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Alyria avait parfaitement conscience que sa relation avec Lorn ne pourrait pas toujours avoir cette légèreté des premiers instants, quand l’euphorie de l’amour aveugle les amants. Elle avait d’ailleurs essayé de se préserver d’un tel état d’esprit en se concentrant encore et toujours sur son devoir, et en répétant l’importance de construire quelque chose de compatible avec le code. Y avait-il en elle une volonté de prouver qu’un couple de jedis était possible, et pouvait avoir des retombées bénéfiques pour les individus et l’Ordre ? Peut-être. Sans doute même.

Elle avait toujours agi au cours de sa vie en réfléchissant aux actions qu’elle entreprenait, et la seule fois où elle avait mis cette prudence entre parenthèses, elle l’avait regretté amèrement. Voilà pourquoi la maîtresse d’armes s’inquiétait sans cesse de la manière dont sa vie privée affectait son jugement… Et qu’elle ne pouvait s’empêcher de frémir à l’idée que leur liaison ait une mauvaise influence sur le comportement de son amant. La jedi aimait les routes droites, tracées, balisées, et navigueur dans l’obscurité, dans l’expectative n’était pas dans ses habitudes. De là, il ne fallait pas être fin psychologue pour comprendre d’où venait son besoin presque obsessionnel de poser et suivre des règles, et ce dans tous les domaines. Elle appartenait à l’Ordre autant qu’elle était une femme d’ordre.

C’était donc dans cet état d’esprit qu’elle faisait face à Lorn, qui releva immédiatement l’usage inapproprié du terme intense. Il avait compris où elle voulait en venir, ne cherchait pas à nier les faits, ce qui d’ailleurs n’aurait servi à rien, sinon à augmenter un peu plus les doutes de la gardienne. En un sens, elle comprenait sa façon de faire : il est vrai que face à des groupes entraînés, la simple diplomatie ne servait à rien, ou presque. Généralement, elle-même usait d’un mélange d’analyse rapide du mental et d’un soupçon de persuasion par la Force : diviser pour mieux régner, influencer subtilement pour faire craquer la solidarité de l’ensemble. Etait-ce une meilleure méthode, plus éthique ? Question complexe, et Alyria préférait le penser, à défaut de pouvoir l’affirmer avec certitude.

Cependant, la suite lui arracha un cri de protestation, et elle interrompit l’épicanthix brusquement :

« Jamais je ne t’aurais comparé à un sith pour cela !

Tu n’as pas agi pour ton profit personnel ou pour le pouvoir. Nous sommes nos actes. Mais nous ne sommes pas que cela. »

Il y avait aussi les convictions, et tant d’autres choses qui entraient en ligne de compte… Que l’homme puisse penser qu’elle puisse ne serait-ce qu’émettre cette hypothèse la rendait malade. Le jour où une telle chose lui viendrait à l’idée, alors elle n’hésiterait pas à le dire, et à agir en conséquences, elle avait été très claire sur ce point.

Elle ne savait pas si le fait que Lorn aurait pu agir ainsi pour un autre la soulageait ou si c’était tout le contraire. Sans doute un mélange des deux. Mais alors qu’elle s’apprêtait à répondre, le guerrier continua ses explications, et elles lui clouèrent définitivement le bec. Elle resta ainsi presque inerte quand il l’embrassa sur le front, n’arrivant pas à réfléchir sur le caractère symbolique de ce geste aussi amical qu’intime. Ce fut uniquement quand elle vit son amant faire mine de sortir qu’elle fut ramenée à la réalité, son cerveau réagissant enfin.
Alyria se retourna et attrapa la main de son amant avant de laisser échapper presque malgré elle un vibrant :

« Attends ! »

Maintenant qu’elle avait agir de cette manière, la demi-hapienne devait parler. Elle ne voulait pas que Lorn se sente mal après cela, pas quand ils avaient une mission d’importance à remplir…Et aussi parce qu’elle ne pouvait se résoudre à l’entendre se morigéner de la sorte sans rien dire. Aussi elle prit une grande inspiration, chercha une belle parole sage à émettre… Et décida finalement, bien qu’elle le fasse très rarement, d’exprimer ses sentiments personnels.

« Si tu étais irrécupérable, je ne serais pas avec toi. »

Voilà qui était dit. Consciente que l’atmosphère de la pièce venait subitement de changer, elle continua avec cette soudaine gravité dans la voix qui scellait cet instant comme décisif pour leur avenir commun :

« Personne ne l’est. Et je sais que souvent, la violence est nécessaire. J’ai tué plusieurs de mes assaillants, sans chercher forcément à les garder en vie. Je défendais la mienne, certes, mais ce n’est pas forcément la solution la plus douce.

Et je sais que comme moi, tu n’y prends aucun plaisir. Je n’en ai jamais douté. »

Il lui fallait être honnête, reconnaître que parfois, trouver la bonne méthode était difficile. La voie des gardiens était à cette égard bien plus rude que celle des consulaires : c’était une réalité que tous devaient accepter. Souriant en pensant à l’aveu de Lorn de sa brève envie de balancer leurs assaillants par la fenêtre, elle finit par dire doucement :

« Ne pas avoir ce genre de pensées face à la souffrance des autres serait inenvisageable. Ou très complexe. Le tout est de ne jamais y céder… Et de ne pas les laisser influencer notre jugement ou nos actions. »

Comprenait-il ce qu’elle essayait de lui dire ? Cette absence de jugement, mais plus l’envie sincère d’aider, et la compréhension, voilà tout ce qu’elle tentait de faire passer à cet instant précis.

« Si tu veux, plus tard, quand tout sera terminé, nous pourrons travailler sur d’autres méthodes d’interrogatoire, et je te montrerais les miennes.

Et s’il te plaît, ne te déprécie pas. J’ai toujours pensé que tu serais un grand jedi quand nous étions enfants… Et je n’ai pas changé d’avis. Ou plutôt si, j’ai changé d’avis, je pense que tu en es devenu un.

Je ne suis pas obligée d’approuver tous tes actes, et la réciproque est vraie. Mais je ne veux pas les juger, simplement peut-être… Travailler avec toi pour que nous nous améliorions tous les deux encore un peu plus.

On peut choisir qui on est, et avec qui on est. Je t’ai choisi. »

Elle ajouta, tentant peut-être maladroitement de finir sur une pointe d’humour en déclarant :

« Et je ne choisis jamais le piètre. Tu le sais. »

Tout n’était pas réglé, mais elle espérait avec force que cette petite explication aurait permis d’aplanir les choses entre eux, et de ne pas donner une fausse impression de jugement à son amant. Parce que tous deux devaient être parfaitement concentrés, et ne pas avoir d’inquiétude sur le devenir de leur relation à un moment comme celui-là. Et justement, Alyria avait confiance dans cette dernière, dans ce qu’ils construisaient ensemble, pas à pas, avec le lot d’incompréhensions et de rabibochages que cela comprenait. Ils n’étaient pas des adolescents en train de se chercher, incapable d’identifier calmement un problème puis d’en parler entre eux. Ils étaient des adultes, des maîtres jedis, et devaient laisser cet incident derrière eux pour le moment, et n’y revenir que pour progresser et s’améliorer.
Pour appuyer ces dires, elle se rapprocha de l’épicanthix et se mit sur la pointe des pieds pour déposer ses lèvres sur celles de Lorn, dans un baiser chaste, mais qui sonnait comme une promesse, et non un au revoir.

« Bonne chance à toi aussi… On reste en contact, si jamais quoi que ce soit arrive. »

Il était temps de se séparer. Alyria lâcha la main de son amant et le laissa donc partir devant. Elle-même regagna sa propre chambre, où elle trouva la togruta informaticienne installée et en train de pianoter sur un bloc de données. Après tout, à la base, c’était sa chambre, il était donc normal qu’elle soit présente. La femme se releva en sursaut et tenta de saluer sa supérieure mais la trentenaire coupa court d’un geste de la main.

D’une voix calme, la jedi ordonna que soient contactés en urgence le Conseil dirigeant d’Umbara pour une réunion impromptue. Elle voulait des réponses, et elle en aurait. Tout de suite. Les circonstances n’allaient pas manquer de l’y aider.

Rapidement, la chose fut arrangée. Il n’y avait plus qu’à se rendre à cette fameuse réunion et taper du poing sur la table.

Alyria attendit donc patiemment que son interlocuteur habituel, l’inénarrable Syll Dral vienne la chercher, s’enquérant au passage de ce qu’il était advenu des prisonniers. Une navette de la police fédérale était arrivée quelque temps auparavant pour embarquer les malfrats, soulageant son escorte qui avait enfin pu prendre quelques heures de repos. Il faudrait d’ailleurs qu’elle pense à remercier ses hommes un à un pour leur excellent travail et leur dévouement.

Quand elle reçut le signal que Dral était arrivé, la maîtresse d’armes se prépara à descendre… Pour voir arriver le Major Olson à sa suite, l’humain arborant de magnifiques cernes autour de ses yeux.

« Hors de question Major, vous allez faire demi-tour et dormir un peu. »

« Mais enfin, Madame ! Je suis… »

« Fatigué, je le vois d’ici. Vous avez été le dernier à partir vous reposer, et avait été très précieux. Je vous veux donc au top de votre forme pour mon retour. Vous êtes prêts à faire cela ? »

Le géant blond, comprenant que ce n’était pas une punition, mais bel et bien une récompense, acquiesça avec un léger sourire et s’en fut.

Cette fois-ci, Dral ne l’accueillit pas avec sa montagne de compliments obséquieux. L’air grave, il déclara d’un air solennel : 

« Maître Von, je suis absolument navré de ce qu’il s’est passé, et je tenais personnellement… »

« Ce n’est rien. Enfin, si, mais ce n’est pas de votre fait. Néanmoins, je crois qu’il est temps de discuter avec le Conseil dirigeant de la sécurité sur votre planète. »

« Je le crois aussi… »

Contrairement à d’habitude, l’umbaran semblait sombre et renfermé, ce qui tranchait avec ce qu’Alyria avait pu en voir jusqu’à présent. Peut-être qu’étant l’homme de liaison entre le gouvernement umbaran et elle-même, le diplomate se sentait mal à l’aise par rapport à ce qu’il s’était passé… Ou bien, il avait été blâmé par ses supérieurs pour cette faille béante de sécurité. Oui, à la réflexion, c’était très plausible. Et cela expliquait le fait qu’il soit aussi renfrogné.

Le trajet se passa donc en silence, ce qui n’était pas pour déplaire à la gardienne, qui en profita pour méditer, et vérifier à travers la Force l’absence de séquelles du poison. Mand connaissait son métier, donc il n’y avait pas à s’inquiéter, mais cela avait l’avantage de lui permettre de focaliser son attention sur un point précis.

Enfin, ils arrivèrent, et cette fois-ci, point de cérémonial ou de grands discours. Alyria coupa court à toutes les tentatives des quelques courtisans qui traînaient de lui souhaiter un prompt rétablissement et traversa l’ensemble des pièces au pas de charge jusqu’à la salle de réunion. Elle attendit un instant qu’on l’annonce, puis entra.

L’atmosphère était sensiblement différente des fois précédentes. Tous arboraient un air grave, et lorsque les personnes présentes la fixèrent, la maîtresse d’armes leur rendit leur regard un à un. L’heure n’était plus aux politesses, aux délicatesses d’usage. On avait tenté d’assassiner une ministre de la République en visite officielle. Le gouvernement umbaran était tenu de répondre.
Passés les excuses et les interrogations sur son état de santé qu’Alyria balaya rapidement, tout le monde sentit qu’il était temps d’arriver aux choses sérieuses, et donc aux questions fâcheuses. Et la jedi ne fit rien pour les détromper, insistant même lourdement sur son besoin de réponses :

« Bien, je crois que cette attaque signifie une chose, et nous en sommes tous conscients autour de cette table.

Les problèmes de sécurité d’Umbara ont trop longtemps été ignorés. Je ne crois que cet acte soit isolé. Trop d’événements sont arrivés sur cette planète depuis quelques mois, dû à des facteurs extérieurs qui à ce rythme, risquent de mettre en péril la stabilité de la région.

Il me faut donc les informations nécessaires pour tenter de mettre sur pied un plan d’action. »

Un grand silence suivit cette déclaration. Puis, enfin, quelqu’un se décida à parler.

Le Conseil dirigeant confirma les attaques pirates lancées depuis des mois, ainsi que les enlèvements d’enfants sensibles à la Force. Quand Alyria émit l’idée que les deux étaient liés, tous la regardèrent avec des yeux ronds : manifestement, aucun n’y avait pensé.

« Bon, et qu’a fait votre conseiller militaire pour résoudre le problème extérieur au moins ? Suivant son plan initial, nous pourrons établir une riposte avec des bases, et non partir de rien. »

Un nouveau silence s’abattit sur l’assemblée, cette fois-ci un peu gêné, puis quelqu’un finit par dire d’une petite voix :

« En fait… Il nous a dit qu’il verrait avec ces contacts dans l’espace hutt. En payant les organisations responsables pour qu’elle nous laisse. »

« Et vous avez accepté ? »

La voix d’Alyria avait tonné, forte, traduisant sa profonde incrédulité.

L’un des umbarans présent lui répondit presque timidement :

« Notre flotte est limitée, et nous avons pensé que c’était une méthode discrète… Et conforme à nos traditions de négociation. »

Stupide. Complètement stupide… Et tellement classique. Pas étonnant qu’une telle approche n’ait pas fonctionné… Il était temps qu’elle ait une conversation autre qu’un débat futile avec ce zabrak.

« Bien, est-ce que quelqu’un peut tenter de contacter votre conseiller. Je crois que sa présence est requise… »

Les ordres furent donnés. Les minutes s’écoulèrent. Bientôt, des chuchotements se firent entendre, tous se demandant ce qui prenait temps de temps. Au bout d’un moment, la séance fut ajournée le temps que l’homme soit contacté et arrive, et Alyria sortit de la pièce, demandant où se trouvaient les commodités. On le lui indiqua, et une fois arrivée et la porte fermée à clé, elle laissa échapper un soupir retenu depuis longtemps. Quelle bande d’imbéciles… Voilà typiquement le genre de situation où l’emploi d’une force préventive n’aurait pas de trop.

Elle ferma les yeux, se laissant envahir par la Force, ce qui la calma instantanément. Imprégnée par cette entité qui ne la quittait jamais totalement, la sang-mêlée se concentra sur les informations glanées jusqu’à présent… 

Soudain une idée la traversa.

Et si le zabrak avait utilisé l’argent confié pour acheter les pirates en effet… Mais pas pour les dissuader d’attaquer, pour les encourager, tout en espaçant les versements pour faire croire à des accalmies ? Oui mais dans quel but… Y avait-il un lien avec… ?

Bon sang, il fallait tirer cela au clair !

L’esprit en surchauffe, Alyria sortit précipitamment, tous ses neurones bouillonnant d’activité. Elle était tellement focalisée sur ses pensées qu’elle ne vit pas qu’une personne se trouvait déjà dans le couloir et la percuta violemment.

« Oh, pardon, je suis désolée. »

Sa victime malheureuse n’était autre que Syll Dral. Ce dernier se releva et dit :

« Non non, c’est de ma faute, je ne regardais pas. Veuillez m’excuser. »

Elle remarqua alors la mine défaite de l’homme, sa voix soudainement presque fluette… Quelque chose n’allait vraiment pas chez l’umbaran.

« Vous allez bien ? »

« Hein ? Euh oui, oui, pardon… »

Alyria le fixa de son regard vert inquisiteur, et, baissant la voix, elle chuchota :

« Vous savez, j’ai bien remarqué que votre comportement est différent de d’habitude.

S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire. »

A ces mots, l’homme parut se tordre sur place, visiblement en proie à une vraie torture intérieure. Puis il souffla :

« Je… Vous êtes une jedi. »

« Oui, en effet… »

Première nouvelle, ne put s’empêcher de penser la gardienne, mais elle évita évidemment de répéter à voix haute ce sarcasme, continuant d’arborer une expression concernée. Elle sentait que l’homme voulait parler et attendit donc patiemment qu’il le fasse de lui-même. Finalement, d’une voix étranglée, Dral déclara :

« Je… Mon fils… »

« C’est un jedi ? »

« Non, non ! Enfin… Je ne sais pas… Nous l’avons emmené avec ma femme pour soigner une petite maladie enfantine, et on lui a fait des tests à ce moment… Il est né lors d’un voyage, vous comprenez… »

Comprenant brusquement où l’homme voulait en venir, Alyria demanda d’une voix douce :

« Vous n’avez pas de nouvelles n’est-ce pas ? »

« Non, depuis hier soir… Je suis désolé, je ne devrais pas vous embêter mais… »

« Au contraire, tout va bien. Ecoutez, Monsieur Dral, si vous avez une quelconque information à me communiquer, je vous en prie, cela pourrait aider votre fils… Et bien d’autres enfants. »

« Je… »

Une autre voix vint les interrompre, et Dral se tut immédiatement.

« Ah, vous voilà enfin. Le conseil dirigeant m’a chargé de vous trouver, Madame la ministre. »

Mala Deklun se tenait au bout du couloir, et se dirigeait à grands pas vers eux.

Pestant contre ce contretemps, Alyria accueillit néanmoins la nouvelle venue avec un sourire à peu près convainquant et la suivit, Syll Dral sur ses talons, plongé dans un mutisme total. La sephi en profita pour lui glisser :

« Mes informations vous ont-elles été profitables ? »

« Oh, oui oui, tout à fait, je vous en remercie d’ailleurs. »

« Ce n’est rien. J’ai appris pour cet attentat qui vous a frappé. Vous allez bien très chère ? »

« Je… fais aller. Cela aurait pu être bien pire. Mais au moins, cet incident a permis de démontrer les problèmes de cette planète. Il est temps d’agir. »

« En effet… »

Bientôt le trio arriva devant la porte de la salle de réunion. Mala Deklun la regarda et finit par dire avant de tourner les talons :

« Je vous laisse là, ce fut un plaisir de vous revoir ma chère. »

Alyria entra dans la pièce. Le silence était encore plus assourdissant que les fois précédentes. Elle décida néanmoins de le rompre et demanda directement :

« Eh bien ? »

« Aucune nouvelle… Nous n’arrivons pas à le joindre. »

Pourquoi la maîtresse d’armes avait-elle soudain cette impression au creux du ventre que tout cela était décidément de très mauvais augure ?
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On apprenait à tous les enfants qui venaient au temple, dès leur plus jeune âge, une série de règles et de conduites qu’ils devaient adopter afin de comprendre et d’accepter le mode de vie des jedis : c’est ce que tous appelaient le Code jedi. Vous connaissez sans doute vous-même les phrases composants le code, comme sans doute la plus connue « Il n’y a pas de mort, il n’y a que la Force », étant sans doute la phrase qui pose le plus de problème aux jeunes enfants arrivant au Temple. Mais bref, reprenons !
Si ces phrases ne sont pour vous que des élucubrations bien trop floues pour en tirer quelque chose de cohérent, des croyances ubuesques voire utopiques qui n’auraient pas le moindre début de sens à vos yeux, sachez que pour les jedis ce Code est bien plus important que cela et régit leur existence toute entière. La première de ces phrases autorise les jedis à ressentir des émotions mais les met en garde quant à la possibilité de se laisser guider par elle et ce que cela engendrerait par la suite. Les jedis doivent toujours faire passer la raison avant leurs sentiments personnels afin que ses actes ne soient pas guidés par la colère, l’amour ou le désespoir. C’est sans doute cette phrase que le jeune homme avait failli enfreinte – voire même enfreint tout court – en faisant preuve de violence pour faire parler ces quelques prisonniers.
La seconde phrase prône la connaissance et le savoir pour que les jedis soient toujours préparés à affronter les épreuves. La troisième phrase explique que les jedis doivent toujours, dans la mesure du possible, privilégier des actions sans combat en faisant preuve de patience qui est – est-il vraiment besoin de le préciser ? - n’a jamais été le point fort du jeune maître d’armes. La quatrième phrase explique que les jedis doivent se protéger les uns les autres et se préparer mentalement à un combat afin d’être prêts le moment venu. Enfin la dernière phrase, sans doute la plus difficile à accepter pour bon nombre de jeunes éléments, explique que les jedis considèrent la mort différemment des autres cultures ; pour eux un individu qui n’est plus animé par la vie ne fait que rejoindre la Force pour l’enrichir et ainsi devenir une partie de l’univers qui l’entoure. Pour Lorn comme pour d’autres, l’acceptation de la non-mort était une chose assez difficile à accepter mais, dans le cas de Lorn, le temps a presque en totalité réussi à chasser ce doute de son esprit pour lui faire comprendre que les morts restent toujours présents autour de lui et ne s’en vont jamais vraiment totalement.

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? Sans doute pour vous expliquer un peu les croyances des jedis afin que vous compreniez pourquoi le geste du jeune homme, quelques heures plus tôt, était tout sauf bénin. Il avait sciemment enfreint l’une des règles du code et, si l’on pouvait pardonner ce genre d’infraction à un nouveau venu, il en était tout autrement d’un maître qui était censé représenter l’Ordre et suivre le code à la lettre. Mais il était trop tard pour revenir en arrière et de toute façon le jeune homme n’était clairement pas du genre à demander pardon pour quelque chose, il préférait méditer sur sa faute et faire en sorte – dans la mesure du possible – que cela ne se reproduise plus.
D’ordinaire, pour parvenir à leurs fins, les jedis usaient de diplomatie et d’un peu de persuasion mentale pour s’introduire dans l’esprit d’un individu. Ce n’était pas aisé et cela demandait beaucoup de pratique mais, avec du temps, même les esprits résistants pouvaient finir par craquer. Malheureusement la patience n’était pas une vertu possédée par le jeune maître qui préférait les résultats immédiats et, d’expérience, il avait appris que la violence était parfois bien plus persuasive que les mots. Il savait que c’était contraire à l’éthique de l’Ordre, il savait que bon nombre de ses pairs le considéraient comme extrême dans ses propos comme dans ses actes mais il n’en n’avait cure. Était-ce une bonne chose que de se ficher de l’avis des autres ? Pas toujours.

Son maître lui avait toujours dis de faire attention à ce qu’il pensait mais, tout jeune qu’il était, il n’avait jamais pris la peine d’écouter car il était tout simplement persuadé d’avoir raison et d’être dans son bon droit. Mais aujourd’hui le regard du major l’avait ramené à la dure réalité : il représentait tout sauf l’image que l’on se faisait d’un jedi. Cassant lorsqu’il devait être diplomate, tête brûlée lorsqu’il devait être patient, violent lorsqu’il devait être doux et plein de compassion, ses actes à eux seuls faisaient de lui un sith plus qu’un jedi. Oh oui, ses motivations étaient différentes car il ne tirait aucun plaisir de cette violence gratuite, mais était-ce vraiment suffisant pour être persuadé d’être encore du bon côté de la barrière ? Certains diraient que oui, lui n’en n’était plus aussi sûr.
Si sa camarade, elle, faisait partie de ceux qui étaient persuadé que la différence était fondamentale, le jeune homme ne put s’empêcher de répondre d’un :

« Tu n’as pas besoin de le faire, je le fais déjà moi-même. Mes actes parlent d’eux-mêmes, je suis persuadé que certains siths se croient, eux-aussi, plus vertueux qu’ils ne le sont en réalité. Ce n’est pas parce que je suis persuadé d’agir pour de bonnes raisons que mes actes n’en sont pas moins condamnables. »

Prenant une courte pose dans son speech, le jeune homme se remémora les récents évènements et reprit par :

« Je l’ai vu dans le regard du major, cette surprise mêlée de crainte. Mes actes ont été à l’opposé de ceux que devrait avoir un jedi. Je le sais et tu le sais, inutile de faire semblant du contraire.»

Ayant terminé de se préparer, le jeune homme s’écarta de son amante et, alors qu’il se dirigeait vers la porte de sortie, il sentit la main de sa camarade retenir la sienne, lui demandant de ne pas faire un pas de plus. Elle tenta de le convaincre qu’il n’était pas une cause totalement perdue et que, parfois, trouver une solution totalement pacifique était presque impossible. Vraiment ? Sans doute oui, mais cette situation-ci n’était pas de celles-là, il aurait pu trouver une solution pacifiste et il dut l’avouer par un :

« J’aurais pu agir autrement, même si ce n’est pas mon fort j’aurais pu user de ruses mentales pour les faire parler, mais j’ai choisi la voie de la facilité. J’ai choisi de leur faire mal parce que je savais que ça marcherai et parce que j’en avais envie. Le plaisir n’était pas là et ne le sera jamais, mais l’envie ? C’est une autre histoire. »

Eh oui, même si le plaisir n’était pas là, l’envie de défoncer le nez de ceux qui avaient mis sa vie et celle de sa compagne en danger avait été définitivement là, même lui ne pouvait décemment pas mentir à sa partenaire en tentant de la convaincre du contraire. Abaissant son regard jusqu’à sa main libre, le garçon commença à se dire que c’était peut-être sa nature guerrière qui parlait pour lui bien plus souvent qu’il ne le voudrait. Inquiétant ? Oui. Peut-être devrait-il demander conseil à son maître ou devrait-il trouver un maître qui faisait partie du même peuple que lui pour savoir s’il rencontrait les mêmes difficultés que lui. Mais pour l’heure aucune solution ne lui venait en tête.

« J’ai l’impression que mes origines m’influencent plus que je ne le soupçonnais, encore aujourd’hui. Je pensais que ce temps-là était révolu. »

Auparavant il avait été un gamin turbulent, colérique et violent. Il aurait probablement été éjecté de l’Ordre avant de devenir un padawan si son maître n’avait pas trouvé une solution pour canaliser toute cette énergie sauvage qui grondait en lui. Il avait trouvé une solution qui marchait et, avec le temps, son niveau d’énergie avait baissé jusqu’au point de ne plus être énervé ou impatient en permanence. Mais aujourd’hui ces évènements lui avaient bien montré que son énergie n’avait pas totalement disparue et qu’il ne pourrait jamais vraiment taire sa nature guerrière. Avait-il peur ? Non, il était simplement inquiet, inquiet de savoir où cela le mènerait, inquiet d’envisager la possibilité qu’il ne trouverait peut-être jamais la paix.

« J’ai…j’en ai assez de tout ça. Être réveillé par mes incessantes cauchemars, sentir mon sang bouillir à l’approche d’un combat, avoir un trop plein d’énergie que rien ne semble pouvoir atténuer, vouloir user de violence pour parvenir à mes fins alors que je sais que c’est contraire à tout ce en quoi nous croyons. Je suis comme une bombe qui semble sur le point d’exploser à chaque instant, je t’assure que ce n’est pas un sentiment plaisant. »

S’écartant de l’étreinte de sa chère et tendre, le jeune homme s’approcha de la porte et l’ouvrit en concluant par un :

« J’ai…envie de trouver la paix intérieure. Je pensais l’avoir trouvée, mais aujourd’hui m’a bien prouvé que non.»

Fermant la porte derrière lui, prenant une profonde et longue inspiration pour retrouver sa concentration, le garçon empoigna sa tablette de données et suivit les indications jusqu’aux coordonnées enregistrées. Avançant prudemment en espérant ne pas tomber sur une autre embuscade qui ne ferait que le retarder, le jeune homme marcha pendant plusieurs dizaines de minutes avant de finalement arriver devant la bâtisse qui – au vu de son état de délabrement – semblait bien abandonnée. Regardant aux alentours pour voir si personne ne l’observait, il s’ouvrit à la Force un bref instant et ressentit plusieurs présences aux alentours. Des squatteurs ou des habitants, voilà ce que se dit le jeune maître alors qu’il poussait la porte, décrochant une lampe-torche de sa ceinture.
Dès qu’il fut dans le bâtiment le jeune homme porta sa main libre à ses narines, l’air était saturé de poussière à un poil que c’en était presque désagréable de respirer : tout ceci puait le renfermé à plein nez si bien qu’il n’était pas difficile de deviner que personne n’était venu ici depuis un bon moment. Arrivant dans ce qu’il supposait être l’accueil, le jeune maître passa son doigt sur le comptoir simplement pour être sûr et, effectivement, son doigt accumula assez de poussière pour qu’il conserve sa théorie. Plusieurs minutes durant le jeune homme fouilla l’accueil et les pièces alentours à la recherche d’informations mais, malheureusement, il n’y trouva que déchets et crasse accumulés. Génial, n’est-ce pas ? Il avait beau fouiller les chambres, les bureaux et les salles annexes il ne trouva rien de bien folichon, ou du moins rien qui ne puisse être d’importance pour sa mission. Soit le ménage avait été fait avant son arrivée, soit il perdait bel et bien son temps.

S’approchant de salle qui semblait renfermer les archives, le jeune homme fut accaparé par un bruit inhabituel : quelqu’un était en train de courir dans le coin. Courant à son tour, le jeune homme suivit le coureur jusqu’à l’entrée et la forme disparut dans les ténèbres qui régnaient dans la ruelle, Lorn eut à peine le temps de reconnaître les excroissances sur sa tête comme celles d’un Zabrak avant d’entendre un « bip » régulier. Coïncidence ? Certainement pas. Le jeune homme aurait sans doute pris le temps de trouver l’origine du bip si ce dernier ne s’était pas fait de plus en plus rapide au fil des secondes et, bientôt, la vérité lui sauta aux yeux et le força à prendre ses jambes à son cou.

C’est quand il eut dépassé la sortie de quelques mètres qu’une magistrale explosion eut lieu, le souffle propulsant le jeune maître sur le mur d’en face avant qu’il ne retombe lourdement sur le sol dans un râle de douleur non-dissimulé et à peine étouffé par le choc. Pendant quelques secondes le jeune homme resta à terre, l’esprit embrumé par la douleur mais il parvint à puiser dans la Force pour l’aider à remettre ses pensées en ordre, se servant du mur pour s’aider à se relever. Levant les yeux sur le bâtiment en flamme, le front plissé d’énervement, le jeune homme lâcha le plus honnêtement du monde :

« Sérieusement ? Trois fois ? Ça y est, j’en ai ma claque. »

En moins de deux jours on avait attenté à sa vie trois fois et, désormais, sa patience légendaire avait enfin atteint sa limite : qui que soit la personne responsable de tout ça, Lorn allait lui faire littéralement bouffer ses dents par l’anus. Se secouant la tête qui bourdonnait violemment, c’est lentement que le maître prit la direction de l’hôtel pour se faire retaper. Eh bien…vous parlez d’une journée.
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« Comment ça, vous n’arrivez pas à le joindre ? »

Alyria dardait à présent son regard furieux sur les membres du Conseil dirigeant, et nul doute qu’en cet instant, elle devait paraître singulièrement impressionnante, avec sa mâchoire contractée, son poing droit serré et ses yeux qui semblaient littéralement lancer des éclairs. Non, la jedi n’était plus du tout d’humeur à sourire gracieusement. Elle avait l’impression très désagréable que les choses lui échappaient, et qu’elle n’avait en plus qu’une partie des informations nécessaires pour comprendre ce dont il retournait. Bref, ce n’était vraiment, mais alors vraiment pas le moment de la contrarier.

« Je… Nous allons réessayer… »

A cet instant, Dral entra, hors d’haleine, manquant s’écrouler sur la table et finit par éructer, sous les yeux ronds de ces supérieures pour qui une telle entrée constituait un manquement encore jamais arrivé au protocole :

« Explosion… Bordure… Ville… Vite… Là-bas… »

Immédiatement, la maîtresse d’armes sentit son estomac se contracter sous l’effet de l’anxiété. Elle avait un très mauvais pressentiment. Etait-ce bien ce à quoi … ? Mais elle ne devait pas laisser son jugement affecté, pas maintenant, surtout pas maintenant, aussi elle prit une profonde inspiration et conserva son apparence presque statufiée, les lèvres serrées à s’en faire mal. Rien ne devait transparaître, hormis le courroux légitime d’une ministre de la République en exercice.

Le malheureux umbaran mit un certain moment à se remettre de ce qui avait dû être une sacrée course, puis parvint enfin à s’expliquer :

« Une clinique désaffectée… Pas loin de la ville… On vient de me prévenir… Explosée. Des habitants ont vu la fumée… »

La perplexité se lisait sur les visages, tandis que le cœur d’Alyria fit comme une embardée dans sa poitrine. Est-ce que Lorn… ? Non, elle ne devait pas se préoccuper de cela, elle n’était pas une femme amoureuse à cet instant, mais un maître jedi, et une ministre. L’épicanthix était un jedi expérimenté, de constitution plus que solide, vif, il avait dû s’en sortir sans trop dégâts. Sinon… Elle se refusait à envisager une autre possibilité, car cela ne ferait que la perturber, comme cela aurait d’ailleurs été le cas pour n’importe quel partenaire de mission jedi.

« Bien, je crois qu’il n’y a plus à se poser de questions. Cette planète court un grave danger. Premièrement, il nous faut agir au plus vite en retrouvant Zelander Korr. Je pense qu’une mobilisation de l’intégralité de vos forces policière ne sera pas de trop… Si vous avez des renseignements sur un éventuel objet électronique, l’un de mes soldats pourra peut-être tenter de tracer son signal. 

Pour le reste, j’ai besoin de toutes les informations que vous avez. Nous allons devoir faire front commun et collaborer, main dans la main, gouvernement umbarans, Ordre jedi et forces fédérales. Il est temps d’affronter cette menace pour maintenir la stabilité de cette région stratégique… Et tenter de sauver ces enfants. 

Je compte sur vous. Ces enfants comptent sur vous. »

Tous se regardèrent, puis, comme galvanisés, commencèrent à s’organiser, Alyria elle-même demandant en urgence qu’une partie de ses hommes viennent sur place, notamment Leda Hans. Son apport serait extrêmement précieux. Syll Dral sortit de la pièce avec pour mission de transmettre des informations à un pôle d’investigation umbaran.

Il murmura à Alyria avant de sortir :

« Il faudra que je vous parle après… je pense que… Enfin, il faudra vraiment que je vous parle. »

Celle-ci aurait bien voulu le presser de questions, mais il avait déjà tourné les talons. Pendant deux bonnes heures, tout le monde se mit au travail, Alyria organisant les patrouilles et centralisant les données récoltées avec des membres du Conseil dirigeant. Et enfin, après ce qui lui sembla une éternité, alors qu’elle discutait de l’opportunité de placer une escouade de réserve civile umbarane à tel endroit, un cri de victoire se fit entendre. Leda Hans venait enfin de localiser Zelander Korr. Tous se tournèrent immédiatement vers elle et les joues de la togruta se colorèrent légèrement, preuve de sa gêne soudaine d’être le centre de tant d’attention.

« Là, il se dirige vers cet endroit. »

Elle pointa un lieu sur une carte et l’un des umbarans grommela :

« C’est un vieux spatioport. Plus vraiment en activité depuis… Enfin, les attaques. Avant, on s’en servait pour faire décoller des marchandises mais depuis le ralentissement du trafic… On a préféré concentrer les vols sur un terminal en particulier, pas sur les annexes. »

Et soudain, Alyria comprit.

« Il va essayer de partir en profitant du chaos engendré par l’explosion… »

« Pardon ? »

C’était tellement évident… Mais encore trop hasardeux. Non, il fallait autre chose. Un moyen définitif de fixer l’attention des umbarans et d’elle-même le temps de se carapater… Il fallait…

« Faites décoller votre flotte. »

« Euh… ? »

« Faites la décoller maintenant. Umbara va subir un nouvel assaut. »

« Je… »

Mais un des umbarans présents, faisant preuve de plus de vivacité d’esprit, ou de diligence, se précipita au dehors pour avertir les forces planétaires. Alors Alyria put expliquer ce qu’elle venait de comprendre.

« Zelander Korr est de mèche depuis le début avec ces pirates… Il va s’en servir pour occuper vos défenses pendant qu’il s’enfuie avec les enfants et profite de la confusion. »

Mais déjà un officier umbaran se précipitait à son tour dans la pièce qui commençait vraiment à ressembler à un quartier général de bataille pour dire d’une voix grave :

« Comme ce que le commandement avait prévu, nous venons de subir des tirs de barrage provenant de vaisseaux issus sans doute de l’espace hutt, mais grâce au déploiement précoce nous allons être en mesure de les contenir.


Enfin, j’espère. »

« C’est ce qui va se passer soldat. »

Alyria venait de lui assurer cela d’une voix tranquille, bénissant la Force de lui avoir donné cette inspiration soudaine à propos de l’attaque.

« Bien… Occupons-nous d’assurer la défense de cette planète, voulez-vous ? »

Un grand silence suivit sa déclaration, et elle se rendit compte avec effroi qu’aucune des personnes présentes n’avait la moindre idée de comment mener une bataille navale…

« Est-ce que quelqu’un s’oppose à ce que je prenne la direction des opérations ? »

Personne ne pipa mot, et le Conseil dirigeant sembla sauter sur l’idée. Aussitôt, Alyria donna des ordres pour être mise en contact avec la flotte planétaire umbarane, et un plan des environs fut étalé devant elle.

« Déployez la première escouade dans le secteur B, et tentez une manœuvre d’encerclement en positionnant les vaisseaux lourds en retrait à la lisière entre les secteurs B et C. Puis… »

La jedi avait revêtu ses vêtements de ministre de la Défense, et elle se rendit en se rendant compte de l’écoute presque religieuse qui suivait ses propos qu’après tout, elle commençait peut-être vraiment à être investie de l’autorité allant avec la fonction. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Elle n’aurait su dire. Fille de militaire, la maîtresse d’armes n’avait jamais eu de problème avec les ordres et les hiérarchies, mais d’un point de vue de jedi… Enfin disons qu’elle n’était pas habituée à ce genre de comportement. Ce poste allait-il donc la changer ? Peut-être, sans doute.

La nouvelle commandante en chef, puisque c’était donc le poste temporaire qu’elle occupait actuellement, commença dont à guider les forces umbarannes, leur laissant une certaine latitude sur le terrain qu’ils semblaient apprécier, se contentant de valider les stratégies proposées et d’ordonner tel ou tel positionnement. Seulement, pendant ce temps, elle apprenait cette fonction qu’elle aurait à mener en d’autres occasions et sur des flottes et face à des ennemis bien plus menaçants. Déjà avec Valérion Scalia, elle s’était aventurée dans la chasse républicaine, mais c’était le chancelier qui avait été en charge du commandement en tant que tel. Là, même si l’échelle était réduite, elle était au centre des décisions, et sentait le poids de la chose sur ses épaules. Il y avait tant d’éléments à prendre en compte, à calculer, de stratégies et de contre-stratégies à élaborer en direct, avec à peine quelques secondes pour réagir… Alors qu’elle n’était même pas sur le terrain, mais dans une position de simple supervision ! Elle avait l’impression que ses neurones étaient en pleine surchauffe.

Et finalement, lentement mais sûrement, le déploiement précoce fit des miracles, les messages qui leur parvenaient étant de plus en plus joyeux et fleuraient bon la victoire rapide.

Mais l’euphorie fut de courte durée…

Le Major Olson arriva à cet instant, ses cheveux blonds collés à son visage par la sueur, et souffla :

« Madame !

Maître Vocklan a des informations, il a vu le malfrat de l’entrepôt, c’était un zabrak ! Euh… Bonjour excellences. »

La reprise soudaine du Major face à tous les dirigeants umbarans aurait pu être comique… En d’autres circonstances. Là, il venait surtout de confirmer ce qu’elle pressentait depuis le début de cette fatale journée… Et même depuis sa rencontre avec l’homme. La Force l’avait bien prévenue que quelque chose clochait.

« Au moins je crois que les choses sont désormais claires… »

Elles auraient pu l’être.

Alors que la confusion régnait déjà dans la pièce, les événements se succédant à un rythme effréné, un cri strident, de pure horreur, sembla traverser l’intégralité du bâtiment. C’était un hurlement à glacer les veines d’un natif de Hoth… Presque immédiatement, Alyria se rua au dehors, suivie de quelques umbarans et du Major Olson. Guidée par les cris qui ne faiblissaient pas, toute la troupe arriva finalement dans un recoin du palais… Et tous se turent face au spectacle atroce qui était devant eux.

Syll Dral, ou plutôt ce qu’il en restait gisait devant eux. Son corps avait été laissé dans une salle et une servante venait apparemment de le découvrir. Les deux bras et les deux jambes avaient été coupés de manière nette. Et trônant sur un meuble à côté du cadavre se trouvait la tête du diplomate. Le spectacle était proprement atroce.

Réprimant un haut-le-cœur, Alyria décida de s’approcher du macchabée. Elle balaya la pièce un instant du regard, avant de se pencher pour regarder le mort de plus près. Les coupures étaient nettes, cautérisées… Caractéristiques de blessures que la maîtresse d’armes ne connaissaient que trop bien, et pour cause : elle avait pu en infliger de pareilles par le passé.

« Un sabre-laser… »

« Euh, madame la ministre… ? »

« C’est un sabre-laser qui a fait ça. Je suis parfaitement capable de reconnaître de telles plaies quand j’en vois. »

Le Major Olson hésita un moment puis finit par demander :

« Vous croyez que… ? »

« Quoi d’autre sinon ? Au moins, cela fournirait une bonne explication pour les enlèvements… Mais en revanche, notre suspect n’a sans doute pas pu s’introduire ici… Donc… »

« Il y a … ? »

« Quelqu’un d’autre. Oui. »

Les umbarans qui les avaient suivi regardaient l’échange sans comprendre, tandis que les instincts de combattants du militaire et de la jedi eux, s’étaient déjà réveillés, tous deux mettant en application leurs connaissances et leur sens pratique pour arriver à la seule conclusion logique qui s’imposait. Mais alors qui ? Là était toute la question.

Immédiatement, sans rien lui demander, le soldat commença à fouiller méthodiquement la salle à la recherche d’indices : l’instinct parlait chez le colosse blond. De son côté, Alyria s’ouvrit brièvement à la Force afin de sonder les environs… En vain.

Mais peu importait, il n’y avait plus de temps à perdre. L’air lugubre, la jedi déclara :

« Il voulait me parler… Sans doute que l’assassin l’a entendu et l’a réduit au silence de manière définitive… Et comme il allait partir, pas besoin de prendre de gants… Donc… »

Elle prit une inspiration, puis lâcha enfin :

« Qui que ces individus soient, ils vont essayer de partir maintenant. »

Alors en un quart de secondes, sa décision fut prise. Elle se mit à courir, sortit de la pièce et revint en trombe voir le Conseil dirigeant. Là elle déclara de but en blanc :

« Vos vaisseaux dispersent les pirates. C’est la dernière chance pour les criminels de s’en aller. Nous devons nous hâter.

C’est maintenant ou jamais. La situation dans l’espace est sous contrôle, vous n’aurez pas de soucis. »

Et sans leur laisser le temps d’assimiler ce qu’elle venait de dire, Alyria claqua la porte derrière. Assez d’imprévus, assez de ces déchaînements d’événements. Il était temps d’agir. Enfin. La situation stabilisée dans les airs, elle pouvait enfin s’occuper des enfants.

La ministre rameuta donc ses troupes et ils quittèrent le bâtiment, pour s’engouffrer dans deux navettes.

« Cap sur le spatioport. C’est là que nous allons cueillir nos assassins et leur faire goûter à la justice républicaine. Soldats, je compte sur vous ! »

Une acclamation unanime lui répondit.

Leurs adversaires, quelle que soit leur identité, allaient voir leur plan prendre une tournure pour le moins très désagréable.

Elle ajouta, la mine soudain sombre, la voix terriblement sérieuse :

« Ce sont des siths qui sont à l’œuvre. J’en suis presque certaine. Alors prudence, soldats, laissez Maître Vocklan et moi-même les affronter au corps-à-corps. »

C’était dit, elle avait enfin formulé à voix haute cette certitude qui la hantait depuis la découverte du cadavre de Syll Dral.
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Le jeune homme avait toujours trouvé une sorte de sécurité et de réconfort dans la protection que lui conférait le temple jedi, c’était sans doute pour cela qu’il rechignait autant à en sortir lorsque le devoir l’appelait en dehors des murs qui l’avaient vu grandir, mais malgré son inconfort face à des individus qui ne suivaient pas la même vie que lui, le maître savait faire silence et prendre sur lui pour que le travail soit fait. Mais aujourd’hui, alors qu’il était venu sur cette planète avec les meilleures intentions du monde, il en était venu à regretter d’avoir quitté la tranquillité du temple pour plonger dans un monde où tout le monde semblait en vouloir à sa vie.
Oh non ce n’était pas une mince exagération car en moins de 48 heures le jeune maître avait échappé à trois tentatives d’assassinats dont l’une d’entre elles avait été soigneusement préparée avec une bombe qui venait juste d’exploser dans le bâtiment qu’il venait de quitter. Sonné, sa tête bourdonnant à outrance, le jeune maître se servit du mur pour se relever et attendit là quelques secondes, face au bâtiment en flamme en se disant qu’il aurait pu finir carbonisé s’il n’avait pas eu une bonne ouïe ou une bonne vue. Comme quoi cela tenait à peu de choses, non ? Mais le soulagement d’avoir échappé de peu à une mort certaine ne changeait strictement rien au fait qu’on avait par trois fois tenté de l’éliminer et cela avait le don de mettre ses nerfs en pelote. Oh oui il savait qu’il devait faire preuve de calme et de tempérance face à l’adversité, personne n’avait besoin de le lui rappeler, mais il y avait des limites à ce qu’il était capable de supporter. Se redresser, le front plissé et le regard sombre, le garçon pesta à voix haute d’un :

« Allez viens Lorn, ça te fera du bien de sortir du temple, qu’ils disaient. Du bien ? La bonne blague ! Et après on se demande pourquoi je suis un peu rustre !»

Quoi ? D’accord il était peut-être plus que « un peu » rustre mais était-ce vraiment utile de pinailler sur les détails ? Le fait était que malgré les conseils de sa compagne quant au fait de faire preuve de calme et de contrôle pour ne pas succomber à ses émotions, chose qu’il savait déjà parfaitement, la patience du jeune maître avait été mise à très rude épreuve depuis son arrivée sur cette maudite et sombre planète. À chaque minute qui passait l’envie de quitter cet endroit maudit allait en grandissant mais, malgré tout, l’importance de cette mission surplombait très largement tout le reste.
Se redressant en appuyant son épaule gauche contre le mur, ses jambes encore trop faibles pour le porter sans aider jusqu’à l’hôtel, le jeune homme commença sa marche lente contre le mur en direction de là où il venait. En chemin il décrocha son holocom pour expliquer la situation aux soldats et à sa compagne, pour éviter toute mauvaise surprise et, étrangement, plus il s’approchait de sa destination et plus l’envie d’écorcher vif l’auteur de cette explosion se faisait pressante. D’accord, peut-être pas écorcher vif mais au moins lui faire regretter amèrement d’avoir essayé de le tuer…ou d’avoir raté son coup, il ne savait pas trop encore.

Une fois arrivé à l’hôtel sous le regard presque amusé des gardes qui furent surpris de le voir de nouveau revenir en piteux état, le jeune homme prit son temps pour se retaper avant de rejoindre sa compagne dans une navette pour se rendre à – lui disait-on – un vieux spatioport où les cerveaux de cette affaire pourraient se trouver et seraient sur le point de tenter de s’enfuir. S’enfuir ? Oh non, non non non ! Sûrement pas !
Assis dans la navette, le regard baissé afin que personne – et surtout pas sa compagne – ne puisse lire son énervement dans son regard, le jeune maître dégrafa son uniforme car il avait le sentiment qu’il ne serait pas utile de jouer la comédie. C’est donc dans un crissement désagréable que la porte de la soute s’ouvrit devant le hangar qui était apparemment ouvert. Faisant signe aux soldats de la suivre alors qu’il dégrafait son sabre laser de sa ceinture, le jeune homme se plaqua contre le mur et jeta un coup d’œil à l’intérieur pour se rendre compte qu’ils allaient avoir de la compagne.
Si tout au bout du hangar il reconnaissait la forme d’une navette, l’atteindre allait se révéler bien plus compliqué que ne l’avait prévu le maître. En effet, si le hangar était jonché de conteneurs et de caisses de matériels en tout genre, la plupart étant amassés sur le flanc droit du bâtiment, tout le reste du bâtiment était parsemé de droïdes de combat armés et surveillant les différentes entrées de ce bâtiment. Soupirant face à cette difficulté supplémentaire, le garçon observa la disposition des droïdes avant de se tourner vers les soldats face à lui.

« Je passe par la droite, attirez l’attention des droïdes sur la gauche pendant que je fonce vers la navette. Je ne veux lui laisser aucune chance de partir. »

Le maître était trop loin pour savoir s’il y avait bien quelqu’un dans la navette mais il ne voulait prendre aucune chance en neutralisant son moyen de transport le plus tôt possible. Brandissant son sabre laser qu’il activa sans attendre, c’est donc avec vigueur que le maître pénétra dans le hangar et, en réponse, tous les droïdes se tournèrent vers lui comme un seul homme. Tenant son arme à deux mains, prêts à dévier les tirs qui lui viendraient forcément dessus, le jeune homme puisa dans la Force pour commencer sa course effrénée qui lui ferait longer la paroi de droite de cette bâtisse.
En réponse à son entrée, les soldats pénétrèrent eux aussi et, prenant position à couvert, commencèrent à mitrailler les droïdes qui répliquèrent aussitôt à cette agression. Continuant de courir en passant derrière des caisses et des conteneurs aussi souvent qu’il le pouvait, brandissant son arme pour dévier les tirs des quelques droïdes qui ne s’étaient pas encore tournés comme ils le devaient, le garçon se rapprocha du bout du hangar et, ouvrant les yeux, il aperçut une forme s’y diriger. Quelques secondes plus tard il fut assez prêt pour observer des protubérances sur le haut de son crâne. Serrant les dents, resserrant la prise sur son sabre, le garçon se rua sur son adversaire et, bondissant, abattit son sabre sur lui en guise de coup de semonce. Fort heureusement, ledit zabrak dégaina un sabre laser à la lame carmin à temps pour parer le coup vertical et repousser son assaillant.

Ce zabrak était fin et semblait assez jeune mais, malgré cela, il régnait dans ses yeux une lueur malsaine que Lorn n’eut aucun mal à identifier. Ces yeux jaunes reflétaient la voie qu’il avait choisie et la couleur de son sabre en était également la preuve indéniable.
Se redressant, le sabre laser le long du corps, le jeune maître fit face à son opposant avant de lui faire une proposition :

« Tu aurais dû essayer de me tuer avec un peu plus d’ardeur. Maintenant je vais te faire ta fête, mais je te laisse une chance et une seule de décider si ce sera lent ou rapide. Rends-toi, crache le morceau et les seules choses que je te ferais cracher seront tes dents. »

Quoi ? Au moins il lui proposait une porte de sortie qui n’incluait pas énormément de violence, c’était probablement plus qu’il n’avait jamais proposé à aucun de ses adversaires jusqu’à présent : une belle évolution ! Mais le jeune zabrak, silencieux dans l’adversité, se contenta de plisser les yeux alors qu’il éjectait des éclairs du bout de ses doigts. Parant les éclairs en brandissant son sabre devant lui, le maître se contenta de répondre :

« Ne viens pas dire que je ne t’ai pas laissé une chance. »

Le maître savait très bien que cela allait se terminer en combat mais, ayant tout de même écouté l’inquiétude de sa compagne, avait préféré tendre la main à son adversaire en sachant pertinemment quelle sera sa réponse. Surpris ? Pas le moins du monde. Les deux hommes s’observèrent pendant quelques secondes, se jaugeant silencieusement en se tournant autour comme deux fauves s’observant juste avant de se jeter dessus…et arriva ce qui devait forcément arriver.
Les deux hommes se jetèrent dessus dans un ballet violet et carmin d’une beauté sauvage saisissante. Si le jedi se contentait de rester sur la défensive en attaquant en de rares occasions, histoire d’analyser le style de combat de son adversaire, ce dernier ne sembla pas s’embrasser de manière et se rua sur le jedi en l’attaquant à outrance. Du djem-so, voilà ce qu’en conclut le maître d’armes en analysant les passes d’armes de son jeune opposant bien pressé d’en finir avec ce combat, de tout évidence.

Plusieurs minutes durant les deux hommes échangèrent donc des coups et là où le zabrak faisait preuve d’une agilité et d’une vitesse qui forçaient le respect pour quelqu’un de son âge, son opposant avait pour lui l’expérience, l’endurance et la force d’un guerrier né. Repoussant désormais son opposant par des coups qui se voulaient volontairement lourds et puissants afin que toute parade soit un pari risqué, Lorn avait désormais la certitude de faire face à un apprenti sith car, bien que très volontaire, son style possédait quelques failles. Il lui manquait la force nécessaire pour que ses coups soient suffisamment puissants et dangereux pour mettre en difficulté le maître d’armes et, de plus, il comptait trop sur son agilité et effectuait parfois des mouvements superflus qui lui faisaient gaspiller de l’énergie pour rien.
Un combat facile ? Non car n’importe quel sith restait toujours plein de ressources et le Zabrak le prouva en usant de la Force pour envoyer une caisse de matériel sur le colosse. Ce dernier usa de la Force pour dévier le coup mais ne put prévoir que son opposant se trouverait juste derrière, la jambe en avant, le frappant au ventre et lui coupant le souffle par la même occasion. Serrant les dents, Lorn dut bondir sur le côté pour esquiver le sabre du sith qui s’abattit sur le sol à la place.

Se redressant en reprenant son souffle, amusé par cette futile résistance, Lorn prit une profonde inspiration pour reprendre sa concentration avant de foncer de nouveau dans le cœur de la bataille. Mais cette fois-ci tout était différent, cette fois-ci il ne resta plus sur la défensive et se mit lui aussi à attaquer à outrance, testant l’endurance de son adversaire contre la sienne en le faisant reculer de plus en plus près de la navette derrière lui. Le zabrak avait perdu son sourire arrogant de tout à l’heure et se contenta de reculer, parant les attaques de son adversaire trop lourdes pour lui, s’essoufflant un peu plus à chaque seconde qui passait et, finalement, le combat bascula totalement en la faveur du jedi. Ce dernier, effectuant un coup oblique sur la gauche, força son adversaire à le bloquer mais usant de son pied pour le frapper au ventre à son tour et le faire reculer.
Acculé, le zabrak perdit sa concentration pendant un instant ce qui suffit au jeune maître pour l’éjecter contre la paroi métallique de la navette grâce à la Force. Ne s’arrêtant pas là, le jedi se rua sur son adversaire et, alors qu’il retombait mollement à terre, l’attrapa par le col avant de le décrocher tour à tour un coup de genou dans le ventre et un coup de coude dans la mâchoire assez puissant pour le sonner. Le finissant par un direct du droit dont la puissance le plaqua contre le sol, le jedi amena à lui le sabre de son adversaire, sonné, avant de s’autorisa à expirer longuement.

Le souffle rapide, haletant sous l’intensité de cet effort prolongé, le garçon espérait que sa camarade s’en sortait bien de son côté. Reportant son attention sur le Zabrak toujours immobile et prostré, par terre, Lorn lui lança sur un ton sec :

« Bon, maintenant mets-toi à table. »




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Assisse dans la navette qui l’emmenait vers le spatioport, Alyria attendait dans un silence pesant que Leda Hans ait fini de mettre en place la liaison qu’elle lui avait demandée avec le Ministère de la Justice. Hors de question de prêter le flanc à la moindre critique, aussi elle demanderait un mandat spécial pour pouvoir opérer en arguant de l’urgence de la situation, et de la nouvelle législation préparée par Ion Keyien qui confirmait son propre ministère comme une des agences susceptibles de pouvoir agir contre les siths, ou ennemis combattants, comme on les appelait dans la novlangue ministérielle. En tant que jedi, elle-même et Lorn pouvaient intervenir, mais elle pressentait que deux maîtres jedis, aussi talentueux soient-ils, ne seraient pas suffisants. Bref, ses hommes devaient intervenir en renfort.

« Madame la Ministre, ça y est, j’ai établi une liaison avec Lynha Golmarr. Ce ne fut pas sans mal, croyez-moi… »

« Passez la moi. Et tant que je n’ai rien dit, personne ne sort de cette navette. »

Alyria attendit quelques instants, puis quand elle entendit la voix de son homologue de l’autre côté de la communication, elle s’empressa de lui expliquer la situation extrêmement tendue sur place, prenant grand soin de mettre l’accent sur la menace intérieure et extérieure que les agissements des coupables faisait peser sur cette partie de l’espace républicain. La fidèle du sénateur de Corellia n’était pas franchement le genre à se sentir très apitoyé par telle ou telle situation. Non, ce qu’il fallait, c’était dépeindre l’urgence absolue d’intervenir en raison de manquements à la loi graves et d’un danger conséquent. Alors seulement, la maîtresse d’armes estimait que la représentante de Sélona accéderait à sa demande. Sans compter que politiquement, pour quelqu’un qui soutenait un discours ferme comme celui du Rassemblement républicain, avoir sur les mains l’enlèvement de plusieurs dizaines d’enfants par des siths… Disons que cela risquait de lui faire une très mauvaise publicité. Aussi la jedi ne se priva pas pour insister très lourdement sur ce fait.

« Très bien, je vais voir avec mes conseillers et je vous donnerai ma réponse ensuite. »

« Sauf votre respect, Madame Golmarr… Il n’y a plus de temps pour cela. Le vaisseau de ces meurtriers et kidnappeurs va décoller, et inutile de préciser qu’en raison de ce qu’il transporte… Soit des nourrissons, nous n’allons pas l’abattre en plein vol. A moins bien sûr que vous soyez prête à risquer des dizaines de vies innocentes…

Comprenez bien ma demande. En fournissant immédiatement un mandat d’intervention et d’arrêt, vous permettrez une intervention rapide et nécessaire, prouverez l’efficacité de la nouvelle administration et la pleine collaboration de nos services… Et si les choses tournent mal, j’en prends l’entière responsabilité.

Il y a en jeu le meurtre d’un conseiller, une tentative d’assassinat sur ma propre personne… Et l’existence d’enfants qui échapperaient illégalement à la jurisprudence de la République, emportés par des criminels potentiellement impossibles à retrouver après tout cela. Nous pouvons les arrêter ici et maintenant. Cela dépend juste de vous. De la décision que vous allez prendre maintenant. »

Le silence se fit puis finalement les deux mots tant attendus furent lâchés dans un soupir qu’Alyria trouva légèrement contrarié :

« Très bien. »

Les deux femmes continuèrent à parler une minute supplémentaire, la ministre remerciant chaleureusement sa collègue en y mettant toutes les formes de la politesse qu’elle connaissait. Puis enfin, dans une synchronisation presque parfaite, alors que la conversation se finissait, ils arrivèrent enfin au spatioport. Et comme n’importe quel esprit un brin méfiant, ou tout simplement prudent et légèrement échaudé par diverses mauvaises surprises et autres mésaventures en terres umbarannes, aurait pu l’imaginer, la demi-echanie avait eu raison dans sa conjecture initiale : rien que progresser vers le bout du hangar principal allait être une plaie sans nom.

Lorn prit l’initiative, et Alyria déclara à ses troupes :

« Suivez-le, nous avons le feu vert de la Justice pour intervenir. Et… Que la Force soit avec nous. »

Certes, ces quelques mots n’avaient pas forcément de résonnance aussi forte pour des militaires que pour des jedis, mais personne n’en ignorait le caractère symbolique. C’était un cri de ralliement, le genre de paroles à prononcer pour encourager simplement des hommes et des femmes qui ensemble allaient risquer leur vie. D’un bond agile, Alyria sauta à terre à la suite de la troupe. Il était temps de mettre un terme à tous ces agissements.

L’accueil fut fort peu chaleureux, soit fait à coup de blasters. Immédiatement, le Major Olson hurla des ordres pour que l’escouade s’abrite derrière les premiers objets qui feraient office de défense suffisante. La trentenaire elle-même s’accroupit derrière un petit parapet avec la togruta informaticienne. Maintenant il fallait couvrir la progression de Lorn vers la navette du bout, qui devait sans doute renfermer la précieuse cargaison de leurs opposants…

A longue distance, Alyria n’était pas forcément la plus efficace. A vrai dire, un maître jedi l’était rarement, à moins de recourir à quelques ruses. Elle se cantonna donc à user de vagues de force sur les droides s’approchant trop de leur position, et de panacher le tout d’un ou deux lancers de sabre pour mettre hors service quelques-uns de ses fichus robots. Sinon, elle tenta de dévier quelques tirs, même si son désamour profond des formes III et V faisait que ce n’était pas, et n’avait jamais été, sa spécialité.

En effet, sa défense contre les blasters consistait souvent en réalité à attirer le tireur à elle ou à se frayer un chemin jusqu’à lui en comptant sur sa vitesse de pointe à la course puis à l’acculer au corps-à-corps. Sinon, elle utilisait une méthode assez complexe qui nécessitait un renfort non négligeable de la Force pour adapter le Makashi à ce type de défense, en jouant sur les inclinaisons de son sabre. Cette tactique de défense n’avait été au cours du temps maîtrisée complètement que par de rares bretteurs, et malgré son statut, elle reconnaissait humblement n’avoir que les bases suffisantes pour se maintenir en vie sans trop de dommages le temps de se défaire de l’adversaire directement d’un coup de sabre bien placé.

Elle avait l’impression que la situation s’éternisait, et les cris de douleurs qu’elle percevait de temps en temps lui faisaient comprendre que des blessures commençaient à clairsemer ses rangs. Il fallait agir. Vite. Se tournant vers Hans qui visait un droide avec son blaster léger, elle lui cria pour couvrir le fracas ambiant :

« Il n’y a pas un moyen de pirater ces machins ? »

Elle lui répondit après avoir esquivé un tir :

« J’ai essayé dès qu’on est arrivé ! Mais quelque chose m’empêche de rentrer dans le système… Quelqu’un doit les contrôler à distance et empêcher toute intrusion externe. Enfin, je peux tenter de réessayer, mais ça va prendre du temps, puisque nous allons nous affronter à distance… En quelque sorte. »

Alyria réfléchit un instant, puis demanda, tout en déviant un nouveau tir :

« Et si quelqu’un trouvait la personne qui est derrière l’ordinateur à la base de tout ça et l’éloignait un peu ? Ça vous donnerait la possibilité d’entrer non ? »

« Oui sans doute… Enfin il faut le trouver. »

Evidemment, c’était un léger problème… Ou plus exactement, le nœud du problème. Bien, il fallait réfléchir…

« A votre avis, où pourrait se trouver ce genre de console ? »

Hans sembla pensive un bref moment, et finit par répondre, un peu essoufflée par les efforts fournis pour tenter de venir à bout de la résistance que leur offraient les droides :

« Je ne sais pas… Tout dépend en fait de la configuration exacte des lieux. Je pourrais hasarder quelques hypothèses, comme la tour de contrôle, mais dire cela de façon précise… »

Evidemment, le manque d’informations se faisait cruellement sentir. Est-ce qu’un tel coup de pazaak était raisonnable à tenter ? Non, bien sûr, mais le temps pressait. Tout ne devait pas reposer sur les épaules de Lorn, qui ne revenait toujours pas…

Alyria s’accroupit alors complètement derrière le parapet, et se laissa gagner par la Force, sous l’œil franchement circonspect de l’informaticienne, qui devait se demander si sa supérieure hiérarchique ne craquait pas un peu sous la pression. Mais en réalité, la maîtresse d’armes faisait le vide dans son esprit pour réfléchir sans être gênée par les bruits environnants, se focaliser sur les éléments à sa disposition. Et comme souvent quand elle était dans cet état semi-méditatif, ses neurones commencèrent à se mettre en action bien plus facilement, la Force Vivante parcourant la jedi comme un feu bénéfique qui irradiait tout son être et l’aidait à progresser dans cet exercice de mémoire.

Elle chercha dans ses souvenirs et finalement, mis le doigt sur ce qu’elle voulait : quand Mala Deklun lui avait donné la tablette contenant les données menant au fameux hangar abandonné qui avait explosé, il y avait des plans divers… Dont quelques-uns de structures semblables à ce spatioport. Et elle les avait étudiés … la veille en fait. Le tout était donc de s’en souvenir avec un peu de précision. Plus facile à dire qu’à faire. Mais Alyria était aiguillonnée par la nécessité de réussir, une sensation tout à fait différente du stress, qui permettait à l’esprit de se concentrer, un peu comme dans un duel au sabre au fond…

Et enfin, la lumière se fit dans son esprit. Elle venait de se souvenir. Certes pas parfaitement, mais c’était suffisant. Ouvrant les yeux et se redressant à moitié, elle déclara d’une voix résolue :

« C’est au sous-sol. En raison de l’obscurité ambiante, les espaces de contrôle sont généralement souterrains, des capteurs au sol reliant le tout et permettant un guidage informatique des pilotes. En tout cas, sur certains plans que j’avais étudié, c’était le cas… »

Leda Hans hocha la tête, et jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour regarder un peu plus en détail devant elles et finit par dire :

« Là-bas, vers la droite, je pense que c’est un monte-charge. Il y a peut-être un moyen plus… pratique d’accéder au sous-sol, mais pour le moment, c’est le seul que je vois. »

« Eh bien ça fera. »

Alyria avait lâché cette phrase sur un ton inébranlable, sa décision était prise. D’une voix puissante, elle ordonna :

« Major Olson, vous prenez la direction des opérations ici. Je reste en contact permanent avec Hans. »

Pour appuyer ses dires, elle ouvrit son comlink avant de le ranger. Ainsi, Hans entendrait l’essentiel de ce qu’il se passerait. Bon, c’était plus une mesure pour rassurer les soldats qu’autre chose, mais le moral était une donnée capitale dans ce genre de cas.

D’un mouvement souple, la duelliste sauta par-dessus le parapet et commença un de ces sprints dont elle avait le secret vers sa destination. Il fallait reconnaître qu’à cet instant, elle se bénissait d’avoir conservé sa routine matinale de marathonienne, même pendant ses débuts sur Coruscant, comme son ami Halussius pouvait d’ailleurs l’attester, le pauvre ayant fait les frais de son amour de la course. Ce n’était pas un hasard si la demi-echanie était réputée pour son agilité et sa vitesse : consciente qu’elle n’égalerait jamais les plus forts physiquement parlant, depuis l’enfance, elle s’était focalisée sur le renforcement poussé à l’extrême de son atout majeur : sa vivacité naturelle.

Cependant, traverser le hangar de cette façon ne suffirait pas à la protéger des tirs de droides, c’est pourquoi Alyria tissa rapidement autour d’elle une Protection de Force suffisamment solide pour absorber une partie des dégâts. Pour le reste, elle comptait sur l’esquive… Et son sabre.
Ainsi, le premier droide qui se trouva sur sa route fini coupé en deux d’un coup de taille horizontal redoutable, et un de ses compagnons connut le même sort quelques minutes plus tard. La trentenaire progressait vers son but.

Enfin, elle arriva devant le monte-charge, qui s’ouvrit après avoir actionné la commande afférente. Alyria s’engouffra à l’intérieur, et sentit toute la machinerie se mettre en marche. Sauf que ce moment de répit s’arrêta brutalement quand soudain, tout s’arrêta… Et que les portes ne s’ouvrèrent pas cette fois-ci.

Se pouvait-il que le mystérieux informaticien d’en face ait tenté cela pour ralentir son avancée ? Avait-il accès à des caméras ? Oui sans doute… Ou plutôt, ces fameux capteurs au sol. Sauf qu’un maître jedi avait quelques tours dans son sac. Alyria alluma son sabre et entreprit d’un coup sec de découper le toit. Puis, il fallut se hisser jusqu’au trou ainsi formé. Une fois debout sur le toit du monte-charge, la maîtresse d’armes avisa un des câblages qui traînait par là et se laissa glisser jusqu’en bas en douceur.

Elle parcourut les quelques mètres de couloir qui la mènerait à ce qu’elle cherchait. Alors qu’elle arrivait enfin à destination, elle vit une silhouette assisse de dos sur un fauteuil devant une console de commandes étrangement familière.

« Je me demandais quand vous finiriez par arriver, Maître Von. »

La sephi se retourna et lui adressa un sourire faussement amical… Ou vraiment à vrai dire, difficile de savoir ce qui se passait dans la tête de celle qui avait tout manigancé depuis le début, et s’était joué de la maître jedi de bout en bout… Jusqu’à maintenant du moins. Malia Deklun était sans doute de ces maîtres manipulateurs que l’on ne démasque que quand le coup est porté.

Alyria regarda son interlocutrice et finit par lâcher simplement :

« Bien joué. Vous avez mené votre partition avec brio je dois l’avouer… »

« N’est-ce pas ? »

Un petit rire précieux, amusé, vint ponctuer la fin de la phrase. Le sabre allumé, bien que légèrement baissé, Alyria avança et demanda, presque à titre d’information :

« Faire passer votre acolyte pour un ennemi politique… Joli coup. »

La femme la gratifia d’un sourire en coin :

« Je n’aurais jamais cru recevoir autant de compliments de la part d’une jedi… Mais oui, je reconnais que profiter de Zelander de cette façon était amusante. Et vous n’y avez vu que du feu… »

« Jusqu’à récemment, en effet. »

La sephi se leva, et tira des plis de son manteau un sabre qui émit une lueur rouge en s’activant. Avec un brin de satisfaction, Alyria la vit s’éloigner de la console. Il fallait continuer à la faire parler. Comme elle le faisait depuis le début en la complimentant.

« Alors ? Comment avez-vous eu cette idée ? Avec la Dame Noire ? »

A ces mots, la peau de son interlocutrice prit une teinte plus foncé, et son sourire se tordit en un rictus dégoûté :

« Je ne suis au service de personne… Vous croyez vraiment qu’après plus de cent ans d’indépendance, à avoir mené ma vie, fait mon trou dans cette partie de la galaxie, j’allais prêter allégeance à la première venue de Dromund Kaas qui crierait suffisamment fort pour qu’une partie des laquais de cette planète la suive ? Quel intérêt… Alors qu’on peut réaliser tellement de choses par soi-même. C’est bien plus gratifiant, ne trouvez-vous pas ? Et tellement plus conforme au code sith.»

« Si vous le dites… Donc vous avez formé votre propre apprenti, puis quand il a été prêt, vous l’avez introduit dans le cénacle umbaran… Je me trompe ? »

« Non, c’est exact. Dommage qu’il ait été toujours impulsif, incapable d’exécuter les ordres en douceur… Ah, je n’ai pas eu le temps de l’acclimater suffisamment aux méthodes délicates de cette planète. Au moins avait-il d’autres utilités… »

En voyant l’air réjoui et le sourire carnassier que la sephi arbora en prononçant ces derniers mots, Alyria sut immédiatement qu’elle n’avait aucune envie d’en savoir plus sur lesdites utilités… Autant changer le sujet de la conversation… Tenir le temps que Hans puisse s’introduire dans la console…

« La tentative d’assassinat, c’était vous ? »

« En partie. Je n’ai pas recruté l’ensemble… Et le reste aussi, si vous vous le demandiez encore. »

« Pas vraiment… Mais pourquoi m’avoir donné des indices ? »

« Parce que je trouvais le challenge amusant. Et que j’espérais que vous iriez de vous-mêmes dans cet entrepôt je l’admets. Brillante capacité de déduction d’ailleurs, je savais que vous parviendriez à trouver la seule donnée exploitable. »

La maîtresse d’armes ne répondit pas immédiatement. Elle avait conscience de s’être plus ou moins faite piégée… Pendant un temps du moins.

« Et puis votre petite machine bien huilée vous a échappée n’est-ce pas ? »

« Possible oui. Zelander n’a pas été très doué en paniquant après que votre compère jedi se soit échappé de l’entrepôt. Il a paniqué en lançant l’attaque pirate. … Et cet imbécile de Dral a voulu vous parler. 


Tant de complications… Mais c’est le jeu non ? Le risque a ce parfum excitant qui embaume tout autour de vous… »

Que répondre à cela ? Rien, aussi Alyria garda le silence, puis ajouta finalement, consciente que le dénouement de cette conversation approchait :

« Il y a une question que je me pose… Pourquoi rester là à m’attendre ? Par amour du risque ? »

La sith agita son sabre devant elle, presque nonchalamment, enchaînant les moulinets, et finit par dire :

« Ça a pu jouer… Mais en effet, il y a une autre raison… Vos petites manœuvres pour nous empêcher de décoller en toute discrétion étaient habiles, je l’avoue. Mais pensez-vous vraiment que je n’ai pas pris quelques précautions ? »

Le sang de la demi-echanie se glaça dans ses veines :

« Comme ? »

La sephi attendit un peu pour répondre, manifestement heureuse de faire monter la pression encore un peu… Puis lâcha tranquillement :

« Je viens de verrouiller les portes de la navette qui transporte les enfants. Et elle est piégée, le compte à rebours est lancé. Donc, pendant que nous parlons… Tic-tac, tic-tac… Vous voyez ce que je veux dire ? »

Avant d’ajouter, en la fixant droit dans les yeux :

« Mais quitte à être découverte, je vais être franche… Je tenais à emporter un trophée avec moi. Et la main de la Main brisée me semble… très appropriée. »

Le temps pressait donc, même si Alyria avait la conviction que Lorn pourrait peut-être trouver l’apprenti de la sephi et le défaire pour sauver les enfants. Mais si ce n’était pas le cas…. A elle de prouver que sa nomination de ministre n’avait pas altéré ses capacités de maître d’armes. Néanmoins, avant d’engager le combat, elle devait tenter une sommation.

« Rendez-vous. Vous êtes cerné. A vrai dire, je pense que vous avez su dès votre départ d’Umbara City que la partie était perdue. C’est pour cela que vous m’avez attendue. Pour partir en beauté. Vous pouvez vous rendre, laisser ces enfants partir… Et vous offrir une sortie honorable. »

« Foutaises que tout cela ma chère. Pour être honnête, la perspective de finir ma vie en prison ou condamnée à mort…. Très peu pour moi. »

Alors les armes parlèrent.

Alyria mit peu de temps à reconnaître le style de son adversaire. Au fond, elle aurait pu s’y attendre de la part d’une telle esthète, adepte de la préciosité linguistique et vestimentaire : la sephi maniait un Niman de haut vol, élevant la forme VI à un niveau impressionnant, sans doute acquis au cours de sa longue existence. Cependant, le Makashi élevé lui aussi à son plus haut degré de maîtrise comme l’utilisait la trentenaire gardait en règle générale un avantage considérable dans les échanges. C’était à exploiter.

Evitant une vague de force particulièrement puissante, Alyria roula sur le côté, et se fendit d’une botte vicieuse sur le côté en se relevant, qui ne rencontra que le vide. Les deux combattantes paraissaient danser l’une autour de l’autre, et ce que l’une avait en vitesse, l’autre le compensait par un style extrêmement complet. Il fallait trouver la faille, ce qui était plus facile à dire qu’à faire.

Cependant, à mesure que les coups s’échangeaient, que les sabres se rencontraient dans un tourbillon d’étincelles violacées et rougeâtres, la bretteuse comprit que son adversaire, bien que redoutable grâce à son expérience, n’était pas forcément une duelliste de haute volée. En effet, à mesure que le temps passait, des failles apparaissaient dans sa défense. Certes, elle pouvait tenir la distance pendant un petit moment, mais passé ce délai… Comme de nombreuses personnes engagées dans un duel et dont ce n’était pas forcément la spécialité, il arrivait un moment où la garde flanchait. Et c’était généralement à cet instant précis que la déferlante offensive arrivait. Et elle ne manqua pas de venir.

Alors qu’Alyria s’était rapprochée un peu plus à la faveur de feintes basses et sur le côté, dessinant une sorte de toile de coups qui enserrait son adversaire peu à peu, réduisant son espace de dégagement, la contraignant à tenir une défense très serrée près du corps, cette dernière répliqua par une volée d’éclairs de Force redoutable.

La bretteuse, surprise, les reçut de plein fouet dans un premier temps, et autant dire que l’effet fut particulièrement désagréable… Et douloureux. Elle avait déjà reçu une telle attaque sur Ossus, et son souvenir était encore gravé de manière particulièrement cruelle dans sa mémoire. Cependant, par réflexe, la gardienne parvint à rabattre son sabre devant elle et commencer à canaliser une partie des éclairs de cette façon.

Reprenant ses appuis, Alyria parvint à se remettre dans une position de défense et à trouver la bonne inclinaison pour éviter d’être touchée plus encore par les redoutables afflux d’énergie obscure. Désormais, ce serait un combat de la volonté. Ses muscles hurlaient de douleur, sa prothèse grinçait dangereusement… Mais elle tenait bon, se répétant sans cesse que de son succès pouvait dépendre la vie de plusieurs dizaines d’enfants.

Souvent, on disait que le côté obscur, de par la passion brute libérée, offrait une puissance incomparable. C’était vrai en partie. Mais le côté lumineux soutenait, enveloppait, protégeait. Sa Protection de Force avait volé en éclat après cette rafale d’éclairs, mais sans elle, Alyria aurait sans doute été grièvement blessée. Et là, elle puisait dans la lumière, la compassion, le courage de continuer. Et cette froide détermination faisait se mouvoir son bras, et peu à peu, elle gagnait du terrain.

Alors le flot d’éclairs commença à se tarir, et enfin, la demi-echanie put entrevoir le bout du tunnel. Il était temps de mettre un terme à toute cette folie une bonne fois pour toute.

Cette fois-ci, ce fut elle qui partit à l’attaque, d’un grand coup porté à la taille. Elle dansait presque sur le sol, ses pieds se mouvant parfois de seulement quelques centimètres en avant ou en arrière, mais c’était cette précision qui faisait toute la différence dans l’usage du Makashi. Tout en enchaînant les parades et les tentatives de percées, une idée germa dans sa tête. Dangereuse certes… Mais qui en valait la chandelle.

Se dégageant brutalement, Alyria porta la main gauche à sa ceinture, et alluma son deuxième sabre, jusque-là inutilisé. Puis elle se lança dans un assaut tourbillonnant, semblant soudain tout miser sur l’offensive. En réalité, elle avait une idée derrière la tête.

Subtilement, elle orienta le combat pour faire apparaître une faille dans sa propre garde, sur sa gauche, faille qui était tout à fait véritable au demeurant. Si elle n’avait pas utilisé son deuxième sabre auparavant, c’était qu’il y avait une bonne raison à cela, et plus encore avec les éclairs reçus. Sauf qu’elle devait tenter une nouvelle approche, car elle perdait du temps. Et chaque minute pouvait s’avérer fatale aux jeunes enfants enlevés.

Soudain, elle sentit que c’était le moment tant attendu, l’occasion. Délibérément, elle lança un coup d’estoc en avant trop long. La riposte ne se fit pas attendre, sauf qu’au moment où le sabre rouge s’abattait sur elle, Alyria bougea de quelques centimètres vers la droite, juste ce qu’il fallait pour tourner son torse correctement… Et elle asséna un coup de sa propre arme.

Deux mains tombèrent à terre, une métallique, et une bien en chair. La jedi ne put retenir un grondement de douleur, elle n’avait pas prévu que l’attaque de son adversaire soit à ce point précise, et la brusque déconnexion des terminaisons nerveuses était réellement douloureuse. Elle chancela un peu, serrant les dents et appelant ses pouvoirs guérisseurs à son secours pour calmer un peu la douleur. En revanche, son adversaire était tombée au sol, prostrée. Vaincue.
Alyria savait ce qu’elle pouvait ressentir. Elle l’avait elle-même éprouvé. Mais il lui avait fallu trouver un moyen d’abréger le combat… Et c’en était un.

Relevant la tête et lui adressant un sourire mauvais, la sephi siffla :

« Vous n’aurez pas les codes d’accès à la navette. Seul Zelander les a à l’heure actuelle. »

« Allons, vous n’allez pas me faire croire que vous ne les avez pas. »

« Non… Mais je ne risque pas de parler. »

Et d’un coup sec, sous les yeux épouvantés d’Alyria, la sith se trancha la langue avec les dents… Puis s’évanouit.
Tout reposait sur Lorn désormais. 
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Si chaque jedi apprenait quelque chose au fil de sa formation c’était bien qu’il ne fallait jamais, oh grand jamais, débuter un combattant en étant sûr de soi et de l’issue de cet affrontement. Il existait de nombreuses certitudes dans ce monde comme le fait que le jour précède toujours la nuit et ce genre de choses, mais en matière de combat il n’existait aucune certitude qui permettait à un individu d’affirmer avec certitude qu’il serait en mesure de remporter un combat exactement de la façon dont il le pensait. Mais n’était-ce pas cela qui rendait à combat aussi intéressant qu’imprévisible ? Chaque mouvement comptait, chaque pensée, chaque émotion et chaque parcelle de détermination dans un combattant ou l’autre pouvait être à l’origine d’un geste qui entrainerait la victoire de l’un et précipiterait la défaite de l’autre. Ainsi, arriver dans un combat en étant certain de son issue, sous-estimer son adversaire était la meilleure façon de ne pas se préparer à l’imprévisible et, dans une certaine mesure, de sous-estimer la capacité de son adversaire à renverser la situation en prenant ses attentes à contre-pied. Le résultat ? Un temps de réaction un poil trop lent, un coup un poil plus rapide que prévu entraînant une blessure qui le désavantagerait pour tout le reste du combat et renverserait la vapeur de façon irrémédiable.
C’était pour cette raison que, même si son adversaire semblait plus jeune et inexpérimenté que lui, le maître d’armes n’avait pas laissé son égo rentrer en ligne de compte et avait pris milles précautions pour rester sur ses gardes et éviter de se faire avoir en traître. Après tout la tendance des utilisateurs du côté obscur à recourir à des méthodes fourbes pour vaincre leurs opposants était tout sauf usurpée et, de ce fait, le jeune maître devait redoubler de prudence pour ne pas mettre précipitamment un pied dans la tombe. Bon d’accord cette imagine était peut-être un peu exagérée ou caricaturée mais vous avez l’idée, n’est-ce pas ? Peut-être que ce zabrak avait des armes ou gadgets cachés, des atouts dans sa manche qu’il attendait de sortir au bon moment : ce ne serait pas la première fois que Lorn rencontrerait pareil adversaire.
Le combat fut aussi court qu’intense, les deux hommes se jetant à corps perdu dans la bataille sans se soucier un seul instant des échanges de tirs qui avaient lieu à quelques mètres d’eux, à peine, n’ayant d’yeux que pour le combattant qui se dressait en face d’eux. Le temps se figea, chaque respira devint une seconde, une minute, un mois, une éternité et, pendant tout ce temps, aucun des deux ne détourna ne regard ne serait-ce qu’un instant. Il n’y avait pas besoin de mots pour leur faire comprendre les enjeux de cette bataille, chacun avait sa propre raison pour brandir son sabre laser et c’était la force de la détermination à mener à bien cet objectif qui déterminerait l’issue du combat autant que les capacités martiales de l’un ou de l’autre.
Prenant milles précautions pour ne pas blesser son adversaire plus que nécessaire, comme sa camarade le lui avait rappelé à sa manière, le jeune maître usa de tout son savoir-faire pour venir à bout du zabrak qui gisait à présence face contre terre. Son propre sabre accroché à sa ceinture, l’arme de son adversaire dans sa main gauche, le colosse retourna de son pied le corps de son adversaire sur le dos avant de lui lancer froidement :

« Bon, parlons peu, parlons bien. Ouvre-moi gentiment la porte de cette navette et on en reste là. »

Eh bien oui, on lui avait suffisamment rabâché les oreilles avec le fait de faire preuve de tempérance que désormais il ne pouvait plus en échapper et voulait donc voir ce que cette méthode douce donnait. Malheureusement elle n’eut pas vraiment les effets escomptés car dès que ces mots parvinrent aux oreilles du zabrak ce dernier, sortant de sa torpeur, afficha un sourire satisfait avant de cracher :

« Ou quoi ? Tu ne peux pas me tuer ou me faire du mal, pathétique jedi, c’est contraire à ton code ridicule. Ça t’es interdit.»

Soupirant face à ces propos qu’il avait entendu maintes et maintes fois, le jeune homme s’accroupit et, baissant la tête pour regarder plus intensément son opposant vaincu, il lui lança à voix basse

« Normalement tu aurais raison sur ce point, mais je vais te dire quelque chose. »

Sans même prévenir, le jeune homme porta sa poigne de fer de sa main droite à la gorge de son adversaire et commença à la serrer plus intensément à mesure que les secondes passaient. Eh bien quoi ? Ce petit effronté l’avait bien cherché d’une certaine façon et ce n’était pas lui rendre justice que de ne pas l’éduquer sur ce point. Car oui, il s’agissait bien d’éducation plus que de punition gratuite. Il voulait apprendre à cet individu qu’il ne devait pas parler à tort et à travers et qu’il était impoli d’insulter ses aînés de la sorte.
Ainsi, approchant son visage de l’oreille du zabrak, le jedi lui murmura :

« Je suis las d’entendre me dire ce que je devrais faire, tu comprends ? Ce sont dans des moments comme celui-ci, où le temps est précieux, que l’usage d’une méthode un peu plus directe est préférable. Mais je ne t’apprends rien. D’ordinaire je n’aurais pas hésité à te faire r avaler ce sourire arrogant en te faisant bouffer tes dents, littéralement. »

Soupirant de lassitude, il écarta sa main droite aussi rapidement qu’elle était apparue avant de reprendre :


« Mais, mais, mais. On m’a conseillé de m’assagir un peu, de me détendre. C’est pourquoi je vais te faire une offre. Pas la liberté, non, ça tu peux faire une croix dessus. Je t’offre la possibilité de ressortir de ce bâtiment en un seul morceau, sans que je ne te blesse d’avantage, et en échange tu m’ouvres cette navette. »

On aurait pu croire un instant que c’était une farce et que Lorn ne faisait que jouer un rôle, avec la ferme intention de frapper le zabrak jusqu’à ce qu’il se lasse pour avoir tenté de le faire exploser, mais en vérité il n’en n’était rien. Eh bien oui, il était on ne peut plus sérieux. Difficile à croire, n’est-ce pas ? Et pourtant c’était bien vrai, il voulait donner une chance à cette nouvelle méthode, ne serait-ce que par rassurer sa bien-aimée mais ce ne fut apparemment pas au goût du zabrak qui pesta en lançant :

« Tu veux rire, j’espère ? La mort est préférable à la trahison que tu me proposes. »

Ohlala pourquoi toujours envisager les solutions les plus extrêmes d’entrée de jeu ? D’accord les adeptes de la Force avaient un rapport assez particulier avec la mort, mais quand bien même c’était le cas, pourquoi envisager si aisément une fin si précipitée ? Il y avait d’autres options qui s’offraient à lui. Souriant, comme amusé par ce désir de mort, le maître d’armes renchérit par :

« Ça peut toujours s’arranger. Plus sérieusement je ne pense pas que tu aies agit seul et je doute que ton ou tes patrons acceptent bien l’échec. Que préfères-tu ? La torture et la mort des mains de tes patrons, ou la certitude de vivre un jour de plus ? »

Il n’y avait pas plus simple que d’exposer clairement les faits surtout lorsqu’ils étaient en sa faveur, Lorn l’avait aisément compris et il espérait ainsi faire appel au bon sens et à l’instinct de survie de son jeune interlocuteur. Préférait-il vraiment souffrir milles tourment et mourir que d’être en cage mais vivant ?
Confus et pensif – supposa Lorn – le jeune zabrak reprit la parole par un simple :

« Tu espères vraiment que je te fasse confiance ? »

Confiance ? Jamais il ne pourrait y avoir une pleine et entière confiance entre un sith et un jedi, pas aussi longtemps que le côté obscur et le côté lumineux existeraient…donc pas de sitôt, en somme. Arquant un sourcil de surprise devant l’utilisation de ce terme qui semblait réellement hors de propos, Lorn répondit :

« Confiance ? Surement pas, il ne s’agit pas de confiance mais de survie. Tu m’aides et tu vis, tu ne m’aides pas et tu meurs, par ma main ou celle de ton patron, ça importe peu. Est-ce assez limpide pour toi ? Maintenant décide toi, je n’ai pas toute la journée. »

Quoi encore ? D’accord cela manquait de subtilité et de diplomatie, je vous l’accorde, mais ça avait au moins le mérite d’être efficace car, quelques secondes plus tard, le garçon murmura la combinaison qui devait ouvrir la porte de la navette. Alors ? Hein ? Ça rigole moins maintenant que vous le savez capable de convaincre sans frapper ? Naha ! Ahem, pardon, je m’emporte.
Retenant un sourire, le garçon décocha un formidable direct du droit au jeune homme qui tomba immédiatement dans l’inconscience, avant de lancer un :

« Brave petit. Maintenant, dors. »

Il pourrait user de la Force pour endormir un esprit faible, c’était évident, mais son adversaire était tout sauf un esprit et de ce fait il était contraint d’agir d’une façon un peu plus direct pour le plonger dans le pays des rêves. Se redressant, l’arme du sith toujours dans sa main, le maître s’approcha de la navette et tapa le code avec une appréhension qui s’envola dès que la soute s’abaissa. Soupirant de soulagement, toujours préparé à une autre explosion surprise, le garçon pénétra dans la navette où étaient alignés des berceaux accueillant des enfants qui criaient et pleuraient plus fort les uns que les autres. Refermant la soute et se dirigeant vers la cabine de pilotage, le maitre d’armes porta son communicateur à sa bouche avant de contacter ses camarades :

« Major, maître Von, j’ai retrouvé les enfants et sécurisé la navette. Quelle est votre situation ? »

Il n’attendait plus que le signal de ses petits camarade pour décider s’il devait mettre la navette en lieu sûr, loin d’ici, ou s’il devait verrouiller le tout et aller chercher ses compagnons pour nettoyer définitivement la zone. Bien sûr le zabrak et ses complices seraient mis aux arrêts par la suite mais le plus dur était désormais fait et tout le reste n’était plus que du nettoyage.
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« Bien, je crois que tout est en ordre. Nous transporterons les enfants retrouvés jusqu’au Temple jedi pendant notre voyage de retour. Quelques vaisseaux resteront pour patrouiller autour d’Umbara le temps de s’assurer que nous avons écarté toute autre menace résiduelle. 

Mais je crois que désormais, vos concitoyens sont en sécurité. Je vous transmettrais dès que possible les projets en lien avec vos installations médicales qui ont pu ressortir de ma visite. »

Les membres du Conseil dirigeant de la planète saluèrent Alyria, certains s’inclinant légèrement devant elle, preuve marquante du respect qu’ils lui témoignaient pour sa gestion de la crise qui venait d’avoir lieu. L’assaut pirate avait été repoussé, les coupables arrêtés, et les enfants sauvés grâce à Lorn.

Quand elle avait reçu le message de Lorn annonçant qu’il était entré dans la navette, la jedi avait poussé un soupir de soulagement parfaitement audible. Le Major Olson, quant à lui, avait déclaré que le combat de sa supérieure avait permis à Leda Hans de pirater la majeure partie des droides qui les retenaient sur la piste du hangar. La troupe avait balayé son opposition robotique en quelques minutes à partir de là. La navette avait été sécurisée rapidement grâce aux bons soins de l’informaticienne, tandis qu’Alyria avait ramené sa prisonnière inconsciente jusqu’au soldat, sa main métallique serrée contre elle.

Immédiatement, leur médecin s’était précipité vers elle mais la maîtresse d’armes avait insisté pour qu’il s’occupe des enfants en premier. Après tout, ses blessures n’étaient pas bien graves, et elle était une adulte capable de supporter la douleur, pas un nourrisson fragile. Rapidement, avec l’aide des forces de sécurité civile umbarannes, les deux siths avaient été escortés sous bonne garde vers une prison, en attente de leur transfert vers les geôles d’Ondéron. Quant aux enfants, après examens médicaux et visites des familles, soulagées de voir leurs précieuses progénitures saines et sauves, ils étaient prêts pour partir eux aussi sur Ondéron commencer une nouvelle vie de jedi, en accord avec les lois républicaines.

Plusieurs navettes, dont une de transport de prisonnier étaient arrivés sur Umbara après un compte-rendu rapide d’Alyria à sa collègue de la Justice, qui avait évidemment contacté la Sécurité Intérieure pour qu’elle vienne compléter l’enquête en cours, et surtout, les aider à transférer tout ce beau monde sur la planète d’Emalia Kira.

Tout en faisant un signe de main à la foule rassemblée pour dire aussi bien au revoir aux enfants que pour saluer l’intervention des deux maîtres jedis et des soldats républicains, Alyria n’oublia pas de garder son autre bras caché dans un repli de son pantalon. A sa demande, Mand n’avait pas tenté de raccroché sa prothèse à son poignet, la jedi craignant les complications et préférant s’en remettre aux guérisseurs du Temple habitués à son cas.

Enfin, ils montèrent tous dans le vaisseau qui les éloignerait de cette planète et les ramèneraient vers les jedis. Cette fois, en raison de sa blessure, les services républicains avaient dépêchés un bâtiment de belle taille, qui comportait même une cabine privée. Et cette fois-ci Lorn et elle s’y installèrent tranquillement, l’équipage prenant en charge le reste.

S’asseyant aux côtés de l’épicanthix, Alyria ferma les yeux un bref instant, et presque instinctivement, sa main restante vint se poser sur celle de son amant et ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, en paix. Les mots étaient inutiles, et ce simple petit geste était suffisant pour témoigner de leur lien toujours aussi profond, si ce n’était désormais davantage même. La manière dont il avait réussi à réagir pour confronter le zabrak l’avait impressionnée… et rassurée. Ils restaient bien les boucliers de l’Ordre, comme l’homme qu’elle aimait avait coutume de répéter.

Se levant, elle prit un datapad, et le cala sur ses genoux. Puis elle tourna la tête et déposa un baiser sur la joue de Lorn avant de dire :

« Je vais envoyer un rapport au Conseil pendant le voyage, et nous le complèterons je pense verbalement si besoin est quand nous arriverons sur Ondéron.

En tout cas… Nous avons fait du beau travail… Et tu as été formidable pour réussir à entrer dans la navette. »

L’avantage des voyages spatiaux, c’est que même avec une seule main, elle avait largement le temps de taper un rapport correct avant d’arriver à destination. Elle commença donc à rédiger.

 
A l’attention du Conseil de l’Ordre jedi,

Maîtres,
Conformément aux informations que vous avez fait parvenir à mes services, Maître Vocklan m’a accompagnée sur Umbara au cours de la visite officielle que j’effectuais sur cette planète. Là, nous avons tous deux constatés une gêne manifeste vis-à-vis de la question des enfants enlevés, que ce soit parmi la population ou les dirigeants.
Mais alors que nous commencions à dégager des pistes sérieuses, des sbires ont tenté de nous assassiner. Ils avaient apparemment deux commanditaires.

Nous vous ferons le récit plus en détail des événements suivants à notre arrivée au Temple, en raison de leur extrême rapidité, mais pour résumer, nous avons finalement compris que des siths étaient à l’œuvre dans l’ombre, et avaient passés des accords avec des pirates de l’espace hutt pour harceler Umbara, et détourner l’attention des enlèvements, tout en leur permettant au moment opportun de profiter de la confusion d’une attaque pour s’enfuir avec les enfants. Je ne vous fais pas un dessein de ce à quoi ils les destinaient.

Finalement, nous avons réussi à les empêcher de décoller, et le Maître Vocklan et moi-même nous sommes séparés pour affronter ces personnes, après que j’ai obtenu un mandat spécial de la part du Ministère républicain de la Justice pour intervenir. Il s’est avéré qu’une sephi du nom de Mala Deklun installée depuis plusieurs décennies sur Umbara y avait tissé un réseau et qu’elle tentait en fait de ses construire une sorte d’empire de l’ombre. Pour brouiller les pistes, elle a fait engager son apprenti comme conseiller militaire et feint une rivalité politique avec ce dernier.

Au terme d’un duel délicat, je suis parvenue à la mettre hors d’état de nuire, mais elle a préféré se trancher la langue plutôt que prendre le risque de parler, cette femme ayant préalablement piégé l’entrée de la navette où elle retenait les enfants enlevés. Seul la persuasion dont a fait preuve Maître Vocklan auprès de son apprenti, vaincu lui aussi en duel, nous a permis de mettre les enfants en sécurité.

Les nourrissons sont en bonne santé, ils arriveront par diverses navettes médicalisées avec nous, ainsi que les deux prisonniers.

Je tiens à préciser que selon les dires mêmes de Mala Deklun  et eu égard aux premières preuves trouvées dans ses appartements privés par la police fédérale, elle n’a semble-t-il aucun lien avec l’Empire. Les mêmes indices ont néanmoins permis de prouver son implication dans l’ensemble des faits ayant pu survenir au cours des derniers jours sur Umbara.
Respectueusement,

Maître Alyria Von. »



Elle passa le datapad à Lorn pour qu’il approuve son rapport, et une fois cela fait, elle l’envoya.
 
Malgré les difficultés, les deux maîtres jedis avaient réussi à déjouer une conjuration qui aurait pu avoir des conséquences dévastatrices, et ce non sans mal, comme la nouvelle absence de main à son poignet gauche pouvait en témoigner.

Mais surtout, Alyria était persuadée que cette mission leur avait permis de progresser en tant que jedis… Et aussi en tant que couple, chacun à leur manière. Et cela, il n’y avait qu’eux deux qui le savaient. C’était suffisant pour le moment.

Dans peu de temps, elle se replongerait dans la cohue médiatico-politique de Coruscant, Lorn retournerait guider les jeunes recrues de l’Ordre, mais en attendant, pour la première fois depuis les élections, Alyria avait l’impression d’avoir pleinement assumé son rôle de maître jedi gardien, et de maîtresse d’armes.

Tandis que la navette filait vers Ondéron, la sang-mêlée se fit la réflexion que c’était pour ce genre d’actions qu’elle avait accepté ce poste de ministre : permettre aux jedis d’effectuer leur travail plus efficacement, et aider du mieux qu’elle pouvait en facilitant la tâche à ceux qui l’accompagnaient en enquêtant discrètement dans les hautes sphères sociales. Certes, elle avait encore beaucoup à apprendre sur ce jeu d’échecs perpétuel qui se jouait en haut lieu, mais là, une seule pensée lui venait.

Ils avaient gagné la partie.
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