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— Tu vas donner un cours ?
— Oui.
— À de jeunes Padawans ?
— Jeunes et moins jeunes.
— Hmm.

Le Maître tourna la tête vers la Kel Dor qui l’accompagnait.

— Quoi ?
— Tu te souviens de la fois où tu as essayé d’expliquer les principes de l’analyse écocystémique intuitive par vision de Force à un groupe de gamins de seize ans ?
— Même les professeurs doivent débuter quelque part.
— Hmm.

Maître Pirin n’avait pas, de fait, la réputation d’être l’enseignant le plus pédagogique du Temple d’Ondéron et, d’ailleurs, il arrivait plus fréquemment qu’il dispensât des cours à de petits groupes de Padawans choisis, un peu âgés et déjà avancés dans leur exploration de la Force et de ses propriétés curatives, plutôt qu’à une assemblée hétéroclite comme celle qu’il s’apprêtait à rencontrer. Mais Atalan avait pleinement conscience de la nécessité de transmettre son savoir et ses compétences, aussi était-il déterminé à faire des efforts en la matière.

Rav Kand le quitta pour rejoindre les salles d’entraînement tandis que le Guérisseur gagnait le jardin. Là, les Padawans qui s’étaient inscrits, sur le principe du volontariat, à cette introduction à la botanique thérapeutique, l’attendaient sagement. Atalan ne connaissait pas la plupart d’entre eux mais il les salua d’un signe de tête, avant de s’asseoir en tailleur dans l’herbe, en face d’eux. L’après-midi était douce, ce jour-là, sur Ondéron et le temps était idéal pour une séance de travaux pratiques.

— Bonjour à tous.

La voix du Miraluka était posée et douce. Il portait la tunique ordinaire des Jedis et sa capuche était tirée sur son front mais elle ne dissimulait pas entièrement les bandeaux sombres qui couvraient ses orbites, là où auraient dû se trouver ses yeux, absents chez les membres de son espèce. En conséquence, il ne regardait personne précisément quand il parlait, ce qui n’était pas sans se révéler un peu déstabilisant pour certains, mais il percevait clairement, dans la Vision de Force, chacun des Padawans.

— À ceux qui ne me connaitraient pas, il est peut-être bon que je me présente. Je suis Maître Atalan Pirin et je représente pour vous le Conseil des Guérisseurs de notre Ordre. Je suis spécialisé dans la médecine de bataille et d’exploration, et c’est le sujet qui va nous occuper aujourd’hui. Chacun d’entre vous, quand il sera devenu un Chevalier Jedi…

Ce ne serait peut-être pas le cas de tous. Ceux qui ne réussissaient pas les épreuves étaient affectés à d’autres fonctions au sein de l’Ordre.

— … pourra être amené à résoudre, sur le terrain, loin de toute civilisation, dans l’urgence et avec les moyens du bord, des situations médicales urgentes. Le bacta, les droïdes médicaux, les chambres de diagnostic, tout ça, ce sont des équipements précieux et qui facilitent le traitement des patients, comme ici, comme dans chaque Temple, dans les Halls de Guérison, mais il n’est pas toujours possible d’y avoir recours. Sans moyen technologique particulier à sa disposition, un Jedi doit se reposer sur deux atouts : sa connaissance de l’environnement et sa maîtrise de la Force. Deux atouts qui sont, évidemment, intimement liés.

Plus on savait ce qu’on cherchait, plus on était susceptible de le trouver grâce à la Force et plus on maîtrisait la Force, mieux on comprenait son environnement.

— Heureusement, la Force, qui crée la vie, offre souvent une nature adaptée aux besoins de ceux qui y évoluent. Il ne sera pas rare que votre environnement vous fournisse les remèdes nécessaires, au moins pour une première intervention, aux blessures et aux affections que vous devrez traiter. La connaissance des plantes les plus courantes et les plus adaptées aux blessures classiques est donc un atout précieux pour les Chevaliers Jedis. Bien sûr, la Galaxie est infiniment variée et sa flore, elle-même, peut être très diverse, en fonction des secteurs, des systèmes, des planètes et même des zones géographiques. Il est impossible, même aux meilleurs experts, de tout connaître et de tout retenir. Mais la connaissance peut s’appuyer sur l’intuition et ce que notre esprit ignore, la Force peut nous l’enseigner.

Évidemment, mieux valait être perspicace dans l’usage de la Force, sinon, c’était un coup à faire avaler des champignons toxiques à son patient.

— Je suis sûr que chacun d’entre vous en sait au moins un tout petit peu sur les plantes thérapeutiques, ne serait-ce que pour apaiser un simple mal de gorge. Qui, ici, peut me parler d’une plante et me donner l’un de ses usages ?

C’était le moment que la plupart des élèves redoutaient : quand le professeur s’arrêtait de parler et qu’il fallait participer. Un moment généralement propice à l’évitement silencieux.
Dalla Tellura
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Un cours de botanique thérapeutique. Cela pouvait s'avérer très intéressant ! C'était le genre de savoir qui risquait de s'avérer bien pratique en mission… tant pour se soigner soi que pour soigner autrui. Elle s'était inscrite sans hésiter, toujours contente d'apprendre de nouvelles choses. Et cette fois, en plus, le cours présentait l'avantage de ne pas être uniquement à usage théorique, mais d'être une réelle préparation à la vie pratique de jedi actif, et ce sans qu'elle doive sortir son sabre laser et s'agiter dans tous les sens…
Après le déjeuner, elle se dirigea vers le jardin, où la séance devait avoir lieu. Elle était la première arrivée, aussi s'assit-elle sur une bordure de jardinière et sortit-elle son datapad. Elle eut le temps de lire quelques pages, jusqu'à ce que :

-Dalla ? Toi aussi tu suis le cours de botanique ?

C'était Arila Yarub, une Sullustéenne un peu plus âgée qu'elle, mais qui suivait le même cours de bith qu'elle.

-Oui, je me suis dit que ça pourrait être utile…
-Tu as raison ! C'est le genre de savoir qui pourrait influencer le choix d'un maître potentiel…

Dalla hocha la tête sans faire de commentaire. Arila avait raison, ce serait un atout original… Mais elle était venue apprendre des choses, pas se livrer à une compétition pour avoir un maître ! Elle trouvait ça un peu déprimant de penser à la sélection qui se ferait entre les padawans…
Arila s'assit à côté d'elle, et elle discutèrent de la version de bith qu'elles avaient à rendre pour dans deux jours, jusqu'à ce que le professeur arrive. C'était une sorte d'humanoïde mâle (Dalla avait eu l'occasion de remarquer que certaines espèces ressemblaient à des humains, mais n'en étaient pas. Elle avait donc décidé de ne plus porter de jugements a priori sur ce point.), visiblement aveugle, vu le bandeau qui lui couvrait les yeux. Il devait sûrement compenser cela par la Force, et cela troublait Dalla de penser qu'il la percevait -qu'il les percevait tous-, d'une façon qu'elle ne connaissait pas.

Mais sa présentation du cours remit tout de suite Dalla à l'aise. Médecine de bataille, bof, mais médecine d'exploration, ça, oui !
Connaissance de l'environnement et maîtrise de la Force. Deux points sur lesquels elle était bien d'accord avec Maître Pirin ! C'était sur ces deux éléments qu'elle axait le principal de sa formation, même si, c'était vrai, ces derniers mois elle s'était forcée à se concentrer plutôt sur le maniement du sabre. Il fallait bien admettre que cela n'avait pas été une trop grosse perte de temps, malgré le retard pris dans beaucoup de ses lectures, et même si elle était toujours loin d'être parmi les meilleurs de son groupe. Mais la satisfaction de progresser au sabre n'était rien face à celle d'une bonne méditation, ou d'avoir compris un problème, une société…

-Heureusement, la Force, qui crée la vie, offre souvent une nature adaptée aux besoins de ceux qui y évoluent.

La botanique n'était certes pas sa matière préférée (elle avait toujours préféré les sciences sociales aux sciences physiques), mais la compréhension de l'environnement d'une société n’était jamais à négliger, surtout dans le cas de sociétés peu urbanisées.
Mais ce n'étaie visiblement pas cela que le jedi voulait dire. Il parlait en fait plus précisément des contre-poisons et remèdes naturels…
À côté d'elle, Arila écrivait fébrilement sur son datapad. Dalla n'avait rien noté. Peut-être qu'elle aurait dû… Elle hésitait souvent, quand les professeurs présentaient leurs matières, leurs enjeux épistémologiques ou pratiques, entre tout noter consciencieusement, ou considérer qu'elle retiendrait mieux en mettant toute son énergie à s'imprégner des parles de l'enseignant. Les facteurs qui la poussaient à choisir l'une ou l'autre des options étaient généralement sa propre paresse, ou les conditions d'écriture. En l'occurrence, elle n'avait pas de table et était assise en équilibre sur un rebord de duracier humide, aussi opta-t-elle pour la deuxième possibilité. Il serait bien temps de rallumer son datapad quand on passerait aux exemples précis.

Mais, bien évidemment, le professeur préféra leur demander de participer un peu.
Dalla vit qu'Arila s'arrêtait d'écrire, un air un peu angoissé sur son large visage, puis se remettait à s'affairer sur son datapad . Dalla se demanda ce que le professeur pouvait percevoir de cette tentative de paraître occupée.
N'ayant elle-même aucune fausse excuse à disposition, elle se creusa la tête en prenant, au cas où, un air concentré. Elle essayait de se rappeler de ce que prescrivait son père, sur Ryloth, pour soulager les animaux blessés ou malades. Mais tout ce dont elle se rappelait, c'était des caisses et boîtes bariolées, sorties tout droit de grandes usines pharmaceutiques, et que son père se faisait livrer en grandes quantités.
Elle continua à réfléchir, mais rien à faire, elle pouvait citer des peintres et des réformateurs célèbres, mais des plantes utiles…
Elle tortilla nerveusement le bout de son lekku.
Le mal de gorge… Quand elle était malade, elle mettait du miel dans son thé… Tiens, le thé ! Dalla était une grande amatrice de thé. À tout hasard, elle tenta :

-Je crois qu'on dit que le thé jeru et le thé chandrillien peuvent être utilisés pour lutter contre la tachycardie…

Cela dit, elle n'était pas sûre que cette vertu thérapeutique provienne d'une plante...


HRP : j'ai créé Arila pour qu'elle puisse servir à tout un chacun, alors n'hésitez pas...
Kolin Valkizath
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Si un jour quelqu’un avait clamé que Kolin Valkizath, Padawan sauvage aussi reluisant et sympathique qu’une fiente d’oiseau sur un cockpit de chasseur aurait délibérément choisi d’assister à un cours supplémentaire, tout Coruscant ou presque s’en serait esclaffé à gorge déployée. Pourtant ce ne fut ni menotté, ni contraint par un pouvoir de la Force que le rejeton aux cheveux gras et à la mine cendrée s’était inscrit au cours de botanique thérapeutique.

Sur les conseils d’Arila le garçon avait franchi le pas, ne sachant pas à quelle sauce il serait mangé. Ses professeurs ne cessaient de lui répéter qu’il devait être moins solitaire et s’intégrer un peu plus à la vie du Temple. Ce cours était une bonne occasion de montrer qu’il ne s’économisait pas en dépit de son mauvais caractère et de la pluie de punitions qui s’abattait sur lui comme le malheur sur le Monde. Depuis son arrivée sur Ondéron, le gamin des bas-fonds avait du mal à s’intégrer et était la plupart du temps de bien mauvaise compagnie. Son état de santé ne s’était d’ailleurs pas non plus amélioré malgré l’attention du personnel médical : comme aujourd’hui, il était souvent en petite forme et avait plus de dix kilos à prendre.

Tandis qu’il sortait dans les jardins armé de son datapad, une brise légère se leva jouant avec sa chevelure ébène, présage d'une belle après-midi. Le jeune homme s’arrêta un instant voulant capturer la lumière laiteuse qui nimbait le parc d’un éclat presque surnaturel. Kolin ne parvenait pas à cesser de s’émerveiller en silence devant toute cette nature qui était encore nouvelle pour lui. Un signe de la tête cordial à Arila et à Dalla avec qui il avait déjà partagé quelques cours et il s’assit en tailleur pas très loin d’eux dans l’herbe fraîche qui lui chatouilla les mollets. Les autres participants ne tardèrent pas à arriver.

- Tu penses qu’il voit queq’chose ?

Questionna Kolin à Dalla dans un murmure alors que Maître Pirin prenait place en face d’eux. Sa présence dans la Force avait une trace bienveillante, son aura dégageait une incontestable douceur, presque étincelante.

Sa capuche ne masquait pas le handicap dont il était pourvu. La connaissance des races de Kolin n’était pas assez fine pour reconnaître un Miraluka et il s’imagina un Atalan qui avait souffert en hurlant sous la torture préférant sacrifier ses yeux que de dévoiler l’emplacement des archives Jedi aux Siths qui l’avait capturé alors qu’il guérissait un malheureux sur un champ de bataille.

Regarder des yeux vides mit Kolin assez mal à l’aise. Pourtant, pieusement lui et les autres écoutèrent l’introduction. Le padawan n’avait aucune idée de ce qu’étaient des cuves à bacta et mis à part au Temple il n’avait jamais eu affaire à un droïde médical. Les plantes n’étaient pas non plus sa spécialité en raison de l’absence quasi-totale de végétation dans les niveaux inférieurs de la ville planète. Della prit la parole brisant le silence.

Kolin n’était pas franchement le premier à prendre la parole dans les cours, rarement interrogé à l’école pour ne pas le réveiller. Il avait fini par se convaincre que son avis n’intéressait personne, mais la donne avait changé et il fallait participer. Se rappelant d’une scène de sa vie d’avant il prit la parole d’une voix dure et détachée comme pour masquer son intérêt pour le cours.

- J’suis là. Le garçon fit un signe de la main pour capter l’attention de son aveugle professeur.

Il se racla la gorge et reprit en haussant les épaules ; complétement sur la défensive.

- J’crois que quand on trempe du Teirutan dans de l’alcool ça calme les douleurs.

Dans ses rares moments de lucidité Azol le père de Kolin avait déjà eu la bonté de sacrifier une partie de son alcool en y plongeant du Teirutan. Cette plante noire, velue et piquante qui poussait dans l’obscurité et l’humidité rampait sur les canalisations pourries des usines de traitement des déchets. Il badigeonnait ensuite le torse de Mikko, le petit frère de Kolin né avec de gros problèmes respiratoires arguant haut et clair que c'était un remède bien meilleur que celui des hôpitaux de la République.

Les habitants des souterrains l’utilisaient souvent en guise de cataplasme sans savoir qu’elle pouvait posséder nombre d’effets secondaires et qu’elle était née de la crasse et des produits chimiques, en fait nul, n’avait jamais su si ce remède était efficace ou non.
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Tout était parfait. Il flottait sur un océan chaud, berçant, profond. A l'horizon, la hauteur semblait rejoindre la largeur. Tout allait de soi. Il n'y avait pas de regret à avoir sur le passé, pas de souci à se faire pour le futur. D'ailleurs, passé et futur se mêlaient au présent. Ou peut-être même qu'il n'y avait pas de temps. Rien de tout cela n'était très important. Il était en harmonie. En paix. Pourtant, tout un univers restait à découvrir : pour ça, il suffisait de plonger dans l'océan. Mais à cet instant, ou en ces instants, il se laissait juste porter par les doux remous qui allaient et venaient au rythme de son cœur. Ils ne l'emmenaient nulle part car il était déjà partout. Et tout était parfait.

Alam ouvrit lentement un œil, puis l'autre, et inspira à pleins poumons. Il était encore là, assis en tailleur, dans une salle de méditation du temple. Ses muscles étaient relâchés, sa tête vide. Des rayons de soleil pénétraient dans la salle obscure par des lucarnes. Ils révélaient les petits grains de poussière dans l'air, ceux que même les droïdes de nettoyage les plus performants ne pouvaient enlever. Leur danse captiva son regard un moment. En levant la main dans leur direction, il vit que celle-ci tremblait un peu. C'était souvent le cas après une séance. Quitter le cocon de la Force n'était pas toujours agréable. Pourquoi ne pas retourner au chaud, là, maintenant ?

Il était sûr de savoir pourquoi. C'était une très bonne raison, quelque-chose... quelque-chose qu'il ne devait pas rater. Le repas ? Non, son ventre montrait tous les signes de satiété, il devait avoir déjà mangé récemment. Il plissa les yeux et baissa la tête comme si ça pouvait aider sa mémoire à se réactiver. Un... cours ?

Oh non, le cours de botanique thérapeutique ! Il était en retard à coup sûr ! Il se mit sur ses deux pieds en un clin d'oeil et courut si vite que la porte coulissante s'ouvrit juste à temps pour le laisser passer. A l'extérieur, il porta une main à son front pour couvrir ses yeux. Les pierres des grands couloirs du Temple reflétaient la lumière de l'après-midi. Elles réfractaient aussi la chaleur. Il devait donc être assez tard, pourvu que ça n'ait pas commencé ! Sa vision ajustée, il repartit en trombe, se faufilant entre les passants sans cogner personne. Les initiés du clan Squall arrivaient rarement en retard, pas parce qu'ils étaient mieux organisés que les autres mais parce qu'ils couraient plus vite !

L'orée du parc. Un jeune Weequay de forte stature semblait monter la garde. Il avait cinq tresses aux cheveux et portait a la main un collier de grosses perles délavées.

"Alam. Attends." C'était une voix grave, posée et imposante, à laquelle le garçon n'eut pas la volonté de désobéir. Il pila devant le Weequay et tendit les mains devant lui, doigts écartés. "Désolé Ruul mais j'ai vraiment pas le temps là j'ai un c..."
"N'oublie pas", interrompit le weequay sans ciller, "que tu me dois une faveur."
"Promis j'oublie pas ! Mais là faut que..."
"Tu as deux lunes", continua posément Ruul en le perçant du regard, le visage illisible. Un peu impressionné, Alam déglutit et hocha rapidement la tête. Après une pause dramatique, le Weequay se mit sur le côté pour le laisser passer. Alam ne se fit pas prier et repartit au trot.

Ouf, il l'avait échappé belle. D'habitude, Ruul était beaucoup plus tenace. C'était sûrement la période de révérence à Quay pendant laquelle tous les Weequays devaient faire preuve de magnanimité. En courant, il maudit son insatiable curiosité. Voilà ce que ça coutait de vouloir tout savoir sur ses petits camarades. Ruul était de loin le plus 'informé' des initiés, mais il ne distribuait rien gratuitement. Bon, il lui restait deux lunes pour trouver un moyen de faire ce que l'autre lui avait demandé... il trouverait bien une solution !

Un groupe était assis dans l'herbe autour d'un professeur en bure. Il ralentit nettement la cadence et s'approcha à pas feutrés pour ne pas déranger - et accessoirement ne pas se faire remarquer. Peut-être que le Maître miraluka n'y verrait que du feu ? Ouais, on pouvait toujours rêver. Alam espérait juste qu'il n'allait pas se faire sermonner devant tout le monde, il détestait ça ! Quelques têtes lui disaient quelque chose, mais vu qu'il n'y avait personne de son clan, il se posa sur le premier carré d'herbe venu, devant Arila et une jeune twi'lek, juste à côté d'un garçon maigre et mal peigné, à qui il adressa un petit sourire en guise de salut. Son coeur frappait encore sa poitrine et il haletait un peu.

"...connaissance des plantes les plus courantes et les plus adaptées aux blessures classiques est donc un atout précieux pour les Chevaliers Jedis. Bien sûr, la Galaxie..."


Visiblement, le cours venait à peine de débuter. L'artorien soupira de soulagement. Depuis sa rencontre avec le Chevalier Draayi, il avait envie d'en savoir plus sur les différentes techniques de guérison. Ça pouvait être utile si un de ses camarades se pétait le genou un jour, ce qu'il ne souhaitait à personne tellement ça faisait mal. Il observa un instant ses camarades, certains buvaient les paroles du Maître, d'autres retranscrivaient à toute vitesse sur leurs datapads...

Alam se frappa le front. Son datapad. Dans sa précipitation, il n'avait pas du tout songé à aller le chercher. Trop tard mais, avec de la chance et un brin de supplication... Il se retourna pour aviser Arila et sa copine Twi'Lek. "Psst.." Grimace contrite. "Vous pourrez m'envoyer vos notes après ? S'il vous plaît ?"

"Il est impossible, même aux meilleurs experts, de tout connaître et de tout retenir. Mais la connaissance peut s’appuyer sur l’intuition et ce que notre esprit ignore, la Force peut nous l’enseigner."

Le Maître devant eux n'était pas impressionnant d’apparence, et pourtant Alam se trouva progressivement happé par ses paroles. Il avait une voix calme et captivante, du genre de celles qui ne vous voulaient que du bien et vous donnaient soif d'apprendre. L'artorien n'était pas aussi serein que quand plongé dans la Force, mais l'aura du miraluka, la chaleur du soleil de l’après-midi dans son dos, la nature vivante à ses pieds, la présence d'autres initiés pas loin, tout ça lui plaisait bien.

"Trop forte la Force", glissa-t-il à son voisin d'où n'émanait pas une odeur de rose. Un désagrément mineur qui n'allait pas émousser sa bonne humeur. Il avait mit un soupçon d'ironie dans sa voix, mais en réalité, il était déjà quasiment convaincu que la Force pouvait tout faire, pourvu qu'on sache comment lui demander.

Le professeur venait de poser une question à l'assemblée. Flûte, c'était un de ces cours où il fallait participer. Alam fanfaronnait volontiers en petit comité, mais lorsqu'il y avait plus de trois spectateurs c'était un peu différent. Il tenta de se faire tout petit mais nul doute que ça ne changerait rien. Pire, son aura se démarquerait peut-être encore plus dans la Force. Nonon, il devait se détendre, faire comme si de rien n'était, et vite trouver une plante qu'il connaissait au cas où le professeur ne décide de l'interroger nommément. Heureusement, la twi'lek derrière lui intervint, lui laissant un instant de répit. Puis ce fut au tour de son voisin rachitique qui lui ne semblait pas du tout gêné de s'exprimer devant une large audience.

Ça allait être son tour, il le sentait. Il fallait prendre le bantha par les cornes et parler avant que le Maître ne le lui demande. Heureusement, il avait eu le temps de réfléchir un peu. Avec une grande inspiration, il se lança :

"Sur ma planète, on a une plante qui calme les nerfs, le Trep. Elle a des gros pétales orange qui se referment quand on les touche. En infusion, ça soulage bien la douleur et on dort bien avec, mais faut pas trop en prendre." Son ton laissait suggérer qu'il avait essayé, et bien sûr qu'il l'avait fait. Avec son ami d'enfance ils avaient passé une nuit intéressante à voler dans le ciel étoilé en compagnie de gungans parés de pierres précieuses. Un bon souvenir. Peut-être que le Trep pouvait aider à méditer ? Il faillit le suggérer à leur professeur mais se ravisa. Ça n'allait pas être simple de retourner sur Artorias pour vérifier.
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Atalan renoua rapidement avec une réalité fondamentale du Temple d’Ondéron : les Padawans,  en cours, c’étaient comme des Ewoks un jour de braconnage. Paniqués. Pour un peu, le Maître aurait juré que sa question somme toute bien innocente avait eu pour but de sonder leurs âmes et de déterminer leur futur. Il fallait espérer que les gamins n’étaient pas aussi nerveux lors des cours de sabre-laser, sans quoi il y allait avoir affluence au centre médical.

Un silence contrit suivit sa question avant que quelques réponses ne commencent à fuser, qui couvrirent rapidement tout le spectre des possibilités, de la médication la plus improbable qui fleurait pas l’empirisme campagnard aux grands classiques du remède de grands-mères dont l’HoloNet vantait les miracles. Les réponses des Padawans dessinaient un monde botanique complexe et fragmentaire, à l’image du petit groupe où les origines se mêlaient, et la confusion que le nom de chaque plante locale risqué par l’un des élèves éveillait chez les autres qui ne la connaissaient pas était symptomatique de la difficulté fondamentale d’abord soulignée par Atalan : la Galaxie était trop vaste pour qu’on pût espérer tout connaître.

— Je vois.

Et en disant cela, contrairement à son habitude, le Miraluka avait légèrement tourné la tête vers Kolin et un demi-sourire s’était dessiné sur ses lèvres. Les humains étaient toujours amusants, à juger des autres espèces à l’aune de leur propre physiologie. L’expression « proche humains » en disait déjà long. S’ils savaient que pour les Miralukas, c’était eux qui avaient des yeux en trop…

— Qui d’autre connaît le trep ?

Silence.

— Le teirutan ?

Observation évasive des oiseaux qui survolaient le Temple.

— Le thé chandrillien ?

Cette fois-ci, une ou deux mains se levèrent pour soutenir la proposition de la petite Twi’lek, ce qui n’était guère surprenant : le produit était moins atypique et son monde d’origine, en plein Noyau, généralement mieux connu du commun. Atalan s’abstint de faire de la même manière la liste de toutes les propositions qui avaient émergé.

— Bien. Sachez que si j’avais posé les mêmes questions à un groupe de Chevaliers, il est probable que j’aurais obtenu les mêmes résultats. La diversité botanique est plus considérable encore que la diversité animale, sur les planètes de la Galaxie. Certaines plantes, comme le thé chandrillien, circulent largement mais d’autres, comme le teirutan, ne quittent guère l’environnement très spécifique où elles se forment. Ce qui pose une double difficulté : d’abord, il est difficile de le connaitre et ensuite, il est difficile d’avoir des données sûres à leur propos, parce que personne n’a jamais fait d’études sérieuses.

Le teirutan, par exemple, ne se trouve guère que dans les zones industrielles des niveaux inférieurs de certaines planètes du Noyau, dans l’obscurité la plus complète, et on trouve à son sujet toutes sortes de théories que personne n’a jamais vérifiées. Vous croiserez au cours de vos voyages des centaines de plantes semblables et bien des gens secourables qui vous proposeront de soigner des blessures avec des onguents du cru, sans savoir en toute certitude qu’ils fonctionneront ni même qu’ils seront adaptés à votre physiologie ou à celle du patient.

Dans les mondes des Bordures, là où l’on ne peut pas s’offrir le luxe d’analyses chimiques rapides, la guérison médicamenteuse improvisée tient moins de la science que de l’art. Le guérisseur, comme l’artisan, s’appuie sur son expérience pour intégrer le nouveau au connu. Pour arriver à opérer cette comparaison qui permet d’anticiper les effets bénéfiques ou nocifs de telle ou telle plante, il est indispensable de faire l’expérience de la plante que l’on considère. Et quand vous êtes seuls face au problème, il n’y a que deux manières de faire cette expérience : par la Force ou par les sens.

— Vous voulez dire qu’on doit goûter à tous les champignons bizarres qu’on croise sur notre chemin ?

Cette question pour le moins sceptique suscita quelques rires et la Padawan qui l’avait posée regretta immédiatement de n’avoir pas trouvé une manière plus diplomatique de la formuler.

— De préférence, non. Ou vous risquez de vivre des moments encore plus étranges que ceux provoqués par l’excès de trep, comme le suggérait votre camarade. Toute expérience doit être conduite avec circonspection et la circonspection vient de la connaissance.
— Oui mais alors vous dites que pour acquérir de la connaissance, il faut faire des expériences mais qu’on ne peut faire des expériences que si on a de la connaissance. C’est euh… un cercle, comment on dit…
— Vicieux ?

Il y eut quelques rires gênés. Ah, les débuts de l’adolescence…

— Des connaissances, il y en a plein nos bibliothèques. Ce sont elles qui guideront vos expériences. Tout Chevalier Jedi devrait partir en mission en se documentant sur les mondes qu’il est susceptible de visiter. Se renseigner sur la flore locale ne prend pas plus d’une heure ou deux, si on le fait après avoir suivi une formation minimale en botanique. Ça ne veut pas dire que toutes les connaissances qui sont dans nos bibliothèques sont exactes mais au moins votre expérience sera guidée.
— Attendez. Vous voulez dire que les archives du Temple sont fausses ?

Les désillusions de la jeunesse étaient parfois soudaines. Un jour, les Padawans découvriraient que Maître Don n’avait pas toujours été vieux.

— Parfois.
— Mais… mais c’est les archives du Temple !
— Les livres en sauront toujours moins que ceux qui savent.

Certes.

— Bien. Nous avons parlé de thé, d’infusion, de cataplasme, de plantes que l’on trempe dans du liquide pour en obtenir des effets. Tout le monde ici en a au moins vu une fois dans sa vie, en a bu pour calmer un mal de gorge ou une migraine. Tout le monde a déjà eu un mal de gorge, une migraine ou un peu de fièvre. Ces sensations ont altéré votre présence dans la Force parce qu’elles ont altéré votre vie et le remède, inefficace, efficace ou contre-indiqué, a eu un effet que vous avez ressenti aussi. Vous avez quelque part dans votre mémoire les premières informations sur la manière dont ces plantes réagissent dans la Force, sur la manière dont elles existent, et vous avez des connaissances simples à ce propos. Dans ce parc qui nous entoure, les Guérisseurs cultivent des plantes qui servent à des remèdes semblables, des plantes que vous avez pu être consommées, une fois transformées par nos soins et méconnaissables, un jour où vous aviez pris froid. Je veux que vous trouviez quelques-unes de ces plantes et que vous sachiez leurs effets.
— Mais, Maître ?

Silence. Le Miraluka ne répondit pas ni ne bougea d’un pouce, alors le Padawan se lança quand même.

— Comment est-ce qu’on fait pour apprendre leurs effets ? On peut se connecter à l’HoloNet ?

Atalan esquissa un nouveau sourire et secoua la tête.

— Apprendre ? Qui a parlé d’apprendre ? Je ne vous demande pas d’apprendre, je vous demande de savoir.
Dalla Tellura
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L'un des autres padawans s'était installé à côté d'elles. Elle l'avait déjà croisé, et avait déjà remarqué qu'il ne sentait… pas toujours très bon… Mieux valait que le cours se passe en plein air...

-C'est Kolin Valkizath, lui murmura Arila, toujours très au fait de qui était qui. Il vient de Coruscant, des bas quartiers…

Elle prit un air mystérieux et s'approcha encore plus près de Dalla :

-Je crois que c'était un enfant battu… souffla-t-elle d'une voix presque inaudible.

Dalla fut très impressionnée. Elle avait grandi dans un milieu relativement privilégié, où les enfants n'avaient rien à craindre des adultes, et bien évidemment, les initiés et les padawans n'étaient jamais maltraités. Tout en se demandant si le fait qu'il ait été battu pouvait avoir un lien avec son hygiène douteuse, elle fit un effort pour ne pas le dévisager comme une bête curieuse. En tout cas, elle décida que ce genre de passé était une circonstance atténuante, et elle daigna lui répondre en chuchotant :

-Pas avec ce bandeau, en tout cas… Mais il doit percevoir suffisamment de choses, grâce à la Force !

Elle ne s'étendit pas plus, parce qu'elle avait un peu peur que Maître Pirin, justement à cause de ses spécificités physiques, n’ait l'ouïe particulièrement développée.

Un garçon -celui qui était arrivé en retard-, se tourna lors vers elles pour leur demander leurs notes. Arila s'empressa de l'assurer qu'elle le ferait, ce qui valait mieux puisque Dalla n'avait pas encore écrit une ligne. Elle pensa d'abord que Alam (c'était comme cela que l'avait appelé Arila) voulait simplement avoir les quelques phrases qu'il avait raté, mais il s'avéra qu'il n'avait même pas pris de quoi noter ! Quel sérieux… Sa remarque sur la Force la fit néanmoins sourire, et comme le contenu du cours la mettait plutôt dans de bonnes dispositions, elle oublia vite l'a priori négatif qu'elle avait d'abord eu contre lui.
Plusieurs élèves intervinrent, notamment Kolin, dont la remarque lui fit lever un sourcil. Son instinct lui avait toujours dit de se méfier de l'alcool. Son père appartenait à une ligue de tempérance, et il avait passé un sacré savon à son frère Kebko, le soir où celui-ci était arrivé ivre mort à la maison. Mais après tout… Elle nota rapidement le nom de la plante, puis écouta la suite des interventions. Alam aussi parla d'une plante, et au ton de sa voix, elle eut vaguement l'impression qu'il s'agissait d'une sorte de produit hallucinogène… Décidément, les padawans semblaient tous avoir des connaissances botaniques un peu spéciales…
Elle remarqua qu'Arila gardait le silence. Mais, somme toute, cela n'avait rien de bien étonnant. Sullust n'avait jamais été réputée pour sa végétation luxuriante.

Quand plus personne ne sembla avoir de réponses à proposer, le Maître Jedi reprit la parole. Il testa rapidement la connaissance du groupe sur quelques unes des plantes citées. À part ce qu'elle avait elle-même cité, Dalla ne connaissait rien.
Mais loin de les sermonner ou de se lamenter sur leur ignorance, il leur assura que c'était normal vu le nombre de plantes existantes. Très rapidement, Dalla se remit à rêver, suivant le cours des paroles du professeur. Elle s'imaginait très bien en jedi exploratrice, visitant des mondes reculés, réglant les conflits et collectant des renseignements sur les sociétés et leurs environnements, puis rentrant au Temple les bras chargés d'herbiers, de croquis, de récits mythiques et de lettres diplomatiques pour le Sénat.
Grande habituée de la rêverie en cours, elle parvint néanmoins à prendre des notes sur les plantes que le professeur détaillait. Quand il évoqua les différences de réactions selon les physiologies, elle se rappela avoir lu un livre sur la faune de Dantooïne, où l'auteur ne parlait jamais que des espèces dangereuses pour les humains. Elle en avait parlé à un bibliothécaire, qui lui avait expliqué qu'à l'époque où le livre avait été écrit, la zoologie était quasiment chasse-gardée pour les chercheurs humains. Elle se demanda s'il en allait de même pour la botanique.
La remarque de l'une de ses camarades sur les « champignons bizarres » ne parvint pas à la dérider. L'urgence de la pratique la guérison médicamenteuse improvisée lui semblait un problème irréductible. Elle s'étonnait, à présent, que des cours de botanique thérapeutique ne soient pas rendus obligatoires à tous les initiés et les padawans !

-Tout Chevalier Jedi devrait partir en mission en se documentant sur les mondes qu’il est susceptible de visiter.

Elle hocha vigoureusement la tête. C'était bien ce qu'elle avait l'intention de faire quand elle serait grande ! Et d'ailleurs, elle allait commencé dès maintenant à faire des fiches des plantes qu'elle croisait dans ses lectures, ainsi que de leurs utilités et leurs dangers, comme elle le faisait déjà pour les animaux. Cette résolution fut cependant vite ébranlée par les paroles de Maître Pirin.

-Les livres en sauront toujours moins que ceux qui savent.

Mais à son niveau, comment savoir autrement que par les livres ? Il y avait les jedi, bien sûr, et les padawans plus âgés, qui avaient déjà fait des missions, mais elle ne pouvait pas passer son temps à leur courir après pour leur demande des précisions sur les mondes qu'ils avaient visités… Décidément, plus le temps passait, plus elle avait hâte de partir elle-même en mission, et de quitter les quatre murs du Temple pour de nouveaux horizons.
Avant qu'elle ait pu essayer d'analyser et de méditer tout ce que le maître avait dire sur l'inscription dans la Force des remèdes, il leur balança une phrase qui la laissa pantoise.

-Apprendre ? Qui a parlé d’apprendre ? Je ne vous demande pas d’apprendre, je vous demande de savoir.

Dalla resta quelques instants interloquée, en espérant presque que le Maître leur annonce que c'était une blague. Mais comme il n'avait pas l'air de vouloir le faire et que plusieurs padawans se dispersaient déjà parmi les allées, elle se décida à se lever à son tour de son rebord de jardinière. Elle jeta un œil incertain à ses voisins, soudain gênée d'être une des plus grandes. C'étaient dans ces moments-là, quand elle ne savait pas quoi faire et comment se comporter, qu'elle aurait préféré ne pas dépasser d'une tête la plupart de ses camarades du même âge.

-Oh, je déteste quand on doit faire appel à son instinct pour un cours… Ça me fait toujours perdre tous mes moyens… soupira Arila.

Et Dalla était entièrement de son avis…
Elle se força néanmoins à réfléchir. Après tout, c'était ce qu'elle était censée faire le mieux… Maître Pirin avait parlé des effets qu'avaient certaines plantes sur le lien de ceux qui les ingéraient avec la Force… Elle jeta un œil à ses notes :

« Dans mémoire infos sur manière plantes réagissent dans Force, existent... »

Il avait visiblement insisté sur la Force… C'était sûrement par là qu'il fallait commencer. Ce qu'ils savaient, c'est ce qu'ils avaient vécus, eux personnellement. Donc, la façon dont leurs rapports à la Force avaient été modifiés par certaines plantes.
Elle ferma les yeux pour se concentrer sur ses souvenirs de maladie.
Peu de temps après son arrivée au Temple, elle était tombée malade. Elle avait eu de la fièvre. Elle se rappelait qu'elle avait beaucoup pleuré, parce que sa maman n'était pas là pour la border. La deuxième nuit, on lui avait donné un médicament pour calmer la fièvre. Elle avait très bien dormi, contrairement à la nuit précédente, mais elle s'était réveillée bien avant l'aube. Elle se rappelait avoir ressenti une sorte d'engourdissement confortable mais frustrant. Les alentours lui semblaient flous.
Mais dans l'obscurité de l'infirmerie, elle ressentait la présence des autres enfants endormis. Le lendemain, la fièvre était tombée, mais elle ne ressentait plus la présence des autres. Elle se contentait de la constater avec ses yeux, ses oreilles, et même parfois son nez.

Elle ouvrit brièvement les yeux pour s'éloigner du lieu du cours sans reverser des camarades, puis elle les ferma à nouveau, et tenta de suivre son instinct. Celui-ci la mena d'abord droit sur une barrière où elle se cogna les tibias. Mais au bout de quelques temps, quelques errances et un sermon d'un chevalier venu méditer et sur le pied de qui elle avait marché, elle se retrouva devant un plant de grosses feuilles vertes et jaunes. Elle en toucha une, et essaya de la rapprocher de son souvenir nocturne.
Mais il y avait un problème. La feuille était bien à sa place dans le souvenir, mais…
Elle jeta un regard coupable autour d'elle, puis arracha rapidement un morceau de feuille, qu'elle froissa dans sa main. La feuille n'avait pas d'odeur particulière, mas un peu de jus lui coula sur les doigts. Elle ferma les yeux et se reconcentra sur l'infirmerie, la nuit. C'était la bonne plante, mais…
Il manquait quelque chose…

La feuille écrasée toujours dans les mains, elle se concentra sur ce qui manquait, et ses pas l'entraînèrent vers un autre plant. Il s'agissait de grosses fleurs rouges, dont les pistils portaient de petites graines noires. Elle rapprocha la feuille écrasée de l'une des fleurs. Elle était sûre que c'était ça ! Le remède qu'on lui avait donné devait contenir un peu des deux plantes. Peut-être que l'une aidait à faire baisser la fièvre, et que l'autre engourdissait le corps pour permettre un sommeil moins troublé. Elle était sûre que c'était une forme d'engourdissement artificiel de ses sens qui l'avait aidée à se focaliser sur la présence psychique des autre malades à travers la Force. Le lendemain, de nouveau assaillie de stimuli extérieurs, elle n'y était plus parvenue. Et il avait fallu beaucoup d'entraînement pour qu'elle soit aujourd'hui capable de faire abstraction de la myriade d'informations que lui fournissaient ses sens, pour se concentrer sur la Force. Et encore n'y réussissait-elle pas à chaque fois.
Elle ne savait pas quelle plante faisait quoi, et elle eut beau essayer, elles étaient si bien mélangées dans son souvenir, qu'elle n'arrivait pas à les séparer.
Elle nota le nom de la fleur, puis retourna à l'autre plant noter celui des feuilles, avant de rejoindre le professeur et les autre élèves qui commençaient déjà à se rassembler.

HRP : Désolée pour le temps d'attente, j'avais un devoir à rendre pour la fac, et je pense qu'on sera tous d'accord pour dire que l'IRL prime... surtout quand il s'agit d'une note pour valider son M2...
Sinon, pour l'exercice, j'espère que cela te convient Atalan...
Kolin Valkizath
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[Aucun problème, j'espère que cet examen sera un succès. Si tu as le moindre remarque Atalan fais moi signe]

Le garçonnet manqua de sursauter quand Atalan tourna sa tête encapuchonnée dans sa direction. Il avait été bien naïf de croire qu’un Maître Jedi ne puisse percevoir et ce, peu importe par quel moyen il y parvenait. La réponse de Dalla lui confirma ses pensées. Alam avait rejoint le cours, la Force avait fait en sorte de le mettre dans son dortoirs forçant le contact. Sans avoir cherché l’amitié virile et fraternelle plus que nécessaire, Kolin savait que le Padawan venait d’Astorias et avait été le témoin de terribles batailles. Il était un dommage collatéral, lui aussi n’ayant rien demandé à personnes : victime involontaire de la folie des Siths. Ils partageaient tous deux ce point commun.

Kolin assit sagement en tailleur se forçait à garder son attention sur Atalan, mais comment résister à l’attrait bucolique du kaléidoscope de couleurs et d’odeurs qui occupaient le grand parc. Sans s'en rendre compte, Kolin avait à demi fermé les yeux, simplement pour se laisser emplir par les paroles du Maître, en osmose avec son environnement. L’évocation du Teirutan comme remède dont les vertus médicinales n’avaient jamais été prouvées le ramena à la réalité.

- Vous êtes sûr que l’teirutan guérit pas les poumons, parce mon frère….

Il s’interrompit songeant qu’il allait briser la plus élémentaire des règles : parler de sa vie. Il se jura de faire des recherches sur la seule plante qu’il connaissait et reporta son attention défaillante sur Maître Pirin. Si le Mirakula n’avait pas d’yeux, il compensait allégrement par la langue. Le gamin de Coruscant se perdit, enseveli sous le discours beaucoup trop docte du Jedi. Il butta sur plusieurs mots complexes et à vouloir s’appliquer à prendre des notes, il n’écouta que la moitié des instructions jonglant entre son pad et le Maître. Alam lui aussi semblait perdu et avait sollicité les notes de Dalla et d’Alira. Les deux jeunes filles, elles, ne semblaient avoir aucun mal à capturer la substantifique moelle du discours scientifique. De dépit, Kolin soupira.

- Tu pourras m'filer les notes qu'elles te fileront ?

Demanda Kolin à Alam en passant près de lui.

L’exercice commença ce qui soulagea l’humain, il était plus à l’aise pour travailler à l’instinct que pour emmagasiner la soupe froide remplie d’orgueil que leur servait Atalan et qui en plus avait le culot de ne pas croire aux bienfaits du Teirutan. En se levant, Kolin se mit à réfléchir, il fut tenté de copier sur Dalla mais se ravisa en se contentant de passer à côté d’elle.

- Tu trouves des trucs ?

Le questionna-il en cherchant non loin d’elle. Kolin était un grand habitué de l’infirmerie puisqu’il s’y rendait de façon presque quotidienne pour surveiller son poids et prendre ses compléments alimentaires. Les premiers jours on avait soigné ses récentes blessures avec un cataplasme à base de plantes, il s’en souvenait mais, il avait alors plus cherché à savoir si ça allait faire mal qu’à se poser la question de la composition du remède.

La Force pouvait l’aider, comme elle le faisait si souvent. Il se concentra cherchant une présence familière alentours, une présence diffuse qui pourrait l’aider, une réminiscence quelconque mais, rien n’y fit. Son premier essai se solda par la découverte d’un tas de mauvaises herbes, le second ne donna rien, le troisième non plus. Le quatrième lui fit découvrir une plante bleue au pédoncule incarnat et dont les anthères encore dissimulées par la jeunesse des pétales tiraient vers l’ocre. Elle était magnifique et captiva le regard poupin de Kolin. Sûr de son coup il se mit à genoux tâchant sa bure de padawan et renifla bruyamment sa découverte. Précautionneusement et aussi délicatement que lui permettait ses doigts agiles, il arracha une pétale et la porta à sa bouche. Le goût était infâme et il cracha : rien de médical là-dedans.

Les affres de la colère prirent possession de lui alors qu’il regardait les autres padawans qui semblaient pour la plupart avoir plus de succès . Arila semblait fière de sa découverte et elle n’était pas seule dans son cas. Dalla était sur une piste. Elle était forte cette Dalla, Kolin l’enviait.

Pourquoi était-il si médiocre en tout quand tous ses condisciples semblaient progresser à pas de géants ? La question lui traversa la tête alors que d’exaspération, il arracha la fleur tout entière d’un geste vengeur. Froncement de sourcils. La déception l'envahissait au fur et à mesure que grandissait la distance entre la Force et son être. Il s'attendait à tout sauf à ce dénouement. Kolin abandonna son audace habituelle prenant désormais la fuite, tel un soldat se décourageant d'une guerre qu'il n'avait même pas encore menée. Déconcentré, il ressassa les paroles d’Atalan sur le teirutan tout en étant mis en face de sa propre impuissance dans sa recherche.

- J’y arrive pas.

Annonça flegmatiquement Kolin à Atalan après être retourné le voir les mains dans les poches, bredouille. Un regard vers Alam, puis il reprit son air assuré habituel.
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Heureusement, Maître Pirin parlait à un rythme suffisamment soutenu pour que le cerveau d'Alam saute automatiquement les bouts de phrases qu'il ne comprenait pas. Sinon le jeune artorien se serait posé des questions sur ses capacités de compréhension. Heureusement aussi, la voix du Maître était douce et avenante, c'était d'autant plus facile de se concentrer. Il avait aussi un avantage à court terme sur les autres padawans : sans datapad, il n'avait pas à à divertir son attention sur la prise de notes. Et il n'avait pas à s'en inquiéter, puisque la toujours serviable Arila lui passerait les siennes.

La démonstration de la diversité des plantes à travers la galaxie avait fait mouche et la tête d'Alam tournait rien qu'à imaginer le nombre incroyable d'herbes, feuilles, fleurs, arbres qui pouvaient exister. Il fallait sans doute plus de dix vies pour tout comprendre, lui avait maintes fois répété sa mère, et ça se vérifiait une fois encore. Lui qui était de nature très curieuse se retrouvait dépité par cette simple constatation. Ses épaules se redressèrent toutefois bien vite : ça n'empêchait pas d'essayer.

Voyager, voir et comprendre par eux-mêmes, voilà ce à quoi les invitait Maître Pirin. Depuis son arrivée au Temple trois ans plus tôt, Alam avait surtout envie d'y rester : le sentiment de sécurité prévalait sur tout le reste, et puis il avait suffisamment à apprendre ici. Mais maintenant qu'il commençait à comprendre le fonctionnement bien huilé de leur petite communauté, les rôles de chacun, et maintenant que leur professeur suggérait qu'un livre pouvait mentir, qu'il fallait savoir, l'hypothèse de nouveaux horizons germait dans sa caboge. Des horizons de sentations : nager dans les courants des océans de Dubrillion, agripper les parois de la plus haute montagne d'Ilum avec ses mains gelés, sentir le sable brûlant de Tatooine dans ses bottes...

Non. Les Siths attendaient, là-bas, partout. Il n'avait aucunement envie de les revoir de si tôt.

Son attention se reporta sur le cours, qui n'était pas seulement un de ceux ou il fallait répondre à des questions, c'était aussi un de ceux où il fallait prouver qu'on avait tout compris tout de suite, au moyen d'un exercice pratique. La vaste majorité de ses camarades s'étaient déjà levés pour exécuter les consignes, mais lui restait assis à regarder bizarrement Maître Pirin. Il ne leur demandait pas d'apprendre, mais de savoir ? N'importe quoi. Comment savoir sans avoir appris au préalable ? Il était au bord de formuler verbalement sa rébellion, mais la raison ou la peur le retint : à quoi bon ? Il allait juste se faire remarquer. Et Kolin venait de lui demander un truc, ce qui chassa immédiatement sa mauvaise humeur. Son voisin de dortoir ne requérait quasiment jamais l'aide de quiconque.

"Pas de souci"
, lui fit-il sans que l'autre, qui partait déjà, ne puisse voir son sourire.

Cahin-caha, il se mit sur ses deux jambes et entreprit de farfouiller dans les jardins à l'instar de ses camarades. Las, les autres monopolisaient déjà les plantes qui paraissaient intéressantes de prime abord. Il aperçut la twi'lek bleu céleste qui se dirigeait à l'aveugle droit sur une barrière, leva la main et cria : "Att..." mais trop tard, elle avait déjà trébuché. Il grimaça pour elle, le temps de se rendre compte qu'elle ne s'était pas fait mal. Il revint alors au buisson qui l'avait attiré, quelques mètres plus loin, pour s'apercevoir qu'une jeune togruta se l'était accaparé. Flûte.

Alam n'avait pas été éduqué dans la compétition. Dans son village, tout le monde se serrait les coudes. C'était ensemble, avec les défauts et qualités de chacun, qu'on parvenait à faire les plus grandes choses. Être le premier à avoir réussi l'exercice pour obtenir l'approbation du Maître ? Quelle fierté pouvait-on tirer à rabaisser les autres ? Mais bon, il fallait quand même trouver quelque-chose. Il continua donc à cheminer, s'ouvrant légèrement à la Force qui le guiderait assurément vers la bonne plante. C'était son seul recours : il n'avait jamais côtoyé longtemps les lits de l'infirmerie et ses blessures depuis son arrivée au Temple se comptaient sur les doigts d'une seule main.

C'était bien plus facile de sentir la présence de ses camarades que celle des plantes et sa concentration dévia quelque peu vers les auras qui s'aggloméraient autour des plantes comme des insectes pollinisateurs. Une d'entre elles était particulièrement reconnaissable, vu qu'il la côtoyait régulièrement. Agenouillé, à renifler et goûter la plante devant lui, Kolin lui faisait penser à un canin. La comparaison le fit sourire jusqu'à ce que son camarade, visiblement énervé, n'arrache la plante d'un coup sec. Oulah, alerte. Il avait déjà vu Kolin comme ça, ça ne présageait rien de bon. Si rien ne venait le divertir ou le rassurer, il allait bouder toute la soirée et jeter un froid fort désagréable dans le dortoir.

Alam avait donc une nouvelle priorité, et aucune idée de comment procéder. A tout hasard, il se dirigea vers la plante que son camarade bouclé avait délaissé et se pencha à son tour sur la fleur décimée qu'il récupéra entre deux doigts. Elle était belle, ne sentait pas grand chose et... oui, elle avait un goût vraiment dégueulasse. Les yeux fermés, il interrogea la Force qui lui apprit que c'était à coup sûr une plante. "Merci", grommela-t-il laconiquement. Pourtant, il était sûr de l'avoir déjà vue, ou d'en avoir entendu parler.

Oui... Oui ! Zap le Draal, du clan Squall. Il leur avait raconté un soir, lors d'une de leurs fréquentes 'réunions' officieuses, comment il appliquait régulièrement une pommade tirée d'une plante rouge et bleue pour calmer les irritations de sa peau mal adaptée au climat trop humide d'Onderon. Il les avait aussi dit de faire attention avec cette plante, mais Alam ne se souvenait plus de la raison. Peu importait, il avait trouvé de quoi remonter le moral de Kolin, dont il capta le regard fugace. Fleur en main, il courut vers lui d'un pas enjoué. "T'avais raison, Ko", lança-t-il en brandissant la plante comme un trophée. Il avait choisi de ne pas calculer Maître Pirin qui était pourtant juste à côté, car il ne souhaitait vraiment que le professeur lui attribue le mérite de la découverte. "En onguent, ça calme les démangeaisons. Bien joué."

Tout enthousiasmé qu'il était, il serra instinctivement les poings. Son poing gauche pressa les pétales, le pistil et le réceptacle de la fleur, qu'il pointait par un triste hasard en direction de son camarade. Du suc noir jaillit, achevant de tâcher la bure de Kolin.

"Ah oui... elle fait ça, aussi", remarqua doctement Alam, se souvenant soudain de l'avertissement de Zap. Le suc était indélébile. Sa ferveur douchée, il serra les dents et dissimula vainement la fleur dans son dos.
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Atalan avait donc répandu une troupe de Padawans désarçonnés dans les allées du parc et les charmants bambins s’attachaient désormais à goûter tout ce qui leur passait sous la main. Quelques Chevaliers outrés par ces méthodes pédagogiques révolutionnaires pour ne pas dire, à leur humble avis, franchement dangereuse, regardaient d’un œil d’abord dubitatif puis critiques les errances de leurs cadets. Les plus vieux parmi eux n’avaient jamais appris qu’en écoutant religieusement les instructions énigmatiques de vieux Maîtres adeptes de paraboles. C’était à se demander si Atalan n’allait pas remplir l’infirmerie du Temple de jeunes gens intoxiqués plutôt que de futurs Guérisseurs.

L’intéressé, lui, abordait la situation avec une certaine sérénité. La preuve : il n’avait pas bougé d’un pouce. Du reste, c’était parfaitement inutile pour suivre les tribulations parfois un peu hasardeuses de ses protégés. Il les percevait dans la Force et il les sentait, les uns autant que les autres, chercher à la sonder pour trouver ce qu’il leur avait demandé. Les succès étaient… inégaux. En fait, dans l’ensemble, les Padawans étaient bien plus compétents qu’ils ne le croyaient eux-mêmes ; en revanche, concilier leur instinct avec la raison était une tâche pour eux bien plus compliquée et nombre d’entre eux repoussaient leurs trouvailles quand elles paraissaient décevantes de prime abord.

— Vous ne devriez pas manger ça.

En bon Miraluka, il ne s’était tourné vers personne ne particulier pour formuler cette remarque, de sorte que trois Padawans, eux, se tournèrent vers lui, l’air incertain. Le Maître inclina la tête en direction d’une jeune humaine un peu costaude qui avait déterré une sorte de tubercule.

— Ça risque de vous faire vomir.
— J’étais sûre que c’était un médicament…
— Oui. Pour faire vomir.
— Mais pourquoi on aurait besoin d’un médicament pour faire vomir les gens ?
— Pour vider les estomacs ! Ou l’estomac. Selon.
— Ouais et moi j’ai trouvé un truc qui…

Et le concert des découvertes commença, laissant sur le carreau deux ou trois Padawans dont le lien avec la Force n’était pas très puissant. Chacun expliquait de ce qu’il avait découvert et ce qu’il avait ressenti. Pour la plupart, l’impression était confuse et, à vrai dire, assez peu riche en informations. C’était une chose d’être guidée vers une plante, c’en était une autre de savoir à quoi elle pouvait bien servir et, plus encore, la manière de la préparer.

— Mais si on ne sait pas à l’avance ce que c’est, comment on peut savoir qu’on ne s’est pas trompé ?

C’était d’ailleurs précisément ce qui était arrivé au jeune humain de Coruscant, celui qui avait parlé du teirutan.

— Il faut avoir confiance en vos propres aptitudes.
— Mais ce n’est pas de l’orgueil que de croire qu’on aura toujours raison ?
— Ce n’est pas vous qui avez raison, c’est la Force. L’orgueil est de croire que les enseignements de votre raison sont plus judicieux que la réalité de la vie qui vous entoure et que la Force vous permet de percevoir.

Cette remarque quelque peu paradoxale fut accueillie avec un mélange d’attitudes pensifs, perplexes voire franchement sceptiques.

— Donc en gros, on n’a jamais besoin d’apprendre quoi que ce soit ? Faut juste être, je sais pas, disons connecté ?
— Non.

Une Padawan ne parvint pas à retenir un soupir de frustration que nul ne manqua dans le silence d’incertitude. Ses joues rougirent et elle marmonna des excuses à voix basse.

— Souvent, vous avez l’impression que la connaissance se divise en un instinct indicible et une aptitude à raisonner et que les deux sont relativement incompatibles. Qu’on peut combattre au sabre soit en réfléchissant de manière stratégique, soit en sentant son ennemi, comme dans une danse.

Les comparaisons martiales n’étaient pas rares chez celui qui avait mis longtemps à se réconcilier avec le rôle que le combat jouait au sein de l’Ordre.

— En réalité, les deux vont ensemble. Il y a des dizaines, des centaines de plantes médicinales dans ce parc, certaines qui sont ici d’abord pour leur beauté, d’autres que les Guérisseurs cultivent pour des usages spécifiques. Mais vous avez été guidés vers une plante précise, pas parce qu’elle existe plus dans la Force, pas parce qu’elle est plus facile à percevoir, mais parce que votre esprit la connait déjà et a pu en observer, d’une manière ou d’une autre, ses effets. Ces connaissances sont peut-être enfouies dans votre mémoire, anecdotiques jusqu’à être utilisées, mais elles existent toujours.
— Est-ce que ça veut dire qu’il faut avoir été malade pour savoir soigner ?
— Non mais les expériences concrètes seront plus riches en enseignement que les expériences livresques. Parce qu’elles sont perçues à travers la Force et qu’elles laissent, ainsi, une impression plus vive. L’apprentissage d’un Guérisseur ou de n’importe quel Chevalier en la matière doit reposer sur trois piliers, en somme : la fréquentation des plantes, la fréquentation des malades et la fréquentation des archives.

Atalan doutait cependant que les Chambres de Guérison deviennent soudainement le refuge favori des Padawans en mal de divertissement.

— De toute évidence, chacun d’entre vous est capable de percevoir les plantes et tout le monde sait où se trouve la bibliothèque. Reste les malades. Vous allez vous mettre deux par deux…

Aussitôt, des murmures s’élevèrent, alors que chacun essayait de s’en tirer avec le meilleur partenaire mais Atalan leva un peu la voix à son tour pour les couvrir.

— … et vous allez percevoir votre camarade à travers la Force et tenter de déterminer ce dont il a besoin.
— Comment ça, ce dont il a besoin ?
— Vous verrez.
— Et si on voit pas ?
— Vous verrez.

C’est beau, la confiance.
Dalla Tellura
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Kolin revint bredouille, et visiblement assez abattu… Elle l'avait croisé tout à l'heure, pendant ces allers-retours entre les plantes. Elle avait vaguement répondu un « je crois », et maintenant, elle regrettait de n'avoir pas été plus ouverte… Heureusement, l'humanoïde (elle ne savait toujours pas de quelle espèce il était réellement : Coruscant était tellement cosmopolite que cela n'apportait aucune information…) sembla se reprendre rapidement au contact d'Alam.
Sur le coup, elle n'avait pas eu l'impression de se livrer à une compétition à travers cette recherche. Mais maintenant, elle n'était plus aussi sûre de la nature de l'exercice, et surtout plus aussi sûre de la façon dont elle s'était conduite. Si ce genre de situation s'était produite lors d'un cours de sabre, et qu'elle s'était retrouvée dans la situation de Kolin, elle aurait éprouvé une certaine rancune envers un initié qui se serait conduit comme elle l'avait fait...

Elle se demanda comment elle aurait réagi si elle n'avait rien trouvé. Avec beaucoup moins de nonchalance, réalisa-t-elle. Sans être à proprement parler une initiée stressée, elle était très sensible à ce que les professeurs pensaient d'elle, et pas seulement dans l'optique d'un choix futur pour être prise comme padawan. Elle respectait ses professeurs, non pas en tant qu'ils étaient ses professeurs, mais en tant qu’individus, que pédagogues, que penseurs… De ce fait, à défaut, vu son jeune âge, de mériter leur estime, elle souhaitait qu'ils se fassent d'elle la meilleure opinion possible.
Par ailleurs, le savoir et le lien avec la Force était les deux éléments qu'elle valorisait le plus dans son propre parcours. Aussi, un échec dans l'un ou l'autre de ces domaines, surtout lors d'un exercice scolaire, et donc censé être adapté à son niveau, la démoralisait presque immanquablement. Elle admirait ces padawans qui parvenaient à se construire un parcours et un rapport au monde où l'échec "scolaire" ne représentait pas un vrai échec, puisqu'il était scolaire et constituait donc, en lui-même, une forme d'apprentissage.
Visiblement, Kolin avait quand même trouvé quelque chose, qu'il aurait négligé de signaler si Alam n'avait pas été là. Elle éprouva soudain une sorte d’admiration pour son camarade mal peigné. Il devait avoir un détachement très jedi pour renoncer à la reconnaissance d'avoir réussi l'exercice alors qu'il avait justement réussi l'exercice…
Mais brusquement, du liquide noir jaillit de la plante que tenait encore Alam. Dalla, comme Arila qui les avait rejoints et les autres padawans à proximité, s’éloigna d'un bond. Seul Alam fut touché par les projections, mais bien touché !

-Oh non ! s'exclama un initié à côté d'elle. Alam est passé du côté obscur !

Sa blague déclencha quelques rires, mais Dalla ne trouvait pas cela très drôle. Le Côté Obscur, c'était quelque chose de sérieux, et elle n'aimait pas en parler. Elle avait toujours considérer que seuls ceux qui l'avaient affronté en face pouvaient en rire, et elle était loin d'être de ceux-là…

Puis Dalla lut avec un grand sérieux les noms de ses deux plantes à Maître Pirin, puis ajouta d'un air gêné :

-Malheureusement, je n'ai pas réussi à identifier si la fleur de papaverum faisait tomber la fièvre ou si elle engourdissait et que c'est le raboc qui faisait tomber la fièvre…

Elle écouta ensuite avec intérêt les réponses du jedi aux questions d'autres élèves, surtout la question sur l’orgueil. Dalla s'était déjà souvent demandé si elle ne faisait pas un peu, sans vraiment s'en rendre compte sur l'instant, montre d'orgueil.

-L’orgueil est de croire que les enseignements de votre raison sont plus judicieux que la réalité de la vie qui vous entoure et que la Force vous permet de percevoir.

Dalla resta quelques instants à essayer de comprendre cette phrase, puis elle décida qu'elle n'y arriverait pas tout de suite, et qu'il valait mieux qu'elle la note. Elle sortit en catastrophe son datapad de sa poche, souffrit le martyr pendant la fraction de seconde qu'il mit à s'allumer, puis nota la phrase, en remerciant sa mémoire d'être aussi fidèle !

-Non mais les expériences concrètes seront plus riches en enseignement que les expériences livresques.

Elle n'avait pas besoin d'en être persuadée. Malgré son amour des livres, elle brûlait de plus en plus de voyager, de faire ses propres expériences et ses propres découvertes, de se forger son propre avis sur d'autres choses que le goût de la compote de yogan de la cantine ou la couleur du carrelage du hall. Mais pour une fois qu'un cours les poussaient à privilégier l’expérience et l'expérimentation, elle se sentait toute déroutée. Que devait-elle en penser ? Qu'elle n'était pas à la hauteur, et qu'elle avait du mal à affronter la réalité ? Ou que ce n'était que le début, et que la difficulté elle-même était la preuve qu'elle finissait par progresser -par accumuler de l'expérience ?

Puis le jedi leur dit de se mettre par paires. Dalla se tourna naturellement vers Arila, qu'elle connaissait mieux. D'ailleurs, Alam et Kolin avaient l'air de bien s'entendre, ils n'avaient sûrement pas envie de s'encombrer d'une twi'lek…

-Bon, euh… Tu veux commencer ? interrogea Arila.
-Je… d'accord.
Elle se concentra sur sa camarade.

-Hum… Tu as faim.

Elles pouffèrent, en repensant aux gargouillis qui s'étaient échappés du ventre d'Arila un peu plus tôt.

-Tu as besoin… tu as besoin…

Mais elle n'arrivait pas à voir quelque chose dont la Sullustéenne puisse avoir besoin. Elle ressentait bien ce petit début de distraction qui accompagnait un estomac vide et l'avancée d'un cours, mais rien d'autre. Arila semblait détendue, confiante, sans gêne vis-à-vis de ses camarades.

-Tu veux que j'essaie moi ? proposa-t-elle gentiment, voyant que Dalla restait silencieuse.
-Et bien, euh, d'accord.
-Alors…

Dalla eut alors une sensation très étrange. Elle avait déjà été « auscultée » spirituellement par des jedi, mais elle ne se rendait compte que maintenant de la délicatesse dont ils avaient fait preuve dans l'exercice. C'était donc cela que l'on éprouvait quand un initié tentait de faire de même sur vous ? Elle se rappela avoir procédé de la sorte que quelques personnes qu'elle avaient croisé, de fameux jedi rentrés de mission, des membres du Conseil. Ils avaient forcément senti ce qu'elle faisait par curiosité… Elle se sentait toute gênée maintenant.

-Tu as besoin de dormir… Tu es toute tendue et tu fonctionnes… sur tes réserves. Cela te fatigue deux fois plus. Tu dois… faire attention à ta cheville droite, aussi, elle est guérie, mais on sent qu'elle est plus faible que l'autre. Tu dois…

Pendant un instant, elle eut l'impression de se voir à travers l'esprit d'Arila. Pendant qu'elle parlait, cette dernière avait fermé les yeux, et avait posé ses deux mains sur les épaules de Dalla. Elle se recula soudain, comme si elle aussi avait senti, soudain, cette étonnante proximité, à laquelle elles ne se sentaient pas préparées.

-Tu… tu devrais faire de la muscu, conclut Arila, encore un peu gênée. J'ai senti toute ta chair en attente, en latence. C'est comme si la Force avait inscrit dans tes membres que la chair… la graisse, devait devenir du muscle, du muscle opérant et efficace, affûté, pour que ton potentiel physique soit réalisé au maximum…

Dalla sentit une étrange tension se répandre dans son corps en entendant cela. C'était comme si ses muscles eux-mêmes réagissaient aux paroles d'Arila. De la musculation… C'était loin d'être bête…

[vraiment désolée, encore une fois, pour le temps de réponse… évent plus maladies (oui, j'ai réussi à tomber malade deux fois en un mois…), plus voyage d'étude…]

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