. Ce serait sûrement trop facile de revendre quelques bricoles sur Balosar.

Le groupe se dispersa, et Lyrae se retrouva rapidement seul avec la jeune arkanienne. Finalement, c’était elle qui avait l’air le moins perdue dans l’histoire.

- Suivez-moi,
lui dit-il, un peu bourru et toujours abattu de l’état de la situation. Vous avez des connaissances en électricité ?

Le groupe aurait dû être des techniciens qualifiés, mais vu l’apparence de certaines recrues, il n’était plus sûr de rien. Autant vérifier. Tout en parlant, il emmena la jeune femme en dehors du cargo, pour aller vers le fond de l’entrepôt, où des établis avaient été dressés à la hâte. Avec un peu de chance, les plans qu’on leur avait trouvé seraient exploitables…
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Pour la centième fois je regardai mon datapad. Je savais d’avance que je résultat ne changerait pas simplement parce que je fixais l’écran mais je ne pouvais m’empêcher de le faire. Les comptes étaient vides. Oh pas totalement, pas au point de me sentir acculée : je gardais toujours plusieurs comptes alimentés avec des sommes variables afin qu’un affrontement ou une chute de l’économie d’une partie de la galaxie ne me mette dans une subite précarité, mais l’ensemble de mes comptes réunis pouvaient me financer un ou deux voyages tout au plus. Cela aurait assez pour certains mais j’étais du genre prévoyante, peu disposée à laisser au hasard la direction de ma vie. Je devais reconnaitre aussi que je générais un nombre conséquent de problèmes sur mon chemin, à cause de Père entre autre, et que la moindre anicroche pouvait avoir des conséquences se chiffrant en milliers de crédits. Somme toute, j’avais été obligée d’accepter cette mission sur Balosar.

Clairement, il ne s’agissait plus de vacances mais de travail. Les données que j’avais rassemblé sur la planète était aussi enthousiasmantes qu’un cours de finance Muun donné à des droïds. Pollution, criminalité, conditions de travail proche de l’esclavagisme, surexploitation des ressources… La planète était loin d’une d’être une destination de rêve, mais le travail était bien payé. J’étais tombée sur une annonce à Coruscant parlant du recrutement de techniciens qualifiés afin de participer à l’implantation d’un hôpital. Sorte de mission humanitaire, financée par les deniers publics, qui s’apparentait selon moi à de l’homéopathie sur une prothèse cyber. Mais qui étais-je pour juger ? Chacun son rôle. Et le mien était d’empocher les crédits. Ils devaient tout de même sérieusement manquer de personnel qualifié pour en importer ainsi. Du coup, le contrat était particulièrement intéressant. Il prévoyait une couverture syndicale, le rapatriement en cas d’urgence et une paye qui règlerait mon problème de découvert pour les prochains mois. J’avais triché sans vergogne sur mon C.V., postulé et obtenu été retenue. En même temps, après des études d’ingénieure sur Arkania, un stage chez Arkanian Microtechnologies et mon expérience galactique, j’avais tous les atouts de mon côté, surtout que je veillais systématiquement à travaillerau mieux, probablement par snobisme racial. Je mettais un point d’honneur à prouver que j’étais extrêmement compétente et cela avait été régulièrement apprécié de mes précédents employeurs.

Nous nous étions donc retrouvés à une petite douzaine dans un vaisseau cargo en partance pour Balosar : trois biths, un nautolan, un dug, un gamin humain, deux humaines, moi et deux devaroniens. Très souvent, leur apparence démoniaque effrayait leurs interlocuteurs et ils avaient le plus grand mal à nouer des relations amicales, surtout sur des courtes périodes de temps. Plusieurs années et de nombreuses rencontres m’avaient été nécessaires avant de comprendre que leur apparence ne constituait pas le fond de leur caractère. Bien sûr ils étaient rusés et cupides mais c’était un trait de caractère avec lequel je pouvais facilement concilier, l’étant aussi à ma manière. J’avais donc décidé de rompre la glace avec eux d’entrée de jeu et, très rapidement, nous avions sympathisé. Nilc Velluq et Vrikor Brund étaient des amis d’enfance tombés amoureux de la même femme. Pendant plusieurs années ils s’étaient disputés à son sujet, tout en restant amis, tandis qu’elle jouait sur les deux tableaux obtenant faveurs sur faveurs de ses amants. Et puis un beau jour elle était tombée enceinte d’un autre. Ils avaient décidé de quitter leur monde à ce moment là, la femme avait été laissée derrière eux et ils étaient toujours amis. J’adorais ces petites histoires, ces anecdotes toutes simples qui émaillaient la vie galactique d’hasards incroyables et j’en connaissais beaucoup, assez pour occuper une partie du voyage. Les humaines avaient alors voulu me mettre en garde contre la mauvaise influence devaronienne, ce que j’avais gentiment ignoré. Elles l’avaient mal pris et avaient commencé à me mettre dans le même sac qu’eux sur le thème éternellement rabâché de « Ces Arkaniens ne valent pas mieux que des Devaroniens, même moralité. » Naturellement, avec le flegme qui me caractérise, j’avais passé la fin du voyage à raconter des blagues salaces et spécistes sur les humaines. Lorsqu’elles avaient commencé à trop s’énerver, j’étais passée en Huttese qu’elles ne comprenaient pas et nous avions continué. Du coup, à l’atterrissage, les devaroniens me trouvaient sympathique, les humaines auraient préféré se retrouver enfermées avec des Arasks qu’avec moi, le nautolan était vaguement indigné, les biths n’avaient pas compris la moitié des références mais avaient bien rit et le Dug sommeillait en permanence. Quand au petit, il ne savait plus où se mettre. Somme toute, j’avais passé un bon voyage.

Mais maintenant que nous étions arrivés, il fallait être sérieuse.

Comme d’habitude j’avais refusé la concession totale aux contingences de mon métier : je mêlais un peu d’élégance à la fonctionnalité. Une demi-veste en daim vert impérial, un T-shirt cintré blanc spécialement traité pour résister à n’importe quelle tache et un pantalon assorti à la veste, coupe légèrement évasée au niveau des pieds afin de porter aisément des chaussures de sécurité, protégé par des jambières intégrales ultra-résistantes ouvertes sur l’arrière. Une ceinture pleine de poches me permettait de glisser les différents outils dont j’aurais besoin ainsi qu’un respirateur en cas de pic de pollution et une paire de gants fins que je portais en permanence dès qu’il fallait mettre les mains dans le cambouis (rien de pire pour une femme que les traces de vieille graisse sous les ongles). Pour le reste, j’avais commlink au poignet et datapad à la main : féminine mais sans chichi. J’avais hâte de me mettre au travail.

Le responsable était un humain de taille moyenne, la trentaine, de peau très pâle, les cheveux blancs, il avait une apparence curieuse pour sa race, quasi arkanienne, qui mettait en confiance. Je le sentais vaguement agacé mais sans pouvoir en déterminer la raison : une mauvaise journée peut-être ou le fait qu’il aurait préféré être ailleurs ? Qui aimerait travailler ici après tout ?

J’en profitais pour mieux le détailler tandis qu’il donnait ses instructions à notre équipe. Il ne dégageait pas cette autorité que peuvent avoir les contremaitres ou les hommes à responsabilité. Au contraire, il semblait en retenu, pensif ou mélancolique. Le visage doux d’une personne jeune de cœur, des traits fins et délicats mais sans préciosité. Je l’aurais facilement vu musicien ou poète, la tête penché sur un livre et la plume entre les lèvres comme les auteurs d’antan. Pourtant ses instructions étaient claires et sans hésitations : il savait ce qu’il faisait et s’attendait à être écouté et il s’exprimait avec une pointe de sarcasme mêlée de lassitude et d’un subtil dédain envers les trivialités de la situation. Lorsqu’il cria contre le Dug je compris deux choses : il n’avait pas envie d’être ici et pas spécialement envie non plus de s’occuper de nous. Il en finit avec les autres et se dirigea vers moi. Je l’interrogeais du regard, curieuse de savoir à quelle sauce j’allais être mangée.

« Suivez-moi, vous avez des connaissances en électricité ? » Ah, tiens donc, il s’occupait de moi personnellement. Soit parce que j’étais la dernière soit parce que j’étais la plus à son goût pour une raison ou une autre.
« Oui, bien sûr. »

Nous sortîmes du cargo et nous dirigeâmes vers le fond d’un entrepôt vaste mais plutôt délabré. Je constatais «Et bien, vous allez avoir du travail ! » Des dizaines d’ouvriers s’activaient dans tous les sens pour décharger des caisses, inventorier le matériel, transporter l’équipement et le ranger. Quatre-vingt pour cent étaient des Balosar, autant dire que le projet allait être un enfer à gérer, que les retards allaient s’accumuler et que les chefs allaient devenir dingues. Il sortit une liasse de plans électrique qu’il me montra. Je les examinais un moment, silencieuse et les sourcils froncés, jetant des coups d’œil à l’entrepôt pour retrouver une côté ou un passage de câble avant de soupirer longuement.

« Je ne sais pas si c’est un test ou si c’est une erreur mais ce ne sont pas les bons plans. J’ai eu un doute pendant un moment parce que sur ce type de planètes ce n’est pas parce qu’un plan est posé qu’il est suivi mais non, même pas, ce n’est juste pas le bon entrepôt tout simplement. Regardez, vous voyez le symbole ici, c’est l’entrée du réseau. Les chemins de câblage ne sont pas les bons mais surtout la puissance nominale de l’installation serait supérieure à celle supportée par la côte d’alimentation générale. » Ce n’était pas une difficulté qui valait que l'on s’y attarde selon moi. Pour faire d’un entrepôt un centre médical il allait falloir repartir à zéro ou presque. Bien sûr, récupérer les installations électriques aurait permis de faire des économies mais au pire elles seraient coupées et fondues dans la structure.

« Ce n’est pas très gênant. En général, le câblage d’un entrepôt est majoritairement apparent et succint, faire des plans sera rapide. J’espère surtout que vos ingénieurs vous ont donné les bons schémas techniques de l’hôpital, parce que je si je dois refaire tous les calculs de charge et redresser les plans cela va prendre beaucoup de temps plus de temps. » Sans parler que je n’avais pas mené à bien des projets aussi complexe depuis mes études.

Je marquais une pause avant de lui tendre la main, chaleureuse.

« Au fait, moi c’est Alys. Je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas mais j’ai l’impression que vous allez bien vous amuser sur ce genre de chantier. Vous avez 80% d’employés Balosaris qui, si j’en crois ce que j’ai lu sur la planète, sont une race surexploitée et sous payée, à la limite de l’esclavagisme. Tous les chantiers que j’ai pu observer avec du personnel non motivé présentaient les même problèmes de manque de rigueur et de professionnalisme et ce n’est pas avec une poignée d’extra venus de Coruscant que vous allez redresser le chantier. Enfin sauf si ce sont tous des cadors dans leur domaine. Je n’en ai pas eu l’impression mais … qui sait.Ce n’est qu’une idée comme ça, et si je me mêle de ce qui ne me regarde pas j’en suis désolée, C’est juste qu’on me paye pour faire un travail et que j’essaye de le faire au mieux : mais si vous voulez vraiment être efficace dans ce chantier il faudrait impliquer chacun de ses acteurs. »

Je réfléchissais en même temps que je parlais, marquant de petits temps d’arrêts parfois pour affiner une idée ou un concept avant de reprendre.

« Les ouvriers ici sont souvent payés à la journée de travail : ils n’ont aucun besoin de faire avancer rapidement le chantier. Plus il dure, plus leur emploi sera sécurisé. Si vous ne trouvez pas comment changer cela vous serez encore en travaux dans cinq ans. Personnellement je fixerais des objectifs et je les mettrais en compétition les uns avec les autres. Par exemple, vous pourriez déterminer des objectifs dans le temps et à chaque fois qu’ils sont atteints, tout le monde touche une prime, et fixer des primes de compétitivité. Les primes vous couteront nettement moins cher que les dépassements. En parallèle, tout groupe jugé manquant de performance sera viré à la fin de la semaine en cours. Cela les motivera. Il faut aussi que les leaders soient des indigènes : c’est difficile de s’impliquer pour des étrangers et qu’ils comprennent que l’hôpital va changer leur vie et celle de leur famille. Peut-être faire un discours ou une fête pour créer un esprit d’équipe. Les étrangers comme vous et moi auraient plus un rôle de coordination et de relais, voir de formation. Il est indispensable que quand on parte, les gens d’ici soient formés et qu’ils aient compris comment faire fonctionner l’hôpital, sinon il va tomber en ruine rapidement. C’est aussi un moment pour les motiver : les plus compétents se retrouveront avec une expertise et une situation donc un emploi assuré sur le long terme. La fauche est aussi un problème à prendre en compte. Sur des planètes comme celle-ci, au service d’étrangers en plus, vous pouvez facilement avoir 10 à 15 % du matériel qui est volé chaque semaine. Cela peut sembler énorme mais ce sont les statistiques. Donc oui, d’ici a dans deux mois vous pouvez partir du principe que l’ensemble de l’outillage aura été volé au moins une fois. Donc soit vous soudez tout au sol … et faites surveiller le chantier la nuit… soit vous responsabilisez financièrement chaque employé sur ses outils … et vous faites surveiller le chantier la nuit. Je vous encourage aussi à responsabiliser personnellement les patrons de ces ouvriers : ils risquent de ne pas apprécier que le chantier avance et qu’ils en perdent le contrôle.»

J’avais débité tout cela avec flegme mais avec l’implication qui m’avait souvent valu la considération de mes employeurs.

« Après si vous me dites de m’occuper de mes affaires, je sais faire aussi.»

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Lyrae O'Sil
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La réponse de l’arkanienne rassura quelque peu le Chevalier. Le Jedi qui s’était occupé du recrutement avait donc fait attention aux compétences requises pour le projet, c’était une bonne nouvelle. Il n’allait pas faire la fine bouche pour ce projet ; les plus grandes pointures du Temple étaient bien trop occupées vu l’état de la politique intergalactique pour leur mission humanitaire, d’où le recrutement extérieur. Mais il y avait suffisamment de bons techniciens sur Coruscant pour qu’on pût s’armer de bonnes compétences.

Lyrae acquiesça à la remarque de la jeune femme, qui pour sa part ne semblait pas le moins du monde découragée. Tandis qu’elle analysait les plans, le Chevalier nota ses vêtements alliant confort et élégance. Ce devait être cette apparence soignée qui l’avait fait supposer qu’elle était plus professionnelle que les autres, mais bientôt son discours vint confirmer cette attente. Il était rassurant de voir qu’il allait pouvoir s’appuyer sur quelqu’un qui comprenait son langage. Néanmoins, les nouvelles qu’elle apportait ne faisaient que confirmer ses craintes. Il soupira en se penchant à son tour sur les plans tandis qu’elle lui montrait des éléments, ses mains prenant appui sur le bord de l’établi.

- C’est bien ce que j’pensais,
fit-il sur un ton résigné.

Il avait beau n’être que mécano de formation, il ne fallait pas être ingénieur pour comprendre que le seul point commun entre l’entrepôt dans lequel ils se trouvaient et le plan qu’ils avaient sous les yeux était une forme rectangulaire vaguement similaire. Tout le reste n’avait rien à voir.

- Je serais tenté de demander à ce que les bons plans nous soient fournis, mais ça risquerait de prendre des jours,
expliqua-t-il malgré tout. Il va falloir faire avec ce qu’on a.

Toutefois, la conversation dévia rapidement tandis que l’arkanienne se présentait. Pendant qu’il lui serrait la main, elle s’était mise à disserter sur les conditions de travail et les compétences des balosaris, la façon dont était conduit ce chantier. Pendant qu’elle établissait une stratégie de motivation des agents de travail, Lyrae, les yeux arrondis par l’étonnement et le désarroi, tenait toujours mollement la main blanche de l’arkanienne. Mais c’était qu’elle était bavarde comme un gizka ! Elle avait sûrement remarqué son désarroi lorsqu’elle conclut qu’il pouvait aussi bien lui demander de s’occuper de ses affaires. Lyrae bafouilla en secouant toujours doucement sa main.

- Heu oui, enfin c’est que - je veux dire non, pourquoi pas.


Il se maudit intérieurement d’être un si bel orateur, clair et engageant. Malheureusement, les idées d’Alys ne lui semblaient pas réalisables, mais pour une fois qu’il avait une employée externe impliquée, il n’allait pas non plus lui dire de la fermer. Ce ne serait pas poli de toute façon. Lyrae s’éclaircit la gorge.

- Chevalier O’Sil,
se présenta-t-il finalement comme s’il retrouvait ses esprits, lâchant enfin la main de l’arkanienne. Mais appelez-moi Lyrae. Malheureusement, je ne suis en charge que de la partie technique de l’installation du projet, je suis loin d’être le chef de chantier, qui se trouve être un médecin du Medcorps. C’est lui qui a négocié la main d’œuvre locale selon des modalités qui m’échappent totalement.

C’était quelque peu frustrant d’avouer son impuissance à améliorer le système avec lequel ils allaient devoir fonctionner. Il se faisait l’impression d’avoir tout juste annoncé « je suis un chevalier Jedi, mais bon, un chevalier Jedi de seconde zone, quoi ». Seule la forme changeait. Bon, il était bien trop vieux pour avoir un comportement puéril, autant se montrer aussi professionnel qu’elle, dans la mesure de sa zone de compétence.

- Mais je ferai remonter vos suggestions à ma hiérarchie… Alys.


Un joli prénom pour une jeune femme doté du charme froid des arkaniens. Quelques années auparavant, il serait devenu tout rouge d’échanger avec un membre du sexe opposé de cet acabit, mais le temps lui avait ôté ce genre de complexe. Maintenant, il se contentait simplement d’être comme à son habitude dans ce genre de situation : un imbécile notoire. Bon, cela faisait longtemps qu’il s’était accepté comme il était.

Le Chevalier s’intéressa de nouveau aux plans, avant de s’emparer des feuilles aux grandes dimensions et de les retourner. Il sortit de l’une des poches intérieures de son veston un crayon, et se mit à dessiner à main levée la structure d’un nouveau plan, de manière sommaire.

- Quitte à refaire un circuit électrique viable, voici la disposition prévue pour le matériel,
fit-il en divisant à grands traits de crayon le plan du bâtiment en différents blocs rectangulaires. Le Medcorps a besoin de trois zones bien délimitées : l’une est destinée à l’accueil des patients, l’autre est une zone consacrée au repos du personnel et des patients qui passeront plusieurs nuits au dispensaire et la troisième, la plus vaste, constitue la zone médicale à proprement parler.

Il découpa le plus grand des rectangles en plusieurs sous-blocs, inscrivant dans chacun d’eux leur fonctionnalité.

- Ensuite, le découpage de cette partie se fera selon les niveaux d’urgence et de technicité. Ici la zone de soin et de diagnostic léger, ici une zone tampon de prise en charge des urgences, et ici les blocs opératoires, précisa-t-il en tapotant la dernière case. C’est là que le gros du matériel sensible et technologique sera entreposé, ce qui suppose une priorité électrique pour ces pièces ainsi qu’une partie technique adjointe où le matériel sera constamment révisé et réparé.

Là où il travaillerait pendant plusieurs mois, probablement. Vu ce que le Medcorps avait prévu de débarquer, il se demandait comment il était censé assurer cette maintenant tout seul, mais c’était une autre histoire. Kolin lui serait bien utile, ceci dit, pour lui prêter main forte. Pour le moment, leur hôpital de fortune n’était pas même construit.

- Est-ce que vous pourriez établir un plan électrique adéquat ? fit-il en se tournant de nouveau vers l’arkanienne. Ne vous en faites pas pour les calculs liés aux machines médicales, Alys. Contrairement aux balosaris, les agents du Medcorps sont méticuleux comme des muuns, leur documentation sera parfaitement à jour.

SCCHHHFFRRRAAAAOOUM… SCHKABLING !


Lyrae souriait à cause de sa propre blague lorsque la déflagration le fit brusquement sursauter. D’un même mouvement, l’arkanienne et lui firent volte-face pour constater l’origine du bruit : les deux dévaroniens avaient finalement trouvé le système d’aération et l’avaient remis en marche. Le moteur de l’un des ventilateurs avait visiblement explosé, défonçant l’une des grilles d’aération qui s’était écrasée au sol, quelques mètres plus bas, endommageant au passage un chariot chargé d’outillage. Heureusement, ce n’était pas tombé sur du matériel médical… Moins heureusement, le système d’aération était bien pire que vieillissant : il était proprement défectueux. Une épaisse fumée noire s’échappait des bouches d’aération, remplissant le plafond de l’entrepôt comme un bassin au-dessus de leur tête. Les yeux levés au-dessus d’eux en contemplant le désastre, Lyrae soupira une nouvelle fois.

- Vous disiez quoi, à propos de m’amuser ?

Invité
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De toute l’explication Lyrae n’avait pas lâché ma main. Une poignée de main toute molle d’ailleurs. Ou je lui faisais un effet du tonnerre ou bien il était totalement désarçonné par mes remarques.

« Heu oui, enfin c’est que - je veux dire non, pourquoi pas. » « Ses réponses ne manquent pas d’à-propos », pensais-je. Assez amusée, je décidais de tester ses réactions. Je me penchais et, les yeux dans les yeux, je recouvris sa main de la mienne et, avec un sourire charmeur et un peu taquin, je lui demandais « Je peux récupérer ma main maintenant. »

Il se présenta en lâchant ma main. « Chevalier O’Sil. Mais appelez-moi Lyrae. Malheureusement, je ne suis en charge que de la partie technique de l’installation du projet, je suis loin d’être le chef de chantier, qui se trouve être un médecin du Medcorps. C’est lui qui a négocié la main d’œuvre locale selon des modalités qui m’échappent totalement. »

Je décidais de le mettre en boite une seconde fois, juste afin de tester ses réactions.

« Chevalier ? Il vous manque l’armure et le cheval, non ? », toujours gentiment taquine afin d’adoucir le propos. Je relevais la fin de son constat désabusé « Ahhh, les joies de l’administration. Enfin je ne dis cela que pour vous. De toute façon je suis sur un contrat de courte durée donc je serai partie dans un mois.
- Mais je ferai remonter vos suggestions à ma hiérarchie… Alys. » Je notais le passage au prénom tout en m’interrogeant : comment cet homme si assuré quelques minutes auparavant pouvait-il se trouver aussi gauche d’un coup. Mon poète était-il du genre à bafouiller devant ses muses ? Si c’était le cas il était mal car l’idée de le titiller commençait à me tirailler.

Mais avant tout le travail ! Le chevalier avait une vision assez nette des plans, ce que j’appréciais et, tandis qu’il les dessinait, j’en copiais mentalement les tracés, dressant automatiquement la structure au sein de mon interface neurale. Je complétais ses pensées par quelques observations.

« Il faudrait aussi prévoir plusieurs points d’eau, au moins une douche et sans doute une salle isolée pouvant être verrouillée pour entreposer le matériel couteux en toute sécurité. Sur Arkania nous avions également des sas de décontamination avant la salle d’opération mais je ne sais pas si cela fait parti de vos procédures médicales standard. De même pour le système de ventilation et de stérilisation thermique de l’air. Mais c’est peut être trop …moderne … pour une installation telle que celle-ci… déportée ? ». C’était mon tour de me sentir embarrassée. Il s’agissait d’un bâtiment humanitaire, il devait être fonctionnel mais ne présenterait pas forcément tous les perfectionnements des bâtiments les plus modernes. Comparé à Arkania ce que l’on trouverait ici serait obligatoirement primitif mais je ne voulais pas pour autant paraitre insultante.

« Est-ce que vous pourriez établir un plan électrique adéquat ? Ne vous en faites pas pour les calculs liés aux machines médicales, Alys. Contrairement aux balosaris, les agents du Medcorps sont méticuleux comme des muuns, leur documentation sera parfaitement à jour. »

J’allais répondre par l’affirmative lorsqu’un énorme fracas fit vibrer le bâtiment. Le système de ventilation avait explosé, causant des dégâts peu importants à première vue, seul un chariot avait été touché.


« Vous disiez quoi, à propos de m’amuser ? »

J’allais répondre par une remarque flegmatique, comme à mon habitude, lorsque mon cerveau comrpis ce qui était en train de se passer. Fumée noire et lourde qui s’accumulait au plafond, donc portée par un air chaud. Le cauchemar de tout technicien en espace. Je me précipitais en avant en criant « INCENDIE !!! »

Je doutais qu’il y ait sur place une lance à incendie. Si la chaleur continuait de s’accumuler au plafond, l’entrepôt risquait de s’embraser et là nous serions dans un sacré pétrin : le toit mis à bas et peut-être toute la structure à raser à ras. La solution la plus simple n’était pas ici : elle était sur me vaisseau. Nous venions de le quitter et il n’avait probablement pas encore décollé.

« Lyrae, vérifie si personne n’est blessé et approche un chariot de la ventilation ».

Je couru jusqu’au pont récupérer en urgence un extincteur. Il fallait agir vite, en espérant que le Jedi réussirait à se mettre en position. A toute allure, j’apportais l’extincteur qui semblait avoir pris les choses en main.

Pliée en deux, les mains sur les genoux, je cherchais à retrouver ma respiration alors que je lui tendais l’appareil. « Prévu … pour tout incendie … sans danger…allez-y ».

J’avais peut-être sur-réagit mais en tant que technicienne de vaisseau j’avais appris à considérer la moindre flamme comme un danger majeur. Au pire je m’excuserai s’il n’y avait rien de grave et que j’avais pêché par prudence. Mais nous avions réagis vite, il ne faudrait pas longtemps à Lyrae pour tout remettre en ordre et le reste n’était qu’un peu de casse matérielle.

« J’ai l’impression qu’il va falloir commencer par un point complet sur l’état de l’installation. C’est une vraie ruine cet entrepôt.»

Le reste de la journée se passa de façon beaucoup plus calme et studieuse. Je ne quittais pas mon technicien à la peau pale tout en entretenant subtilement sa confusion avec un petit plaisir sadique. Ici une conversation les yeux dans les yeux, là une mèche de cheveux qui tombait « innocemment » sur sa main ou bien un échange où, penchés sur les plans, je posais ma main sur son épaule pour mieux m’approcher de ce qu’il me montrait. Petit jeu qui pimentait une journée sinon bien dense. Il avait fallu vérifier les installations, récupérer les plans du Medcorp, reconstituer un schéma technique potable, commencer à reproduire le plan par une signalisation claire à même le sol : bandes gaffer pour les cloisons, craies pour l’hydraulique et l’électricité. La faculté que j’avais à faire et défaire le plan à volonté dans mon esprit, sans possibilité d’erreur, nous avait fait gagner un temps précieux mais le travail restait considérable.

Bien fatigués par cette intense journée, je me tournais vers Lyrae.

« Bien, je me suis retenue toute la journée mais là, juste ce n’est pas possible. » Je m’approchais de lui un air sévère sur le visage et attrapais sa main avant de la porter à la hauteur de mes yeux. De petites taches brunes constellaient la peau en certains endroits.

« Ce sont des points de corrosion n’est ce pas ? Un bras bionique… mal entretenu.»

Sans attendre son explication, je remontais sa manche d’autorité pour voir l’état du reste. J’étouffais un juron en constatant l’étendu des dégâts.

« Sérieusement ? »

Le revêtement était dans un état pitoyable. La corrosion était presque ce que je pouvais trouver de mieux sur ce bras. Sans doute exposé à une trop vive chaleur, il avait boursouflé par endroits et à d’autres son état était tellement pitoyable que les mécanismes étaient à jour. Heureusement que ces appareils étaient prévus pour fonctionner dans des environnements défavorables car sinon celui-ci ce serait arrêté depuis longtemps. Hormis la poussière je trouvais même un boulon égaré qui s’était coincé entre deux pièces.

« Tu n’es pas censé travailler pour la Medcorp ? » Je secouais la tête dépitée.

« Tu as de la chance il y a tout ce qu’il faut ici, je vais m’en occuper. » Il était hors de question qu’il refuse de toute manière. Voir de la belle mécanique maltraitée comme ça avait tendance à m’irriter. Je lui indiquais une chaise jouxtant une table ou s’installer.

« Installe toi là, je reviens. Dégage ton bras des vêtements. »

J’allais ensuite farfouiller dans le matériel médical. J’avais noté la présence de matériel d’entretien cybernétique qui allait s’avérer bien utile.

« Comment-tu as pu te faire quelque chose comme ça ? Et surtout, comment as-tu pu ne jamais le faire réparer ? Tu reviens tout juste du front ou quoi ? »

Je me plaçais à table avant de prendre son bras et de l’étendre face à moi, paume vers le haut. L’état était, selon mes critères d’arkanienne perfectionniste, désastreux.

J’attachais mes cheveux en queue de cheval afin qu’ils ne gènent pas l’intervention et me mis au travail. La première chose était un nettoyage en règle. Coup de chiffon pour le plus gros puis micro-aspirateur médical pour le détail. Enfin excision des parties synthétiques les plus détériorées afin d’obtenir un membre sain. Une fois la préparation du terrain faite, il convenait de fraiser les points de rouille avec délicatesse, surtout au niveau de la connectique nerveuse : nettoyer la gaine sans la déchirer. C’était sans douleur à condition de ne pas faire d’erreur.

« Ne bouge pas, sauf si tu souhaites te faire fraiser un nerf à vif. »

Je travaillais sans ralentir, totalement concentrée sur une opération qui n’était être pas très technique mais qui nécessitait tout de même un certain doigté pour ne pas faire d’erreur. J’en profitais pour discuter un peu.

« Chevalier, c’est un terme Jedi non ? Tu es Jedi ? Comment tu es arrivé ici, dans cet état ? »

Une fois le nettoyage effectué venait l’entretien : vérifier les taux de réponse et les ajuster, détourner les signaux le temps de faire un remplacement ponctuel de pièce trop détériorée, réajuster puis, une fois un résultat satisfaisant obtenu, vérifier que le résultat final convenait.

« Fais jouer ta main. Dis-moi ce que tu en penses. Normalement ta coordination devrait être meilleure ainsi que ton sens du toucher. A force de prendre des coups, certains réglages se détériorent et tu avais quelques circuits brulés. »

Je procédais aux derniers réglages avant de recouvrir tous les mécanismes d’un produit antioxydant à très faible taux de friction. Son bras bien protégé, je refermais le tout avant de m’occuper de l’aspect esthétique du bras. Découpe de pièces de synthé-peau appliquées en remplacement des parties les plus abimées fixées avec une colle biologique puis application d’une couche de spray dermique pour uniformiser le rendu et lisser les imperfections. Après trois heures de travail, j’avais enfin fini !

Je me jetais en arrière, sur le dossier de la chaise, la tête renversée.

« Pfuuu, je suis rincée. Cela reste une réparation rapide et idéalement il faudrait changer tout le revêtement mais bon, il est en état. Si nous avons le temps les prochains jours, il faudrait que je retouche le rendu des couleurs sur le bras. » En effet, les parties nouvellement remplacées n’avaient pas la même teinte que les anciennes. Un petit travail de peinture serait nécessaire.

Je me redressais pour jeter un coup d’œil.

« Tu me dois un resto, Lyrae ! J’ai bien envie de sortir et de me changer les idées et vu l’heure je ne trouverai plus personne. Tu connais un endroit sympa où aller ? Il faut que je me change de toute façon. Si ça te dit on se retrouve ici dans une demi heure, le temps que tu trouves une cantina ou mieux une boite de nuit. Enfin un truc dansant, je te fais confiance. Ok pour toi ? »

Bien que taquine, il y avait un point auquel je n’avais pas du tout pensé : cela faisait 3 heures que, trop concentrée, nous nous frôlions sans cesse et que je lui touchais le bras, certes souvent avec des capteurs désactivés...mais pas tout le temps.
Lyrae O'Sil
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Lyrae s’était maudit d’avoir paru si bête. L’humour de la jeune arkanienne lui fit faire un sourire mi-poli mi-contrit, tant pour la main que pour l’armure et le cheval.

- Oui, j’ai laissé mon destrier sur Ondéron, il a le mal de l’espace…

Autodérision, quand tu nous tiens. Il ne s’en sentait pas moins ridicule, mais leur charge de travail à tous deux le sauva rapidement de tout malaise supplémentaire : Alys s’absorba tant et si bien dans leur planification qu’il n’eut guère qu’à approuver ses propos, les contrebalancer parfois, préciser un détail ou ajouter un commentaire utile. Seule la bourde des deux autres techniciens vint perturber leur concentration. En quelques instants, la calme et nonchalante Alys s’anima avec brusquerie, distribuant soudain les ordres. Pris de vitesse, le Chevalier se retrouva à courir après un chariot pour le ramener sous l’endroit de la ventilation, sans comprendre comment la situation avait pu si vite lui échapper. L’instant suivant, l’arkanienne revint et lui fourra entre les mains un extincteur dont il dégoupilla le mécanisme sans réfléchir, avant de grimper sur le chariot pour atteindre la bouche d’aération qui vomissait toujours son flot noir et épais. Il visa le cœur du passage et actionna l’extincteur : une épaisse mousse blanche fut projetée dans l’orifice, obstruant le tout et bientôt, les fumées cessèrent. Toussant d’avoir approché si près les émanations toxiques, Lyrae redescendit en sautant du chariot, avant de déposer l’extincteur à même le sol. Il se tourna vers Alys.

- Beaux réflexes, kof

Par contre, elle était sacrément essoufflée. Lyrae ne jugea toutefois pas nécessaire de lui faire la remarque – elle leur avait peut-être sauvé la mise, ce n’était pas le moment de faire le malin.

Après qu’il eût demandé à ce que toutes les portes fussent ouvertes afin de faciliter l’aération de l’entrepôt suite à l’incident, Lyrae et sa nouvelle acolyte se remirent au travail avec concentration. Le Chevalier était toujours perplexe face au comportement de celle qu’il avait choisie pour être son bras droit pour ce jour, mais il devait reconnaître qu’elle avait toutes les compétences requises et que ses conseils étaient avisés. Parfois, il avait même la désagréable impression qu’elle était bien plus douée que lui mais qu’elle le ménageait gentiment – quoi d’étonnant à cela ? Il n’avait jamais brillé nulle part, au Temple ou ailleurs – et cela ruinait quelque peu sa confiance en lui pour conduire le délicat chantier qu’était l’installation technique du dispensaire Jedi. Il ne lui en voulait pourtant pas. Le frôlement accidentel de leur peau de temps à autre, quelques regards particulièrement intenses échangés… Il se sentait plus troublé qu’autre chose, mais il tâchait de se convaincre qu’il se berçait d’illusions. Il imagina vaguement un scénario où Alys le mettrait dans sa poche histoire de se faire embaucher à sa place, mais ça ne collait pas trop avec toutes les informations qu’elle lui donnait. Peut-être l’arkanienne était-elle particulièrement tactile et naïve, voilà tout. Après tout, la première fois qu’il avait rencontré Luuna, elle lui avait innocemment proposé de dormir dans son lit. Dans un Temple. Jedi. Alors qu’ils ne s’étaient jamais vus avant.
Bref, il attirait peut-être les cœurs égarés – ou bien c’était lui qui était naïf et il devait être drôle de s’amuser à le faire tourner en bourrique.


***

A la fin de la journée, lorsque le Chevalier eût terminé la dernière tâche qu’il s’était assigné, à savoir vérifier les composants et les branchements de la pompe à hydrogène pour tenter une première alimentation le lendemain, il était convaincu qu’enfin une bonne nuit de sommeil allait être sa récompense pour une dure journée de travail. Mais Alys avait visiblement d’autres plans pour lui, s’intéressant soudainement à son bras bionique.

- Heu, ben c’est heu… Ouais.

Ni une ni deux, il se retrouva assis sur une banquette, la manche retroussée jusqu’à l’épaule et ce fut là qu’il réalisa comment il avait pu être autant dépassé toute la journée : Alys allait beaucoup trop vite pour lui. D’ordinaire, il était vrai qu’il n’était pas le plus vif d’entre les Jedi, mais là, l’arkanienne atteignait des sommets qui apposaient un rythme à leurs échanges qu’il était à peine capable de suivre.

- Ben si mais, c’est tout récent, d’habitude je travaille sur les vaisseaux… Puis tu sais ce qu’on dit, hein, les cordonniers sont les plus mal chaussés…

Piètre excuse, il le savait bien, quant à l’état de son bras bionique. Il aurait dû l’entretenir mieux que cela, mais il avait eu des problèmes dès le début avec cette petite machine : la greffe n’avait pas bien pris, plusieurs années plus tôt, et les différents traitements qu’il avait pris pour limiter les effets de rejet n’avaient eu que pour effet de l’agacer et de le pousser à détester ce bras étranger et difforme. Par la suite, les connexions du bras bionique avec le reste de son corps s’étaient stabilisées, mais il avait continué à négliger l’entretien d’un membre qu’il considérait de toute façon fichu. Généralement, sa chemise recouvrait son bras jusqu’à son poignet et on ne remarquait pas trop les dégâts – du moins le pensait-il – mais le fait qu’Alys l’eût remarqué le fit se sentir comme un enfant en train de faire une bêtise, pris sur le fait. Luuna lui avait déjà fait remarquer qu’il devait passer plus souvent au centre médical, mais ils étaient tous deux si débordés avec Laïkin, Jana et maintenant Kolin qu’elle n’avait jamais trop insisté, et Lyrae avait repoussé les échéances.
Pendant qu’elle s’était mis au travail sous les yeux éberlués du Chevalier, il constata avec hébétude qu’elle travaillait avec acharnement, sans ralentir ni même perdre une seule fois son attention. Qu’est-ce qu’une ouvrière de cette qualité fichait ici, au juste ? Elle aurait dû être une grande employée d’une société arkanienne, kuati ou corellienne. Pas sur Balosar à aider les Jedi avec un contrat précaire. Sans perdre sa concentration, Alys enchaîna les questions.

- Tu n’es jamais fatiguée, hein ?

Il ne se souvenait plus quand est-ce qu’ils étaient passés du vouvoiement au tutoiement. Dans le cours de la journée, probablement. Il soupira.

- Oui, je suis bien un Chevalier Jedi. Je m’occupe principalement de nos vaisseaux. On a une petite flotte stationnaire sur Ondéron, et je passe pas mal de temps à entretenir et réparer les appareils qui partent en mission et en reviennent. Je n’ai malheureusement pas beaucoup de temps pour moi.

Ses heures passées au hangar étaient en effet particulièrement chronophages, mais pas au point de ne pas avoir le temps de s’occuper de son bras bionique. Mais c’était une bonne excuse, et puis il avait cette envie quelque peu inavouée de montrer que la vie de Jedi était loin d’être facile.

- Mais le Medcorps a eu besoin de renforts techniques pour ce projet particulier, et ils m’ont demandé de participer. Je fais pas spécialement dans l’humanitaire d’ordinaire, mais il faut avouer que Balosar a bien besoin d’un coup de main…

Et surtout, on ne refusait pas une assignation par le Conseil. Mais ça, Alys n’avait pas besoin de le savoir. La version où il acceptait de se sacrifier pour le bien d’une population souffrante était plus valorisante.

A la fin de l’intervention d’Alys, le chevalier fit jouer ses doigts, pour constater avec quelque émerveillement que sa main répondait avec une précision qu’il n’avait plus ressenti depuis plusieurs années. Même sa sensibilité lui était parfaitement revenue, alors qu’il y avait auparavant des zones où il ne ressentait plus rien : il en résultait qu’en travaillant, il se brûlait, se piquait ou s’égratignait la peau synthétique sans s’en rendre compte. Cette fois, il sentait courir sur son bras ici la pointe froide de l’outil qu’Alys utilisait pour resserrer un élément, là la douceur ses doigts tièdes qui ajustaient sa peau synthétique. Il approuva d’un signe de tête, incapable de réellement faire montre de ce qu’il ressentait vraiment. Il n’avait jamais fait dans l’effusion de sentiment, et il n’était pas prêt de commencer ce jour. Mais Alys méritait un compliment pour un tel travail, il le savait, et il lui en était reconnaissant bien qu’incapable de l’exprimer correctement.

- Quelle œuvre de précision, commenta-t-il en ramenant sa main à hauteur de ses yeux pour l’examiner de plus près.

Elle était propre et nette. Il serait incapable de reproduire ce qu’elle venait de faire avec autant d’efficacité, mais il se dit qu’il tenterait d’entretenir le membre dans les prochaines semaines, histoire de faire durer les bénéfices de cette intervention aussi longtemps que possible. Pendant ce temps, Alys caractérisait son travail d’ « intervention rapide » et cela arracha un rire à Lyrae.

- Tu n’avais même pas besoin de te donner tout ce mal. Tu sais que j’ai pas d’argent pour te payer ça, hein ? la taquina-t-il. Les Jedi sont sympas mais fauchés, au cas où tu savais pas ! Mais va pour un restau, je dois bien pouvoir trouver ça…

C’était pas comme s’il avait le loisir de refuser, de toute manière : Alys était déjà debout et s’en alla. Lyrae sentit son ventre gargouiller. Il n’avait pas envie de danser mais de manger, et il était certain que la capitale de Balosar devait bien abriter un endroit où on pouvait faire les deux pour une note pas trop salée.


***

Lorsqu’ils se retrouvèrent sur l’avenue devant le dispensaire, Lyrae s’était changé lui aussi pour une tenue moins orientée mécanique et surtout plus propre. Fidèle à lui-même, cependant, il s’agissait de vêtements plutôt décontractés dans les tons de blanc et noir. Il arborait, une main dans sa poche, son bras bionique remis à neuf, la manche de son pull-over couleur crème retroussé au-dessus du coude. Il avait attendu Alys sous un porche de plastacier pour s’abriter d’une légère pluie fine qui semblait vouloir recouvrir la capitale d’un brouillard humide quand l’arkanienne arriva enfin. Sans attendre, ils s’engagèrent sur l’avenue, croisant des petits groupes de balosari qui leur jetaient des regards curieux en les croisant.

- Il y a une cantina un peu plus haut où on va pouvoir manger un petit truc, lui expliqua-t-il. Je meurs de faim.

L’établissement n’était qu’à quelques centaines de mètres, et ils n’auraient guère de temps à se presser par ce temps humide. Il était déjà tard, et la capitale avait un charme purement industriel, tâchetée de milliers de lueurs aux couleurs variées et dominées par de hautes cheminées qui crachaient, loin au-dessus d’eux, des volutes de fumée d’un vert douteux.

- Cela m’étonne que quelqu’un avec autant de talent que toi se retrouve ici, hasarda Lyrae, pensif, en marchant à ses côtés. Avec des compétences pareilles, tu pourrais avoir une super place, dans un grand groupe industriel… Les chantiers navals arrêtent pas de recruter. Et même dans le domaine biomécanique, t’as l’air de toucher sacrément.

Petite invitation à lui raconter comment elle avait atterri ici. Il n’avait pas posé de questions directes, ne souhaitant toutefois pas la brusquer ou avoir l’air de lui soutirer des informations. L’heure était désormais à la détente, et si elle souhaitait parler d’autre chose ou même aller manger en silence pour se relaxer, cela lui conviendrait. Mais pourquoi était-il si bizarrement convaincu que ça n'allait pas être le cas ?
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C’était bien ce que je suspectais, mon Jedi avait une sensibilité d’artiste. Les sentiments naissaient en lui bouillonnant, exacerbés, mais ils se heurtaient à la barrière de ses lèvres et lorsqu’il fallait d’un mot les exprimer, il se rendait compte que le factuel ne pouvait définir avec précision ce qu’il ressentait et s’en trouvait désarmé. Cet homme n’était pas fait pour être technicien ou Jedi, il était fait pour vive retiré en pleine nature, entourée d’une femme et de ses enfants. Je l’imaginais bon mari avec un petit côté «La petite colonie dans la prairie » ou bien isolé dans son atelier à consacrer des heures à trouver l’expression juste de son être pour la restituer sur une feuille, une toile ou une roche. La coquille de cet homme c’était son esprit, son éducation. Il avait besoin d’une interface avec le monde, un traducteur de sentiments comme d’autres avaient recours à des droids de protocole. Son malheur était de ne pas oser. Ou bien peut être que je m’emballais et que je projetais mes propres fantasmes sur une personnalité un peu trop timide et lisse ? En tout cas, ce qui était sûr, c’est qu’il vivait dans une coquille et que j’avais un mois pour la faire exploser.

Je pensais : Alors comme ça tu es technicien de vaisseau ? L’Ordre a une façon bien à lui de gâcher le talent des gens. Un jour il faudra que j’aille expliquer au Conseil ma façon de voir parce que franchement ils sont carrément nuls pour utiliser les gens à leur plein potentiel. Quoi que, technicien ce n’est pas si mal pour un rêveur. Mais pas technicien de vaisseau ! Recherche et développement pourquoi pas.

Je répondais distraitement à Lyrae tandis que je redéfinissais mentalement son avenir. Plus je écoutais plus je trouvais indispensable qu’une personne le prenne en main et le sorte de sa vie trop bien rangée. Il devait s’ennuyer comme un rat mort et j’étais la personne idéale pour le faire sortir un peu. C’était mignon d’ailleurs de le voir patauger au sujet de son bras cyber et m’expliquer qu’il n’avait pas fait ses devoir mais qu’il avait des excuses.

« Tu n’avais même pas besoin de te donner tout ce mal. Tu sais que j’ai pas d’argent pour te payer ça, hein ? Les Jedi sont sympas mais fauchés, au cas où tu savais pas ! Mais va pour un restau, je dois bien pouvoir trouver ça…

- Ne t’en fais pas. C’est juste que je déteste voir de la mécanique de précision mal entretenue. » Hou. Le ton était un peu sec là. Plus que je ne l’aurais voulu. C’est vrai que je n’aimais pas cela. La cybernétisation était un des domaines techniques les plus pointus de notre ère et voir un tel massacre m’agaçait. Mais si Lyraë était aussi sensible que je le soupçonnais, ma réponse pouvait lui avoir fait l’effet d’une baffe et je ne voulais pas qu’il rentre dans sa coquille aussi lui fis-je un petit signe de la main l’air de dire « ce n’est rien ».

J’avais eu un peu de mal à choisir mon habit. Je souhaitais éviter le trop osé qui aurait lui donné des sueurs froides mais j’y allais aussi pour m’amuser. Et puis je n’avais pas prévu de lui sauter dessus. Trouver le bon compromis avait pris plus de temps que prévu. Plus une douche et un smoky argenté rapide et j’étais déjà en retard. J’avais fini par opter pour un pantalon stretch bootleg blanc avec un motif noir assez fin qui remontait sur tout le côté de la jambe, une paire de baskets assortie pour le confort et une ceinture minimaliste à boucle tombante. Le haut était beaucoup plus décontracté. Un simple top court noir près du corps et à dos nu taillé de façon à libérer totalement les bras et le ventre que j’avais couvert d’une veste de cuir bleue nuit d’une taille trop petite qui ne fermait que par un bouton au niveau du ventre. L’avantage était que la veste couvrait toutes les parties dénudées du haut hormis un triangle au niveau du ventre et que si la soirée s’animait je serai parée.

Ma cabine était un champ de bataille de fringues mais j’étais satisfaite. Je le retrouvais donc une bonne demi-heure - enfin trois-quarts d’heure - plus tard….

D’un œil critique je détaillais son habillement. Il avait fait un effort vestimentaire et j’appréciais. Quelque chose de simple et confortable mais avec une touche de retenue élégante. Bien, il passait le premier examen. S’il n’avait pas eu quelque chose de correct je l’aurais renvoyé illico se changer. J’espérais juste que nous n’irions pas trop loin car il pleuvait et l’air était frais. Dès que nous fûmes dans la rue, je sortis mon pare-neige et le lançais au dessus de nos tête. Venu d’Arkania, il s’agissait d’un mini drone aux fonctionnalités très simples : muni de capteurs, il localisait le porteur et venait léviter à quelques centimètres au dessus de sa tête en créant un champ de répulsion destiné à repousser la pluie et la neige.

« Il y a une cantina un peu plus haut où on va pouvoir manger un petit truc. Je meurs de faim.
- Parfait », dis-je en lui prenant le bras afin de l’abriter aussi.

Cette planète était vraiment déprimante. Polluée, triste, avec une population asservie. J’étais triste pour ses habitants. Il y avait tellement de lieux formidables dans cette galaxie. Ils n’étaient pas les plus à plaindre, certes, mais leurs perspectives étaient sombres. A quelques heures d’ici se trouvaient des planètes verdoyantes, merveilleuses et beaucoup n’en verraient jamais la couleur par crainte d’un voyage et de l’étranger. Leurs perspectives d’avenir se limiteraient éternellement à un travail de fourmi sous un ciel obscurci par les industries.

« Cela m’étonne que quelqu’un avec autant de talent que toi se retrouve ici. Avec des compétences pareilles, tu pourrais avoir une super place, dans un grand groupe industriel… Les chantiers navals n’arrêtent pas de recruter. Et même dans le domaine biomécanique, t’as l’air de toucher sacrément. »

Sa question me sorti de mes pensées.

« Biomécanique ? Ha … non. Sincèrement ce n’était pas grand-chose tu sais. Il suffit de connaitre la méthode. La cybernétisation là oui c’est un défi ! Tu sais, implanter un membre est une opération tellement délicate qu’elle doit obligatoirement être laissée à des robots. Il n’y a que deux trois races dans toute la galaxie capable de faire une implantation manuelle, dont les arkaniens. Et je suis loin d’en être capable. Je sais faire un entretien par contre, oui. » Sur ces paroles nous étions arrivés à la cantina. Elle avait l’air déjà bien remplie par une faune cosmopolite et de la musique nous parvenait de l’extérieur. La pluie avait du concentrer en ce lieu abrité la plus part des galactiques et des locaux en recherche de distraction. C’était probablement trop peuplé pour Lyraë aussi l’entrainais-je avant qu’il n’est eu le temps de dire quoi que ce soit et ne lâchais son bras qu’en entrant, pour récupérer mon drone.

« Cela m’a l’air très bien. » La carte, à laquelle j’avais jeté un bref coup d’œil, semblait dans des prix abordables et plutôt correctement pourvue.

La cantina en elle-même avait une ambiance bien typée locale. Voutée comme l’intérieur d’une cave, ses murs étaient faits de plaques de métal brossé boulonnées les unes aux autres et soutenues par des travées métalliques cuivrées. L’acoustique était bonne bien qu’un peu bruyante. Mais les tables étaient séparées par des demi-cloisons d’isolation phonique. Pas mal du tout.

« Une table pour deux » dis-je au Balosar venu à notre rencontre.

Après une petite attente, il nous dirigea vers une table plutôt bien située. Légèrement excentrée donc pas trop bruyante et en vue de la partie dansante.

Je m’installais sur la banquette, en face du Jedi et repris notre discussion interrompue.

« En fait, cela m’a pris quelques années, mais j’ai compris qu’il n’y avait rien qui m’intéressait dans un grand groupe. Je n’avais pas envie de rester prisonnière d’une organisation ou d’une planète. Ma vie est peut-être plus précaire mais elle est beaucoup plus intéressante. »

Je retirais la veste, dévoilant le haut tandis que je me saisissais de la carte. Heureusement pour Lyraë, la table masquait mon ventre mais il suffisait que je me penche en arrière pour en dévoiler plus.

« Tu sais ce que c’est d’être dirigée depuis son enfance pour être quelqu’un de précis, faire ce que les autres souhaitent ? J’ai tenu jusqu’à la fin de mes études et puis j’ai tout plaqué. »

Je pris quelques instants pour choisir mes plats.

« Et je ne l’ai jamais regretté. Pas un seul instant. »

Je plongeais mon regard dans celui de Lyraë. Si j’en croyais les informations que j’avais trouvé sur Coruscant, sa vie devait avoir été assez proche de la mienne finalement. Elevé pour être quelqu’un, pas soi.

« Et toi alors, la vie de Jedi te plait ? J’ai cru comprendre que ton ordre avait des mœurs assez particulières. Monastiques. »

Je l’écoutais puis lui laissais le temps de choisir ses plats avant de commander.

« Un repain coupé, jus de Namana et un Kommerkan aux otoowerg. Merci. »

A peine parti, je repris.

« Tu te rends compte que nous vivons dans un monde ou la galaxie entière est à portée de main et la plus part des gens n’auront jamais visité plus de trois ou quatre destinations dans toute leur vie ? Tu ne trouves pas cela triste ? »

C’était un sujet qui m’animait totalement. J’avais vu tellement de merveilles, tellement d’endroits fabuleux qui m’avaient coupé le souffle et laissée aux bords des larmes devant leur intense beauté. Comment ne pas en vivre le souvenir au moment où j’en parlais ?

« J’ai visité près de 70 mondes et fait une halte dans une cinquantaine d’autres et pourtant …pourtant… la galaxie en compte des milliards et des milliers habités. » Cette pensée était peut être la plus terrifiante de mon existence : quelque soient mes efforts je ne verrai jamais qu’une infime proportion de l’univers.

Je me rejetais en arrière sur la banquette frustrée, avant de forcer un sourire à Lyrae.

« Excuse-moi. J’ai peur de manquer tant de choses dans cette vie … mais aller, assez parlé de moi. Raconte moi donc la vie de Jedi et essaye de m’expliquer pourquoi, alors que l’on prétend que vous possédez le pouvoir le plus puissant de cette galaxie, l’un des piliers de votre enseignement c’est d’apprendre à vous chamailler avec un bâton qui fait de la lumière et du chaud ? Je t’avoue que c’est un aspect qui me sidère. Il n’y a personne qui vous a jamais dit que cela avait un côté un peu …enfantin ? Ne le prends pas mal surtout, je m’interroge juste ! »

Voilà, le coup de blues était passé, j’étais à nouveau enthousiaste et sincèrement intéressée par ce qu’il avait à me raconter.

« Et donc comme ça, tu travailles sur les vaisseaux, en tant que technicien ? Tu as beaucoup voyagé ? »

Le repas avançait et peu à peu, l’atmosphère devenait plus détendue. A un moment j’avais craqué et j’avais commencé à lui montrer quelques photos de voyage : le ciel cobalt de Muunilinst où s’étendent des nuages cotonneux dans une immensité saisissante, la parades des fantômes d’Entralla, la planète de cristal Christophsis, le mode de vie tribal des Cathars … mais je n’avais pas insisté non plus. Je ne voulais pas l’envahir avec ces souvenirs de vacances mais si cela l’intéressait, j’en avais bien d’autres à lui montrer. Je lui avais expliqué que j’immortalisais les lieux et les gens que je rencontrais. Je prix une photo de lui d’ailleurs et de nous. Moi assise à ses côtés avec un sourire plein de vie.

Le repas terminé, je lui laissais un temps raisonnable de digestion, 5 minutes, et l’entrainais sur la piste.

« Aller, maintenant on danse ! »
Lyrae O'Sil
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Ce qu’il y avait de bien, avec Alys, c’était qu’elle avait l’art de meubler considérablement l’espace et le temps par son énergie et ses conversations. Lui qui redoutait toujours les silences gênants qui ponctuaient des conversations décousues par la timidité et l’embarras, il n’avait pas à se soucier de cela avec l’ingénieure arkanienne : elle avait beaucoup de choses à dire, à raconter, à montrer, à commenter. Une fois bu le premier verre, d’ailleurs, le malaise timoré de Lyrae s’était envolé pour laisser place à quelques éclats de rire et un intérêt sincère. Une fois qu’on connaissait Alys, s’était-il dit, c’était comme passer du temps avec un vieil ami pour qu’il vous raconte ses derniers déboires et ses nouveaux projets. En outre, la vie de l’arkanienne paraissait trépidante : elle avait visité des dizaines de mondes, ce qui n’était pas exactement son cas, et elle semblait vivre libre comme l’air, pleinement en phase avec son caractère aventureux. A côté, sa vie de chevalier lui paraissait bien fade. Et dire que les Jedi étaient ceux qui étaient censés vivre des journées palpitantes !

- La même chose, s’il vous plaît, demanda-t-il au serveur qui s’éclipsa sans mot dire, avant de faire face à Alys, dont la rapidité d’esprit se reflétait dans ses yeux vifs, et le faisait se sentir empoté et terriblement lent. Je n’ai pas à me plaindre. La vie de Jedi est parfois fatigante et dangereuse, mais la plupart du temps, j’ai la certitude d’avoir un bon lit pour dormir et un repas chaud. C’est bien plus que ce que bon nombre de gens triment pour ne même pas obtenir chaque jour.

Il s’adossa à son siège et croisa les bras, pensivement. Il n’y avait pas grand-chose à dire sur sa vie de Jedi.

- J’ai mis les pieds sur beaucoup de planètes,
dit-il finalement, mais honnêtement, j’en ai souvent vu que les hangars. En plus, nous faisons souvent appel à des services techniques sur place, en cas de pépin, et nous partons rarement en grand nombre, mais plutôt en petites équipes très restreintes. Ce qui fait que lorsque l’on souhaite emmener un technicien Jedi, c’est plutôt soit parce qu’on va se battre et dans ce cas il n’y a pas de place pour le tourisme ; soit parce que l’on part vers des contrées relativement dénuées de toute civilisation…

Il haussa les épaules avec un sourire.

- … Ce qui ne me dérange pas, je suis plutôt du genre à apprécier les grandes étendues désertes et silencieuses. Heu, non pas que j’apprécie pas une soirée dans une cantina de temps à autre hein !
se rattrapa-t-il rapidement. Et puis, la plupart du temps, même lorsqu’on part loin, c’est plutôt mouvementé. Récemment, j’ai dû me rendre sur Roon, tu vois où c’est ? Quelque part entre Tatooïne et Rishi, à proximité de l’autoroute Hutt. Rien que pour y accéder, ça a été l’enfer : ce truc est encerclé de météores et d’astéroïdes totalement instables, un calvaire de tous les instants. Et une fois atterri, une bonne moitié de la surface de la planète est plongée dans la nuit de manière perpétuelle et le brouillard envahit tout. J’ai crapahuté pendant des jours dans la boue sans rien y voir et dans une atmosphère glaciale, pour finalement trouver quelques usines en état de marche. Hourra, tu vas me dire… Sauf qu’à peine une heure après mon arrivée, un croiseur a tout bombardé depuis l’orbite, un vrai cauchemar. Je sais pas comment j’en suis sorti vivant…

Lyrae riait à demi, malgré la frustration que cette mission lui avait laissée au fond du cœur. Puis il se souvint qu’il valait probablement mieux éviter de dévoiler des détails de missions Jedi à de parfaits inconnus, et décida de conclure sur le sujet.

- Bref, voilà à quoi ressemblent mes missions quand je suis pas en train de me prendre la tête sur un chantier. Mais c’est fun quand même. Je veux dire, sans les Jedi, je serai sûrement devenu un bricoleur de fortune dans les bas-fonds de Coruscant, sans aucun espoir de jamais en quitter le sol. Y’a des fois où j’aimerais bien voyager librement, mais avec eux, j’ai l’impression de servir à quelque chose, tu vois ? Je forme même un gamin, une petite teigne de Coruscant à devenir lui aussi un as du pilotage. Bref, on a une vie sobre mais on vit des choses hors du commun, et avec des gens très étonnants.

Il savait qu’il dépeignait l’Ordre un peu naïvement. Il n’allait tout de même pas raconter son amertume de ne pas faire partie des meilleurs Chevaliers envoyés dans les missions les plus glorieuses. De toute façon, quels regrets y avait-il à avoir ? Il avait fait de son mieux, et en avait même perdu un bras. Il n’y avait rien de plus à dire. Ou peut-être qu’avec quelques verres de plus…

Le temps fila rapidement – les plats étaient bons sans être renversants, mais c’était suffisant pour passer une bonne soirée, Alys l’avait fait beaucoup rire avec ses photos de voyage parfois poétiques, parfois incongrues, et il avait même fini par raconter lui-même quelques-unes de ses anecdotes les plus loufoques : la fois où Kolin avait piqué un chasseur devant des maîtres du Conseil en le couvrant de honte, ses aventures avec la loufoque Misha qui l’encourageait souvent d’un coup de sabot à l’arrière du crâne quand il était ado, ou encore sa tentative de former Jana, une lorrdienne terrible qui lui avait fait faire quelques attaques cardiaques ou presque. Etrangement, il avait omis de parler de Luuna et de Laïkin. Les souvenirs de son amante et de son fils lui appartenaient intimement, et il ne souhaitait pas donner à Alys des informations qu’elle identifierait peut-être comme des faiblesses. S’en méfiait-il ? Pas spécialement. Mais avoir des relations amoureuses et des enfants étaient prohibés chez les Jedi, et bien qu’il n’y aurait renoncé pour rien au monde, il savait que c’était l’un des facteurs qui l’avaient empêché de devenir le preux chevalier qu’il s’était imaginé devenir. Et il était hors de question de permettre à quelqu’un de le lui faire remarquer.

En deux temps trois mouvements, après le repas, Alys l’emmena sur la piste, mais Lyrae tenta de se défiler.

- Attends, je prends mon verre ! Hé, tu crois que j'ai le temps d'apprendre à danser au Temple ou bien !


Son verre était parfait pour lui donner une contenance une fois qu’il fut debout. Alys se trémoussait avec aisance, mais lui était incapable de faire fi des regards et de son inaptitude à effectuer un mouvement en rythme. Il se défila plus d’une fois sous prétexte de boire ou d’aller remplir son verre – tant et si bien qu’il fut ivre un peu plus tôt que ce qu’il l’avait prévu. Au bout d’un moment, il s’était accoudé au bar en regardant l’arkanienne danser sous des faisceaux de lumière vive et colorée. Elle dépassait quelque peu les petits balosaris autour d’elle, mais semblait s’en soucier comme d’un won-won. La situation et la joie de vivre d’Alys le faisait sourire, jusqu’à ce qu’une conversation lui parvienne.

- … est bourrée non ? Elle a laissé son sac sur la table.
- Héhé, j’vais la faire danser pendant que tu t’en occupes ?
- Quoi ? Tu prends toujours le bon rôle. J’veux lui mettre la main au cul aussi, à cette..

Lyrae pivota sur son tabouret, mais la cantina autour de lui se mit à valser dangereusement et il se rattrapa fort peu élégamment au comptoir.

- Merde…
- … bon d’accord, comme tu voudras. A la limite, si tu vois qu’elle est chaude, attire-la dehors…
- J’en fais mon affaire. Un joli petit sucre blanc !

Ah, oui, c’était donc bien d’Alys qu’ils parlaient. Quelle petite vermine !
Lyrae laissa tomber son bras tout neuf sur l’épaule du petit homme à antennes, qui sursauta pendant que son compagnon s’échappait vers la piste de danse.

- Hé, kessvouscroyezfairelà ?
- Dégage l’ivrogne, j’ai aut’chose à…
- Rattrape ton pote avant qu’j’m’énerve !

Mais le petit balosari fut le plus rapide et il fila vers la table. Le sac d’Alys, sur lequel il se précipitait, se souleva toutefois dans les airs en frémissant. Il réalisa une drôle de courbe maladroite pour finalement atterrir dans la main de Lyrae, qui se dirigeait déjà vers la piste de danse pour s’occuper du deuxième. Mais ses deux mains étaient prises – l’un par le sac, l’autre par sa boisson – si bien qu’il interpela le balosari qui dansait avec Alys d’une bousculade fort peu sympathique. De toute façon, il ne savait même pas pourquoi l’arkanienne acceptait de danser avec lui, vu son regard lubrique et ses pas qui ne valaient pas beaucoup mieux que ceux du Chevalier.

- Hé, connard, qu’est-ce que tu…

Mais un coup de coude décoché par Lyrae lui fit claquer la mâchoire et il s’interrompit. S’en suivit une cohue inextricable lorsque le second balosari revint à la charge pour défendre son confrère, que le Chevalier lâcha sa bière en essayant de leur échapper, éclaboussant d’autres danseurs qui se mêlèrent à la bagarre et que la patronne de la cantina, qui avait vu le sac voltiger étrangement dans les airs, décrétait en hurlant qu’elle ne voulait pas de cela dans son établissement.

Ce fut ainsi que, quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent tous deux à la porte, sous une pluie battante dont ils s’abritaient en se serrant sous l'étroit porche voisin. Lyrae lui avait rendu son sac et le froid de l’extérieur amoindrissait un peu son ivresse. Oh, merde, ce n’était pas censé se dérouler comme ça. Comment faisait-il exactement pour que tout tourne toujours au grand n’importe quoi ? Heureusement que ni Kolin, ni Luuna, ni Laïkin n’était dans les parages pour voir l’exemple qu’il était.
Le Chevalier s’était adossé à la porte métallique de l’immeuble sordide.

- Oui alors voilà,
conclut-il sur le ton de la plaisanterie pour dédramatiser la situation. Y’a des Jedi qui font des trucs extraordinaires pour sauver des vies, tout-ça-tout-ça, mais comme moi je suis fort pour foutre la merde, on me laisse plutôt dans les hangars, tu vois ! Ils devraient me mettre dans une cantina de Dromuund Kaas. Arme d’exaspération massive contre les Sith, haha.

Son rire était un peu amer, et dans le brouillard de son esprit, il se rendit compte qu’il devait avoir l’air un peu pitoyable.

- ‘Fin, pardon, j’voulais pas avoir l’air de me plaindre. J’ai gâché ta soirée, j’suis désolé. T’veux qu’on aille ailleurs ?


Une partie de lui espérait qu’Alys était aussi ivre que lui. Voire beaucoup plus, histoire qu’elle oublie l’état dans lequel il était. Sauf qu’elle devait avoir plus d’entraînement que lui dans les soirées cantina arrosées !
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Il s’était passé exactement ce que j’espérais avec Lyrae. D’abord gauche et embarrassé, il s’était rapidement détendu au cours du repas, un petit verre d’alcool aidant. Mon seul regret était de ne pas avoir réussi à l’embarrasser au moins un peu avec ma tenue. J’aurais adoré le voir balbutier, détourner les yeux et essayer de garder contenance, par pure taquinerie. Mais nous n’en avions pas moins passé une excellente soirée. Passé le cap de la barrière sociale, il s’avérait de très agréable compagnie. J’avais adoré toutes ses histoires ! Il me parlait de sa vie, de ses rencontres, de mondes que je n’avais jamais vus. Mais lorsqu’il parlait des Jedis, je sentais bien plus le cadre qui lui avait été imposé, les contraintes, que la vraie passion. Mais pour peu qu’il aborde un autre sujet, il s’animait, s’enthousiasmait et vivait pour de bon.

J’avais souri à l’évocation de son amour des étendues désertiques et silencieuses, avec cette petite satisfaction personnelle que mon instinct féminin ne m’avait pas trompé, rit à sa tentative maladroite de me faire croire qu’il était adepte des soirées en cantina. Je m’étais étonnée de son aventure sur Roon et inquiétée de ce terrible bombardement. Lyrae réussissait quelque chose de rare, il me faisait rêver. Sa vision du monde avait une naïveté touchante mais toujours sincère, par laquelle il était possible de redécouvrir ce qui nous entourait. J’aimais l’entendre parler et me faire remarquer des détails qui m’avaient échappé sur une photo ou dans une rencontre. Du coup, nous avions parlé beaucoup plus que prévu. Je l’aimais bien ce petit Jedi. C’était juste du gâchis qu’il reste dans un cadre si contraignant. Jamais il ne réussirait à exprimer pleinement son potentiel dans cette vie qui n’était pas le sienne.

« Il a l’air terrible ton gamin, j’adorerais le rencontrer ! », dis-je à propos de Kolin. Et les anecdotes qu’il me raconta à son propos étaient géniales. Le genre de gamins se moquant des conventions que j’adorais. Pour sûr, on se chamaillerait, s’égueulerait, s’insulterait parfois… mais on s’adorerait probablement aussi. En conclusion, il n’y avait aucune chance pour que je le laisse se défiler pour danser.

« - Attends, je prends mon verre ! Hé, tu crois que j'ai le temps d'apprendre à danser au Temple ou bien !
- Pas de soucis, je te guiderai. »


Je l’entrainais sur la piste et lui mis d’autorité sa main libre dans mon dos.

« C’est très simple. Je danse et tu suis avec ton bassin les mouvements du mien. Tu laisses ta main dans mon dos, elle te servira de guide et quand je fais un pas, tu fais le même de ton côté. »

C’était une épreuve pour mon pauvre techie, qu’il affrontait à grand renfort d’alcool, mais il faisait de louables efforts aussi je ne l’embêtais pas quand il allait se reposer sous prétexte d’aller chercher un verre. Mais même si c’était difficile, il s’amusait et revenait danser et j’adorais le voir sortir de sa coquille ! Et puis quand il n’était pas là, je ne m’en amusais pas moins. Je dansais seule ou accompagnée par ceux de la piste, l’important était de profiter pleinement. Un verre d’alcool de temps à autre mais pas trop non plus, je connaissais mes limites. J’avais fait quelques rencontres sympathiques que je n’avais pas voulu pousser tant que j’étais avec Lyrae. Dont un jeune qui m’avait proposé de passer à une autre soirée, un peu plus loin en ville. J’avais décliné mais gardé l’adresse à tout hasard. Un second balosari vient, un peu plus collant que les précédents et à peine son approche commencée, Lyrae réagit d’une façon qui me stupéfia en lui collant un coup de coude en pleine tête. J’étais sidéré qu’est-ce qu’il lui prenait ? La tête de l’autre vola en arrière, sonné et avec deux dents en moins et avant que j’aie pu réagir son ami sauta sur Lyrae qui passablement éméché, réagit un peu lentement et ne réussit pas à éviter complètement l’assaut. Bousculé, son verre valdingua dans les airs pour arroser copieusement deux danseuses, assez pour énerver leurs cavaliers qui se levèrent bien décidés à s’expliquer. Il ne s’en rendait pas compte mais il commençait à se faire acculer par trois personnes, bientôt quatre avec le retour de celui aux dents cassées. Il se défendait rudement bien vu son état mais je commençais à craindre pour sa santé. Il fallait que je l’aide.

« Je ne veux pas de ça ici, sortez ! » hurlait la gérante, ignorée par tous.
J’avisais une lampe et l’écrasait sur la tête du plus fort des balosari. Un TZAK bref accompagné d’une vague odeur de brulés et de l’extinction de toutes les lumières à la fois m’appris que je venais de l’électrocuter par les antennes. Le type s’effondra net.

Je saisis la main de Lyrae et l’entrainai vers le sol.

« Viens là toi. »

Dans la cohue, nous réussîmes à sortir sous une pluie battante et nous courûmes nous mettre à l’abri sous le porche voisin. Je commençais à être trempée mais je m’en moquais. Pliée en deux, les mains sur les genoux, je riais à gorge déployée.

« Mais qu’est ce qu’il t’a pris, tu étais jaloux ? »

Il m’expliqua rapidement qu’ils voulaient me voler.

« Oui alors voilà. Y’a des Jedi qui font des trucs extraordinaires pour sauver des vies, tout-ça-tout-ça, mais comme moi je suis fort pour foutre la merde, on me laisse plutôt dans les hangars, tu vois ! Ils devraient me mettre dans une cantina de Dromuund Kaas. Arme d’exaspération massive contre les Sith, haha. »

Et sa tentative d’excuse ne faisait rien pour calmer mon rire.

« ‘Fin, pardon, j’voulais pas avoir l’air de me plaindre. J’ai gâché ta soirée, j’suis désolé. T’veux qu’on aille ailleurs ? »

Je basculais la tête en arrière, la pluie baignant mon visage, heureuse comme pas possible.
« Tu rigoles ou quoi ? Je viens de voir un Jedi faire son premier resto-basket. Tu viens de manger et de m’inviter à l’œil. Je passe une super soirée ! »

La pluie, la bagarre, la soirée interrompue, c’était ma définition même de la vie, ce qui faisait que j’adorais ces rencontres décidées sur la seconde. J’avais beau être capable de penser à tout, je vivais sans jamais rien contrôler.

« Et bien … j’ai été invitée à une soirée privée mais elle risque d’être un peu plus dansante que celle-ci. Je ne suis pas sûre que tu t’y sentirais très à l’aise. »

Il devait avoir l’impression qu’il avait des choses à se faire pardonner, il accepta. Trop chou. Je me redressais et nous nous retrouvâmes face à face, à quelques centimètres l’un de l’autre à cause de l’étroitesse du porche. Je pris soudain conscience de sa présence, physique, de ses yeux à hauteur des miens, de ses lèvres, de la pluie qui collait les vêtements au corps et si j’étais alcoolisée, ce sentiment me rappela brusquement au moment présent. Un peu submergée par l’émotion, je détournais timidement la tête. Wahou. Tu peux jouer la maligne, Alys, tu es aussi gauche que lui pour certaines choses. Le moment présent ne signifiait pas forcément faire n’importe quoi avec n’importe qui : je venais juste de le rencontrer.

« Attends, je remets ma veste. » Je la remis rapidement et lançais le pare-neige au-dessus de nos têtes, venant me placer à son bras. Sans doute pour justifier ce rapprochement, je titubais un peu plus que mon état ne le nécessitait. Trois heures avant je jouais à le mettre mal à l’aise et maintenant je me mettais mal à l’aise toute seule.

J’en étais à tenter de trouver une explication ou les mots à prononcer lorsque qu’après un quart d’heure de marche le bruit sourd d’une palpitation de basse monumentale fit trembler le sol en rythme. J’abandonnais immédiatement toute introspection pour me concentrer sur ce qu’il nous attendait. Des lumières colorées stroboscopiques illuminaient la nuit, accompagnées d’une musique endiablée et de cris festifs débridés. Il ne s’agissait pas d’une soirée mais d’une gigantesque fête squattant tout un immeuble de 5 étages. Partout des jeunes en train de boire, s’embrasser, danser, fumer dans un état plus ou moins avancé d’ivresse, aux balcons, dans les couloirs et les appartements et dans des tenues pas forcément très habillées. Il fallait dire qu’une piscine gonflable avait été installée, alimentée directement en eau chaude par des tuyaux reliés aux robinets des différents étages et que les filles n’hésitaient pas à se baigner ce qui faisait la joie des garçons qui ne se privaient pas pour les accompagner. Une dizaine de tuyaux sortaient donc des fenêtres et projetaient l’eau dans le vide jusqu’à la piscine, créant des volutes de vapeur dans l’air frais et humide qui avait fait place à la pluie qui s’était arrêtée.

« Ça à l’air carrément sympa ! »

En tout cas pour moi. Je me doutais que Lyrae se sentirait moins à l’aise aussi je précisais, un grand sourire sur le visage. « On ne reste pas plus d’une heure, promis. Je ne voudrais pas que tu me fasses une syncope.» Et je l’entrainais à ma suite pour la troisième fois de la soirée.
Je me glissais dans la foule comme si nous étions invités et, vu que nous arrivions les mains vides, j’avisais un sceau remplis de bouteilles pleines qui trainaient dans la cour et me saisis de l’une d’entre elle en la brandissant au-dessus de ma tête comme si c’était la mienne.

« Hellllo ! Szatu m’a dit de passer et que la soirée était ouverte ! »

Facile de se faire bien accueillir quand on est une fille dans ce genre d’ambiance ! Dix minutes plus tard je connaissais tous les gens de l’étage, le bouchon de la bouteille avait sauté et j’avais commencé à danser. Je ne perdais pas de vue mon petit techie qui devait se sentir bien seul mais au moment même où je commençais à m’inquiéter, deux jolies balosaris vinrent à sa rencontre. Top minimaliste, jupe mi-cuisse pour l’une, shorty brillant pour l’autre : il allait avoir de quoi s’occuper.

« Bonjour, moi c’est Timea. Tu viens d’arriver sur Balosar ?
- Moi c’est Mariann. » Technique d’encerclement sur fond de voix de velours, les prédatrices partaient en chasse de l’exotisme.
« Tu veux danser ?
- Ou boire un verre ? » J’étais curieuse de voir comment il allait s’en sortir surtout alors que l’une d’elle plaçait sa main sur son épaule et se rapprochait dangereusement. Qu’il s’amuse !

Mais déjà je passais à autre chose. Ils passaient une musique que j’adorais. Sans me poser plus de questions, je bondis sur une table et commençais à danser au milieu des bouteilles et des verres, sous les encouragements des présents. J’adorais mettre l’ambiance.

Alys qui danse (ça reste gentil):

Rapidement essoufflée je descendis dès la fin de la troisième chanson, sous les vivats faciles à obtenir des soirées jeunes. Cela n’allait pas très bien : j’avais du mal à reprendre mon souffle et la tête qui tournait. J’espérais juste que ce n’était pas mon corps qui commençait à lâcher prise. Qu’importe, j’avais une heure devant moi et je n’allais pas la laisser passer.
Ce fut mon tour d’être entourée de balosaris. Quatre jeunes bien avinés me trouvaient à leur goût. Cela sentait le plan drague un peu pénible.

« Salut Alys, jolie danse. On t’offre un verre ? Ou un truc un peu plus fort ? »
Mais le bâtonnet qu’il me présenta dans sa main était un bâton de la mort, une drogue dure et rapidement addictive. Hors de question que je touche à ce truc. J’étais encerclée mais aucun problème, je fendis leur groupe.

« Désolée mais je suis venue avec mon mec. »
Je les plantais là pour m’immiscer dans le plan de Lyra. Les deux filles me jetèrent un regard noir auquel je répondis par un clin d’œil « Pas de soucis, je suis partageuse. » Et je commençais une danse torride juste pour lui, rien que pour le plaisir, parce que cela correspondait à l’ambiance.

De plus en plus essoufflée, je lui dis « J’en peux plus ! Je vais à la piscine. Viens ! »
Mais je ne l’entrainais pas cette fois ci, je préférais qu’il s’amuse comme il l’entendait en lui laissant le choix. Je grimpais à l’étage, jetais mes baskets et mon pantalon dans le vide pour ne rester qu’en culotte et top et je grimpais sur la rambarde pour me jeter dans la piscine.

« Yahouuuu ! »

J’avais arrosé au moins 5 personnes dont la moitié étaient hilares et l’autre en pétard. Elle était bonne, quel bonheur ! Mais fini les folies. Je sentais ce moment où la soirée allait basculer du fun dans le pas drôle du tout, là où mon corps allait me rappeler qu’il était mal foutu et me lâcher. Je passais donc le quart d’heure suivant à barboter gentiment et à discuter avec les gens tout autour, Lyrae en priorité s’il était dans le coin.

Mais les bonnes choses avaient une fin. Si je voulais remettre ça demain il ne fallait pas l’effrayer non plus.

« Si tu veux, on rentre Lyra. Ça va faire une heure et on sera mort demain si on reste plus longtemps. Donne-moi juste le temps de retrouver mes affaires et de m’habiller.»

Trouver ma seconde chaussure fut le plus compliqué. On avait mis un coup de pied dedans et je finis par la retrouver coincée sous une pile de vestes. Je la remis en m’appuyant sur Lyrae.

« C’est bon, on y va. »

A ce moment-là, des cris de joies s’élevèrent de partout dans l’immeuble. Une grosse machine à fumée balançait un épais nuage vert du ciel qui commençait à couvrir tout le monde.
Oh merde ! Coupée aux bâtons de la mort la fumée. Même pas le temps de prévenir le Jedi que j’avais déjà la tête embrumée. Tout devint flou.

PS : Je m'occuperai de la description du réveil Razz
Lyrae O'Sil
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Ils avaient rapidement quitté leur petit porche, grâce à la nouvelle intervention du drone-parapluie de la demoiselle. Les Jedi ne disposaient que rarement de ce genre de gadgets – la communion avec la pluie et la nature et autres balivernes aidant – mais Lyrae était intéressé par le petit appareil qui se révèlerait particulièrement utile s’il devait faire des réparations en milieu peu favorable, ce qui lui arrivait régulièrement.

Ce fut ainsi que, le nez en l’air, le Chevalier se laissa conduire en titubant quelque peu jusqu’à leur destination suivante. Leurs pas humides clapotaient sur les trottoirs inondés, et Lyrae se surprit à remarquer que la température était pourtant agréable, voire même tout à fait chaude. Balosar subissait-elle un réchauffement climatique dû à ses industries ?
La question s’envola bien vite de son esprit lorsqu’ils se retrouvèrent enfin face à la fameuse soirée privée. Un immeuble entier était assiégé par les fêtards, qui avaient mis en place un système de tuyaux qui se déversaient en continu dans une piscine où se jetaient des individus, pour la plupart des balosaris éméchés. A la remarque d’Alys, Lyrae grimaça un sourire qui se voulait engageant, tout en songeant que ce lieu n’était rien d’autre que l’enfer incarné. S’il avait été sobre, il aurait pensé aux dangers de la scène : la drogue, l’alcool, les accidents possibles de sauts de balcons ou de l’ivresse dans la piscine… Mais embrouillé comme l’était son esprit, il était obsédé par le fait qu’il était totalement déplacé dans un endroit pareil. Bizarrement, ni Alys ni les balosaris ne parurent le remarquer, et ils se fondirent dans la foule avec aisance. La musique était assourdissante et Alys, aussi à l’aise qu’un chasseur dans l’espace, prit part à la fête. Rapidement, la foule les sépara.

Lyrae manœuvrait péniblement entre les balosaris à la recherche du bar, où il espérait se poser tranquillement, mais il ne fallut que quelques secondes avant que deux jeunes femmes ne le prennent d’assaut. Lyrae bégaya, rougit jusqu’aux oreilles et soupira bruyamment – personne ne l’entendit, les cris et la musique recouvrant le tout d’un vacarme qui commençait à sonner désagréablement aux oreilles du Chevalier.

- Non merci ça ira ! cria-t-il aux deux petites créatures, dont l’une s’était accrochée à son bras comme si elle l’accompagnait.
- Oh fais pas ton timide ! lui souffla-t-elle près de l’oreille, et il sentit son souffle chargé d’alcool.

La balosari trébucha et manqua de s’effondrer sur lui, déclenchant le rire bruyant de sa comparse. Lyrae la rattrapa maladroitement et l’aida à se remettre sur ses pieds, mais dans une position lascive, la jeune femme prenait son temps pour profiter des bras du Jedi. Il entreprit de la repousser poliment, et elle finit par comprendre. Elle échangea quelques mots avec son amie, que Lyrae ne comprit pas. Il sourit, accompagné des rires de leurs camarades avant que des cris n’éclatent. Leurs trois regards se dirigèrent à quelques mètres de là, où Alys s’était mise à danser sur une table sous les acclamations de balosaris qui l’entouraient. Lyrae profita de la distraction générale pour s’éclipser, direction un endroit plus calme.
Au bout d’un couloir, il trouva la musique moins bruyante et se dit naïvement qu’il rejoignait des zones plus adaptées à son tempérament, avant de débouler dans une pièce où plusieurs personnes consommaient des bâtons de la mort et fumaient d’autres substances odorantes. L’endroit était saturé d’une fumée blanche et opaque. Le Chevalier bredouilla des excuses en faisant demi-tour, puis ouvrit une autre porte. Une pièce plongée dans le noir. Parfait ! Il disparaîtrait un peu pour se reposer et…

- HAN !

Lyrae se figea. A peine avait-il fait un pas, ses yeux s’accoutumant à l’obscurité qu’il loucha sur trois silhouettes dévêtues et imbriquées les unes dans les autres. Aucune ne lui prêtait attention mais l’idée même qu’il était en train d’interrompre des ébats sexuels lui glaçèrent le sang, faisant refluer les effets de l’alcool. Il referma brusquement la porte après avoir quitté la pièce et retourna vers le centre de la soirée. Finalement, c’était là que tout était le moins dangereux. Aussitôt, les deux balosaris l’aperçurent et revinrent à la charge.

- T’étais où ?
- Tu nous as ramené quelque chose de sympa ?
- Nan, je visitais.

Les deux filles gloussèrent comme s’il avait dit quelque chose d’hilarant. Probablement étaient-elles bien plus éméchées que lui. Au moment où, cherchant Alys du regard, il constatait qu’elle avait quitté sa table-dancefloor improvisée, celle-ci émergea d’un groupe d’individus et se réfugia près de lui, déclenchant les regards noirs des deux jeunes femmes en prétendant être sa petite amie. Ah mais oui ! Parfaite idée pour enfin avoir la paix. Lyrae l’entoura de ses deux bras comme pour la protéger. En réalité, elle était plutôt comme sa bouée auquel il s’accrochait désespérément, mais il tâcha de n’en rien montrer.

Mais Alys se libéra bientôt pour se remettre à danser, sous le regard acéré des deux balosaris, dont l’une se permit de prendre la place de l’arkanienne entre ses bras. Il supporta le châtiment les dents serrées en un sourire forcé tandis que la balosari entre ses bras se trémoussaient en rythme, se frottant exagérément contre lui. Lyrae se demanda quand est-ce que sa patience atteindrait ses limites, qu’il empilerait de nouveau des balosaris les uns sur les autres pour pouvoir s’enfuir. Décidément, Balosar n’était pas vraiment sa planète de rêves.

Heureusement, Alys se décida à finir ses mouvements endiablés pour l’attirer plus loin. Lyrae se débarrassa de la balosari avec un haussement d’épaules pour montrer qu’il était désolé (non) et s’enfuit avec soulagement vers la piscine. Là, Alys ne manqua pas de se donner de nouveau en spectacle, et le Chevalier se garda bien de l’imiter. Plutôt, il retira ses bottes, retroussa le bas de son pantalon puis vint se trouver une place sur le rebord de la piscine improvisée pour y tremper ses pieds. Il barbota un moment seul avant d’être rejoint par une fille qui se mit à vomir par-dessus le rebord, dont il tint patiemment les cheveux. L’odeur lui donna la nausée et il se demanda s’il allait pouvoir conserver tout l’alcool qu’il allait ingurgiter. Quelques minutes plus tard, qui lui parurent une éternité, Alys réapparut en barbotant et lui proposa de s’en aller. Il haussa les épaules.

- Comme tu veux, fit-il avec le sourire de celui à qui ça importait peu, alors même qu’il suppliait intérieurement Alys de quitter l’endroit au plus vite.

Ils remontèrent dans l’immeuble à la recherche des effets de l’arkanienne, quand une fumée envahit progressivement les différentes pièces. Des reflets verts embaumaient les plafonds et retombaient sur les gens. La chaleur était étouffante. Il eut le vertige, se rattrapa à un montant de porte, puis tout devint noir.

Là s’arrêtaient ses souvenirs.
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Ma première sensation au réveil fut un bon mal de crane. Suivie de peu par l’envie d’aller aux toilettes. Mais j’étais encore bien trop assoupie pour trouver le courage de me lever. Aussi explorais-je à tâtons mon environnement immédiat, les yeux toujours clos. Un lit, des draps puis la peau nue d’une personne. Ah, ça ce n’était pas prévu. Sa nudité me fit prendre conscience de la mienne. J’étais nue également. Totalement. Mais qu’est-ce qu’il s’était passé ? J’ouvris les yeux et tournais la tête vers celui avec qui je partageais ma couche. Lyrae. Bon, quitte à ce que cela arrive je n’avais pas choisi le pire. Aucun regret. Je jetais un regard sous les draps historie d’être sure et oui il était bien totalement nu lui aussi. Sans pudeur, et même avec un petit sourire satisfait, j’en profitais pour détailler son corps. Musclé sans exagération ou embonpoint, les muscles déliés que l’on devinait souple. Un choix tout à fait acceptable. Je n’étais pas d’humeur à remettre cela maintenant mais un peu plus tard pourquoi pas. Et je tâcherais de mieux en profiter cette fois ci.

Je me levais donc sans prendre la peine de m’habiller. La chambre était vraiment agréable : lit confortable, meubles de standing et une lumière tamisée qui parvenait de l’extérieur en créant une atmosphère paisible de temps arrêté. Quelques tracts disposés sur le chevet et des notices traduites en une dizaine de langues indiquaient que nous étions dans un hôtel. Jetés un peu partout dans la pièce se trouvaient les ruines de ce qui avait été auparavant des vêtements. Ils semblaient en lambeaux, déchirés ou peut-être même brulés à l’acide, impossible de savoir en survolant ainsi. Nous devions vraiment être pressés de faire l’amour car il y avait ici une chaussette qui trainait sur le lustre, là mon soutien-gorge sur la télévision et là bas encore son gilet accroché à la poignée de la porte, tout le reste étant en vrac au sol.

Lyrae dormait à point fermé et je ne voyais pas l’intérêt de le déranger. Je me dirigeais vers la porte, repoussais le pull, et ouvrit pour tomber sur un gigantesque salon digne d’un hôtel de luxe. A lui tout seul il faisait bien dans ses 50 mètres carrés, baigné d’un soleil radieux. Mais des salons j’en avais vu des tonnes à force de fréquenter les hôtels de toute la galaxie. C’était un peu surprenant mais à peine. Après quelques recherches, je fini par trouver la salle d’eau. Spacieuse, carrelée dans des teintes bleutées et agrémentée de frises noires à motif de feuilles. Les éviers étaient impeccables. Un par personne s’il vous plait. Et assez grand chacun pour y baigner un Ewok. Je me dirigeais donc vers les toilettes tout en jettant un coup d’œil à mon reflet dans le miroir. Avec mes 1m73 j’étais un peu petite pour les standards Arkaniens mais encore bien proportionnée pour une humaine. Mince, ventre plat, j’avais gardé des proportions de gamine de 53 kg même si j’avais la chance d’avoir de beaux seins. J’aurais bien aimé bien grossir un peu pour me remplumer mais rien je restais désespérément filiforme : presque pas de fesses, des cuisses minimalistes et des bras à la musculature inexistante. Certains me voyaient jolie, je devais être le rêve de ceux qui aiment les minces, mais même si je ne me déplaisais pas ce que je voyais dans le reflet c’était des années d’enfance malade. Si je pouvais prendre quelques kilos de muscle cela ne me ferait pas de mal tout de même, même de graisse, sur les fesses et les seins là où ça plaisait aux hommes, même sur les cuisses un peu. J’appréciais par contre ma longue chevelure soignée et mes tatouages. Un sur le bras, de mes années de piraterie dans le Cluster de Tion et le secteur Corporate et un sur la pommette. Un simple signe tribal pour marquer ma rébellion envers Arkania. Il faut dire que je prenais soin de moi, habitude tenace de mon éducation : je devais être la seule technicienne de la galaxie parfaitement manucurée quoi qu’il se passe. D’habitude j’avais plutôt un regard expressif mais là ce matin, tout ce qu’il restait de moi c’est une tête aux yeux pochés, la grâce d’un héron arthritique et une grosse envie de me recoucher.

Je me posais sur la cuvette en essayant de ne pas me rendormir et j’accueillais avec soulagement la délivrance du pipi matinal.

« Je peux sortir »

Pardon ?!
Une voix fluette et chevrotante, venait de sortir de derrière le rideau de douche. Avec prudence, en ne passant que la tête, je jetais un coup d’œil sur son origine et découvris un balosari d’un mètre à tout casser qui me regardait avec de grands yeux d’enfant. Il devait avoir 4 ans à tout casser. Quelque chose dans ma tête marqua un temps d’arrêt mais j’étais encore loin du signal d’alarme.

« Tu fais quoi ici ?
- Papa a dit de me cacher ici.
- Papa dort encore. Reste ici. »

Et je refermais le rideau.

Bon, un Jedi saurait surement gérer ça de toute façon et au pire on laisserait le service d’étage s’en charger. Direction le lit. Brève toilette d’hygiène et je retournais au salon pour me faire percuter de plein fouet par le soleil et une idée tout aussi lumineuse : le soleil ne perce pas la couche de pollution de Balosar. J’avais beau faire souvent la fête il m’était rarement arrivé de prendre une cuite assez monumentale pour changer de planète sans m’en rendre compte. Pourtant un regard insistant sur l’extérieur me confronta à l’évidence : aucune chance de confondre des baloraris à antenne avec ces créatures simiesques qui déambulaient dans les rues. Houlà mais qu’est-ce qu’il avait bien pu nous arriver ? Une rapide interrogation de la toile locale m’appris que nous étions sur Gama-Senn, à peine à une heure de vol de Balosar… mais avec un gamin balosari sur les bras. Bon, pas de quoi s’inquiéter non plus.

Je retournais dans la chambre tout de même vaguement perplexe sur la suite des évènements qui avaient pu nous entraîner ici. Je sentais que j’avais la tête tellement embrumée que je pourrais louper un éléphant même s’il se tenait devant moi. Par réflexe, je fouillais dans les ruines qui étaient auparavant mes affaires dans l’espoir d’y trouver mon datapad. Je finis par le trouver avec deux billets d’audition à l’émission « Balosar a un Incroyable Talent» et vu le trait noir qui le barrait en plein milieu, j’en déduisis que nous avons été recalés. Quant au datapad, aucune trace. J’essayais de le localiser sans succès à partir de mon ordinateur neural par contre, je découvris avec surprise 53 messages en attente qui tous tournaient autour du même thème «Félicitations pour ton mariage … bla bla bla … tu nous avais caché ça ». Ça tombait bien, parce qu’à moi aussi je me l’étais caché. Pourtant à mon doigt se trouvait bien une alliance tout ce qu’il y a de plus bon marché. Là je ne pu m’empêcher de commencer à m’agacer : quitte à m’offrir une alliance il aurait pu faire un effort tout de même ! Je l’engueulerai à son réveil. Je vérifiais rapidement et oui, il semblerait bien que j’ai fait un envoi groupé à tous mes contacts pour annoncer la bonne nouvelle du mariage entre moi et Lyrae. « M. Lyrae Et Mme Alys O’Sil ont le plaisir de vous faire part … ». A mon père, ma famille mes anciens employeurs, tout le monde. Autrement dit dans peu de temps, des chasseurs de primes allaient se pointer pour essayer de me ramener à mon cher papa. Bha, un Jedi était de taille à défendre sa femme après tout.

Au milieu de tous ces messages, un attira mon attention. « Confirmation de RDV ». Nous avions rendez vous Lyrae et moi après demain à 14h sur Balosar avec une journaliste, Leïs Playane. Mais je n’avais absolument aucune idée de la raison.Oui, bon. On verrait ça après la sieste ! Je jetais négligemment les billets d’audition sur le chevet et je me recouchais. Quitte à être mariés autant profiter d’un des rares avantages en plus des dégrèvements d’impôts : le réconfort. Aussi je m’enveloppais du bras de Lyrae que je coinçais contre moi, le poignet entre mes seins, le menton reposant sur sa main et mes bras verrouillés autour du sien. Je nichais mes fesses contre son entrejambe et, bien calée, je m’endormis paisiblement car après tout, je ne voyais rien qui aurait nécessité que je m’en préoccupe dans l’immédiat.
Lyrae O'Sil
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Lyrae sentit le corps féminin de Luuna se blottir contre lui. Il se rapprocha dans les draps soyeux, yeux fermés, tandis qu'elle s'enveloppait de son bras protecteur. Il ajusta son oreiller avec un sourire. Quelle chance il avait de pouvoir se réveiller près d'elle, dans un lit si confortable. Les couchettes du Temple étaient vraiment minimalistes et rarement conçues pour deux personnes. Pouvoir de temps en temps se prélasser plus confortablement auprès d'elle était un bonheur auquel il ne s'habituerait jamais.

Il bailla, libéra doucement sa main de celle de Luuna pour glisser ses doigts sur la peau de son ventre, en une douce caresse.

Pour une fois, ils n'étaient réveillés ni par la sonnerie d'un réveil strident, ni par les cris de Laïkin, ni par le vrombissement d'une navette inconfortable. Quel pur plaisir.

Sa main parcourut la hanche du corps nu, puis il traça avec son index une courbe chatouilleuse sur sa fesse rebondie.

Luuna semblait avoir un peu perdu du poids sous sa main inquisitrice. L'accouchement l'avait transformée, mais il l'aimait sans considération de ses formes, tant que sa santé n'était pas en danger. L'important était qu'elle pût accomplir ses missions et qu'elle se sentît bien.

Lentement, il descendit le long de sa cuisse, ses doigts savourant la peau velouté de sa douce, et entreprit de rapprocher ses propres jambes pour épouser le corps parfait de Luuna.

Ils n'avaient guère eu beaucoup de temps en telle intimité depuis la naissance de leur enfant et que le Conseil gardait sur eux un œil attentif. Il fallait savoir profiter de leurs petits instants à eux quand l'opportunité se présentait.

Tandis que sa main remontait avec douceur dans l'intérieur de la cuisse de Luuna, il sentait son propre corps s'épanouir dans un éveil qui le faisait enfler de désir. Et alors, il ouvrit les yeux pour observer ce visage doux, ces cheveux noirs et soyeux, sa peau orangée...

- Huh ?!


Douche froide. Ce n'était pas Luuna. Il avait la main entre les jambes d'une arkanienne aux cheveux longs et blancs, le corps un peu plus frêle que celui de Luuna. Belle certes, mais absolument inattendue. Il sentit la panique l'envahir tandis que dans un sursaut, il retirait sa main comme s'il s'était brûlé au contact d'Alys. Mais oui, l'ingénieure et leur soirée arrosée ! Qu'avait-il donc FAIT ???

- MEEERDE !


Il se leva du lit en se précipitant, cette fois parafaitement réveillé, pour constater qu'il était nu lui aussi. Gêné, il attira le drap à lui pour se dissimuler, mais cela eut pour effet de dévoiler entièrement le corps de l'Arkanienne. Il se mit à rougir violemment et mit une main pour se cacher les yeux, immédiatement soulagés de ne plus avoir à supporter la luminosité ambiante.

- Alys ! Qu'est-ce qu'on fait là ?! Qu'est-ce que JE fais là ?? … Aïe, putain...

S'être levé si brusquement avait réveillé en lui un mal de crâne abominable. L'alcool. La drogue ? Peut-être. Pourquoi est-ce que sa mémoire ne lui revenait pas ? Il avait en mémoire la baston dans la cantina, puis cette soirée horrible dans l'immeuble doté d'une piscine. Mais après ? Ils allaient partir bientôt après le petit bain d'Alys. Pourquoi ne se souvenait-il pas avoir quitté les lieux ?

Brusquement, la culpabilité se retrouva dans son estomac. Elle était aussi lourde qu'une boule de bowling et lui donna la nausée. Emportant le drap avec lui, il se dirigea vers la salle de bain... Avant de se rendre compte qu'il ne savait pas où elle était. Il rouvrit les yeux et regarda le spectacle, ou plutôt le désastre autour de lui. Les lieux lui étaient complètement inconnus. Un hotel de luxe, à n'en pas douter, où traînaient partout leurs vêtements en vrac. Il vit sa chemise accrochée au coin d'un fauteuil et s'en empara, mais il n'en tira que la manche, qui se détacha du reste. Mais qu'est-ce qu'il s'était passé ?? Sa chemise était irrécupérable. Il se précipita d'un pas gauche, entravé par sa toge improvisée, pour ramasser son pantalon, lui aussi en mauvais état mais encore portable, si on omettait qu'une jambe était déchirée au niveau du mollet. Son caleçon n'apparaissait nulle part.

Et là, son estomac si lourd se tordit soudain comme s'il tentait de se retourner : où était son sabre laser ? Sa ceinture n'était plus sur son pantalon. Lyrae fit volte-face, ses grands yeux arrondis par l'appréhension.

- ALYS ? Où est mon sabre ? Ma CEINTURE avec mon SABRE LASER ?

Il laissa tomber le drap, oubliant toute pudeur, pour se mettre à fouiller l'appartement de fond en comble. Il ne pouvait pas avoir fait ça. Il ne pouvait pas, au cours d'une même nuit, avoir trompé Luuna ET avoir égaré son sabre. Comment allait-il expliquer ça ? Pris d'une frénésie de panique, il se mit à retourner l'appartement. Il courut en tous sens, retirant les coussins des canapés du salon, ouvrit toutes les portes, tous les tiroirs des commodes sans se poser de questions. Il envoya valdinguer les serviettes propres disposées là par le service de l'hôtel, puis se laissa tomber sur un fauteuil, la tête dans les mains.

- Mais ce n'est PAS. Possible. QU'EST-CE QUE J'AI FAIT DE CE PUTAIN DE SABRE !

- Ben, tu l'as donné.

Surpris, Lyrae releva les yeux. D'où était venue cette petite voix ? Son regard se tourna vers la salle de bain et il se leva pour se diriger dans la jolie pièce d'eau. Elle était décorée avec finesse, mais le sol était recouvert d'eau. Qu'avaient-ils fait ici ?

- Il y a quelqu'un ?
- Ben oui papa, je suis toujours dans la douche.
- Qu... ?!

Lyrae arracha le rideau de douche sous l'impulsion : LAIKIN était ici ? Non. Dans la douche se tenait un petit balosar en bas âge, mais ce n'était pas lui. Bien sûr, Laïkin était trop petit pour parler si correctement de toute façon !!
Le Chevalier grogna et attrapa une serviette suspendue pour se cacher le sexe une nouvelle fois.

- Je suis pas ton père le morveux. J'sais pas ce que tu fais là, mais tu vas filer fissa d'ici. Enfin non, tu vas me dire ce que tu sais pour mon sabre, et après tu te casses et vite.

Mais sous son regard atterré, les yeux de l'enfant se remplirent de larmes, qui dégoulinèrent sur ses joues rebondies. La bouche du balosar se tordit, et Lyrae sentit son exaspération arriver à un point de non retour. Il soupira bruyamment avant de se pencher vers le balosari pour lui parler d'un voie adoucie par une feinte compassion.

- Non, attends, c'est pas ce que je voulais dire. Simplement, je suis humain, tu es balosar, je peux pas être ton père, tu vois ?
- Mais, mais... sanglota le petit balosar toujours debout dans la douche, v-vous m'avez adopté pourtant, vous avez dit...

Il renifla bruyamment et s'essuya les yeux. Le cœur de Lyrae battait à tout rompre, mais il tenta tant bien que mal de se maîtriser.

- Ah, on a fait ça ? Mais tu sais, il faut faire des papiers pour adopter un enfant, avoir une certaine situation et souvent, de l'argent...
- O-oui, je sais, c'est pour ça que tu as offert ton sabre à l'orphelinat...
- J'ai offert mon... QUOI ??

Le cri fit sursauter le balosar qui se remit à pleurer de plus belle.

- Mais c'est paaas ma fauuute... Tou-tout le m-monde a dit que c'était très beau que vous vous mariiez et que vous offriez votre sabre pour aider des petits balosaris à avoir une m-meilleure v-vie ! Même que la journaliste va f-faire un reportage sur n-nous à c-cause de votre b-bonté !

Lyrae déglutit. Il songea à retourner se coucher pour se réveiller de ce cauchemar. Mariés ? Sabre offert pour adopter un balosari ? Reportage sur lui ? L'enfant renifla.

- M-maman avait l'air c-contente qu-qu'ça fasse la une de l'ém-mission B-bonté Sans F-frontières demain... Ils ont d-dit que les histoires sur les J-jedi faisaient toujours de l'offense... Ou qu-quelque chose c-comme ça...

Audience, pas offense, corrigea mentalement Lyrae. Bonté Sans Frontière était une émission phare du Noyau. Il était fichu.

La salle de bain tangua et le monde s'assombrit tandis que le Chevalier glissait en tentant sans succès de se rattraper à la cuvette des toilettes.

Il était tombé dans les pommes.

Et il n'allait pas se réveiller.
Oh non. Jamais.

Jamais-jamais-jamais.
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S’il était encore endormi quelques minutes auparavant, ma présence à ses côté semblait l’avoir réveillé et, alors que je glissais dans les bras de Morphée, je sentis sa main parcourir ma peau et titiller mes sens en de douces caresses. Je ne pouvais me souvenir de notre soirée d’hier mais sa tendresse et son assurance à explorer mon corps ne pouvait venir que d’un abandon de la distance naturelle entre un homme et une femme né de la familiarité. Sa témérité était telle que j’hésitais un instant à le repousser, à ramener sa main de mon entre-jambe, où ses doigts se faisaient coquins, à ma cuisse. Mais son étreinte était plus pressante sans pour autant être brusque. Je sentais sans le voir son désir s’épanouir et le frisson de l’inconnu mêlé au charme de sa présence faisait fondre mes résistances. Malgré la fatigue, je sentais mon cœur accélérer et mon souffle se faire plus long, attentif à la suite, l’anticipant même. Je pesais le pour et le contre mais la décision avait déjà été prise sans que ma raison ne soit sollicitée, la chaleur naissante dans mon ventre et l’alanguissement que j’éprouvais ne me laissait pas de doute : j’étais prête à lui céder. Je déplaçais son autre main sur un sein et accompagnais ses mouvements de bassin d’une ondulation de hanches.

« MEEERDE ! », dit il brusquement. Comment ça, merde ?!

Il bondit hors du lit en me laissant à ma déconvenue.

« Alys ! Qu'est-ce qu'on fait là ?! Qu'est-ce que JE fais là ?? … Aïe, putain... » Comment ça qu’est ce qu’on fait là ? Je n’y comprenais plus rien. Juste au réveil, avec le mal de crâne qui suivant toute bonne soirée, c’était trop de questions d’un coup. Je répondis ce qui me semblait de plus censé en mettant de côté la déception et la frustration que je commençais à ressentir. Au moins temporairement.

« On allait s’envoyer en l’air », dis-je en me retournant sur le lit, encore assoupie et totalement nue puisqu’il avait prit le drap.

Lyrae était pris de frénésie : il courait partout dans l’appartement, comme un fou, retournant chaque objet, chaque vêtement, fouillant sous les meubles.

« ALYS ? Où est mon sabre ? Ma CEINTURE avec mon SABRE LASER ? » Où tu l’as laissé la dernière fois me vint spontanément à l’esprit mais c’était peut être un peu raide pour un nouvel époux aussi me contentais-je d’un « Je ne sais pas. » Ces Jedis tout de même, dès qu’ils perdaient leur jouet ils étaient comme des gosses.

« On t’en achètera un autre », dis-je dans le vide alors qu’il bondissait dans le salon. Je m’extirpais du lit à contre-cœur pour le suivre dans la salle de bain : cela semblait grave, il fallait faire semblant de compatir. Vu l’état de mes vêtements, je décidais de l’accompagner nue ce qui ne me dérangeait pas vu ma tolérance au froid.

Ce fut le moment que choisit le petit basolar pour nous apporter la solution et je crois que, sous l’émotion, Lyrae aurait pu le secouer somme un prunier si cela avait pu faire sortir son sabre d’où que ce soit par magie.

"Mais, mais... v-vous m'avez adopté pourtant, vous avez dit..."
J’accueillis la nouvelle avec un flegme à toute épreuve : mariée et mère, tout ça en moins de 48 heures, c’était tout de même un record. J’aurais pu trouver la situation embarassante mais j’avais laissé derrière moi toutes les considérations d’attache au convention le jour où j’avais fuit ma famille.
"O-oui, je sais, c'est pour ça que tu as offert ton sabre à l'orphelinat...
- J'ai offert mon... QUOI ??"

Là je commençais à être franchement amusée. Seconde après seconde cette journée s’annonçait de plus en passionnante.

"Mais c'est paaas ma fauuute... Tou-tout le m-monde a dit que c'était très beau que vous vous mariiez et que vous offriez votre sabre pour aider des petits balosaris à avoir une m-meilleure v-vie ! Même que la journaliste va f-faire un reportage sur n-nous à c-cause de votre b-bonté !"

C’en était trop. La situation semblait dramatique à Lyrae pour une raison qui m’échappait totalement mais j’étais à deux doigts d’éclater de rire. Je masquais mon expression hilare derrière ma main , prête à me composer un visage préoccupé de circonstance si Lyrae se retournait.

"M-maman avait l'air c-contente qu-qu'ça fasse la une de l'ém-mission B-bonté Sans F-frontières demain... Ils ont d-dit que les histoires sur les J-jedi faisaient toujours de l'offense... Ou qu-quelque chose c-comme ça...."

Je lutais deux brèves secondes avant d’éclater de rire.

Ce fut le moment qu’il choisit pour tomber dans les pommes. J’eu à peine le temps d’intercepter sa tête avant qu’elle ne heurte le sol.

« Bha alors ? » Mais qu’est ce qui le perturbait autant ?
J’espérais juste qu’il n’allait pas mourir comme ça sur le carrelage : dissimuler le corps d’un Jedi sur une planète qu’on ne connait pas, juste après s’être marié avec lui c’était un coup à avoir des problèmes. Mais non pourtant, il respirait.
Je me tournais vers le gamin qui s’était lancé dans une grosse crise de larme doublée de panique. Il gérait mal d’avoir tué son père visiblement. 48h et déjà un parricide potentiel, ce petit avait de l’avenir.

« Ne t’en fais pas, il est juste émotif. C’est le bonheur d’avoir une famille. Aller, va dans le salon regarder la télévision Papa et maman ont des choses à se dire. »

Une caresse dans les cheveux, une poussée dans le dos pour l’éjecter hors de la pièce et un sourire rassurant suffirent à le distraire le temps de le mettre dehors.

Bon, qu’est ce que j’allais faire de mon mari maintenant ? Je me dirigeais vers la douche pour me saisir du pommeau. Ll’arroser était certainement la meilleure chose à faire, mais je me retins à la dernière seconde. Etait-ce la bonne attitude pour une nouvelle épouse que de tremper son mari au sol comme un chien crasseux sur un paillasson ? Les galactiques étaient capable de s’offusquer de tout et celui-ci était à mon goût, je pouvais faire un peu effort tout de même.

Avec un soupire résigné, je l’attirais jusqu’à la baignoire et le fit basculer à l’intérieur avec autant de précautions qu’il me semblait possible de déployer et l’allongeais sur le dos, de tout son long. Puis, avec délicatesse, je le redressais pour me glisser derrière lui de façon à ce que sa tête repose sur ma poitrine, mes jambes s’enserrant de part et d’autre. Ce n’était pas très confortable pour moi mais au moins son réveil se ferait en douceur. Puis je fis couler un bain aussi chaud que possible pour qu’il se détende, c'est-à-dire tiède vu ma constitution d’arkanienne et, tandis que l’eau le baignais, je caressais son corps avec une douceur maternelle. Les jambes du bout des doigts, son torse en le massant, les bras en les frictionnant, le visage du revers de la main et les cheveux en les peignant lentement des doigts de la racine vers les pointes. A tous points de vue j’estimais être parfaitement A-DO-RABLE. Il allait certainement apprécier son réveil et peut être que nous pourrions reprendre ce que nous avions commencé avant de nous interrompre pour cette stupide histoire de jouet laser et d’adoption.

« Lyrae ? Lyrae ? Réveille-toi, je suis là. Tout va bien. Tu t’es senti mal. »

Et même un petit bisou dans le cou pour le remettre en forme : j’étais parfaite !

« Qu’est ce qui t’arrive. Quelque chose ne va pas ? »
Lyrae O'Sil
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Le rire d’Alys voguait dans l’esprit de Lyrae comme un filin qui le retenait désespérément à cette réalité insupportable. Elle avait cessé de rire, pourtant, mais ces éclats résonnaient encore et encore dans la tête du Chevalier, comme si le destin avait décidé de se moquer de lui, encore et encore. Mais le clapotis de l’eau refit émerger sa conscience, et le rire s’éteignit. Il était de nouveau si près du corps d’Alys, mais cette fois il ne la confondait plus avec sa douce et tendre. Il n’avait plus aucun désir non plus. Il se sentait apathique. Désespéré. Il resterait là, éternellement dans cette baignoire, attendant que les maîtres du Conseil et Luuna débarquent pour le noyer dans l’eau chaude.

Pendant ce temps, Alys faisait preuve d’une douceur surprenante. Qu’est-ce qui avait pu se passer entre eux l’espace d’une nuit pour qu’elle se comportât comme s’ils étaient ensemble depuis des années ? C’était mieux que d’être seul. Ou pas. Il n’en savait rien. Lyrae laissa échapper un long, très long soupir.

- Rien ne va, Alys, gémit-il sur le ton du désespoir. Je vais perdre celle que j’aime et mon fils. Je vais être radié de l’Ordre, et je vais être la honte de tous les Jedi de la galaxie.

Il serra les dents. Il aurait eu envie de pleurer, mais il ne pouvait pas. Il se sentait vide dans la poitrine, d’un vide oppressant, qui menaçait de le faire imploser.

- Et puis j’ai perdu mon sabre. En racheter un ne sert à rien, ça serait pas pareil. Là c’était mon sabre, tu vois, il était unique.

Il eut cette drôle de bouffée de nostalgie. Autrefois, il y a très longtemps, il n’était qu’un gosse sur Coruscant, voué à faire tourner le petit commerce minable de ses parents. Mais il y avait eu grand-père, qui avait détecté en lui une affinité avec la Force, et qui lui avait appris les toutes premières techniques avant qu’il ne rejoignît le Temple. Grand-père avait disparu. Il devait être mort. Mais s’il ne l’était pas ? Il reconnaîtrait Lyrae à l’holovision, dans ce reportage horrible. Et ses parents aussi le reconnaîtraient. Il allait falloir qu’il se fasse faire une chirurgie faciale, qu’il se rase le crâne puis qu’il disparaisse dans l’Espace Hutt pour se refaire une vie minable en se servant de ses maigres talents de Jedi. Il n’y avait rien d’autre à faire. La diffusion du reportage était programmée demain soir. Il lui restait donc un peu moins de quarante heures à être Lyrae le Chevalier Jedi.

Quarante heures. Il poussa un nouveau long soupir, insensible aux caresses de l’arkanienne. Il ne voyait que ses jambes, très fines et très pâles. Il pensa à celles, musclées et couleur de fruit d’été, de Luuna.

Merde ! Il ne pouvait pas décemment pas lui faire ça. Elle aussi allait être la risée de l’Ordre. Sans compter ce qu’elle allait souffrir en croyant Lyrae marié à une autre. Et Laïkin ! Il ne deviendrait jamais un Jedi s’il était considéré comme le fils d’un Jedi raté. Cela minerait sa confiance en lui, et puis Jana en rajouterait une couche en colportant partout toute l’aventure.

- Non, non, non. Hors de question, dit-il subitement tout haut, avant de se redresser dans la baignoire.

Il s’y retourna et s’y mit à genoux afin de faire face à l’arkanienne, faisant fi de leur nudité. Une brusque lueur d’espoir brillait dans ses yeux.

- Alys. Tu dois me sauver la vie. Tes talents sont prodigieux. Je suis sûr que tu te débrouilles aussi bien en électronique qu’en cybernétique, n’est-ce pas ? Et en informatique ?

Si ce n’était pas le cas, ils trouveraient un droïde qui ferait l’affaire. Il serait prêt à payer des sommes astronomiques qu’il ne possédait pas pour en obtenir un suffisamment performant. Ou à le voler, ce qui éliminerait l’obstacle du manque de fonds financiers.

- Voilà ce qu’on va faire : on va se rendre aux studios de la chaîne d’holovision, on va l’infiltrer, et supprimer TOUT le reportage de leurs bases de données. Après quoi on s’occupera des autres… problèmes.

Il coula un regard vers le salon. La porte était ouverte, et le petit balosar jouait avec un datapad sur un canapé confortable, d’une couleur bleu électrique. Lyrae reporta ses yeux vers l’arkanienne. Il avait du mal à comprendre ce qu’elle ressentait exactement. Pourquoi ne paniquait-elle pas ? Elle faisait preuve de beaucoup de sang froid. Un peu trop à son goût. Il avait l’impression qu’elle ne comprenait pas bien les enjeux de tout ça.

- Alys, ce reportage dans ma vie, c’est comme un incendie dans un vaisseau : ça menace toute son intégrité, tu vois ?

Ses yeux devinrent implorants, et il joignit les deux mains devant lui, doigts entrelacés.

- Je t’en supplie. Je ferai tout ce que tu voudras, implora-t-il, mais il ne faut pas que cette émission soit diffusée.
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Il semblait au moins s’être calmé. Reprendre ses esprits lui avait pris une dizaine de minutes mais il était détendu à défaut de serein. Il finit par me répondre d’un ton de profond abattement.

« Rien ne va, Alys. Je vais perdre celle que j’aime et mon fils. Je vais être radié de l’Ordre, et je vais être la honte de tous les Jedi de la galaxie. »

J’en concluais que ce n’était pas moi. Non pas que j’avais nourri le moindre espoir sur le sujet, la notion d’amour était étrangère à mes oreilles. Les mariages étaient avant tout des affaires d’intérêts et d’opportunités, parfois d’alliance pour se protéger mutuellement ou fonder une famille, mais l’amour était une notion accessoire dans un mariage réussi. Je notais également l’existence d’un fils qui ne devait pas être le nôtre dans le salon, sans m'en offusquer. Là encore, tout cela me semblait normal. Quant à l’Ordre, je ne voyais pas trop en quoi cela revêtait de l’importance, mais peut-être s’y attachait-il par réflexe tout comme je ne pouvais m’empêcher d’être une Vel Aath.

« Et puis j’ai perdu mon sabre. En racheter un ne sert à rien, ça serait pas pareil. Là c’était mon sabre, tu vois, il était unique.
- Je vois.» En fait, pas du tout, mais ce n’était pas ce qu’il voulait entendre. Il avait un côté petit garçon qui a percé sa première paire de chaussures et qui pleure à chaudes larmes : ça lui semblait un drame aujourd’hui, mais dans une trentaine de sabres perdus il rirait de la situation. Bon, je pouvais partir du principe qu’il s’agissait d’un héritage familial.

Lyrae fit silence et je me contentais de garder mes mains sur ses épaules afin de lui prouver ma présence et de lui apporter du réconfort. Je voulais respecter son silence et ses pensées.

Il me surprit en bondissant d’un coup, animé d’une énergie surprenante : « Non, non, non. Hors de question »

D’ailleurs, étais-je si surprise que cela ? Lyrae était comme je l’avais pensé : introverti mais doté d’un monde intérieur riche. Il s’était simplement focalisé sur lui-même et y avait trouvé la force de réagir. C’était curieux comme impression, celle de connaitre quelqu’un depuis quelques minutes mais d’en pressentir les réactions comme si elles allaient de soi, comme si elles étaient naturelles et ne pouvaient être autrement, de les attendre, de les anticiper sans pouvoir les deviner mais de les trouver totalement naturelles une fois qu’elles se produisaient.
Il s’agenouilla face à moi, dans l’eau du bain, toute gêne envolée. A nouveau, j’étais curieuse de ses paroles. Cela semblait un moment solennel et je savais qu’il me surprendrait sans encore savoir comment et que cette surprise aurait son empreinte : simple et douce.

« Alys. Tu dois me sauver la vie. Tes talents sont prodigieux» Lucide. « Je suis sûr que tu te débrouilles aussi bien en électronique qu’en cybernétique, n’est-ce pas ? Et en informatique ?
- Je me débrouille. » Litote prudente pour dire que j’étais probablement une des meilleures de la galaxie.
« Voilà ce qu’on va faire : on va se rendre aux studios de la chaîne d’holovision, on va l’infiltrer, et supprimer TOUT le reportage de leurs bases de données. Après quoi on s’occupera des autres… problèmes. »
Mais pourquoi diable voulait-il faire ça ? Infiltrer ! Je n’étais pas une Jedi, moi. Il ne pouvait pas juste tourner les talons et laisser le monde s’effondrer derrière lui, mais loin, comme je le faisais chaque jour depuis 7 ans ?

« Alys, ce reportage dans ma vie, c’est comme un incendie dans un vaisseau : ça menace toute son intégrité, tu vois ? Je t’en supplie. Je ferai tout ce que tu voudras, mais il ne faut pas que cette émission soit diffusée.»

Je haussais les épaules au « je ferai ce que tu voudras », comme si cela n’avait pas d’importance alors que j’aurais pu bondir sur l’occasion pour demander n'importe quelle fadaise. Mais c’était mon mari, il me plaisait, et nous nous devions une assistance mutuelle après tout. J’essayais de m’en convaincre mais en réalité, comme je l’avais prévu, il avait réussi à me déstabiliser. Sa manière chevaleresque de faire, son regard implorant et doux, son analogie du vaisseau en flamme… même si je ne comprenais pas tout, il m’avait convaincue. J’étais même touchée par ses mots, cet appel à l’aide respectueux et simple qui me faisait l’effet d’une pelisse chaleureuse en hiver, si réconfortante face aux attitudes retorses des arkaniens.

Je me redressais et sortis du bain, récupérant le peignoir blanc duveteux au logo de l’Hôtel pour m’en couvrir.

« D’accord, explique-moi la situation. Quel est le problème ? »
Visiblement il n’y aurait pas de câlin ce matin, il fallait se faire une raison.
Lyrae O'Sil
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Pour de vrai ? Elle était d’accord ? Lyrae en revenait à peine. Il s’attendait à ce qu’elle lui sortît la liste de ses conditions, ou bien qu’elle trouvât tout simplement que le reportage était une excellente idée. Eberlué, il la regarda s’extraire de la baignoire et enfiler un peignoir avant de lui poser sa question. Quel était le problème ? Mais il venait de le lui dire. C’était limpide, non ? Ce reportage allait détruire sa vie, il fallait donc le supprimer. Lyrae, toujours en position du martyr nu qui prie, respira toutefois profondément.

Alys n’était pas de son milieu. Ils s’étaient bien entendus, mais ils n’étaient pas de la même culture et donc, ce qui était l’évidence pour lui ne l’était pas pour elle. Il allait falloir lui expliquer toutes les implications de leur jolie petite nuit pour qu’elle comprît jusqu’où allait la situation. Il se releva à son tour et sortit lui aussi, puis se para d’un autre peignoir blanc. Ils rejoignirent le salon, où Lyrae s’orienta vers la chambre pour ne pas déranger le petit balosar endormi sur le canapé. Il referma la porte derrière Alys avant de s’asseoir sur le lit.

- Voilà. Je suis un Jedi, expliqua-t-il. Et chez les Jedi, on vit selon un code très strict. Des règles de conduite, un peu comme chez les militaires si tu veux. Pour qu’on se concentre bien sur nos missions, on n’a pas trop le droit d’avoir une vie amoureuse. Ni même familiale, en fait. Par exemple, je n’ai jamais revu mes parents depuis que j’ai été accepté au Temple d’Ondéron.

Il jeta un œil vers Alys, voir si elle suivait. S’il la trouvait tout à fait sympathique, rigolote et compétente, il y avait quelque chose chez elle qui lui faisait douter de sa capacité à vraiment le comprendre. Comme si… Comme si parfois, elle avait des réactions qui n’étaient pas vraiment humaines. Une espèce de détachement émotionnel étrange, peut-être propre aux arkaniens.

- On n’est pas spécialement censés avoir de possessions non plus, par exemple, ni même vraiment se mettre sous les projecteurs. Or, il se trouve que moi, par le passé… J’ai un peu dérogé déjà à toutes ces règles. J’ai eu une relation intime avec une autre Jedi, on a fait un enfant… Et ça n’a pas beaucoup plus au Conseil Jedi, le conseil de vieux sages qui surveillent les Jedi pour voir s’ils ne dérogent pas aux règles.

Il omit d’évoquer le fait que s’il était tant sous les radars du Conseil, c’était aussi parce qu’il avait donné un coup ou deux à une sénatrice à une époque un peu tendue politiquement entre les Jedi et le Sénat. Bref, c’étaient la situation présente qui comptait.

- Et donc, ils attendent de moi que je me rachète. En participant à la mission humanitaire de Balosar, par exemple, en formant Kolin, tu sais, mon padawan… Et s’ils voient demain aux holo que j’ai troqué mon sabre contre un enfant, agrandi la famille et qu’en plus je fanfaronne là-dessus devant toute la galaxie, ils vont… ils vont vraiment pas apprécier, et me radier de l’Ordre. Et ça, je veux pas. Parce que la seule chose que je sais faire, c’est un mécano moyen pour les Jedi. Et puis parce que je peux pas abandonner Kolin, tu vois, il faut qu’il réussisse lui aussi, sinon ça sera un autre pauvre gamin des rues qui deviendra un criminel et ça, laisser la jeunesse dériver, c’est le meilleur moyen pour que l’état général de notre galaxie s’effondre progressivement.

Bon, il allait peut-être un peu loin sur les conséquences de ce reportage.

- Bref, je m’égare. Si ce reportage est diffusé, ça va porter préjudice à d’autres gens que moi : à mon fils qui va rester au Temple et dont on va se moquer, à ma… compagne au Temple pour qui ce sera très dur de voir que je me suis marié à quelqu’un d’autre, et pour Kolin à qui on va devoir attribuer un professeur vieux et croulant qui va le dégoûter des Jedi. Donc, il faut les en empêcher.

Il se leva brusquement, se mit à faire les cent pas dans son peignoir.

- Bon, alors la première chose à faire, c’est de retrouver les locaux de la boîte de production en question. Tu peux regarder dans ton datapad avec qui on a été en contact ? A moins que tu t’en souviennes ? Il est possible qu’on soit venus ici précisément pour le reportage… Où est-ce qu’on est d’abord ?

Il se dirigea vers la fenêtre, dont il écarta les rideaux brusquement. Une clarté vive illumina la pièce. C’était bien ce qu’il pensait : ils avaient quitté Balosar. En une nuit, ils ne pouvaient pas être allés bien loin ! Cependant, il ne reconnaissait pas du tout ces collines, ces immeubles, ce ciel jaune. Le chevalier se retourna vers Alys, le regard las mais luisant d’une lueur d’espoir fiévreux.

- Tu peux te charger de nous trouver notre destination ? Moi je vais… Nous trouver des vêtements potables pour sortir d’ici, et heu… Une nounou.
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Bon, Lyrae était vraiment préoccupé et je commençais à me faire une idée plus précise du tableau.

« Humm, je vois. Bon, je crois que tu as une toute petite tendance à exagérer tout de même. Parce qu’il faut te décider : ou tu es un Jedi pas très doué, ou l’avenir de la galaxie repose sur tes épaules mais tu ne peux pas être les deux à la fois. » La remarque n’était pas bien méchante, ni le ton qui l’accompagnait. C’était presque amusant de le voir pédaler ainsi pour m’expliquer la situation.

« Je comprends que tu préfères annoncer le mariage de vive voix à ton amante, c’est tout de même mieux que d’apprendre cela sur Galactic news. »

Et hop, Lyrae bondit et se remit à courir dans tous les sens en peignoir. Il avait un petit quelque chose de la musaraigne en cage. Nous aurions eu une roue, il se serait mis à courir dedans histoire de dépenser son énergie.

« C’est amusant la vie de Jedi. Donc, si je résume bien, quand vous faites des conneries et quand ca va se voir, vous en faites des encore plus grosses, histoire de réparer. » Pas si éloigné de ma vie que ça finalement. J’étais peut être une sorte de Jedi dans une autre vie, ça expliquerait peut-être pourquoi je les attirais et qu’une fois sur deux je finissais dans leur lit, une sorte de prédestination de la Force.

« Quand à l’endroit où nous sommes oui, je sais, ne t’inquiète pas. Tu remarqueras l’aspect dégagé du ciel et le visage simiesques des habitants, sans compter la langue utilisée sur l’affichette des règles de l’hôtel : nous sommes sur  Gama-Senn. N’importe quelle navette courrier pourra nous amener sur Balosar. Pour le reportage, je ne suis pas certaine. Je sais que nous avons RDV à 14h avec une journaliste, Loïs Payane, mais cela pourrait être lié à notre participation à l’audition télé et pas forcément avec le reportage. Sinon, avec le contrat de mariage, on trouvera certainement le nom de ceux qui ont officié et de là il sera facile de trouver qui était présent. Nous avons le temps mais il ne faut pas trainer non plus. »

Il allait partir pour nous trouver des habits. C’était mignon de l’imaginer déambuler dans les rues en peignoir et chaussons pour me trouver de quoi me vêtir mais avant toute chose, je me levais pour l’attraper par les bras et le conduire gentiment à s’asseoir sur le lit.

« Attends, avant de partir il faut que l’on parle de choses importantes, quelques détails … »

Bon, dans quel ordre serait il susceptible de mieux supporter cela ? Difficile à dire. Je m’assurais qu’il n’y avait rien de coupant ou de pointu aux alentours, rapprochais un coussin ou deux puis je lui pris gentiment les mains et commençais.

« Le O dans O’Sil, c’est une particule nobiliaire ou c’est juste une marque un peu bourgeoise mais sans signification ? Parce que je suis noble vois tu et je ne peux pas faire n’importe quoi avec mon nom. Pour les vêtements, essaye du S ou du 34, 32 ça passe aussi mais ce sera serré au niveau de poitrine. »

Je le laissais me répondre, prête à l’empêcher de partir si besoin est car j’avais d’autres points importants à aborder.

« D’ailleurs, juste une question comme ça mais je suppose que Maitre ça désigne un rang plutôt important chez vous ? Ce n’est pas impossible que, toute à l’excitation du mariage … » et totalement droguée moi aussi … « j’ai envoyé par inadvertance un message à certains de mes contacts. Le chevalier Jedi Joclad… et peut être le ministre de la Justice, Leto Vorkosigan. Il est bien maitre non ? »

Je lui collais mon datapad entre les mains avec le faire part.

« Et c’est possible que je ne t’ai pas absolument tout dit sur moi. Il pourrait y avoir quelques complications … mineures … enfin à l’échelle galactique. »

Cette fois ci, j’étais prête à le rattraper au moindre signe de faiblesse. Il semblait de santé un peu fragile tout de même !
Lyrae O'Sil
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Lyrae soupira bruyamment. Ok, il exagérait un tout petit peu. Mais elle pouvait comprendre l’état dans lequel il était, non ?

- Ok, disons que MA galaxie est sur mes épaules, soit sur les épaules d’un Jedi pas très doué. Par conséquent je m’inquiète. Mais avec toi pour me filer un coup de main, je suis sûr que tout va s’arranger !

Parole d’encouragement pour lui-même. Pas d’effet positif constaté : il se sentait toujours totalement dépassé par les évènements. En outre, le commentaire suivant d’Alys lui glaça le sang. Annoncer de vive voix son mariage à Luuna ? Jamais de la vie. Elle allait le tuer. Ou bien elle s’effondrerait, et ce serait pire, parce qu’il devrait alors se tuer lui-même. Non non non, certainement pas. Il devait tout faire pour que Luuna n’apprît jamais tout ceci. C’allait être compliqué, mais ce n’était pas le plus urgent. D’abord, empêcher la diffusion du reportage. Alys avait déjà presque un plan. Son esprit méthodique était plus que bienvenue dans leur situation épineuse, et il était bon de pouvoir se reposer sur quelqu’un de méticuleux. Si elle faisait un aussi bon travail que dans le hangar de Balosar, il avait une alliée de poids.

Il allait s’en aller s’occuper de cette histoire de vêtements lorsqu’elle le retint, le prenant par les mains. Le malaise du Chevalier augmenta d’un cran, même s’il s’efforçait de faire bonne figure. Pourquoi agissait-elle ainsi ? Les caresses dans la baignoire, le faire de lui prendre les mains… Ils étaient deux collègues de travail en galère, pas des amants fous amoureux. Lyrae déglutit, remettant à plus tard la tâche d’éclaircir ce petit point étrange dont il ne voulait connaître les implications qui allaient compliquer encore sa situation précaire. Ce dont elle voulait lui parler, pourtant, était tout à fait inattendu. Le « O » provenait-il d’une particule ? Il ne s’était jamais posé la question. Pourquoi est-ce que ça avait de l’importance pour Alys ? Mieux valait ne pas la contrarier, se dit-il avec sagesse, pas maintenant alors qu’elle allait l’aider.

- Oui, mentit-il avec détachement. Ce n’est plus très usité, mais le « O » chez certaines grandes familles du Noyau est une particule de noblesse. La mienne est coruscanti. Mais tu sais, je n’ai plus de lien avec ma famille depuis longtemps, je ne sais pas où ils en sont.

Certainement toujours en train de faire tourner cette brasserie miteuse dans les bas-fonds, haha. Un vrai palais, qui avait juste tout l’allure d’un boui-boui. Pourvu qu’Alys ne s’intéressât pas trop à sa famille pour le moment.
Point suivant.

- Oui, Maître c’est comme ceux qui siègent au Conseil, c’est un peu les patrons du… Pardon ?

Lyrae s’empara du datapad, les yeux écarquillés.

- QUOI ? MAIS T’AS PAS FAIT CA ??!

Mais si, elle l’avait fait. Des jolis petits faire-parts, avec leurs visages collés l’un sur l’autre dans un baiser visiblement langoureux. ET elle l’avait envoyé au Chevalier Draayi, ce petit premier de la classe qui ne manquerait pas de le répéter au Conseil ET au Ministre de la Justice, qui représentait à lui seul l’épée de Damoclès républicaine qui trônait au-dessus de la vie d’un certain nombre de personnes. Avec un peu de chance, celui-là serait trop occupé et recevrait tellement de mails que celui-ci passerait inaperçu. L’idée traversa le Chevalier qu’il pouvait envoyer à son tour un petit message pour signaler qu’il s’agissait là d’un canular, mais il n’était pas sûr que cela règlerait la chose, surtout si les personnes en question commençaient à creuser. D’abord, donc, effacer les preuves.
Toujours ahuri, il croisa le regard d’Alys. Il ne servirait à rien de lui hurler dessus. Lyrae prit une grande inspiration, s’efforçant de garder son calme. Il s’éclaircit la gorge.

- Ahem. Je savais pas que tu avais ce genre de fréquentations, avança-t-il prudemment. Tu, heu… Tu les vois souvent ? C’est tes amis ?

Pitié, pourvu que non. Pourvu qu’elle les ait rencontré dans un cocktail ou sur un champ de bataille une fois et qu’ils ne se soient jamais revus, auquel cas ils ne prendraient pas garde à ses mails. Mais sinon… Alys lui faisait un drôle de regard.

- Hein ? Nan, j’suis pas jaloux, fit-il instinctivement, c’est juste pour savoir s’il y a beaucoup de chances pour que… Enfin, je les connais pas personnellement, mais on se connait de vue. Et bon, je suis pas sûr d’être super apprécié par tout le monde, si tu vois ce que je veux dire.

Jolie tournure pour dire qu’il était à peu près certain d’être considéré comme un irresponsable par un certain nombre de ses confrères et que certains d’entre eux ne manqueraient pas d’en profiter pour lui mettre des bâtons dans les roues sous prétexte de rendre l’Ordre plus sain. Quant à savoir si Draayi et Vorkosigan étaient de ceux-là… Ca restait à voir. Il n’avait pas hâte.

- Bon, pour ton passé, tout ça, je m’en fiche, tu sais. Moi aussi, je suis pas fier de tout ce que j’ai fait, t’inquiète pas. Tant que t’es pas une impériale ni une criminelle, moi ça me va hein !

Lyrae se mit à rire nerveusement. Ces éclats sonnaient bien faux à ses oreilles, aussi s’interrompit-il assez vite. Il libéra ses mains de celles d’Alys, réajusta son peignoir en évitant de croiser son reflet dans le miroir de la pièce. C’était comme une bure, après tout !

- Heu, tu peux aussi t’occuper de faire garder le petit pendant que je vais nous chercher des vêtements ? Comme ça on n’aura plus qu’à décoller…
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Ma remarque avait eu l’intérêt de le calmer un peu. Effectivement, il forçait le trait mais il avait la sagesse de le reconnaitre. Lyrae était comme un cheval fougueux capable de partir dans tous les sens mais qu’une pichenette suffisait à remettre dans le droit chemin. Je commençais à avoir une idée un plus en plus nette de ce que ce petit technicien perdu pourrait devenir, avec la femme appropriée, et la perspective n’était pas pour me déplaire. C’était certes largement trop tôt pour savoir si notre histoire avait de l’avenir mais notre couple avait du potentiel et j’étais bien déterminée à profiter de cette histoire pour faire mon choix.

Sa réponse sur les origines nobles de sa famille me rassura quelque peu. Même si Coruscant ne valait pas Arkania, c’était tout de même une des planètes phares de la galaxie et je n’avais pas à rougir de porter son nom de famille. Il m’était bien sûr impossible de savoir qu’à ce moment il me mentait, tout comme lui était impossible de prévoir la colère noire dans laquelle cela risquait de me mettre et qu’il découvrirait tardivement en se faisant éjecter en plein espace par un sas vide. Pour le moment rassurée, et brossée dans le sens du poil, je n’avais aucune raison de ne pas l’aider.

La nouvelle des faire-parts le fit bondir sur place, mais sans syncope. Je m’empressais de le rassurer.

« Non, non, ne t’inquiète pas. Ce sont des amis, nous nous écrivons régulièrement. Leto et moi nous sommes retrouvés sur une affaire sur Coruscant par hasard et depuis nous avons gardé le contact. Quand à Jocald nous sommes très proches. Je crois que quitte à ce que tu sois marié avec quelqu’un ils seront ravis que ce soit avec moi. », dis-je avec un grand sourire. Ce qui, en filigrane, signifiait aussi que s’il me traitait mal il risquait d’avoir deux grands frères sur le dos, dont un particulièrement peu commode.

« Bon, pour ton passé, tout ça, je m’en fiche, tu sais. Moi aussi, je suis pas fier de tout ce que j’ai fait, t’inquiète pas. Tant que t’es pas une impériale ni une criminelle, moi ça me va hein !
- Nonnnn… rassure-toi. Il faudra reparler de certains détails tout de même, mais rien d’urgent.» A savoir, préciser dans quelle partie de la galaxie il considérait qu’être criminelle était important.

Il me semblait à nouveau un peu crispé sans que je réussisse à en déterminer la cause. Peut-être devait-il faire face à trop d’émotions conflictuelles ? Ou qu’il se sentait pressé par le temps.

« D’accord, je prends les choses en main. Je m’occupe du petit et toi des emplettes. Je te fais confiance pour les vêtements, je sais que tu as du gout. Oh, tout de même, il faut que tu saches. Mon père a placé une prime sur ma tête depuis quelques années et comme j’ai par mégarde envoyé le faire-part à tout mon carnet d’adresse, je pense qu’il doit nous rester … pfuuu … trois à six heures avant que des chasseurs de primes ne débarquent des quatre coins de la galaxie ... » sur ces mots je le poussais gentiment vers la sortie.

« Je m’occupe de tout. Tiens, mon commlink direct si tu as besoin de m’appeler est le AB-5198-6551-155 précédé de l’indicatif de la planète bien sur. » Je me saisis d’un stylo pour lui marquer sur le bras. « A tout de suite. »

Une fois débarrassée de Lyrae, je me jetais sur le lit, rebondissant deux trois fois sur le dos avant de lever les jambes en l’air et de jouer à les faire battre alternativement. Jouer les mariées était très amusant ! Je me retournais sur le lit pour poser les pieds au mur et, renversée la tête en arrière, je me saisis de mon commlink pour passer un coup de téléphone.

« Allo, Agence Deradin ? Oui, bonjour, je souhaiterais une nourrice pour un enfant de … » ca avait quel âge le truc dans le salon ? Bon, vu la taille on allait dire « … 5ans. Il faudrait prévoir une possibilité de changement de planète sur courte distance. Maximum, 3 jours je dirais, tous frais payés bien sur. Le plus vite possible. » Naturellement, trouver une personne prête à tout laisser tomber à la minute pour changer de planète allait poser problème et l’agence risquait de devoir passer plusieurs coups de téléphones avant de trouver une personne acceptant un voyage de ce type. « Nous aurions besoin d’une personne immédiatement. Pourriez-vous nous envoyer quelqu’un disponible de suite, quitte à nous envoyer quelqu’un d’autre par la suite, pour couvrir le changement de planète ? Au nom de Lyrae O’Sil. Oui parfait merci, je vous donne mon numéro pour me recontacter. » Je fis comme cela quatre agences avec des niveaux de service élevés afin d’améliorer mes chances de succès puis je profitais de l’absence de Lyrae pour m’interfacer directement à la matrice ce qui allait me faire gagner un temps précieux. A la vitesse de la pensée, je pu ainsi identifier les adresses de 3 compagnies de taxi pour nous emmener à l’aéroport et enregistrer les horaires des vols en direction de Balosar sur les 10 prochaines heures. Restait à faire une bête requête sur les officiels ayant signé le contrat de mariage pour obtenir leur numéro. Je passais un nouvel appel au centre de mariage du quartier de Cohanyl et fut accueillie par une musique sirupeuse écœurante digne d’un établissements de seconde zone qui compensait par l’esbroufe leur manque de moyens .

« Oui, bonjour, pourrais-je parler à M. Num ou M. Nagraph s’il vous plait ? Merci. Je patiente … » petite musique d’attente. « M. Nagraph ? Oui, bonjour, Mme O’Sil. Ouiii tout à fait l’arkanienne ! Vous allez bien ? Moi aussi cela me fait plaisir de vous entendre. Tout se passe bien ! La lune de miel ? Vous pensez bien, on n’arrête pas ! Lyrae est adorable avec moi. Ha, ha, ha. Je suis ravie que notre présence ait été mémorable pour votre cabinet. » Il faut dire qu’un peu partie je n’étais pas la dernière pour mettre de l’ambiance quelque part. « Dites, excusez moi de vous embêter, mais il se trouve que pendant notre déplacement nous avons perdu quelques papiers importants et que vous pourriez peut être nous aider. Vous avez la liste de nos témoins et leurs adresses ? Pour tout vous dire, nous avons perdu le numéro de téléphone de l’orphelinat et je me dis que vous l’auriez peut-être ? » Même un mariage minute nécessitait des témoins et il y avait fort à parier que nous n’avions pas été en capacité d’aller chercher les nôtres bien loin. Ce serait soit des ivrognes ramassés en passant, soit le personnel de l’orphelinat. Une chance sur deux. « Vous avez les noms et profession mais pas les numéros ? Ce n’est pas grave, merci. Oui, je prends note. » Des noms inconnus mais une Marar Pedien, puéricultrice. Une première piste sérieuse ! « Vous êtes adorables, merci ! Ho, à tout hasard, vous n’auriez pas le nom de notre enfant aussi. Ha ha ha, non, je plaisante bien sûr.» Hahum. Raté.

Restait un problème, le réseau de Balosar était très en retard suivant les normes galactiques. J’allais devoir appeler un Syndicat pour obtenir auprès d’eux les numéros des orphelinats qui leur était affiliés puis les appeler tous un par un pour savoir s’ils employaient une puéricultrice du nom de Marar Pedien. Cette partie fut la plus pénible mais, après une bonne vingtaine de minutes d’appels infructueux, je fini par avoir la réponse convoitée. Orphelinat « Contre l’Abandon » Adresse Passage des Rets dans le Quartier de la Sciure. Il suffisait de nous rendre sur place pour avoir tous les renseignements que nous souhaitions sur l’adoption et vraisemblablement sur l’émission télévisuelle à laquelle nous avions participé.

Lyrae n’était pas rentré mais j’avais le sentiment d’avoir bien travaillé ! J’en profitais pour télécharger un logiciel de simulation morphologique d’enfants en fonction du profil des parents. Le résultat semblait pas mal du tout !

J’entendis la porte d’entrée s’ouvrir et le souffle de Lyrae. Je déconnectais précipitamment mon interface neurale et la planquais dans le peignoir. A part s’il venait glisser ses mains à l’intérieur, il ne risquait pas de la trouver.

Je l’interpelais. « Je suis dans la chambre. J’ai trouvé des choses intéressantes.» Toujours renversée dans le lit et les pieds au mur, les jambes dénudées et le peignoir entrouvert, je l’accueilli en lui détaillant mes résultats.

« J’ai les horaires de départ des prochaines navettes, les numéros de compagnie de taxi pour nous rendre à l’astroport et j’ai une demande de nourrice en cours. Je n’ai pas réservé de navette car je ne sais pas dans combien de temps nous partirons exactement. J’ai aussi l’adresse de l’orphelinat et le nom d’une personne à contacter sur place. » Il me traversa l’esprit que c’était peut être beaucoup trop efficace pour une personne normale. Mince. Combien de temps ça pouvait prendre une recherche de vols dans un spatioport . J’avais fait ça en une minute en étant interfacée. Peut-être 5, au maximum ? Et j’avais perdu du temps sur le logiciel de morphose prédictive. Avec un peu de chance ses préoccupations ne lui feraient pas remarquer cette légère incohérence. Je ne me rendais même plus compte du temps monstrueux que pouvait faire gagner le simple fait de ne pas être obligée de prendre des notes. La recherche seule aurait déjà du me prendre entre 20 et 30 minutes.

« Qu’est ce que tu m’as acheté ? », dis-je soudainement curieuse comme une belette. Je me levais rapidement, en plaquant bien le câble d’interface à même la peau et j’allais voir ce qu’il m’avait apporté. A peine les explications données, je reçu un appel d’une des sociétés que j’avais appelé pour une nourrice.

« Agence Deradin ? Oui, je vous passe mon mari. » et je lui collais le commlink entre les mains.
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Lyrae serrait son peignoir autour de lui en marchant, l’allure vive, essayant d’ignorer les regards qui s’attardaient parfois sur sa tenue étrange ou sur ses pieds nus. Ce n’était pas tous les qu’il se promenait ainsi dans un centre commercial, et pourtant, c’était le cadet de ses soucis : il ressassait avec morosité la discussion qu’il avait eue avec Alys. Elle lui avait certifié être très proche de Draayi et Vorkosigan, ce qui était tout sauf une bonne nouvelle. Au-delà de ça, il y avait la double urgence de la situation : empêcher la diffusion du reportage d’une part, et éviter de se faire trouer la cervelle d’autre part.

Et si… Et si les chasseurs de prime la cueillaient ? Il serait débarrassé d’un souci de taille et témoin odieux de sa nuit de débauche dont il ne se souvenait même pas… Mais non, voyons, il ne pouvait pas faire ça. Alys était raisonnable, elle était déjà en train de l’aider à régler la situation. Après quoi, ils divorceraient, et tout serait réglé. Ce n’était rien qu’un cauchemar qui se terminerait bientôt.

Le Chevalier entra dans la première boutique qu’il trouva, esquiva les questions et passa dans les rayons en attrapant ce qui lui semblait judicieux. Pantalon-chemise-caleçon-chaussures de ville pour lui. Le tout dans des ton neutres, histoire de passer inaperçu – plus inaperçu qu’en peignoir. Il ajouta un blouson de cuir noir, puis entreprit de choisir pour Alys une robe vert pastel, un pantalon de toile clair, un tshirt blanc moulant, un gilet sombre, un foulard crème, des chaussures sportives. Il hésita un bref instant, puis ajouta sur sa pile un lot de petites culottes. Le tout était en petite taille – Alys avait l’air d’une crevette, ce n’était pas très difficile de se tromper. Il régla la somme due à une employée qui le regardait avec des yeux ronds avant de leur emprunter une cabine d’essayage pour enfiler sa tenue.

Ouf. Il laissa le peignoir derrière lui et s’enfuit rapidement, ses paquets en main.


***

Il sentit un nœud dans son estomac se contracter plus violemment lorsqu’il ouvrit la porte de la suite d’hôtel. Ce lieu était maudit, et il se demandait ce qu’il allait apprendre de nouveau qui l’affligerait encore plus. Pourtant, lorsqu’Alys apparut à ses yeux, il lui sembla qu’elle avait été tout à fait efficace. Et dans le canapé, le gosse semblait s’être endormi. Les traits du visage du balosar étaient marqués de rouge. Le pauvre petit avait pleuré. Lyrae classa le fait dans la liste des dommages collatéraux de son plan pour régler ses problèmes : rien de dramatique, voyons, les gosses pleuraient toujours pour des broutilles, c’était bien connu, et puis la vie était dure et il fallait bien qu’il l’apprît un jour, pas la peine d’en faire toute une histoire !

- Bien bien, approuva Lyrae en écoutant l’arkanienne qui lui faisait la liste de ses accomplissements. Tiens, habille-toi. Je t’ai pris des trucs différents, j’espère que ça fera l’affaire.

Il lui tendit le paquet de vêtements. Qu’ils plaisent ou non à Alys était le cadet de ses soucis : tant qu’elle pouvait enfiler un truc pour qu’ils puissent s’en aller, cela suffirait amplement.

- On prend la prochaine navette disponible. L’astroport n’est pas très loin, j’ai vu qu’il y avait des speeders qui faisaient des allers-retours juste en bas de l’hôtel, et… C’est quoi ce truc dans ton bras ?

Il avait essayé, au début, de ne pas trop la regarder, gêné par sa nudité qu’il avait pourtant côtoyée quelques minutes plus tôt, mais le détail avait attiré son attention. Le comlink de la jeune femme bipa cependant, et il se retrouva brutalement mis en communication avec l’agence Deradin qui annonçait qu’une personne pouvait être dépêchée à leur hôtel d’ici un quart d’heure.

- Compris. L’enfant vous attendra dans la chambre numéro 502, avec… Pardon ? Non, nous ne pouvons pas rester, c’est urgent et… Rah ! Je n’ai pas un quart d’heure à perdre, votre employée peut bien se présenter à l’accueil non ?! Bon, ok… C’est compris. Pas une minute de plus alors, qu’elle se dépêche ! Et… Oui ? COMBIEN ?

Lyrae crut qu’il allait s’étrangler. Où allait-il trouver tout cet argent ? Inspiration, expiration. Il était u Jedi, il trouverait une solution. Mais plus tard.

- Hum, je veux dire, très bien. Je vous règle l’acompte à l’arrivée de la personne, très bien. Merci.

Le Jedi raccrocha, puis se laissa tomber assis sur le lit.

- Bon, il faut qu’on attende l’arrivée de la nounou, pour payer l’acompte, on est obligés d’être là, pas moyen de partir avant, soupira-t-il.

Il regarda autour de lui, dépité, avant de se rendre compte de l’état de l’appartement : il était sens dessus-dessous. Finalement, ces quinze minutes supplémentaires ne seraient pas perdues : s’ils se retrouvaient avec les services sociaux sur le dos parce que la nounou les appelait pour maltraitance, cela ne ferait que compliqué les choses. Lyrae s’activa donc pour ramasser les détritus, les lambeaux de vêtements, remettre les draps sur le lit, fermer la porte de la salle de bain – trop compliqué à éponger le sol – jeter une couverture sur le gosse…

Finalement, les quinze minutes passèrent rapidement, et enfin une sonnerie se fit entendre. Lyrae vola ouvrir la porte et fit entrer la nounou : une dévaronienne d’une quarantaine d’années, des dents pointues et un sourire carnassier. Pas commode, la nounou… Pauvre gosse, il allait sûrement pas s’amuser des masses av…

- Mains en l’air p’tit gars, on n’bouge plus !

Aussitôt la porte refermée, la dévaronienne avait sorti de sous son manteau le canon d’un blaster pointé droit sur le Jedi. Lyrae obéit, stupéfait, avant de réaliser : les chasseurs de prime qui en avait après elle… Le premier était là ! Il ouvrit la bouche pour crier l’arkanienne de s’enfuir, avant de refermer la bouche : elle devait être dans la chambre, peut-être pourrait-elle se cacher ?

- Alys vel Aath, grogna la dévaronienne. Ou devrais-je dire… Alys O’Sil ?

Un bref silence s’installa entre eux.

- C’est une question ? demanda prudemment Lyrae, toujours les paumes en l’air, sa voix étrangement aiguë.
- C’est un ordre, du con ! Dis-moi où elle est !

Lyrae réfléchit à toute vitesse. Dire qu’il ne la connaissait pas serait sûrement un choix trop dangereux.

- Ah, elle est partie, je ne sais pas où, fit-il au hasard. Elle m’a rien dit. Elle avait un truc important, donc on la retrouvera sûrement plus tard. Vous voulez que je lui transmette un message ?

Sourire de circonstance.

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Je récupérais les habits tendus par Lyrae en approuvant intérieurement ses choix : il avait choisit avec gout. La robe, d’un vert d’eau, était légère et joliment cintrée à la taille. Elle dégageait bras, épaules et possédait un tour de cou dans un col en V très sage. La présence d’un double jupon gazeux de tulle ajoutait à l’aspect innocent de la robe dont la coupe très courte dégageait pourtant mes jambes jusqu’à mi-cuisse avec une pointe de sensualité. J’appréciais également la teinte pastel claire qui irait parfaitement à mon teint d’arkanienne sur laquelle je pourrais laisser mes cheveux dénoués qu’i ls viendraient décorer d’argent. La tenue sportive dénotait également un choix sur. Teintes claires, accessoires bien pensés. C’était un assortiment que j’aurais pu choisir moi-même bien que la combinaison T-shirt moulant sans soutien-gorge ait été un peu osée. Heureusement le gilet venait assagir tout cela. Je me plongeais dans la réflexion des motivations secrètes de Lyrae. Avait-il voulu que je sois simplement à l’aise ? Mais dans ce cas pourquoi choisir un T-shirt aussi près du corps ? Ou bien avait-il eu un doute sur la taille adéquat à prendre ? Mais dans ce cas l’ajustement à la taille aurait dévoilé le ventre et il n’en n’était rien. Même le choix du gilet laissait supposer qu’il s’en était rendu compte et qu’il avait accessoirisé une tenue qui sinon aurait pu être trop coquine pour être portée innocemment. Les deux tenues avaient un point en commun : elles mettaient en avant ma silhouette et étaient plaisantes pour le regard ou l’imagination de Lyrae. Quand à la robe, elle était tout de même courte. Consciemment ou inconsciemment, il avait glissé une note discrètement coquine les deux tenues qu’il avait apportées : soit je lui plaisais, soit il agissait sans se rendre compte de ce qu'il faisait ce qui, dans son cas, me semblait tout autant probable.

« C’est quoi ce truc dans ton bras ? »

La remarque me fit redescendre brutalement de mes pensées avec un poids énorme dans l’estomac. En levant les mains pour déplier les vêtements, le peignoir avait glissé sur la peau et révélé le point d’entrée du datajack. Ce n’était pas très net mais cela resterait visible tant que la peau n’aurait pas été lissée pour faire disparaitre le creux formé par le retrait de la pièce qui s’enfonçait dans mon bras. Prise totalement au dépourvu, je balbutiais une réponse maladroite tandis que mes joues grisaient de gène. Je me frottais le bras nerveusement pour faire disparaitre toute trace.

« Je … ce … rien ! Une … tâche. » J’étais extrêmement mal à l’aise.

« Tu vois, il n’y parait plus. », dis-je en exposant très brièvement l’avant bras tout en bougeant la main.

J’attendis anxieusement sa réaction lorsque je fus sauvée par la sonnerie miraculeuse de son portable. L’agence rappelait Lyrae et c’était le moment d’effectuer une retraite stratégique. J’allais m’enfermer dans la salle de bain en me maudissant pour ma maladresse : une telle erreur pouvait avoir des conséquences dramatiques. Le cœur serré par la panique je m’appuyais sur le rebord du lavabo, une main posée sur chaque pile de vêtements. J’essayais de me persuader que tout allait bien se passer « Il est chevaleresque. C’est ton mari. Il n’a rien vu véritablement. Il ne s’en souviendra plus dans dix minutes. » mais en réalité, je paniquais devant ma bourde. Je jetais le peignoir en travers de l’évier et m’habillait à la va-vite. Hors de question de mettre la robe donc la coupe mettrait mon poignet en évidence. Restait la tenue sportive qui serait de toute manière mieux appropriée si nous devions nous faire rattraper par des chasseurs de primes.

La sonnerie de la porte attira mon attention. Une très longue habitude des problèmes m’avait apprise à associer ce bruit avec l’imminence de complications mais je fus rassurée en entendant Lyrae ouvrir la porte : la nounou était probablement arrivée. Je tendis l’oreille par réflexe afin de me rassurer définitivement tout en entamant le démêlage de mes cheveux et ma main s’immobilisa en reconnaissant accent étranger dérangeant, dévaronien. Lyrae n’avait pas pu ouvrir à n’importe qui tout de même ! Ce n’était pas possible, un Jedi n’aurait pas pu faire une erreur pareille ! Mais il avait dit que sa vie était plutôt rangée. Un technicien rêveur, pas un combattant dans l’âme. Mince. C’était l’attitude normale d’une personne d’ouvrir la porte lorsque l’on attend une visite. J’avais appris la paranoïa et je n’ouvrais même pas à mes livreurs pour peu que j’aie le moindre doute à leur sujet : je préférais leur demander de laisser leur livraison devant la porte et glisser un billet en dessous. Mais Lyrae n’avait aucune raison de se comporter ainsi.

J’entrouvris la porte de la salle de bain pour vérifier la teneur de la conversation. Le ton de l’échange n’était pas vraiment amical et la «nounou » tenait un blaster prêt à faire feu.

« Tu aimes faire le malin, hein. On va quand même faire le tour de l’appartement. Par acquis de conscience, juste au cas où tu me prendrais pour une Jawa. »

Comment allais-je réussir à m’en sortir ? Et surtout je me retrouvais devant un cas qui ne s’était jamais présenté à moi : d’autres personnes dépendaient de mes décisions. Je pouvais m’enfuir, tout laisser tomber comme je le faisais d’habitude mais qu’allait il advenir de Lyrae et de l’enfant. La dévaronienne risquait de s’en prendre à eux, peut-être même de les exécuter pour ne pas laisser de trace. Ou bien les kidnapper et les prendre en otage pour me forcer à me rendre. Lyrae était un Jedi, mais l’enfant ? J’hésitais quelques secondes de trop et la mercenaire commença sa tournée d’inspection. Bloquée dans une pièce sans fenêtre, j’étais acculée. Je devais trouver une cachette. La porte de la salle de bain s’ouvrait vers l’intérieur. Je me collais derrière, serrée contre le mur, et me fis aussi mince que possible. D’expérience, je savais que les gens avaient l’habitude de garder leur main sur la poignée ce qui pouvait laisser un tout petit espace dans lequel j’avais une chance de passer inaperçue. Cela reposait sur un phénomène psychologique inconscient : l’esprit enregistrait la présence du mur, d’une absence d’espace derrière la porte puis il se concentrait sur la pièce vide qu’il fallait analyser. Par chance, la présence de Lyrae était une source de distraction supplémentaire. La dévaronnienne rentra, passa à quelques centimètres de moi sans réaliser ma présence et ressortit. Je suivi la progression de leurs pas jusque dans le salon et la chambre.

« On va attendre son retour alors. Et tu as intérêt à ce qu’elle revienne si tu ne veux pas que ta lune de miel finisse au cimetière. »

Je l’entendis retourner dans le salon, s’affaler sur un fauteuil et dire sur un ton où couvait une colère rentrée.

« Ou bien elle t’a planté là comme elle fait à chaque fois. Elle disparait et les autres épongent à sa place. »

Je tentais de jeter un œil dans le salon. Je pouvais voir Lyrae mais pas celle qui le menaçait. Elle devait être couverte par coin de mur qui m’empêchait de l’apercevoir mais qui l’empêcherait également de me voir si je sortais de ma cachette. A pas de loup, je sortis, un doigt sur la bouche en un signe de silence adressé à Lyrae. Si jamais il exprimait sa surprise ou qu’il me trahissait, j’étais fichue. Il sursauta imperceptiblement en me voyant passer mais ne dit rien. Le cœur battant, je réussis à atteindre la chambre et refermer la porte derrière moi sans être reprérée.
J’avais un plan. Il fallait que j’agisse vite et avec logique. Mon instinct me hurlait de m’enfuir et de les laisser derrière. C’était un Jedi, il s’en sortirait ! Je ne les connaissais que depuis 72h et même moins pour le petit Balosar. Mais c’était mon mari et une Arkanienne n’abandonne pas son mari. Que mes aïeuls me viennent en aide, il fallait au moins que j’essaye.

J’ouvris la fenêtre et m’engageais à l’extérieur, sur un rebord de quelques centimètres. Je pouvais tomber dans le vide à tout instant. Je me collais au mur de toutes mes forces et refermais derrière moi avant de passer un appel par mon comlink.

« Services de police que puis-je pour vous.
- Bonjour. Je suis à l’Hôtel Beltohipa. Mon mari et mon fils sont pris en otage par une mercenaire davaronienne. Je suis coincée à l’extérieur, au troisième étage je risque de tomber dans le vide. J’ai besoin d’aide, s’il vous plait. Vite. » La réponse se fit plus tendue au bout de la ligne.

«Pouvez-vous répéter ? Nous vous envoyons une patrouille. Ne bougez pas, nous allons venir vous chercher. Pouvez-vous nous donner des détails sur la situation ?
- Elle est armée d’un blaster au moins. Peut-être d’armes plus lourdes. Ils sont tous les trois dans le salon pour le moment. Mon fils dort et mon mari est menacé. Je vais gagner du temps pour vous permettre d’arriver mais ne trainez pas, je vous en prie.
- Ne prenez pas de risques inutiles nous arrivons.
- Je vous rappelle.
- Non, restez en l…»

Maintenant, le second appel… Lyrae. J’appellais l’hôtel.

« Bonjour, pouvez-vous me mettre en relation avec la chambre de M. O’Syl s’il vous plait ? Je ne connais pas le numéro, peut être la suite nuptial, au troisième étage. Oui, j’attends merci. »
La sonnerie retentit à côté, plusieurs fois, dans le vide. J’insistais jusqu’à ce que cela décroche. Je reconnus la voix de Lyrae et je deviennais que la dévaronienne qui sevait se tenir juste à côté du combiné pour suivre toute la conversation. Je pris le ton le plus enjoué que je pu trouver dans mon répertoire « je suis proche de tomber dans le vide et il faut faire comme si tout allait bien. »

« Mon cœur ? J’ai pris un peu de retard. J’arrive dans une demi-heure environ. J’apporte le petit déjeuner. »

Les bruits de la rue en contrebas apportèrent en crédibilité et une demi heure de gagnée. Une demi-heure qui allait me permettre de rappeler la police pour leur assurer que ce n’est pas un canular et qu’une patrouille risquait d’être insuffisante. Une demi-heure me faire extraire par l’étage du dessous, faire un topo détaillé et me retrouver devant la porte de ma chambre d’hôtel accompagnée de quatre policiers prêts à intervenir, vêtus de gilets pare-balles et de fusils incapacitants. Le plan était simple je devais ouvrir et me plaquer contre le mur pour les laisser passer quand ils prendraient la chambre d’assaut.

Mais je n’avais aucun moyen de m’assurer qu’il n’était rien arrivé à Lyrae.

Je frappais à la porte, munie d’un gilet renforcé moi aussi. « C’est moi Lyrae, je rentre. Désolée d’avoir été aussi longue. » déverrouillais la porte et me plaquais au mur alors que les policiers pénétrèrent en force dans la chambre.

« POLICE ! On ne bouge plus »
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- Tu aimes faire le malin, hein. On va quand même faire le tour de l’appartement. Par acquis de conscience, juste au cas où tu me prendrais pour une Jawa.

Quelle lourdaude, celle-là ! Lyrae acquiesça à contre-cœur – avec un canon de blaster pointé sur lui, il n'allait pas faire la fine bouche, ils feraient donc le tour de l'appartement. Il tenta de l'emmener d'abord vers la cuisine où Alys ne se trouvait pas mais sans succès, la dévaronienne se dirigea droit vers la salle de bain. Elle ouvrit la porte à la volée, et le chevalier sentit tout son corps se tendre lorsqu'il se prépara à bondir sur la chasseuse de prime pour lui arracher le blaster des mains.
Mais rien de tel ne se produisit : Alys était invisible à la dévaronienne, qui passa rapidement à la pièce suivante. En voilà une aubaine ! Avec un peu de chance, après la tournée, elle repartirait d'où elle était venue et...

- On va attendre son retour alors. Et tu as intérêt à ce qu’elle revienne si tu ne veux pas que ta lune de miel finisse au cimetière. Ou bien elle t’a planté là comme elle fait à chaque fois. Elle disparaît et les autres épongent à sa place.

… ou pas. Lyrae suivit la dévaronienne de retour dans le salon, et se laissa tomber, comme elle, dans l'un des fauteuils. Toute la scène avait bien évidemment réveillé le mioche, qui les regardait tour à tour, effrayé par l'arme brandie par la chasseuse de primes. Une nouvelle fois, ses yeux se remplirent de larmes.

- Papa, c'est la nounou ? couina-t-il.
- Non, et je t'ai déjà dit que je suis pas ton père, rétorqua Lyrae avec un sourire agacé. Allons allons, ce n'est rien, tu vois ? On attend un peu, on verra plus tard pour la nounou...

Et ils patientèrent. Merde alors ! Il n'avait pas que ça à faire, avec ce reportage qui menaçait d'être diffusé ce soir ! En se rongeant les ongles, le chevalier cherchait un moyen d'échapper à la situation. Ah ! Il était un Jedi, il lui suffisait d'utiliser la Force pour manipuler l'esprit de la dévaronienne et...

- Ecoutez, vous allez être raisonnable, vous voyez bien qu'il n'y a rien qui vous intéresse ici, rentrez chez vous, fit-il un vague mouvement de la main après s'être brièvement concentré.

Le dévaronienne resta interdite un bref instant, avant de sourire de tous ses dents rendues sombres par l'usage de la drogue.

- Tu t'es pris pour la reine des Sith, blanc-bec ?


Ok, il avait jamais été très bon avec ce genre de trucs. Quel Jedi minable il faisait. Lentement, il se laissa aller contre le dossier du fauteuil dans lequel il s'enfonça avec dépit. Il fallait qu'il se concentre pour réfléchir. Il fallait qu'il arrivât à discuter avec la chasseuse de prime afin d'endormir sa méfiance, par exemple.

- Tiens, dites-moi... Pourquoi vous dites « comme à chaque fois ? » Vous voulez dire que c'est pas la première fois qu'elle laisse derrière elle...

La dévaronienne partit d'un rire franc et gras, mais jamais elle ne fermait les yeux ni ne déviait le canon de son blaster. Blast, comme dirait Kolin, il était mal barré.

- Quoi, t'es pas au courant ? T'es vraiment tombé de la dernière pluie toi. Vel Aath est recherchée. Dix-mille créd' vivante, à livrer sur Arkania. Mais je compte bien en tirer plus, vu le temps qu'ça fait qu'elle nous trimballe dans la République. Y'a sûrement de quoi marchander, vu qu'l'Echange propose une surenchère... Mais j'traite pas avec eux.

Elle cracha par terre avec un air belliqueux, comme si elle avait une affaire personnelle contre l'Echange. Lyrae fronça les sourcils. C'était pire que ce qu'il imaginait. Apparemment, voilà un bon petit bout de temps que l'arkanienne était recherchée... Et apparemment, son monde d'origine était pas vraiment le lieu d'où elle paraissait être partie par simple ennui. Décidément, plus il découvrait Alys, moins il était rassuré.

- Et pourquoi est-ce qu'elle est recherchée, au juste ?

- Qu'est-ce que ça peut faire ? Tant qu'on m'paye...

Le Jedi allait rétorquer, mais la sonnerie du téléphone interrompit leur conversation. Ils se regardèrent, avant que la dévaronienne lui fît un signe menaçant.

- Tu décroches et tu mets le haut-parleur. Tu dis rien de bizarre. Tu t'en tiens au strict minimum. Au moindre truc de travers, je te troue la cervelle, compris ?

Lyrae fit la moue avant de se lever et d'aller décrocher. La voix d'Alys retentit par le haut-parleur, lui annonçant son arrivée prochaine. On entendait le vent chuinter dans le combiné.

- Ok, à tout à l'heure, fit-il d'une voix atone, avant de raccrocher à son tour.

La dévaronienne parut extrêmement satisfaite. Lyrae, lui, se demandait si Alys n'avait pas trouvé un moyen de sortir du bâtiment, et si elle n'était pas tout simplement en train de s'acheter du temps pour pouvoir s'enfuir tranquillement en le laissant occuper la chasseuse. Ce serait un plan plutôt... Cohérent avec la personnalité d'Alys, non ? Il retourna s'asseoir.

- Bon, voilà, elle arrive, commenta-t-il, sans conviction. On disait quoi ? Ah oui, j'aimerais bien savoir pourquoi elle est recherchée, au juste.
- Un paquet d'emmerdes, rétorqua la dévaronienne, laconique.

Cependant, elle parut soudain de bonne humeur, probablement à la perspective de voir sa proie venir à elle si aisément. Elle se pencha en avant, comme pour faire une confidence au Jedi. Elle avait un sourire à faire peur à un mandalo.

- Moi j'ai entendu parler d'elle pour la première fois quand j'étais sur Commenor, et qu'elle a causé l'effondrement d'une mine parce que son employeur avait pas voulu lui donner l'avance qu'elle réclamait. Le patron d'la MécaCeth en a chié avec les autorités pour expliquer l'existence de la mine cachée, et il a perdu un sacré paquet de crédits. Alors j'ai commencé à la traquer pour lui... Mais quand j'ai vu le beau poisson que c'était et les primes qu'il y avait sur son minois, j'me suis dit que ce s'rait aussi bien d'la retourner au plus offrant.
- Ah ouais, malin, fit le chevalier sans enthousiasme.

Lyrae sentit son estomac se tordre. Est-ce qu'il avait vraiment mis toute sa carrière en danger, sa crédibilité et son amour Luuna et son enfant pour... Une criminelle ? Mais ce qu'il pouvait être con, c'était pas possible. Il pensa à demander s'il y avait des innocents pris au piège dans cet accident mais se ravisa. Il valait mieux qu'il ne le sût pas.

Brusquement, on toqua à la porte. Le bruit les fit sursauter tous les deux. En silence, la dévaronienne se leva et fit signe à Lyrae d'aller ouvrir tandis qu'elle se dissimulait sur le côté. La voix d'Alys se fit entendre, et Lyrae, éberlué, lui ouvrit. Aussitôt, un nuage de policiers s'infiltra dans la pièce, s'empara de lui. Il sentit des mains se refermer sur ses épaules et l'obliger à se courber puis s'agenouiller. La dévaronienne non loin jura entre ses dents et ouvrit le feu. Par réflexe, le chevalier tenta de porter la main à sa ceinture pour y attraper son sabre laser, mais ses doigts se refermèrent sur le vide. Le policier n'ayant pas aimé le geste brusque lui décocha un coup de coude pour le raisonner avant qu'ils ne s'occupent tous du compte de la dévaronienne, qu'ils grillèrent en quelques tirs bien placés. Elle s'effondra face contre-terre, le corps fumant, tandis que Lyrae, toujours sous le choc, était menotté.

Il fallut de longues minutes pour que la situation fût éclaircie. Au bout d'un moment, on convint que Lyrae n'était pas dangereux et il fut libéré, mais tous les deux étaient convoqués au commissariat local pour s'expliquer sur les faits. Un psychologue allait être appelé pour prendre en charge l'enfant. Ce ne fut que de longues minutes plus tard et de nombreuses demandes insistantes qu'on accorda enfin un instant aux deux jeunes mariés pour discuter en privé. Lyrae emmena Alys par le bras dans la salle de bain et il referma brusquement la porte avant d'essayer de s'adresser à elle à voix basse pour ne pas que l'équipe de police ne trouvât leur échange trop suspect. C'était difficile, vu l'état de colère dans lequel il était.

- MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ON ARRIVERA JAMAIS A REPARTIR AVEC LES FLICS SUR LE DOS T'AVAIS PAS UNE AUTRE IDEE ET PUIS QU'EST-CE QUI VA SE PASSER QUAND ILS VONT DECOUVRIR QUE T'AS UNE PRIME SUR LA FIGURE ET JE TE RAPPELLE QU'ON N'A PAS VRAIMENT LE TEMPS DE S'OCCUPER D'EUX ON DOIT RETOURNER SUR BALOSAR POUR CE PUTAIN DE REPORTAGE !!!

Il se rendit compte qu'il oubliait de respirer et inspira longuement pour se calmer. En vain. Sa peau devait être rouge carmin, il sentait son visage en feu. Il se passa une main sur le visage, mais ce fut toujours sans effet. Il serra les dents avant de bloquer Alys contre le mur le plus proche et l'empêcher ainsi de s'esquiver vers la porte.

- Et alors. Aussi. Je veux savoir. C'est quoi ces conneries ?? Comment c'est possible que tu sois recherchée par autant de monde ?? Non mais... L'ECHANGE ?! Tu te rends compte ?? Je veux savoir dans quelle mouise tu m'as fourré si je dois composer avec toi, c'est clair ?

Jamais de toute sa vie il ne s'était senti si énervé. Sauf peut-être ce fameux jour où il avait frappé une sénatrice. Il ne ferait pas deux fois ce genre de connerie, même s'il avait envie de secouer Alys comme un prunier.

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Anonymous
Tout était allé très vite. A peine entrés dans l’appartement les policiers avaient fait feu et tiré plusieurs fois. Les bruits de blasters m’avaient serré le cœur, je craignais pour la vie de Lyrae !

Le calme revint et un agent se dirigea vers moi. « C’est bon Madame, vous pouvez rentrer votre mari et votre fils vont bien. »

Je me précipitais à l’intérieur. Lyrae était étendu au sol, plaqué par un policier qui venait de le menotter. Je courus vers lui et m’agenouillais pour l’aider à se relever, le serrant brièvement contre moi au passage. C’était déjà un geste d’une émotivité folle pour une arkanienne : je m’étais vraiment inquiétée.

« Pas lui, c’est mon mari.
- Il a pourtant essayé de prendre mon arme de ceinturon.
- Quoi ?! »

S’ensuivi une discussion pendant laquelle Lyrae dû expliquer que non il ne cherchait pas à voler son arme. Je le laissais faire car quelqu’un d’autre avait besoin de moi. Le petit orphelin était totalement terrorisé et en pleurs. Il lui fallait une maman, le pauvre, et j’étais la seule à pouvoir remplir ce rôle. Je m’assis au sol et le pris dans mes bras où il vint se blottir en évacuant en grosses larmes toute la tension qu’il avait accumulé pendant la prise d’otage.

« Chut, chuuut, ca va aller, je suis là. » lui murmurais-je à l’oreille en le berçant. Il tremblait, totalement désemparé. L’altruisme n’avait jamais été la qualité première de notre peuple même si à ma manière j’étais une sentimentale je n’avais aucun attachement particulier pour l’enfant. Par contre, si nous l’avions adopté j’étais sa mère et je devais me comporter comme tel. Il avait besoin de moi et je n’allais pas l’abandonner.

Je m’adressais aux policiers.

« C’est mon mari ! Pas un criminel ! Retirez-lui au moins les menottes ! »

Ils finirent par obtempérer et s’ensuivi une discussion ou chacun y alla de sa version des faits. Il en ressortait que j’étais recherchée et que je devais une explication aux autorités, j’allais devoir m’expliquer comme des centaines de fois auparavant. Lyrae était très en colère. Je l’aurais été aussi si j’avais été placée dans une telle situation le jour de mes noces. Quel bazar !

A force d’insistance, il réussi à me trainer dans la salle de bain, sa main fermement serrée sur mon bras. Je contemplais au passage la devaronienne étendue au milieu de l’appartement. Etait-elle morte ? Inconsciente ? Un peu de fumée s’élevait encore de ses blessures. Il nous enferma dans la salle de bain.

« MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ON ARRIVERA JAMAIS A REPARTIR AVEC LES FLICS SUR LE DOS T'AVAIS PAS UNE AUTRE IDEE ET PUIS QU'EST-CE QUI VA SE PASSER QUAND ILS VONT DECOUVRIR QUE T'AS UNE PRIME SUR LA FIGURE ET JE TE RAPPELLE QU'ON N'A PAS VRAIMENT LE TEMPS DE S'OCCUPER D'EUX ON DOIT RETOURNER SUR BALOSAR POUR CE PUTAIN DE REPORTAGE !!! »

Non, il n’était pas en colère : il était furieux.
Je cherchais mes mots lorsqu’il me plaqua contre le mur, son visage à quelques centimètres du mien prêt à exploser à la moindre provocation.

« Et alors. Aussi. Je veux savoir. C'est quoi ces conneries ?? Comment c'est possible que tu sois recherchée par autant de monde ?? Non mais... L'ECHANGE ?! Tu te rends compte ?? Je veux savoir dans quelle mouise tu m'as fourré si je dois composer avec toi, c'est clair ?"

Composer… C’était douloureux à entendre surtout alors que j’étais plutôt fière d’avoir réussi à le sortir de là. Je baissais les yeux et me tortillais pour me dégager le bras qu’il serrait de plus en plus fort sous le coup de la colère.

« Tu me fais mal. Lâche-moi. » De toute manière je ne pouvais pas m’enfuir. Il était prêt à me sauter dessus. Je commençais à douter et à avoir peur. Le « autant de monde » voulait dire qu’il avait discuté avec la devaronienne. Mais de quoi pouvait-il être au courant ? Je répondis tristement.

« Qu’est ce que tu veux que je te dise ? Mon père faisait des expériences sur moi dès ma naissance. Je me suis enfuie et il a mis une prime sur ma tête. Depuis j’essaye de vivre comme je peux et à chaque fois j’ai des problèmes qui s’accumulent. Je m’en sors au jour le jour, voyage beaucoup. Comment tu veux que je sache ? Pour l’Echange … » je n’y couperai pas, autant lui donner l’explication « je ne savais pas que j’étais recherchée, même si je m’en doutais. J’ai aidé un Jedi à faire tomber un Sénateur véreux. Il était responsable de la mort de plusieurs des tiens. Mais mon visage est connu désormais donc je suppose qu’ils me recherchent pour me le faire payer. »

Je gardais la tête basse et levais les yeux vers lui. Coincée comme je l’étais je ne pouvais pas partir, il y avait veillé.

« Je ne suis pas une jedi ou une mercenaire. Je suis technicienne. Tu voulais que je fasse quoi ? Que je débarque dans la pièce en sautant par la fenêtre pour maitriser une tueuse chevronnée ? Je n’ai même pas d’arme et toi non plus. J’ai fait ce qui me semblait de plus raisonnable : gagner du temps pour demander à des professionnels d’intervenir immédiatement. Tu es en vie et notre fils aussi, c’est ça le plus important. Pas ton maudit reportage... »

Je baissais les yeux.

« Maintenant si tu penses que j’ai mal fait, je suis désolée. Je ne pensais pas qu’on nous retrouverait si vite et j’ai fait de mon mieux pour vous prévenir et vous protéger. »

La farce tournait au drame et voir Lyrae me menacer ainsi était difficile à encaisser.
Lyrae O'Sil
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A contrecœur, le chevalier lâcha le bras de l’arkanienne. Il n’avait pas pour intention de lui faire physiquement mal, mais il était furieux et il avait cette drôle d’impression qu’Alys pouvait être comme une anguille de la jungle de Felucia : disparaître le temps d’un clin d’œil pour vous laisser avec un tas d’ennuis. Cependant, il fallait reconnaître qu’elle était bel et bien revenue, alors qu’il en avait douté un instant. Si cette pensée lui permit de se maîtriser quelques secondes de plus, les explications d’Alys lui firent l’effet d’une douche froide. Il resta longuement à quelques centimètres d’elle, à la regarder, perplexe. Mais rien d’autre ne vint, et il finit par réaliser qu’il connaissait presque aussi peu Alys que le balosar qui leur servait d’enfant adoptif. Il s’était imaginé la veille une technicienne sans histoire, puis aujourd’hui une criminelle sans scrupule. Mais la vérité était toute autre. Comme toujours les actes, bons ou mauvais, avaient une explication historique qui conduisait à rendre toute relative la culpabilité ou l’héroïsme de ceux qui les commettaient.

Le Jedi soupira avant de se détourner et de se passer les deux mains sur le visage. Il alla s’asseoir sur la cuvette des toilettes fermée, passablement découragé.

- Non, non, excuse-moi, ce n’est pas toi. Tu as sûrement bien fait.


Ça lui faisait juste un mal de chien de l’admettre : il s’était mis dans de beaux draps tout seul, et régler tous leurs problèmes allaient prendre beaucoup plus de temps qu’il ne se l’était imaginé. Il laissa tomber ses mains sur ses genoux. De rouge, son visage était passé à blanc comme un linge. Trop d’émotions pour une seule journée, beaucoup trop.

- Je ne savais pas, pour ton père, je suis désolé.

Qu’est-ce qu’il pouvait dire d’autre ? Il n’était pas spécialement très fort pour se montrer empathique. Et puis, Alys ne lui faisait pas pitié. Elle était pleine de ressources, elle ne devait sûrement pas être considérée avec condescendance. Il faillit ajouter qu’elle aurait dû le lui dire tout de suite, mais qu’est-ce que ça aurait changé ? Rien du tout. Il aurait fait fi de ces alertes et se serait concentré sur ses propres problèmes, comme toujours. Vraiment, Kolin devait avoir tiré le pire professeur du Temple. Pauvre gosse.

- Bon, je ne vois plus qu’une solution pour nous éviter de passer 48h au poste de police, reprit-il d’une voix atone. Je vais leur dire que je suis un Jedi, et profiter de la confiance que la République a en mon ordre pour faire passer notre présence ici comme une mission urgente. Alors on me laissera partir, on prendra soin du petit le temps que je revienne m’occuper de lui. C’est ma seule chance de retourner sur Balosar à temps.

Il se redressa, puis regarda Alys. Elle semblait toute petite. Il fronça les sourcils.

- Tu peux rester ici, c’est peut-être plus sûr. Etant recherchée par l’Echange et déclarée dans le cadre d’une mission Jedi, tu profiteras d’une protection certaine.

Il s’interrompit brièvement.

- Ou alors, tu peux venir avec moi empêcher la diffusion du reportage. Mais je ne t’y force pas. Après tout, tu n’y es pour rien, je suis censé respecter un code strict et j’ai foiré sur toute la ligne. Tu ne me dois rien.

Expliquer tout ça au Conseil allait être compliqué. Mais ce serait encore pire si le reportage était diffusé. Il tâcha de se convaincre que plus vite il agirait, plus vite il mettrait un terme à toute cette histoire.
Le Chevalier sera releva et prit la direction de la porte qu’il ouvrit, pour aller se présenter aux policiers. Quelques-uns étaient des humains, occupés à relever des empruntes, à photographier le corps inerte de la dévaronienne qui devait du coup être morte, tandis que leur supérieur, un gama-senn à la mine renfrognée, surveillait les opérations. Lyrae se dirigea vers lui d’emblée. L’humanoïde était doté d’une haute taille et d’un ton brun sombre. Sa mâchoire proéminente faisait penser à celle d’un muun, en plus agressive et… dentée.

- Je ne vais pas pouvoir rester parmi vous,
annonça le Chevalier d’emblée. Je suis un chevalier Jedi en mission, et ces deux personnes étaient sous ma protection. Mais je suis pris par le temps, et il va me falloir rejoindre Balosar pour des raisons hautement secrètes, mentit-il avec un aplomb qu’il ne se connaissait pas.

L’alien fit une moue désapprobatrice. Visiblement, l’affaire ne lui plaisait, mais il avait l’air d’être en mesure de se laisser convaincre.

- Je vois, commenta-t-il dans un croassement. Laissez-moi au moins voir une preuve de ce que vous avancez.

Par automatisme, Lyrae porta une main à sa ceinture – mais non, son sabre ne pourrait pas lui servir de preuve comme appartenance à l’Ordre. Il n’avait pas non plus, évidemment, sa carte d’identité égarée. Il ferma un bref instant les yeux.

- Malheureusement, nous avons été attaqués cette nuit, répondit-il en tâchant de garder son sang-froid. Mes papiers et mon sabre laser m’ont été volés. Mais si vous contactez l’Ordre, ils vous confirmeront que j’appartiens bien à leurs rangs et que je suis bien en mission actuellement. Et qu’il me faut être sur Balosar, et vite.

Le gama-senn eut une nouvelle grimace.

- On va vérifier, finit-il par lâcher.

Maintenant, il fallait juste espérer que l’Ordre répondrait très vite. Et que ce contact ne donnerait pas d’alerte au Temple le concernant. Et que ça ne remonte pas jusqu’aux oreilles de Luuna. Ou alors, que tout ça se produise une fois qu’il aurait été en mesure d’empêcher la diffusion du reportage. De toute façon, il ne voyait pas très bien, maintenant, comment il pourrait arrêter la vague – le tsunami – lancé sur son destin.
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Il me fixa un long moment avant de me rendre ma liberté.

« Non, non, excuse-moi, ce n’est pas toi. Tu as sûrement bien fait. »

Bien sur que j’avais bien fait. Il n’y avait pas d’autre solution. Mais je pouvais comprendre qu’il lui faille du temps pour l’accepter. Il était à bout et se faire prendre en otage pendant ses noces n’arrivait pas à tout le monde. Il avait surement besoin d’un temps d’adaptation à mon quotidien.

Je m’interrogeais. Avait-il besoin de réconfort et comment une humaine s’y prendrait-elle ? Ce qui m’aurait semblé naturel dans une relation amicale me semblait soudain bien compliqué avec un mari. J’étais empêtrée dans mon éducation arkanienne et trop froide pour la personnalité sensible de Lyrae. Je m’approchais et posais une main sur son épaule, sans dire un mot, douce et un peu maladroite peut-être.

Il s’excusa. « Je ne savais pas, pour ton père, je suis désolé. »

Je haussais les épaules. Cela faisait parti de mon passé, il n’y avait pas grand-chose à en dire. J’avais pris ma vie en main et cela qui m’avait poussée à dépasser le cadre des conventions et apporté une source inépuisable de joies. A bien y penser c’était même ironique : avec ma vie rocambolesque et toujours sur la brèche je semblais plus heureuse et moins soucieuse que lui.

J’écoutais sa proposition pour nous sortir de là mais elle semblait lui peser. Craignait-il de se faire déjuger par ses pairs ? Encore une fois je me sentais impuissante à comprendre les pensées qui agitaient son esprit de doux rêveur. Bien que presque humaine d’apparence et d’éducation, de nombreuses subtilités m’échappaient chez lui. Pourquoi donc tout cela le préoccupait à ce point ? Les humains étaient décidément très sensibles.

« Tu peux rester ici, c’est peut-être plus sûr. Etant recherchée par l’Echange et déclarée dans le cadre d’une mission Jedi, tu profiteras d’une protection certaine. »

Je secouais la tête.

« Non, je ne peux pas rester. Je ne suis pas recherchée que par l’Echange. Ma meilleure protection c’est de bouger vite et souvent mais ne t’en fais pas, j’ai l’habitude. Je vais t’accompagner sur Balosar et t’aider. Et nous allons emmener le petit. Il vient d’être adopté, tu imagines s’il se faisait déjà abandonner ? Rejeté en 24h et mis au rebus dans la foulée. Il est bon pour une thérapie jusqu’à ses 40 ans.»

Il faisait parti de la famille désormais et nous devions veiller sur lui.

« Je vais t’aider. » J’ajoutais avec un petit sourire en coin. « Même si tu es une brute qui violente les femmes, je vais t’aider.» Rien que d’imaginer sa réaction j’eu un franc sourire.

« Tu prends vraiment tout trop au sérieux, Lyrae. Ecoute, je ne sais pas quelle est ta vie et ce que tu risques exactement mais si mon expérience de fugueuse m’a appris une chose c’est que l’avenir n’est pas défini par ton passé. Tu en fais ce que tu veux chaque jour. Ce que les autres disent ou pense, cela ne change rien à ce que tu es. Tu t’inquiètes pour quoi ? Une émission de TV ? Il y a plusieurs milliards de chaînes dans la Galaxie. Tout le monde aura oublié ce reportage dans une semaine. Le Conseil ou l’avis d’une poignée d’individus ? La Galaxie compte plus de planètes habitables que tu n’auras d’amis dans toute ta vie. Que t’importe ce que pense untel ou untel ? Tu te noies dans une goutte d’eau.»

Je le laissais à ses pensées et sortit de la salle de bain sous le regard suspicieux des policiers. Des messes basses juste après une prise d’otage, il y avait de quoi devenir nerveux.

« Vous avez accordé vos versions ? », m’envoya le plus acariâtre des policiers. Je ne me laissais pas décontenancer « Oui c’est bon, merci. » Je rangeais le regard qu’il me lança, à mi chemin entre la stupéfaction et l’envie de m’étrangler, dans la catégorie des réactions normale que provoquait mon passage quelque part : il ne devait pas avoir l’habitude de discuter avec des arkaniens. Heureusement l’arrivée de Lyrae et son explication suffirent à apaiser les esprits. Nous étions coincés, pressés par le temps et eux de mauvaise humeur. Je vérifiais rapidement quelques informations sur la toile avant de déclarer.

“Et si nous nous rendions au poste ?” Tout le monde me regarda de façon incrédule. Ce n’était pas toujours les jours quelqu’un demandait à se faire embarquer. “Des fois qu’un autre tueur n’arrive. S’il y en a un il n’était peut être pas seul … et les gens de l'hôtel pourraient être menacés.” Les paroles étaient censées mais personne n’avait l’air de réellement y croire. Chacun semblait chercher l'arnaque sans la trouver. Un peu au ralenti, le chef valida ma proposition sous le regard effaré de Lyrae “Bon, on y va.”

A peine mis en route, je me penchais vers lui pour lui montrer mon datapad en précisant à voix basse. “Le poste est juste à côté du spatioport. Nous serons escortés et cela nous évite de payer le taxi, sans compter que si on se fait attaquer à nouveau nous aurons une occasion pour nous enfuir.” L’idée ne l'enthousiasma pas plus que ça je crois.

J’avais occupé l’attente au poste en faisant quelques photos de l’endroit et en m’occupant du petit. Assise sur une chaise, je l’attrapais pour l’amener à portée d’yeux.
“Ca va toi ?” Je le recoiffais et remis droit ses vêtements. Il n’allait pas bien mais au moins était-il dans un environnement sécurisé qui le tranquilisait.
“Nous allons rentrer sur Balosar. Lyrae a des choses importantes à faire sur place.Hum, au fait, tu t’appelles comment ?
- Diath.
- Moi c’est Alys et lui qui gratte aux portes pour sortir plus vite c’est Lyrae.
- Mais... je sais.”
Oui bon, inutile de souligner que nous étions moins responsables que des gamins de 4 ans.

L’attente au poste fut courte, le temps que les messages fassent l’aller retour et que son identité soit confirmée mais Lyrae avait déjà arpenté cinquante fois la pièce la pièce en tout sens. Enfin, nous fûmes libérés.

“C’est bon, vous pouvez y aller” dit un agent agacé de nous voir ainsi jouer avec les lois.
“Dites, nous nous sommes déjà fait attaqués une fois, vous croyez que vous pourriez nous amener directement à l’aéroport et nous éviter les files d’attentes. Plus nous restons exposés plus nous risquons de déclencher une fusillade dans un lieu public.”
L’agacement passa à l’irritation et le tic nerveux qui agita sa mâchoire me conforta dans l’idée que devoir gérer une prise d’otage dans un lieu public n’était pas au programme de sa journée. Encore un qui serait content de se débarrasser de moi.
“D’accord. On y va” grogna-t-il.
Une demi-heure plus tard nous étions dans une navette en partance, retardée exprès pour nous permettre de dégager au plus vite. Je consultais mon datapad.

“Nous devrions arriver dans deux heures, vers 16h. L’émission sera diffusée à 19h. J’ai trouvé quelques photos du bâtiment.”

Je me penchais jusqu’à me trouver contre son épaule et pris une photo de nous deux avant de lui montrer le résultat de mes recherches dans la navette.

“Cela ressemble à un immeuble d’une quinzaine d’étages, Mais ce sont de simples bâtiments administratifs. A l’entrée on peut supposer qu’il y aura un accueil, une sécurité légère. Le plus simple est sans doute d’accéder par les parkings souterrains”. Je lui montrais une autre image présentant l’accès parking. “Difficile de dire quel sera la sécurité à l’intérieur sans y être allé par contre. Je pourrais sans doute pirater leur système de l’intérieur du bâtiment mais je serais toi je ne prendrais pas le risque de faire tout à distance. Ils ont probablement fait des copies de sauvegarde dans différents bureaux, ne serait-ce que pour retraiter les rushs.N’oublies pas que nous avons fait l’émission aussi donc notre présence peut sembler légitime. Tu pourrais même user de ton statut de Jedi pour leur interdire de diffuser l’émission.”

Je reposais l’ordinateur sur mes genoux, me tournant vers Lyrae pour le regarder droit dans les yeux.

“Mais je m’interroge tu sais. Tu es toujours à vouloir faire le bien, montrer l’exemple et là, tu as l’occasion de faire quelque de vraiment bien et de le montrer à un niveau galactique. Un Jedi qui adopte un orphelin ! Tu te rends compte du symbole ? Et tu veux enterrer cela par peur de la réaction de quelques personnes ? J’ai du mal à te comprendre et … je crois aussi que ce n’est pas toi. D’accord, ce n’est pas parfait. D’accord tu auras des problèmes. D’accord tu auras du mal à t’expliquer. Mais le geste en lui même est irréprochable. Et tu veux bafouer tout cela ?” Je me laissais aller contre le siège en m’allongeant, les yeux clos.

“ J’ai l’impression que tu as peur de ce que tu es, que tu n’arrives pas à faire la part entre ton coeur et les préjugés et que cela te rend malheureux. Bon après tu fais ce que tu veux, je ne suis pas Jedi moi.”
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Tandis que les autorités attendaient une réponse de l’Ordre Jedi sur son identité, Lyrae avait pris place sur un siège de la navette en partance pour Balosar, s’efforçant de ne pas ressasser tous les ennuis qui lui pendaient au nez. Il jeta un coup d’œil sur le petit balosar assis à moins d’un mètre, à côté de l’arkanienne. L’enfant ne pleurait plus, il avait le regard vide, cramponné à ce qui semblait être une peluche informe et aussi vieille que lui. Le Chevalier soupira en repensant aux paroles d’Alys à son sujet. Bien sûr que s’ils l’abandonnaient après avoir été adopté à un orphelinat, ils lui feraient un mal fou. Mais ce pauvre gosse était un étranger, et il ne pouvait rien pour lui ! Non, non, ce n’était pas raisonnable de penser ainsi. Le gamin n’avait rien fait. Il ne méritait pas d’être renvoyé brutalement là d’où il venait. Un orphelinat de Balosar… Ce devait être catastrophique. Mais il n’était pas sensible à la Force, alors qu’en ferait-il ?

Lyrae repoussa ces réflexions à plus tard : il fallait se concentrer sur l’instant présent. Alys avait été terriblement efficace en utilisant les services de police locaux pour se faire escorter et même être prioritaires dans l’astroport. Son aisance pour se sortir des ennuis avait l’air d’être d’un naturel… Comme si elle avait un sacré entraînement sur le sujet. Un peu comme lui était particulièrement bon pour se foutre dedans. Quelle jolie complémentarité.

Il se pencha vers l’écran que l’arkanienne lui tendait. L’immeuble moderne de Balosar qui abritait la chaîne de télévision était beaucoup trop clair et propre pour que l’image soit tout à fait fidèle. Il n’en dit rien, cependant, écoutant patiemment Alys lui donner plus d’informations. Elle avait déjà pensé à tout, semblait-il.

- Ça m’a l’air plus sage, en effet, de ne pas nous infiltrer de force. Nous pourrions tout simplement les convaincre de ne pas diffuser l’émission. Par exemple, on pourrait leur dire que l’on craint pour la vie de l’enfant, qu’il risque d’être pris pour cible…

Ce qui n’était même pas tout à fait un mensonge. Diath n’aurait jamais la protection de l’Ordre Jedi. Là où il vivrait, il serait catalogué pour son étrange affiliation. Il valait mieux qu’il ne fût pas, en plus, donné en spectacle à toute la galaxie.

Mais la tirade de l’arkanienne le fit tiquer. Il eut envie de lui répondre qu’elle avait tort, qu’elle ne connaissait tout simplement pas les tenants et les aboutissants de toute cette histoire. Il serait jugé comme irresponsable d’avoir pris une telle décision, et la Force seule savait quelle idiotie, sous l’effet de la drogue et de l’alcool, il avait pu dire face aux holos !

- N’importe quoi, se contenta-t-il de commenter en haussant les épaules.

Il ne voulait pas énoncer ce qu’il pensait devant le gosse, qui aurait pu mal le prendre, mais il était hors de question de montrer ce qu'il avait fait aux holonews. Ce serait tout simplement du suicide. Le reste du voyage se déroula dans un silence seulement perturbé par des commentaires anodins.


***



Comme prévu, le fameux bâtiment avait l’air beaucoup moins pimpant une fois qu’on s’y trouvait. Ses hauteurs se perdaient dans la couche de pollution de Balosar, et les murs au niveau de la rue étaient tagués d’obscénités. Pourtant, un service de sécurité prenait à cœur sa mission devant l’entrée de l’immeuble, constituée de portes vitrées et de portiques de sécurité.

Ils avaient joué la carte de l’urgence. Un Chevalier Jedi accompagné d’une femme qui détenait la carte de visite d’une journaliste avait suffisamment de poids pour que plusieurs appels fussent donnés dans l’entreprise, pour que finalement on acceptât de les faire entrer. Aussitôt à l’intérieur – la déco était dépassée mais elle était dotée d’affiches de films balosari et de photos de figures emblématiques des holonews républicaines imprimées grandeur nature qui donnait à l’ensemble un sentiment de triomphe des médias – Lyrae, Alys et Diath furent aussitôt accueillis par une petite dame ronde dotée d’antennes qui gigotaient à chacun de ses pas guillerets.

- Vous êtes revenus ! s’écria la balosari d’une voix stridente mais chargée d’enthousiasme. J’ai essayé de vous joindre pour que vous assistiez depuis nos locaux à la diffusion, vous avez eu mes messages ?

A l’évidence, la journaliste, elle, se souvenait parfaitement d’eux. Lyrae grimaça un sourire.

- Hé bien non mais… Justement, nous sommes venus pour vous parler du reportage et…
- Ça va être un triomphe, le coupa-t-elle en gesticulant pour ajouter de l’emphase à son propos. Un Jedi qui adopte un petit balosari après l’aide que votre Ordre apporte déjà à notre planète… Monsieur O’Sil, vous êtes un héros, pour nous.
- Ah.

Sourire gêné. Merde alors.

- Oooooh et même le petit Diath est ici ! enchaîna la journaliste en se courbant pour pincer la joue du gosse. Tu vas voir mon mignon, tu n’as peut-être pas commencé avec toutes les chances possibles, dans la vie, mais nous allons immortaliser ce jour qui t’a vu devenir l’enfant d’un Jedi et d’une noble arkanienne. Quelle chance tu as !

Lyrae regarda autour de lui pour se donner une contenance. Tiens, c’était bizarre, cette nouvelle angoisse qui lui tordait l’estomac. Et dire qu’il s’était dit que tout serait terminé… Bon, il fallait qu’il prît son courage à deux mains.

- Ecoutez, madame… hésita-t-il.
- Madame Zaccharios.
- Madame Zaccharios, je pense que… Je vais devoir… C’est-à-dire qu’il y a des choses dans ce reportage qui risquent de poser problème et…
- … et vous voulez le voir avant la diffusion pour vous assurer qu’il n’y a rien de choquant ? Mais c’est normal bien sûr ! Suivez-moi !

Lyrae et Alys échangèrent un regard. Le Chevalier haussa les épaules, la mine contrite. Il n’avait pas eu le courage de dire à la journaliste que c’était bien pire que ça vu l’enthousiasme dont elle faisait preuve. Mais au moins, en visionnant le reportage, il serait certain d’avoir des éléments concrets pour pouvoir refuser la diffusion. Et ils ne pourraient l’en empêcher.

Ils prirent un ascenseur qui les transporta tandis que la journaliste leur demandait si leur voyage de noces s’était bien passé. Ils éludèrent rapidement la question. Bientôt, l’ascenseur les recracha dans un étage élevé de l’immeuble, qui fourmillait de balosari surexcités. Visiblement, tout n’était pas tout à fait prêt pour ce soir.

- Il y a une grosse émission suite au reportage, expliqua la journaliste devant leur air surpris. Un débat sur la criminalité locale, sur le fait que les criminels eux-mêmes utilisent nos services publics de santé et des décisions récentes de Madame Laz’ziark pour corriger tout ça. On attend une forte audience, surtout après le fameux reportage, qui va relancer les espoirs des balosari pour construire une planète meilleure…

Plus les sentiments positifs des balosari étaient invoqués, et plus Lyrae sentait sa détermination fondre comme neige près d’un sabre laser.

- Pourrions-nous nous dépêcher ? Je suis navré mais nous n’avons que très peu de temps…
- Bien sûr, bien sûr, nous sommes arrivés, entrez ici.

Ils pénétrèrent dans une petite pièce recouverte d’écrans. Deux techniciens travaillaient là sur l’incrustation de la bande son au reportage. Ils les saluèrent sans effusion.

- Jerry, Korb, regardez qui est là ! La future famille préférée de Balosar ! Ils veulent jeter un œil sur le reportage, ça ne vous dérange pas de l’envoyer sur l’écran 4 ? fit-elle de sa voix chantonnante, avant de se retourner vers Alys, Lyrae et Diath. Asseyez-vous là.

Elle leur désigna un banc devant un écran. Ils ne se firent pas prier. Madame Zaccharios s’installa auprès d’eux, et le jingle de l’émission fut lancé. Aux premières images, Lyrae ne put qu’être horriblement consterné : il rencontrait des gosses dans un orphelinat, Alys sur ses talons. Il leur montrait son sabre laser, utilisait la Force pour soulever un drap à distance pour les faire rire. Le tout était commenté par une voix off qui donnait tout un tas de détails qui semblaient avoir pour but de l’envoyer dix pieds sous terre.

- … et c’est ainsi que le Chevalier O’Sil est venu travailler sur Balosar, dans le cadre des actions humanitaires lancées par l’Ordre Jedi sur notre planète. Non content de prêter main forte à la construction du dispensaire du secteur C-436, O’Sil a souhaité connaître davantage le secteur et ses acteurs locaux.

Suivant un plan portrait de Lyrae, où il s’exprimait dans un micro face à madame Zaccharios.

- Alys et moi avons décidé de nous mêler à la population locale. Comment pourrions-nous aider des gens que nous ne connaissons pas ? Nous voulions partager leur mode de vie, connaître leurs difficultés.
- Vous n’aviez pas l’air d’avoir eu peur de descendre dans les bas-fonds !
- Absolument pas. J’ai grandi sur Coruscant, vous savez, je sais ce qu’est la misère, je ne l’oublierai jamais…


Nouvelles images. Lyrae et Alys entraient dans ce qui semblait être un taudis. S’asseyaient à la table d’une famille nombreuse, échangeaient avec eux. La voix off poursuivait.

- Quelques heures ont suffi au duo pour prendre connaissances des principales craintes des familles locales : la criminalité, bien sûr. Les mauvaises fréquentations, mais aussi et surtout les maladies qui sévissaient dans le milieu de la drogue.


Gros plan sur Alys, que l’on avait semble-t-il isolé à un moment donné dans un coin de la pièce pour faire une interview « intime ».

- C’est un désastre,
commentait-elle. Nous savions en venant ici que nous allions voir des choses malsaines. Mais nous ne nous attendions pas à un tel désespoir de la part de la population. Et vous savez, mon mari est un grand sensible…

Images du mariage : Alys et Lyrae vêtu comme lors de leur soirée, devant un bureau officiel, face à face.

- Car en effet ! Monsieur et Madame O’Sil viennent tout juste de se dire oui pour la vie.

- Nous nous sommes rencontrés dans cette mission, expliquait Alys. Ça a été un coup de foudre, oui, on peut dire ça !

Retour à l’orphelinat.

- L’engagement du couple devait rapidement se concrétiser. C’est ainsi que Monsieur O’Sil a offert à l’orphelinat son sabre-laser en échange d’un enfant : un acte hautement symbolique de l’engagement des Jedi dans la restauration du bonheur de la planète.
- Je sais que je ne serai pas un père exemplaire, disait Lyrae à la caméra. Toute ma vie, j’ai essayé d’être un Jedi exemplaire. En vain. Mais j'ai compris que la perfection n’est pas de ce monde. Aujourd’hui, j’ai décidé d’offrir ce que j’avais de plus précieux pour apporter un peu de bonheur. Je sais que c'est ce que je peux faire de mieux, même si ce n'est pas parfait.

Le reportage se poursuivit ainsi pendant près d’une heure. Les images l’horrifiaient toutes plus les unes que les autres. Enfin, la torture prit fin avec un jingle qui annonçait le programme suivant. Le Jedi se prit la tête entre les mains. A côté de lui, la balosari se mit à renifler bruyamment, sortit un mouchoir de sa combinaison avant de se moucher.

- C’est émouvant, n’est-ce pas ?

Le gosse pleurait aussi, se rendit compte Lyrae. Mais quelle merde… Il regarda Alys, se rappela ce qu’elle lui avait dit dans la navette. Ce que son acte représenterait pour eux. Il se sentit perdre pied.

- Alors, il y a des choses qui vous dérangent dans ce reportage, monsieur O’Sil ?

Oui, tout !

- Les lumières ont été retravaillées pour donner un peu de couleur à vos teints un peu… Blafards. J’espère que ça ne vous a pas dérangé ?
- Ecoutez, fit le Chevalier, vous ne pouvez pas passer ce reportage.

La balosari en eut le souffle coupé.

- Que voulez-vous dire ? couina-t-elle tandis que de nouvelles larmes perlaient au coin de ses yeux.

Il s’en voulut immédiatement. Les deux techniciens s’étaient retournés, hostiles : ils avaient travaillé toute la journée à la composition du reportage. Refaire toute la programmation de la soirée en seulement une heure et demie serait un casse-tête sans nom. Diath avait levé les yeux vers lui. Le reportage l’avait visiblement bouleversé. Il rayonnait de fierté. Merde.

- Je veux dire… Vous ne pouvez pas passer ce reportage… Exactement comme ça. Je veux dire, il y a quelques petites scènes qui ne peuvent pas apparaître…

Tout le monde parut soulagé.

- Oh, je vois. C’est le moment où vous pleurez quand vous trouvez Diath, hein ? Je me disais aussi que ça ne faisait pas très viril pour un Jedi, mais c’était tellement émouvant…
- Ahem, oui, ça par exemple. Mais surtout… On ne peut pas faire apparaître le mariage.

Lyrae coula un regard vers Alys. Il allait lui falloir une bonne excuse. Il n’en avait pas. Il fallait être honnête.

- Le Conseil Jedi va interdire le reportage, dit-il soudain. Cela va fiche en l’air les relations diplomatiques entre Balosar et l’Ordre, car les Jedi ne sont pas censés se marier, vous comprenez ?

La balosari avait les yeux arrondis de surprise. Elle fit non de la tête.

- Mais enfin, tout de même…
- Imaginez la déception des gens si après le reportage et l’euphorie qu’il provoque, le Conseil Jedi traite cette action d’insensée ? Pire, que se passera-t-il s’ils décident que je ne dois plus rester sur Balosar après ça ?

Yeux de chien battu.

- J’ai mis tellement d’espoirs dans ce projet, Madame Zaccharios… Je vais tout perdre si l’on sait que j’ai épousé Alys. Je vais la perdre elle, pour commencer... fit-il en prenant la main de l'arkanienne comme si soudain, il avait peur qu'elle s'envolât.

La journaliste soupira, le visage radouci. Puis elle se tourna vers l’arkanienne.

- Qu’en dites-vous, Madame O’Sil ?
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