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Lana se préparait tranquillement dans sa chambre. Parmi ses nombreuses obligations de princesse, elle avait celle de rencontrer des gens. Beaucoup de gens. Qui, pour la plupart, la laissait totalement indifférente. Seulement, elle devait se montrer, sourire et faire des compliments vides de sens... Bref, rester courtoise et maintenir son image de marque. Ici, sur Kuat, on l'aimait, on l'estimait. Le peuple était derrière elle, ce qui était très agréable, et surtout nécessaire vu la position précaire qu'elle occupait. A cause de son statut de sith et des noises que lui cherchaient régulièrement, de nombreuses rumeurs couraient à son sujet. Mais tant que le peuple était derrière elle, cela ne resterait que des rumeurs, au moins sur Kuat !

Elle devait en l’occurrence rencontrer un certain Voyl Clawback. Un financier important, d'après ce qu'on lui avait dit. Qui voulait lui parler d'affaires. Comme si cela pouvait lui être d'un quelconque intérêt... Elle avait de l'argent, et gens pour lui assurer qu'elle n'en manquerait pas. C'était tout ce qui importait à ces yeux. Seulement, elle ne voulait pas qu'on l'accuse de ne pas prendre les affaires de sa planète au sérieux. Alors elle irait voir ce banquier, battrait des cils pour l'amadouer, et surtout ne prétendrait pas avoir de connaissances qu'elle ne possédait pas en réalité. Il avait intérêt à ce montrer simple dans ses propos ! Si elle jugeait l'idée globalement bonne, elle le renverrait vers des personnes plus compétentes pour régler les détails.

Même pour une personne de si peu d'importance, elle devait se montrer resplendissante car elle allait se montrer en public. Cela prenait en général beaucoup de temps pour la princesse de se préparer, et bien plus encore lorsque c'était pour une occasion officielle. Venant tout juste de terminer avec l'aide de ses caméristes, elle s'examina dans le reflet d'un grand miroir, tournant lentement à gauche à droite afin de se voir sous toutes les coutures.

Lana n'avait jamais été belle, tout juste quelconque. Pour se démarquer, elle avait toujours dû utiliser des artifices. Tout d'abord la provocation dans sa jeunesse, puis la prestance de son rang et de ses habits depuis son ascension à la noblesse. Elle portait pour cette rencontre une magnifique robe de soie d'un vert émeraude sans fioritures, qui lui descendait jusqu'aux chevilles et plus encore, laissant une petite traîne derrière elle comme le voulait la mode Kuati. Elle avait noué un châle d'un vert clair autour de ses épaules et de ses bras découverts afin de se protéger du soleil de l'après-midi.

Elle s'était fait nouer les cheveux en une longue natte qui lui découvrait le front, laissant voir la tiare princière de Kuat sur son front. Avec les bracelets de bronze qui cliquetaient à ses poignets, il s'agissait là de ses seuls bijoux visibles. Même si elle avait fait attention à son apparence pour cette sortie, elle n'avait pas pour autant sorti le grand jeu ! Ce n'était qu'un banquier qu'elle rencontrait, après tout.

A l'heure convenue, elle se rendit dans un grand restaurant dans le centre de Kuat City, la capitale de la planète. En cette fin d'après-midi, Voyl et elle allait discuter autour d'une collation tardive (ou précoce, selon le point de vue) dans la plus grande intimité, car la princesse avait réservé tout le restaurant pour elle seule, ce qui n'avait pas été très ardu, car c'était une heure creuse pour l'établissement. Ainsi, elle s'installa à une table proche du milieu de la salle, dont les lumières étaient réglées au minimum. Ses grosses lunettes noires disgracieuses, qui la protégeaient habituellement des lumières si agressives pour ces yeux, étaient posées devant elle, et se laissa à balader son regard sur la salle vide.

Elle espérait ne pas avoir à patienter trop longtemps. On ne faisait pas attendre une princesse... C'était une tactique de Lana, arrivé en avance de façon contrôlée afin que l'autre se sente involontairement en retard, et ce même s'il est l'heure. Un rien pouvait déstabiliser ses adversaires et faire basculer une conversation en sa faveur !
Voyl Clawback
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Coruscant - Quartier des Finances - Tour du CBI - 243e étage - 8:24pm

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"Vous êtes parvenu à les contacter ?

-Oui monsieur. Le palais a répondu favorablement à notre demande. Il semblerait que la princesse de Kuat porte intérêt à ces affaires-là, semble-t-il.

-Une bonne chose, si j'ose dire."

Clawback renvoya Reshord et s'enferma dans son bureau. Ils avaient cette fois non pas affaire à la Banque d'Aargau, mais à celle de Kuat. Bien que cette filiale-ci ait rarement fait parler d'elle, les récentes investigations quant à l'implication hypothétique du personnel dans les affaires qui avaient amené à la construction d'une base Sith avaient mené le vice-directeur à s'y pencher. Plutôt que d'attaquer par le biais de ses propres services, il avait choisi de regarder du côté des autorités locales, et du soutient qu'elles pouvaient éventuellement lui fournir pour obtenir ce qu'il voulait : coincer un ou plusieurs responsables sans faire s'écrouler l'édifice.

Après avoir enquêté avec l'aide d'une jeune jedi cathar, après avoir passé de nombreuses nuits blanches à la recherche de ce qu'il aurait dû voir et qu'il avait visiblement manqué, Voyl Clawback s'était décidé à demander un rendez-vous officieux au gouvernement Kuati, représenté en la personne de Lana Anthana. Cette umbarane, très controversée depuis plusieurs années, l'avait surpris en acceptant de bonne grâce sa proposition. Ce qui était loin d'être le cas pour la plupart des têtes couronnées, qui déléguaient allègrement ce genre de tâches, les considérant comme "subalternes". Une nouvelle qui avait mis le vieux muun dans de meilleures conditions à son égard qu'à l'accoutumée. Il avait donc préparé cet entretien avec le plus grand soin, tachant par le biais de ses divers informateurs de mieux connaître celle qu'il allait rencontrer, histoire de ne pas commettre d'impair regrettable. Il s'avéra que la sénatrice Anthana était une personne discrète et secrète. Difficile d'en savoir davantage sans tomber dans l'enquête pure et dure. Ce que Voyl se refusa à faire. Il prit donc les maigres informations qu'il avait à sa disposition pour se composer une fiche de route. Du reste, il était ce qu'il était : froid, raide comme la justice et pas franchement le genre de personne que l'on aime inviter dans les soirées dansantes.

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Kuat - Kuat City - Centre-ville - Restaurant "Le Bantha d'Or" - 10:00am


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Réglé comme une montre à désintégration atomique, Clawback se présenta à l'heure indiquée par le dernier message des kuati à l'adresse convenue. Flanqué uniquement de son garde du corps et de son indissociable secrétaire, le représentant avait fait les choses dans l'ordre. Il s'était d'abord assuré d'avoir , puis il avait envoyé Droomos repérer le lieu : un restaurant très chic du centre-ville de la resplendissante capitale kuati. Ensuite, il avait convenu des détails avec Reshord et délégué ses fonctions pour les jours suivants, au plus grand bonheur de cet arriviste de Key. Et pour finir, ils avaient enfin prris la route de Kuat, une planète que Voyl n'avait visité que deux fois dans sa vie, sans vraiment y séjourner. Vêtu de son inconditionnel costume sombre et de son couvre-chef de représentant, il paraissait aussi austère qu'il ne l'était en réalité. On pouvait prendre ça pour de la transparence. De même qu'il n'avait pas cherché à faire dans le compliqué sur ce qu'il allait présenter : aller droit au but, pas de périphrase. Ce n'était absolument pas son genre.

Lorsqu'ils se présentèrent à l'entrée du grand bâtiment, le service de sécurité princier les accueillit, on traita des affaires courantes et Clawback fut introduit dans une pièce sombre, où l'attendait déjà la sénatrice. Il tâcha de ne rien montrer, mais ce détail le contraria. Était-ce lui qui n'avait finalement pas eu la bonne source, ou bien l'umbarane l'avait-elle piégée ? Elle prenait l'air de celle qui attend depuis longtemps, alors qu'il était l'heure pile...

Elle était plus petite qu'il ne l'avait imaginée, vêtue richement, mais non de manière ostentatoire, ce qu'il appréciait, au contraire de certains. N'ayant que peu de goût pour la gente féminine humaine, il n'aurait su dire si elle était splendide ou quelconque. D'autant plus qu'à ses yeux désormais, une seule créature dans cette galaxie méritait ses louanges à ce sujet.

S'avançant vers elle tout en gardant la distance que lui indiquait le protocole, le banquier s'inclina et se présenta d'une voix parfaitement neutre :

"Votre altesse... C'est un honneur que d'être reçu par vous ! Voyl Clawback, représentant du Clan Bancaire Intergalactique, pour vous servir. "

Et servir mes intérêts au passage, mais cela, Voyl se garda bien de le dire. Il se contenta d'un sourire aimable, qui seyait bien peu à son expression grave.

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Lana n'eut pas à attendre longtemps, car son invité se présenta exactement à l'horaire convenu, et ce quasiment à la seconde près. Comme s'il avait attendu derrière une porte tout ce temps, avec un minuteur électronique greffé dans le crâne... Encore un maniaque songea-t-elle. Les financiers étaient souvent comme ça, d'après ce qu'elle avait pu constater. Et Clawback, qui était une des figures du métier, semblait personnifier la règle à lui tout seul. Elle regarda la silhouette filiforme se tailler un chemin en se glissant entre les tables et les chaises dans cet environnement obscur. Elle profita du laps de temps nécessaire au déplacement du Muun pour le détailler du regard, ses yeux brillant dans l'obscurité tel deux phares.

La sénatrice connaissait bien les Muuns. Les personnes avec de l'argent et du pouvoir semblaient invariablement être entouré de ces financiers humanoïdes, et Lana ne faisait pas exception. Avec son aspect de fil de fer, son faciès étonnamment plat et son crâne chauve, il respectait convenablement les critères de sa race. Les Muuns étant majoritairement des personnes à l'esprit professionnel, elle n'avait encore jamais vu d'individus qui sorte du moule, comme si la race entière n'était formée que de clones du même être originel. Peut être était-ce elle qui n'avait pas l’œil ? L'homme était vêtu de façon austère, comme tout bon banquier qui se respecte, avec un couvre-chef. Si Lana savait que c'était un symbole représentatif de Muun, de la même façon que sa tiare princière, elle aurait été bien incapable de dire lequel.

Alors que l'homme s'approchait d'elle et s'inclinait pour lui marquer le respect qui lui était dû, elle se leva pour l'accueillir. L'homme était grand, c'était un fait. Lana devait basculer la tête en arrière si elle voulait le regarder dans ses yeux, ce qui la contraria sans qu'elle sache trop pourquoi. Elle se força à sourire de façon naturelle, habitude acquise après de longue année d'expérience, et répondit aux politesses du banquier par une phrase dans la langue natale du Muun. Cela était normalement la salutation classique de son peuple, même si elle n'était pas trop sûr de la traduction, ni même si elle l'avait convenablement présenté. C'était tout ce qu'elle savait dire de toutes manières, mais elle avait remarqué que pour beaucoup de races ne parlant pas le basique, une simple phrase dans leur langue natale leur réchauffait le cœur, montrant l’intérêt de leur interlocuteur pour leur peuple.

Ce n'était pas le cas pour Lana. Ce n'était qu'une tactique comme une autre.

Avant de se rompre le cou à regarder le menton du banquier, elle invita ce dernier à s'asseoir, ce qui comblerait en partie leur différence de taille. Elle remarqua que l'homme ne semblait pas en bonne santé. Cela ne lui avait pas sauté aux yeux de prime abord, mais à présent qu'il était proche d'elle, elle notait son teint pâle, les larges cernes sous ses yeux, ainsi que la façon qu'il avait eu de s'asseoir, et qui montrait que l'homme devait avoir des problèmes de dos. En bonne politicienne, Lana était une excellente observatrice. Le brillant de ses yeux faisant disparaitre ses pupilles dans l'obscurité, elle ne se gênait jamais pour détailler ce qu'elle souhaitait, sans qu'on sache où allait réellement son regard.

Elle se retint cependant de lui demander s'il allait bien. Dans le cas contraire, il ne serait probablement pas ici. Et s'il faisait un malaise dans le restaurant, cela lui ferait au moins une bonne excuse pour abréger cette réunion informelle, qui s'annonçait déjà des plus assommantes vu le banquier typique qu'elle avait en face d'elle.

Elle laissa le Muun à sa présentation, et s'efforça d'être attentive. Les systèmes financiers et elle ne s'étaient jamais très bien entendus, si bien qu'elle ne comprenait que les grandes lignes de ce que l'homme s'efforçait de lui expliquer. Pourtant, il avait l'air de faire des efforts, mais ce n'était pas suffisant... Elle perdit d'ailleurs rapidement le fil de la conversation, troublée par un autre sentiment qui la titillait, et qui venait troubler sa concentration sans qu'elle sache réellement ce que c'était. Une sensation ténue, mais qui ne souhaitait pas partir, et envahissait lentement son cerveau en occultant le reste. Mal à l'aise, elle commença à s'agiter nerveusement sur son siège.

Elle parvint finalement à mettre le doigt dessus, alors qu'un sentiment d'urgence la prenait. Elle se sentait en danger. Comment ? Pourquoi ? Ce n'était pas ce banquier qui allait lui faire du mal, il avait été fouillé à l'entrer en plus. Elle étendit ses sens à travers la Force, mais ne sentait rien, excepté Clawback et elle. Aucun assassin ne s’apprêtait à lui sauter à la gorge... Son service de sécurité était encore à l'extérieur à l'attendre, quelle pouvait donc être cette menace ? Ou bien était-elle simplement en train de s'imaginer des choses ? La menace venait-elle de la proposition du Muun ? Impossible, elle ne se sentirait pas aussi paniquée dans ce cas...


- Je... Vous ne sentez pas... quelque chose... ? hasarda-t-elle.

Elle même ne sentait rien, mais peut être que l'homme serait plus sensible qu'elle à son environnement direct.
Voyl Clawback
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A l'extérieur, tandis que les deux protagonistes de cet entretient se saluaient mutuellement, Droomos passait machinalement le bâtiment en revue, sous l’œil surpris de la garde princière. Le chef de la petite escouade aux couleurs de Kuat suivait les aller-venues du gros alien avec suspicion.

" Pourquoi êtes-vous si nerveux ? ronchonna l'humain, nous avons vérifié l'établissement de fonds en comble et personne n'a accès à la salle ! Ce restaurant est parmi les meilleurs de la capitale et je connais personnellement le gérant.

-J'aime pas les bâtiments construit sur ce schéma. Évacuation quasi-impossible en cas d'incendie, sorties à l'arrière et présence de sous-terrains. Et j'aime pas votre façon d'être trop sûr de vous, si vous voulez tout savoir. On connaît jamais assez les gens. "

Le kuati leva les yeux au ciel. Ce qui ne découragea nullement Droomos dans son inspection. Le soldat sur les talons, il leva le museau vers le plafond décoré à la mode locale.

"Qu'est-ce que c'est ?

-Une applique lumineuse , dit l'homme avec une ironie venimeuse. Quoi d'autre ?

-Me prenez pas pour un idiot, grogna le karkarodon, je parle de ce truc-là ! "

Il pointa une zone dans l'ombre, près des décorations. la forme suggérait vaguement une bouche d'aération, mais ils étaient trop bas pour en être sûrs. Le kuati haussa les épaules.

"Aucune idée. Est-ce si important ?

-Cela pourrait, comme ça ne pourrait pas. Mais si vous l'avez pas vu, ça me rassure pas vraiment à votre sujet. "

Cette fois, le soldat grimaça, rouge de colère.

"Eh ! Vous n'allez tout de même pas m'apprendre mon métier, non ?! "

A son tour, l'homme-requin haussa les épaules, son arcade remonta avec un vague mépris derrière ses grosses lunettes noires.

"Z'avez pas idée du nombre de types auxquels je l'ai appris, "votre métier". "

Il tourna les talons et revint vers le couloir qui menait à la salle, toujours gardée par une dizaine de soldats kuati aux uniformes impeccables. Il la sentait pas, cette rencontre. Pourtant, Clawback lui avait assuré que rien n'avait filtré, et qu'il s'était lui-même chargé de prévenir Kuat, sans intermédiaire.

--

Lorsqu'il se redressa, la princesse l'invita d'un geste à rejoindre l'autre côté de la table où elle-même s'assit. La salle n'avait pas été dégagée de sa configuration habituelle et il dut passer entre deux tables pour rejoindre son siège. En passant, il repoussa machinalement l'une des chaises qui, pour une raison quelconque, n'avait pas été remise en place. Il vint se placer face à l'umbarane et tira le siège, se pliant avec difficulté, sans pour autant se départir de son impassibilité. Ils étaient en représentation l'un comme l'autre, bien que les enjeux n'aient pas été aussi clairs pour la princesse que pour son interlocuteur.

" Merci d'avoir pris de votre temps pour nous permettre de vous exposer notre problématique. J’essaierais d'être le plus synthétique possible. "

Il avait pris pour seul bagage son précieux datapad, sur lequel il s'empressa de pianoter tout en introduisant son exposé, qu'il voulait bref... mais bref pour quelqu'un d'aussi pointilleux que Clawback n'était nécessairement bref pour Anthana. Lana, certainement grâce à ses talents de politicienne chevronnée, parvint à lui donner la parfaite illusion d'être, sinon intéressée, attentive à ses paroles. Mais au bout d'une demi-heure d'échange à sens unique, il dut se rendre à l'évidence. la princesse ne lui accordait son attention que par pure courtoisie, et encore. Il fit une légère pause, tachant de ne pas rendre son ton plus rogue, même si son ego fut écorné par cette découverte. il ne s'était pas attendu à être reçu avec enthousiasme - peu de gens extérieur au monde de la finance appréciait les banquiers, préjugés ou non. Leur réputation d'ennuyeux comptables avides les précédait. Faisaient-ils quelque chose pour y remédier ? Pas vraiment. Était-elle méritée ? En voyant Voyl Clawback, on était malheureusement tenté de le croire.

" Je... Vous ne sentez pas... quelque chose... ? "

Surpris, Clawback resta figé une seconde. Le temps de comprendre ce qu'elle venait de lui dire. Le muun se redressa, une vague expression de surprise se peignant une seconde sur ses traits sévères. L'odorat n'était pas, et de loin, son sens le plus aiguisé. Mais ce qui le surprenait surtout, c'était l'air soudain presque paniqué de la femme en robe, comme si un danger imminent venait de surgir de nulle part. Ses mains remontèrent sur les accoudoirs, presque par réflexe, et il tendit l'oreille, faute de sentir quoi que ce soit.

"Hm ? ...Non, il ne me semble pas. "

Mais la nervosité de l'umbarane finit par l'atteindre malgré lui. Sans qu'il n'en ait conscience, la nervosité de la femme pâle faisait écho à son instinct de survie. Pourquoi s'agitait-elle ? Voyl crut un instant qu'elle allait se lever... ou tomber de sa chaise, il ne savait pas.

" Euhm... un problème ? "

Le ton était dégagé, mais Clawback ne se sentait soudain plus aussi confiant. Quelque chose clochait. Il ne savait pas si l'anxiété d'Anthana était contagieuse ou si le malaise était plus profond encore. Mais il lui prenait une oppressante envie de fuir.
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La première sensation qui lui revint fut un goût âcre et râpeux dans la bouche, comme si elle avait avalé du sable. Lana se mit alors à tousser de plus en plus violemment, alors que son corps reprenait lentement conscience de la douleur qui l'habitait. Sur le coup, elle avait l'impression qu'un troupeau de wookies en colère l'avait passée à tabac. Chaque parcelle de son corps semblait la faire souffrir. Recroquevillée, elle ne tenta pas de bouger, pas plus que d'ouvrir les yeux, comme si cela aurait pu la tuer. Ce qui était peut être le cas, pour autant qu'elle le sache. Son esprit était encore confus, et elle se savait en état de choc. Alors que son corps recouvrait lentement ses moyens, elle tenta de rassembler les plus récents lambeaux de sa mémoire.

Elle se rappelait cet état d'urgence qui l'habitait, cette sensation terrible qui l'avait mise en garde contre quelque chose. Seulement, rien ne semblait la mettre en danger. Tout du moins, rien que son hôte ou elle-même ne puisse détecter. Son anxiété était contagieuse, car même Voyl semblait redouter quelque chose. A moins qu'il ne l'ait senti lui aussi ? A la limite de la fébrilité, Lana avait été à deux doigts d'annuler ce petit tête-à-tête formel pour rentrer chez elle, afin de pouvoir y réfléchir au calme.

Et c'est là que tout avait basculé.

Il y avait eu une explosion. Peut être même plusieurs, la sénatrice n'en était plus trop sûre. Le bâtiment tout entier avait tremblé. Un attentat ? Une attaque ? Lana s’était levée de sa chaise d'un petit bond, réagissant au quart de tour après ces dernières minutes d'anxiété. Elle n'eut cependant pas le temps de faire plus que la salle s'effondrait sur elle-même. Voyant les murs se disloquer et le plafond se rapprocher dangereusement, elle avait envisagé un instant tenter de sortir du bâtiment, mais les sorties étaient bien trop loin pour lui en laisser la chance. En désespoir de cause, elle s'était jetée sous la table qui avait accueillie sa réunion avec le banquier, bien maigre protection face aux tonnes de plastacier qui lui tombait dessus ! En effet, bien qu'au sommet d'un building au coeur de Kuat City, le restaurant "Le Bantha d'Or" disposait d'un étage supplémentaire au dessus d'eux...

Et puis, elle avait entendu les débris lui tomber dessus, et elle avait perdu conscience visiblement.

Le souffle court, toussant encore bruyamment pour extraire toute la poussière qu'elle avait avalée, et qu'elle continuait à respirer par ailleurs, elle consentit enfin à ouvrir les yeux. La poussière ambiante lui faisait pleurer les yeux, et elle dût battre plusieurs fois des cils pour voir quoique ce soit. La table sous laquelle elle avait cherché couvert était toujours là. Ayant encaissé la majorité du choc, le pied central de la table s'était brisé, mais son plateau semblait encore entier, enfin plus ou moins, et leur fournissait un abri de fortune un peu bancal face au roc qui leur était tombé dessus. L'un des bords du plateau reposait visiblement sur le sol, tandis qu'un autre se perdait dans les débris au dessus de la tête de l'umbaranne, lui donnant l'impression d'être sous une tente en bois. Enfin, ça c'était parce qu'elle n'avait jamais été sous une tente.

Commençant à bouger lentement de sa position fœtale, Lana entendit des petits débris glisser de son corps dans un raclement de cailloux. Même si tout son corps lui criait le contraire, elle ne semblait pas blessée. Bien sûr, elle avait des contusions et des coupures un peu partout, mais aucune ne semblait particulièrement sérieuse. Probablement parce qu'elle avait réagi rapidement. Elle sentait tout de même une mèche poisseuse de cheveux collée contre sa tempe. Elle s'était sans doute fait une coupure un peu plus grosse que les autres sur la tête, mais vu qu'elle ne semblait pas prostrée dans une flaque de son propre sang, ce ne devait pas être si grave que ça. Elle s'en sortait plutôt bien à vrai dire. Instinct de survie oblige.

Elle essaya de se redresser un peu, dans la petite cavité exigüe où elle avait trouvé abri. Il n'y avait vraiment pas beaucoup de place ici, l'air était saturé de poussière, et il faisait terriblement sombre. Sur ce dernier point au moins, cela arrangeait Lana ! S'appuyant sur un bras tremblant, elle remarqua que sa robe était dans un piètre état. La somptueuse soie verte était devenue grise de poussière, et était déchirée à de nombreux endroits. En se redressant, elle manqua de heurter leur plafond improvisé de bois et de plastacier. Elle ne pouvait même pas se tenir assise tant l'espace était réduit !

C'est alors seulement qu'elle remarqua Voyl, à côté d'elle.
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Ils étaient tranquillement attablés, ayant jusque-là une discussion posée et courtoise comme deux personnes discutants d'intérêts importants. L'instant d'après, ce fut le chaos le plus total. Ce qui se produisit n'eut aucun sens pour Voyl. Tout se déroula si vite que, dans son esprit figé par la stupeur, il n'y eut plus qu'une intense lumière blanche, aveuglante. Puis, plus rien. Le noir total.

"Je suis mort ?" fut la première idée qui lui traversa l'esprit, tandis qu'il flottait loin de toute attache, dans les limbes de l'inconscience. Une expérience étrange.


"Voyl ? Ne soit pas ridicule. Ouvre-moi. "

" Était-ce bien le résultat attendu ? J'en doute. "

" Mettez tout ça ici. "

" Un problème ? "

" Mais non, voyons ! C'est une twi'lek. Une twi'lek bleue ! "

" J'aimerais tant rester à vos côtés. "

" Et moi donc. "

Les images se succédaient sans suite, comme une multitudes d'arrêts sur image, le tout passé à l'accéléré. Et puis, le torrent de souvenir se tarit. Voyl se retrouva seul. Seul dans le noir de l'inconscience, il n'était plus qu'une suite décousue de pensées flottantes, détachées, incongrues. Cet état dura... du moins, il en eut l'impression, car toute notion de temps était devenue impossible.

Doucement, Clawback commença à ressentir les prémices de son retour à la réalité. Quelques sensations lui revinrent, comme celle d'être allongé quelque part. Une sensation d'extrême lourdeur, désagréable. Puis il fut assailli par d'autres impressions, de plus en plus désagréable. Lorsqu'il parvint à entrouvrir les yeux, il ne vit rien d'autres qu'un sol poussiéreux et sombre. Il n'y avait plus de lumière. Une seule bouffée d'air le fit suffoquer, tousser comme un perdu. Le monde autour ne se composait que d'ombres mouvantes et d'un épais nuage ocre qui recouvrait tout. Son corps refusait de bouger. Il se sentait infiniment lourd. Pire encore, il lui venait l'étrange impression d'être pétrifié. Il respirait avec grande difficulté et un goût métallique lui emplissait la bouche.

Complètement déboussolé et choqué, Clawback tourna la tête sur le côté et aperçut une forme remuant dans la pénombre. Il chercha à se redresser...

Et la douleur le foudroya sur place. Bouche entrouverte, noyé, il ne parvint qu'à produire un son indistinct, plus proche du râle d'agonie que d'une phrase construite.

" A... l'aide... ! "

L'horreur le glaça lorsqu'il réalisa : tout s'était effondré autour de lui, la salle n'était plus qu'un champ de bataille empli d'une épaisse poussière et d'un fatras inextricable. Ses jambes avaient disparues sous les tonnes de gravats hétéroclites. Il était coincé comme un rat, pris dans un piège mortel dont il venait à peine de prendre pleinement conscience. Pour la première fois, il réalisa qu'il allait mourir. Jamais, de toute son existence, Voyl n'avait eu aussi mal. Ni aussi peur...

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Continuant à tousser, les yeux larmoyants à cause de la douleur mais surtout de la poussière, Lana tentait de se remettre de son état de choc. Elle se força à reprendre son souffle. Tout semblait si irréel autour d'elle... Peut être faisait-elle simplement un méchant cauchemar ? Peut être était-elle au final toujours dans son lit douillet, loin de tout danger et de tout financier ? Elle porta la main à sa tête pour tâter précautionneusement sa blessure, et constata qu'elle avait perdu sa tiare. Même si ce n'était qu'un simple détail, cela lui semblait capital sur l'instant. Où était passée sa tiare ?! Elle ne pouvait pas la perdre. Les gens ne la reconnaitraient plus. Elle devait la retrouver Complètement déboussolée, elle commença à gratter les décombres autour d'elle, s'écorchant un peu plus les mains sur les gravats.

Une sorte de râle d'agonie la tira de sa rêverie. Elle secoua la tête, encore incertaine de ce qu'il se passait. Oui. Voyl. A côté d'elle. Elle avait mal au crâne... Les gémissements venaient près d'elle. Le Muun était allongé au sol, et geignait mollement. Lana remarqua qu'il avait vraiment rétréci. Les gravats avaient-ils le pouvoir de réduire la taille d'un extra-umbaran ? Non c'était stupide. Elle n'avait plus les idées claires, et son crâne lui faisait toujours aussi mal. Visiblement, le financier avait les jambes complètement bloquées sous les décombres. Ça devait terriblement douloureux par ailleurs. La sénatrice étouffa un rire. Elle était plus grande que lui maintenant ! Puis elle se dit que ça n'allait vraiment plus dans sa tête.

Elle se contorsionna pour écarter un rocher qui la gênait.


- Toujours en vie ? demanda-t-elle en toussant, avant de prendre conscience de l'idiotie de la question.

Elle se pencha au dessus du Muun pour l'examiner, s'aidant de ses mains plaquées pour rester dans un équilibre précaire. Elle sentait de petits éclats de verre et de béton s'incruster dans sa chair, sans pour autant s'en inquiéter. Elle avait tellement mal partout ailleurs qu'elle n'était plus à ça prêt ! Visiblement, il respirait encore, ce qui n'était pas une mauvaise chose. Elle aurait détesté passer les prochaines heures en compagnie d'un cadavre. Enfin, dans son état d'esprit actuel, peut être aurait-elle continué à lui parler, même après sa mort. Plus rien ne lui semblait logique, de toute manière !

Elle reprit sa position initiale, et constata que ses mains étaient maculées de poussière, de petits débris et de sang. Elle mit quelques secondes avant de se dire que ce n'était probablement pas le sien. La couleur même ne correspondait pas. Elle se redressa brusquement au dessus de Voyl, ce qu'elle regretta immédiatement. Sa tête lui tournait encore. Elle vit cependant qu'une flaque sombre s'étendait sous l'homme. Il avait toujours été aussi pâle ?


- C'est à vous tout... tout ce sang là ?


Pourquoi lui sortait-elle des bêtises pareilles ?! Même elle se rendait compte après coup que cela n'avait aucun sens. En état de choc, elle ne parvenait plus à faire la part des choses. La retombée d'adrénaline lui faisait perdre ses moyens. Elle était complètement perdue. Elle se prit la tête à deux mains en gémissant. Que pouvait-elle faire ? Elle détestait ce sentiment d'impuissance. Tout ça n'était probablement qu'un cauchemar. Puis, plus par instinct qu'autre chose, elle posa ses deux mains ensanglantées sur le torse du Muun, et invoqua la Force.

Si Lana n'était pas une très bonne guérisseuse, elle savait tout au moins arrêter une hémorragie avec l'aide de la Force. C'était toujours utile. Elle puisa dans ses maigres ressources pour effectuer les premiers soins dans le corps meurtri de son compagnon d'infortune. Cela lui permettrait peut être de tenir jusqu'à ce que quelqu'un les déterre. Le petit espace qu'ils partageaient bien malgré eux commença à tourner dangereusement autour d'elle. Elle était à bout de force. Le souffle court, elle retira les mains du corps brisé du Muun, et bascula sur le côté pour se rouler en boule le temps que la tempête se calme, les mains serrées autour du crâne. Elle venait probablement de sauver une vie. Elle avait de quoi être fière.

Brutalement, elle se dit qu'elle venait de faire une terrible erreur.

Pourquoi avait-elle sauvé le Muun ?!
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D'intelligence froide et calculatrice, l'esprit de Voyl n'était plus qu'un instinct de survie fou et apeuré, impuissant face à une situation qui le dépassait. Chaque centimètre de son corps hurlait de souffrance. Un militaire aurait serré les dents et cherché une solution, un Jedi aurait sans doute eu recours à la Force. Mais lui, qu'avait-il ? Il était sans défense face à tant de douleur. Il en perdait la raison. Ses cordes vocales enrouées ne parvinrent qu'à produire un son déchirant lorsqu'il retomba contre le sol, incapable de supporter l'explosion que lui renvoyaient ses chairs déchirées par les éclats tombés du plafond.

Une silhouette indistincte était penchée sur lui.

"...niour en ...ie ? "

Voyl ouvrit la bouche et la referma. Il n'avait pas compris. Les acouphènes lui renvoyaient des centaines d'échos qui rendaient les paroles de l'ombre incompréhensibles. Mais le ton semblait doux, apaisant. Il fixa la silhouette, éperdu, tandis que la vie le fuyait sans qu'il ne puisse rien y faire. Peu importait ce qui s'était passé, qui, pourquoi, comment. Plus les secondes passaient, plus la douleur refermait ses griffes hideuses sur lui, et plus le muun sentait sa fin proche. Un sanglot silencieux lui échappa. Il ne voulait pas. Il luttait intérieurement avec la rage du désespoir. Immobilisé sous peine de voir sa colonne vertébrale se briser comme du verre, il ne bougeait presque plus, une tache visqueuse se répandant peu à peu autour lui.

"C'est à vous tout... tout ce sang là ? "

La question, complètement absurde, prononcée sur un ton presque dégagé, le ramena à lui quelques secondes.

"...La...n...Lana...? "

Lana. Lana Anthana. Le nom lui revint brusquement. L'umbarane était avec lui, elle était vivante. Une étincelle d'espoir dans le noir. Il tressaillit et fit une piteuse tentative pour se redresser vers elle. Mais son mouvement lui arracha un hurlement et il retomba, agité de spasmes.

Une main se posa sur sa poitrine, au niveau de ses cœurs affolés. Au début, il n'eut rien d'autre que la sensation de la paume se pressant contre sa veste déchirée. Puis, lentement, une intense chaleur se diffusa à partir de ce point. Voyl retrouva une once de lucidité, stupéfait par ce qu'il sentait. La douleur refluait, comme endiguée par une puissance mystérieuse. Son corps blessé était devenu un immense champ de bataille entre l'aura lancée par la main et les dégâts et autres infections. Il rouvrit brusquement les yeux, à la fois ébahi et terrifié par ce miracle impossible. Les plaies béantes de son torse avaient coagulé à une vitesse prodigieuse, stoppant l'hémorragie qui l'avait laissé exsangue. Lorsque la sensation disparut, la main se retira. Voyl respira avec difficulté, soulagé. Mais bien vite, le repos offert par son ange gardien s'effaça de nouveau devant l'attaque cruelle de ses nerfs à vif.

" Pitié, faites... que cela cesse... C'est insupportable...murmura-t-il, dents serrées et le regard perdu sur l'énorme plaque de permabéton qui les surplombait, menaçant de faire céder les maigres appuis qui leur avaient sauvé la mise à tout instant. "

Mais rien ne répondit à sa supplique. A côté de lui, la sénatrice s'était repliée en position fœtale, visiblement affaiblie. Ils étaient seuls, blessés, et incapables de se dégager de ce piège mortel.

Après de longues minutes d'un calvaire dont il se souviendrait tout le restant de ses jours, Clawback sombra de nouveau dans les limbes de l'inconscience, à bout de forces. Sa dernière pensée fut que jamais, même dans ses pires cauchemars, il n'avait songé à une fin aussi misérable.

--

Dans la rue, c'était la panique générale. Cinq explosions simultanées avaient retenti, et un battement d'aile de papillon plus tard, tout le somptueux édifice s'effondrait sur lui-même, le poids de ses étages distordant complètement les structures métalliques qui lui servaient de squelette extérieur. Les forces de l'ordre kuati n'avaient pas mis bien longtemps à se rendre sur le lieu du drame, informées de la présence de victimes sous les décombres.

A l'étage, coincé dans le couloir dont les murs avaient pris des allures de toboggan géant, Droomos et les gardes tentaient de gravir les éboulis pour sortir, en vain. Tôt ou tard, le sol allait se dérober sous leurs pieds, et s'en serait terminé d'eux.

Le plan de sabotage, ils en serraient plus tard certains, avait été d'une grande méticulosité. De telle sorte que plusieurs minutes après les explosions, on ne pouvait toujours pas être sûr de la stabilité des gigantesques morceaux de permabéton, brisés par les détonations d'une ampleur colossale. S'il y avait des survivants, ils ne le resteraient pas très longtemps.

Sans perdre une seconde, les équipes arrivées sur place s'engouffrèrent dans l'immeuble en ruine, sous le regard médusé des passants, encore sous le choc.

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Lana resta recroquevillée dans son coin un bon moment, sans plus se soucier des gémissements de Voyl. Elle était épuisée, et perplexe. Par pur instinct, elle avait utilisé la Force pour soigner le Muun. Avait-il compris ce qu'il s'était passé ? Probablement pas. L'homme était devenu plus proche de l'animal qu'autre chose à cet instant, seulement mû par son désir d'échapper à la douleur. Cependant, s'il survivait... Il n'était pas idiot. Enfin, probablement pas. A moins qu'il ne garde des séquelles neurologiques définitives, mais c'était peu probable. Non, Lana était quasiment certaine qu'il arriverait à comprendre ce qui s'était passé s'il se sortait de cette sombre histoire. Après tout, les tours de passe-passe des jedi étaient bien connus.

Pourquoi diable avait-il fallu qu'elle le soigne ? Il n'était certes pas tiré d'affaire, mais il avait ses chances. Peut être pourrait-elle l'achever sur place, au cas où ? Non, mauvaise idée. Les médecins légistes seraient sûrement capable de dépister précisément la raison de sa mort. A part le laisser agoniser, elle ne pouvait pas faire grand chose pour mettre fin à sa vie sans que cela ne paraisse suspect derrière. Et si elle le laissait souffrir, et qu'il s'en sortait en vie, lui en voudrait-il ? Il avait bien compris qu'elle pouvait soulager ses maux. Elle ne pouvait pas se permettre de le laisser dans la confidence. Elle ne pouvait le laisser gambader librement, alors qu'il connaissait son secret.

Son statut d'utilisatrice de la Force ressemblait de plus en plus à une malédiction. Elle n'aimait pas les sith, et les jedi ne l'aimaient pas elle. Depuis qu'elle était sénatrice, elle marchait sur un fil très fin, qui menaçait de se briser à chaque instant. Il suffisait que les jedi regroupent suffisamment de partisans pour la faire tomber. Ils avaient en plus parfaitement raison d'agir ainsi, car si elle avait été du côté de l'Empire, elle aurait pu frapper la République à un point particulièrement sensible. Tant que les jedi en avaient après elle, une épée de Damoclès pendait au dessus de sa tête. Et si d'autres personnes commençaient à entrer dans la confidence... Cela allait devenir de plus en plus dangereux pour elle. D'autant plus qu'elle ne connaissait pas Voyl. Elle n'avait aucun moyen de pression sur lui.

Si seulement son mal au crâne voulait bien partir... Elle pourrait réfléchir un peu plus librement.

Elle ne voyait que deux solutions. Laisser souffrir Voyl en espérant qu'il finisse par connaître une mort lente et douloureuse, et ainsi risquer de se le mettre à dos dans l'éventualité où il survive, ou alors tout faire pour le sauver. S'il mourrait, le résultat revenait au même, mais s'il survivait, elle pourrait se le mettre dans la poche. La majorité des individus se sentiraient redevables envers quelqu'un qui venait de leur sauver la vie. Les idiots ! Heureusement, Lana n'était pas de ce genre là ! Et si Clawback non plus... Et bien, elle était plus puissante que lui. Elle maitrisait la Force, elle avait bien plus d'influence que lui, et était plus riche d'une certaine manière, vu qu'elle avait une planète entière pour la soutenir. Elle pourrait ainsi lui mettre la pression.

Vu sous cet angle, le choix était vite fait. Autant tenter de ranger le Muun de son côté.

Elle tenta de se relever, et se rallongea immédiatement, roulée en boule. Elle avait la tête qui tournait, et voyait mal. Elle porta la main à son œil droit, et tenta maladroitement d'essuyer le sang qui le recouvrait. La blessure à sa tête continuait de saigner. Elle se souvenait vaguement de quelque chose sur les blessures au crâne, qui avait tendance à saigner abondamment sans pour autant être grave. Elle se tâta précautionneusement le haut du crâne, et constata la présence d'une croûte immonde à moitié coagulée dans ses cheveux. Elle ne pouvait pas y faire grand chose à présent, elle avait visiblement arrêté de saigner sur le coup. Plus doucement cette fois-ci, elle se releva, et se pencha à nouveau sur le Muun. Il respirait encore visiblement. Dommage.

Elle le gifla doucement pour le réveiller. Vu son état, s'il restait inconscient, cela risquait d'être définitif. Cependant, ce n'était pas ça qui motivait Lana. L'homme devait être conscient pour comprendre qu'elle tentait de lui sauver la vie. Inutile de s'acharner si personne n'était témoin de sa 'bravoure'. Quand Voyl sembla émerger des bras de Morphée, elle apposa une nouvelle fois ses mains sur son torse, et utilisa la Force pour apaiser sa douleur. Elle avait stoppé l'hémorragie, ce qui était le plus urgent, mais le reste de ses blessures étaient bien au delà de ses forces restantes. Même en pleine possession de ses moyens, elle aurait douté pouvoir y faire quoi que ce soit. Heureusement pour elle, endormir les sens pour apaiser la douleur du Muun était encore dans ses moyens, compte tenu de ses maigres réserves d'énergie.

Alors qu'elle s'affairait, contorsionnée inconfortablement au dessus du financier, elle grogna sous l'effort :


- Restez avec moi. Si vous fermez... Kof Kof... Elle se mit à tousser pour expulser la poussière qui lui rentrait dans la bouche... Les yeux, vous ne les rouv... Kof... rouvrirez peut être plus.

Cette poussière était réellement exaspérante, lui donnant une voix rauque et une soif douloureuse.

- La douleur... Ça... Kof... va mieux ?

Elle appuya sa phrase en accentuant la pression de ses mains sur le torse malingre du Muun. Elle tenait vraiment à ce qu'elle sache ce qu'elle faisait pour lui, car il devrait en payer le prix.
Voyl Clawback
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Peut-être la mort vaut-elle mieux que ça, songea Voyl lorsque la douleur recommença à gagner du terrain.

Il n'était pas conçu pour résister à la douleur. Trop frêle, trop habitué à ne souffrir que des maux qui affectent les personnes enfermées dans leurs tours d'ivoire. La seule vue de ses chairs déchirées le rendait malade. Il n'était pas soldat et ne le serait jamais. Rien ici ne pouvait l'aider : ni son intelligence, ni ses connaissances, ni même son sang froid. Il se retrouvait seul face à quelque chose d'inconnu qui le laissait désarmé. Et Clawback haïssait cette sensation, comme certainement la plupart des siens.

De quoi était-il question ? Il n'en savait plus rien. Il se débattait contre quelque chose d'immatériel, d'impossible à atteindre.

Une gifle ! Voyl battit des yeux, incertain d'avoir vraiment senti quelque chose. Penchée au-dessus de lui, la sénatrice Anthana. Avait-il rêvé ou l'avait-elle...? La douleur oblitéra bien vite ses réflexions. La sensation de sentir la vie le fuir le faisait paniquer comme jamais.

" Restez avec moi. Si vous fermez... Kof Kof... Les yeux, vous ne les rouv... Kof... rouvrirez peut être plus. "

Il mit de nouveau un temps infini à saisir le sens de ses paroles. Lorsque ce fut le cas, un frisson glacé lui remonta le long du dos : non, il ne voulait pas mourir ! Pas ici, pas comme ça ! Il remua faiblement, son corps ne répondant plus à ses sollicitations.

"N-Non...! "

Sa voix était méconnaissable, terrifiée. La peur et la confusion l'empêchait d'y voir clair. Sa réaction n'était plus celle d'un intellectuel, juste celle d'un homme qui sent sa propre fin arriver. Une idée proprement insupportable pour Clawback. Jamais il n'aurait pensé finir de cette manière. C'était... non, il n'osait pas y penser, cela lui retournait l'estomac. La main de Lana revint se poser contre lui et il frémit à nouveau. Et le miracle se répéta : une chaleur jaillit de nulle part et fit refluer la souffrance. Lui faisant regagner quelques parcelles de lucidité et de sang froid dans ce tourbillon de malheur.

" La douleur... Ça... Kof... va mieux ? "

Il hoqueta, le sang lui remonta de par la gorge. Une quinte de toux plus tard, il parvint à hocher laborieusement la tête en signe d'assentiment.

" C...comment... faites-vous ...ça ? Qui... êtes-vous ? "

Un éclat de surprise et de stupeur mélangées était passé au fond de ses prunelles devenues sombres. Comment avait-elle produit un tel miracle ? Cela défiait tout bon sens. C'était une aberration physique ! Et pourquoi était-elle soudain si douce ? Tout se mélangeait, la tête lui tournait encore, ses cœurs parvenant difficilement à réguler sa tension après une telle hémorragie.

A peine Voyl avait-il posé sa question qu'il la regrettait. Il ne voulait pas savoir, car instinctivement, il avait compris que la réponse lui ferait horreur. Mais quand le baume impalpable que lui prodiguait l'umbarane disparut à nouveau, il chercha frénétiquement sa main, à l'aveugle, comme un drogué en manque. Elle était son salut, la seule chose à laquelle se raccrocher. Si elle s'en allait, si elle le laissait, il le savait, il ne s'en relèverait pas. Dans son délire fiévreux de blessé, il ne la voyait plus vraiment telle qu'elle était. Il aurait tant voulu qu'elle soit twi'lek aux yeux d'or, celle dont le sourire valait bien toutes les étoiles de la galaxie...Il aurait voulu pouvoir mourir dans ces bras-là. Ses yeux à moitié aveugles cherchaient désespérément les siens dans tout ce noir.

" Je...ne... C'est... Ne me laissez pas. "

Il referma les yeux, épuisé. Sa faible poigne se referma sur la main froide de la proche-humaine.
Je vous en prie.

--

Dehors, les droïdes excavateurs entamaient leur travail : des tonnes de gravats à déblayer pour laisser passer les chercheurs et secouristes. Les unités droïdes envoyées en éclaireur avait repéré des zones infrarouges laissant penser qu'il y avait encore des survivants. Toutes les équipes s'étaient mise à l’œuvre sans tarder : c'était désormais une question de minutes. Au pied du magnifique immeuble, désormais vulgaire château de carte éventré, une foule hétéroclite grouillait. Et les journalistes kuati débarquaient presque aussi vite que les secours.

" Là ! On tient quelque chose ! "
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Voyl semblait dans un état inquiétant, proche d'une crise d'hystérie ou de panique. Heureusement qu'il ne pouvait pas bouger, cela réduisait les risques pour Lana. C'était probablement la première fois qu'il était réellement en danger... Après tout, c'était un simple financier. Pour Lana, la situation n'avait rien d'exceptionnelle. Certes, elle n'était pas non plus banale, mais ce n'était pas la première fois qu'elle risquait sa vie après un attentat ou une attaque. Et ce ne serait pas la dernière, visiblement. Une triste constatation sur sa vie, mais son côté sith lui attirait toujours des ennuis. Tout comme son statut de sénatrice. Et le fait qu'elle agissait généralement au quotidien comme une personne détestable une fois qu'on comprenait ce qui se cachait derrière ses paroles mielleuses !

Heureusement, il était encore un peu lucide, et comprenait que Lana lui sauvait la vie. C'était toujours ça de gagner. Bien que le Muun bredouillait quelques questions, elle était persuadée qu'il avait saisit que la personne qui se tenait en face d'elle utilisait la Force. S'il ne faisait pas le lien, il le ferait dés qu'il serait en meilleur forme, à l’hôpital. S'il restait en vie en tout cas. Dans le cas inverse, tout ceci n'avait guère d'importance. Cependant, il faudrait à la jeune umbaranne mettre les points sur les 'i' très rapidement, avant qu'il ne raconte l'histoire bien peu glorieuse de la véritable identité de la Sénatrice de Kuat...

Elle commençait à entendre des bruits de voix étouffées autour d'eux, ainsi que le sifflement des foreuses. Elle arrêta un instant les soins qu'elle prodiguait à Voyl pour tendre l'oreille. On viendrait bientôt les sauver. Était-ce une question de minutes, d'heures ? Elle ne savait pas. Ses oreilles sifflaient encore un peu après l'explosion qui les avaient ensevelis, et elle avait du mal à situer la provenance et la distance des bruits des sauveteurs qui parvenaient jusqu'à elle. Elle devait faire vite en tout cas. A peine avait-elle arrêter quelques secondes les soins que le Muun recommençait à gémir à côté d'elle, suppliant pour sa vie, tâtonnant dans le noir pour la retrouver. Elle s'imaginait à sa place, coincée sous les décombres, les jambes broyées. Quelle fin lente et douloureuse... Elle avait échappé au pire dans cette affaire.

Elle recommença ses soins sur l'humanoïde, afin de lui redonner quelques forces. Elle-même se sentait épuisée, son énergie littéralement drainée par son état fébrile et ses efforts pour sauver son camarade d'infortune. Pourtant, elle se devait de continuer. Arrêter là aurait été contre-productif... Se disant que cette horrible situation ne durerait plus très longtemps pour se redonner du courage, elle reposa une main sur le torse maigre de Voyl, et lui prit la mâchoire de l'autre, forçant le grand humanoïde à la regarder dans les yeux. Tout le poids de la jeune femme reposait sur la poitrine du financier, mais vu son état actuel, il ne devait pas ressentir grand chose.

Ses yeux brillants fixés dans ceux du Muun, elle lui souffla d'une voix rendue rauque par la poussière et la toux :


- Je suis en tr... Kof... train de vous sauver la vie grâce à Kof la Force.

Que pouvait-elle bien lui dire d'autre ? Son esprit fonctionnait au ralenti à cause d'un mal de crâne retentissant, et le Muun la regardait avec un regard morne digne d'un rongeur. Autant aller à l'essentiel.

- Vous garderez ça Kof pour vous. Sinon je vous tue... Kof... tuerai.

Simple, concis, efficace. Elle voulut continuer, mais n'en trouva pas la force. Elle avait l'impression d'avoir du papier de verre dans la gorge, ce qui était une sensation tout sauf agréable. Elle décida de glisser son prochain message directement dans l'esprit du Muun.

** Je ne suis pas jedi, mais je ne suis pas vraiment une sith. ** présenté comme cela, ce serait probablement plus facile à digérer. ** Maintenant, vous allez garder le secret en compensation de votre dette de vie. Si l'on vous questionne, je vous ai fait les premiers secours. ** Une défense bien faible, mais toujours mieux que rien !

Elle aurait tellement voulu lui en dire plus. Quitte à lui révéler son secret, autant tout lui expliquer. Son parcours, son but, sa révulsion de l'Empire, sa soif de pouvoir au Sénat, sa vision de la Force... Mais elle n'avait pas plus la force de l'expliquer que le Muun n'avait l'état mental pour encaisser les informations !

Elle terminait à peine qu'une brillante lumière les aveugla tout les deux. Enfin, surtout Lana, qui glissa sur le côté en glapissant.
Voyl Clawback
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Respirer, il lui fallait respirer ! Clawback garda cette idée fixe une minute, jusqu'à ce que l'air devienne brûlant dans ses bronches malmenées.

" Je suis en tr... Kof... train de vous sauver la vie grâce à Kof la Force. "

La Force. Le seul mot qui heurta sa conscience avec une violence suffisante pour s'y imprimer. Elle maniait la Force ! Ravie de pouvoir travailler à nouveaux, ses neurones se connectèrent en une idée aussi lumineuse que terrifiante : Anthana était jedi ! Sauf que son idée suivante fut encore moins rassurante : pourquoi un jedi cacherait-il ses dons pour se faire passer pour un simple politicien ? Une nouvelle quinte de toux le fit trembler.

Seuls les sith faisaient ça.

Conclusion logique de son raisonnement : Lana Anthana était une sith. Le peu de sang qui lui restait fit le grand huit. Il se retrouvait coincé... avec une sith !

" Vous garderez ça Kof pour vous. Sinon je vous tue... Kof... tuerai. "

Comment ne pas prendre les mots qui venaient de lui être assénés comme un aveu flagrant ? Presque paralysé, autant par l'épuisement que par la peur, Voyl se mura dans un silence glacé. Au fond de lui, une voix lui hurlait qu'il avait foncé tête la première dans un piège. Comment en était-il arrivé là ? Impossible de s'en souvenir, mais le muun jurait que s'il s'en sortait, les responsables de ce désastre le paieraient très cher. Une promesse silencieuse qui se perdit dans le chaos de ses pensées. Qu'Anthana le tue n'allait pas faire grande différence... Voyl ne voyait pas comment il pouvait s'en sortir. Il avait simplement l'intime impression d'être une mèche de chanvre en train de se consumer peu à peu. Jusqu'à ce qu'il n'en reste rien.

** Je ne suis pas jedi, mais je ne suis pas vraiment une sith. **

D'où venait cette voix ? Clawback secoua brièvement la tête. Pour s'apercevoir que Lana parlait à l'intérieur de son crâne. La colère s'additionna à la peur : de quel droit usait-elle de ses satanés pouvoirs contre lui ? Il n'arrivait même pas à croire ce qu'elle disait. Il luttait contre cette présence invisible, mais les "paroles" semblaient de plus en plus difficiles à repousser. Si bien qu'elles continuaient de résonner en écho sans qu'il puisse s'en débarrasser. Maudit sith !

** Maintenant, vous allez garder le secret en compensation de votre dette de vie. Si l'on vous questionne, je vous ai fait les premiers secours. **

Le vide l'aspirait et il cessa de lutter contre les paroles qui tournaient en rond. Il n'en avait plus la force. Oui, il ne dirait rien. Il acceptait, uniquement par lassitude et fatigue.

Une lumière aveuglante. Du blanc, un blanc parfait et lumineux qui envahit entièrement son champ de vision.

C'était ça, la mort ? Au final, Clawback s'était fait une montagne d'une chose en réalité plutôt agréable, après le clavaire qu'il venait de vivre...

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Kuat - Kuat City - Hôpital Central - Urgences - Chambre n°561 - 8:02pm


--

" Vous serez transféré sur Coruscant d'ici quatre ou cinq heures, lui assura le médecin, votre état est suffisamment stable pour permettre ce transfert dans de bonnes conditions. Vous devriez recevoir tous les soins adéquats sur place, et être remis sur pied d'ici la fin de la semaine si tout se déroule bien."

Voyl, muselé par le masque à oxygène, ne put qu’acquiescer d'un faible mouvement de tête. Il parvenait à deviner le nom des silhouettes qui se dessinaient derrière les vitres qui séparaient la chambre du couloir. Il ignorait qui pouvait bien être ce praticien, mais la question ne l'intéressait pas. Qu'on le sorte de cet état lamentable était son seul soucis. Ne pas finir sa vie paralysé son seul but. Le représentant était incapable de dire combien d'heures s'étaient écoulées depuis qu'il avait perdu connaissance pour la dernière fois. Il s'était réveillé tandis qu'une armée de bras robotisée le sortait d'une cuve de bacta. Aucun souvenir ne lui revenait au-delà, si ce n'était les flash traumatisants de ses longues minutes d'agonie sous les blocs de permabéton, en compagnie d'une créature qu'il n'oublierait pas de sitôt.

La sénatrice de Kuat était une sith ! Une sith ! Voyl ressassait cette idée dans un coin de sa tête, se laissant balloter de bloc en bloc, réduit à l'état de légume pensant. Peut-être aurait-il mieux valu qu'on l'endorme encore une fois, pour l'empêcher de repenser à cette abominable journée. Il ne savait pas trop par quel miracle il était en vie, ni par lequel il lui semblait être entier. Sa jambe, bien que sous anti-douleur et accompagnée de tout un appareillage médical, lui donnait la rassurante sensation d'être intacte. Il n'avait pas été amputé, ce qui était une véritable victoire en soi. En y réfléchissant bien, Clawback ne savait pas s'il aurait été capable de supporter une telle perte. Il l'aurait fait... de force. Mais sa vie en aurait été dramatiquement changée. Voir formidablement raccourcie.

Avec l'espoir de recouvrir l'usage de son corps sans trop de dommages - et de pouvoir retourner au charbon aussitôt - il tentait de se rendormir dans la paix de son lit d'hôpital lorsqu'on lui annonça une "visite d'une personne qui désirait s'assurer de votre état après une telle épreuve".

Voyl tiqua : combien de personnes étaient au courant de son excursion matinale sur Kuat ? Elles se comptaient sur les doigts d'une main humaine. Et seules deux avaient vécu ce que lui-même venait de vivre. Il espéra soudain trouver en Shfal Droomos une personnalité altruiste et dévouée. Hélas, la Force ne l'entendait pas de cette façon.

Quand il put voir les traits de son visiteur, ses yeux s'arrondirent de surprise.

Elle était là ! Lana Anthana ! Ici, au beau milieu de ce monde aseptisé qui aurait dû lui être interdit. Qui l'avait laissée entrer ? Elle avait menacé de le tuer ! Le fait qu'elle l'ait sauvé n'était pas, pour lui, un gage de bonne foi. Pas après avoir retourné en boucle ce qu'elle lui avait gravé dans le crâne, cette sorcière ! Ses pensées se bousculaient alors qu'il ne parvenait plus à en retenir aucune. Ankylosé entre les draps, seuls ses yeux purent exprimer toute l'anxiété et la colère que lui inspirait cette visite impromptue. Clawback ne tarda pas à constater qu'elle était autrement mieux en point que lui. Il voulut lui intimer l'ordre de le laisser tranquille, et s’aperçut avec horreur qu'il ne pouvait presque plus bouger... Cloué au lit prenait ici tout son sens. Sauf qu'en l’occurrence, il avait un véritable serpent au pied de son lit, et peu de gens appréciaient ce genre de situation !

Sa main se souleva de quelques centimètres, puis retomba sans force. Il ferma les yeux en espérant que la vision allait s'estomper : quand il les rouvrirait, elle serait partie... Il pourrait tirer un trait sur tout ça.
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Une lumière blanche aveuglante précéda de peu l'arrivée des sauveteurs. Si cette lumière était aveuglante pour Voyl, elle était dévastatrice pour Lana, privée de ses lunettes. Elle arrêta instantanément d'utiliser la Force sur son compagnon d'infortune, et se recroquevilla en couinant de douleur. Son corps transit se rappela à elle, comme si toutes les petites blessures et coupures qu'elle avait venaient de se rouvrir brusquement. Satanée lumière. A quoi pensaient-ils, ces idiots ? Ses concitoyens savaient pourtant parfaitement sa sensibilité à la luminosité ambiante. Bon, peut être avaient-ils d'autres préoccupations, comme les sauver par exemple. Enfin, la sauver elle en priorité. Il s'agissait de ses loyaux sujets après tout, n'est-ce pas ? Ils avaient beau être idiots, elle ne les avaient jamais autant apprécié qu'à cet instant... A part pour la lumière, qui lui avait vrillé les nerfs à vif. Comme si ces pensées n'étaient déjà pas assez confuses comme ça...

On la pris en charge rapidement. Elle se laissa faire, docile et silencieuse (pour une fois !). Elle était toujours en état de choc, et partout où elle portait le regard, elle ne voyait qu'un océan blanc désagréable. Elle entendit quelqu'un la rassurer sur son état. Il devait être juste devant lui, mais elle ne le voyait pas du tout. Elle était temporairement aveuglée. Tant pis, du moment que quelqu'un prenait soin d'elle, elle était suffisamment lasse pour tout lâcher. Elle voulait juste s'allonger quelque part, dans le noir, et dormir. Dans du bacta, ce serait l'idéal. Elle sentait ses mains trembler. Si son esprit était dans le vague le plus total, encore hagard de l'explosion, son corps, lui, ne s'y trompait pas, et savait qu'il l'avait échappé belle.

Alors même qu'elle n'était que légèrement blessée, on la gratifia d'une immersion complète dans une cuve de bacta. Il s'agissait de la sénatrice et de la princesse de la planète, personne ne voulait prendre le moindre risque. Toujours est-il qu'elle se réveilla bientôt, fraiche et disponible, prête à laisser cette histoire derrière elle. Bon, elle avait encore une tâche de lumière rémanente qui lui bloquait partiellement la vue, résultat de ces imbéciles de sauveteurs, mais sinon elle se sentait en pleine forme. Tout était terminé.

C'est alors qu'on lui annonça que Voyl avait également survécu. Tout n'était donc pas réellement terminé... Elle l'avait presque oublié. C'est alors seulement qu'elle se rendit compte de l'énormité de la situation. Il était en vie. Et il savait. C'était... Un sacré problème. Que lui avait-il pris de lui sauver la vie ? Bon, sans doute aurait-il survécu même sans son aide... Quand bien même, Lana ne se savait pas elle même aussi humaniste. Cela ne lui ressemblait pas. Elle mis ça sur le compte de l'état de choc dans lequel elle se trouvait alors.

Peu importait après tout, elle ne pouvait plus faire marche arrière. Il s'agissait de tirer meilleur parti de la situation à présent. Elle devait le voir, lui faire comprendre qu'il devait se taire. Il fallait l'amadouer, le menacer, le faire chanter... Quelque chose. Il devait garder le secret, pour son bien comme pour celui de la sénatrice. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait assassiné quelqu'un pour conserver son secret... Cependant, elle était prête à le refaire s'il le fallait vraiment. Enfin, la première étape était encore de lui parler.

Il lui suffit de quelques minauderies pour être introduite dans la chambre de Voyl, et de quelques autres mots doux pour qu'on la laisse seule avec lui quelques instants. Sur Kuat, sa parole faisait loi, et puis les médecins n'avaient aucune raison de refuser une telle requête, compte tenu de ce qu'ils avaient vécus tous les deux. Seule avec le muun, elle commença à le détailler. Elle ne voyait toujours pas très clair, mais il lui semblait que l'homme d'affaires semblait dans un triste état, même après un passage dans une cuve bacta. C'était sans importance, il valait mieux que ce soit lui qu'elle.

Elle s'assit sur le bord du lit. Elle ne pouvait lire son regard avec sa propre vision brouillée, mais elle sentait clairement sa détresse et sa peur à travers la Force. Tant mieux, il valait mieux qu'il la craigne plutôt qu'il la haïsse...


- Je suis heureuse que vous vous en soyez tiré, commença-t-elle.

Elle poursuivit sur des babillages inutiles et creux, pour tromper d'éventuelles oreilles indiscrètes. La vraie conversation avait lieu à travers la Force. Il ne pouvait feindre le sommeil, il ne pouvait pas faire croire qu'il n'entendait rien, elle s'adressait directement à sa conscience.

** Je sens que vous vous souvenez de tout. Alors rappelez-vous que vous me devez la vie... **

Ce n'était pas entièrement vrai. Il aurait peut être pu survivre sans son aide. Qu'en savait-elle ? Et surtout, qu'en savait-il lui ? Les gens peu habitués à la douleur sentaient leur mort venir très vite à la moindre souffrance.

** Appelez moi sith, jedi ou quoi que ce soit d'autre, je m'en moque. Tant que vous le gardez pour vous, il ne se passera rien de fâcheux. **

Même avec son esprit brouillé, Voyl ne pouvait manquer la menace. Il ne pouvait pas le savoir, mais Lana ne faisait jamais de menace en l'air. Elle était largement en mesure de le tuer elle-même, ou d'organiser un assassinat sans aucun problème. Elle se leva, et s'apprêta à quitter la pièce. Tout était dit, et elle avait l'impression que si elle restait plus longtemps dans la pièce, le muun allait faire un arrêt cardiaque.

Au pas de la porte, elle se retourna, et adressa au convalescent un de ses rares sourires, bien que totalement factice.


- Au faites, j'ai décidé d'accepter votre offre commerciale. Je pense que nous avons un bel avenir devant nous. Nous sommes devenus... liés en quelque sorte par cette sordide histoire.

Elle tenait sa vie, il tenait sa véritable identité. Un lien dont elle se serait volontiers passé. Elle était prête à parier que le sentiment était partagé par le Muun.

Après quelques formalités, elle sortit de l’hôpital dans lequel elle avait été traitée. Même si ce chapitre venait de se terminer, elle ne savait pas encore si elle s'était fait un nouvel allié, ou un nouvel ennemi...
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Eclats Kyber : 0
" Je suis heureuse que vous vous en soyez tiré. "

Un instant, Voyl tiqua. L'image que lui renvoyait Anthana ne collait pas avec les souvenirs qui lui revenaient. Elle avait dit... "Je vous tuerais." Elle l'avait dit ! Ce genre de chose, un muun ne l'oubliait jamais.

Elle l'avait sauvé, ça aussi il s'en souvenait. Clawback avait certainement l'une des meilleures mémoires qui soient. Le traumatisme la lui avait momentanément retiré, et il la recouvrait par morceau, des flash successifs qui se faisaient de plus en plus nombreux au fil des heures. Maintenant, il pouvait reconstituer toute la longue scène qui avait suivie l'explosion du restaurant. Il s'était revu, sous les décombres, et avait frémit au souvenir de la douleur atroce de son corps mutilé sous les tonnes de gravats.

Voyl sentit alors le lit se déformer légèrement, et la zone près de son bras se réchauffer brusquement par la présence d'un corps. Lana était assise, penchée sur lui, avec un air qu'il n'arrivait pas à qualifier. Il ne put réprimer un frisson.

** Je sens que vous vous souvenez de tout. Alors rappelez-vous que vous me devez la vie... **

Sa main agrippa nerveusement le drap rêche. Encore, elle recommençait ! La sensation avait de quoi faire paniquer n'importe qui. Une voix qui murmurait dans sa propre tête. Même là, elle ne lui fichait plus la paix ! Voyl grimaça, et le masque respiratoire émit un son rauque. D'un seul coup, il se souvint de cet ouvrage qu'il avait lu, un best-seller relatif aux étranges pouvoirs couramment donnés aux jedis. Parmi eux, celui de télépathie. Voyl comprit que cela n'avait rien d'une légende : Anthana pouvait profaner même le lieu le plus inviolable de son être. Son esprit !

** Appelez moi sith, jedi ou quoi que ce soit d'autre, je m'en moque. Tant que vous le gardez pour vous, il ne se passera rien de fâcheux. **

Du chantage... Les mots qu'elle prononçait dans sa tête couvraient ceux qu'elle prononçait devant lui, si bien qu'il ne les entendit pas. Il ne voyait plus que ces yeux, en totale contradiction avec la mine affable qu'elle lui présentait. Des yeux blancs qui ne lui promettait rien de très agréable. Voyl referma de nouveau les yeux. Elle jouait avec sa peur, avec ses nerfs. Ce constat lui tira une fureur peu commune. Jamais il ne serait sa marionnette ! Jamais un Clawback ne s'abaisserait à n'être qu'un vulgaire pantin sous la menace ! Il s'agita faiblement dans le lit, autant que ses appareillages et sa faiblesse physique le lui permettaient. Cette agitation n'était que le reflet d'un effort mental de lutte contre ce qu'il considérait comme un envahissement de son esprit.

** Sortez... de... ma tête !!! **

Il lui avait fallu fournir un effort colossal pour parvenir à se concentrer. Mais sa propre phrase résonna suffisamment pour couvrir les derniers mots imprimés par Lana. Le muun mit toute sa colère et sa peur dans cette tentative inédite de se protéger contre une attaque d'un nouveau genre, et, contre toute attente, cela fonctionna. Le silence se fit. Il ignorait complètement ce qu'avait donné sa tentative, mais le résultat était là : elle avait laissé. C'était tout ce qui comptait.

" Au fait, j'ai décidé d'accepter votre offre commerciale. Je pense que nous avons un bel avenir devant nous. Nous sommes devenus... liés en quelque sorte par cette sordide histoire. "

Le sourire qu'elle lui donna resta gravé au fond de ses rétines. Lié, il était lié à cette... à cette quoi au juste ? Pour Clawback, c'était certain, Lana Anthana était tout sauf une sénatrice. Une sorcière, jedi ou pas, une assassine même ! Un être capable de le tuer de sang froid ! Ne le lui avait-elle pas promis ? Il s'en souvenait ! Mais, malgré tout le venin qu'il avait senti en elle, il ne parvenait pas à comprendre pourquoi elle lui était venu en aide. En réalité, cela ne la rendait que plus effrayante. Elle cherchait à le manipuler, à l'utiliser. C'était la seule option rationnelle qui lui venait.

Voyl resta longtemps le regard fixé au plafond, incapable de trouver le sommeil. Il n'avait jamais eu le sommeil facile, mais il doutait de pouvoir se rendormir un jour après ce qu'il venait de vivre. Le mélange de douceur presque mièvre et de sournoises menaces lui laissait une vague impression de nausée. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas croisé de personnalité aussi trouble, et l'affaire Côme Janos lui revint en mémoire. Et si toute cette sombre affaire en cachait beaucoup d'autres ? Si Lana n'était en réalité qu'un pignon au milieu d'un gigantesque engrenage ? Venait-il de mettre le doigt sur quelque chose de monstrueux ? Le doute était permis.

Les idées tournaient dans sa tête malmenée et Clawback en fut réduit à demander une dose de sédatif pour parvenir à y mettre un terme. Il avait pourtant atteint la dose maximale, notamment pour lui épargner les douleurs post-opératoires. A tel point qu'il ne sentait même plus ses jambes immobilisées. Mais le représentant continua malgré tout d'appuyer frénétiquement sur le bouton de l'engin, espérant vainement sentir de nouveau l'appel d'air généré par la drogue, qui le libèrerait artificiellement de ce cauchemar.

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Coruscant - Clinique Privée - Chambre 213

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L'hologramme de Shiney s'agitait sur la table de chevet, tandis que Voyl, toujours alité, les traits plus tirés que jamais et la mine défaite, tentait de se maîtriser pour ne pas appuyer sur la touche arrêt de l'appareil.

" Pourquoi personne ne nous a contacté plus tôt ?! J'étais morte d'inquiétude !

-Calmez-vous donc, ronchonna Clawback, épuisé, je vais très bien. Ils vous ont contacté dès qu'ils ont pu.

- Vous allez très bien ?! Après trois opérations, presque huit heures plongé dans du bacta et une prescription pour une rééducation ?! Voyl, cessez de vous payer ma tête ! Je veux savoir ce qui s'est passé !! "

Le muun lâcha un soupir. Il s'y était attendu. Shiney avait pris le relais de sa mère et se montrait au moins aussi agressive lorsqu'elle pensait être mise de côté.

" Ne vous faites pas plus sotte que vous ne l'êtes, par pitié ! Bien sûr que je vais mal ! Regardez-moi ! Je ne peux même pas me lever seul ! Mais je suis en vie et je vous parle. Cela devrait amplement vous suffire. "

Shinez se mordit la lèvre, furieuse.

" Pourquoi n'avoir rien dit ? Que faisiez-vous sur Kuat ? Vous me cachez des choses... même à moi !

- Même à vous, même à tous ceux qui n'ont pas à le savoir ! Et je compte sur votre entière discrétion à ce sujet.

- Quoi ?!

-Vous avez entendu. Pas un mot ! Et si on vous questionne sur ce qui m'est arrivé : un accident de speeder fera l'affaire.

-Un accident de speeder. Un accident ! Je vous ai connu meilleur menteur, Voyl ! Vous pensez sérieusement que votre mère va gober un canular pareil ?!

-Pour l'amour du Trésor, parlez moins fort ! J'ai la tête qui résonne comme un hall de spatioport ! N'importe quel mensonge fera l'affaire s'il est raconté avec une bonne dose de conviction. Et des accidents de speeder, il y en a tous les jours ! Je ne serais pas le premier à y avoir droit. "

Il savait que toute cette histoire était bancale, mais c'était tout ce qu'il avait trouvé, diminué comme il l'était. Encore embué des effets de toute la batterie médicamenteuse qui lui avait été donnée, Clawback n'avait plus ni la santé ni l'envie de mener une joute verbale avec qui que ce soit, et surtout pas sa propre femme.

" Dès que je serais en état, dit Voyl qui commençait à respirer avec difficulté, je... je rentrerai.

- Vous dites ça pour me faire taire. Je sais très bien ce qui se passera : une fois sur pied Coruscant restera toujours la première de vos préoccupation.

-Je ne vous mens pas Shiney ! Dès que ces fichus médecins me lâcheront enfin, je rentre. Il est grand temps que j'ai une discussion avec vous à propos de certains sujets. Maintenant, je suis désolé... mais je dois me reposer.

-Oui. Bien sûr, je comprends. "

La lumière bleue du communicateur disparut, et Clawback retomba sur l'oreiller comme un sac de plomb. Il n'avait pas menti : après ce qui venait de se passer, hors de question de rester sur Coruscant. Un sentiment urgent de revenir en son pays natal le saisissait. Mais avant, il allait devoir passer il ne savait combien de temps dans cette clinique, au milieu d'un environnement artificiel et blafard. Une perspective qui lui donnait des envies de dépression nerveuse.
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