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-------Quartiers privés de la Sénatrice Anthana.


Pieds nus croisés sur le bureau, Tess était avachie dans son fauteuil en consultant lascivement l’holonet, sur lequel les informations défilaient sous ses yeux sans qu’ils y trouvent un quelconque intérêt. En raison de certaines annonces de la part de la République, Tess était restée enfermée dans les quartiers privés d’Anthana depuis leur retour d’Umbara. Pourtant, ses talents pour se dissimuler dans la Force s’était développé, mais il était hors de question de mettre en péril tous les plans politiques de sa maîtresse juste pour vérifier que la fameuse garde licteur était ou non en mesure de la détecter comme potentiellement dangereuse. Autrement dit, son terrain de jeu préféré lui était interdit pour un temps indéterminé.

Bien sûr, l’holonet débordait d’informations. Mais ce n’était pas aussi intéressant, pour la simple et bonne raison que ces données-là tout le monde y avait accès. Que pouvait-elle espérer en tirer, alors que les conversations les plus intéressantes étaient en train de se produire au Sénat ? Elle aurait payé cher pour pouvoir se faufiler dans la Rotonde comme elle aurait pu le faire avant.

D’un mouvement nonchalant, Tess attrapa le jus de juma tous frais qui trônait sur le bureau à côté de son comlink et de ses affaires jetées en vrac. Elle ne serait jamais la reine de l’ordre, Anthana l’avait sûrement remarqué. Devant sa maîtresse, elle faisait pourtant d’importants efforts sur son apparence, désormais. Mais en privé… Elle se contentait du strict nécessaire. Ainsi les fichiers de son datapad, eux, étaient méthodiquement classés pour pouvoir faire appel à la source d’informations le plus aisément possible. Bref, Tess avait des priorités.

La Lorrdienne faillit s’étouffer avec sa gorgée, tant et si bien qu’elle postillonna sur l’écran de son datapad en se redressant violemment. Elle reposa la canette qui cracha elle aussi quelques gouttes sucrées sur sa main et sur le bureau, mais Tess s’en fichait. Son regard était comme aimanté par l’image qu’elle voyait. Il s’agissait d’un gars visiblement friqué qui parlait devant un micro. Rien d’extraordinaire, quoi.

Sauf que ce visage, elle le reconnaissait.

- Mais comment est-ce que t’as pu arriver là, toi !

Ces traits suffisants draguaient avec eux des souvenirs tout aussi désagréables. Elle avait risqué sa vie à cause de ce connard. Certes, initialement elle avait juste voulu concurrencer bêtement les autres apprentis, comme tout le reste de ce petit monde sur Korriban. Mais celui-là avait agi avec un culot tellement détestable… Elle lui avait échappé de peu, mais avait eu le temps de voir le sort qu’il avait réservé au zabrak qu’elle avait malgré tout tenté de garder en vie, elle. Lui avait décidé de la mort de l’un des leurs, stupidement, contre l’avis de l’Empire. Une espèce de petit chef aux gros muscles nocifs pour eux tous. Et surtout, il savait qui elle était tout comme elle savait qui il était. Au vu de leur dernière rencontre, ils étaient clairement ennemis. Ce qui signifiait qu’il pouvait la démasquer à tout instant. Sauf qu’elle l’avait trouvé avant lui, puisqu’elle-même n’avait pas été médiatisée. Quel coup de chance…

Tess se releva et arpenta sa chambre luxueuse mais désordonnée de long en large, lisant et relisant l’article qui s’affichait sur son datapad. Il ne contenait aucune information intéressante, seulement que l’imposteur se faisait passer pour un fils de noble blindé de thunes, qui avait défendu la sénatrice Kira lors de la dernière élection à la Chancellerie. Avant que tout le bordel de l’assassinat du vainqueur n’ait lieu. Que faisait-il, mêlé à tout ça ?
Tess savait que sa maîtresse avait des liens avec Kira, mais elle ne s’était pas positionnée en sa faveur, ni en celle de Scalia. Aussi n’étaient-ils pas forcément « alliés »… Et même s’ils l’étaient, Tess était certaine qu’il tâcherait de lui nuire s’il apprenait sa présence. Mais comment l’écarter définitivement d’elle et de sa maîtresse ?

L’article était signé Lucrecia Graciozi.




-------
Quelques jours plus tard, dans les bas-fonds de Coruscant…


Madame Graciozi ne travaillait plus Galactic Holonews, avait appris la jeune Lorrdienne en ayant tenté de la contacter directement au journal concerné. Elle avait d’abord cru à une réponse classique pour décourager les appels du public mais après quelques recherches sur l’holonet, Tess s’était rendue compte que la journaliste avait publié récemment quelques articles dans le Coruscant Post, dont la jeune Lorrdienne avait un souvenir clair des édito parfois sulfureux du rédacteur en chef. Les sujets abordés par Graciozi dans ses nouveaux titres ne l’intéressaient pas outre-mesure, aussi s’épargna-t-elle la lecture laborieuse du décryptage politique de tel ou tel politicien dont elle n’avait cure. En revanche, après plusieurs tentatives maladroites, elle parvint à obtenir des coordonnées numériques pour envoyer un message à la journaliste. Elle avait réfléchi longtemps. Elle ne voulait pas promettre ce qu’elle n’avait pas, mais il lui fallait être suffisamment intéressante pour attirer Madame Graciozi. Finalement, elle avait tapé et envoyé un bref message :

Bonjour Madame Graciozi,
Suite à la lecture de l’un de vos articles, particulièrement pertinents, je me permets de vous contacter au sujet d’informations sur la vie politique coruscanti. Il se trouve que, évoluant dans des zones particulièrement privées de la sphère politique actuelle, je pense être à même d’établir avec vous quelques échanges de données que vous ne trouverez certainement pas sans intérêt.
Tous les natundas soirs, je fréquente la cantina du Bith Déchu. N’hésitez pas à y venir prendre un verre si vous êtes intéressée.
Bien cordialement,

G. Whenlts.

C’est comme ça qu’elle s’était retrouvée, trois jours plus tard, assise nerveusement dans un coin d’une cantina emplie d’une musique stridente et d’individus vêtus de noir. Elle avait choisi l’endroit pour l’avoir fréquenté, et l’avait trouvé cool : la moyenne d’âge n’excédait pas vingt-cinq ans, ce qui lui permettait de se fondre totalement dans la masse. Et puis, elle était à l’aise avec les individus qui se vêtaient comme elle, en noir et en vêtements troués, des piercings plein la figure et sur d’autres parties du corps. Pourtant, cette fois, elle était restée soft : pantalon de cuir noir, ses vieilles bottes sombres abîmées, elle s’était seulement teint les cheveux d’une couleur rouge temporaire, et avait appliqué sur ses fines lèvres un rouge à lèvres noirs. A cause de ses cheveux qu’elle avait laissé repousser plus uniformément, elle ne pouvait plus faire de crête. Quel dommage. Son accoutrement aurait malgré tout scandalisé Anthana, et cela suffisait à plaquer sur son visage un sourire goguenard.

Elle n’avait pas bu d’alcool en l’attendant. Elle boirait en même temps que madame Graciozi, si celle-ci se montrait jamais. Elle s’attendait à ce qu’elle détonât dans une atmosphère pareille, ce qui lui permettrait de la repérer facilement. Elle ne connaissait que son visage, récupérée sur un CV que la journaliste avait laissé en ligne. Tess espérait que cela lui suffirait pour la reconnaître.

Mais Graciozi viendrait-elle ? Après tout, elle pouvait aussi l’ignorer royalement. Elle pouvait également refuser de descendre dans les bas-fonds (encore qu’ils étaient à proximité du quartier du Sénat, donc pas dans une zone particulièrement dangereuse) ou bien faire demi-tour à la vue des punks à la pelle regroupé dans l’étroit établissement.

Des lumières vives éclairaient le visage de Tess par intermittence tandis qu’elle s’enfonçait toujours plus sur la banquette. Devant elle, une boisson couleur bleue électrique fumait légèrement. Elle bailla de lassitude malgré la musique intense, mais sans quitter une seule fois des yeux l’entrée de la cantina.
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Le bain... Je ne sais pas si je vous l'ai déjà, mais, s'il y a bien un truc qui me relaxe, dans cet univers, c'est de prendre un bain.

Tout à l'heure, je suis allée visiter un appartement. Je peux me le permettre, maintenant : entre les 100.000 crédits qui me sont tombés tout cuits dans le bec grâce au "service" rendu à Rejliidic, et les 2.600 crédits de salaire versés par le Post, ça ne pose pas de problème. Dans l'ensemble, il faut le dire, l'appart était bien : spacieux (57 mètres carré, ce qui est beaucoup pour Coruscant quand on n'est pas de la haute), lumineux, bon, un peu expatrié par rapport au cœur politique, mais avec les transports en commun, ça ne posait pas de problème.

Je pense que je l'aurais pris, si, au moment de visiter la salle de bain, je n'avais pas eu cette révélation existentielle : j'aime les bains, ça, oui, mais je ne les aime que dans des endroits pouilleux. Endroits pouilleux du type : mortel sordide où j'en prends justement un en ce moment. Les sanitaires de cet appart étaient comme qui dirait parfaits. Clean, bien entretenus, avec cette immense baignoire blanche et tous ses gadgets moussants qui semblaient me tendre les bras, comme pour m'inviter à me déshabiller sur place et à me plonger dans leurs eaux chaudes et savonneuses. Un bref instant, je crois que j'en eus l'envie, mais... Je ne sais pas... Quelque chose clochait... C'était... trop propre, trop salubre.

Et à ce moment-là, à la manière dont le tracé de toute une vie réapparaît soudain à ces hommes qui voient la mort leur sauter dessus, toutes les images de tous mes bains pris dans tous les motels crasseux de toute mon existence ressurgirent en ma mémoire, dans un mélange de douceur et de brutalité que je ne saurai jamais décrire correctement. Ces bains remplis de mousse où je peux enfouir mon corps, d'où je peux laisser négligemment sortir un pied, une tête, une main, ces bains, c'est l'œuvre de toute une vie. Quand j'enquêtais sur Karl Wert, heureusement que les bains étaient là pour me réconforter... La première fois que je suis arrivée sur Coruscant, bouillonnante d'excitation, mais agressée par le rythme frénétique de la ville-planète, c'est un bain qui me permit de prendre du recul, de m'offrir cet effet sous-pape dont mon cerveau nébuleux avait tant besoin... Et dans la galère de ces derniers mois, qui m'a offert un meilleur soutien psychologique, sinon ces bains de tous les soirs, où mon esprit comme mon corps pouvait s'enliser dans l'écosystème vaporeux qu'ils composaient autour de moi ?

Mais je compris surtout, face à cette baignoire trop lisse, à sa surface trop blanche, à ses reflets trop brillants, que cet effet sous-pape ne fonctionnait pas en soi. Pour être pleinement efficient, il devait prendre un cadre très particulier : seules pouvaient me le garantir ces chambrettes glauques de motel immonde. Allez comprendre pourquoi. Peut-être parce que ces instants de paradis ont besoin d'un contraste avec ces carreaux crasseux pour s'épanouir pleinement.

Bref, c'est décidé : malgré mes rentrées d'argent, je reste ici.

«Lucrecia ! Couic ! Lucrecia ! Vous avez un nouveau message !»

Allons bon, on ne peut plus prendre son bain tranquillement, ici ?

«Hum ? Important, j'espère ?», que je lui demande, à CZ-66, mon petit droïde-boule qui vient de pénétrer dans la salle de bain sans crier gare. «Sinon, tu aurais pu attendre...»

«Je crois - couic ! - qu'il vous intriguera.»

Il me l'affiche en projection holographique au dessus de la baignoire. Ah, oui. Tiens donc... À voir...

«Bon. Tu aurais pu attendre quand même que je sorte du bain, pour un truc pareil, non ? Il n'y a pas le feu.»
* * *


Fondamentalement, obtenir des informations pures, sans autre forme de contextualisation, ça n'a aucune valeur. On vous l'apprend en fac de journalisme : contrôler ses sources, vérifier ses sources, justifier ses sources... Un simple témoin ne vous servira à rien : trop subjectif, trop embourbé dans la situation pour vous être d'une quelconque utilité. Non pas qu'il mentira, mais il vous donnera nécessairement une version des faits qui déformera la réalité, pour quelque raison que ce soit. Bref, la théorie journalistique vous dira de faire tout le contraire de ce que je m'apprête à faire ce soir.

Mais qu'à cela ne tienne ! L'autre coup, j'avais tiré un malin plaisir à découvrir les infos que m'avait délivrées Rejliidic. De même, celles que je pourrai collecter ce soir auront au moins le mérite de s'avérer croustillantes (un tel cadre, un tel contexte, ça ne pouvait que se prêter à de l'épicé, non ?). Et puis, toutes ces méta-données, si on peut les appeler ainsi, ne sont pas totalement inutiles : elles ont au moins le mérite de vous donner des a priori parfois pertinents sur telle ou telle personnalité politique, de voir leur petite vie de l'intérieur, ce qui peut aiguillonner un journaliste au moment de se lancer dans une publication plus sérieuse, ou encore, l'inciter à demeurer sur ses gardes face à une huile dont il connaît le passé crapuleux... Et puis, au delà de toutes ces raisons, peut-être faut-il avouer la principale : ce soir, je n'avais rien à faire de toutes façons, alors mieux vaut prendre un verre avec un parfait inconnu, que de perdre une soirée à mater l'holonet à la recherche de quelque chose d'intéressant.

D'ailleurs, maintenant que je rentre dans ce bar, je me demande... Parfait inconnu ? Ou parfaitE inconnuE ? Le message était signé : G. Whenlts (drôle de nom : ça sent le pseudonyme à plein nez), ce qui ne me donne aucune indication sur l'identité de mon/ma partenaire de ce soir. Enfin, en tout cas, l'ambiance du Bith Déchu me plaît : c'est indéniable. Tous ces gens à la mine bizarre, ils me rappellent mes années de doctorat, ces fréquentations un peu douteuses qui m'ont permis de passer certaines barrières... Un monde crète-piercing-tatouage qui serait peut-être définitivement devenu le mien, si je n'avais pas sombré dans le pire de tous les vices : le journalisme. Ça peut paraître farfelu de formuler les choses comme ça, mais je pense que mon job est encore pire que de devenir une punk (ma mère ne dira pas le contraire...).

Heureusement, tout de même, je me suis renseignée auparavant sur la teneur du Bith Déchu avant de m'y rendre. En termes de look, j'ai choisi la carte du : on se fond discrètement dans le décor, mais pas trop quand même, en mode : blouson de cuir noir, longues bottes à talons (utile en cas d'attaque masculine, vous m'avez comprise), queue de cheval, maquillage - rien de très extravagant -, et présence explicite d'un blaster au niveau de ma ceinture.

Je vais droit vers le bar, histoire de me poster pile poil au milieu de la salle et d'être pleinement visible de tout le monde... Alors, alors ? Qui, parmi cette bande de punks, va venir me faire un petit coucou ?
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Elle la vit entrer au moment même où elle avalait une gorgée de sa boisson acidulée, la reconnaissant par une forme d’intuition rapidement confirmée par un examen des traits durs de la journaliste, à la lueur de quelques flashs bleus tandis que celle-ci déjà s’approchait du comptoir. En réalité, elle ressemblait beaucoup moins à une journaliste que Tess s’y était attendue : avec son blaster et sa queue de cheval, elle ressemblait plutôt à une mercenaire qui rechercherait un contrat. Comme si les talons n’étaient là que pour ajouter la carte « séduction » pour être privilégiée par les potentiels commanditaires.

Tess abaissa doucement son verre : pas de gestes brusques pour ne pas éveiller les soupçons. Mais, histoire d’être sûre de ne pas se tromper d’individu et que la journaliste était bien venue seule, elle attendit patiemment quelques minutes. Personne ne vint accoster sa cible, aucun signe étrange non plus de sa part vers un partenaire dissimulé. Tess fut presque déçue de ne rien constater de bien intéressant à son sujet : Graciozi semblait parfaitement à l’aise dans cet univers, tout autant qu’elle, et n’était pas du genre à jeter des coups d’œil partout suspicieusement. Aucune faiblesse à deviner dans un tel comportement. Bon, au moins, leur rencontre ne ferait pas trop louche au milieu de tous ces gens. La dernière chose que souhaitait Tess était bien d’attirer l’attention.

Au moment même où elle s’apprêtait à reposer son verre et à se lever, une lourde main teintée de violet s’abattit sur son épaule, l’écrasant quelque peu sur la banquette. Tess se maudit intérieurement de n’avoir pas vu arriver le Twi’lek alcoolisé. Elle avait été si absorbée dans son observation de Graciozi qu’elle en avait abaissé sa garde.

- Hé dis voir ! T’es toute seule toi ! Fais pas ta mijaurée, viens danser avec Gorz’amahar !
beugla-t-il en pointant un doigt sur sa propre poitrine de sa main libre, le torse bombé pour montrer la faveur qu’il lui faisait.

Tess se dégagea d’un mouvement d’épaule et se leva. Le morceau de punk-électronique se termina au moment même où elle criait pour en couvrir le volume :

- J’suis gay ! lui rétorqua-t-elle pour se débarrasser de lui.

Un étrange silence plana après sa déclaration, heureusement vite remplacé par le morceau suivant. On lui décocha quelques regards amusés. Alors, se faire passer inaperçu : totalement raté. Contrariée, Tess attrapa furieusement le verre sur la table et se dirigea vers le comptoir en ignorant royalement les regards qui l’oubliaient déjà. Elle se planta à côté de Graciozi et déposa bruyamment le verre devant le barman, un balosar d’un certain âge qui lui sourit de ses dents abîmées. Bon, hé bien tout le monde allait croire qu’elle allait la draguer. Qu’à cela ne tienne, c’était une couverture comme une autre.

- Un cœur de réac’,
commanda-t-elle avec détermination, et un autre pour la dame, c’est moi qui offre.

Elle avait indiqué Graciozi d’un mouvement du menton. Le balosar les servit toutes deux sans se faire prier deux petits verres à la propreté douteuse. Ce n’était pas très important. Le cœur de réacteur était un alcool fort, qui vous brûlait l’œsophage et dont les effets étaient relativement immédiats. Il était aussi bon marché, d’où sa popularité parmi la communauté du Bith Déchu.

Tess sortit de la poche de son blouson une poignée de crédits qu’elle laissa nonchalemment sur le comptoir avant de s’emparer des deux verres. Sans adresser un regard au Twi’lek qui avait repris une danse furieuse, elle retourna s’installer à sa table. Elle se laissa tomber lourdement sur la banquette après avoir déposé les verres pour faire face à son invitée du soir. Elle aurait réellement préféré faire une introduction plus classe, mais c’était trop tard. Elle posa les deux mains à plat sur la table, y cherchant une forme de stabilité qui lui permettrait de s’expliquer un peu plus clairement.

- Bonjour madame Graciozi,
commença-t-elle soigneusement en se penchant en avant.

Le lieu était mal choisi, songea-t-elle brusquement, elles ne pouvaient pas parler facilement ici. Tant pis. Elle le saurait pour la prochaine fois, s’il y en avait une. Il allait falloir qu’elles se parlent d’un peu plus près. Elle tendit soudain une main pour serrer celle de la journaliste.

- Glorès. Enchantée de vous rencontrer.


Son sourire était sûrement légèrement surfait. Trop tard pour faire dans la dentelle.

- Bon, j’sais que vous n’avez pas de temps à perdre, et moi non plus. Je vous ai fait venir parce que j’ai besoin d’informations sur une personne que vous avez interviewée, annonça-t-elle de but en blanc. Quant à moi, je suis une personne au service d’un sénateur, dont je suis très proche. J’ai accès au Sénat, et j’y fais ce que j’veux. Vu votre créneau au Post, je suis sûre qu’on pourrait faire des échanges sympas.

Elle se rendit compte que sa tirade était quelque peu naïve, quoiqu’au moins pouvait-on percevoir sa sincérité. Elle n’avait pas voulu passer pour une inexpérimentée auprès de Graciozi, mais jouer la carte de l’indic qui a roulé sa bosse aurait été contre-productif : sa tenue et sa coupe la vieillissait un peu, mais pas à ce point. Et puis, la journaliste aurait tôt fait de se rendre compte de son inexpérience et elle serait sentit flouée. Et tant que Tess n’avait pas obtenu ce qu’elle voulait, il lui était inconcevable de prendre un tel risque.
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