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Anonymous
Ah, Woostri ! Ses casinos flamboyants, ses palaces luxuriants, ses parcs d’attractions en veux-tu en voilà, sans oublier la pléthore de centres aquatiques bordant les plages de sable blanc ! A croire que la planète entière n’aspire qu’à une seule chose, satisfaire les souhaits d’un éventail aussi étendu que possible de touristes déboulant des quatre coins de la galaxie. Il y a ceux qui sont à la recherche de quiétude et de confort, jouissant alors des bienfaits d’un séjour prolongé en balnéothérapie, pour ne citer que cet exemple : les massages relaxants et les soins corporels représentent une véritable cure de jouvence pour quiconque s’y laisse tenter ! Ensuite, il y a les itinérants avides de distractions et de sensations grisantes venant profiter de leur temps libre en passant un séjour festif, oublier les tracas du train-train quotidien et laisser derrière eux la grisaille et le stress des mégalopoles, changer d’air en somme. Et puis, il y a un autre genre de badauds, dont je fais partie, qui ne vient pas seulement se faire dorer la pilule. Pourtant, il était question de ça, à la base : m’aérer l’esprit et faire table rase des événements récents, sans compter la semaine passée à jouer les rats de laboratoire, attendant le feu vert de la part des équipes médicales suite à des batteries d’examens interminablement longs, afin d’être certain du succès de l’implantation d’un nouveau modèle de mains cybernétiques. Quand on sait que je suis revenu manchot de la récente escapade sur Byss, la coïncidence de cette récente trouvaille est assez amusante.

Pour couronner le tout, profitant qu’il m’avait à sa disposition, mon père sauta sur l’occasion pour me faire part de son intention de laisser les rênes de la Symbiosys à Scylla dans un avenir proche, le temps pour elle de se forger une vue d’ensemble des devoirs et des responsabilités qui incomberait à cette charge. Pour l’heure, il s’agissait de ne pas ébruiter la nouvelle, du moins tant qu’il n’aurait pas fait le nécessaire à l’égard de ses collaborateurs les plus proches, membres du comité exécutif pour la plupart, autrement dit ceux qui convoitaient depuis belle lurette la fonction de directeur exécutif, compte tenu de leur dévouement et de leur intégrité infaillibles pour la corporation. Et il va sans dire qu’ils le méritaient vraiment, ce poste émérite couronnant bel et bien des carrières à l’exemplarité sans faille. Pour sûr que bientôt, il y aurait du rififi dans les hautes sphères ! Sans nul doute, Narral allait devoir mettre la main à la poche pour gonfler le montant des primes annuelles…

Je comprenais mieux la raison pour laquelle ce dernier me poussait au train en me conseillant d’aller visiter Woostri, lorsqu’il me confia une tâche bénigne : remettre une mallette à un Woostoid du nom de Skorn Raham, uniquement en main propre. Histoire de faire d’une pierre deux coups, j’avais suggéré à Eerhia de faire le voyage jusqu’ici, où nous aurions tout le loisir de partager un peu de bon temps, peu importe l’indécence d’une telle invitation et celle de ses sous-entendus, tout aussi implicites que malhonnêtes. A peine avoir quitté l’enceinte de l’astroport, l’intéressé ne tarda pas à montrer le bout de son nez – contrairement à ses congénères Woostoid, il en avait un – en me cueillant au vol. Le speeder aux lignes racées stationna ensuite sur un emplacement de parking, le temps pour chacun de s’assurer d’avoir à faire à la bonne personne. En voyant l’extraterrestre hybride composer d’une traite le code à dix chiffres et d'attendre le temps imparti au déverrouillage du colis tout en me fixant de ses yeux noirs et globuleux, j’étais persuadé d’avoir à faire à la bonne personne.


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Skorn Raham

« Vous transmettrez mes salutations à votre père, si je puis me permettre... » dit-il dans un basic compréhensible, quoiqu’un peu rudimentaire, tandis que son chauffeur m’invitait à sortir en ouvrant la portière du véhicule. Et point final. Le véhicule disparut aussi discrètement qu’il était apparu à mes côtés, s’engageant dans une voix souterraine non loin de là. Qu’à cela ne tienne ! Je n’avais plus qu’à rejoindre Eerhia au lieu du rendez-vous convenu : le hall d’un palace situé en retrait des grands pôles touristiques, répondant au doux nom de « La Marina » avec vue imprenable sur l’océan, est-il besoin de le préciser. Je le retrouvais donc, en train de siroter un verre, avec cette impression si coutumière chez elle de dominer les gens et les objets qui l’entourent à force de les regarder avec un profond dédain, comme si tout ce qu’elle voyait se retrouvait figé sur une vaste toile de fond face à laquelle, en spectatrice avisée, l’arkanienne était seule en mesure d’apprécier l’intérêt véritable des choses qui y figurent, reléguant la plupart au rang de simples ornements dont le seul but consiste à mettre en valeur les choses et les êtres d’exception. Dont elle faisait partie, cela va sans dire…

Bien sûr, je fis ce qu’il fallait pour être de bonne compagnie, et un partenaire de jeu et de distraction des plus attentifs et courtois vis-à-vis d’Eerhia. Pourtant, dès que je me retrouvais avec moi-même, un sentiment inconfortable de malaise m’entrainait à cogiter de plus belle. A la vérité, je ne savais plus vraiment où donner de la tête concernant certaines choses. Ysanne s’était décidée à partir pour Dromund Kaas, curieuse de découvrir de nouvelles contrées et, cela va de soi, la Cité Impériale. Pour plus de sureté, j’avais demandé à Aky’ha de l’accompagner, en lui communiquant le plan de vol à suivre pour amener à bon port la jeune apprentie. Même si la nautolane ne parut guère enchantée de devoir chaperonner celle qui n’était qu’une enfant à ses yeux, je lui avais rétorqué qu’il fallait voir là l’occasion de nouer des contacts intéressants, une fois arrivé sur place. Et puis de toute manière, je ne lui avais pas laissé vraiment le choix, même si la mission ne semblait guère trépidante au premier abord, sait-on jamais quel danger ou quel ennemi guette sur une telle planète aussi corrompue sur tous les plans.

Parlons-en, de l’Empire Sith ! A présent que l’autorité suprême de l’Impératrice passait pour légitime aux yeux de tous, libre à elle d’insuffler ses directives comme bon lui semble, sans se préoccuper des réactions provoquées chez telle ou telle faction. Hormis les forces rebelles qui avaient déjà choisi leur camp, luttant pour un retour au conflit armé contre la République, tout portait à croire que la Dame Noire des Sith avait les hauts-responsables impériaux sous sa botte, tout comme l’arsenal des forces armées allant de pair avec n’importe quel régime militariste. Dès lors, l’avenir de la galaxie semblait déjà couru d’avance : L’Empire et la république vont se regarder en chiens de faïence, montrant leurs crocs au moindre signe de tension latente, quitte à discuter de temps à autre pour sauver les apparences d'un démocratie vacillante. Au début, il s’agira de savoir qui gronde le plus fort et avec le plus d’insistance pour faire plier son rival et le nicher sous la crainte de représailles sur le terrain. Jusqu’au jour où. Et le cycle repartira une fois encore, un nouveau tour de manège s’élançant au firmament d'accords de paix illusoires, décrivant le cercle sans fin typique d’une relation de dominant-dominé : on prend les mêmes et on recommence…

A côté de ça, le résultat des élections sur Coruscant et l’actualité récente liée à la constitution du nouveau gouvernement ne me laissait que peu d’expectatives quant à la suite des événements. En effet, avec une Jedi comme ministre, celle-là même contre qui j’avais croisé le fer par le passé, et plus récemment, la route sur Byss, nul doute qu’elle aura tôt fait de reconnaitre ma trombine au premier coup d’œil avant de venir me demander des comptes, en alertant qui de droit sur l’identité réelle du représentant officiel d’Arkania que je serai devenu. La seule perspective que j’entrevoyais pour me sortir de cette difficulté m’apparut assez radicale sur le moment, mais au vu de ce que j’avais déjà sacrifié jusque-là, l’idée ne me sembla pas si farfelue que cela. Mais voilà, à entrevoir cette idée, je ressentais une certaine forme de lassitude qui m’entrainait sur la pente du renoncement. Était-ce juste un coup de fatigue passager ou le signe annonciateur d’un changement en profondeur ? En guise de réponse, je fis signe au serveur de me resservir un autre verre, un double cette fois-ci.

Le soleil commençait à disparaitre à l’horizon. Vautré sur une méridienne, à moitié enivré, je zyeutais le corps d’une Eerhia lascive en train de se laisser masser le dos par les mains expertes d’un jeune homme plutôt beau garçon. Sans que je m’en rende compte, une ombre portée se projeta sur moi, son propriétaire figé à quelque pas derrière.
« Un problème avec ma commande ? » demandai-je d’un ton parfaitement anodin. Si seulement j’avais su…
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