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« Vous plaisantez ! »

Avec une grimace bien visible, Fenter grommela en se lissant les favoris d’une main lasse :

« J’aimerais bien… Mais il n’en est rien. La demande a été faite par un Major, et est arrivée jusqu’au bureau général des armées sans rencontrer de résistance. »

« Eh bien, faites passer le message qu’il est hors de question que qui que ce soit intervienne pour étouffer une affaire de harcèlement sexuel ! Je me moque de ce que font les soldats de la République en dehors de leur service, tant que ce n’est pas illégal, mais ce genre de comportement n’a pas sa place dans les rangs de l’armée. Alors mon prédécesseur n’avait peut-être pas les mêmes scrupules, mais il est hors de question que je fasse de même. »

« Et pour le Major en question… ? »

Franchement agacée, Alyria passa une main sur son visage, et finit par dire :

« Mutez-le quelque part où il ne causera pas trop de dégâts tant que l’enquête n’est pas bouclée… Et accessoirement, lancez une enquête en interne discrètement. S’il est prêt à couvrir officiellement ce genre d’actes de la part de ses subordonnées, c’est que cela a déjà été fait auparavant… »

« Ce sera fait, Madame. »

Regardant son nouveau directeur de cabinet sortir de son bureau avec empressement, Alyria poussa un long soupir. Depuis sa nomination surprise, elle avait l’impression de partager sa vie entre deux endroits : son bureau, et plus rarement, l’appartement de son père. A vrai dire, elle avait même fini par demander l’installation d’une couchette dans la pièce attenante à son bureau pour les soirs où elle restait jusque très tard dans la nuit étudier ses dossiers. En effet, gérer une machinerie de centaines de milliers d’hommes et de femmes comme l’armée, sans compter les installations et tout ce qui allait avec, plus préparer les quelques projets de loi dépendant de son ministère et demandé par le Chancelier, sans compter tenter de ne pas se mettre à dos les membres de l’Etat-Major et les autres ministres demandait un investissement considérable.

Rapidement, la jedi s’était rendu compte que les tensions au sein de l’armée républicaine étaient bien plus prégnantes qu’on aurait pu le penser : la xénophobie, principalement, faisait des ravages, surtout, il fallait quand même bien le dire, parmi les recrues du Noyau. Mais les relations parfois tendues entre certaines espèces pouvaient jouer aussi, et quand on rajoutait quelques comportements sexistes là-dessus… Oh, et bien entendu les régulières frictions entre les différentes parties de l’armée, plus les problèmes entre soldats, sous-officiers et officiers… Elle avait largement de quoi s’occuper. Ces comportements la navraient, mais elle ne pouvait y faire grand-chose, hormis prôner une politique de tolérance zéro pour les faits remontant jusqu’aux plus hautes instances.

Pour le reste, elle s’était plongée dans les divers rapports qu’elle avait demandé sur les forces mobilisables, l’état des installations, les bâtiments, la logistique… Bref, Alyria croulait sous la paperasse qu’elle s’était elle-même imposée. Etant donné sa position de jedi, elle savait que les cadeaux seraient rares, et si en raison de son passé, les protestations ouvertes avaient été peu nombreuses, elle n’ignorait pas que certains n’attendaient qu’un faux pas de sa part pour lâcher les nexus. Concrètement, nommer Fenter comme directeur de cabinet avait contribué à renforcer sa position, ce dernier ayant accumulé au long de sa longue carrière militaire un réseau conséquent. Elle savait également que son intérêt prononcé pour l’Intendance avait fait plutôt apprécier sa nomination parmi les membres de cette dernière, et que les soldats de base n’avaient pas grand-chose contre, du moins ouvertement. De là à dire qu’il n’y avait pas de poches de résistance… Il y avait un très large pas qu’elle ne franchirait pas, et de toute façon, la trentenaire avait peu d’espoir de convaincre les plus rétifs. On ne pouvait décemment pas plaire à tout le monde, et ce n’était pas forcément son but.

Quant aux autres membres du gouvernement… En voyant le nombre de personnalités opposées à l’intérieur, c’était à se demander combien de temps un tel exercice d’équilibriste tiendrait. Sans compter qu’en tant que chef des renseignements pour encore un temps, elle avait mis la main sur un enregistrement des plus étranges provenant de l’attaque sur Flydon Maxima, avec le rapport de Maître Berryl qui l’avait transmise. Ledit enregistrement avait été fait par l’actuel Vice-Chancelier, et portait sur… Oh, tiens donc, le Ministre de l’économie, et ses liens avec la Dame Noire, lors d’une rencontre entre Lors Janos et l’impératrice sur la fameuse station. Autrement dit, un bel imbroglio de personnalités de premier plan, et au cœur, une pièce à conviction qui laissait planer de sévères interrogations. En effet, comme le lui avait expliqué l’officier supérieur en charge de l’étude de cet enregistrement, les recherches et manipulations effectuées par les informaticiens des services secrets pendant les longs mois ayant suivis les attentats de Flydon Maxima avait permis, en isolant la bande passante de façon à contrer le maximum de parasites, de mettre en évidence un phénomène curieux : les inflexions de voix de la Dame Noire sur l’enregistrement étaient étonnamment discordantes, ce qui ne s’entendait pas avec la qualité originelle, mais pouvait se percevoir à travers différentes méthodes d’analyse… Comme si le discours enregistré était en réalité un patchwork étrange de phrases prononcées à un autre moment, ou dans un ordre différent… Bref, en un mot : la bande avait été trafiquée. 

Or, la sensibilité de l’information était évidente : c’était l’une des preuves dirigées contre le Sénateur de Bakura, et la potentialité d’une manipulation de cet enregistrement levait quelques questions sur l’implication du Vice-Chancelier dans cette affaire… Autant dire qu’Alyria s’était empressée de réfléchir à cette information, tout en ne sachant pas franchement quoi en faire. En effet, le fait que l’enregistrement ait été trafiqué n’avait rien d’une preuve de quoi que ce soit… Ou en tout cas, c’était très insuffisant, surtout vu les personnes concernées. Mais cela l’avait fait redoubler de vigilance vis-à-vis du nid de banthas dans lequel elle venait de faire une entrée fracassante.

D’ailleurs, dire que la conversation qui avait suivi le moment où elle avait appris sa nomination surprise avec le Chancelier avait été au départ houleuse aurait été l’euphémisme de l’année. Non, la jedi n’avait pas apprécié de n’avoir jamais été consultée sur une telle décision, et devoir composer avec, un refus aurait eu en effet des conséquences encore plus désastreuses qu’une acceptation, du moins de son point de vue. Cela ne voulait pas dire que ses relations avec l’artorien étaient mauvaises. A vrai dire, c’était le contraire, elle pouvait apprécier l’homme derrière le politique, et ce dernier semblait enclin à lui témoigner une certaine sympathie, comme lors de leur rencontre. Mais dans ce monde, rien n’était jamais sûr, et elle se gardait de toute conclusion hâtive. Au moins, les prochains jours allaient peut-être permettre de développer des bases solides.

Avec un nouveau soupir, elle se pencha une dernière fois sur ces dernières affaires en souffrance et entreprit de rédiger une note avec ses dernières instructions pour son directeur de cabinet, qui ferait tourner le ministère en son absence. Alyria avait une entière confiance dans l’echani, et savait que sa loyauté lui était acquise. A vrai dire, il était agréable de retrouver un visage familier dans ce nouvel environnement. Tout le monde était au courant de son départ avec le Chancelier pour une visite officielle à l’extrémité nord des territoires républicains, sur la planète Lianna. Centre de production navale mineur mais actif, la planète était situé aux confins de la Bordure, entre le nouvel Empire sith et à la frontière du territoire hutt : un emplacement stratégique donc, bien qu’à la sécurité toute relative, donc à améliorer d’urgence. Mais il était bon de rappeler à ces territoires qu’ils appartenaient bien à la République, et que cette dernière se souciait autant d’eux que du Noyau. Sans compter qu’une recrudescence d’actes de piraterie avait été signalée sur la voie Perlemienne, ce qui fournissait une occassion supplémentaire de se rendre dans les environs sur le champ. Plusieurs idées avaient été soulevés pour améliorer la stabilité et la défense de cette région, et l’inauguration d’une Académie navale par le Chancelier et la Ministre de la Défense était l’occasion parfaite de donner l’image d’une République au travail et soucieuse de l’ensemble de ses concitoyens.

La maîtresse d’armes était parfaitement des enjeux politico-stratégiques de ce voyage, tant sur le plan extérieur que d’une façon plus personnelle : ce serait un temps privilégié avec le plus haut personnage de l’Etat, et donc une occasion pour elle-même de discuter d’autres sujets ne concernant pas forcément son ministère… Et qui le concernait, d’ailleurs. En effet, elle n’avait pas eu l’intention de venir les mains vides, et avait concocté avec Fenter dans le plus grand secret un plan qu’elle comptait présenter à Valérion Scalia le plus tôt possible, afin de s’offrir des options encore plus vastes en cas de nécessité d’intervention armée.

Enfin, avant de partir, elle vérifia une énième fois qu’elle avait bien prévenu Lorn de son absence. Malgré son nouvel emploi du temps surchargé et les obligations de l’epicanthix, tous deux tentaient de se voir suffisamment pour ne pas perdre leur lien, dont la nature avait évidemment changé depuis Byss. Et dire que la jedi lui avait un jour pas si lointain dit qu’elle se demandait si sa vie n’avait pas besoin d’un grand changement : en l’espace de quelques jours, elle avait été servi, tant sur le plan public que privé. Et cela lui permettait d’avoir un ilot de tranquillité où elle n’avait plus besoin d’être sur ses gardes, un ilot de familiarité au milieu de la frénésie de Coruscant, et de bien d’autres choses qu’elle préférait garder pour elle, et elle seule.

Tout était en ordre, aussi Alyria se décida enfin à sortir, ferma son bureau et envoya un holo-appel au commandant de la garde qui les accompagnerait pendant le voyage :

« Capitaine Marlow, le vaisseau est-il prêt à décoller ? »

« Affirmatif, tout est en place pour l’arrivé du Chancelier, Madame la ministre. »

« Bien, préparez-vous, nous ne serons pas long. »

Après un long moment, elle arriva finalement devant les appartements officiels du Chancelier, toqua à la porte, et déclara sur le ton protocolaire qui était de rigueur :

« Votre excellence, les derniers préparatifs ont été effectués, le vaisseau est prêt à partir. Si vous voulez bien me suivre… »

Puis, se disant qu’il constaterait sans mal l’absence de garde prête, hormis les hommes postés normalement devant ses appartements, elle ajouta d’un ton légèrement moins formel :

« Je crains que votre garde plus la mienne ne crée un embouteillage dans les couloirs, aussi j’ai pris la liberté de leur demander de rejoindre le vaisseau avant nous. Après tout, je devrais être en mesure de vous protéger durant notre périple au milieu de cette longue allée… »

C’était au demeurant parfaitement vrai. Ministre ou pas, Alyria restait un maître jedi, qui plus est une maîtresse d’armes expérimentée, et il eut été pour le moins malheureux de l’oublier…
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Kaal Tel'kasan croqua dans la pomme, émettant un bruit qui brisa le silence régnant dans le bureau du Chancelier Scalia. Tout en mastiquant le fruit, le Chef d'Etat-Major des Armées finit la lecture du document qu'il avait sous les yeux, puis le rendit à Valerion. Le Nikto croisa les jambes et d'un geste adroit jeta dans une poubelle le trognon de pomme.

    « Les membres de l'Etat-Major seront satisfaits, je pense. L'article vingt-deux va donner à l'Armée un pouvoir qui lui faisait grandement défaut. »


    « Parfait. »


Depuis une heure, Valerion Scalia se trouvait avec son ancien mentor. Tous deux avaient décidé de régler quelques petites choses avant le départ du Chancelier pour Lianna. Ils avaient pris un peu de temps pour se revoir, en toute tranquillité.

    « N'empêche, tu as pris un fameux risque en nommant Alyria Von à la Défense. »


Le Général n'avait personnellement rien contre la Maître Jedi. A vrai dire, il venait à peine de la rencontrer et ce qu'il avait appris et vu d'elle lui semblait de bon augure. Au moins, il n'allait pas devoir obéir à quelqu'un n'y comprenant rien à l'art militaire. La Jedi connaissait le terrain, le contexte même dans lequel elle se trouvait lors de sa nomination était particulièrement révélateur.

    « Choisir Alyria Von a peut-être été la meilleure idée que j'ai eue en nommant mes ministres. Nous ne pouvons pas nous passer des Jedi... Je ne les adore pas plus que toi mais ils sont les seuls capables d'éliminer efficacement les Sith. En prenant Alyria Von dans mon gouvernement, je me suis attiré le soutien relatif du Conseil de l'Ordre. Si je n'avais pris aucun Jedi, et avec des types comme Ion Keyiën et Ragda Rejliidic dans le gouvernement, cela revenait à déclarer la guerre à l'Ordre. Et puis Alyria Von correspond à la fonction : c'est une guerrière, elle connaît les champs de bataille, dispose de connaissances militaires... Elle mêle théorie et pratique. On ne pourra pas me reprocher d'avoir nommé quelqu'un dont les compétences ne sont pas adaptées à la fonction. Les membres de l'Etat-Major étaient frileux au départ, pour une bonne part ils sont désormais conquis. »


    « C'est vrai... Ca n'en restait pas moins hasardeux. Tu as gagné ton pari, mais si tu t'étais trompé tu aurais perdu le précieux soutien des membres de l'Etat-Major. »


    « Pas si hasardeux que ça, en réalité. En plus d'être une Jedi et d'avoir de l'expérience, la Ministre Von n'appartient à aucun parti, que ce soit le Rassemblement Républicain ou la Ligue des Mondes Périphériques. La Défense est le poste le plus important du Gouvernement, l'attribuer à quelqu'un attaché à la République et l'Armée plutôt qu'à un parti, c'est un avantage dont n'a pas bénéficié le Chancelier Arnor. »


    « Quand je me rappelle de cet imbécile de Garm Bahn... »


Valerion eut un sourire amusé. Kaal Tel'kasan avait cette dureté pleine de franchise propre aux militaires. On ne trouvait pas chez lui les phrases habituelles que l'on entendait dans la bouche des sénateurs, des ministres et des diplomates. Le Général allait droit au but, ne se souciant guère du politiquement correct. Malgré toute l'estime que Valerion avait à l'égard de son mentor, il devait reconnaître qu'avoir pris Alyria Von à la Défense plutôt que Kaal Tel'kasan avait été un choix infiniment plus judicieux. Le Nikto avait les compétences d'un bon stratège, il était un excellent meneur d'hommes et avait le sens de la discipline et de l'organisation. Mais il lui manquait la finesse et la compromission nécessaires à l'exercice d'une fonction ministérielle. Tel'kasan, devant le Sénat Galactique, aurait profondément déplu aux représentants. Lors de son entrevue avec Alyria Von, le sénateur d'Artorias d'alors avait été marqué par les talents diplomatiques de la mi-hapienne. Une raison de plus en faveur d'une nomination de la Jedi au Ministère de la Défense.

    « Et puis... c'est une femme! Sur dix ministres, deux sont de sexe féminin. L'absence de parité homme femme a été critiquée par certains... »


    « Qu'ils critiquent! Depuis quand donne-t-on des postes ministériels en fonction du sexe plutôt qu'en tenant compte des qualités personnelles? »


    « Tu sais, ce ne sont jamais les seules compétences qui interviennent dans le choix d'un ministre... » répondit Valerion, caustique.


Le Nikto haussa les épaules, désabusé. Le Chef d’Etat-Major des Armées n’avait pas une opinion très favorable de la classe politique. Pour lui, la majorité des sénateurs était constituée de petits arrivistes peu compétents, uniquement intéressés par leur intérêt personnel et non par l’intérêt public. Un reproche que l’on ne pouvait décemment faire à Valerion Scalia. Malgré les alliances politiques et les compromis, l’Artorien était resté droit dans ses bottes et Kaal Tel’kasan savait qu’il comptait le rester. L’Impératrice Ynnitatch n’avait qu’à bien se tenir. Aussi dangereuse que soit la Sith, la République contenait des milliards et des milliards d’individus, des milliers de mondes et une Armée efficace, dont la manne financière allait considérablement augmenter. L’Empire Sith ne devait pas être sous-estimé, loin de là, mais croire que la République serait prise aussi facilement qu’Artorias était une erreur. Depuis le début de son mandat, Tel’kasan n’avait eu de cesse de travailler, fournissant notamment à la Ministre Von les divers documents dont elle avait besoin. Il était également auprès d’elle la source d’une expertise importante. A cinquante-sept ans, le Général pouvait se targuer d’une carrière longue et riche lui permettant de connaître par cœur tous les rouages des forces militaires de la République. A cela s’ajoutait une excellente connaissance des différents membres de l’Etat-Major, de sorte qu’on ne pouvait décemment pas reprocher à Valerion d’avoir choisi le Nikto pour des raisons uniquement personnelles. La raison aussi bien que l’affect avait motivé cette décision, d’une façon assez semblable qu’avec Alyria Von curieusement.

    « Que penses-tu du directeur de cabinet du Ministre Von, ce Fenter ? »


    « Yusannis Fenter, ancien aide de camp du père d’Alyria Von, désormais Amiral de la République. Un parcours exemplaire, sans tâche, une mission commune il y a de cela plusieurs années avec Maître Von. Des rapports excellents à son sujet. Il est de ma génération, je l’ai rencontré à diverses reprises, bien que je ne le connaisse guère. Un esprit fin, sans doute adapté à une fonction politique. C’est un choix qui me semble être parfaitement adapté à la situation. La Ministre a bien fait de nommer un militaire respecté à la direction de son cabinet, nos hommes apprécieront. »


Valerion Scalia hocha la tête, satisfait. La tournure que prenait la gestion de la Défense lui plaisait et, à vrai dire, le voyage sur Lianna l’enthousiasmait au plus haut point. Cela allait être l’occasion de lancer des réalisations concrètes, stratégiquement utiles pour la République. Qui plus est, s’écarter un temps de Coruscant allait permettre au Chancelier d’affiner ses relations avec sa Ministre et de s’entretenir librement avec elle des plans militaires à établir pour la sécurité de la Fédération républicaine. Valerion n’allait pas être coupé du reste de la galaxie mais ses tâches se limiteraient principalement à la question martiale.

Valerion se leva et, naturellement, Kaal en fit de même. Le Chancelier n’avait pas connu son père, mort alors qu’il était tout jeune. Il avait été élevé par sa mère, une nourrice et un précepteur. Peut-être était-ce une figure paternelle que Valerion avait recherchée en s’inscrivant à l’Académie de Carida à l’âge de dix-huit ans. En tout cas, l’Artorien avait alors conçu son inscription comme un acte de révolte à l’encontre d’une famille royale qui n’avait pas trouvé le courage de le rejeter, ni de l’accepter. Finalement, c’était la rencontre avec Kaal Tel’kasan qui avait donné à Valerion Scalia le père qu’il n’avait jamais eu. Seule une quinzaine d’années séparait les deux individus, mais la vie difficile et parsemée d’embûches du Nikto avait donné à ce dernier une maturité dont Valerion ne pouvait se targuer en entrant à l’Académie. Le parcours de Kaal Tel’kasan, son inébranlable volonté, son travail et sa pugnacité avaient donné une leçon d’humilité à un jeune noble s’estimant supérieur aux autres de par le hasard de sa naissance. La conscience sociale de Valerion Scalia était née dans l’égalité de fait imposée aux recrues provenant des quatre coins de la galaxie.

On frappa à la porte puis celle-ci s’ouvrit, laissant entrer Maître Alyria Von dans la pièce. Le Chancelier l’accueillit d’un sourire chaleureux, s’avançant vers elle pour lui serrer la main. Le Chef d’Etat-Major des Armées fit de même, saluant courtoisement la Jedi.

    « Le temps nous est tous compté, je vais vous laisser. Votre Excellence, Madame la Ministre… »


    « Général. »


Une poignée ferme, une porte ouverte puis refermée, et ce fut ainsi que Valerion Scalia et Alyria Von se retrouvèrent seuls dans le bureau de la Chancellerie Suprême, qui ne serait pas abandonné en l’absence de l’Artorien. En effet, le Secrétaire général Telkhar Melk’an farfouillerait ici, veillant au grain durant toute la durée du voyage. Les yeux et les oreilles du Chancelier, en l’absence physique de celui-ci. De toute manière, le Secrétariat général garderait le contact en permanence avec Valerion Scalia.

La première entrevue qu’il avait eue avec Alyria Von, tout juste après les évènements de Byss, n’avait pas été très agréable. La Maître Jedi n’avait pas apprécié d’être prise au dépourvu et Valerion avait du se montrer à la fois ferme et aimable. A vrai dire, il n’avait pas prévu de nommer la mi-happienne à la Défense, ni à un quelconque autre poste. Il avait suivi son instinct, une intuition née après sa rencontre avec la flamboyante Jedi. Valerion avait donc été compréhensif : recevoir une telle charge subitement, sans s’y être attendu, ce pouvait être aussi agréable que perturbant.

Le Chancelier Suprême noua son écharpe, enfila sa veste et attacha les boutons. C’était un vêtement noir et chaud, suivant élégamment la taille fine de l’Artorien. La tenue était sobre, comme à peu près tout ce que portait Valerion depuis l’Exil.

A la remarque de Maître Von, il sourit.

    « Nous devrions pouvoir nous débrouiller. Et puis, n’oubliez pas que je suis aussi militaire de formation… A nous deux, nous devrions être capables de triompher des couloirs du Sénat ! »


Les deux individus se mirent en route, prenant le chemin prévu. Valerion aurait bien échangé quelques paroles mais on arriva plus vite que prévu vers la sortie. Dehors, la Garde Bleue assurait le maintien de l’ordre, une meute de journalistes hurlant et attendant la venue du Chancelier Suprême et de la Ministre de la Défense.

    « Préparez-vous à faire bonne contenance. Souriez, prenez un air assuré et ne montrez pas de condescendance à l’égard des journalistes. Je sais que vous n’avez pas l’habitude de ces gesticulations, mais cela fait partie du métier. Voyez cela comme un autre champ de bataille… »


La mission diplomatique sur Bothawui avait été lancée sans secret mais en toute discrétion. Valerion avait refusé tout tapage, cette fois-ci il en allait autrement. Le voyage sur Lianna constituait déjà, à lui seul, un outil de propagande efficace. Des journalistes avaient donc été conviés pour assister au départ du Chef de l’Etat et de la nouvelle et jeune Ministre.

    « Surtout, souriez. »


Ils sortirent à l’air libre et ce fut un brouhaha strident qui emplit leurs oreilles. Des journalistes hurlaient pour recueillir un mot, une phrase, un regard… Les hommes de la Garde Bleue retenaient la foule, assurant le passage vers la navette qui les conduirait auprès de la flotte de la Chancellerie, en orbite de Coruscant. Le Chancelier Suprême sourit, adressant des regards bienveillants et saluant de la main. On arriva près de la navette, on monta les marches menant à l’intérieure de celles-ci puis… Valerion retint légèrement la Ministre par le bras, lui glissant discrètement.

    « Attendez… »


Il se retourna et, du haut des escaliers, fit un geste de remerciement calme et digne, ce qu’attendaient tous les photographes qui purent immortaliser le Chancelier Suprême et sa Ministre de la Défense.

Ils pouvaient partir.

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Tout en serrant la main du Chancelier, prenant toujours garde à proposer la bonne main, car il eut été pour le moins ennuyeux de briser les phalanges du premier personnage de la République, Alyria remarqua le deuxième personnage qui se tenait dans la pièce. Kaal Tel’Kasan, le Nikto qui avait été nommé comme nouveau Chef d’Etat-Major. Son second donc théoriquement, bien qu’elle n’ignore aucunement qu’il était l’homme de Valérion Scalia plutôt que le sien. Pour le moment, il n’avait posé aucune difficulté, mais sans avoir de la méfiance envers le militaire, la maîtresse d’armes préférait conserver une prudence nécessaire. De toute façon, le message passé était clair : elle écouterait les conseils potentiels, mais in fine, la tête du Ministère, c’était elle et personne d’autre. Elle pouvait être diplomate, mais quand il fallait trancher, elle hésitait rarement à le faire. Ce n’était pas du mépris, elle estimait le Nikto tout à fait compétent, mais une volonté claire d’établir la hiérarchie au sommet des affaires militaires. Fermeté et souplesse, tout un équilibre subtil qu’elle s’efforçait de trouver pour imposer son autorité sans en avoir trop l’air… Et pour le moment, les résultats étaient plutôt satisfaisants.

Elle salua donc le Chef d’Etat-Major alors que ce dernier prenait congé, déclarant au passage :
 
« Général. L’amiral Fenter vous attend dans mon bureau pour une réunion destinée à régler certaines affaires en souffrance. Les rapports sont déjà prêts. »

Le Nikto sorti, Alyria attendit que le Chancelier termine de s’apprêter, se contentant de sourire légèrement en entendant sa remarque. Mieux valait éviter de dire à Valérion Scalia que malgré tout le respect qu’elle lui devait, elle estimait que ce n’était pas franchement la même chose. Il fallait être réaliste : sur le terrain, face à une menace nombreuse, un soldat n’était pas l’équivalent d’un jedi entraîné. Et la formation ne résolvait pas tout. Cela pouvait aider quelques instants, mais seul un entraînement régulier et rigoureux sur de nombreuses années, renforcé par l’expérience, aidait à se maintenir à un niveau acceptable et parfois à progresser. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la trentenaire conservait autant que faire se peut sa routine matinale d’exercices physiques et de course à pied, donnant d’ailleurs du fil à retordre aux gardes qui avaient dans un premier temps tenté de la suivre. Sans compter qu’elle se rendait au Temple de Coruscant autant que possible pour s’entraîner au sabre laser afin de ne pas perdre en réactivité. Aussi, formation militaire ou pas, en cas d’attaque impromptue, dont le risque était au demeurant faible mais elle préférait ne pas prendre de risques, le Chancelier resterait en arrière. Surtout qu’à première vue, il n’était pas armé.

Le trajet se passa néanmoins sans soucis, et bientôt ils arrivèrent en vue de la sortie, qui semblait déjà assaillie d’une meute hurlante de journalistes. Comme tous les jedis, Alyria n’avait guère eu de contact direct avec ces derniers, estimant qu’accorder une interview n’avait pas grand intérêt. Ce n’était pas du mépris, là encore, contrairement à ce que l’immense majorité des personnes pensaient, simplement une conscience que ces deux mondes ne travaillaient pas avec la même échelle de temps en tête : les journalistes voulaient de l’événementiel, du sensationnel, décryptait l’instant présent, alors que les jedis préféraient se poser, et voyaient souvent à plus long terme. Sans compter, il est vrai, que l’Ordre préférait garder certaines informations pour lui, car les données sensibles ne manquaient pas. De là à dire qu’elle n’était pas habitué à ces derniers… C’était un pas qu’elle n’allait pas franchir. Même si elle n’était pas dans son rôle habituel. Elle répondit donc au Chancelier sur un ton posé :

« Les journalistes font leur travail… Et nous le nôtre. Je les connais suffisamment pour le savoir. La seule différence, c’est que d’habitude, j’assure le service d’ordre pour empêcher un mouvement de foule. Changement de paradigme évident donc, mais pas insurmontable. Et puis, j’échange sans problèmes une meute de sith contre une poignée de journalistes. Eux au moins saluent avant d’attaquer dans le vif du sujet. »

Quoiqu’à voir toutes les négociations qu’elle avait tenté sur Byss, c’était à se demander si ce n’était pas le contraire… Mais la question n’était pas là. Alyria plaqua donc son sourire de parfaite diplomate sur son visage, dont elle commençait à bien maîtriser l’art délicat. Elle laissa au Chancelier le soin d’agiter les bras pour saluer cette foule à demi-hystérique, se contentant de paraître avenante sans en faire trop. Après tout, elle était aussi dans son rôle : elle n’était pas une politicienne, et entendait faire entendre cette différence. Le tout était de ne pas sembler désagréable, mais dans le même temps, elle faisait attention à fixer son regard droit devant elle, comme si elle était déjà focalisée sur leur mission, ce qui était le cas au demeurant. Et puis, pour faire bonne impression auprès de la presse, Alyria savait qu’elle pouvait compter sur son physique. Certes, ce n’était pas un atout qu’elle avait souvent mis en valeur en tant que jedi, a fortiori dans sa position. Cependant, il eut été hypocrite de prétendre qu’elle ignorait l’effet que cela pouvait provoquer, et à en croire les quelques commentaires qu’elle avait saisi dans la presse depuis sa nomination, cela avait été souligné à profusion. Grande, svelte et finement musclée, plutôt jeune par rapport à la moyenne des politiques au gouvernement, objectivement agréable à regarder tout en ayant les traces indélébiles d’années de combat sur son visage et au bout du poignet, elle offrait un spectacle visuel indéniablement intéressant. En résumé, Alyria Von était de ces femmes qui en imposait, autant par un charisme naturel dû à un physique agréable que par le respect venant avec la marque de l’expérience. Et il eut été idiot de ne pas en tirer profit à ce moment précis, voir simplement de penser que cela n’aurait aucun effet.

Elle avançait donc à un pas cadencé, ne paraissant pas gênée par la cohue, la tête haute, prenant garde à conserver ce mélange de gravité et d’assurance sans paraître arrogante ou fermée, simplement concentrée et attentive. Par ailleurs elle prenait soin de regarder les alentours afin de donner le change certes, mais aussi et surtout d’apercevoir une éventuelle menace. Son expérience de ce genre de mouvement de foule était suffisamment parlante pour expliquer son accès de prudence.

Alors qu’elle voyait enfin le bout de ce chemin qu’elle aurait normalement accompli en quelques secondes mais qui s’éternisait quelques peu pour cause de journalistes excités, quand le Chancelier la retint légèrement par le bras. Ah oui, le salut à la foule… Elle s’efforça donc de se tenir parfaitement droit aux côtés du chef de l’Etat, dans une position relativement martiale, comme un écho à sa nouvelle fonction, essayant d’épouser la gravité voulue apparemment par son supérieur pour ce moment censé représenter le départ d’un gouvernement en action. Et enfin, ils s’engouffrèrent dans la navette qui les attendait. Pas trop tôt.

Après les salutations d’usage pour l’équipage, Alyria se cala confortablement sur le siège qui lui était réservé, attendant que le Chancelier s’asseye également. Une fois le décollage passé, elle déclara :

« Il semblerait que nous en avons terminé avec les mondanités journalistiques. Bien. »

Sous-entendu, les choses sérieuses pouvaient enfin commencer. Sautant sur l’occasion afin d’évacuer une première question directement, elle déclara :

« Avant que nous n’arrivions sur la flotte et que nous n’abordions des questions d’organisation et autres, je pense qu’il est nécessaire, eu égard à votre intérêt prononcé pour la tenue de nos armées, que je vous mette au courant d’une ou deux affaires pour le moins gênantes qui sont parvenues jusqu’à moi. »

Elle lui tendit le datapad qu’elle avait emmené et continua :

« J’ai eu vent de certaines pratiques consistant à étouffer consciencieusement les faits de harcèlement sexuel commis par certains soldats sur leurs collègues, très essentiellement de sexe féminin, ainsi que l’enterrement systématique des plaintes pour xénophobie, notamment dans les bataillons constitués majoritairement de personnes originaires du Noyau.

Outre le caractère criminel de tels agissements, ce qui me frappe surtout sont les demandes répétées qui me parviennent d’intervenir pour étouffer ce genre de faits. J’ignore quelles étaient les méthodes de mon prédécesseur, mais je tiens à préciser qu’il est hors de question que ce genre de pratiques persistent. Avec votre accord, il me semble que les coupables devraient être transférés en cour martiale, et avec un jury adapté afin de rendre une justice équitable. 

Le dernier cas que j’ai reçu ce matin même est dans les données de ce pad et résume parfaitement la situation : harcèlement sexuel, tentative d’agression, insultes à caractère xénophobe… Je compte transférer le coupable en cour martiale, et avec votre accord, faire de même avec son supérieur direct qui a laissé faire et même tenter d’étouffer l’affaire.

Nous ne pouvons changer pas changer la société et les stéréotypes ancrés dans cette dernière, j’en suis consciente. Néanmoins, agir avec sévérité et rigueur face à ce type d’acte me semble une condition sine qua non à l’entente et au maintien du moral au sein de nos troupes.

Éventuellement, une augmentation des peines encourues avec circonstances aggravantes pour les complices me semble un projet parfaitement recevable, et je suis persuadée que la Ministre de la Justice ne dira pas le contraire. Et qu’une telle chose pourrait même recevoir l’aval de l’opposition, si j’en crois les discours de campagne de la sénatrice d’Ondéron. Une bonne manière de montrer un visage uni et ferme à nos concitoyens, ne croyez-vous pas ?»
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La navette avançait rapidement, escortée par un escadron de chasseurs. Le niveau d'alerte était actuellement de niveau trois, sur une échelle de quatre. On n'était pas dans la peur et le psychodrame, pour autant la Chancellerie avait estimé nécessaire de mettre les forces armées de la République en état de vigilance avancée. Les évènements de Byss avaient été particulièrement graves : des soldats de la République morts au combat, des citoyens de Byss blessés, une flotte Sith désobéissant aux injonctions républicaines et fuyant à travers le territoire de la République... Les Jedi avaient assuré que la Force obscure avait dégagé une onde, quelque chose de ce genre, ayant rendu inopérants les contrôles techniques des appareils républicains, offrant à l'Impératrice Ynnitatch la possibilité de se replier.

Depuis le début ce voyage sur Byss était une erreur. Qu'est-ce qui était passé par la tête du Chancelier Arnor? Il aurait pu refuser l'accès des Sith à la planète. Fallait-il sans cesse plier devant l'ennemi, mû par une crainte extrême d'un conflit? Valerion Scalia comptait bien rendre sa fermeté à la République, et par là sa dignité.

Alors que le Chancelier Suprême profitait de la vue de Coruscant en plein jour, la Ministre Von profita de cet instant pour engager la conversation sur un sujet de travail. Décidément... Mais, après tout, c'était normal. Chaque ministre avait ses revendications, ses demandes, ses souhaits, ses reproches... Le Chancelier Suprême était là pour faire le tri et trancher, à l'écoute mais intransigeant. Valerion prit le datapad, consultant quelques instants les documents qui défilaient sous ses yeux. Il fallait reconnaître que c'était assez affligeant, et l'Artorien eut une moue désapprobatrice.

    « J'ai toujours eu en horreur la xénophobie et le sexisme. Ma femme était une militaire brillante, certainement bien plus que moi. Quant à la race... Sept de mes dix ministres sont non-humains. Notre République trouve son unité dans sa diversité. Tout l'inverse de l'Empire Sith, qui refuse la différence. »


Une remarque en passant... Le Chancelier continua l'examen de ce que lui avait présenté Alyria Von. Il refusait de se prononcer sans avoir pris connaissance un minimum du problème soulevé. Souriant ironiquement, l'Artorien continua à parler.

    « Ceci dit, le reproche concernant la parité des genres dans mon gouvernement n'est pas totalement infondé. Enfin... vous conviendrez que le Ministère de la Défense et le Ministère de la Justice ne sont pas des postes mineurs? »


Ses yeux marrons regardèrent avec amusement le visage de la mi-ecchani, mi-happienne. Il prenait son temps, en homme politique qui se respecte. Enfin, il posa le datapad et reprit sur un ton plus sérieux.

    « Garm Bahn a toujours été un demeuré. »


Fichtre, le Chancelier ne mâchait pas ses mots! Après tout, pourquoi se priver? Il se trouvait avec l'élément de son gouvernement le plus honnête et certainement le plus sûr. L'Artorien n'avait jamais aimé les circonvolutions politiques, préférant une prise de parole franche et claire. Certes, il n'était pas incapable de roublardise, mais il avait toujours pris à coeur de s'exprimer honnêtement face au peuple artorien, comme au peuple galactique.

    « C'était un militaire capable. Au début... Puis il s'est empâté, s'éloignant sans cesse des membres de l'Etat-Major et de la base de l'armée, se rapprochant toujours plus des sénateurs. Un individu trop laxiste et trop lâche pour diriger le Ministère de la Défense.

    Donnez l'ordre au Parquet militaire de lancer des poursuites. La cour martiale sanctionnera certainement ce sombre individu, je n'en doute pas. »


Justement, si, on pouvait en douter. Les cours martiales se composaient de magistrats militaires mais également de jurés, individus choisis au hasard parmi les membres de l'Armée. L'esprit de corps amenait parfois à des acquittements assez peu justifiés... Ceci dit, le cas présent semblait suffisamment éloquent pour qu'un jury prononce une peine sévère à l'encontre de l'agresseur.

    « Toutefois, abstenez-vous de faire de même avec son supérieur hiérarchique, Ministre Von. D'après les éléments que vous m'avez fournis, il ne s'est pas impliqué directement dans cette histoire. Il s'est abstenu. Hypocrite? Bien sûr, mais à quoi cela vous aura servi d'envoyer en cour martiale un officier dont les avocats risquent d'obtenir facilement la relaxe? A rien. »


La vérité n'était pas agréable à entendre, l'analyse du Chancelier n'était toutefois que pragmatique. Le dossier établi à l'encontre du supérieur du soldat agresseur restait bien maigre et une procédure judiciaire longue et complexe risquait de n'aboutir qu'à un échec retombant aussitôt sur les épaules de la Ministre Von.

    « Sanctionnez-le administrativement, les outils ne manquent pas. Rétrogadez-le, mutez-le, que sais-je... A la rigueur, demandez une enquête de la Police militaire, peut-être obtiendrez-vous suffisamment d'éléments pour une exclusion définitive du service. »


Un projet de loi? Pourquoi pas... Ce dont lui parlait la Maître Jedi restait cependant assez flou et Valerion Scalia doutait sérieusement de la méthode.

    « Le code pénal militaire est déjà suffisamment ferme comme cela, Ministre Von. C'est moins le texte qui pose problème que son application en pratique. Durant plusieurs années, le ministère a augmenté le nombre de militaires sans jamais augmenter les capacités du parquet militaire et des cours martiales. Votre projet va vous mettre à dos une bonne partie de la classe militaire, vous n'avez pas besoin de cela et je n'en veux pas. Le durcissement des peines ne changera pas grand-chose, le "tout-au-pénal" n'a jamais donné de résultats concluants. »


Pour autant, Alyria Von n'avait pas tort : il fallait lutter contre ces actes racistes et machistes. Le constat de la Ministre était pleinement partagé par le Chancelier Scalia.

    « Nous pourrions aborder la question avec plus de doigté... Les recrues qui sortent des académies de Carida et d'Anaxes restent bien trop ensemble, confinées dans un milieu fermé. Pour avoir fréquenté Carida, je peux vous dire qu'être un noble d'une planète inconnue de la Bordure extérieure ne vaut pas grand-chose aux yeux des nobles kuatis et autres précieux individus... Mêlez nos hommes entre eux. Etablissez un plan afin de disperser les officiers issus de Carida, mettez les différents soldats en contact, envoyez dans la bordure des hommes formés dans le Noyau et inversement. C'est sur Carida que j'ai ouvert les yeux sur la question sociale. Je suis certain que si vous envoyez un soldat humain s'estimant supérieur dans une garnison de la Bordure il changera peu à peu de mentalité.

    Quant au budget militaire, il va quasiment doubler. Affectez les moyens nécessaires au parquet et aux cours martiales pour que le travail soit effectivement réalisé : que les enquêtes soient menées, les poursuites intentées, les procédures respectées et les décisions de justice respectées.

    Avec ces deux types de mesure, je pense que vous éviterez un conflit direct avec les militaires, obtiendrez des résultats contre le racisme et le machisme sur une longue durée, affirmerez votre autorité et éviterez une procédure longue et fastidieuse devant le Sénat. »


Et ce n'était pas négligeable! Il fallait du temps avant qu'un projet de loi se concrétise en texte législatif. Des mois... Le Chancelier vit que la navette entrait désormais dans le hangar du "Valeureux", croiseur de la chancellerie, et s'estima satisfait de ce qu'il venait de présenter à Alyria Von. La solution de Valerion Scalia respectait les principes poursuivis par sa Ministre tout en évitant les écueils d'un dépôt de projet de loi sur le bureau de l'Orateur sénatorial.

Le "Valeureux" était un croiseur de classe Valor, bestiaux de plus de cinq cent mètres de long... Pas assez grand, puissant et adapté en cas de guerre. Le vaisseau était efficace, pouvait tenir tête en cas de bataille, mais ce qu'il fallait à la République c'étaient de nouveaux instruments de combat, de nouvelles bêtes de guerre. Le trajet vers Lianna allait être l'occasion pour le Chancelier de regarder les plans des nouvelles machines élaborés par le Ministère de la Défense avec les constructeurs navals. Une flotte modernisée, composée de nouveaux bâtiments plus modernes, efficaces et gigantesques...

L'arrivée dans le "Valeureux" fut sobre. Pas de revue militaire, un protocole limité à la rencontre de l'Amiral en charge du convoi. Il s'agissait de partir au plus vite, rapidement. C'est ainsi que Chancelier et Ministre purent se rendre aussitôt dans un vaste bureau réservé à la Chancellerie, afin de continuer la discussion et traiter de sujets aussi divers que fondamentaux : l'inventaire des flottes républicaines, la création de nouveaux bâtiments, les mondes fortifiés et à fortifier, la structure de l'armée républicaine, les centres d'écoute et de brouillage de communication à construire... Bref, il y avait du boulot, alors autant s'y mettre au plus vite! Le Chancelier Scalia s'assit à une table ovale, invitant Alyria Von à s'asseoir en face de lui. Sur le bureau se trouvaient les documents nécessaires provenant du Ministère de la Défense.

    « Par quoi souhaitez-vous commencer, Ministre Von? »


Le Chancelier avait une idée concernant la planète Byss... Il était curieux d'aborder le sujet pour exposer son intention à la Jedi.
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Le visage de la demi-echani n’exprima strictement rien tandis que le chancelier commençait à examiner sa requête, et pas plus quand il émit un commentaire sur les critiques adressées à son gouvernement pour son manque de parité. Après son retour de Byss et avoir réglé ses affaires en souffrance, Alyria s’était empressée de regarder les débats qui s’étaient déroulé sur Coruscant pendant qu’elle combattait les siths. Tout d’abord par instinct stratégique : elle voulait savoir à quoi s’en tenir, être au courant des derniers événements et agissements de ces désormais collègues de travail, et évidemment, voir le fameux débat dont toute la presse parlait entre Valérion Scalia et Emalia Kira. Et aussi entre la sénatrice d’Ondéron et le nouvel orateur sénatorial. Son discours sur les femmes avaient plu, et sa critique sur le manque de parité n’avait pas manqué d’être reprise.

Cependant, ce n’était pas forcément un fait qui choquait la jedi particulièrement : pour elle, cela tenait du symbole, gênant certes, qui avait l’avantage de faire un argument facile et compréhensible par tous. Cela dit, le chancelier ne lui apparaissait pas comme un phallocrate de la pire espèce, au contraire. Et de toute manière, si la maîtresse d’armes était sensible à la cause des femmes en raison des deux races desquelles elle venait, deux sociétés parfaitement matriarcales et de la volonté de l’Ordre de ne pas faire de différence entre ses recrues en fonction de leur sexe ou de leur espèce, elle préférait des nominations sur le mérite plutôt que sur un attribut purement biologique.

C’est ainsi qu’elle répondit sur un ton parfaitement neutre, détaché :

« Aucun gouvernement ne peut satisfaire tout le monde quant à sa composition. Il y aura forcément quelque chose à reprocher qui tient de l’ordre du symbole. Eussiez-vous nommé une majorité d’humains, on vous aurait reproché de mettre de côté les aliens. Si vos ministres étaient tous membres du Rassemblement Républicain, alors c’eut été le manque d’ouverture qui vous aurait été reproché. D’ailleurs, comme ce gouvernement est le fruit d’une coalition, on critique son caractère hétéroclite… Alors oui, ce gouvernement n’est pas paritaire. C’est dommageable pour le symbole, surtout qu’un effort en faveur des femmes était l’un des points forts du programme de votre adversaire, et l’un de ceux qui a le plus marqué lors de votre débat. 

Mais ce n’est que cela : un symbole. Il suffit de montrer que cette cause vous importe aussi, ce dont je ne doute pas, et alors peu à peu, cette critique s’effacera. Les actions contrent tout à fait efficacement ce genre d’arguments.

J’ajoute qu’à titre personnel, je préfère une nomination pour des compétences plutôt qu’en raison de l’appartenance à tel ou tel genre. Après tout, de mon expérience personnelle, les membres du Conseil jedi ont été pendant des années majoritairement des femmes, et maintenant, il y a plus d’hommes… Et cela ne pose pas de problèmes majeurs, tant que nous savons tous que c’est la valeur qui a été récompensée.

La critique de l’orientation de toute organe de direction est inévitable, et si sa composante purement politique est souhaitable et ne s’efface pas, le reste, pour peu qu’on démontre son attachement aux mérites des uns et des autres de manière équitable s’envole peu à peu au gré du vent… Et des événements.

Par conséquent, je reconnais qu’en définitive, j’attache peu d’importance à cela. Faites un geste dans cette direction, et non seulement l’opposition perdra un de ses chevaux de bataille, mais en plus, elle ne pourra que se rallier sous peine de se dédire.

Et du reste, en effet, Madame Golmaar a un curriculum vitae tout à fait impressionnant dans son domaine de juridiction… On a pu vous reprocher sa nomination pour le poids qu’elle offre à Corellia, et la mienne à cause de mon statut de jedi, mais une chose est sure : je n’ai rien vu mentionnant un manque de compétences, ou encore un soupçon de ministre-potiches, si je puis m’exprimer ainsi. Après tout, l’important n’est pas tant le caractère régalien des ministères, mais bel et bien la capacité des nommées à faire face à leurs attributions. Et sur ce point, il n’y a en effet pas grand-chose à dire. »

Après cette tirade qui se révéla plus longue que prévu, Alyria se tut finalement, pensant avoir au moins fait amplement le tour de la question. Maintenant que ces considérations étaient évacuées, place au reste. Et à vrai dire, difficile de faire plus franc et plus tranché comme sortie que le jugement que venait d’émettre le chancelier quant au prédécesseur de la jedi. Evidemment, le côté policé en toutes circonstances de la nouvelle ministre ne pouvait que tiquer face à de telles paroles, mais il fallait reconnaître que de ce qu’elle avait vu… Il se pouvait qu’il y ait plus qu’un fond de de vérité là-dedans, quand bien même elle ne l’aurait pas dit de cette façon.

La trentenaire ne broncha pas davantage quand elle entendit Valérion Scalia refuser sa proposition. L’avantage d’avoir un entraînement de fer, c’était que cela vous permettait d’afficher un visage parfaitement neutre en toute circonstance. Et du reste, elle s’attendait plus ou moins à ce genre de réaction. Après tout, le jugement sur Garm Bahn ne faisait que confirmer ce qu’elle savait déjà : le chancelier était un proche des militaires, et tenait à tout prix à conserver leur soutien. Quitte à s’asseoir sur quelques principes.

A vrai dire, si elle devait émettre une opinion purement personnelle, Alyria aurait plutôt que sur cette affaire, ce n’était pas l’empressement de l’ancien ministre de la Défense à se rapprocher des sénateurs qui était en cause… Mais bel et bien sa volonté de ne pas s’aliéner un Etat-Major constitué en majorité d’hommes et d’humains. Et quoi de mieux que de faire un petit geste ne coûtant rien de plus qu’une petite signature discrète ? Personne en dehors de l’armée n’en saurait rien, et ainsi, il s’achetait la paix sociale, si l’on pouvait résumer les choses ainsi.

Alors oui, la maîtresse d’armes comprenait le raisonnement derrière… Mais ne pouvait l’accepter. Telles étaient sans doute ces fameuses limites dont elle avait parlé avec Maître Berryl quelques mois auparavant. Voilà qu’elle passait de la théorie à la pratique avec une rapidité soudaine. Le chancelier savait qu’elle était une jedi. Elle pouvait composer. Cependant, dans ce cas précis, elle le ferait avec son propre agenda.

« Ne vous inquiétez pas pour les sanctions administratives, elles ont été prises… Et je ne tiens pas à déférer quelqu’un sans preuves, en effet. Cela dit, les premiers rapports de l’enquête interne montrent qu’il n’y aura guère de mal à trouver un certain nombre de faits parfaitement exploitables de harcèlement et d’obstruction à la justice. Après cela seulement, il sera question de le déférer. Pas avant. Mais je vais vous avouer quelque chose : en ne prenant qu’une sanction administrative, nous prenons le risque de nous aliéner une autre partie de notre armée qu’on a tendance à trop souvent sous-estimer : les minorités. Et ce sont elles qui sont le symbole vibrant de la différence entre la République et l’Empire, comme vous l’avez-vous-même souligné.

Je ne tiens pas nécessairement à un projet de loi, sachez-le. Il aurait le mérite de montrer un visage ferme … Et de donner du pain à l’opposition. Mais en effet, le tout judiciaire n’est pas forcément une nécessité… Surtout en ce qui concerne des organisations aux règles déjà établies, n’est-ce pas ? »

Petite pique concernant l’obsession d’un de ses collègues pour des lois strictes encadrant l’Ordre jedi notamment ? Parfaitement. Alyria ne savait pas si le chancelier en percevrait la teneur, mais n’avait pas pu s’empêcher de la glisser. Et d’ailleurs, tâter ce terrain discrètement n’était pas une mauvaise chose loin de là. Sans compter que sa remarque s’appliquait aussi très bien à l’armée.

Elle ajouta finalement :

« Allouer plus de fonds aux moyens administratifs de la Défense est en effet judicieux. J’en avais l’intention de toute manière sur d’autres postes, mais s’occuper des capacités judiciaires de l’armée est de fait tout à fait judicieux. Quand à cette affaire proprement dite je crois que nous sommes d’accord sur le fond et je n’ai donc rien à ajouter.

Pour le reste, mélanger nos troupes est en effet un impératif. Après, en ce qui concerne Anaxes, de toute manière, ordre avait été donné au vu de la situation intérieure de cette planète de loger nos troupes ailleurs jusqu’à nouvel ordre, et à titre personnel, je serais d’avis d’envoyer toutes les recrues potentielles se former à l’extérieur.

Ces jeunes gens sortent de plusieurs années de guerres civiles, l’ancien sénateur vient d’être exécuté après avoir été soupçonné de collusion avec les rebelles non-humains… Je crains que ce type d’environnement politique ne soit guère favorable à un développement sain de nos forces, je pense que vous en conviendrez.

J’irais même plus loin : des stages dans les différent corps d’armée, notamment au service de l’Intendance pour apprendre les bases des premiers soins pourraient un moyen efficace de renforcer l’efficacité et la survie des soldats, tout en développant un esprit de groupe plus important. On a trop souvent tendance à considérer les médecins, les ingénieurs comme des planqués, pour reprendre une expression de corps de garde. Il est temps de montrer que notre armée ne peut se passer d’aucun de ses membres.

Et enfin évidemment, essayer d’équilibrer au mieux les races et sexes présents dans chaque bataillon. Après tout, rien de mieux que les liens forgés par la camaraderie du cham d’honneur pour effacer les vieux préjugés. »

Elle savait de quoi elle parlait : jamais les soldats de base ne se plaignait de l’arrivée d’un jedi gardien pour les soutenir dans un conflit, car ils appréciaient l’aide apportée et généralement, avaient tendance à respecter ceux qu’ils en venaient à considérer comme des frères d’armes temporaires. D’ailleurs, lors de sa nomination, Alyria s’était rendue compte que la troupe n’avait pas grand-chose contre le fait d’avoir une jedi de son acabit à leur tête. Ses efforts après Byss pour retrouver les blessés sur le champ de bataille lui avaient même valu un semblant d’estime. C’était toujours cela de pris.

Enfin, ils arrivèrent sur le Valeureux et purent sortir de la navette pour entamer véritablement leur voyage à travers la galaxie… Car après tout, il s’agissait de se rendre très clairement aux confins de l’espace républicain. Après avoir réglé les politesses hiérarchiques d’usage et salué le plus haut-gradé du vaisseau, Alyria et le chancelier furent donc conduits vers un large bureau. Ces quelques décisions n’avaient été qu’une mise en bouche : maintenant, il s’agissait d’aborder le gros des questions à traiter… Et au vu de la montagne de paperasse sur la table ronde au centre de la pièce, il y avait largement de quoi s’occuper. Non pas qu’elle ne soit pas au courant : après tout, l’ensemble de ces papiers étaient passé sur son bureau à un moment ou à un autre.

Repérant un plan qu’elle avait particulièrement apprécié étudier sur la table, la jedi s’en saisit d’un mouvement de la main rapide, et elle répondit à la question du chancelier :

« Eh bien… Si vous n’avez pas de préférence particulière, peut-être pourrions-nous étudier quelques croquis de nos scientifiques quant aux améliorations de vaisseaux demandées après votre élection ? Certains sont tout bonnement fascinants.

Pour être honnête, avant de passer aux bâtiments destinés à être produits sous peu à une échelle assez large, je vous propose de jeter un coup d’œil à ceci. C’est encore à l’état de projet qui vient des recherches conjuguées du Corps d’Exploration de la République, qui appartient au département des Sciences et de l’Explocorps jedi. J’avais demandé après Byss et cette onde de Force qui a perturbé notre flotte de faire quelques investigations conjuguées sur les moyens de parer ce type de phénomènes.

Voilà les premiers résultats : adapter un colonizer corellien, ces larges vaisseaux traditionnellement utilisés par l’explocorps jedi pour transporter ces étudiants. Ces derniers bénéficient d’outils pour mieux appréhender ce type de perturbations, et si ce n’est pas un remède miracle, car on ne peut contrôler des remous dans la Force d’une telle violence, faire des recherches plus avant nous permettrait sans doute de bénéficier d’un léger avantage si de tels faits devaient se reproduire. Sans compter que ce sont des bâtiments larges, fiables, et facilement adaptables.

Etant donné leur capacité de transport initial et en réaménageant l’intérieur d’un point de vue militaire, donc en remplaçant la bibliothèque, les salles de méditation et les salles de classe notamment, nous pourrions obtenir une surface permettant l’installation d’un matériel tout à fait satisfaisant technologiquement parlant, sans parler de la hausse de puissance du bâtiment que nous pourrions obtenir.

Bien sûr, c’est encore à l’état d’ébauche, mais je reconnais que de tels travaux ont l’avantage de nous faire entrevoir une fenêtre d’amélioration technologique appréciable, et de nous donner quelques pistes pour ne plus nous retrouver piéger d’une manière semblable à ce qui s’est passé sur Byss. »

Spoiler:
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Le Chancelier n’avait pas une minute à perdre avec la Ministre Von ! Décidément, la Jedi connaissait ses dossiers et ce n’était pas pour déplaire à l’Artorien. Il n’aborda plus la question des problèmes relatifs au racisme et au machisme dans l’armée. La Ministre avait les moyens administratifs pour s’attaquer à ce problème et les nouveaux fonds qui proviendraient du vote du budget accroîtraient significativement les moyens de la Défense, suffisamment pour assurer l’effectivité des missions du Parquet militaire et des Cours martiales.

Il eut envie de répondre à ce qui lui semblait être une pique visant la volonté du Chancelier et du Ministre Keyiën de légiférer sur les relations entre la République et l’Ordre Jedi… mais Valerion décida d’attendre le moment propice. Il connaissait la réticence de la Ministre à ce sujet puisqu’elle n’avait pas hésité à lui exprimer à plusieurs reprises ses doutes. Quant à la situation sur Anaxes… Le sénateur d’Artorias s’y était vaguement intéressée mais avait du vite détourner les yeux pour se concentrer sur la campagne électorale. Après son élection, il avait du prendre connaissance de toute une série de données, toutes plus importantes les unes que les autres, et la situation d’Anaxes n’avait pas été particulièrement au centre des préoccupations d’une Chancellerie tout nouvellement mise sur pied. Valerion Scalia avait toutefois été plus attentif à la situation de l’Académie militaire. Ce n’était guère reluisant, conséquence logique d’une guerre civile. Peu reluisant mais surtout très problématique. La planète était proche de Coruscant et formait un centre de défense crucial en cas d’assaut contre Coruscant. Anaxes avait un rôle défensif à jouer et la présence sur place d’une académie militaire, couplée à la tradition militariste locale, offrait un espace de formation efficient. La guerre civile avait cependant terni l’image de l’académie, immanquablement. Les Anaxis avaient gâché leurs propres talents pour de stupides querelles… Le Chancelier ne les prenait guère en pitié.

Il était épuisé. Ces dernières nuits n’avaient guère été bonnes, il s’était réveillé à plusieurs reprises, sortant soit d’un cauchemar, soit d’un rêve. Le cauchemar était le même depuis plus de trois ans : les flammes, un effondrement, Helena perdue à jamais. Le rêve, lui, était assez neuf et s’était affiné peu à peu. Il se voyait en agriculteur sur une planète quelconque, s’occupant tranquillement de sa ferme. Il sortait de la maison, humait l’odeur de la nature en été et voyait son épouse, les cheveux noués autour d’un foulard rouge. Sa fille se trouvait un peu plus loin, ce n’était qu’une enfant qui courrait après un chat paresseux. L'image naïve disparaissait après qu'une douce bourrasque de vent ait soufflé, amenant alors une odeur de souffre et de braises qui réveillait l'exilé artorien.

C'est avec satisfaction que le Chancelier vit la Ministre commencer à traiter du sujet des nouvelles unités militaires pour les flottes de la République. Selon lui, c'était une priorité.

    « Corellia rentrerait-elle dans vos grâces? »


Il avait lâché cette petit phrase avec humour, sardonique. Valerion Scalia était bien au fait des divergences de point de vue entre la Maître Jedi et le Ministre de la Sécurité Intérieure. Le voeu de la ministre de faire construire un colonizer corellien était toutefois une proposition susceptible de plaire à quelqu'un comme Ion Keyiën... Redevenant sérieux, le Chancelier examina le document et en prit deux autres. Il les avait déjà consultés à de nombreuses reprises.

    « L'idée d'adapter un colonizer corellien me semble fort bonne... Nous pourrions bâtir autour de ce vaisseau une flotte principale, d'une grande puissance de feu. J'ai également consulté les deux autres plans transmis par votre ministère. »


Le Chancelier tendit les plans du vaisseau-amiral de classe Inexpugnable et du Croiseur lourd de guerre de classe Invincible. Les relations du Chef de l'Etat avec les constructeurs navals étaient fort bonnes. Tous étaient conscients que le militarisme du nouveau chancelier amènerait profusion de commandes... Les plans étaient prêts et n'attendaient plus que le feu vert de Valerion Scalia et d'Alyria Von.

    « Notre flotte ne compte pas assez de vaisseaux de grande ampleur. On ne gagne pas une bataille ni une guerre sur la seule taille des vaisseaux que l'on aligne, c'est évident. Mais nos vaisseaux-amiraux actuels présentent un déficit de taille, de puissance de feu et de capacité de cargaison face aux navires de l'Empire. Le Valor est un bon vaisseau, excellent même. Mais coordonner une bataille de grande envergure depuis un Valor, face à un croiseur centurion ou interdictor Sith?  »


Les vaisseaux dont disposait la flotte républicaine étaient tout sauf mauvais. Pour la plupart fort récents dans leur conception, ces bâtiments étaient tout à fait aptes lutter dans une bataille. Toutefois, si le Valor pouvait être déployé en grand nombre, il fallait également deux bâtiments plus spécialisés.

    « Ce que m'a fourni votre Ministère m'a totalement plu. Le vaisseau-amiral de classe Inexpugnable présente une réelle plus-value. Il permet le transport d'une importante quantité de chasseurs et de troupes. Son aspect circulaire est parfaitement adaptée à sa mission première : diriger les manoeuvres de la flotte. C'est un vaisseau-amiral avant tout destiné à coordonner l'action depuis l'arrière mais l'étude de son armement et de ses défenses montre qu'il peut être apte à intervenir directement en plein combat, c'est ce que j'attendais. Disposer de vaisseaux-amiraux inutilisables et encombrants en pleine lutte ne sert à rien. Il faut être capable, en tant qu'amiral, de mener le front et de lancer un assaut. Avec un tel engin, de telles opérations sont possibles.

    Quant au croiseur de guerre de classe Invincible, il me comble. Il permettra à une flotte un aspect bien plus offensif, là où il faut avouer que l'Inexpugnable a un côté plus défensif et gestionnaire. Combiné à une ligne de vaisseaux de classe Hammerhead, l'Invincible pourra certainement prouver que son nom est justifié. Il possède un armement bien plus imposant que l'Inexpugnable et une taille impressionnante. Ses hangars peuvent contenir un nombre conséquent de chasseurs, ce qui empêchera un isolement du vaisseau en cas d'assaut d'escadrons ennemis. C'est le parfait navire pour mener une offensive, ça m'en a tout l'air. »




Vaisseau-amiral de classe Inexpugnable:

Croiseur lourd de guerre de classe Invincible:


Le Chancelier Scalia regarda encore un instant les plans. Il y avait de la beauté dans ce cercle formé par l'Inexpugnable. Il se réjouissait de pouvoir contempler un de ces bijoux...

    « Je souhaite faire construire douze de chacun de ces vaisseaux. Ils seraient affectés à douze flottes, chacune comprenant ainsi un Inexpugnable et un Invincible. L'idée étant d'avoir ainsi des flottes capables d'opérations offensives comme défensives, pleinement autonomes. Nous discuterons plus tard de la composition de ces flottes et de leur répartition. Je sais que je vais passer à un sujet assez différent de celui dont nous venons de parler, mais vous avez évoqué Anaxes et il me semble primordial d'évoquer un point... »


Oui, il fallait trancher le problème maintenant, sans plus tarder. Disposer de nouveaux vaisseaux était une chose, avoir des académies militaires suffisantes pour former les membres de l'armée en était une autre, plus importante encore.

    « Nous disposons aujourd'hui de quatre académies militaires. L''Académie Militaire de Carida est la plus grande de toute : elle forme les soldats de la composante terrestre, les membres la marine républicaine, nos ingénieurs, les officiers de notre armée ainsi que les futurs membres de nos services de renseignement extérieurs comme intérieurs.

    A cela, nous devons ajouter l'Académie Militaire de Raithal, spécialisée dans la formation de nos troupes terrestres. L'Académie de Corulag est plus tournée vers la formation navale. L'une comme l'autre forme les cadets vers toutes les carrières militaires possibles, l'une et l'autre se sont simplement spécialisées. Reste l'Académie Militaire d'Anaxes... celle-ci ayant connu des secousses récentes du fait de la guerre civile planétaire.

    Comme vous le savez, puisque c'est en partie la raison de ce voyage, nous allons inaugurer une nouvelle académie sur Lianna. Cela ne sera toutefois pas suffisant. J'ai lu le rapport que votre cabinet a transmis au secrétariat de la chancellerie... Je suis totalement favorable à l'installation d'une Académie Navale sur Fondor. Reste un dernier centre de formation, et sur ce point je suis pour une Académie Militaire d'Eriadu. La Bordure Extérieure a été trop longtemps délaissée. Economiquement, c'est certain, mais aussi militairement. C'est ce qui a permis le développement du message de la Ligue des Mondes Périphériques. »


Effectivement, la Bordure Extérieure avait parfois eu l'impression justifiée ne pas être l'objet des mêmes attentions que le Noyau. La raison n'était pas que malveillante... Il y avait aussi le côté stratégique : le Noyau et le Nord de la République étaient directement dans le collimateur des Sith, au contraire du sud.

    « En outre, Eriadu est à la croisée de deux routes majeures : la Route Commerciale de Rimma et la Voie Hydienne. Concentrer nos centres de formation dans le Noyau n'a pas de sens et me semble même dangereux. Voilà pourquoi je vous suggère une telle répartition, correspondant à l'augmentation de nos moyens et de nos effectifs.

    • Deux grandes académies généralistes et principales : l'Académie de Carida et l'Académie d'Eriadu. Offrant une formation poussée à tous les niveaux : armée de terre, marine, officiers, ingénierie, médecine, recherches et développement, renseignement extérieur et intérieur.

    • Trois académies généralistes mais spécialisées dans le domaine naval : l'Académie de Corulag, l'Académie de Lianna et l'Académie de Fondor.

    • Deux académies, évidemment généralistes, avec spécialisation dans le domaine terrestre : l'Académie de Raithal et l'Académie d'Anaxes.


    De cette manière, nous assurerons un développement plus cohérent de la formation de nos troupes, en répondant à la hausse des effectifs ainsi qu'en ne lésant pas les régions plus éloignées des récents conflits. »


Le Chancelier Suprême prit la tasse de café qu'avait servie consciencieusement un domestique et but une gorgée chaude et bien amère. Il se sentit revigoré, stimulé dans un travail exigeant mais prometteur.
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« Leurs chantiers navals, à tout le moins. »

Et voilà comment on évacuait une question dans ce qui était presque une métonymie, pour répondre à celle du chancelier. Il était amusant de constater que le vrai sujet de cet échange n’avait été nommé ni par l’un, ni par l’autre, comme si l’opposition était suffisamment évidente pour qu’il n’y ait pas besoin d’en dire davantage. Enfin au moins, Valérion Scalia savait parfaitement les antagonismes de ses ministres… Et déceler les piques, même les plus légères, ce qui était une bonne chose. Après tout, vu l’exercice d’équilibriste auquel il allait devoir se livrer, mieux valait en effet être paré.

Alyria appréciait que le chancelier prenne en compte ce travail préparatoire qui eut pu sembler bien ambitieux aux yeux de certains. Certes, c’était encore un projet à l’état d’ébauche, comme elle l’avait souligné, mais cela représentait un défi technologique, un moyen peut-être de montrer que l’armée travaillait aussi sur le long terme, et elle aimait cette idée, sans compter que ce type de grands travaux pouvaient parfois galvaniser les hommes, leur fournir une figure de proue symbolique.

Commentant les propos du chancelier quant au manque de puissance de feu des grands croiseurs de la flotte, la jedi ne put qu’approuver. Artorias en avait été la démonstration flagrante. Certes, la surprise avait joué, mais la vitesse à laquelle la flotte sith avait balayé les forces commandées par l’ancien chancelier révélait un manque de répondant évident. D’ailleurs il était amusant de constater que c’était la flotte jedi menée par Sai Don qui avait tenu le plus longtemps face aux forces siths. Etait-ce parce qu’elle était déjà dotée de certains de ces puissants navires corelliens ? Peut-être, c’était une observation intéressante.

« En effet, la bataille spatiale d’Artorias l’a aisément prouvée. Les bâtiments républicains ont subi de plein fouet l’attaque foudroyante de la Dame Noire, et étaient trop endommagés pour espérer sans sortir. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’insiste autant sur le besoin de recrutement dans l’Intendance, je ne vous le cache pas. Nous avons besoin d’agents capables de nous aider à contenir des dégâts subis quand les boucliers seuls ne peuvent suffire.

Cela dit, en effet, renforcer la puissance de nos navires est essentielles, et pas seulement contre l’Empire. Il est purement incroyable que certaines attaques de pirates arrivent à menacer certains de nos territoires frontaliers en réussissant à nous mettre en difficulté. Comme sur Lianna par exemple.»

Elle se contenta d’écouter le chancelier se réjouir des plans avancés par le bureau d’étude stratégique de la Défense et put constater que les recherches de ces scientifiques dévoués semblaient combler l’âme de militaire de Valérion Scalia. Mais il fallait dire qu’il y avait de quoi. Même si, finalement, la trentenaire avait bien plus souvent évolué sur terre que dans l’espace et que ses connaissances en mécanique avaient toujours été relativement médiocres, elle-même pouvait admirer le travail effectué sur ces vaisseaux, et leur potentiel aussi bien défensif qu’offensif. Sur Artorias, tout s’était joué par cette défaite terrible dans les airs, la situation au sol étant de prime abord bien plus serrées. Sauf que face à un tel carnage, bien trop peu d’engagés républicains, soldats ou jedis avaient pu retrouver une navette, et quand les bombardements orbitaux avaient commencé, elle avait su que tout était perdu. Alors elle ferait tout pour renforcer leurs forces afin de ne plus reproduire une telle horreur. 

« J’ai l’impression que vous connaissez les dossiers de mon ministère mieux que moi, Chancelier. Cela dit, je me réjouis que le travail de nos chercheurs vous convienne. Après tout, pour certains, ils triment sur ces projets depuis plusieurs années. »

La première phrase était dite sur le ton de la plaisanterie, mais il n’en demeurait pas moins que le temps passé à étudier ces dossiers avaient dû être conséquent. Mais venant d’un homme ayant toujours revendiqué son passé de militaire, y compris pendant sa campagne, cet intérêt poussé n’était guère surprenant, et Alyria pourrait faire passer un mot de félicitations pour les ingénieurs et scientifiques en charge de ces essais. Ils l’avaient bien mérité.

Bientôt le sujet bascula sur les académies, et la trentenaire écouta une nouvelle fois les dires du chancelier sans mot dire, en profitant pour consulter quelques fichiers. Après tout, ce n’était pas comme si elle ne connaissait pas ses propres dossiers ! Une fois les choses mises au point, elle enchaîna :

« Eriadu aurait l’avantage de fournir une base au sud, assez inaccessible à l’Empire sith en cas d’attaque, donc une position stratégique à l’arrière, tout en garantissant une couverture des territoires non-frontaliers. C’est en effet une excellente idée.

Tant que la situation n’est pas stabilités sur Anaxes, je préconise néanmoins une augmentation des fonds alloués à Raithal afin de construire de nouveaux bâtiments afin d’accueillir les nouvelles recrues. Autant ne pas prendre de risques inconsidérés, tout en laissant les recrues en formation terminer leur service sur Anaxes.

Néanmoins, il me semblerait intéressant d’ouvrir une académie de médecine sur Rinnal, qui a l’avantage de concentrer un certain nombre de services médicaux de pointe, que ce soit civils ou jedi d’ailleurs, et d’être suffisamment proche de Raithal pour que les recrues s’orientant vers la médecine militaire puissent y poursuivre une formation approfondie sans sacrifier l’aspect purement militaire de leur entraînement. Même un avant-poste relié aux hôpitaux civils suffirait, mais il me semble important de relier nos différents services sans nous enfermer dans des constructions uniques.

C’est pourquoi, je pense que pour parfaire ces premières décisions, il nous faut envisager l’ouverture d’avant-poste afin de permettre une présence et un passage de troupe plus efficace… Voir éventuellement une spécialisation encore plus forte.

Je préconiserais donc… »

Alyria n’acheva pas. Un bruit assourdissant venait de retentir, et des sirènes se déclenchèrent. Après quelques secondes de choc, la gardienne se ressaisit presque immédiatement et ouvrit la porte au vol, pour voir les soldats courir partout dans le vaisseau. Un gradé la vit et cria :

« Nous sommes attaqués ! Des pirates se dirigent vers nous ! »

Evidemment, la flotte avait été réduite à l’essentiel pour voyager plus rapidement, et ils avançaient maintenant vers les territoires frontaliers de l’espace hutt, ce qui pouvait expliquer une telle attaque. Quelques criminels un peu téméraires y avaient sans doute vu une grosse flotte marchande. Grossière erreur.

Se tournant vers le chancelier, Alyria demanda :

« Quand je parlais de pirates près de Lianna… Je n’imaginais pas être à ce point proche de la réalité.

Je présume que vous désirez prendre le commandement ? »

Après tout, techniquement, le chancelier passait avant la ministre de la Défense en termes de hiérarchie militaire, et elle ne voyait pas de problème à rejoindre les chasseurs pour un abordage direct, ou aider aux canons. En somme, participer directement à l’action. 
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Effectivement, le Chancelier avait passé un temps considérable à étudier les documents du Ministère de la Défense ayant transité par le secrétariat général. Quoi qu’on en dise ou pense, le problème principal de la République était, aujourd’hui, de se préparer pour une guerre probable avec l’Empire Sith. Derrière ses lignes, ce dernier se préparait sans doute depuis un moment. Il fallait maintenant mettre les bouchées doubles pour assurer que la République Galactique oppose aux Sith une puissance bien supérieure. Le nouveau budget offrait les crédits nécessaires à l’armée et aux services de sécurité mais cela seul ne pouvait suffire. Se contenter de débloquer de l’argent n’était pas suffisant, il fallait une politique sur le long terme, globale.

L’idée d’Alyria Von d’ouvrir une académie de médecine était également très intéressante. Toutefois, Valerion restait réticent, pour des motifs assez égoïstes : le sénateur de Rhinnal n’avait pas soutenu le Rassemblement Républicain. Dès lors, pour quelle raison accorder ainsi une telle position à la planète du sénateur ? La Maître Jedi pouvait se passer des considérations politiques mais pas le Chancelier Suprême, élu par le Sénat. D’autant qu’une autre solution se présentait, que la Jedi approuverait sans doute…

    « Plutôt que Rhinnal, pourquoi pas Coruscant ? Le Centre Médical de la République pourrait être relié à une académie médicale militaire, elle-même reliée au Medcorps Jedi basé sur Coruscant… »


La fin de la phrase fut couverte par un puissant bruit, agrémenté d’une violente secousse. Aussitôt une alarme retentit dans tout le vaisseau. Malgré sa formation militaire, Valerion Scalia n’avait plus participé à une opération depuis longtemps. A vrai dire, depuis la bataille d’Artorias. Il lui fallut un instant pour se remettre et adapter son esprit à la situation nouvelle et brusque qui se présentait à eux. Heureusement, il put offrir un visage solide lorsque sa Ministre s’adressa à lui.

Le commandement? L’idée n’avait pas effleuré l’esprit du Chancelier. Ce simple mot lui donna des sueurs froides et il eut un moment d’hésitation, de doute. Etait-il réellement capable de prendre la direction militaire des opérations ? Il l’avait été, oui, mais cela faisait longtemps qu’il n’avait plus été confronté à une situation effective de combat. N’était-il pas plus sage de laisser la main à l’amiral responsable du convoi, ou à Maître Von ?

Plus sage… oui, probablement. Mais pouvait-il prétendre gérer la République, gérer une guerre éventuelle, s’il n’était pas même capable de faire face à une offensive pirate ? Au diable la sagesse, ce qu’il fallait c’était de l’audace, agrémentée de sang-froid.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

Le Chancelier Suprême se leva et intima à la Ministre de le suivre, quittant l’appartement de la chancellerie.

    « Allez aux hangars, Maître Von, prenez le commandement de la chasse. Je vais sur le pont. »


Avant de la quitter, il la regarda et, d’un sourire mi-figue mi-raisin, lui dit :
    « Que la Force soit avec vous ! »


Comment un peu plus tôt imaginer que Valerion Scalia aurait pu prononcer pareille phrase ? Si la situation n’avait pas été si grave, le Chancelier et sa Ministre auraient pu en rire à s’en tenir les côtes.

Le Chancelier traversa les couloirs du Valeureux d’un pas rapide, courant presque. La sirène continuait de retentir, tandis que la voix du commandant appelait les hommes à prendre leurs postes : les pilotes à leurs chasseurs, les torpilleurs à leurs canons, les machinistes à la machinerie… Telle une ruche dérangée par la patte inopportune d’un ours avide de miel, les couloirs grouillaient d’individus sachant exactement où prendre place et que faire.

Enfin, il arriva sur le pont et arriva aux côtés de l’Amiral Dubralion, Duro de race.

    « Amiral, je prends le commandement des opérations. La situation ? »


    « A vos ordres, Excellence ! Il s’agit d’un assaut pirate, probablement en provenance de l’Espace Hutt. Deux cargos modifiés pour l’assaut, équivalant à des corvettes et une chasse d’une trentaine de vaisseaux. »


A cet instant précis, les chasseurs ennemis repassèrent au-dessus du vaisseau de classe Valor, plongeant en piqué en tirant à plein feu, essayant de profiter une deuxième et dernière fois de l’effet de surprise lié à l’attaque.

    « Bouclier supérieur à pleine puissance ! » hurla Valerion comme un possédé.


Aussitôt, le bouclier se déclencha et les salves de tir vinrent s’effondrer sur lui, protecteur bienvenu du Valeureux. La chasse se défit, évitant de pénétrer à l’intérieur du bouclier. Deux vaisseaux imprudents se retrouvèrent malgré tout à l’intérieur de celui-ci et aussitôt les batteries quad-laser se déchaînèrent, transformant les deux chasseurs en tôle déchirée.

La chasse pirate n’hésita pas plus longtemps et fila vers l’endroit d’où elle était venue. Visiblement, ordre avait été donné à celle-ci de se replier. Sans doute, le commandant ennemi s’était-il finalement rendu compte du désavantage numérique et offensif de ses deux cargos et de sa chasse. Face à un vaisseau de ligne Valor, quatre croiseurs Hammerheads et une frégate Majestic, le rapport de force n’était pas en faveur de la flotte pirate. Il n’y avait pas un instant à perdre.

    « Faites déployer la chasse. Mettez-moi en communication avec Maître Von ! »


Immédiatement, le contact fut établi.

    « Poursuivez la chasse ennemie, Maître Von. Détruisez-là et tentez d’aborder les cargos, je vais vous assurer le soutien des Hammerheads. »


La flotte républicaine avait pris une formation assez classique pour son voyage. Le vaisseau-amiral, le Valeureux, était en tête, suivi sur les flancs de deux croiseurs, tandis que la frégate majestic se trouvait en queue de convoi. Cette position expliquait que le Valeureux ait été la première cible des chasseurs pirates. Sauf que, désormais, le vaisseau vomissait ses quarante chasseurs Liberator ainsi que ses vingt-cinq Oblivion. Les pirates s’étaient attaqués à un morceau trop gros pour eux. La surprise avait déstabilisé un temps le vaisseau-amiral mais à la deuxième salve ses boucliers avaient pu défendre le bâtiment. Il fallait désormais empêcher la fuite de la chasse ennemie et prendre le contrôle des deux cargos. Déjà, ceux-ci entamaient une manœuvre de retrait, attendant avec énervement la jonction avec leur chasse.

Il s’agissait pour Maître Von et ses éléments de se ruer sur les chasseurs ennemis pour les tailler en pièce et aborder les cargos. Afin d’assurer la réussite de la manœuvre, Valerion envoya la frégate majestic et deux croiseurs hammerheads. Plus rapide que les hammerhead, la frégate arriva en soutien des chasseurs républicains, faisant plein feu sur le cargo le plus proche, dont le bouclier semblait en piteux état. Problème, l’autre cargo continuait à avancer, essayant de fuir pour être suffisamment loin et passer en hypersespace.

    « Pleine puissance sur les réacteurs, amiral. Hauteur, trente degrés. »


Le Valor se mit en route, le vaisseau vrombissant sous la puissance de ses réacteurs. Il prit de l’altitude, suivi par son escorte restante de deux Hammerhead. Rattraper le cargo tentant de s’échapper n’était pas possible mais ce n’était pas l’objectif de Valerion. Il entendait mettre le vaisseau-amiral suffisamment en hauteur pour avoir un angle de feu non gêné par l’assaut mené contre la chasse et l’autre cargo ennemis.

    « Stabilisation du vaisseau. Verrouillez nos canons à ion sur la cible ! »


    « Cible verrouillée à dix heures, Chancelier ! Cinquante-cinq pour cent de chances d’atteindre l’objectif. »


    « Feu ! »


Les canons à ion tirèrent, traçant dans l’espace des traits bleu électrique… et frappèrent de plein fouet le vaisseau ennemi ! Le cargo avança encore un instant puis cessa toute avancée, ses instruments mis complètement hors-service. Aussitôt, le Chancelier prit la communication, à destination de l’équipage du vaisseau.

    « Ici le Chancelier Scalia ! Beau travail, soldats. Du nerf, ces hommes connaîtront bientôt la sévérité de la Justice républicaine ! »


Court instant de diatribe militaire. Mais mieux valait être rapide car tout n’était pas encore terminé. Il ordonna qu’on le mette en contact avec Maître Von, dont la chasse réduisait en miettes celle de l’ennemi et avait déjà sérieusement endommagé le cargo le plus proche. L’un des deux Hammerhead envoyé à l’assaut venait d’enclencher son rayon tracteur, immobilisant le vaisseau ennemi.

    « Nos batteries à ion ont immobilisé le cargo ennemi le plus éloigné. Profitez-en pour vous emparer, Maître Von, ses systèmes ne resteront pas indéfiniment éteints. »


La communication fut coupée et le Chancelier ordonna que la flotte avance vers les combats. Petit à petit, la bataille prenait fin. Déjà, le premier cargo était pris d’assaut, tandis que la chasse ennemie disparaissait à vue d’œil. Ne restait plus qu’à prendre le vaisseau immobilisé par les batteries à ion du Valeureux et l’opération serait un succès.
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Alyria s’était dit que le Chancelier aimerait prendre la direction des opérations, et ne s’était pas trompée. En même temps, de la part d’un ancien militaire, c’était normal, et de toute façon mieux valait qu’il asseye son autorité maintenant plutôt que de s’appuyer sur une simple ministre, enfin si on pouvait qualifier ainsi l’une des personnes les plus puissantes de la République potentiellement. Et puis, si elle devait être honnête, la maîtresse d’armes préférait largement une telle répartition des tâches : commander toute une flotte… Bon, elle devrait sans doute le faire à un moment où à un autre, mais tout de même… Oui, l’action plus immédiate lui conviendrait mieux. Après tout, savoir faire fonctionner une chasse, être au contact de ceux qui bravaient en premier le danger, les plus exposés, n’était-ce pas un moyen également d’apprendre à gérer une telle situation d’en haut ?

On reprochait souvent aux grands chefs de ne pas beaucoup s’occuper des réalités du terrain, de méconnaître les subtilités des petites mains qui pourtant contribuaient plus que significativement à la victoire… ou à la défaite. Elle ne ferait pas partie de cette catégorie, de toute façon, ce n’était tout simplement pas son caractère.

Échangeant un dernier regard avec Valérion Scalia, elle ne put s’empêcher de sourire et lui répondit simplement :

« Et avec vous, Chancelier. »

L’ironie de la chose était amusante, mais pourtant, une partie d’elle-même sentait que même les plus petites plaisanteries contenaient un fond de vérité sur les gens. Certes, le Chancelier ne partagerait jamais son code ni ses certitudes, mais peut-être qu’avec le temps, il s’apercevrait de la valeur de ces derniers, ou tout du moins de la bonne volonté sans ambiguité qui se cachait derrière ces mots maintes et maintes fois répétés par les jedis. Plus qu’une profession de foi quelconque, c’était avant tout un liant, une manière de se sentir appartenir à la même communauté d’esprit, et bien sûr une façon amicale de se souhaiter bonne chance, sans vraiment le dire, de remettre son sort dans le destin, et dans ses capacités. Après tout, la Force était avec tous les jedis, au sens propre.

Alyria se fit donc conduire aux hangars, et son entrée provoqua une certaine vague de stupeur de la part des pilotes, dont certains soupiraient déjà en s’imaginant devoir subir un discours censé les galvaniser ou quelque chose dans le genre. Quand elle annonça qu’elle comptait prendre le commandement de la chasse sur ordre du Chancelier, les têtes des hommes et femmes présents furent assez comiques. L’un d’eux s’avança et déclara, l’air clairement gêné :

« Sauf votre respect, Madame la Ministre… »

« Vous vous appelez ? »

« Tanner, Madame, Lieutenant Tanner. »

« Ne vous inquiétez pas Lieutenant, je servirais simplement de relais entre l’escadron déployé et le Chancelier. Je ne compte pas piloter en personne. »

Cela eut l’air de grandement soulager les pilotes, et Alyria les comprenait aisément : devoir protéger le chasseur d’une ministre… Elle n’osait pas imaginer l’horreur que cela pouvait représenter.

« Bien, et au niveau de l’organisation… ? »

« Les commandants habituels prennent la tête des escadrilles, j’accompagnerais la troisième à bord d’un Oblivion. »

Les concernés hochèrent la tête, et Tanner finit par dire :

« Mon propre Oblivion est par là… Si vous voulez venir… »

La jedi acquiesça, et suivit le lieutenant, puis entra dans la navette de transport lourd, saluant les quelques soldats déjà installés à l’intérieur. Toutes les places n’étaient pas occupées, évidemment, mais en cas d’abordage, leurs forces pourraient se déployer vite et frapper fort. Tandis que Tanner s’installait sur le siège du pilote, elle prit la place du copilote.

Soudain, une communication arriva. La voix du Chancelier résonna alors.

« Bien reçu. »

Pas besoin d’en dire plus. Le vrombissement des moteurs subluminiques se fit entendre, et ils purent enfin décoller, tandis que le message était transmis à l’ensemble des pilotes. Avec un sourire carnassier, Tanner déclara :

« La chasse est ouverte. »

Le jeu de mots était assez mauvais, mais cela suffit pour tirer un sourire à Alyria. Cependant, bien vite, elle reprit son sérieux, et ouvrit une communication générale au sein de la de la chasse :

« Ici Transporteur Alpha, ordre est donné aux escouades Alpha et Bêta de prendre en tenaille la chasse ennemie. L’escouade Gamma se chargera du premier cargo, puis les deux autres continueront vers le second. »

Les chasseurs s’élancèrent donc en formation, les deux premières assurant une tactique ayant depuis longtemps fait ses preuves : celle du marteau et de l’enclume. Tandis que l’escouade Bêta composée essentiellement d’Interdictors se mit à poursuivre les fuyards, les Oblivions et Interdictors restant, soutenus par les deux croiseurs les rabattirent de l’autre côté.

Silencieusement, Alyria observa le ballet des chasseurs qui se poursuivaient sous ses yeux, tournoyant et projetant ce qu’un enfant aurait pu prendre en toute naiveté pour un spectacle de feux d’artifice… Sauf que ceux-là tuaient, et la réalité se chargea bien vite de se rappeler à elle quand la trentenaire ne put qu’assister, impuissante, à la destruction d’un de leurs appareils. Aussitôt, le lieutenant Tanner se lança dans la traque du tireur, et un sourire de satisfaction farouche se peignit sur ses traits quand leurs propres canons-laser réussirent à atteindre le vaisseau ennemi.

Bientôt, profitant de la supériorité numérique et de leur expérience, les chasseurs républicains réduisirent à néant les derniers bâtiments pirates, et Alyria ne doutait pas que l’escouade Gamma ait pleinement rempli son rôle.

Soudain, nouvel appel du Chancelier, il fallait donc donner l’assaut. La jedi confirma donc avoir reçu la transmission et rouvrit les communications vers sa propre escouade, qui comportait la majorité des Oblivions, donc des troupes possibles pour un abordage, afin de leur faire parvenir les nouvelles directives. Voilà enfin quelque chose où elle allait se sentir plus utile.
Un cargo immobilisé aux systèmes rendus défectueux était une proie facile, aussi le prendre d’assaut ne fut guère compliqué. Déjà, par ailleurs, une manœuvre d’encerclement était faite. Le reste dépendrait de leur célérité.

Lorsqu’elle put enfin poser le pied par terre, Alyria ne put retenir un soupir de contentement. Pas de doute, elle était beaucoup plus à son aise sur un sol ferme que dans l’espace. L’accueil fut comme attendu, soit à coup de blaster. Avec souplesse, la jedi les évita, et lança rapidement une Protection de Force sur sa personne. Puis d’une voix puissante, elle déclara, prenant d’office le commandement comme le voulait la hiérarchie :

« Equipes 2, 3 et 4, progressez vers la salle des machines, nous vous couvrons. Equipes 1 et 5, avec moi ! »

Face à un maître jedi en pleine possession de ses moyens, qui plus est un maître d’armes, le combat était assez inégal, aussi Alyria n’eut guère de mal à se frayer un chemin vers la poche principale de tireurs et une vague de Force résolut amplement ce premier problème, les hommes déséquilibrés étant ensuite cueillis par les militaires.

Après s’être rendus maîtres des hangars, les républicains, toujours sous son commandement, laissèrent un petit groupe en arrière pour surveiller les prisonniers, et continuèrent leur progression jusqu’au pont principal. Et là, ils trouvèrent ce qu’ils cherchaient, soit le chef des pirates, et ce qui semblait être sa garde rapprochée.

Alyria abaissa légèrement son sabre, et arrêta ses hommes d’un bref geste de main. Ceux-ci se regardèrent, perplexes, mais ne bougèrent pas. Ses yeux verts se posèrent sur le chef pirate, un devaronien plutôt large d’épaules, et au blaster pointé dans sa direction.  Essayant de diffuser une aura apaisante dans la Force, elle dit :

« Rendez-vous, vous êtes cernés, vos comparses sont en fuite ou déjà capturés. Si vous ouvrez le feu, vos compagnons mourront, et d’autres républicains viendront. Vous ne tiendrez pas. Si vous coopérez, la justice républicaine saura s’en souvenir. »

Un des hommes de main présents hurla :

« De toute façon, entre la mort ou trente ans de tôle, j’préfère encore crever ! »

Les autres approuvèrent d’un signe de tête. La demi-hapienne fixa alors celui qui venait de parler et lui demanda calmement :

« Vous n’avez pas décidé de cet assaut, et si vous vous rendez, les charges seront moins importantes. Dites-moi, qu’est-ce que vous préférez : une mort stupide ou une chance d’être en vie et de pouvoir éventuellement vous reconvertir dans une autre activité après quelques années ? »

Tout en parlant, elle continuait d’avancer. La maneouvre était assez dangereuse à première vue, mais en même temps, couverte par plusieurs militaires entraînés et avec ses propres capacités de maître jedi et de maître d’armes, elle trouvait le risque finalement assez minime. Enfin, son dernier mot prononcé, elle se concentra sur le pirate le plus proche afin d’influencer subtilement son esprit par la bien connue Persuasion de Force. Ce dernier finit par hocher la tête et dit :

« C’est vrai que … Je tiens à ma peau moi… Pourquoi on irait se suicider les gars ? »

Aussitôt, les uns se mirent à hurler sur le « traître », lui disant de ne pas se laisser influencer par les « trucs de jedis », les autres répliquant qu’après tout il n’avait pas tort. Profitant de la confusion qui régnait chez les pirates, Alyria fit un signe très discret à quelques soldats qui en profitèrent pour cerner les pirates.

« Messieurs, je ne sais pas ce que vous allez décider, mais je vous conseille de faire vite. »

Ils étaient pris au piège. Résignés, les pirates déposèrent alors leurs armes, et c’est avec satisfaction qu’Alyria les vit sortir entourés des militaires républicains, et le tout, sans une goutte de sang versé. Jedi un jour…

La maîtresse d’armes retourna dans le hangar, monta dans son propre vaisseau après avoir ordonné l’extraction des prisonniers, et contacta enfin Valérion Scalia :

« Ici Alyria Von. Le deuxième cargo est sécurisé, la majeure partie de l’équipage a été faite prisonniers, y compris leur chef.»

Il était temps de revenir sur le Valeureux. 
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L'opération était une réussite. Le deuxième cargo avait été abordé sous l'égide de la Ministre Von et les chefs de cette action de piraterie s'étaient finalement décidés à rendre les armes, ce qui avait amené leurs comparses du premier cargo à en faire de même. La République comptait cinq pertes humaines, ce qui restait relativement peu élevé au regard du nombre de pirates éliminés. Près de l'ensemble des trente chasseurs ennemis avait été balayé et les abordages avaient causé plusieurs morts. On devait avoir avoisiner un peu plus d'une trentaine de décès. Un déséquilibre dans les pertes humaines s'expliquant "simplement" par la meilleure instruction des soldats républicains, la discipline, l'équipement et le nombre.

    « Beau travail, Maître Von. »


Il n'y avait rien d'autre à dire, la Jedi savait quoi faire. Il convenait maintenant de ramener les prisonniers à bord du Valeureux. Pendant ce temps, les soldats prenaient pleinement possession des navires pirates. Ceux-ci seraient confiés aux chantiers navals de Lianna pour être fondus, servant ensuite à la construction de vaisseaux de guerre républicains. Les chantiers navals de Lianna appartenaient désormais, comme la plupart des grands infrastructures de production navale de la République, à la Confédération Navale de la République Galactique. Le premier arrêté de la chancellerie suprême avait été un acte fort : la nationalisation des grands chantiers navals de la galaxie, placés sous la direction d'une entreprise publique nouvellement créée. Véritable méga-corporation, la Confédération Navale permettait au Chancelier et à son Gouvernement d'assurer une véritable politique globale en matière de construction de navires militaires. Afin d'assurer l'obéissance de la nouvelle société, Valerion avait mis à sa tête un de ses plus fidèles alliés... l'Amiral Thilandril. Désormais, les chantiers navals tournaient à plein régime, construisant en priorité les navires destinés à la Défense. Du nord au sud de la République, on construisait des vaisseaux contre lesquels l'Empire Sith s'écraserait, s'il lui prenait la folie d'attaquer la fédération républicaine.

Le Chancelier Suprême prit la parole, s'adressant aux forces militaires victorieuses.

    « Ici le Chancelier Scalia. L'opération a été un succès, nous sortons victorieux. Je salue votre courage, soldats, ainsi que la mémoire de nos camarades morts au combat. Vive l'Armée, vive la République! »


La communication s'éteignit mais, sur le pont du Valeureux, les membres de l'équipage se levèrent et applaudirent le Chef de l'Etat. Une attention qui émut l'Artorien, qui jugeait celle-ci imméritée au regard de la situation favorable dans laquelle il avait agi. Il n'en serait pas toujours ainsi. Rendant le commandement à l'amiral responsable du convoi, le Chancelier quitta les lieux pour se rendre aux hangars, où la Ministre Von allait arriver, accompagnée des prisonniers. Il arriva à l'instant même où la Jedi débarquait. Ses hommes escortaient les pirates arrêtés, qui quittaient en file indienne les transporteurs pour rejoindre les cellules du navire de commandement. Valerion Scalia s'avança vers Maître Von et lui serra la main, la félicitant chaudement. C'est alors qu'il remarqua les journalistes... Il les avait oubliés. Le Valeureux comptait à son bord plusieurs journalistes, accompagnant logiquement la délégation fédérale vers Lianna. Le sourire sincère de Valerion se mua en sourire forcé et il adressa quelques mots à Alyria tandis que les reporters prenaient des clichés où l'on voyait en arrière-plan les prisonniers, surveillés par des militaires.

    « Décidément... La politique, que voulez-vous. Allons-nous en. »


Il invita la Jedi à le suivre et c'est ainsi qu'ils purent prendre la direction de leurs appartements, échappant ainsi aux photographes, pour lesquels ils étaient contraints de faire bonne figure. Cette rapacité journalistique déplaisait extrêmement à Valerion Scalia, il devait cependant admettre que la propagande qui résulterait d'un tel évènement serait fatalement bonne pour son image comme pour celle de Maître Von. Enfin, on arriva à destination et le Chancelier et la Ministre se retrouvèrent à nouveau dans le salon qu'ils avaient du quitter quelques deux heures plus tôt. Valerion signala qu'il allait prendre une douche et quitta son amie, le temps de redevenir présentable.

Son amie? C'était le mot qui était apparu dans l'esprit du Chancelier. Il eut le temps de réfléchir à ce terme tandis qu'il se rafraichissait, se demandant s'il correspondait à la réalité ou à ses envies. Après tout, ils ne se connaissaient pas encore très bien... Leurs relations étaient surtout restées professionnelles, pourtant le Chancelier éprouvait une sorte de sympathie viscérale à l'égard de sa ministre. En bien des points, Alyria Von lui rappelait sa défunte épouse, Helena. Oh, il n'éprouvait aucun sentiment amoureux à l'égard de la Jedi, ça non! Mais il retrouvait dans la personnalité de la Ministre de la Défense des traits qu'avait manifesté la brillante Helena. Le goût pour l'action, des avis tranchés mais mûrement réfléchis, une condition physique d'athlète, une certaine vivacité d'esprit, une beauté autoritaire et un sens aigu du devoir... Ce qui séparait Helena et Alyria, c'était l'institution qu'elles avaient rejoint : l'Armée pour l'une, l'Ordre Jedi pour l'autre. Cela pouvait sembler être une différence assez minime au regard de leurs nombreuses ressemblances mais ce n'était pas le cas. Cela ouvrait une faille entre la défunte et la vivante. La mentalité militaire était fondamentalement différente de celle des Jedi.

Après s'être lavé et avoir enfilé de nouveaux vêtements, Valerion alla s'installer dans un confortable salon du fauteuil, où il retrouva Maître Von. Aussitôt, une petite lumière bleue signala que l'amiral souhaitait entrer en communication avec le Chancelier.

    « Votre Excellence. Je tiens à vous signaler que les prisonniers ont été incarcérés et seront livrés aux autorités fédérales sur Lianna. Les bâtiments ont repris leurs positions de navigation et nous allons reprendre la route. Nous atteindrons la planète dans six heures. »


D'un signe de tête, l'Artorien remercia le haut-gradé et la communication s'éteignit. Le Chancelier lâcha un soupir de fatigue. Et dire qu'il allait falloir se coltiner le gratin liannais à l'arrivée...

    « Vous allez dire que je me répète mais laissez-moi encore vous félicitez pour votre intervention. C'est là que l'on voit l'utilité des Jedi en de tels circonstances. Vos aptitudes offrent un avantage stratégique, ce qui permet d'épargner des vies. L'abordage du premier cargo s'est avéré plus ardu que celui auquel vous avez participé. »


Un droïde entra, proposant des boissons. Le Chancelier demanda un café, qu'il obtint aussitôt. Touillant dans sa tasse avec sa cuillère, Valerion reprit la parole.

    « Ma question va vous paraître étrange... Mais que pensez-vous de ce gouvernement? J'entends par là votre avis sur le plan politique mais aussi personnel. Après tout, je ne peux pas dire que toutes les personnalités que j'ai nommées me plaisent particulièrement. Prenons Ragda Rejliidic, par exemple... C'est un individu qui n'a soutenu ma candidature à la chancellerie que parce qu'il y voyait un avantage personnel et savait impossible toute alliance de la Ligue des Mondes Périphériques avec la Reine d'Onderon. Son le soutien m'était nécessaire mais le Hutt me révulse profondément. Aucune valeur, aucun honneur, aucune idéologie en laquelle il croit réellement. Je n'aurais pas insisté, jamais nous n'aurions eu la réforme fiscale que j'ai souhaité. Vous allez me prendre pour un naïf, peut-être, mais je crois en ce que je fais. Je pense qu'un Chef d'Etat et son Gouvernement ont une responsabilité écrasante qui oblige à prendre des décisions dont la portée doit bénéficier à tous les citoyens sur le long terme. Une fiscalité plus juste, une meilleure répartition des revenus, une sécurité sociale plus forte, une force armée restaurée dans son honneur... Ce que j'ai promis aux citoyens lors de la campagne, j'y crois toujours et j'ai pour objectif de mettre chaque point en oeuvre. Une bonne partie de mes réformes est déjà passée mais il y aura toujours des points à améliorer, des éléments à rénover, des innovations à faire. »


Le Chancelier but une gorgée de café, ayant au préalable mis du lait dans celui-ci. Il réfléchissait, tourmenté. Oui, toutes ces sangsues autour de lui le dégoûtaient. Il avait l'impression d'être l'un des rares individus à suivre un idéal politique et à vouloir le concrétiser.

    «Voyez-vous, Lord Janos... Nombreux sont ceux qui l'ont vu comme un idéaliste un peu illuminé, extrême. Aujourd'hui, il a réussi à atténuer cette image mais subsiste le sentiment qu'il a des idéaux bien abstraits chevillés au corps. L'Ordre, tout ça. »


Valerion agrémenta ses paroles d'un balaiement de la main.

    « Pourtant, il n'a pas hésité à parier sur mon adversaire, Emalia Kira. Le nouveau sénateur d'Aargau l'a clairement fait comprendre et l'opposition entre Ion Keyiën et l'actuel Vice-Chancelier lors des dernières minutes de la campagne l'a bien montré... L'ambition personnelle est un moteur bien plus puissant chez lui qu'un réel idéal, j'en suis convaincu. Oh je ne me fais pas d'illusion, Maître Von, ni sur les autres ni sur moi-même. Le désir de pouvoir je l'ai, comme bien d'autre, et sans celui-ci je ne serais probablement pas Chancelier. Mais l'ambition personnelle est une chose qui peut être mise au service d'une cause, d'une idéologie, d'un discours politique.

    Mais je vous demande votre avis et je ne parle que de moi... Qu'en pensez-vous, Maître Von? Votre avis m'est précieux. Après tout, vous occupez un poste politique sans appartenir à une formation du Sénat. J'apprécie votre vision analytique des situations, mais c'est à un avis plus personnel que je fais appel, en toute amitié. Que pensez-vous du Vice-Chancelier Janos? »
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« Z’allez avoir droit aux journaleux en revenant à bord, Madame la Ministre. »

Le lieutenant Tanner avait prononcé ces mots tout en mâchonnant un bout de tabac froid qu’il avait sorti des recoins de son vêtement, ce qui était sans doute une habitude d’après-victoire, selon les déductions d’Alyria. Assise à ses côtés, la maîtresse d’armes soupira et finit par demander, guère enchantée par une telle perspective :

« Vous croyez ? »

« A leur place, j’hésiterais pas moi. Z’imaginez les images à publier dans leurs feuilles de choux ? Avec un bon titre bien racoleur du style Le gouvernement dans le feu de l’action, tous les détails dans notre édition spéciale ! Ah ouais, je vois ça d’ici… »

Retenant un reniflement agacé, la jedi se contenta de répondre sur un ton pince-sans-rire :

« Vous savez comment motiver quelqu’un à sortir de votre vaisseau Lieutenant… Je me demande si je ne vais pas y rester un peu plus longtemps que prévu. »

La tête déconfite que lui réserva le militaire aurait suffi ordinairement à la faire éclater de rire, mais par égard pour l’homme, elle se retint à grand peine, seul un léger sourire apparaissant sur ses lèvres. Mais à sa profonde surprise, le pilote finit par bougonner :

« Si jamais l’envie vous prend de vous planquer pour échapper à la meute… Vous aurez qu’à venir au mess des pilotes.»

Sincèrement touchée par cette offre, qui était ce qui s’approcherait le plus d’une standing-ovation de la part de la chasse républicaine, Alyria se leva de son siège, le vaisseau s’étant stabilité, et donna une légère tape amicale sur l’épaule de l’officier, avant de dire en guise d’adieu :

« Ce sera avec plaisir, un de ces jours peut-être. »

Les mots auraient pu sonner creux, mais la trentenaire voulait laisser passer le message, la conviction que dès qu’elle le pourrait, elle viendrait voir ces hommes et ces femmes qui avaient brillamment opéré en ce jour. A vrai dire, elle se demandait si elle aurait l’occasion de le faire au cours de ce voyage.

Alyria descendit enfin de la navette Oblivion pour se voir accueillir par le Chancelier en personne… Et les journalistes présents à bord, comme Tanner l’avait prévu. La sang-mêlée accueillit donc les félicitations du chef de l’Etat avec quelques sourires, puis siffla entre ces dents alors qu’ils partaient :

« Je retire ce que j’ai dit ce matin… Je préfère encore une bonne bataille à nos charmants amis… »

Au moins, dans le feu de l’action, elle ne passait pas son temps à forcer ses maxillaires pour maintenir un sourire guère naturel.

Arrivés dans la pièce qu’ils avaient quittée lors de l’assaut, Valérion Scalia annonça son intention de prendre une douche. Sa ministre acquiesça, bien qu’elle se demandât intérieurement pourquoi un tel besoin au milieu de la journée alors que le Chancelier était resté sur le pont de commandement pendant toute la durée des opérations. Peut-être que l’ancien officier de Carida avait connu quelques sueurs froides pour son baptême du feu en tant que commandant en chef des armées ?

Alyria profita néanmoins de ce répit pour aller se rafraîchir elle-même, et surtout pour changer ses gants immaculés ordinairement et à présent couvert de poussière et poisseux. Ces gants représentaient sa seule coquetterie vestimentaire, et, à défaut d’avoir choisi librement de les porter, au moins elle tenait à leur propreté et à leur élégance avec un soin quasiment maniaque.

Cela fait, elle envisagea de sortir pour aller voir les membres de la chasse, mais une communication vint la tirer de ses pensées. Son directeur de cabinet tentait de la contacter.

« Oui ? »

« Ah, Alyria c’est toi. »

Le fait que son directeur de cabinet habituellement si compassé et respectueux du protocole l’appelle par son prénom toute en la vouvoyant avait de quoi l’inquiéter. 

« Qu’y a-t-il ? »

« C’est plutôt à toi que je devrais demander ça ! Bon sang, et le chancelier ? Est-ce que… ? »

Il était rare de voir l’echani perdre son sang-froid de la sorte, aussi Alyria attendit un moment qu’il se calme avant de redemander ce qu’il se passait.

« Tel’kasan et moi étions en réunion quand on a appris que votre vaisseau s’était fait attaquer. Tout le Sénat ne parle que de ça déjà, des infos ont filtré. »

Alyria entreprit donc de lui narrer les événements, et à mesure qu’elle parlait, le vieil homme reprenait peu à peu contenance. Quand il reprit la parole, ce fut sur son ton normal, la politesse consacrée de retour.

« Bien, je vois. Histoire d’éviter que les bruits les plus improbables circulent, je pense qu’il serait bon de faire un communiqué officiel rapide destiné à toutes les agences de presse. »

« En effet, c’est une bonne idée. Je vous laisse vous en charger avec l’amiral Tel’kasan et j’en informerais le Chancelier de mon côté. Je vous envoie la confirmation dès que j’ai son accord. »

La communication s’arrêta là. Devoir gérer l’après-crise, les conséquences d’une éventuelle couverture médiatique… Tout cela était nouveau pour la maîtresse d’armes, et elle se bénissait d’avoir pris Fenter comme directeur de cabinet. Jamais elle n’aurait pensé seule à prendre une telle mesure. La gardienne savait comment agir sur le terrain, le reste… Chez les jedis, c’était l’affaire du Conseil. Comme quoi, il fallait toujours un début à tout.

Regagnant le salon, Alyria se cala dans l’un des fauteuils à sa disposition et s’autorisa à lâcher un profond soupir de bien-être. Fermant les yeux, elle se laissa envahir par la Force, se ressourçant dans son aura bienfaisante. Elle resta ainsi un long moment, adoptant presque naturellement un rythme de respiration semblable à celui utilisé pour entrer en médiation, et son esprit se mit à vagabonder dans les méandres de la Force Unificatrice.

Le retour du Chancelier et la voix de l’amiral mirent fin à sa transe. Dommage, elle aurait bien prolongé sa méditation improvisée encore quelques minutes. Mais le devoir, enfin en l’occurrence, le Chancelier l’appelait, ce dernier commençant par réitérer ses félicitations, glissant un commentaire sur les aptitudes des jedis.

Alyria demanda un thé au droide, y trempa ses lèvres avant de répondre simplement :

« Pour la conduite de la chasse, je n’y suis strictement pour rien, et les soldats étaient suffisamment bien entraînés pour conduire un abordage frontal sans trop de pertes. Quant au reste… Un brin de psychologie et la Force peuvent être des aides précieuses. Même si heureusement, les aptitudes des jedis ne se limitent pas aux négociations de dernières minutes avec des pirates. »

Les choses auraient pu s’arrêter là, mais Valérion Scalia enchaîna sur un tout autre sujet, qui ne manqua pas de la surprendre. Ce qu’elle pensait du gouvernement, et donc de ses collègues ? Etait-ce une question piège ? Elle préférait ne pas l’envisager ainsi, mais côtoyer le monde politique l’avait rendu assez méfiante sur la place à donner aux réponses parfaitement honnêtes et sans ambiguïté aucune. Pourtant, l’homme assis en face d’elle semblait étonnamment sincère, prêt à révéler certains détails sur ces propres pensées… Et pas forcément très amènes vu la description faite du Ministre de l’Economie. Cela aurait pu être un mensonge éhonté, mais Alyria sentait dans la Force qu’à cet instant, le Chancelier disait la vérité.

Peut-être que sous le masque du politicien rompu aux arcanes du pouvoir se révélait dans ce petit moment de confidences la solitude du pouvoir, cet isolement que connaissent ceux arrivés tout en haut de l’échelle sociale, au bout de leur ambition, et qui se retrouvent là, sans personne à qui confier leurs doutes, ou tout simplement sans individu pour échanger sereinement, par crainte de voir ce qu’ils pourraient dire se retourner contre eux. Si la maîtresse d’armes se risquait à quelques conjectures rapides, elle aurait dit que c’était précisément pour ces raisons que le Chancelier lui demandait son avis personnel : parce qu’elle n’avait pas d’intérêt politique particulier, pas de carrière à construire. Au fond, comme elle l’avait supposé dès le départ, elle était l’élément neutre, et donc potentiellement le plus loyal du lot. Amusant que l’élément le moins dangereux du gouvernement de Valérion Scalia soit un maître jedi, quand on y pensait.

Cependant, elle devait bien répondre quelque chose au Chancelier, et décida d’y aller prudemment. D’une voix douce, sentant que l’artorien avait autant besoin d’un avis que d’un soutien au vu des ondes tourmentées qui dansaient dans la Force autour de lui, Alyria déclara :

« Si vous ne croyiez pas en ce que vous faites, je serais sans doute un peu inquiète… C’est plutôt rassurant, je trouve, de savoir que le dirigeant de la République a un cap, des convictions. »

Et enfin, le Chancelier sembla aborder le membre du gouvernement qui lui tenait le plus à cœur… Lord Janos, son Vice-Chancelier, le nouveau chef du gouvernement après la révision de la Constitution… Qu’Alyria avait trouvé fin saoul dans une cantina de Coruscant il n’y avait pas si longtemps de cela.

Que pensait-elle du cyborg ? L’écart d’âge était bien trop grand entre eux pour l’avoir connu comme jedi. A vrai dire, quand Côme Janos avait quitté l’Ordre, elle-même n’était même pas encore une initiée. Elle ne pouvait donc se fonder sur aucune connaissance personnelle, seulement quelques bruits de couloirs qui avaient couru chez les maîtres les plus âgés, et donc susceptibles de l’avoir connus en ce temps-là. Il lui restait donc ce qu’elle savait du politicien… Et les derniers agissements découverts de ce dernier, qui d’ailleurs la mettait dans un certain embarras, notamment ce fameux enregistrement trafiqué. Devait-elle le révéler au Chancelier ? Son devoir et sa conscience le lui dictait.

Restait maintenant à amener le problème. Et ce, en toute amitié selon l’expression de Valérion Scalia. Expression troublante d’ailleurs : ils n’avaient eu que des relations strictement professionnelles, ne se connaissant guère en dehors des réunions de bureau… Le choix de mots était assez étonnant.

Alyria prit donc une grande inspiration, se leva pour chercher son datapad personnel, se rassit et déclara :

« Je ne connais aucunement Lord Janos personnellement, étant donné qu’il a quitté l’Ordre jedi avant que j’en fasse moi-même partie. Je ne peux donc avoir d’avis que sur le politicien qu’il est aujourd’hui.

Ambitieux, il l’est, évidemment. Mais ce qui est intéressant chez Lors Janos, c’est à mon sens sa capacité à se positionner par rapport à des inimités profondes pour mieux développer son idéal politique, et ce peu importe si ses ennemis viennent de son propre camp… A vrai dire, ils ont même plutôt tendance à venir de son propre camp.

Il suffit de regarder : son antagonisme avec Ragda Rejiilic est connu de tous, et ce même quand ils soutenaient tous deux Halussius Arnor. Puis, au moment où il est censé vous soutenir, il se met à dos Ion Keyien publiquement… Tout en humiliant Emalia Kira au passage. Mais ceci est presque de l’ordre du détail.

Je ne sais pas exactement ce que cela veut dire… Mais c’est un phénomène intéressant à observer, ne trouvez pas ? Il en dit à mon sens plus long que n’importe quel discours ou profession de foi. »

Alyria avait toujours trouvé bien plus parlant les comportements des hommes politiques, et celui-là était un modèle de complexité politique comme elle en avait rarement vu. En un sens, elle aurait presque pu éprouver de l’admiration pour un tel animal politique, au sens le plus pur du terme.

« Pourtant, il y a sans doute quelque chose derrière ce besoin d’avancer, et qui s’est peut-être grippé. Je ne sais pas si votre secrétaire général vous en a parlé, mais il y a peu de temps de cela, le Vice-Chancelier s’est réfugié dans une cantina assez sordide pour … se saouler. Oui, je sais, j’ai été moi-même surprise, cela ne correspond guère au personnage.

Et pourtant, quand j’ai pris sur moi d’aller le chercher pour éviter le scandale de faire débarquer la troupe… J’ai bien dû me rendre à l’évidence. Il était… Je ne sais comment dire… Perturbé. Oui, c’est cela, c’est le mot qui convient, s’exprimant étrangement, à la troisième personne ou à la première du pluriel.

Cela peut vous paraître comme un détail, et sur n’importe qui ce serait le cas. Mais je ne sais pas, il y avait comme un fossé entre cette façade habituelle et ce comportement soudain. Et peut-être que j’en connais la cause. »

Elle tendit alors le datapad au Chancelier.

« Ceci est l’enregistrement pris par Lord Janos lors des attentats de Flydon Maxima, qui ont servi pour compléter le dossier d’accusation monté contre Ragda Rejiilic. L’analyse des renseignements, comme vous pouvez le constater en lisant ce dossier, est formelle : cet enregistrement a été trafiqué. C’est un patchwork reconstitué a posteriori en usant des paroles de la Dame Noire… Mais en les réarrangeant. Je vous laisse également consulter le rapport de Maître Berryl récupéré après ces événements, et qui fut le contact direct du Vice-Chancelier à ce moment-là.

Inutile de préciser que les conclusions auxquelles on peut être amené après cela sont assez troublantes. Bien sûr, il est tout à fait possible qu’une faille des circuits robotiques de Lord Janos ait conduit à un tel … arrangement. »

Mais c’était peu probable, et Alyria n’avait pas besoin de le dire à voix haute. Un peu embêtée de lancer ce qui aurait pu ressembler à une charge, elle passa sa main dans sa chevelure flamboyante, elle souffla finalement :

« Je pensais que vous aimeriez être au courant. »

Il était temps de changer de personne, aussi Alyria embraya :

« Quant aux autres membres du gouvernement… Vous savez pertinemment que les positions passées du sénateur de Corellia ne me le rende pas forcément sympathique… Et je pense que c’est assez compréhensible.

Cela dit, c’est un tribun, et un connaisseur éclairé de la Rotonde. Tant qu’il trouvera son compte dans ce gouvernement, il ne sera sans doute pas aussi… gênant qu’il a pu l’être lors des deux mandatures précédentes. Même si vos mesures de nationalisation resteront dans un coin de sa mémoire, n’en doutez pas.

Cependant, il n’y a aucun dossier sur lui dans les archives des services secrets, enfin du moins contenant des informations aussi sensibles que celles que je viens de vous donner.

Je pense ne pas avoir besoin de m’étendre sur le cas de la ministre de la Justice, ce qui vaut pour Ion Keyien vaut pour elle. S’il reste, elle reste. S’il part… Elle le fera aussi, selon toute probabilité. »

Alyria reprit une gorgée de son thé, qui avait largement eu le temps de refroidir, avant d’ajouter :

« L’ascension fulgurante d’Alan Bresancion est assez fascinante… Je ne le connais pas assez pour en dire grand-chose, il n’est pas le plus vocal des sénateurs, mais au moins, en nommant un médecin au poste de Ministre de la Santé, on peut dire que vous ne risquez pas de grogne généralisée de ce milieu. »

Elle compléta par quelques observations sur le reste des ministres, avant de s’arrêter. Plongeant son regard émeraude dans celui du Chancelier, comme pour le jauger, elle finit par dire avec un calme olympien, comme si elle venait de parler de la pluie et du beau temps :

« Vous m’avez demandé mon avis, et je vous l’ai donné le plus honnêtement possible… En toute amitié. »

Elle appuya sur la dernière partie de sa phrase suffisamment fortement pour qu’il comprenne qu’elle avait parfaitement relevé ce détail sémantique. Les mots avaient leur importance, elle était la première à le dire.

Enfin, Alyria demanda au bout d’un moment :

« Maintenant, si je puis me permettre, je vais vous poser une question à mon tour. Pourquoi m’avoir choisie pour ce poste, alors que vous avez vitupérer pendant toute votre campagne contre l’implication des jedis dans l’armée ? Sans compter que lors de notre entretien, je n’ai pas franchement eu l’impression de vous montrer un grand soutien… Alors que d’autres maîtres jedis se sont plus clairement prononcés en votre faveur. 

Oh je me doute de la raison d’une nomination d’un jedi… Avoir un membre apolitique, qui n’a pas d’ambition politique personnel est pratique… Cela dit, vous vous auriez facilité la vie en nommant quelqu’un que vous connaissiez… Ou d’acquis à votre cause. »

Tant qu’à jouer carte sur table, autant y aller à fond non ? Avec un amusement clairement perceptible dans sa voix, Alyria ajouta en guise de conclusion tout en terminant sa tasse de thé :

« Au moins comme ça, nous aurons vraiment fait le tour de ce gouvernement… »

Et elle changea brutalement de sujet, se rendant compte qu’elle avait oublié de parler du communiqué de presse :

« Oh, et avant que je n’oublie, même si cela n’a rien à voir… L’amiral Fenter m’a contactée pendant que votre absence, lui et l’amire Tel’Kasan sont d’avis de préparer un communiqué de presse pour calmer le Sénat et les journalistes avant que les bruits les plus ridicules ne courent sur cette attaque. Ils n’attendent que votre accord pour l’envoyer aux agences de presse adéquates. Mieux vaut calmer le jeu avant d’en arriver à se retrouver avec les rumeurs les plus folles sur les bras. »
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[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

Valerion n'en croyait pas ses yeux. Il parcourait péniblement le rapport que venait de lui transmettre Alyria Von, saisi d'effroi et de colère. Lord Janos, Vice-Chancelier de la République, ancien sénateur d'Aargau et organisateur de l'accueil des Artoriens sur sa planète, avait trafiqué un enregistrement qu'il avait servi à la République pour alourdir les accusations de trahison portées à l'encontre de Ragda Rejliidic...

Quelles sombres machinations se cachaient derrière ce seul petit acte? Valerion n'avait jamais été dupe, la politique impliquait de se salir les mains. N'avait-il pas pensé, à un moment, éliminer le Roi d'Artorias Neyo Galfridiaan, afin de lui ravir la place et installer la dynastie des Scalia? L'Artorien n'était pas un enfant de chœur... Mais ses idées criminelles n'étaient restées que des élucubrations jamais exécutées. Il était toujours resté dans le domaine de la légalité et aurait été le dernier homme à se rendre coupable de trahison...

Trahison. Le mot avait frappé l'esprit de Valerion, le surprenant par sa fulgurance et sa justesse. Janos était un traitre. Quel intérêt avait bien pu trouver le Lord a manipulé ainsi ce document audio? Certes, Rejliidic avait toujours été son adversaire... Mais tous ces risques pour faire tomber un ennemi politique, déjà bien embourbé dans des problèmes judiciaires? Lord Janos avait-il vraiment besoin de cela? Non, il devait forcément y avoir quelque chose de plus malsain sous cette couche de vilenie. Et ce n'était certainement pas sans rapport avec la Dame Noire des Sith. Entre le Hutt et l'Aargaun, le lien était fait par Darth Ynnitatch. Dans les deux cas, elle se trouvait au centre de ces deux affaires, qui n'en formaient probablement qu'une. Quels étaient les véritables liens entre Rejliidic, Janos et Ynnitatch? Un élément revint à l'esprit du Chancelier... Lord Janos avait été un Jedi. Décidément, pouvait-on véritablement se fier aux membres de cet Ordre?

Oui. Le beau visage calme d'Alyria Von, contemplant la figure assombrie du Chancelier Suprême, en était la preuve la plus grande. Elle avait pu voir l'évolution des différentes expressions tordant le visage du Chef de l'Etat... C'est que le Chancelier, tout en se méfiant, avait fait quelque peu confiance à Lord Janos. Il avait eu conscience que l'Aargaun était un homme politique aussi génial que retord, mais quelque chose avait voulu qu'il fasse relativement confiance à cet individu qui, tout de même, avait offert un refuge à son peuple. Désormais, tout s'effondrait.

Valerion Scalia se rendit compte compte qu'il était debout. Dans sa stupeur, il s'était levé. Il se rassit, fâché de n'avoir pas plus contrôlé son indignation.

    « Vous êtes consciente de ce que cela implique? »


Évidemment qu'elle l'était, pensa-t-il en se mordant la lèvre nerveusement. Il se laissa aller en arrière dans le fauteuil, fixant son regard vers le reste de la pièce, pensif. Il fallait réagir. Et il n'y avait pas trente-six possibilités. Dès son retour de Lianna, il lui faudrait virer Janos et Rejliidic du gouvernement... L'idée lui plût. Ces deux-là avaient toujours été dans ses pattes... L'un avait voulu s'emparer de la chancellerie, l'autre espérait l'écarter pour prendre sa place. Jeter ces deux êtres vicieux du haut de la roche Tarpéienne était une idée plaisante. Ca lui coûterait quelques sénateurs, pour sûr, mais lui donnerait une emprise bien plus grande sur le nouveau gouvernement. Il frapperait vite et fort.

Le Chancelier sortit une cigarette de sa poche et l'alluma, las. Toutes ces manigances, ces trahisons, ces magouilles, ces plans... Il adorait et détestait tout cela. Le pouvoir, il l'avait voulu et obtenu. Mais cela se révélait être aussi une charge, lourde à porter. Tant de choses à faire et tant de pièges à déjouer... En plus, il ne voyait même plus sa fille, et celle-ci le rejetait, lui et la politique. Le jeu en valait-il bien la chandelle? Valerion n'était guère satisfait de sa vie mais n'aurait pu se passer de politique, pas plus que de nicotine. Qui plus est, il croyait en son action et voulait marquer la République de ses réformes. Ainsi, il ne pouvait se défaire d'une existence qui lui déplaisait tout en l grisant. Il était intoxiqué.

Valerion Scalia se calmait peu à peu, puisant dans sa cigarette autant de poison que de sérénité. Il se rappela l'élément premier que lui avait révélé Alyria Von, et émit un petit rire involontaire.

    « Lord Janos? Saoul? Dans une cantina? »


La Maître Jedi n'aurait pas affirmé la chose avec tant de sérieux que le Chancelier l'aurait faite virer aussitôt de la pièce, pour avoir proféré ces propos absurdes, ineptes... Et pourtant, c'était la stricte vérité. Valerion n'arrivait pas à imaginer le sénateur d'Aargau ivre. Il ne l'avait jamais vu que froid, glacial, marmoréen. Ce qui tourmentait le Vice-Chancelier devait probablement être plus qu'un problème légal... La Ministre continua sur les autres ministres et, finalement, en vint à lui poser une question. Pourquoi elle?

Le Chancelier eut un petit sourire amusé. Pas qu'il se moquât de la Jedi, il venait simplement de se rappeler la dureté avec laquelle elle s'était adressée à lui après avoir appris sa nomination. Il prit son café, le goûta. Froid, évidemment. Ca ne le dérangeait guère et il but la boisson d'une traite.

    « Il y a les raisons... évidentes, je dirais. Que vous avez mentionnées. Je ne pouvais pas décemment concevoir un gouvernement sans Jedi. Pas que ce soit impossible... mais après mes propos assez durs il me fallait apaiser le Conseil Jedi par mes actes. Pour cela, élever un Jedi à une fonction ministérielle était nécessaire. Et puis, aller au devant d'Ynnitatch sans les Jedi, ce serait une folie. Je pense encore et toujours qu'une législation réglementant les rapports entre la République et l'Ordre est nécessaire, mais je ne suis pas aveugle pas plus que sourd : les Jedi sont les seuls à pouvoir réellement stopper les Sith.

    Mais bon... J'aurais nommé un Jedi au Ministère de la Justice ou que sais-je d'autre... cela aurait été suffisant. Je n'avais effectivement pas besoin de mettre une Jedi à la Défense. »


Valerion posa la tasse sur la table basse et regarda avec bonhommie la Jedi. Elle avait beau être une Maître Jedi, être aguerrie, avoir connu les batailles... Elle n'en demeurait pas moins avoir dix ans de moins que lui. Elle avait trente-quatre ans, lui quarante-cinq. Le Chancelier ne pouvait guère prétendre être plus sage, non, mais il y avait chez lui une certaine connaissance de la vie, qui lui permettait de voir plus loin que le bout de son nez. Heureusement, pour un Chef d'Etat de la première puissance galactique...

    « A vrai dire, je n'avais pas, à la base, l'intention de vous nommer Ministre de la Défense. Ni de vous nommer ministre, tout simplement. L'idée m'est venue sur un coup de tête, brusquement. Notre rencontre m'avait marqué. Vous n'étiez pas entièrement d'accord avec moi, c'est justement ce qui m'a plu. Vous avez été franche, honnête, sans être désagréable. On ne côtoie pas tous les jours des individus tels que vous au Sénat de la République, et l'on ne peut d'ailleurs pas se comporter d'une telle façon si l'on veut gravir les échelons de la politique républicaine.

    Et puis... en beaucoup de points vous m'avez fait penser à ma femme, Helena. Oh, en tout bien tout honneur, s'entend... Elle était mon épouse, vous êtes ma ministre. Mais, voyez-vous, elle avait un certain don pour me contredire. Jamais inutilement, toujours avec justesse. Elle avait un bon sens bien militaire... Et toujours, toujours, le sens du devoir. La certitude d'agir pour un Idéal, et non pour de petits intérêts personnels et mesquins. Elle prenait son temps pour réfléchir, analyser une situation avec minutie, pour dégager une compréhension fine des évènements. Ca faisait d'elle un officier de talent. Elle aurait pu accéder aux plus grandes fonctions... Elle était sortie première de notre promotion. A Carida! »


Le Chancelier avait dit cela avec un sourire rayonnant! Il voyait encore la cérémonie en l'honneur des nouveaux officiers, tout frais diplômés de l'Académie militaire. Puis, comme si l'Artorien venait de se remémorer le décès de sa bien-aimée, le sourire s'éteignit.

    « Je ne vous pas ai pas choisie parce que vous ressemblez à celle que j'aimais... Je vous ai choisie parce que je savais que, si Helena avait été à ma place, elle vous aurait nommé à cette responsabilité. Vous êtes Jedi, réfléchie, en-dehors des luttes de parti. Il me fallait quelqu'un de confiance à ce poste, quelqu'un qui n'hésiterait pas à me contredire, si nécessaire. Quelqu'un formé à l'art de la guerre. Bref, quelqu'un de confiance et non quelqu'un qui me soit favorable. Et puis, parfois, il y a tout simplement... l'instinct. »


Le Chancelier appuya sur un bouton, afin de faire revenir le droïde. Que la table basse soit débarrassée et, qu'éventuellement, on boive autre chose que du café ou du thé froids. Avec malice, Valerion souffla, accompagnant les mots d'un clin d'oeil moqueur et rigolard.

    « Cela dit, que tous ces compliments ne vous donnent pas envie de me contredire face caméra! »


Le droïde arriva, enlevant poliment les tasses et apportant une bouteille de jus d'orange pressée, tout frais. Le document concernant "l'affaire Janos" était sur la table.

    « Vous avez bien fait de me communiquer ces éléments... Je ne peux pas encore vous dire ce que je vais faire. Je dois en parler avec Telkhar. Enfin... le secrétaire général, vous m'avez compris. Je vous préviendrai dès que ma décision sera prise, cela va de soi.

    Maintenant, je propose que nous laissions cette sale histoire de côté, afin de revenir sur le sujet qui nous occupait avant "l'attaque" pirate. »


Il but une gorgée de jus d'orange et apprécia le goût doux-acide. Le sucre vint titiller une blessure faite à la lèvre.

    « Vous recommandiez d'ouvrir également une académie militaire de médecine sur Rhinnal. L'idée se tient parfaitement mais, à vrai dire, je préfèrerais Coruscant. Le Centre Médical de la République est basé sur Coruscant, c'est le plus grand hôpital de la galaxie... C'est un établissement public. Il serait assez facile de connecter une nouvelle académie avec ce complexe hospitalier. De plus, j'ai cru comprendre que le Medcorps Jedi s'intéressait à Coruscant, bien que je n'aie pas eu le temps de m'intéresser à cela, il y a peut-être quelque chose à creuser de ce côté-là, ne pensez-vous pas?

    Nous aurions donc deux grandes académies généralistes principales : Carida et Eriadu. Trois académies spécialisées dans le domaine naval : Corulag, Lianna, Fondor. Deux académies spécialisées dans le domaine terrestre : Raithal et Anaxes. Et enfin une académie militaire de médecine. Avec de telles institutions, nous armerons solidement la République avec des recrues bien formées.

    Pour le reste, j'entendais m'entretenir avec vous sur la composition de nos flottes. Il nous faut, selon moi, trois types différents de flottes. Plus une formation, unique. Ce qui m'amène à revenir sur le projet de Colonizer correlien modifié que vous m'avez présenté... »


Le Chancelier Suprême se pencha en avant, parlant plus bas. Cela n'était pas nécessaire pourtant...

    « La guerre aura sans doute lieu un jour. Notre ambassadeur auprès de l'Empire me dit que l'Impératrice semble ouverte à une rencontre bilatérale mais je me méfie comme de la peste d'Ynnitatch. Cette histoire de "rebelles" Sith, non, je n'y ai jamais vraiment cru. Cette "rébellion" a, paradoxalement, surtout été néfaste à la République, tout en renforçant à chaque fois l'autorité de la Dame Noire. Je ne déclencherai pas la guerre mais l'Empire le fera peut-être. Ce jour-là, il n'aura pas le choix. Ce sera attaquer jusqu'à prendre Coruscant, ou rien. Il faut tout prévoir, et même l'éventualité d'une chute de la capitale... Ca me semble improbable, quand bien même un plan b est nécessaire, par pure précaution.

    Ce plan b est, somme toute, assez simple. J'entends qu'une flotte énorme soit bâtie, la plus grande de notre armada, avec à sa tête le Colonizer mentionné. Une flotte dantesque, à la formation unique. Mais, surtout, une flotte stationnée sur Impératrice Têta.

    La planète n'est pas républicaine, non. Mais peu importe, sa population est minime, autarcique. Cacher cette flotte dans le Noyau profond, c'est s'assurer de pouvoir faire appel à elle en cas de besoin d'ultime. En cas d'absolue nécessité. Pour défendre ou prendre Coruscant. »


Et oui... Il ne fallait rien négliger. L'effet de surprise était toujours important et si un jour l'Empire leur réservait un cadeau... peut-être que la République par un présent plus sympathique encore. Et puis... il y avait cette carte. Obtenue via la Ligue.

    « L'Empire ne nous est plus si secret, de toute façon. Pourriez-vous me montrer la nouvelle composition des flottes? Nous allons arriver d'ici peu, autant boucler le sujet... Nous règlerons la question des fortifications sur Lianna. Enfin, si nous trouvons le temps entre deux réceptions... Je crois que tous les pâtissiers du secteur se sont réunis pour nous faire grossir en un temps record. »






Invité
Anonymous
Alyria savait que les révélations sur l’enregistrement allaient faire mal. Tout simplement. Parfois, il ne suffisait plus d’enrober les choses avec de beaux mots, non, là, c’était la vérité crue, nue. Le sous-entendu était lourd de conséquences. C’était un faux et usage de faux, avec sans doute parjure devant la Commission sénatoriale qui avait reçu l’objet du délit pour incriminer encore un peu plus le sénateur de Bakura. Bref, quelque chose qui pourrait coûter son poste au Vice-Chancelier et lui valoir un allez simple devant les tribunaux… En même temps, mieux valait sans doute que l’affirmation fâcheuse vienne d’elle, soit une personne apartisane et tenue par ses principes jedis à l’honnêteté afin qu’elle soit prise au sérieux par le Chancelier.

C’est pourquoi elle se contenta de répondre très simplement à la question presque rhétorique du chef de l’Etat :

« Oui. »

Qu’y avait-il de plus à ajouter ? Rien, et tous deux en avaient parfaitement conscience. Alyria regarda Valérion Scalia s’allumer une cigarette, lui trouvant l’air soudain un peu las, mais préféra ne pas poser de questions, se doutant que malgré les doutes qu’il avait pu exprimer sur Côme Janos auparavant, l’annonce qu’elle venait de faire restait un coup dur, car elle mettait en péril le fragile équilibre politique sur lequel reposait son gouvernement.

Cependant, la révélation de son équipée rocambolesque pour récupérer le Lord d’Aargau arracha un rire au Chancelier, et la jedi était forcé d’admettre a fortiori que ce qu’elle avait eu sous les yeux ce soir-là valait clairement son pesant de crédits… Mais bon sang, qu’est-ce qu’elle avait pu avoir envie d’étrangler le monde entier, et surtout Telkhar pour l’avoir envoyé là-dedans… Aussi elle ne put s’empêcher de répliquer en grimaçant de manière explicite :

« Croyez-moi, la vision d’un cyborg saoul va me hanter pour le restant de mes jours… C’est très … Perturbant quand des jambes mécaniques se promènent seules avec un tronc bringuebalant au-dessus… »

Non vraiment, rien que d’y repenser, elle hésitait entre le fou rire ou la nausée.

La suite fut bien plus agréable à entendre. Elle avait posé la question par soucis d’honnêteté intellectuelle, et ne s’était pas attendue à une réponse aussi longue, et sans nul doute, aussi sincère que celle-là. Cependant, elle devait rectifier un point, et elle le fit doucement, mais fermement, comme à son habitude :

« Vous savez, nommer un jedi à un poste de ministre ne vous donnera pas forcément l’aval du Conseil en cas de guerre… En un sens, cela peut avoir l’effet inverse. Nombre de jedis se méfient de voir certains des nôtres avoir des postes à responsabilité. Je ne partage pas forcément cette position, après tout, j’ai soutenu le Chancelier Arnor, même si c’était un ami proche, mais je peux la comprendre. 

Moi-même, comme je vous l’ai dit lors de notre première rencontre, je préférerais éviter une guerre avec l’Empire tant que possible, et tant que nous n’en saurons pas davantage. Ce qui ne veut pas dire que j’ignore qu’il est nécessaire de renforcer nos défenses, ou que j’ai l’illusion que cette paix précaire tiendra… La nuance est là. »

Pour le reste, elle se contenta de dire, riant légèrement :

« Oh, vous savez, moi et les caméras… Je vous les laisse volontiers. Cela dit, hors-champ, je vous assurerais que je vous dirais toujours ce que je pense. »

Même si cela ne lui plairait pas forcément, après tout, il venait de le dire, il l’avait aussi nommé en partie pour cela. Elle préféra ne pas se risquer à commenter le reste des aveux du Chancelier, même si elle savait que venant de ce veuf qui portait le souvenir de sa femme en bandoulière, la comparaison était forcément à prendre avec le plus grand sérieux, et en un sens, elle se sentait honorée d’une telle confiance. Aussi elle conclut simplement :

« Merci pour cette réponse sincère. »

Par la suite, la conversation se recentra sur le sujet qui les avait préoccupés auparavant. La pause était terminée apparemment, il était temps de se remettre au travail. Alyria approuva le plan proposé par le Chancelier en déclarant :

« En effet, ce nouveau réseau de centres de formation me semble parfaitement adéquat et contribuera à une meilleure prise en charge des jeunes recrues de mon ministère. 

Par ailleurs, sur la question plus précise du Medcorps jedi, j’ai en effet entendu que la responsable de ce dernier, Maître d’Este, avait dépêché quelques-uns de ses éléments sur Coruscant pour donner des cours au Temple jedi nouvellement réinstallé. Je me renseignerais à ce sujet à notre retour, sachant que je ne pense pas que les maîtres qui dirigent le Temple y verront un inconvénient. Au contraire. »

Il faudrait qu’elle en touche quelques mots à Lorn, afin qu’il demande à Maître Berryl son aval, sachant pertinemment que son amant ne verrait aucun inconvénient à une entreprise de ce genre. Quant au membre du Conseil… Il était connu pour son côté assez imprévisible, mais elle avait apprécié discuter avec lui quelques mois auparavant de politique. Sans doute qu’en présentant la chose en personne et correctement, de maître à maître, il y aurait moyen de le convaincre. Oui, elle s’en occuperait dès qu’elle aurait un moment.

Après, elle rejoignait les craintes de Valérion Scalia quant à la réalité de la rébellion sith, et un détail de ses combats sur Byss lui revint en mémoire :

« A vrai dire… Quand j’étais sur Byss, j’ai été confrontée à deux siths qui se prétendaient des bras droits de la Dame Noire… Et pour avoir déjà eu maille à partir avec l’un des deux, je n’ai eu guère de mal à les croire. 

Cependant, au cours de nos tentatives de parlementer… Il y a eu comme un moment gênant, comme si tous deux désiraient me faire croire que la flotte sith entourant leur Impératrice pour un rituel déterminant, en plein cœur du territoire républicain… N’avait jamais pensé à vérifier l’identité de ses troupes…

Un peu ridicule non ? Or, soit ils sont incompétents… Soit ils avaient vérifié, et savaient donc parfaitement qu’il y avait des pseudo-rebelles parmi eux. Ce n’est peut-être qu’une présomption, mais… Je ne sais pas, l’idée est venue et elle refuse de sortir de ma tête. »

L’idée du Chancelier n’était pas inintéressante, mais Alyria la trouvait un peu étrange… Pourquoi mettre une flotte sur une autre planète, quand il aurait été plus sûr de la positionner au-dessus de Coruscant ? Là au moins…

« Je vois, c’est une proposition intéressante. Mais j’avoue que dans l’immédiat, j’aurais privilégié un stationnement directement au-dessus de Coruscant, avec des relais dans les planètes proches pour faire tourner les vaisseaux et s’occuper de la logistique. De cette façon nous pourrions être absolument certains que la capitale sera parfaitement imprenable.

Mais j’étudierais avec attention votre proposition, nous pourrions placer quelques bâtiments lourds à appeler en renfort, au cas où. »

Pour le reste, elle lui tendit les documents déterminant la composition des flottes demandées, et le laissa les étudier quelques instants.

Ils discutèrent encore quelques temps de ces questions d’organisation miliaire, puis enfin, l’heure de l’arrivée sur Lianna fut annoncée. Le débarquement se fit en grandes pompes, le Chancelier et sa Ministre étant reçus avec profusion de félicitations sur leur modeste victoire spatiale par la Sénatrice de la planète, une fidèle de Valérion Scalia. Comme ce dernier l’avait d’ailleurs prévu, Alyria se retrouva bientôt à s’ennuyer bien vite au milieu de tous ces ronds de jambe et ces petits fours auxquels elle ne touchait pas, comme à son habitude.

Cependant, elle tint à discuter avec les officiels présents, notamment les chefs militaires, car après tout désormais, elle devait aussi cultiver certains réseaux, au moins pour se faire apprécier de ses hommes. Même si en son for intérieur, elle savait que plus elle jouerait habilement de son positionnement neutre de Maître jedi, plus elle récolterait à terme de soutiens pour l’Ordre jedi. Et ce n’était pas un élément à négliger. Surtout pas pour elle. 

En voyant le Chancelier discuter avec animation avec la Sénatrice de Lianna, Alyria ne put s’empêcher de sourire légèrement. L’homme avait le contact facile, c’était évident, et même si elle n’était pas forcément toujours d’accord avec lui, elle avait conscience que c’était quelqu’un de bien. Et que la République était entre de bonnes mains. 
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