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Anonymous
Thème musical


Depuis quelques heures, la tension était à son comble dans la cage dorée que les autorités avaient allouée à Lord Janos. Après plusieurs semaines passées dans sa suite luxueuse, ce dernier ne s'était pas encore exprimé en public. Son image charismatique semblait d'ailleurs sombrer peu à peu vers la pente de l'oubli, et si l'ex-politicien n'avait pas demandé à ses geôliers d'inviter la presse, il aurait très bien pu disparaître définitivement de la sphère républicaine, malgré les premières vagues d'enthousiasme qu'avait suscitées son arrestation : on est si vite remplacé dans le milieu politique...

Les services de sécurité avait passé des heures et des heures à analyser chaque holo-cam, à contrôler les CV de chaque journaliste, craignant que cette déclaration publique ne fût l'occasion rêvée d'une évasion. Mais il s'était avéré que le dossier ne présentait aucune faille. Et après tout, un présumé coupable disposait toujours de la liberté d'expression : on ne pouvait empêcher le Lord de dire ce qu'il avait à dire. D'autant qu'on désirait vraiment entendre ce qu'il avait à dire...

Du reste, le résultat journalistique relevait quasiment du cinéma. Ce quinquagénaire aveugle, les yeux recouverts d'un sobre bandeau blanc, assis dans un fauteuil de cuir, face aux holo-cams... Il fallait bien l'avouer : l'image était chargée d'une théâtralité qui ne pourrait que flatter l'audimat. C'était évident.

Mais les quelques journalistes présents ne s'attendaient pas à ce que l'audimat montât autant, ce soir-là. Ils ne s'attendaient pas à une telle révélation, en fait. Personne ne s'y attendait.

«Citoyens, citoyennes.», déclara Janos d'une voix tremblante.

«En ces temps troublés où l'on ne parle plus que de haute trahison, il est grand temps de vous révéler la vérité. Toute la vérité.»

Il inspira lentement pour se décharger de l'énorme pression que ce discours mettait sur ses cordes vocales, lui donnant, outre le stress, une terrible sensation d'étouffement, d'agonie.

«Je ne passerai pas par quatre chemins. Je ne ferai pas de grands discours. Je ne chercherai même pas à me justifier : mon procès en sera sûrement l'occasion. Pour l'heure, je vais me contenter de vous dire ce que je sais. Tout ce que je sais.

Je plaide coupable.

Je l'assume haut et fort : j'ai trahi la République. Les documents qui sont à l'origine de mon accusation sont bel et bien des faux. C'est moi qui les ai trafiqués dans l'intention de nuire à mon rival politique, Ragda Rejliidic.

La presse parle abondamment de ces enregistrements. Mais ce n'est qu'une toute petite partie d'un gigantesque iceberg, et c'est cet iceberg que vous devez découvrir. Je vous préviens d'avance : la vérité ne sera pas agréable à entendre, mais mieux vaut une âpre vérité qu'un doux mensonge, n'est-ce pas ?

Je connais personnellement Darth Ynnitach. J'ai travaillé pendant plusieurs années à son compte, parce que je suis un Sith. Un Sith du nom de Darth Deinos. J'ai occupé – et j'occupe encore, tout au moins officiellement – la fonction de Maître des Forges : c'est moi qui me charge de l'industrie impériale. Grâce à ce poste, j'ai pu faire construire une base secrète sur Aargau, au pôle nord, où se trouve en ce moment même une armée Sith prête à attaquer Coruscant.

Les documents sont des faux, mais ce sont les enregistrements d'une conversation bel et bien réelle que j'ai eue avec Darth Ynnitach sur Flydon Maxima. Elle m'a parlé d'un pacte conclu entre Ragda Rejliidic et elle. Je ne sais quasiment rien de ce pacte, mais elle a laissé sous-entendre que le sénateur de Bakura était impliqué dans l'invasion d'Artorias d'une manière ou d'une autre.

Ce n'est pas la seule information que je peux vous délivrer. L'ancien Chancelier Suprême, Halussius Arnor, aujourd'hui juge à la Cour Suprême en charge de mon procès, a effectivement subi des traumatismes lors de son séjour en territoire impérial. Son intégrité vis-à-vis de la République mériterait d'être vérifiée, car il ne semble pas plus fidèle à notre régime que ne l'a été Ragda Rejliidic – ou moi-même.

Enfin, Valérion Scalia et Ion Keyiën étaient au courant de ma double identité. Ils savaient que j'étais un Sith, et sont eux aussi coupables de haute trahison. Ils m'ont apporté leur soutien quand j'ai fait construire un centre militaire impérial sur Aargau, désireux d'employer cette base pour déclencher la guerre galactique dont ils ont toujours rêvé. Ils savaient que l'Impératrice n'avait pas d'ambitions bellicistes, et avaient besoin d'un élément déclencheur pour provoquer un conflit. Cet élément déclencheur se trouve sur ma planète natale : c'est cette base secrète.

S'ils m'ont évincé, c'est parce qu'ils jugeaient que je devenais trop dangereux et croyaient que je ne parlerais pas. C'était une erreur de leur part.

Le Gouvernement vous a donc menti depuis le début. Pourquoi Valérion Scalia s'est-il autant entouré de Jedis pour diriger les affaires politiques ? Pourquoi Ion Keyïen a-t-il désiré renforcer les lois anti-Sith ? Parce que tous deux voulaient vous donner l'illusion qu'ils n'avaient rien à voir avec les Sith. Pour appuyer mes dires, vous trouverez dans la base militaire d'Aargau des documents administratifs qui vous prouveront leur culpabilité.

J'accepte donc d'être jugé pour tous mes crimes. Je l'avoue : je suis coupable, et rien ne pardonnera jamais les exactions que j'ai commises. Mais si justice doit être faite, alors qu'elle le soit totalement. Ragda Rejliidic doit être condamné pour implication dans l'attaque d'Artorias. Halussius Arnor doit être destitué pour interaction avec l'ennemi. Valérion Scalia et Ion Keyiën doivent être démis de leur fonction pour haute trahison.

Citoyens, citoyennes, j'ai conscience que mes paroles vous blessent. Que vous vous sentez trahis, abusés. Je vous ai trahi, oui. Mais je ne suis pas seul : Ragda Rejliidic, Halussius Arnor, Ion Keyiën, Valérion Scalia, eux aussi, doivent recevoir le juste châtiment qu'ils méritent. Je ne sais pas comment, juridiquement, on peut pallier le retrait conjoint d'un Chancelier et d'un Vice-Chancelier, mais je suis persuadé qu'à compter de maintenant, un nouveau gouvernement verra le jour.

Et s'ils se drapent derrière leur immunité, alors je les blâme. Je les blâme, parce que ce sont des hypocrites. Parce que la République est gouvernée par des menteurs, des traîtres. J'invite l'opposition sénatoriale et le peuple dans sa totalité à employer toute la pression nécessaire pour qu'ils déposent leur démission. Justice doit être faite !

Je ne vous ferai pas l'affront de terminer mon discours par un : Vive la République. Ce serait le comble de l'hypocrisie. Je veux juste, quand je serai condamné à perpétuité avec Ragda Rejliidic, avec Ion Keyiën et avec Valérion Scalia, que vous vous rappeliez de moi comme celui qui, des quatre, aura su faire preuve d'honnêteté.


Je vous remercie de votre écoute. »
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