L’objectif était simple. Le plan avait méthodiquement calculé, étudié. Le Cardinal Noir était tombé bêtement dans le piège et il ne restait plus qu’à le refermer. Techniquement, je devais assumer la sécurité de Darth Jugal. Mais techniquement seulement. Indirectement, si le Cardinal Noir mourrait, personne ne m’en tiendrais rigueur. Le tout était que je ne me fasse pas identifier comme une rebelle Sith. Pour cela, rien de plus simple. De la même manière qu’il y avait cela un an, je masquais mon visage derrière un artifice, un faux visage, un masque. Je gardais ce dernier discrètement glissé dans ma tunique entièrement noire. En réalité, je n’étais drapée que de cette couleur qui tranchait avec mon visage d’un blanc si pâle qu’il aurait pu faire tourner de l’œil pas mal d’individus non préparés ou n’ayant jamais croisé un ou une Arkanienne. Le plan se déroula comme prévu : Nos forces furent admirablement imbriquées dans celles devant assurer la protection de la Dame Noire. Les transports s’élancèrent, pénétrant l’atmosphère au travers de longues trainées de flammes causées par l’échauffement de l’air pour finalement fendre le ciel en direction de la position supposée du lieu du rituel. C’était parfait. Encore quelques marches et nous pourrions nous dévoiler au grand public.

D’un pas lent, je descendais de la navette aux côtés de Jugal. Et alors que les têtes pensantes faisaient émerger de la surface de l’eau un Temple jusque-là insoupçonné, je restais quelque peu sidérée par l’envergure de la chose. Le Temple était gigantesque. Mais pas le temps de tergiverser. Nous ne tardâmes pas à tous y pénétrer, à la recherche de la chambre principale mais aussi pour se positionner à des endroits clés nous permettant de sécuriser le site. Ou plus exactement dans mon cas, de pouvoir frapper tout le monde en même temps. J’avais un timing précis et Jugal le savait. De temps à autre, nous nous observions, cherchant l’approbation de l’autre. Et finalement, l’heure fatidique arriva. Un simple signal, rapide, limpide, clair, et mon masque vint épouser les formes de mon visage. Du tac au tac, mon sabre finissait dans ma main et ma lame prenait la vie du garde Sith « loyal » à Ynnitach.

En réalité, j’étais toujours loyale à Riakath, et donc à Ynnitach. Le but était simplement décumer les traitres, et surtout, de se débarrasser du Cardinal Noir en faisant passer cela pour une perte regrettable bien qu’il n’en était rien en réalité. Tout comme la Dame Noire d’ailleurs. A mes yeux, elle n’était qu’une personne ayant réussie à atteindre le sommet en coiffant d’autres au poteau. Elle finira par tomber un jour. Le tout était que la personne qui lui succèderait ce jour-là soit la bonne…
Rapidement, nous avions vite finis avec le groupe d’escorte indésirable. Nous n’avions pas fait de distinction et les soldats Républicains avaient rapidement rejoint leurs compères Impériaux. Manque de chance pour moi, mon affrontement m’avait fait m’éloigner du Cardinal Noir et je voyais ce dernier se battre à une dizaine de mètres derrière moi, plus bas. Il avait sauté du pseudo-balcon pour débouler sur une vague de soldats venus en renforts.

- Et merde… fis-je, en voyant une individu me barrer la route. Je devais absolument rester aux côtés de Jugal pour pouvoir le transpercer ou le trancher en deux. Je devais avoir cette victoire, ce mérite pour me mettre en valeur auprès de Riakath bien que j’étais déjà de loin sa préférée. J’avais un truc en plus qu’elle n’osait pas encore me révéler…

Bref, je la voyais tirer et je parais instinctivement le coup sans le moindre problème. Enchainant direct par une vague télékinétique pour la faire chuter en bas du balcon, je ne vis cependant aps le coup de lame venir et ce dernier vînt mordre mon bras. Une douleur lancinante m’arracha un long râle de douleur mais je la voyais chuter en bas. Et du haut du balcon, je n’hésitais pas. Je me laissais tomber devant elle, prête à frapper ou à contrer sa riposte.

- Qui es-tu pour te croire capable de te mesurer à une Sith ? Serais-tu si folle ? Ou bien est-ce le courage qui t’anime quitte à te mener à la mort ?

Je laissais échapper un léger rire alors que je m’approchais d’elle. D’une certaine façon,c e n’était pas elle la cible principale. Elle n’était qu’une barrière, qu’une gêne. Ma mission primaire était de protéger le Cardinal. Mais en réalité, s’il mourrait, cela n’avait guère d’importance. Que cet assaut soit un échec ou non, j’aurais accompli mon objectif. J’aurais d’abord affaibli les forces les plus loyales d’Ynnitach. Et ensuite, les rebelles Sith, traitres à l’idéologie Sith comme Impériale, auront subis de lourdes pertes. Dans un camp comme dans l’autre, les conséquences de cette bataille seront lourdes.

- La loyauté ?! Ce n’est que chimère. La loyauté n’est qu’intérêt. Et lorsque tes intérêts seront satisfaits, alors ta loyauté disparaîtra..

Et elle, cette Nautolane, ne serait qu’un dommage collatéral de plus. Ou bien, avec de la chance, elle réchapperait à ce massacre pour telle ou telle raison. Mais peu importe le dénouement, ce qu’il adviendrait d’elle serait sans importance à moins qu’elle ne parvienne à tuer le Cardinal à ma place.

Enfin bref… Elle était là, devant moi, s’avançant soudainement pour frapper. Soudainement, la douleur refit surface, lancinante et violente. Et à contrario de d’habitude, je n’arrivais pas à la canaliser pour décupler ma force ou ma connexion au côté obscure. Généralement, je ne ressentais même plus la douleur d’une blessure aussi banale. Il devait y avoir autre chose, quelque chose de vicieux. Elle frappa, et je dû faire un pas hésitant de côté pour me placer dans une position qui m’aurait permis de parer avec efficacité dans une autre situation. Au lieu de cela, je trébuchais sous la douleur, ma lame passant à côté de celle de la Nautolane. Une autre douleur vînt me prendre à la cuisse et je m’écroulais dans un long râle de douleur.

- Raaaaah !

Je roulais sur le sol, cherchant à me réceptionner. Le déroulement du combat était clairement à mon désavantage et j’avais l’impression de revivre cet affrontement sur le croiseur du Chancelier, contre ce soldat. Je devais trouver une solution au problème, et vite. Fort heureusement, je savais me réceptionner et pivotant rapidement sur le sol, je frappais de façon tournoyante à hauteur de jambes dans l’idée de repousser mon adversaire.

Après, si elle ne reculait pas, le fait de lui trancher les jambes règlerait le problème. Mais cette douleur redoublait. Il y avait autre chose que les blessures. Je sondais rapidement la Force et mon corps pour découvrir le responsable de mon état. Mon regard devînt soudainement plus mauvais, alors que je me redressais finalement, difficilement.

- Ce coup bas… tu vas me le payer…

La frappe avait fait mouche bien que j’avais finis par croire qu’elle allait réellement se jeter sur le sabre et finir avachie sur le sol en pleurant ses jambes tranchées. Hélas, elle n’alla pas jusque-là et se contenta de s’écrouler dans un long râle de douleurs. Oh, bien évidemment, cela m’aurait suffi et je n’aurais eu qu’à l’achever d’un coup de lame bien placé, séparant net corps et tête. Non.

Au lieu de cela, elle m’offrit en cadeau une décharge de blaster qui m’obligea à m’écarter et à ramener ma lame d’urgence. Adieu l’idée d’en finir immédiatement, je me contentais de voir le tir ricocher le long de ma lame pour finir son chemin dans le mur d’en face. Ceci eut pour conséquence de faire tomber tout un pan du couloir déjà bien érodé par le temps puis par le rituel utilisé pour faire sortir le Temple de l’eau. Le sol trembla et je fus forcée de reculer on ne peut plus. J’étais hors de portée de sabre, et la seule chose que je pouvais encore faire était de m’en remettre à la Force, à la puissance décuplée du Côté Obscur. Il ne pouvait y avoir meilleur endroit dans les environs pour entrer en communion.

Profitant de l’instant, je venais frapper avec rapidité les soldats qui émergeaient de la pièce adjacente au mur écroulé. J’étais contrainte de me défaire de ces hommes pour pouvoir me reconcentrer sur mon adversaire. L’effet de surprise fit la différence. Comme une troupe prit en embuscade quasi-parfaite, il n’y eut presque pas de résistance. Mon sabre vînt lécher les membres inférieurs de l’un pour venir riper sur le torse du second pour finalement transpercer le troisième. Et le revers de mon mouvement entraina ma lame à hauteur du cou du second, mettant immédiatement terme à sa vie. Le premier, écroulé au sol sous la douleur, sentit ma lame pénetrer son dos avec lenteur, lui offrant la possibilité de pousser son dernier soupir. Et sentir leur vie disparaître m’avait permis de me concentrer sur autre chose que ce poison pernicieux qui voulait me faire hurler, me terrasser. Je devais le combattre pour vaincre mon adversaire.

Mieux encore, je devais m’en défaire totalement. Et j’avais une petite idée sur ma méthode à utiliser. Pivotant lentement pour faire face à la Nautolane qui devait surement se relever à l’heure qu’il était, j’esquissais un sourire malsain allant de pair avec mon regard des plus noirs. Choses qui tranchaient avec mon teint d’albâtre. Sans hésitation, je faisais appel à la Force, usant de mes capacités pour me nourrir de l’essence de mon adversaire. Il en résulta…. Absolument rien. Pourtant, la haine et la colère accumulée surplombaient de nouveau la douleur. Mais mon empressement, pour en finir, venait de me faire défaut…

- Qui te dis que je suis une « Rebelle »… ? TU ne sais même pas ce qui les distingue des autres Sith, de ceux loyaux à Ynnitach. Qui te dis que je n’ai pas pour mission d’éliminer le Cardinal Noir ? C’est lui le responsable de tout ceci. Mais toi… Que fais-tu ici, vermine ? Qui t’as engagé ? Les Républicains ? J’y crois pas, ce n’est pas leur genre !

Tout doucement, j’approchais de nouveau

Elle ? Au service d’un seigneur Sith ? J’eu envie de laisser échapper un long ricanement tant cela aurait pu paraitre stupide premiers abords. Mais comme je continuais à le penser, il était fort peu probable qu’elle ne fut aux services des Républicains. Ces derniers n’embauchaient pas directement et officiellement des assassins pour participer à ce genre d’opérations. En fait, ils devaient rarement faire appel à des indépendants pour ce genre de missions. Alors oui, le fait qu’elle travaillait pour l’Empire ne m’étonnait point. C’était somme toute assez logique. Cela nous ressemblait plus. Devais-je donc la tuer sur le champ ? Si elle venait de nouveau me menacer, oui, sans aucune hésitation. Cependant, à la voir déterminée à attaquer Jugal, il était clair qu’elle ne le servait pas. Après tout, les Nautolans, c’est comme les Twi’leks. Ce n’est pas très malin et ça ne sert que de bétail pour l’esclavage. Ce n’est bon qu’à être servile…

Au final, je pensais vraiment que lui couper la tête était une bonne chose. Mais cette pensée fut éphémère, et ne dura qu’un laps de temps trop court. Araya. Le nom me tétanisa presque tandis qu’un long frisson vînt piquer à vif mon corps. Etait-ce seulement vrai, ou bien était-elle au courant de mon identité, et donc du fait que je connaissais plutôt bien Lord Noval ? Bon, au moins, elle ne semblait pas tout savoir puisqu’elle ignorait si j’étais oui ou non au service de Jugal, et c’était là un bon point. En effet, je commençais à réaliser qu’il s’agissait peut-être là de l’ouverture tant attendue. Celle qui me permettrait de mettre un terme à la vie de Jugal et de me dévoiler comme l’apprentie de Darth Riakath, loyale à Darth Ynnitach et opposée à Nosfera. Bien que tout ceci soit en réalité bien plus complexe…

- Araya ?... Et qui me prouve que tu dis bien la vérité ? Le Seigneur Araya est-il seulement ici, pour répondre de tes allégations ?

Elle semblait pourtant sincère, et moi, j’étais quelque peu déstabilisée par la nouvelle. Je la regardais un instant de plus, cherchant à lire dans son regard la part de vérité. Je devais agir, faire quelque chose. C’était sans doute le moment le plus souhaitable pour agir. Et comme elle me le disait, j’étais en train de crever…

- Oh, mais à ce problème, chérie… j’ai ma solution…

La Force répondait de nouveau à mon appel, se concentrant autour de moi. L’obscurité du lieu rendait la chose bien plus aisée qu’à l’accoutumée. Et forte de sa présence, je pouvais rapidement établir un lien direct avec son esprit, non pas à l’image de la télépathie où l’on s’échangeait des signaux l’un l’autre, mais bien de façon unidirectionnelle. Je cherchais à m’installer, à m’imposer. A la différence de certains, je ne cherchais pas à effondrer les barrières mentales, mais plutôt à en trouver la faille pour les pénétrer de façon plus pernicieuse encore. Et lorsque je fus en mesure d’agir, j’esquissais un large sourire, en coin. La douleur était là, mais me focaliser sur son esprit me permettait de m’y soustraire…

/* Hum… Intéressant… Aky’ha, c’est bien ça ? … Tu sais, je crois que l’on s’est tronpées…. Toutes les deux… Tu sais très bien que tu n’as aucune chance contre moi… Tu le penses très fort, trop fort…. Cela ne peut t’échapper… Tu sais que si tu continues…. Tu cours à ta perte…*/

Tout d’abord, mettre l’adversaire face à l’évidence, le forcer à confronter ses propres pensées pour embrouiller son esprit, le fixer sur quelque chose devant servir à faire diversion, à l’occuper. D’une certaine manière, c’était comme l’hypnotiser. Une fois l’adversaire obnubilé par ses peurs, ses pensées, il est facile de contourner les dernières barrières mentales et d’en prendre le contrôle.

/* Pourquoi m’affronter dans ce cas ? Mmmh… Je sais que tu ne veux pas te battre... Tu préfèrerais que je te laisse abattre ce Sith, notre ennemi commun ?…. Je ne suis pas ton ennemie…. Tu en es convaincue, à présent…*/

Finir d’insinuer le doute. Convaincre l’adversaire que ses arrières pensées, celles qu’il n’ait pas encore réellement à même de déceler, sont les bonnes. Qu’il s’agit du choix qu’il doit faire car c’est celui qu’il aurait dû faire depuis le début. Ensuite, il ne reste plus qu’à ordonner…
Je m’étais approchée, profitant du doute instillé dans son esprit pour apposer une main dominatrice sur son crâne, le contact physique me permettant d’asseoir mon emprise sur l’esprit de l’adversaire, et en l’occurrence, de la Nautolane.

/* … Je suis ton alliée !… Je l’ai toujours été, tu le sais… Soignes moi !… Soignes moi et je te laisserais l’achever !... Utilises ton antidotes et tu pourras le tuer... Soignes-moi et tues-le !...*/

Elle s’exécutait et venait me soigner alors que je me délectais de la situation. Je venais de renverser l’issue de cet affrontement de l’une des manières les plus pernicieuses qui soit. Elle était à présent à mon service, docile. Je la contrôlais et elle devait surement s’en rendre compte. Je n’avais pas cherché à la convaincre qu’elle avait absolument raison d’agir. Je voulais qu’elle constate que je pouvais être son alliée. Que j’étais son alliée. Et voilà qu’elle me fournissait l’antidote. A présent, je pouvais tout simplement la tuer et repartir discrètement. Mais je n’allais pas faire cela. Elle pouvait encore m’être utile. C’est pourquoi j’avais retiré mon contrôle sur son esprit une fois qu’elle m’eut soigné. Et la douleur, elle, se dissipait. Elle était encore là, puissante, mais elle régressait. Je pouvais la sentir et m’en nourrir à nouveau pour décupler mon lien avec la Force. Et le lieu, lui, y baignait totalement. Ce qui faisait de moi un adversaire potentiellement redoutable. Je n’allais donc pas la tuer, tout du moins le temps de retrouver Noval. Je devais confirmer ses dires, et voir quel éventuel statut il comptait lui donner.

Et cette troupe Sith me donna raison. J’avais encore besoin d‘elle. Oh, j’aurais pu les berner en leur faisant croire que j’étais encore affilié au Cardinal mais j’avais besoin de sang et de mort. J’avais besoin de tuer pour satisfaire cette pulsion assassine et morbide qui naissait en moi. Je devais finir de me débarrasser du Cardinal, lui planter mon sabre dans son cœur pour pouvoir m’assurer une certaine gloire, celle d’avoir tué un Sith renégat qui était encore à l’heure actuelle, membre du Conseil Noir. Je n’eus d’ailleurs que le temps de comprendre le sens de la phrase de la Nautolane avant de sentir une puissante douleur engourdissant. Je m’écrasais au sol sans pouvoir réagir, la regardant s’éloigner en ouvrant le feu sur l’escouade de soldats Impériaux.

La garce ! J’aurais dû la tuer rien que pour cet affront. Nous étions largement de taille à leur faire face directement. Je la soupçonnais de vouloir indirectement se venger de mon attaque pernicieuse de son esprit. Chose qui me fit sourire, alors que les soldats m’évitaient sans même se renseigner sur mon état de santé. Je fermais les yeux, me concentrant pour dissiper l’effet paralysant. Cela fait, je me jetais dans le dos des gardes dans un cri de fureur, dégainant mon sabre laser, la lame de ce dernier venait trancher en deux le garde le plus proche, et pivotant, je sautais pour l’abattre dans le dos du prochain. Les deux cadavres s’écroulèrent presque en chœur, alors que les deux soldats de la ligne intermédiaires pivotaient pour ouvrir le feu dans ma direction.

- Mourrez, lâches !! Mourrez-tous, traitres !

Je repoussais les tirs, en renvoyant un droit dans la tête du troisième garde. J’occupais à présent leur esprit, les trois derniers hommes se séparant pour tenter de nous éliminer la Nautolane et moi. Mais ils ne firent pas long feu tant ils étaient dépassés. Mais hélas, d’autres soldats émergeaient de nulle part, alors que je constatais du coin du regard que le Cardinal était à l’origine des renforts. Ils les avaient appelé. Le lâche était prêt à tout pour éviter de mourir…

/*Tues-les, Aky’ha ! Il faut éliminer le Cardinal à tout prix !*/ lançais-je à son esprit, pour que seule elle puisse avoir conscience de ce que nous avions à faire. Mais il n’y avait aucune infiltration, pas de tentative de contrôle. Juste un simple signal télépathique.

Je la regardais tuer avec hargne, la Nautolane se battant pour sa vie plus que pour le reste. Elle était douée et je comprenais à présent en partie pourquoi Noval avait bien pu la choisir. Elle devait surement avoir des compétences non négligeables pour être encore en vie alors que tant de sang avait déjà été versé. Je me délectais de cette odeur de mort et de ces cadavres qui jonchaient le sol ? Dans mon élément, j’osais imaginer la scène en présence de Darth Riakath. Le nombre de cadavres aurait très certainement triplé, si ce n’est plus. Le Cardinal serait déjà un homme mort et nous aurions profité des survivants pour jouer avec eux. Je n’avais pas ses dons, et je ne pouvais pas me mettre à son niveau, clairement. Et c’était sans doute pour cela qu’elle ne se gênait pas à me dévoiler des choses qui ne se révèlent pas en temps normal. Le Cardinal Noir, c’était presque si je ne l’avais pas oublié celui-là ! Je profitais du fait que la Nautolane venait d’acquérir un nouveau jouet pour passer dans son dos, traversant la salle alors que les gardes s’effondraient les uns après les autres tels des dominos frappés et qui tomberaient selon une chaine prédéterminée pour le plaisir des spectateurs. J’arrivais de l’autre côté, repoussant d’un revers de sabre une décharge énergétique provenant d’un de nos adversaires qui, comme les autres, était tombé comme une feuille en encaissant les multiples décharges provenant du blaster à répétition de mon alliée du moment. Je finissais par tomber aux pieds de ce cher Cardinal, profitant de l’action précédente pour éviter de justesse la maigrichonne salve d’éclairs qu’il tenta de m’offrir pour m’éjecter loin de lui, pour gagner un répit. Cette tentative désespérée reflétait son état de faiblesse actuel : gravement blessé, à la limite de la mort, il canalisait toute son énergie pour survivre et il venait certainement de gâcher ses réserves dans un espoir vain de me repousser, de gagner du temps pour permettre à ses sbires de pénétrer dans la salle pour le sauver. Un espoir vain, tant il était à présent à ma merci. D’un coup de botte, j’écartais son sabre au loin tout en posant le talon sur son bras, appuyant suffisamment fort pour qu’il ne tente rien de d’inconscient et qui précipiterait sa fin. « Vous sentez cette amertume ? Cette peur profonde, lorsque la mort viens vous chercher, traitre ? Vous croyiez vraiment que l’on vous laisserait agir, vous et vos sbires ? » Je laissais échapper un long rire alors que je venais appuyer du pied sur sa blessure avec lenteur, le laissant crier toute son amertume et sa haine. Et finalement, je me plaçais à sa hauteur, lui qui était affalé contre un des coins de la salle. Je laissais mon sabre glisser le long de son cou, l’effleurant à peine de sa chaleur ardente.


Je souriais sous ce masque que je ne tardais pas à retirer calmement pour qu’il puisse connaitre le visage de son bourreau. Je voulais voir sa stupeur, qu’il comprenne qui l’avait trahit, qui l’avait mené par le bout du nez jusqu’à sa perte : Darth Riakath, et indirectement, moi-même. Attirant dans ma main la lame d’un de ses gardes du corps, je le regardais distraitement, prête à assouvir un plaisir que ma maitresse m’avait fait découvrir à plusieurs reprises. « Il est temps, à présent ! » Sans attendre, je venais trancher son cou à hauteur de sa carotide, laissant jaillir les pulsions de sang éjectées directement par le cœur qui, détectant une anomalie, s’est immédiatement attelé à tenter de la compenser, en vain. Et à l’image de Darth Riakath, je venais y goûter alors que le Cardinal essayait vainement de se débattre. Presque mortellement blessé, et affaiblit, il n’avait aucune chance de s’en sortir. Ayant fini de me délecter de son sang, ce dernier perlant encore le long de mes lèvres, je tirais soudainement mon sabre d’un geste brusque, venant séparer sa tête du reste de son corps, me délectant de cette mise à mort et en ressentant la disparition du Conseiller Noir dans la Force. Je voulais entrer en connivence avec elle, j’avais besoin de me ressourcer en me noyant dans l’obscurité quitte à délaisser mon alliée. Mais avant cela, je lui faisais une offrande, me saisissant de l’esprit d’un des gardes pour effectuer une diversion le temps qu’elle recharge. Je le faisais tirer sur les membres de son unité, de son escouade. Les tirs et les cris d’incompréhension me suffirent pour me plonger dans la Force, pour méditer sur l’obscurité. C’était une nécessité. Aky’ha comprendrait, de gré ou de force.

Elle tuait. Et plus elle tuait, plus je me délectais du ressenti de nos adversaires qui s’écroulaient, de leur incompréhension alors que leur camarade faisait volte-face pour les abattre. Même yeux clos, plongé en pleine méditation, je voyais la scène se dérouler sous mes yeux comme si j’y participais directement. Je voyais la Nautolane faire feu et les soldats s’écrouler. Je tentais d’’étendre cette influence pour voir ce qui se passait ailleurs, constater l’issue des combats aux alentours. Je voulais assister à ce spectacle de mort. Je partais dans un état de démence où je ne voulais que frapper, tuer, satisfaire des pulsions qui étaient apparues lorsque la Nautolane m’avait blessé à plusieurs reprises. Au lieu de me libérer et de foncer sabre au clair dans la mêlée, je convertissais cette rage en appel au côté obscur. Je voulais me ressourcer, moi qui me sentais étrangement épuisée par le dernier combat. Je devais avouer que la Nautolane avait trouvé une parade. Elle avait une nouvelle fois appuyé sur un point faible déjà mis à jour par ce soldat, lors de l’assaut sur le vaisseau du Chancelier Arnor. Je ne m’étais pas assez exercée sur la parade des armes à décharges énergétiques telles que les blasters. Je méritais ce qui m’arrivait, je m’étais surestimée. Mais au final, j’avais en quelque sorte gagné : le Cardinal était mort et j’avais fait de la Nautolane mon alliée en faisant preuve d’intelligence. Je l’avais manipulé, en forçant un peu les choses. Mais à présent, l’essentiel était de la garder de mon côté jusqu’à ce que l’on ait quitté cette planète ou régler le dilemme avec la République que j’avais ouvertement créé en ordonnant l’assaut des rebelles dont je voulais l’extinction d’une partie, celle alliée au Cardinal Noir. Pourquoi Riakath voulait-elle s’en débarrasser ? je l’avais découvert lors de cette séance avec l’Impératrice et Noval. Lorsqu’Ynnitach avait dévoilé une partie de ses plans.

- Je te conseille de surveiller ton langage, Nautolane. Si tu es encore en vie, c’est encore par mon bon vouloir. J’aurais pu profiter de mon emprise pour te couper la tête. Nous devons travailler ensemble pour pouvoir sortir de ce merdier. Il faut retrouver Darth Araya et Darth Riakath.

Je sortais lentement de ma méditation, portant mon regard des plus noirs, encore empreint de l’action de l’obscur sur ma personne. L’air des plus neutres, quelque peu effrayant offert par mon teint blafard la surprendrait peut-être, et c’était clairement le but. Je me levais, saisissant mon sabre laser pour en faire jaillir la lame d’un rouge sanglant. Je la regardais un instant, avant de désigner du doigt la direction à prendre.

- On s’en va. Par là.

Je ne lui demandais pas son avis. Elle devait suivre. Au passage, j’attrapais la tête du Cardinal, sachant clairement que Riakath se délecterait à l’idée de s’en saisir et de la planter sur une des piques situées à l’entrée de son académie de Dathomir.