Luke Kayan
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Il la connaissait.

Le monde s'était arrêté de tourner, les gens de se mouvoir autour de sa personne et les bruits s'étaient mis en grève. Tous, du speeder ronronnant aux bouches bavades. Il était devenu aussi soudainement sourd que clairvoyant.

Focalisé sur l'aura et cette impression de déjà-vue décidément récurrente ces derniers temps, le jeune Jedi tâchait d'avoir l'air neutre sans réellement y parvenir. Tendu et à l'affût, le Hapien se fraya tant bien que mal un chemin entre les passants, provoquant quelques réprimandes qui mourraient rapidement dans la gorge de leur propriétaire en remarquant sa canne d'aveugle. Habituellement, Luke n'était pas du genre à foncer dans une foule, encore moins à manquer de respect à qui que ce soit, rougissant s'il avait la mauvaise idée de le faire sans intention. Aujourd'hui, le jeune homme s'en moquait éperduement, totalement concentrée sur cette course-poursuite caricaturale. Un aveugle pisteur, le Chevalier en aurait ri s'il en avait eu le temps ou ne serait-ce que l'envie.

Mais non, l'envie n'y était pas du tout étant donné sa découverte. En effet, il avait beau ne pas se rappeler exactement de sa "cible", son cerveau reconnaissait que leur rencontre n'avait pas été des plus positives. Quoi de plus étonnant ? Coruscant lui portait malheur, et ce depuis qu'il y avait mit les pieds. Maudite planète, fichue ville, saleté de temple. Luke aimait normalement son oeuvre en ces lieux, tout comme il appréciait l'idée que les Jedis s'installent pour protéger au mieux la population, mais aujourd'hui il était vraiment d'une humeur de chien Akh.

D'ailleurs, plus le jeune homme s'approchait, moins il appréciait ce que sa mémoire voulait bien lui délivrer comme souvenirs, se faisant misérablement prier. Cette aura sombre sans l'être de trop pour autant... Jusqu'à ce qu'elle se transforme en un tourbillon de monstruosité là-bas. Le problème était de savoir où était là-bas. L'académie de Korriban ? Possible, c'était en ces lieux que le Jedi avait pu sentir les présences les plus obscures, inquiétantes et tourmentées. Pourtant, ça ne collait pas car son destin avait cogné contre celui de cette inconnue alors qu'il était déjà adulte... C'était un tout autre drame, aussi terrible mais plus récent.

Soudain, comme un signal, alors qu'il dû piler pour ne pas se cogner contre sa "cible" -était-ce dû au hasard ou l'avait-elle repéré ?- l'aveugle ressentit une brûlure sous ses yeux. Machinalement, il passa un doigt sur les deux cicatrices fines et parallèles qu'un scalpel avait dessiné sur son visage fin. Les mains du fou s'y étaient bien amusées, tremblantes de rage mais néanmoins précises, tatouant à même la peau, ces souvenirs tant recherchés aujourd'hui.

Hapès.

Un laboratoire. Détruit.

Une enfant malformée tuée.

Un Padawan déchu.

Et elle. Oui, c'était elle.

-C'est bien vous. N'est-ce pas ?

Elle le reconnaîtrait, il en était sûr, elle saurait de quoi il parlait. Restait à savoir si l'inconnue en réalité familière déciderait d'alimenter l'échange ou de fuir. Luke n'avait aucun prognostique sur la question, ignorant lui-même pourquoi il lui avait adressé la parole quand il aurait dû se contenter d'appeler du renfort. Mais du renfort pour quoi au juste ? Elle était un fantôme de son propre passé.
Darth Velvet
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Coruscant.... tant de souvenirs souvent honnis, parfois regrettés pourtant... comme je déteste cette ville, ses illusions de civilisation démenties par ses entrailles sordides, ses bas-fonds grévés par la corruption, la violence et la pourriture. Son air épais et fétide, issue de cette pollution inhérente à toutes ces soi-disantes Grandes Societés. Hormis les flèches de métal et de verre dressées fièrement vers les plus hautes strates d'une planète abimée par ses habitants et leurs folies de démesure, il n'y a rien de grand ici, que le mirage dont on souhaite s'abreuver. Duperies et croyances d'un système s'ingéniant à s'auto-mutiler avec constance et efficacité.

Mon regard les croisent, mais jamais le leur ne s’arrête. La foule est anonyme, l'individu, numéraire. Ils ont foi en cette cité, ou peut être ne se posent-ils juste aucune questions, de peur des réponses et des implications qu'elles engageraient. On pourrait croire que les révélations d'un sith dissimulé aux yeux de tous dans leurs précieuses institutions, siègeant même au cœur de ce Senat, aurait apporté l'éclairage nécessaire à la malhonnêteté gangrenant ceux qui les dirigent, comme l'on mène les banthas à abattoir. Mais non.... rien... pas une vague, pas une onde dans leurs certitudes.

Je crois que je n'ai jamais autant haï cet endroit que depuis que mes pas sont liés à celui du hutt. Un rôle, rien qu'une mission nécessaire pour obtenir la délivrance de mes cauchemars. Mais elle me vole mes espérances, les derniers lambeaux de ma naiveté envers cette societé. L'idée de me retirer, loin de cette folie, loin de cette vie m'assaille un court instant avant de se dissoudre. Non. Je survis depuis trop longtemps, mais maintenant je veux pouvoir vivre pleinement. Ne plus trembler lorsqu'on me frôle par inadvertance, ne plus laisser claquer les mâchoires de mes démons ou entendre cette petite voix perfide au fond de moi. Pour cela je n'ai pas d'autre choix que de demeurer Sweety pour un temps. Ironique... jouer les call-girls en façade pour n'être qu'un vulgaire garde du corps en réalité, moi, dont chaque contact physique me met à la torture.... Je devrais maudire Fantôme pour son chantage... ou le remercier, car seule je ne pourrais jamais retrouver ceux qui m'ont enfanté, ceux qui ont fait d'une gentille padawan, cette sœur d'obscurité.

J'inspire longuement, laissant le flux de la foule s'écouler autour de moi, comme l'eau évite le rocher. Un instant, juste un instant, pour me ressaisir, pour chasser toutes les turpitudes de mon âme, calmer les battements de mon cœur, museler la colère qui toujours s'instille dans mes veines lorsque mes pensées s'évadent vers mes anciens tortionnaires. Serais-je un jour débarrassée de ces fantômes qui m’oppressent ?

« C'est bien vous. N'est ce pas ? »

Assurément non. Ils me pourchassent, et leurs voix en cette instant se teintent d'une réalité curieusement indécente. Avec une lenteur craintive, je me retourne vers lui, vers cette réminiscence dérangeante de mon passé. Mes pupilles s'étirent en un trait d'azur, lorsque je le découvre. Comment aurais-je pu oublier cet adolescent aveugle... ou les circonstances de notre rencontre et de notre séparation. L'incertitude voile sa voix. Je pourrais nier, ou juste fuir, mais n'ais-je pas décider qu'il n'était plus temps pour moi de fuir ?

« Bonjour Luke. » répondis-je sans tremblement, et d'une intonation presque totalement neutre.

Un sourire se dessine légèrement sur mes lèvres lorsque mes yeux se posent sur sa canne.

«  Tu as d'aller plutôt bien... mais la canne était-ce vraiment nécessaire ? »
Luke Kayan
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Naturelle, juste, naturelle.

Comme si rien ne s'était passé, qu'ils étaient deux amis près à se remettre à jour. Luke se demanda soudainement à quoi il s'était vraiment attendu, si stressé qu'il n'y avait pas prêté attention. C'était maintenant qu'il avait la réponse que la question lui venait à l'esprit. Curieux tournant. Après un instant semblant durer une éternité, le jeune homme se décida pour un léger sourire. Que ses interrogations internes demeurent brouillonnes, peu importe, l'occasion d'avancer lui était donnée, il fallait la saisir. Ainsi, même s'il était un peu mal à l'aise, le Hapien avait choisi d'agir à l'égal de Vel -le nom lui était soudainement revenu tandis qu'elle prononçait le sien.-

Pour désamorcer cette bombe qui n'avait pourtant jamais été mise en route, le blond tapota le sol de sa canne blanche, s'appuyant nonchalamment dessus. Elegament quoique modestement vêtu en civil-avec des effets plus modernes, choisis par Jason bien plus doué en mode que lui.- il ressemblait à un garçon de bonne famille, facilement abordable, la canne indiquant clairement son handicap étant celle qui décidait définitivement les autres à le faire ou pas. S'il l'utilisait parfois à ce dessein-autrement dit, séparer le grain de l'ivraie-, le Chevalier l'amenait aussi en "promenade" pour des raisons plus louables comme aujourd'hui. En effet, malgré ses capacités à se repérer grâce à la Force, il n'était qu'un humain -enfin Hapien.- aveugle, pas un Miraluka. Ses gestes restaient limités dans un endroit aussi grand que peuplé. La canne soulageait son attention, lui permettant de se concentrer sur autre chose.

-Dans cette foule ? Je crois bien, sauf si mon intention était d'éborgner quelques personnes en chemin.

Confia le jeune homme avec un léger rire. Avec son outil, déjà, il ne pouvait s'empêcher de se cogner dans certains torses irrémédiablement attirés par sa personne semblait-il, alors sans, ce serait la panique sur le trottoir.

-Puis-je t'offrir à boire ? Je serais ravi de prendre un verre avec toi.

Proposa la Hapien qui ne parvenait résolument pas à maintenirr le vouvoiement de circonstance auquel il était si attaché habituellement. Vel avait fait ce qu'elle avait fait, mais pour le moment, le choc et l'émotion le maintenaient dans de bonnes dispositions. Luke était en réalité sincèrement heureux d'avoir retrouvé la Mirialan. C'était comme avoir soudainement l'occasion de clore un dossier demeuré ouvert sur son bureau depuis trop longtemps. De plus, l'aura grisée et l'attitude cordiale de cette dernière ne faisaient que l'inciter d'avantage à une approche détendue. Luke avait l'impression de la connaître mieux que certains de ses amis, tout en ignorant tout de sa mystérieuse personne. Qu'avait fait Vel toutes ces années ?

-Sais-tu quelque chose d'Orme ?

Finit par demander le jeune homme, surpris de ses propres mots qui avaient jailli de sa bouche sans qu'il n'y soit préparé. La phrase n'avait même pas eu le temps de se formuler dans son cerveau qu'elle avait bondi comme un chien Akh affamé, toujours sur ce ton aimable quoiqu'un peu plus inquisiteur. Là encore, Luke était incapable de récolter des informations pour nuire à l'ex-Padawan. Certes, le garçon était désormais un déserteur, et pire, un criminel potentiel reconnu, mais la phase "retrouvailles" venait à peine de commencer. Le Hapien était encore bien trop étonné pour réagir comme la "machine" qu'il savait être, aussi disciplinée qu'intransigeante. Pour le moment, la curiosité dominait son être, ainsi qu'une certaine compassion pour son ancienne compagne de cellule. L'aventure avait peut-être mal finie mais il était en vie grâce à elle ainsi qu'à Orme, et pareillement pour eux. Un trio irrémédiablement réunis, même à des centaines d'années lumières, bien que la Force ait finalement décidé de faire se retrouver deux membres de cette fine équipe aussi imprévue, qu'imprévisible.
Darth Velvet
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La foule nous dépasse, nous ignore, avalant quelques regards curieux à notre étrange couple si mal assorti, dans ses vagues grouillantes d’inconnus pressés. Il faut dire que nous détonons, lui le jeune hapien, fidèle à ceux de son peuple par son physique avenant et pourtant niché sur une canne. Et moi, la mirialan, le corps moulé et dévoilée par une tenue aguicheuse à la limite de la décence. Un rôle, une personnalité, un déguisement. Pour lui comme pour moi, car quoi qu’il prétende, je n’ignore pas le superflu de son accessoire. Les circonstances de notre rencontre et le temps passé l’un avec l’autre, nous ont mis à nu, sans possibilité de dissimulation, ou de faux-semblant. Je sais parfaitement à quoi m’en tenir quand à sa cécité tout comme il connait mon obscurité.

« Crois-tu que ce soit une bonne idée que tu sois vu avec moi ? »

Je dissimule une mise en garde, dans l’inflexion de ma voix. Aujourd’hui, il n’est plus le padawan qu’il fut lors de notre descente aux enfers d’Hapès. Il ne porte plus la tresse, symbole de son apprentissage que je ne doute pas qu’il ait passé avec brio. Mais ce que l’on peut tolérer pour un adolescent, ne se justifie chez un Chevalier plus aguerri. Je doute que le Temple approuve avec sérénité une entrevue entre une fausse prostituée anciennement allouée aux siths, et un de leurs disciples.

« Mais pourquoi pas… enfin si tu es sûr de toi, évidemment. »

Nulle besoin de réponse, elle flotte entre nous, dans son attitude droite et affirmée. Sans attendre, ma main gantée effleure son bras sans réellement s’apposer, juste pour le guider et l’inciter à suivre mes pas. Nous nous mêlons aux autres sans pouvoir cependant nous fondre à la faune, bien trop différent, bien trop contrasté pour appartenir à leur monde illusoire. Qu’importe, je ne nous conduis qu’à quelques foulées. Devant nous la façade rayonnante d’un établissement un peu guindé s’ouvre sur une large porte que j’emprunte sans la moindre hésitation, entrainant dans mon sillon un Luke.

« Mademoiselle Sweety, bienvenue à nouveau chez nous. Monsieur le Sénateur, vous accompagne-t-il ? »

« Je souhaite juste une table dans un endroit tranquille, je vous prie » éludant adroitement d’un sourire, les curiosités de ce « majordome » pincé à la mémoire par trop redoutable.

Il lui avait suffit que de deux petites excursions à sa table, pour qu’il se souvienne de mon nom et se rappelle dans quelles situations. Espérant qu’il n’ajoute rien d’indiscret me concernant, ou au sujet de Ragda. Mes doigts serrent fugacement le bras du Hapien, comme pour l’enjoindre de taire ses questions sur mon patronyme ou sur ce politicien.


« Les alcôves. Suivez moi, je vais vous conduire »

Dommage que le jedi soit aveugle, il aurait probablement approuvé les hautes colonnades de pierres immaculées et luisantes, raffinées dans leur simplicité. Les murs enduits d’argent et blanc, les tables savamment disposées pour préserver l’intimité de leurs occupants, les sofas moelleux des banquettes anthracite, l’escalier de verre menant jusqu’aux alcôves en demi-lune dont un lourd rideau de velours noir peut occulter l’entrée.

« Parfait. Merci beaucoup. Un Bloody Wookie pour moi » complétais-je en m’installant.

Une fois les deux commandes prises, le serveur s’éclipse refermant derrière lui le rideau, nous abandonnant dans le confort feutré des lieux. Mes doigts s’entrelacent sous mon menton, mes coudent se dressent sur la table, et mes prunelles scrutent celles, mornes et mortes, de mon homologue.


« Non… j’ignore ce qu’est devenu Orme… Il a juste disparu … » Ma langue claque sur mon palais. « Il y a un moment que je n’ai pas pensé à lui. Tu sais Luke, l’obscurité avale parfois ses enfants. Je ne suis pas sûre qu’il arpente encore ce monde. En tout cas, je n’ai pas ressenti sa présence dans ma toile, depuis très longtemps. »

Je le dévisage, guettant ses réactions.

« Pourquoi ? A cause d’Hapès ? N’es pas mauvaise conscience… tu n’as rien à te reprocher. On fait tous ce qu’il faut pour survivre. Que ce soit un bon ou un mauvais choix. »
Luke Kayan
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-Pour ce que je vois du regard des gens.

Certes, cette entrevue comportait un petit risque, mais vraiment ridicule en comparaison aux avantages à en tirer. Luke ne s'estimait de toutes façons pas assez connu pour attirer l'attention sur sa personne, sans parler de Vel ou plutôt à "Sweety" pour avoir plus d'une stratégie dans sa besace question discrétion. Les yeux encore un peu écarquillés de surprise suite à ce pseudonyme franchement mièvre, le jeune homme contint difficilement un sourire, choisissant de se concentrer sur la matière indéfinissable de la rampe d'escalier. Il émanait d'elle, un écho surprenant et une certaine puissance fragile impossible à définir réellement. L'ambiance quant à elle était clairement luxueuse, soigneusement entretenue par des serveurs à la voix feutrée. Sweety semblait en tout cas être une habituée de l'endroit, un facteur sécurité pour les deux jeunes gens qui, s'ils éveillaient des soupçons, seraient protégés par la renommée de la Mirialan. Pour l'instant, le duo ressemblait plus à de bons amis voir à un couple souhaitant passer un moment autour d'un verre qu'autre chose, rien de transcendant.

Conduit à une table qu'il imagina tranquille vu le peu de sons- et encore, ces derniers leur parvenait de manière étouffée- le jeune homme fut surpris en s'installant de "couler" dans une matière moelleuse. Un sofa ou un pouf assez haut lui permettant de s'accouder sans souci à la table. Voilà qui confirmait l'idée de luxe qui s'était petit à petit invité dans la tête du Hapien. Tâchant d'être à la hauteur, le garçon se redressa pour contourner la table, une main posée dessus pour se guider, et ce afin de tirer la chaise à Vel. Il retourna ensuite s'assoir, écoutant attentivement cette dernière après avoir commandé un coktail de fruits rouges sans alcool distraitement. Ainsi, Orme avait disparu. Luke ne savait pas s'il devait se réjouir ou pas. L'option donnée par Velvet paraissait en outre la plus logique. L'ancien apprenti était un "parleur", il était étrange qu'il se taise au lieu de clamer tout haut le mal que lui avait fait les Jedis. Pendant un temps, le garçon avait surfé sur la vague, s'immisçant même en politique mais il avait effectivement vite disparu. Vu le profil d'Orme, c'était suspect.

-En effet, il a disparu, de notre côté aussi d'ailleurs.

Pendant longtemps, le blond avait cherché des traces d'Orme et de Vel. De manière irrégulière, certes, puisqu'il profitait de trous entre deux missions pour se faire, mais le duo ne lui était jamais sorti de la tête. Normal après tout, étant donné l'impact qu'avait eu cette visite sur Hapès. Une de ses premières missions sans maître, et probablement la plus désastreuse. Le bilan humain avait été extrêmement lourd, vu qu'il incluait la perte de l'enfant déformée et des autres victimes décédées lors de la formidable explosion qui avait conclut leur séjour là-bas.

De base déjà, l'Ordre de Mission n'était pas net, incorporant le père d'Orme si Luke s'en souvenait bien. Se pourrait-il que le Padawan s'était joué de sa personne dès le début ? Parfois il y songeait, alors que d'autres, il prenait ce dernier comme une double victime: du laboratoire et de lui-même, dévoré par sa propre ombre.

-Je n'avais pas plus le droit de survivre qu'un autre de là-bas, méritant peut-être de retrouver la lumière du soleil après des années plus que moi. Depuis combien de temps gardaient-ils toutes ces... Expérimentations penses-tu ?

Les souvenirs étaient flous, Luke ne se souvenait plus vraiment bien de sa rencontre avec Vel. Etait-elle une connaissance d'Orme ? Comment s'était-elle retrouvée embourbée là-dedans ?

-T'a-t-on déjà recontacté à ce propos ? Je sais avoir été identifié et interdit de séjour sur Hapès à vie. J'y suis inscrit comme ennemi de la Nation. Quant aux laboratoires, j'avoue ne pas avoir cherché plus que ça. Manque de courage à l'idée d'en trouver de semblables ? Probablement.


Sincèrement, quelque soit le statut de Velvet, Luke espérait que son aînée n'avait pas eu d'ennuis suite à cette expédition sur Hapès. Son mode de pensée était diamétralement opposé au sien, mais elle ne méritait pas qu'on la poursuive. Personne, pas même sa pire ennemie, Jenny en l'occurence. Une arrestation propre et nette suffirait. Le blond refusait toute sombre histoire de scientifiques fous, quelque soit leur excuse pour exister.

Repoussant une mèche blonde qui balayait son visage, le jeune homme but une petite gorgée de son coktail qui venait d'arriver. Il essayait de se rappeler avec plus de précisions de la rencontre du "trio" destiné à faire exploser un laboratoire sur Hapès. Quand, où ? Sur Coruscant, ça il s'en rappelait, dans un bar moins chic que celui-ci et beaucoup plus animé. Les Hutts, ou tout du moins l'un d'entre eux était mouillé dans l'affaire. A moins que ce ne soit un concours de circonstances. Lui aussi avait perdu la vie. Tant de X dans l'équation. Décidemment, Luke détestait les matémathiques.
Darth Velvet
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Mon regard caresse le visage du jeune hapien, s'attardant sur les cicatrices striant sa peau lisse et parfaite. Un étrange sentiment me submerge, un instant, avant que je le refoule loin au plus profond de moi. Hors de question de laisser mes émotions s'inviter dans cette conversation, malgré l'affection que j'éprouve pour le padawan devenu chevalier. Une tendresse née au cœur de la folie et de l'obscurité, de celle qui lie les survivant ou les frères d'armes, mais je n'ai que par trop laisser ma sensibilité s'attacher à mes pas. Pour l'intégrité de mon cœur encore morcelé par un certain jedi, je la fais taire. Mes prunelles s'embrasent de glace, dissimulant dans leur méandre de bleu et de violine, cet attachement que je veux taire.

«  Tu avais autant le droit de survivre que chacun d'entre eux. »

Est-ce la tristesse qui voile ses traits androgynes ? Les remords ? Les regrets ? Je soupire légèrement, ne souhaitant pas qu'il l'entende tout en sachant que ce sera forcément le cas. Mes résolutions fondent comme neige au soleil, et ma voix se réchauffe sous ses rayons.

« Ils avaient le droit de vivre, mais ils n'en avaient plus ni la force, ni la volonté. Ce qu'ils ont subit est tout simplement inacceptable, mais tu n'y es pour rien. Tu sais, ils avaient abandonné. Je pense que rien de ce que tu aurais pu faire n'aurais changer cet état de fait. Ce n'est pas uniquement ne pas voir la lumière du soleil, mais les expériences... les ont transformés. Vivre ainsi c'est se perdre, perdre ses désirs et ses rêves, perdre son essence même.,, Rien ne les aurait arraché à cet endroit parce qu'au fond, ils avaient déjà perdu leur combativité, ils avaient rendu leurs armes, ils étaient déjà mort de l’intérieur. Ta flamme à toi, ne s'est jamais éteinte. Tu voulais t'enfuir, tu voulais vivre et tu avait les moyens d'y parvenir car tu n'étais pas seul. C'est pour cette raison que nous nous sommes échappés, pour cette raison qu'ils ne se seraient pas évadés. Je... » Je m'interromps, hésitante avant de reprendre. « ,,, je sais que tu regrettes de ne m'avoir empêché de... dans les laboratoires mais … » Ma voix s’éraille. «  Mais il le fallait, les cris, les suppliques dans la force... autrefois je l'ai aussi ressenti. Il n'y avait rien d'autre à faire. »

Je bois. Le bloody wookie est serré. Il brûle ma gorge, mais pour autant soulage momentanément ma conscience. Les réminiscences de ces souvenirs macabres remontent, m'assaillent sous mes paupières closes.

« J'imagine qu'ils l'étaient depuis trop longtemps pour certains, et d'autres depuis toujours.


J'ouvre les yeux, m'adosse plus profondément dans le sofa dans un bruissement de velours et de soie. Mes bras se croisent sur ma poitrine. Les questions qu'il pose sont légitimes, je les comprends, mais je n'aime pas ce qu'elle éveille en moi, cette haine enfouie, prête à se relever au moindre soupçons de colère. Hapès a sur moi, cette même influence que l'image du Patriarche ou de ses fils. Si je me suis approchée de cette planète ? Non … je l'ai fui. Comme lui. Probablement comme Orme si le fil de sa vie ne s'est effiloché sous les rudesses de l'Univers.

«  Je n'ai pas essayé. Je ne suis pas sûre de me contrôler si je revoyais cet endroit. Je pensais en revanche qu'en tant que padawan tu aurais remis un rapport et que le conseil jedi ne serait pas rester sourd à la souffrance de ceux encore emprisonné dans les geôles. »

Je me renverse vers la table, m'approchant tant de Luke que mon souffle se perd sur ses joues. Ma voix n'est qu'un murmure susurrant à son seul bénéfice mes doutes.

« Ils n'ont rien fait ? »
Luke Kayan
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Sirotant son coktail, plus pour se donner contenance qu'autre chose, Luke écoutait attentivement Vel. Il n'avait jamais pensé la retrouver, et encore moins ressentir ce méli-mêlo d'émotions incompréhensibles au fur et à mesure que leur rencontre se précisait. Elle avait fait du mal à ces innocents, avait perdu la tête, et pourtant, il avait envie de l'écouter, de la croire même. Oui, ce serait bon de se décharger un peu la conscience en songeant de la sorte, surtout que ce n'était pas faux, si l'on omettait la gamine qui lui avait présenté sa poupée, heureuse et confiante malgré ses déformations générées par la folie humaine.

-Il y avait cette petite fille quand même. Je crois, non, je suis sûr, qu'elle aimait la vie.

Se justifia-t-il, la gorge serrée, comme on le ferait face à une conscience un peu trop laxiste. Vel, Orme et lui avaient outrepassé bien des droits au nom de celui de la survie, à commencer par celui de l'égalité. Et justement, ils étaient dans ce cas-là, égaux en fautes selon le jeune Jedi. Pour autant, Luke n'arrivait pas à culpabiliser son interlocutrice, tout du moins, pas tant que ça, car ses yeux vairons continuaient de fixer son regard, le soutenant malgré leur cécité. Il était en train d'accepter les arguments de la Mirialan, de lui pardonner, en sachant que ce n'était pas à lui d'avoir cette bonté, sinon aux victimes. Néanmoins, si son aînée ne cauchemardait pas trop, c'est qu'ils avaient dû le faire, lui donnant sa bénédiction pour leur libération au sein de la Force. Lui-même ne rêvait pas souvent d'Hapès, comme si son cerveau avait décidé de faire l'impasse sur cet événement, le faisant ressurgir de temps à autre mais de façon limitée, comme craignant la surchauffe. Lorsque de rares cauchemars se rappelaient à lui, ils étaient terribles, l'actrice principale étant cette gamine dont il n'avait pas vu l'horrible faciès, sinon pire, senti la peau calcinée à l'acide. Sans doute un expérience sur la "reconstruction" après un accident, à moins qu'il ne s'agisse de remanier totalement un visage à son goût. L'idée faisait froid dans le dos. Conseiller quelqu'un sur des modifications chirurgicales extrêmes, quitte, peut-être, à voler le nez ou les yeux de victimes. Oh oui, Hapès serait bien capable de faire ça au nom de la beauté, d'ailleurs, un trafic devait déjà exister. Qui veut de beaux yeux bleus limpides ? Et ce petit nez retroussé ? Il irait à merveille avec vos lèvres pulpeuses.

Le jeune Jedi s'enfonçant dans son cauchemar éveillé spéculatif reposa un peu brusquement son coktail. Il frissonna quelques secondes encore, de manière quasi imperceptible mais incontrôlée puis répondit à Vel, sans aucun reproche, là où il aurait normalement défendu l'Ordre avec véhémence.

-Bien sûr. Le Conseil sait tout, y compris mes erreurs, mais Hapès est une planète délicate. Le moindre incident diplomatique pourrait gâcher les relations déjà tendues qui existent entre l'Ordre, voir la République et la Royauté. Pour l'instant, on craint de trouver la tête du serpent en cherchant la queue.

Et il y avait malheureusement bien assez d'injustices pour s'arrêter à l'une d'elles, insoluble. Luke devait attendre, il avait confiance au Conseil qui l'avait cru et avait assuré son appui. Pour l'instant, la relation entre Hapès et eux était beaucoup trop difficile pour tenter quoique ce soit, encore moins à travers lui, désormais reconnu comme ennemi de la planète qui l'avait vu naître.

-Moi, je ne peux rien faire, je suis interdit de séjour là-bas. En fait, je dois être un des mâles parmi les plus haïs. Et officiellement, il n'existe pas de "laboratoire". Que le Conseil émette cette idée, même sans accuser directement le Gouvernement et cela pourrait déclencher une guerre.

Un peu déprimé tandis qu'il se rappelait que le Temple tournait vraiment en rond face à cette situation, le Hapien faisait lui-même tournoyer distraitement sa cuillère dans son verre. Il finit par s'en rendre compte au bruit agaçant et but une nouvelle gorgée pour casser cette nouvelle routine sans doute un peu pénible.

-Que deviens-tu maintenant ? Et surtout, qu'aimerais-tu faire à l'avenir ?

Reprit le Jedi d'un ton légèrement plus joyeux. Il avait envie de croire que Vel menait une existence plus agréable désormais, loin des conflits. Dans sa tête, étrangement, il ne la voyait pas agir comme une Sith, prête à tuer pour de l'argent, le pouvoir ou le plaisir. Son mode de vie l'intriguait plus qu'il ne l'effrayait, et il avait un réel désir de savoir qui était "Sweety". A vrai dire, Luke s'imaginait quelques légères entorses aux lois avec un amusement qui le surprenait. Habituellement procédurier et très droit il ne se privait pas de reprendre les contrevenants. Etrangement pourtant, comme il n'imaginait pas la Mirialian sanguinaire-même après l'avoir vu perdre la tête sur Hapès.- il ne la voyait pas non plus telle une citoyenne à la vie fade. Vel ? Elle avait sûrement plus d'une épopée épicée dans sa manche, et cela le faisait gentiment sourire. C'était à ses yeux, une "mercenaire" au grand coeur. Une malmenée, ballotée de la vie, pour laquelle il éprouvait de plus en plus d'empathie. Une chose était sûre, autant le Chevalier avait ressenti de la méchanceté chez Orme et il le dénoncerait, autant il était décidé à taire ses retrouvailles avec son ex-coéquipière un peu forcée.
Darth Velvet
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« Peut-être l’aimait-elle… peut être… » Susurrais-je, plus pour moi que pour lui.

Mon regard se perd, soumis aux souvenirs de cette scène macabre, si bien que les explications de Luke me parviennent de loin. L’espace d’un instant, j’en suis détachée, avant de réaliser le contenu de ses propos. Pourquoi ne suis-je pas étonnée de ce manque de réaction flagrante de l’Ordre ? Mais, malgré tout, la déception m’étreint. Une partie de moi, plus naïve, surement encore attachée aux préceptes inculqués dans mon enfance et adolescence, imaginait une réponse différente. L’inaction des hommes de Bien permet toujours au Mal de progresser. Une devise que le Temple semble avoir très largement oublié. Evidemment, on ne peut s’essayer aux rouages de la politique en plaçant à la tête de la République, une des leurs, et agir pour le bien commun. Je n’aurais pas cru que les jedis choisiraient au final la voie du pouvoir, remuant leurs oriflammes fantoches et scandant leur volonté fallacieuse de paix. Finalement les meilleures intentions du monde pavent les chemins vers l’Obscurité. Je me demande si, le Conseil a conscience du sentier tortueux vers lequel, inexorablement il s’enfonce. Non … je suis sûre qu’il ne doute jamais de lui-même… Une confiance qui finira, tôt ou tard par leur nuire.


« Il faut parfois passer outre la politique pour faire ce qui est juste, mais il est vrai que c’est plus simple d’attendre en espérant que le problème se résolve de lui-même. Ce n’est pas une nouveauté à l’Ordre, j’avais pourtant espéré une amélioration mais je m’aperçois que les travers se prononcent chaque jour davantage. »

Mon bloody wookie est bien amer d’un coup, et je le sirote maintenant sans grand plaisir. La paille s’échappe de mes lèvres, dans un soupir.

«  Ceux ne sont que des victimes collatérales, de toutes façons, on ne peut rien y faire !… » lançais-je avec une ironie mordante, de celle qui atteste d’un passif commun avec ces malheureux abandonné à leur triste sort. «  … Le Temple est un familier de cette pratique. »

Je chasse d’un revers de main, le cocktail et me penche à nouveau au dessus de la tables, les doigts entrecroisés sous mon menton, le visage inexpressif, comme pour clore à mon tour ce sujet de discussion ne pouvant qu’être houleux avec un représentant jedi à mes cotés. Mais si d’apparence, j’offre un profil serein, neutre, indifférent, mon cœur lui, subit les affres d’une lutte intestine. Mon aura se charge d’orage contenu, et la colère gronde dans ma poitrine. Pourtant, comme si de rien n’était, comme si je ne ressentais pas la morsure douloureuse de ma frustration, de ma rancœur, de cette fureur, je garde un instant le silence avant de moduler ma voix, de façon plus chaleureuse. Ne rien laisser deviner de mon courroux ou de mes démons, les enfermant dans un entrain forcé.

« Hmm… ce que je fais à présent… Tu es bien curieux ! Disons que j’ai passé un contrat avec une personne dont je tairais le nom. Je rends certain service à son client. Pour résumer, c’est surtout du genre jouer les gardes du corps , en toutes discrétions. D’où le Sweety. C’est mondain, assommant et sans grand intérêt, hormis si l’on apprécie la politique et son fonctionnement. Ce qui n’est pas réellement mon cas. »

Je pose ma main sur la table, tapotant d’un air rêveur, le pied de mon verre. Je n’ai pas particulièrement envie d’approfondir le débat sur ma vie actuelle, et encore moins qu’il en apprenne quoi que ce soit de compromettant, en revanche… Non… ce n’est ni prudent, ni raisonnable, pourtant cette question malvenue me démange, me ronge intérieurement.

« Cela fait longtemps que tu as perdu ta tresse de padawan ? » annonçais-je pour détourner mon attention de cette obsession récurrente.

J’écoute sa réponse distraitement… ou plutôt je tente d’écouter mais sans grand succès. Toutes mes pensées s’aimantent à présent vers des mots que je ne souhaite prononcer. Un visage, un nom danse devant mes yeux à présent clos. Et si… non, Luke se poserait forcément des interrogations auxquelles il me soumettrait. Pourtant j’ai envie de savoir, besoin peut être, même si nos relations frôlent aujourd’hui l’inexistence et malgré le fossé qui nous sépare irrémédiablement, un part de moi ne peut s’empêcher de se soucier de lui. L’autre de le fustiger d’une colère glacée. Des sentiments qu’il me faut noyer, et qui, dans l’abysse finisse toujours resurgir à la surface de mes eaux impétueuses.


« Est… Est-ce que tu connais Léonard Tianesli ? »

Cela m’échappe. Je me mord la lèvre et je suis sûre qu’il va déceler cette fêlure, ce léger tremblement dans ma voix. Qu’importe ! Il est à présent trop tard pour retenir ce que je n’ai su taire, je n’ai plus qu’à espérer que ce ne soit pas le cas… ou peut être bien que si.
Luke Kayan
Luke Kayan
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Évidente, concise, tranchante. L'attaque n'acceptait aucune contradiction, et pourtant, Luke ne put s'en empêcher. Il devait absolument défendre l'Ordre, malgré certains doutes. Oui, après la mission, le jeune homme s'était embrasé de colère-ressentant les effets immédiats de ce sentiment si violent pour lui.- parce que rien n'avait été fait. Puis, il s'était résolu à attendre, apprenant que certaines choses devaient se faire plus subtilement pour fonctionner, et qu'une aide salutaire pour quelques individus suite à une "attaque" surprise pouvait en condamner des centaines. Sans énervement mais d'un ton un peu fatigué de toujours devoir défendre le Temple, Luke choisit ses mots avec soin. Les Jedis faisaient de leur mieux, agissant bénévolement. Pourquoi leur exigeait-on l'impossible sous prétexte qu'ils avaient la Force ? Pourquoi ne comprenait-on jamais leurs démarches ?

-Ce ne sont pas "des dommages collatéraux", il s'agit d'une planète entière, puissante et capable de représailles. Au nom de la justice, nous ne pouvons mettre en danger les citoyens, Républicains ou non avoisinant Hapès qui est déjà une poudrière en soi. Le dossier n'est ni pas mis en attente et encore moins aux oubliettes, mais agir imprudemment, répondre à la morsure par une morsure serait causer d'énormes dommages collatéraux justement.

Luke n'avait jamais cessé de songer à Hapès et aux victimes d'autres laboratoires comme ceux-ci, ne doutant pas que cette planète si préoccupée par la beauté et tellement peu par l'éthique en était bardée. En sous-marin, il glanait des informations et remplissaient son dossier, petit à petit et surtout lentement car toujours très occupé. Néanmoins, pour l'instant, son pourcentage de temps libre ne changeait rien. Astarta et sa planète étaient sous les projecteurs du Sénat pour l'instant, Luke pressentait qu'elle ferait parler d'elle. Ce n'était pas le moment. Il fallait attendre qu'Hapès tombe en disgrâce, que les murmures commencent à émaner la concernant, que les foules s'indignent. Mais pour cela, il fallait agir avec précaution, et surtout, fournir les gouttes d'un venin crédible, autrement dit, un dossier en béton. On en revenait toujours au même point. Plein de concessions cependant, car compréhensif envers les sentiments d'une jeune femme ne cherchant pas à maîtriser ses sentiments-lui-même y peinait lorsqu'on abordait le thème d'Hapès, lié à son passé lointain et récent.- il proposa un entre-deux.

-Je suis en train de monter un dossier. Il a très peu avancé je dois te l'avouer. J'étais pris par ma formation, la finalisation de mon mémoire, sans compter le peu d'informations que j'ai sur la planète. Et pour cause, impossible d'infiltrer vu que j'y suis interdit de séjour. Néanmoins, j'ai réuni des éléments solides. Notamment deux témoignages de Hapiens immigrés, décidés à témoigner. Il me manque des femmes.

Évidemment, le point de vue d'une minorité ne comptait pas, à défaut de marquer les esprits et de faire pleurer dans les chaumières. Il leur fallait les sentiments de plusieurs Hapiennes révoltées par les conditions de vie des hommes malgré leur haut statut. Luke avait décidé de commencer par là, le toit du vaisseau [hj: le sommet de l'iceberg] dont les gens soupçonnaient déjà l'ombre tant il était mal caché. Ensuite, l'attention attirée, il faudrait appuyer sur les autres points négatifs du gouvernement, dont les laboratoires. Plus il y aurait d'atrocités mises en avant, plus les harpies des associations humanitaires s'acharneraient, aidant le Jedi de leur propre extrémisme, à coup de points d'exclamations sur les réseaux sociaux d'holonet et commentaires haineux. Ce serait donc une bombe, mais pour ne pas que celle-ci éclate puis s'efface lamentablement, remplacée par les déboires des pauvres Gizkas importés sur Tatooine où ils souffraient de la chaleur, il fallait alimenter la source, et surtout vérifier que l'alimentation était de qualité.

-Si tu t'ennuies... Ton témoignage sur le laboratoire m'aiderait... Moi j'essayerais de m'impliquer le moins possible, car ma subjectivité me ferais perdre en crédibilité. C'est "normal" de défendre une cause si on a fait partie des victimes, pas "logique". Qu'en dis-tu ? J'avoue que je patine un peu à mener seul cette enquête.

Ajouta modestement le jeune homme, et ce n'était pas peu dire puisque son dossier ne formait qu'une page ou deux, et encore, des brouillons. Ce n'était pas le manque de volonté cependant sinon sa crainte d'impliquer Jason, de lui causer des torts couplés à une grosse faute de moyens. Mais la première raison avait un poids important il fallait l'avouer. L'Amour rendait donc bel et bien égoïste ?

-Je suis chevalier depuis un an et demi, environ. J'étudiais déjà pour les épreuves finales lorsqu'on s'est... Rencontrés. C'était ma première mission sans supervision. Vu la tournure des événements, tu comprendras que ma nomination a prit du retard.

Fit-il en souriant légèrement, pas spécialement contrarié à l'époque que son adoubement soit remis en cause. Son stress à l'idée de ne pas être accepté comme chevalier prouvait d'ailleurs qu'il ne se sentait pas spécialement à la hauteur il y avait de cela, déjà un an et demi maintenant.

Rendu curieux par la question de Velvet, le jeune homme perdit tout de suite son sourire, abordant désormais une mine surprise. Cependant, il choisit d'être honnête, demandant implicitement la même chose à son interlocutrice.

-Nous avons eu un briefing pour une mission ensemble mais guère plus. Pourquoi ?

Luke aurait pu prétendre avoir un contact régulier avec le doyen de la famille Tianesli -au Temple tout du moins.- mais il préférait la sincérité, d'avantage encore face à "Sweety" avec il entretenait ce lien si particulier.

Continuant à siroter son coktail désormais vidé de la moitié, le jeune homme se permit un petit relâchement en se laissant aller sur le pouf dans une attitude un peu plus détendue. Cependant, les apparences étaient trompeuses car le Hapien était intérieurement nerveux. En réalité, il espérait que Vel l'aide en ce qui concernait l'enquête sur les laboratoires secrets.
Darth Velvet
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Ils ne se connaissent pas, enfin pas vraiment. Un étrange sentiment m’envahit, entre soulagement et déception. Je rejette ma faiblesse, et élude sa question. Que lui répondre à vrai dire ? Il n’est pas d’usage pour une sith, même déchue, de s’intéresser à un jedi autrement que pour apprendre à le dépecer vivant. Non… je préfère taire les souvenirs qui, encore maintenant tantôt réchauffe mon cœur, tantôt le broie de tristesse et d’amertume.

« Hmm… pour rien. »

Il est préférable de focaliser son attention sur d’autres faits, d’autres objectifs. Je m’empare du sujet des laboratoires clandestins hapiens, quoique, au fond je doute qu’ils soient réellement en dehors des lois de ce monde si avide de beauté qu’il en perd son humanité. Finalement est-ce tant les chercheurs, exécutoire d’une volonté de la population à refréner la vieillesse et les usages du temps comme une maladie infectieuse, que Hapès en général qui expose au travers de ces pratiques, ses idéaux douteux et gangrénés. Sans clients désireux de modifier leurs petits défauts et leurs ridules, sans personne pour désirer une santé parfaite en tout âge et lieu, les laboratoires de ce type ne fleuriraient pas comme des champignons sur un tas d’immondices.

« Je ne peux pas témoigner pour ton dossier Luke. Non pas que je sois contre ce que tu essaies de faire, même si je doute de son efficacité, mais tout simplement parce qu’il m’est impossible de m’impliquer à titre personnel. De toute façon, mon témoignage n’aurait pas la moindre valeur, dans le sens où ce n’est pas une citoyenne très … recommandable qui l’effectuerai. »

Une personne recherchée… primée qui plus est. Mais ceci, je préfère lui taire. Pour sa sécurité comme la mienne.

« Je ne m’ennuie pas, cependant, je vais bientôt avoir une.. » Mes lèvres se fendent d’un sourire « ... permission. Je dois enquêter de mon coté sur quelque chose qui me tient à cœur et… disons qu’il est possible que mes intérêts entrecroisent tes recherches. Si tu le souhaites, je peux récolter ce que je trouverais sur les laboratoires secrets d’Hapès ou tu peux, m’accompagner. »

L’invitation m’a échappée. Pourtant l’idée est plutôt bonne… Après Tatooine et les fichiers dérobés, j’ai suivi les miettes de ma vengeance, cherchant à atteindre ceux qui jadis furent mes geôliers, cherchant à atteindre les deux derniers fils du Patriarche. Ils sont cependant malins… usant des rouages pervers de leur fond de commerce pour se dissimuler, pour masquer aux yeux du monde leur véritable identité. Les renseignements fournis par Fantôme, entrecoupé par mon larcin, tout me porte vers Hapès… Et je me doute à quels fins, certains laboratoires souhaiteraient acquérir des enfants de la force, extirpés à leur monde par la violence ou pas l’appât d’une vie meilleure.

« Je sais… tu es interdit de séjour là bas. Mais les interdictions sont faites pour être contournées. Je suis certaine de pouvoir te faire entrer, avec un peu de préparation. »

J’avale la fin de mon cocktail, histoire de lui laisser le temps de se faire à cette idée.

« Nous trouverons probablement les preuves qu’ils te manquent, peut-être même pour convaincre le Conseil d’une intervention. Par contre… tu ne peux m’accompagner en tant que jedi, seulement en tant que Luke… c’est à toi de voir. Quoi qu’il en soit, si tu décides de ne pas venir, je t’apporterai ce que je trouverais…"

Mais je ne serais vraiment pas contre un garde-fou…
Luke Kayan
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Pensif, Luke acheva son cocktail tandis que Vel lui expliquait comment elle pourrait lui venir en aide. Il ne put s'empêcher de tiquer légèrement quand cette dernière lui fit part de ses doutes concernant ses recherches. Évidemment, la voie légale était toujours plus compliqué, raison pour laquelle bien peu y avaient recours. Enfin, au moins la Mirialan ne se moquait pas totalement de son entreprise et allait jusqu'à proposer une option. Utiliser la duperie n'était guère la spécialité du Hapien qui, en plus, n'avait pas spécialement envie de retourner sur sa planète natale. Néanmoins, après des mois de fouille, quoiqu'à temps partiels, lors de ses trous d'emploi du temps, le jeune homme n'avait rien trouvé de nouveau. Il n'avait aucune idée de comment continuer d'ailleurs, pataugeant totalement. Une personne contre une Planète passée maîtresse dans l'art de la cachotterie, c'était bien trop, même pour le patient Luke.

- Si j'y allais, nous sommes d'accord tous les deux, il est hors de question de mêler le Jedi à cette affaire.

Annonça le Chevalier, refusant d'éclabousser la réputation du Temple. Bien trop d'enjeux, de risques, au-delà de sa propre vie. De ce côté là, il était tout à fait apte à s'y rendre seul, quitte à mourir dans son coin. Mais suffisait-il de braver les interdits pendant ses heures libres pour protéger l'Ordre ? Les choses n'étaient pas aussi simples, de la même manière que le Hapien ne s'imaginait pas abandonner ses promesses. Vel lui tendait la main, malgré la folie qui s'était emparée d'Orme et en partie de sa personne; il avait déjà travaillé avec. La Mirialian ne partageait peut-être pas ses méthodes, voir ses idéaux mais leur but était semblable.

- Comment ferais-tu pour m'introduire là-bas en supposant que j'accepte ? Et serais-tu prête à une ou deux concessions ? Je ne veux pas de bain de sang.

La petite fille déformée palpitait, sans image précise, dans son cerveau. Luke se sentait comme sur le point de s'évanouir sur son siège. La tension intérieure était extrême. Il était sur le point d'accepter de retourner sur la planète, endroit qui ne lui avait apporté que des ennuis, manquant de lui retirer la vie. Sa prime jeunesse et son retour sonnaient comme des avertissements avant la bonne. Hapès aurait sa peau. Pire encore néanmoins, aux yeux du petit Jedi parfaitement éduqué, il craignait de faire souffrir l'Ordre.

- Même si je ne devais pas revenir, on ne devra jamais me relier à l'Ordre. Jamais.

Touché par le fait que Vel lui ait promis de lui ramener ce qu'elle apprendrait, Luke se sentait un peu responsable d'elle. Cette mission était déjà suffisamment suicidaire comme ça pour la laisser y aller seule. Ce n'était pas de son genre de rester assis bien au chaud en attendant que les réponses tombent du ciel. De plus, l'infiltration proposée par Vel constituait une chance unique vu comme les frontières étaient fermées. Un Jedi n'était pas sensé s'impliquer autant dans le destin d'une planète, mais Luke y voyait d'avantage l'occasion de sauver une population opprimée qu'une affaire personnelle. Se trompait-il ?

- Rien n'a été prouvé, mais je suis parti de notre lieu d'enlèvement et j'ai entendu parler d'autres attaques de ce genre. Les proches décrivent toujours leurs disparus de manière élogieuse, mais la beauté revenait toujours. Comme tu le devineras, ce n'est donc probablement rien et 0 valeur juridique, mais... Cela correspondrait à ce qu'ils nous faisaient là-bas, tu sais, pour obtenir la perfection.

Darth Velvet
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« Luke, je ne suis pas une enfant de cœur. Je vois très bien ou tu veux en venir avec tes concessions. Je pourrais te répondre évidemment, ou te faire croire qu’il me sera possible de me contenir quelle que soit la situation, mais ce serait te mentir. Je suis telle que je suis, et ça me navre de te le dire comme ça, mais c’est à prendre ou à laisser. »

L’intonation de ma voix ne laisse aucun doute sur mon inflexibilité. Il ne m’arrachera aucune promesse, de même que je ne lui en réclame aucune en retour. S’il ne peut m’accepter dans mon intégralité, alors il est préférable que je joue seule dans les Ombres mortelles d’Hapès. Je ne suis pas de celle qui répande inexorablement le sang dans leur sillage mais je ne me laisserais jamais plus mener à l’abattoir, la bouche en cœur et armée de mes seules convictions et idéaux. Je me battrais, je me défendrais, je tuerais si cela se révèle nécessaire… comme je l’eusse fait dans le laboratoire avec Ulrich et lui et comme je le referais certainement de nombreuses fois dans l’avenir.

« J’espère que tu me connais suffisamment pour savoir que je ne donne pas dans les bains de sang. Jamais sans raisons, jamais sans inutilité. »

J’appelle un serveur, agitant mon verre d’une main, dans les airs, afin qu’on vienne m’en servir un de plus. Le personnel ne traine pas, apportant deux nouveaux cocktails, identiques aux précédents et s’éclipsant aussi rapidement qu’il est apparut. Je porte la boisson à mes lèvres. Glacée. Sucrée. Délicieuse.

« Aucune chance qu’on te relie à l’Ordre. Tu auras une nouvelle identité, un passé fictif. Il faudra surement te teindre les cheveux, et peut-être les couper aussi… Enfin disons essayer de modifier un peu ton apparence, au cas où que les postes de sécurité des spacioports aient ta photo… Bref, je m’occuperais de cette partie, je sais à qui m’adresser. Par contre, je te conseille… au cas où nous ne reviendrions pas d’envoyer un message automatique avec envoi différé. Histoire que tu prennes certaines dispositions… au cas où ! »

Je sors un bloc de donnés de mon sac à main. Il est clair que pour une création d’identité qui passe les contrôles strictes hapiens , il nous faut le meilleur. Fantôme. Mais chaque service à son prix ; et j’espère que celui-ci n’aura pas un gout exorbitant.

« Tu devras juste me faire parvenir une holo-photo de ta métamorphose et… pour le reste, il ne devrait pas il y avoir de problèmes… enfin si tu acceptes de venir. Quand à tes données et les miennes, je te propose que nous mettions tout en commun, durant le voyage. Je pense que nous aurons du temps pour échafauder une stratégie et décider par quel bout nous commencerons nos investigations. »

Je me lève, abandonnant sur la table les crédits pour l’ensemble des consommations. Ma main gantée, se saisit de celle de Luke, et je glisse entre ses doigts, une carte de visite, écrite en commun et en braille.

« Pour que tu puisses me contacter lorsque tu le souhaiteras. Je vais lancer les préparatifs nécessaires. Recontactes moi dans un mois, si tu n’as pas changé d’avis… dans le cas contraire et bien… tant pis. Tu ne dois pas te sentir obligé, et quoi qu’il en soit ma proposition de te ramener ce que je trouverais, tient toujours. »
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