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Trois pièces métalliques tintant dans sa poche, Xemire se frayait cahin-caha un chemin parmi les badauds des rues encombrées d’Iziz. Ce jour-ci était jour de marché. Par conséquent, la population Izienne était venue s’amasser dans les principales artères de la cité, bordées en la circonstance d’étals de marchandises aux couleurs et odeurs variées. Une assourdissante clameur couvait les lieux ; s’en échappaient régulièrement les offres tonitruantes des marchands, à l’attention des passants ne jetant qu’un œil en direction de leur étalage. La poussière virevoltait joyeusement dans les jambes de la foule, soulevée par nombre de pieds traînés paresseusement et autres piétinements impatients. Pour couronner le tout, une étouffante chaleur était également présente au rendez-vous et ne se priait pas de faire massivement transpirer la population - au comble de sa peine.

Essuyant d’un revers de manche la sueur perlant à son front, Xemire poussa un faible juron et se résolu à passer entre les jambes de l’individu lui bloquant le chemin, une espèce d’alien éléphantesque aux jambes interminables, trop occupé à marchander avec animation pour la remarquer. Une manœuvre audacieuse, certes, mais la jeune fille avait plus que hâte de s’acquitter de sa course pour pouvoir sortir de cette infernale ambiance.

Ce jour-là, Xemire avait relevé sur sa nuque son impressionnante masse capillaire en une épaisse queue de cheval. Fermement nouée, celle-ci ne parvenait pourtant pas à contenir quelques mèches électriques, dressées avec désinvolture autour du visage contrit de la jeune fille. Elle portait sa tunique claire de novice, dont le tissu était léger et suffisamment aéré pour qu’elle n’ait pas bras et jambes couverts d’une intense transpiration.

« Quatre crédits le kilo de namanas ! » Beugla un gros marchant besalisk à sa droite, d’une voix si puissante que les tympans de Xemire en tressaillirent violemment.

Vaguement sonnée, la jeune fille poursuivit tant bien que mal son chemin, guettant à l’occasion entre les épaules des passants la place du marché, qu’elle cherchait à rejoindre avec tant d’ardeur. Elle avait là-bas l’adresse d’un petit stand aux senteurs particulières qu’un Maître lui avait recommandé.

Le Maître Ardin, plus vieux qu’on ne saurait l’imaginer, s’occupait tranquillement depuis quelques décennies du classement des archives à la bibliothèque du Temple. Sa route, toute à fait habituelle jusqu’alors, avait un matin heurtée au coin d’un rayonnage celle de la jeune fille - fervemment engagée dans la recherche d’un ouvrage que bien des novices auraient eu la sagesse de fuir. Stupéfait par la vue de la jeunesse au sein de sa bibliothèque séculaire, le Maître Ardin s’était passé une main griffue dans sa barbe broussailleuse et avait sourit d’un air béat. Actionnant la manette de son fauteuil roulant, il s’était avancé vers la jeune fille, ravi à l’idée de lui venir en aide.
En dépit du siècle qui les départageait, le Maître et la novice s’étaient aussitôt très bien accordés. L’esprit de Maître Ardin était un inépuisable puits de connaissances, ce qui ne pouvait que plaire à Xemire, dont la soif de savoir était insatiable. De temps en temps, ils profitaient d’une rencontre fortuite au milieu des rayonnages pour discuter, et Xemire de le noyer sous un véritable déluge de questions. Le vieux Maître, enchanté par l’énergie que déployait la novice afin de satisfaire sa curiosité, se prit d’affection pour elle, et réciproquement.

S’il y avait une chose que le Maître Ardin aimait autant que les vieux livres, c’était bien les infusions aux algues amiras. L’amira était une espèce brune et gluante de laminaires originaire de Mon Calamari. Seule une poignée d’individus, à l’instar du vieux Maître, étaient capable d’apprécier le goût saumâtre et la texture visqueuse qu’elle conférait à l’eau de votre thé.

En raison du peu d’adeptes de cette algue, l’amira était un produit difficile à se procurer. Par chance, il existait ce stand étriqué au marché d’Iziz ; parmi les nombreuses curiosités culinaires que celui-ci proposait, l’amira en faisait partie. Maître Ardin le savait, toutefois, en raison de son handicap, il ne pouvait décemment pas s’engouffrer dans la frénésie du marché et mettre la main sur ces algues lui-même. En vérité, le goût de la mer lui manquait tant, qu’après une longue hésitation, le vieux Maître avait finalement demandé à Xemire son aide.

La jeune fille détestait les bains de foule. Cependant les personnes l’appréciant sincèrement au Temple se comptaient sur les doigts d’une main, et elle ne pouvait refuser ce service au Maître Ardin qui avait accordé tant d’attention à ses questions.

Ce matin-là, il lui avait fallu bien plus de temps que prévu pour rejoindre la place centrale du marché. Les rues d’Iziz étaient prises d’assaut par la population. La principale raison de cette attraction était, semblait-il, une troupe de comédiens itinérants qui faisait le spectacle au cœur du marché. La renommée de cette troupe s’étendait visiblement au-delà d’Ondéon, car l’excitation qui précédait la représentation faisait frémir la ville entière.

Profitant de son petit gabarit pour s’extirper de deux larges silhouettes, Xemire déboula finalement sur la place centrale où l’animation était à son comble. Lorsqu’elle embrassa le lieu du regard, la jeune fille aperçut dans la foule un cracheur de feu que des spectateurs encourageaient d’exclamations à la fois excitées et inquiètes, chaque fois qu’une gerbe de flammes jaillissait de sa bouche. Plus loin, deux échassiers affublés de déguisements tapageurs enjambaient avec aisance la foule agglutinée à leurs pieds. Au milieu des nombreux stands du marché se dressait un petit théâtre élégant, dont la scène était dissimulée par un large rideau écarlate.

Tandis qu’elle faisait le tour de la place, en quête du stand décrit par Maître Ardin, Xemire entendit soudainement plusieurs exclamations de surprise dans son dos. A peine se retournait-elle pour constater la cause du chahut, qu’on la bousculait violemment. Projetée de côté, la jeune fille manqua de mordre la poussière, mais parvint à force de larges moulinets à garder son équilibre. Stupéfaite, Xemire se redressa vivement et chercha des yeux le responsable de cette agitation.
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Une fois n'était pas coutume, Saerian ne portait pas son armure composite sur lui. Il était vêtu à la place d'un uniforme paramilitaire, aux couleurs d'Ondéron. Le Cathar avait été contacté par un de ses amis, ancien soldat de la République, qui avait eu à faire face à un changement de carrière, après une malencontreuse rencontre avec un Scyk sur Tatooine, qui avait eu l'envie, saugrenue, certes, mais légitime, de goûter à sa jambe. 
Depuis, cet ex-soldat avait une jambe métallique et un uniforme d'officier de police d'Ondéron. 

Le Chasseur de Primes avait été appelé pour mettre la main sur un trafiquant d'épices, d'armes et parfois, de chair et son expérience en matière de criminels serait la bienvenue, sans parler de sa mémoire absolue. Le petit problème était qu'il ne pouvait être engagé comme Chasseur de Primes, alors ne parlons même pas de consultants. 
Heureusement, son ami, toujours avec l'esprit pratique des soldats débrouillards, l'avait engagé comme "Policier à l'essai", le temps de capturer le contrebandier. Pour quitter les rangs de la police, Saerian n'aurait qu'à coller un coup de poing à son ami pour être renvoyé pour "brutalité sur un supérieur", le tout classé sans suite, ni plainte dudit supérieur.

Le Cathar patrouillait donc dans les rues. Chaque jours, un quartier d'Iziz différent, pour qu'il mémorise chaque ruelles, chaque impasse, toutes les sorties de secours possibles et imaginables. Présent sur Ondéron depuis un mois, il parvenait enfin au terme de ces patrouilles et de l'étape suivante : traquer le trafiquant. 
Le Chasseur de Primes se sentait nu. En tant qu'engagé dans la police, il n'avait pas droit à posséder d'armes létales et il était équipé d'une matraque électrique et d'un blaster étourdissant. Mais on peut retirer le nexu de sa jungle, il restera toujours un nexu et l'Homme-Félin avait caché un couteau énergétique dans sa botte.

De plus, depuis un mois, il ne touchait plus aux épices, pour ne pas se faire épinglé pour avoir prit des substances plus ou moins illicites. Au départ, ce sevrage forcé s'était fait ressentir et il avait été d'humeur massacrante envers son entourage. A présent... Il le supportait, malgré cette tenace sensation de manque. Son ami l'avait autorisé à s'injecter un stimpack par jour pour soigner sa jambe, sous contrôle médical.

Il était dans le marché, quand il repéra quelqu'un. De bonne taille, un Humain pâle aux cheveux roux, vêtu d'une tenue de cuir, marchait entre les étals en discutant ferme et à voix basse avec un autre interlocuteur. Un sourire naquit sur les lèvres du Cathar. Il venait de repérer sa cible. Silencieusement,il s'en approcha, empoignant sa matraque. Il posa la main sur l'épaule du trafiquant.

"Salut mon tout beau. Tu vas me faire le plaisir de me suivre et je ne te collerais pas une décharge dans un endroit sensible, compris ?"

Au lieu de la réaction escomptée, le trafiquant se retourna et donna un violent coup de genou aux parties sensibles du Cathar qui se baissa par réflexe, lâchant sa proie. Cette dernière s'enfuie en courant. Saerian donna un coup de matraque à l'interlocuteur et le laissa aux bons soins des véritables policiers, avant de partir à la poursuite de l'Humain. Ce dernier bouscula une enfant, Mirialan ou Faleen, avant de continuer sa route et de sortir du marché. le Cathar s'arrêta auprès de cette dernière et l'aida à se relever. Il n'était pas policier, certes, mais il semblait qu'il s'agissait d'une Jedi, d'après les coutures de ses vêtements, et ne pas l'aider pourrait possiblement être problématique non seulement pour la police, mais pour le Chasseur de Primes lui-même.

"Ca va, vous allez bien ?"

Il jeta un coup d'oeil en direction du quartier dans lequel s'était enfuie sa cible. Il le connaissait bien et savait qu'il n'y avait guère de cachettes, si ce n'étaient dans une ou deux cantinas. Au moins, il savait où chercher, c'était toujours ça.
Autour d'eux, les badauds s'égaillaient, reprenaient leurs activités. Un policier, venu en renfort, fit un signe à Saerian, lui annonçant par là qu'il le laissait s'occuper du contrebandier. Ce dernier pesta entre ses moustaches, lâchant un marmonnement peu flatteur au sujet de certains membres des forces de l'ordre qui ne se bougeaient pas beaucoup l'arrière-train pour accomplir leur devoir.
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Les mains appuyées sur les cuisses, Xemire regarda le fauteur de troubles poursuivre sa course effrénée et aller disparaître dans une ruelle adjacente. Pendant sa fuite, l’homme avait bousculé un certain nombre de promeneurs sur son passage et semé le désordre au sein du marché. Des exclamations outrées ponctuaient à présent le brouhaha ambiant et certains accusaient avec mauvaise foi leurs voisins de leur avoir écrasé le pied en leur tombant dessus.

La jeune fille fut surprise de sentir qu’on la tirait par le bras pour l’aider à se redresser. Un homme, un cathar à n’en pas douter, s’enquit brièvement de son état avant de tourner un regard anxieux dans la direction empruntée par le fuyard. D’après son strict uniforme, l’homme faisait partie de la police Izienne.

« Euh… Oui, merci. Je n’ai rien. » Lui répondit Xemire, non sans une certaine réserve. Elle était de fait un peu impressionnée par la carrure solide du policier.

Tandis que l’homme jetait un regard à l’un de ses collèges, la jeune fille, intriguée, profita de l’inattention du cathar pour longuement le dévisager. Elle n’avait encore jamais rencontré de représentant de cette espèce et la vue des moustaches frétillantes sous le flot d’injures marmotté fit sourire Xemire.

La jeune fille comprit soudain de son persiflage que le policier comptait s’occuper seul de l’homme en fuite. Elle réalisa également qu’en tant que membre du Temple, il était probablement de son devoir de prêter main forte au cathar... Bien qu’elle ne sache pas de quelle façon elle puisse lui être d’une grande aide. Peut être les Maîtres seraient-ils satisfaits d’entendre qu’une novice du Temple ait participé à l’arrestation d’un… Voleur ? Trafiquant ? Tueur ?
Quel était le crime de cet homme exactement ?

« Je peux vous aider » Déclara t-elle soudain à l’adresse du policier avant qu’il ne se lance après le fugitif. Comme le cathar s’immobilisait et lui jetait un coup d’œil étonné, Xemire sentit les écailles de ses joues rougir - comme à leur habitude, mais ne se départit pour autant pas de son aplomb.

« Je ne suis qu’une novice au Temple Jedi, reprit-elle en tâchant d’employer un ton ferme. Mais il est de mon devoir de vous venir en aide. Je connais un peu les rues du coin. Je pourrai me faufiler parmi la foule, grimper sur les toits et passer plus facilement inaperçue que vous. »

La jeune fille réalisa alors que de rentrer au Temple, ce soir-là, en annonçant la capture d’un criminel, rattraperait probablement aux yeux des Maîtres ses erreurs passées. Xemire avait en effet eu vent, de Padawans informés, que certains de ses mentors ne lui faisaient pas confiance à cause de sa fugue, quelques mois plus tôt. On ne la jugeait pas assez mûre pour sortir sur le terrain et accompagner ses supérieurs lors de leurs missions. Peut être était-ce là l’occasion de se racheter ? Verrait-on en elle la trempe nécessaire pour faire un Jedi digne de ce nom ?

Xemire lança un regard résolu au policier. Elle était prête à le suivre. Cependant, le cathar, qui la surplombait du haut de ses impressionnants muscles, demeurait à ses yeux l’adulte responsable. Et la jeune fille qu’était Xemire ne s’imaginait pas lui donner des instructions quant-à la démarche à suivre. C’est pourquoi elle attendait qu’il décide d'un plan, tout en se demandant dans quelle affaire elle s’était à nouveau fourrée.
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La Falleen se releva, avec l’aide de Saerian et lui assura qu’elle allait bien, en effet. Le Cathar nota qu’elle semblait impressionnée par sa carrure. Etrange, pourtant. Les Jedis ne sont pas supposés renforcer leurs corps à l’instar de leurs esprits ? Il eu un haussement d’épaule mental et se détourna, prêt à reprendre la poursuite. C’est alors que la Falleen lui déclara qu’elle pouvait, et le ton de sa voix indiquait que sa capacité était surtout un souhait, de l’aider à rattraper le Contrebandier.
Elle expliqua qu’elle n’était qu’une novice au Temple, mais qu’elle connaissait les environs. Elle pouvait de plus se faufiler sur les toits et repérer la cible depuis les hauteurs. Enfin, il était, selon elle, de son devoir d’aider. Il y avait pas mal d’idéaux dans ce qu’elle disait au sujet du devoir, ce que regrettait le Chasseur de Primes.
Il fit la moue un instant, avant de rendre les armes, il devait agir vite et l’aide d’une Jedi, même novice, lui serait utile.
 
"Très bien, très bien. Je recherche un Humain, qui m’arrive aux yeux, environ. Cheveux roux coupés courts, teint pâle, des cernes sous les yeux, un nez aquilin, un air à vendre père, mère et femme au premier venu. Il est vêtu de cuir sombre, à la façon des pilotes des bas-fonds corelliens. Il est sûrement armé d’un blaster et d’une matraque électrique, au minimum."
 
Il se tut un instant, pour se remémorer le plan du quartier. Il y avait là-bas plusieurs entrepôts, sans nul doute, il s’était réfugié dans l’un d’entre eux. Le Cathar ramena son attention en direction de la jeune alien, avant de fouiller sa mémoire pour se rappeler quelque chose d’utile concernant son espèce. Bon, il n’avait pas grand-chose, en définitive, mis à part un petit « plus » qui pouvait s’avérer en définitive utile dans cette course-poursuite.
 
"Il doit s’être caché dans un entrepôt du quartier, tous sont bien protégés. Je pense que tu pourras… Le « Détecter », j’ai entendu parler de ce genre de chose concernant les Jedis. Et si jamais tu tombes sur lui, uses de tes phéromones pour le subjuguer, si cela t’es possible. Et enfin, prends garde, il est dangereux. Si tu le peux, mutile-lui un membre pour l’empêcher de s’en prendre à toi."
 
C’était quelque peu radical, de conseiller cela à une Jedi qui était censée prôner la paix, mais mieux valait prévenir que guérir. Le contrebandier était un salaud de la pire espèce, la novice devait comprendre cela pour savoir à quel genre de personne elle avait à faire.
L’Homme-Félin lui tendit un communicateur de la police, lui indiquant quelle était sa fréquence, avant de lui faire signe qu’elle pouvait y aller. Lui-même s’engagea dans ledit quartier. Il savait que ce dernier avait été bouclé pour lui permettre de mettre la main sur le trafiquant.

Il y avait moins de monde au fur et à mesure qu’il s’éloignait du marché et de son animation et, peu à peu, les bâtiments destinés à l’habitation furent remplacés par de vastes entrepôts. Le Cathar s’arrêtait à chacun d’entre eux, interrogeant les gardes au sujet du passage de sa cible. Ceux d’entre eux qui l’avaient vu ne lui avaient guère prêté attention, mais le Chasseur de Primes finit par apprendre qu’il s’était réfugié dans un entrepôt de moindre importance. Il contacta la Jedi et lui fournit les coordonnées de l’entrepôt, lui enjoignant de s’y rendre et d’attendre son signal pour entrer en scène.
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Xemire écoutait avec attention les recommandations du policier. Elle n’en laissait rien paraitre, mais son cœur palpitait frénétiquement dans sa poitrine, gonflé d’un électrisant mélange d’excitation et de peur. A en juger la description que le cathar lui exposait, l’homme était plus dangereux qu’elle ne l’avait imaginé. Le fait qu’il soit armé conférait à la mission un goût de péril auquel la jeune fille n’avait encore jamais goûté ; Et, chose étonnante, sa détermination ne s’en retrouva qu’accrue.

À n’en pas douter, jamais l’enfant qu’elle avait été avant sa fugue ne se serait lancé dans une telle entreprise. C’était comme s’il lui était poussé des ailes, depuis. D’affronter seule une bande d’enfants des rues lui avait permit de se découvrir un certain courage - bien que celui-ci soit indécis et peu amène à se dévoiler.

A l’évocation de ses phéromones, Xemire ouvrit la bouche pour signaler au policier qu’elle était encore incapable de bien les contrôler, mais se ravisa immédiatement lorsque celui-ci évoqua de but en blanc l’éventualité d’une mutilation dans le cas où l’homme deviendrait une menace. Les ailes qui lui étaient poussées se replièrent subitement, et la jeune fille, muette, fixa le cathar d’un air abasourdi.

Perplexe, Xemire récupéra le communicateur que le policier lui tendait et écouta sans mot dire ses dernières instructions quant à la fréquence à utiliser. Empochant l’objet, elle lui confirma d’un fervent signe de tête qu’elle avait saisi et, à son ordre muet, fila se mêler à la foule.

Profitant de sa petite corpulence pour se couler parmi la piétaille, Xemire songea à ce que devait être une mission en compagnie d’un Maître. Sans doute était-ce similaire à la situation dans laquelle elle se trouvait. A l’instar des apprentis, elle s’était vue incombée d’une importante mission visant à épauler un de ses aînés dans l’arrestation d’un criminel. Se dire qu’il s’agissait en quelque sorte de sa première épreuve sur le terrain réchauffait son cœur.

Avec une pointe de regret, Xemire se rappela la commission première qu’avait été la sienne, ce matin-là. Le Maître Ardin comprendrait probablement si jamais elle se trouvait dans l’incapacité de lui ramener ses algues ; il était de prime importance d’aider ce policier. Ceci dit, la jeune fille tenait à cœur de rendre service au vieux Maître et espérait avoir l’opportunité de revenir au marché avant la fermeture de celui-ci.

La fréquentation des rues s’amoindrissant au fur et à mesure que Xemire s’éloignait de la place centrale, il devint plus difficile pour elle de passer inaperçu. En effet, sa peau d’un vert éclatant faisait l’effet d’un phare dans le paysage. Loin de s’imaginer prendre part à une opération de filature, la jeune fille avait ce matin-là laissé sa cape sur sa couche ; par une si belle journée, il aurait été absurde de s’en encombrer.

Xemire attendit que la rue fût dégagée pour grimper discrètement sur une large benne au bord de celle-ci ; de là, elle se hissa sans trop de difficultés sur une proche terrasse. Les soirées de son enfance, pendant lesquelles elle et son père avaient crapahutés sur la toiture de la villa familiale - pour le simple plaisir de se comporter insouciamment, lui avaient apprit à ne pas s’inquiéter de la hauteur. C’est avec aisance que la jeune fille atteignit la toiture du bâtiment, s’aidant pour ce faire du rebord d’une fenêtre et d’une gouttière branlante.

Toutes les habitations de la rue étaient agglutinées les unes aux autres, si bien qu’il ne restait à Xemire plus qu’à poursuivre son chemin en sautant de toit en toit. Au moins, d’ici, la remarquerait-on plus difficilement ; sa visibilité n’en serait également que meilleure.

La jeune fille vadrouilla pendant un petit moment, décortiquant méticuleusement la zone qui lui avait été signalée par le policier, sans pour autant rencontrer la moindre mèche de cheveux roux. Pour débusquer l’homme, elle avait pourtant fait appel à la Force, espérant être ainsi guidée vers sa cible. A croire que ses instincts étaient sourds, ce jour-là : rien de compréhensible ne lui parvenait.

Xemire reçu finalement un message du cathar : celui-ci lui indiquait un entrepôt où aurait été aperçu le criminel ; elle devait s’y diriger et attendre ses prochaines instructions. La jeune fille ne fit ni une ni deux et s’y rendit aussi rapidement que faire se peut. En chemin, tandis qu’elle sautait dare-dare d’un toit à l’autre, Xemire se surprit à se comparer à une sorte de ninja aérien, et la pensée ne manqua pas de lui plaire.

Plus elle s’approchait, plus les quartiers résidentiels s’effaçaient au profit d’une zone industrielle, peu accueillante, qui rappela une fois de plus à Xemire sa dernière visite à Iziz. Il n’y avait désormais plus âme qui vive dans les environs : de son perchoir, la jeune fille n’aperçut que quelques rares policiers, furetant autour des entrepôts tels des chasseurs en quête d’un gibier particulièrement méfiant.

Elle parvint enfin, quelque peu essoufflée, à l’emplacement indiqué. L’entrepôt en question, plutôt discret, était encastré entre deux hangars volumineux. Considérant longuement les environs, Xemire s’assura que la voie était libre avant de descendre précautionneusement de la pile de caisses sur laquelle elle était postée. A pas de chat, elle longea les bâtiments, profitant de l’ombre qu’ils projetaient, et fila se dissimuler dans l’interstice entre un petit conteneur et le local occupé par le fugitif.

Le cœur battant la chamade, la jeune fille se fit violence et se dépêcha d’envoyer au policier un message lui signalant sa position. L’idée d’en découdre avec un criminel la rendait plus fébrile que jamais, et elle réalisa soudain qu’elle n’avait pas la moindre expérience en matière de combat. Cet homme était armé ; quant à elle, il n’y avait que la Force pour la défendre.

Tandis que le silence des environs se faisait de plus en plus pesant, Xemire souhaita soudain s’assurer de quelque chose : fermant ses paupières au monde extérieur, la jeune fille tenta une nouvelle fois de communiquer avec la Force. La découvrant cette fois-ci davantage tangible, elle l’envoya à la recherche des êtres présents dans un rayon de quelques mètres. Au moyen de ses bras mentaux, Xemire tâta son entourage avec attention, mais eut bientôt la surprise de ne rien percevoir. Personne. L’entrepôt était vide.

Déconcertée, la jeune fille réitéra l’expérience une seconde fois ; mais, de nouveau, la Force lui assura que le local était bel et bien vide.
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Le Cathar se trouvait devant l'entrepot. Entre lui et la porte, un Weequay qui se trouvait face à des signaux contradictoires : D'un côté, un Cathar enregistré dans les fichiers de la guilde des Chasseurs de Primes comme Chasseur, de l'autre, le fait qu'il porte un uniforme de la police Izienne, ce qui interdisait à l'alien de mettre un coup de poing à l'Homme-Félin.
Le Weequay opta pour un compromis, en se tenant devant "l'officier de police" avec un air menançant, ou qui s'en approchait. On ne sait jamais, il peut exister des reconversions...
Saerian s'approcha. Il espérait en finir vite avec cette capture, ne serait-ce que pour pouvoir replonger dans ses vices favoris : les épices, l'alcool et  les danseuses de cantinas peu farouches.
Ce fut pour cette raison qu'il apostropha le garde de façon assez rude.
Derrière le Weequay, devant l'entrepôt, il avait vu la Faleen, qui l'attendait.

"Je te laisses le choix : tu t'écartes gentiment, où je te fait découvrir la difficile vie des hommes quand ils se sont pris un coup de matraque électrique dans l'entrejambe."

Il s'approcha, sa bouche près de l'oreille du Weequay.

"De plus, une fois que tu seras en position foetale au sol, je te passerais les menottes et demanderais à mes collègues actuels de te garder au frais, en attendant que je touche ta prime. 500 crédits, c'est peu, mais dans ton cas, je dois avouer que c'est pas mal, t'iras sûrement jamais plus loin dans ta carrière..."

L'alien déglutit un instant et sursauta en sentant le bout de la matraque électrique contre sa brayette. Le Cathar n'avait qu'un bouton à presser pour envoyer une décharge. Le Weequay s'écarta, une goutte de sueur coulant le long de sa tempe.
Alors que Saerian allait pousser la porte, La Padawan l'avertit qu'il n'y avait personne dans l'entrepôt.

Le Chasseur de Primes envoya un coup de pied direct dans la porte, éclatant le battant, et entra, furieux, jetant des regards à la ronde.
Rien. Mis à part des caisses, rien du tout. Il en ouvrit une, par acquis de conscience. Rien d'illégal, que des pièces métalliques pour vaisseau. Même chose dans les autres caisses. L'Homme-Félin poussa un hurlement de rage et regarda alentour. Il y avait une seconde porte, ouverte. Il se précipita, en soufflant alors que son genou commençait à se manifester. Elle menait à une ruelle, qui se perdait petit à petit dans le dédale du quartier. Le Cathar se tourna vers la Padawan.

"Il a fuit. Sûrement vers le Nord, c'est plus animé et il aura plus de chances de se fondre dans la foule."

Il fouilla dans sa mémoire absolue, se remémorant les plans du quartier. Son esprit parcourut les souvenirs des rues, tel un oiseau fendant les airs. Il vit l'entrepôt dans lequel il se trouvait, avant de se diriger dans la direction du Nord.
Un sourire apparut sur le visage du Cathar, qui sortit du lieu dans lequel il se trouvait, avant de se tourner vers la Faleen.

"Il y a une cantina, "Le Sarlaac assoiffé" au Nord. Il me semble que, aujourd'hui, une rencontre de pazaak est organisée. Il tentera de se joindre au choix, aux spectateurs ou aux joueurs."

Le Cathar s'engagea dans les ruelles, suivit de près par la jeune Jedi. Sa stature imposante lui permettait de se frayer aisément un chemin dans la foule, aidé par son insigne de policier izien.
Une dizaine de minutes plus tard, le duo parvint devant la cantina. Ils passèrent devant le videur, qui avait eu le on sens de s'écarter devant un policier et une Jedi.
La rencontre battait son plein, les tables étaient entourées par les spectateurs qui observaient les parties avec une certaine tension. Sur une estrade, au centre de l'établissement, un orchestre jouait avec entrain.
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Haletant de fatigue, Xemire suivait de son mieux le cathar que ses longues jambes portaient lestement à la poursuite du fugitif. A mesure qu’ils quittaient la zone industrielle, les rues s‘emplissaient de passants, seulement ces derniers étaient très différents de ceux observés au marché : alentour, certains regards étaient mornes, suspendus au vide et leurs propriétaires avachis dans un coin de la rue, une bouteille à la main. D’autres les dévisagèrent avec hargne quant ils traversèrent à la hâte leur quartier, et Xemire perçut quelques commentaires peu flatteurs crachés à leur égard. L’endroit empestait l’alcool. Nul doute que la situation se serait envenimée s’ils s’y étaient attardés.

Au coin d’une rue, la jeune fille percuta de plein fouet une femme à la peau grenat dont la plantureuse poitrine débordait d’un étroit bustier. S’arrachant à ses ongles vernis qui tentaient de la griffer, Xemire ne demanda pas son reste et décampa à toute allure, la femme hystérique lui hurlant une ribambelle de jurons fleuris jusqu’à en perdre haleine. Sans risquer le moindre coup d’œil en arrière, la jeune fille fonça dans la direction qu’avait empruntée le cathar, la peur au ventre.

La foule envahissait peu à peu les rues ; pourtant, Xemire repéra rapidement son partenaire dont la carrure dominait la majorité des passants. Elle tira avantage du chemin respectueux que les gens cédaient au policier pour s’insinuer dans son sillage et traverser avec aisance la cohue. Dans cette partie d’Iziz, le son étouffé de baffles s’échappait de la plupart des établissements, et les façades, couvertes de néons aux messages provocateurs, clignotaient sans répit, projetant quantité de lumières éblouissantes sur la rue. Xemire surprit, à l’ombre de certaines venelles, plusieurs couples occupés à des activités plus ou moins osées et en détourna vivement les yeux, comme si le simple fait de les regarder les lui avait brûlés.

La jeune fille attribua à partir de cet instant une attention toute particulière au dos du policier, et ce jusqu’à ce qu’il s’immobilise face à une bâtisse peu reluisante, que l’enseigne branlante annonçait être « le Sarlaac assoiffé ». Sans mot dire, le cathar s’engagea d’un pas ferme vers l’entrée de la cantina et Xemire se pressa de lui emboîter le pas, intimidée par l’allure des lieux. Le vigil, un trandoshan à l’air peu commode, s’écarta sans piper mot pour libérer le passage au policier. Un éclair de malveillance passa cependant dans les yeux du reptile quant la jeune fille lui fila timidement sous le nez.

L’ambiance dans laquelle ils s’immergèrent était d’un goût tout à fait inédit pour Xemire. Une sinistre pénombre rampait et se faufilait dans chaque recoin de la salle, fuyant les rares lampes qui projetaient une lumière blanche, agressive, au-dessus des tables de jeux. Des foules étaient agglutinées autour de celles-ci et contemplaient en silence les parties. La tension explosa soudain à une table lorsque fut annoncé le gagnant : un puissant vacarme s’ensuivit, opposant cris d’indignations et félicitations adressées au joueur.

Le reste des clients de la cantina était amassé à un bar, dans le fond de la pièce. L’alcool y avait noyé la lucidité des consommateurs et transformé leurs conversations en balbutiements égarés et rires absurdes. Xemire aperçu, accoudés au comptoir, deux hommes occupés à se chamailler. L’un d’entre eux était si ivre qu’il renversa la moitié de son verre sur son voisin en voulant lui enfoncer un doigt accusateur dans la poitrine.

Les yeux écarquillés, la jeune fille observait avec stupeur la grotesque bagarre qui résulta de l’incident tandis qu’un groupe de spectateurs se constituait autour des adversaires pour leur brailler encouragements et quolibets.

Inquiète, Xemire jeta un coup d’œil aux musiciens qui se démenaient au milieu de ce désordre et constata, avec un frisson, que tous les regards du groupe étaient braqués dans leur direction. Le batteur, un dévaronien au visage noirci de tatouages, fixait avec éloquence le policier tout en frappant véhémentement sur ses timbales : un rictus mauvais découvrait sa dentition aiguisée et désordonnée, comparable au sourire avide d’un prédateur. Sa grimace s’élargit lorsqu’il remarqua l’air épouvantée qu’affichait la jeune fille et, avec une superbe nonchalance, lui balança une œillade des plus insolentes. Piquée au vif, Xemire se détourna et ressentit, au même moment, un picotement caractéristique traverser l’ensemble de ses écailles. Etant donné l’obscurité des lieux, ce n’était pas évident à affirmer, mais il semblait que sa peau était devenue bleue.

Malgré une trouille qui lui sommait urgemment de quitter les lieux, Xemire inspira profondément puis lança un coup d’œil en direction du policier : « Je vais essayer de le localiser » l’informa t-elle d’un ton plus assuré qu’elle ne l’était véritablement.
Autour d’elle, la nuisance sonore était telle qu’il lui fallu quelques minutes pour parvenir à se concentrer suffisamment. La musique, les rires, les cris : tout s’effaça progressivement, à mesure que la Force l’accueillait paisiblement dans ses bras. Les battements affolés de son cœur se calmèrent, et ses muscles se détendirent.

Les yeux clos, la jeune fille laissa sa conscience louvoyer aux quatre coins de la pièce et étudier l’identité de chaque individu. Son esprit était irrésistiblement attiré par ces derniers, à l’instar d’un moucheron qui se précipite vers le feu d’un lampadaire. Captivée, elle navigua entre de puissants ressacs de sentiments : l’euphorie, l’agacement, la peine, la stupeur, la honte, la jalousie, le soulagement, l’hilarité… Et finalement, la panique. Une vive panique, mêlée à de la stupéfaction, puis de la colère. Il ne s’attendait pas à être découvert en ce lieu. Il réfléchissait frénétiquement au meilleur moyen pour se tirer de cette situation. Il ne se laisserait pas avoir si facilement.

« Le fugitif est bien ici, marmonna Xemire qui revenait à la réalité. Et il nous a déjà repérés. Je crois… Je crois qu’il est installé près du bar » ajouta t-elle en jetant un coup d’œil dans cette direction. Le comptoir était à présent prit d’assaut par les bagarreurs et leurs spectateurs, satisfaits de la rixe. En chœur, ils avaient joyeusement entamés une chanson paillarde, s’attirant ainsi des regards furieux de la part des joueurs de pazaak. Dans cette agitation, il était impossible de repérer une mèche rousse.

La jeune fille se tourna vers le policier : « Peut être devrions-nous nous séparer ? Proposa t-elle avec incertitude. Je pourrais rester à l’entrée et m’assurer qu’il ne nous fasse pas faux bond une seconde fois ? Pendant ce temps, vous iriez le chercher : vous êtes plus costaud. Ça ne devrait pas vous poser de problème, non ? »
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Une bagarre se déclencha alors qu'une victoire était contestée après l'une des parties. Saerian s'approcha. Il savait que, dès son arrivée, une partie des regards s'étaient fixés sur lui. En tant que policier, il était obligé d'intervenir. Le Cathar s'approcha du groupe et s'appliqua à calmer l'ambiance, notamment à l'aide de sa matraque électrique. L'un des joueurs protesta, parlant notamment de "violence policière". Saerian répliqua qu'en ce cas, il pouvait porter plainte et donc se rendre dans un poste de police, le tout agrémenté d'un petit sourire sadique dévoilant ses crocs de félins. Son interlocuteur déglutit péniblement, avant d'oublier instantanément cette idée des plus risibles.
Le Chasseur de Primes revint à la Faleen, qui était à présent de couleur bleue. Saerian haussa un sourcil, il savait que les membres de l'espèce de la Padawan avaient un "don" avec les phéromones, par contre, il ne savait rien quand au changement de la couleur de la peau. Était-ce l'équivalent humain de "piquer un fard" ? Il regarda alentour, alors qu'elle cherchait à trouver le Contrebandier.

Le regard de l'Homme-Félin se posa finalement sur un Dévaronien au visage noirci à grand renfort de tatouages. Ce dernier faisait partie de l'orchestre se produisant dans la cantina,  tapant sur ses timbales. Il ressemblait à tous les Dévaroniens : sale tête à figurer sur une affiche de poste de police, ou sur un avis de recherche émise par la Guilde des Chasseurs de Primes, des cornes et l'apparence d'une personne capable de vendre père et mère pour une poignée de crédits, si ce n'était déjà fait.
Ce dernier regardait la jeune Jedi avec un air assez insistant, un sourire malsain sur les lèvres. Saerian fouilla sa mémoire, cherchant à voir si le joueur de timbales avait un avis de recherche sur sa tête. Mais rien. Le Chasseur de Primes poussa un petit soupir dépité sous sa moustache, avant de revenir à la Faleen, qui avait repéré le Contrebandier. Il se trouvait au bar. Elle proposa de se séparer, elle resterait à l'entrée, pour l'empêcher de fuir et le Cathar irait l'appréhender.

Ce dernier acquiesça et se rendit vers le zinc, d'où provenait les paroles d'une chanson paillarde, entonnée par les bagarreurs qu'il avait séparé. Ces derniers buvaient à présent, braillant plus que chantant une chanson qui parlait d'une Nautolane qui préparait sa lune de miel avec son soldat de mari. L'Homme-Félin sourit et la chantonna à voix douce. C'était une chanson de corps de garde et de nombreux soldats la chantait avant de partir en mission, plus par tradition que pour se donner du courage. Il parvint au bar et vit le Contrebandier. Sa chevelure embrasée était un véritable phare dans la foule.
Saerian lui posa brutalement la main sur l'épaule et le retourna. Sa cible fit tomber son verre au sol, en sursautant.

"A présent, tu vas me suivre gentiment... Ne me donne pas de raisons de te frapper la tête contre le zinc, j'y prendrais goût..."

Le Contrebandier se leva en acquiesçant silencieusement. Un petit sourire flottait sur ses lèvres. Le Cathar vit son poing serré.

"Qu'est-ce..."

Il n'eu pas le temps de finir sa phrase que l'Humain le frappait. Dans son poing était dissimulée une seringue, qu'il enfonça à la jointure de l'armure du Chasseur de Primes, avant d'injecter le liquide.
Saerian sentit le liquide, à la fois glacial et brûlant, parcourir ses veines. Il s'agissait d'une épice, assez puissante. Son corps était en cours de sevrage depuis un mois, et il venait de recevoir l'équivalent d'une double dose pour un Humain. Du sang se mit à couler de son nez, son corps était agité de soubresauts, de la bave se formait aux commissures de sa bouche. Il s'écroula en avant, frappant au passage son agresseur avec sa matraque. Ce dernier reçut la décharge sur la cuisse et bouscula la foule en cherchant à rejoindre la sortie, tandis que Saerian était allongé au sol, secoué par une crise de spasmophilie, la seringue gisant à ses côté tandis que son esprit était plongé dans un doux éther parcouru d'arcs électriques.
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Spoiler:

La tête encastrée dans les épaules, Xemire trottinait jusqu’à l’entrée du bar, feignant, avec une considérable difficulté, l’indifférence face aux apostrophes que jetaient des clients à son passage. D’après les ricanements dont certains étaient secoués à sa vue, il y avait fort à parier que sa peau témoignait de son extrême malaise. Un brouhaha éclata brusquement à sa gauche et un abyssin, manifestement ivre, fut violemment propulsé par ses camarades sur elle. Le verre d’alcool qu’il agrippait maladroitement déversa son contenu sur Xemire et les rires redoublèrent dans la salle. Imbibée de boisson, la jeune fille s’arracha à l’étreinte de l’individu et tituba, tant bien que mal, jusqu’à l’entrée du bar.

Parvenue à son poste, elle scruta nerveusement la salle, en quête de son partenaire.

Pourvu que cette mission se termine rapidement et sans encombre, songeait t-elle anxieusement, tout en triturant le tissu de sa tunique. De fait, l’atmosphère de la cantina s’échauffait ostensiblement depuis leur arrivée...

« Hé ben ma chatte, on t’fait peur par ici ? » roucoula soudain une voix rauque à son oreille.

Avec un sursaut, Xemire découvrit près d’elle une créature batracienne au corps arrondi et à la peau jaunâtre dont la bouche, suspendue à l’extrémité d’un nez longiligne, lui adressait un sourire narquois. Tétanisée, Xemire dévisagea l’individu sans mot dire, puis, lentement, détourna les yeux, incapable de formuler la moindre réponse.

L’énergumène, qu’alcool et autres substances rendaient passablement irritable, fut aussitôt vexé par ce flagrant désintérêt. Aussi, il lui agrippa violemment le bras pour l’obliger à lui faire face : « J’t’apprendrai à répondre quand on te parle, p’tite salope ! » cracha t-il avec véhémence, projetant une pluie de postillons sur le visage de Xemire.

La créature brandit un poing menaçant, mais, aussitôt, interrompit son geste lorsque s’éleva du fond de la cantina une huée d’exclamations réjouies. Étonnée, Xemire tourna la tête vers la clameur et découvrit le fugitif, une main sur la cuisse, le visage déformé par la douleur, qui boitait hâtivement dans sa direction. Les rouages de son esprit s’activèrent, et Xemire, partagée entre crainte et sens du devoir, pris finalement une décision. Se dégageant brusquement de la poigne dont elle était prisonnière, la jeune fille s’avança face au fuyard et tendit les mains en avant. Elle ferma les yeux et fit abstraction de son environnement pour l’envelopper d’un voile de Force. S’il était possible d’immobiliser une balle en plein vol, pourquoi pas un homme en mouvement ?

Son attention pleinement concentrée sur le fugitif, Xemire ne pris pas garde au batracien qui s’avançait péniblement dans son dos : « Saleté de Jedi ! » mugit-il en envoyant un nouveau poing dans sa direction. Alertée, Xemire retrouva juste à temps ses esprits pour éviter le coup d’une dérobade. Son agresseur, entrainé par son geste, termina sa course un peu plus loin, dans les bras d’un robuste gaillard. Résulta de cette soudaine intimité une furieuse bagarre, à laquelle se joignirent deux autres clients éméchés. Dire qu’une certaine folie s’était emparée des lieux relevait d’un euphémisme.

Stupéfaite, Xemire se redressa prudemment et chercha des yeux le fugitif. Sans surprise, celui-ci avait disparu.

« C’est pas vrai… » Se lamenta t-elle.

Xemire s’apprêtait à quitter le bar après lui, lorsque retentirent de nouvelles exclamations près du comptoir : « Il en r’demande encore le chtar ! » gloussa une voix au dessus de la mêlée. Un doute freina alors la jeune fille dans son élan : qu’était-il advenu de l’officier ? Jetant un nouveau coup d’œil vers la foule, Xemire sentit son cœur manquer un battement lorsqu’elle aperçut, tout à coup, la matraque du cathar, victorieusement brandie au-dessus de la mêlée. Pétrifiée, la jeune fille réalisa alors que son partenaire avait des ennuis. De gros ennuis, probablement.

Elle devait lui venir en aide.

Mais comment ?

Une nouvelle vague de rires gras parcourut la foule et décida finalement Xemire à agir, sans avoir établi un plan concret.

Avec un frisson d’anticipation, elle attrapa son sabre de novice et couru s’immiscer entre les jambes des premiers curieux. La jeune fille progressa laborieusement au sein de l’assemblée, profitant de sa petite taille pour passer inaperçue. De fait, tous les regards étaient braqués dans la direction de l’animation et nul ne réalisa sa présence. La difficulté consistait simplement à ne pas écraser de pieds au passage... Et à éviter d’être soi-même écrasée.

Après quelques minutes de progression, Xemire parvint finalement à l’autre extrémité des rangées de jambes. Depuis l’ombre de la foule, elle contempla alors, ébahie, la raison de cette agitation.

Mais… Que c’était-il passé ici ?

Au centre du rassemblement, gisait l’officier, régulièrement agité d’impressionnants soubresauts. La partie inférieure de son visage était en sang et ses yeux, que découvraient des paupières entrouvertes, roulaient frénétiquement dans le trou de leur orbite. Les clients, regroupés autour de lui, riaient à gorge déployée tandis que l’un d’eux versait, hilare, son verre d’alcool sur le visage du policier. À en juger l’état de son uniforme dégradé, on lui avait, en plus d’injures, littéralement craché dessus. Tout autour, les curieux se pressaient pour admirer le spectacle et avoir une chance d’ajouter leur propre pierre à l’édifice.

Xemire, la face blême, ne pouvait que très bien imaginer ce qu’on réserverait à sa personne si jamais on lui mettait la main dessus. Pourtant, elle était incapable de se résoudre à abandonner son partenaire. Que dirait-on d’elle ? Un Jedi qui abandonne son allié pour s’enfuir la queue entre les jambes ? Ce serait certainement une première dans l’histoire de l’Ordre ! En outre, Xemire s’était déjà suffisamment illustrée en terme de lâcheté. Elle ne supporterait pas un nouvel échec.

Ainsi, les poings serrés, la bouche pincée, se faisait-elle violence pour ne pas rebrousser chemin et réfléchissait, très activement, au meilleur moyen de se sortir de ce guêpier.

Elle réalisa soudain que l’officier s’était immobilisé. Ses spasmes avaient cessés et il paraissait plus serein. Les hommes de l’assemblée le remarquèrent à leur tour : l’un d’eux, un besalisk ventripotent à l’air crapuleux, proposa alors de le ranimer. Sa proposition déclencha de nouveau gloussements alentours et procura à Xemire un sentiment de malaise extrême. La démarche lourde, il s’avança péniblement vers la silhouette inerte du policier, puis entreprit difficilement d’ouvrir sa propre braguette. Sidérée, Xemire comprit son intention : il allait… Il voulait… Le porc ! Jamais, jamais, Xemire n’aurait pu imaginer un tel acte proféré à l’égard d’un officier. Ces hommes n’avaient-ils aucune éducation ? Probablement que non.

Il était temps d’agir. Ou bien son partenaire finirait dans une flaque d'urine.

Alors que fusaient les encouragements de la foule : « Allez ! Allez ! Vas-y ! Fais-le ! », Xemire, piquée d’adrénaline, surgit brusquement hors de l’ombre pour aller se planter entre l’immense alien et l’officier. Un bourdonnement strident retenti lorsqu’elle enclencha son arme, une petite lame blanche dont l’éclat nerveux rayonna dans l’obscurité du bar, ce qui eut pour effet de faire sursauter tous les gaillards présents.

Chacun d’entre eux s’attendait probablement à voir apparaître un imposant Jedi, la tunique tendue par les muscles, grand comme une montagne, le regard de braise et prêt à tous leur coller une rouste en moins de deux. Quel ne fut pas leur soulagement lorsqu’ils distinguèrent, une fois leurs yeux habitués à l’éclat du sabre, une petite crevette au lieu de ça ! Un cure dent tout tremblant, dont les joues piquaient déjà un fard !

En effet, une fois face à cette foule de gros bras, la vaillance de Xemire s’était très vite dégonflée, de la même façon qu’un ballon percé se ratatine sur lui-même : « pssshhh ! ». Plus insignifiante que jamais, la jeune fille affichait désormais une mine déconfite, tandis que se resserrait autour d’elle la foule, menaçante.

Cette idée était de loin la pire qu’elle ait jamais eue.

Dans un ultime élan de bravoure, Xemire tenta de se redonner contenance en brandissant plus haut son arme : « P… P… Poussez-vous ! Laissez-nous partir ! » Bafouilla t-elle d’une voix anormalement aigue. Personne ne riait plus dans l’assemblée. Tous les clients, dont les visages, grignotés par la pénombre, paraissaient effrayants, affichaient désormais un sourire carnassier et s’approchaient silencieusement.

Elle était fichue.

Quel moyen lui restait-il pour se tirer de cette impasse ? Appeler à l’aide ? Y aurait-il seulement un individu, dans un pareil quartier, prêt à secourir un officier et un Jedi ? Xemire en doutait fortement. Devait-elle tenter une percée ? Se frayer un chemin dans la foule à l’aide de son cure dent lumineux ? Elle n’irait pas bien loin. Ces brutes formaient un mur infranchissable. Mais alors, quoi ?

Tandis que peu à peu la gagnait le désespoir, Xemire réalisa soudain l’étrange fourmillement parcourant la surface de sa peau. Étonnée, elle contempla sa main libre : celle-ci était de couleur rouge, ce qui n’avait rien de surprenant considérant la situation. Non, ce sentiment n’avait rien à voir avec la sensation éprouvée lors d’une métamorphose de son épiderme. C’était différent.

Une exclamation retentit soudain dans la foule. Déconcertée, Xemire leva les yeux et la mâchoire lui en tomba presque tant la vision qui s’offrit à elle paraissait incongrue : deux grands gaillards, prêts à lui faire la peau un instant plus tôt, reculaient à présent précipitamment, l’air épouvanté. D’une manière générale, tous les visages alentours s’étaient métamorphosés : chacun affichait désormais une expression allant de la perplexité à la franche inquiétude.

Que se passait-il ?

La jeune fille jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, redoutant d’y découvrir une nouvelle menace. Mais il n’y avait rien, outre un nouveau mur de gaillards qui se dégonflaient à vue d’œil. Xemire, au comble de la stupéfaction, se rendit soudain compte que tous les regards convergeaient dans sa direction. Aussi inouï que cela puisse paraître, elle était visiblement la raison de cet émoi général.

Un nouveau picotement de son épiderme fit germer un doute dans l’esprit de Xemire. Et si…. Serait-ce possible ? Elle avait toujours été incapable de les contrôler. Comment se faisait-il que, tout d’un coup, ses phéromones aient autant d’influence sur son entourage ? Sa propre peur en avait-elle été l’élément déclencheur ?

Fascinée, la jeune fille contempla sa peau de plus près, plutôt satisfaite par cette découverte. C’est à ce moment là que remua l’officier, visiblement sur le point de reprendre connaissance. Xemire éteignît aussitôt son arme pour s’accroupir à ses côtés, non sans avoir au préalable jeté un regard prudent aux alentours. Avec une pointe d’hésitation, elle lui posa finalement une main sur l’épaule avant de murmurer :

« Hé… Ça… Ça va aller ? »
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Le cerveau de Saerian faisait des étincelles. Il n'était plus habitué aux épices, ce qui signifiait que la "cure" imposée par son ami avait fonctionné, d'une certaine façon. Plongé dans une puissante torpeur, il voyait les sons, entendait les odeurs et sentait les couleurs, en même temps. Cela lui rappela son premier "trip" aux épices psychotropes.
C'était Maysia qui l'y avait initié. Il s'agissait de la médic de l’Escouade Zero et, en tant que telle, avait la main, et la clé, de la pharmacie de l'Escouade. Elle avait aussi une excellente formation en biochimie après avoir usé ses fonds de culottes sur les bancs du Quartier Fobosi, et cette expérience lui avait apprit quel type de dosage particulier il fallait employer pour... Décupler les effets de certaines épices usitées dans l'armée Républicaine à des fins médicales.
Maysia était aussi une aventurière qui n'avait pas froid aux yeux, ni au reste du corps par ailleurs, et qui ne jurait fidélité qu'à la République, son Capitaine et ses propres principes moraux.
Ce qui expliquait pourquoi le Cathar avait un jour fini dans sa chambre, aussi nu qu'une boule de poil puisse l'être, haletant et couvert de sueur, le visage figé dans une expression béate alors que l'épice que son amante lui avait injecté. Cette dernière était étendue près de lui et son visage affichait alors la même expression béate.

Ce moment de... Bonheur intense s'était assez brutalement terminé quand le Capitaine de l'Escouade Zéro avait décidé de faire un exercice d'alerte incendie. Le son strident de l'alarme, surtout quand il est couplé à la voix puissante d'un sergent capable de se faire entendre d'un bout à l'autre du terrain d'entraînement, est capable de rendre ervi* n'importe qui.

La différence entre ce trip et celui qu'il vivait actuellement, c'était qu'actuellement, il était plutôt allongé sur le sol d'un bouge... A défaut d'une cantina, et que la jeune fille qui était entré en même temps que lui était bien trop jeune pour s'adonner à ce genre de vices. Enfin, la personne qui lui avait injecté l'épice était un criminel recherché et en aucun cas le Cathar ne songerait à lui faire des propositions proches de celles de Maysia.

Ce fut une des raisons qui parvinrent à le faire se réveiller, avec le verre d'alcool qu'on lui versa sur le visage. Il ne se releva pas immédiatement, étant... Engourdi, au mieux. Le temps qu'il se relève et les clients qui l'entouraient... Et entouraient la jeune Jedi, qui semblait... Surprise, dans le bon sens du terme. Elle s'agenouilla près de Saerian et lui demanda comment il allait :

"Comme un type qui vient d'avoir un pic-vert dans la tête. Armé d'une foreuse-laser. Le tout pour mettre une boule disco dans chacun des trous. L'autre salopard, il est parti ?"

En réalité, nul besoin de poser la question : sa cible était partie en claudiquant par la porte de service. Le Cathar se leva, en s'accrochant au zinc. Avant de se rebaisser, pour récupérer sa matraque de service. Se faisant, il tomba nez à... Ce que vous souhaitez, avec la braguette ouverte de quelqu'un. Se redressant, il vit qu'elle appartenait à un Besalisk goguenard. Saerian gronda : quelle que soit la raison pour laquelle l'alien aux membres surnuméraires avait commencé à baisser son pantalon, il était évident qu'elle avait pour but d'humilier le Cathar durant son inconscience. Avec une expression neutre, ce dernier apposa le bout de sa matraque contre la braguette de l'alien, avant d'activer la décharge électrique de son arme.
On entendit un hurlement de douleur et le Besalisk s'effondra au sol, l'entrecuisse fumante. Les autres usagers masculins portaient leurs mains à leurs entrejambes, le visage tordu dans une expression de douleur. Saerian prit un verre d'eau sur le zinc, le flaira et l'avala cul-sec.

"Maintenant que les formalités sont accomplies, on y va. Ma note pour le verre d'eau est au 4-Mains allongé par terre."

Il se dirigea vers la porte de service en titubant : malgré l'habitude, on ne sort pas comme ça d'un trip aussi violent. Une fois dehors, il inspira profondément. Et rendit son petit-déjeuner. Le soleil lui piquait les yeux et le bruit ambiant lui vrillait le cerveau. La migraine l'empêchait de réfléchir convenablement. Il gronda, peut-être un peu fort, et se tourna vers Xemire :

"As-tu la possibilité de le traquer ? Mes sens sont... Embrouillés, à tout le moins..."

Il retint un haut-le-cœur, et ses paupières battirent frénétiquement tandis qu'il cherchait à faire le point sur la jeune Falleen. Quelque chose avait changé en elle, et il parvenait à sentir une sorte de fragrance émaner d'elle, par-dessus l'odeur de son petit-déjeuner rendu, et celle de la rue.

*Ervi : La sobriété n'est que l'étape intermédiaire entre l'erviesse et l'ivresse. Si l'on compare le fait d'être ervi et le fait d'être sobre, la sobriété ressemble vaguement à une cuite à la Villageoise tournée.

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