La mort, comme la vie, doit être une aventure palpitante à vivre. Et l'on peut dire que j'ai magnifiquement vécue. Créée dans l'unique but de servir un plus grand que moi, dans le but de lui apporter mes compétences, j'étais le fruit d'une sélection qu'au final j'avais renversé à mon avantage. Je m'étais donnée à la Force contre la possibilité de "briser mes chaines", et de gagner ma liberté.

J'avais aimé vivre, autant que donner la mort à mes ennemis. Une mort que j'avais été jusqu'à apprendre à savourer, directement. La plus délectable avait encore été celle de feu-mon époux sur Dromund Kaas, alors qu'elle m'en avait donné les moyens. Au final, c'était ce qui me liait à elle, en plus d'une connaissance qu'elle avait de moi.

Sans le vouloir, cette connaissance m'avait même fait déjoué la mort, dans un plan que nous avions jadis monté elle et moi contre son propre Maitre de l'époque. Beaucoup auraient pu lui en tenir rigueur, et alors que la Force nous était enlevée, l'idée de lui faire payer cette acte de sa part avait bien germée dans mon esprit l'espace d'un instant, mais nos invités avaient la priorité. Et puis, je n'étais pas ainsi. Son poste, sa place, je n'en voulais pas. Je n'étais pas -ou plutôt n'avait pas été engendrée- pour ça. Non. J'étais celle qui voulais consacrer sa vie à l'anéantissement de la République. Pour ça, pour être ce chaos, j'avais besoin d'elle, de son Empire. De la Force.

Pourtant, je ne pouvais renier ce que j'étais. La Mort, je l'attendais les bras ouvert, impatient de voir quelqu'un me l'accorder en m'offrant cette magnifique aventure que cela pouvait être. Ces derniers mois, j'avais imaginé que celle-ci viendrait avec le temps de par la nature des choses et de la lame de mon apprentie, cette douce Eerhia.

Mais voila que l'Ubèse me tentait, sortant cette petite sphère métallique de la poche de son ex-compagnon de galère. Ma bouche s'entrouvrit, stupéfaite de reconnaitre l'évidence. D'ordinaire, une pichenette de Force aurait suffit à me faire ricaner mais là, je ne pouvais que reconnaitre : les Anciens l'avait décidé ainsi. Je n'avais ni la Force, ni même l'envie de ne pas me lancer dans cette nouvelle aventure. Contempler l'autre coté réellement, et dépasser -je m'en croyais plus que capable- l'état de ces larves qui m'avait privé de mon atout. Pourquoi protéger la Dame plus longtemps ? Je pouvais même étouffer cette explosion en me jetant dessus, afin de me transformer réellement en supernova. Tant de choses possibles, tant de...

Une dernière volonté me direz-vous ? Bien sur. Une pensée de trop. La seule, au final, réellement capable de me raccrocher à l'existence. Une pensée qui se matérialisa dans mon esprit, ma langue passant sur mes canines pointues : le sang. Une fois morte, je n'en aurais plus la saveur. J'en avais déjà été privée, je savais ce que cela faisait que de ressentir la soif de ce nectar si personnel.

Finalement, je ne voulais pas encore connaître ce jour, où le glas du trépas me faucherait. Mais la Force m'était quand même manquante. Aussi, il n'y avait qu'une solution, alors que le bip frénétique retentit : sauter au plus loin possible, et voir si l'Ubèse aurait raison de moi grâce à ce stratagème.

L'explosion retentit, me soufflant encore un peu. Avais-je senti mon dos me brûler ? Ce n'était pas impossible, mais je n'allais pas le savoir, ni pouvoir le vérifier. Ce Temple serait peut-être au final mon tombeau, alors que des gravats m'ensevelissait de toute part. Je ne pouvais qu'imaginer ce que ressentait un corps alors qu'on le lapidait, et puis ce fut le néant.

L'agonie cessa, alors coulait le long de mon crâne mon propre sang. Et en d'autres endroits de mon corps ce ne fut pas différents. Doucement, ma main droite laissa glisser l'objet métallique qu'elle tenait, qui se désactiva en tombant sur le sol.

J'expirais une dernière fois.

Myir avait rencontré un mur ce qui lui semblait être un mur de glace flamboyant. La femme avait stoppé net sa lame avec les sienne dans un grésillement assourdissant. Serrant les dents, Myir avait forcé pour repousser l'ennemie et la tenir occupée. Tant qu'elle était là à résister, elle ne pouvait pas contre-attaquer, n'est-ce pas ? Un principe de combat bien désuet face à une si terrible ennemie, la Twi'lek le savait bien. Mais elle agissait d'instinct. Se battre était la meilleure chose qu'elle avait jamais su faire dans sa vie. Se battre et obéir. Mais elle avait désobéi au Conseil en attaquant ici, et en laissant ses émotions prendre le dessus. Il n'y aurait pas de retour en arrière. Il ne lui restait donc que ses talents de bretteuse.

Les disques de la mercenaire atteignirent l'ennemie tandis que celle-ci se débattait, et Myir ne put s'empêcher, son visage à quelques centimètres de celui de son adversaire, de grimacer un sourire vengeur face à la douleur que Nuray avait infligé. Elle ne pouvait pas se retourner pour féliciter cette dernière, devant maintenir la pression. Jubiler n'était de toute façon pas la priorité. Depuis quand éprouvait-elle ce genre de démence face à la victoire ? C'était le désespoir se dit-elle. Elle savait qu'elle ne pourrait pas vaincre ces deux Sith là. Le moindre élément qui les gênerait sonnerait donc comme une victoire sonnante et trébuchante.

Non loin, une voix de femme hurlait. Celle de l'Impératrice. La fameuse Dame Noire perdrait-elle son sang froid ? Si c'était le cas, peut-être Myir et Nuray avaient-elles plus de chance que la Twi'lek ne l'aurait cru au premier abord...

Tout se passa soudain très vite. La Twi'lek tourna la tête en entendant son nom. Elle avait pris ce mot dans son esprit, tout à l'heure. Myir se sentait souillée. Elle donna une dernière secousse au sabre adverse avant de s'écarter précipitamment pour ne pas prendre de coup de la part de l'acolyte Sith blessée. Au bout de quelques pas, cependant, un mur heurta son dos et un hoquet de stupeur s'échappa de ses lèvres. Elle fit non de la tête. Elle ne voulait pas croire ces paroles.

- Je... Je n'ai pas... Trahi !

Mais sa voix s'était brisée dans un sanglot. Elle savait que c'était la vérité. Ils n'avaient beau être que des mercenaires, et elle avait beau avoir cru, toujours, qu'elle saurait résister à une attaque mentale... La réalité était que cela faisait la deuxième fois qu'elle était manipulée par les Sith, n'y sachant opposer aucune résistance. Elle était un échec. Tant d'années à se battre, et les Sith avaient finalement trouvé la faiblesse pour qu'elle trahisse les siens. Comme c'était injuste !
Elle fit de nouveau non de la tête. Elle ne croyait pas au pardon. Tout ce qui importait maintenant, tout ce qui faisait battre son sang dans ses veines, c'était l'appel de la vengeance.

Mais avant qu'elle n'ait pu esquisser un mot, une terrible explosion retentit. Myir protégea son visage de ses deux bras et se recroquevilla à même le sol. Elle avait entendu Nuray offrir le cadeau de son patron. Une grenade, certainement. Lorsqu'elle rouvrit enfin les yeux, la poussière enveloppait tout. Un brouillard opaque. Ses oreilles sifflaient désagréablement. Elle resta immobile de longues secondes... Jusqu'à distinguer à terre le corps de la Sith qu'elle avait attaqué un peu plus tôt. Inerte. Etait-ce possible ? La mercenaire l'avait abattue ! Elle sentit dans son coeur une vague d'émotion avant de se rendre compte que l'Ubese s'était en fait sacrifié pour parvenir à cela. Malgré sa trahison, elle lui avait permis d'aller jusqu'à atteindre la Dame Noire. Avait-elle pensé qu'une Jedi ferait le poids face à Darth Ynnitach ? Une autre Jedi, peut-être, mais elle...

Soudain, la panique et le désespoir laissèrent place à une envie de vengeance et à cet espoir dément : si elle tuait la Dame Noire, l'Ordre Jedi ne pourrait que la féliciter, n'est-ce pas ? Alors ils passeraient l'éponge, et elle reviendrait en héroïne au Temple !

Elle se leva et cracha par terre pour se débarrasser de la poussière que l'explosion avait fait entrer dans sa bouche. Elle ajusta la position du manche de son sabre dans ses deux mains et leva sa garde.

- Il ne reste plus que nous deux, on dirait, Dame Noire...

Peu à peu, la silhouette de l'ennemie se dessinait dans la poussière. Elle savait désormais où attaquer.

- Et sans la Force, comment allez-vous vous défendre ?! lui cria-t-elle pour se donner du courage.

Ce serait un duel à mort, elle le savait.

La Twi'lek s'élança, cette fois sans crier, froidement. Mais la haine et la soif de vengeance faisait briller ses yeux d'une étrange lueur.

Un cri s'échappa des lèvres de Myir tandis que les mains de la Dame Noire étaient venues se poser autour de ses poignets, bloquant son attaque. La Twi'lek était surprise. Non seulement son adversaire n'avait visiblement pas souffert de l'explosion, mais en plus elle faisait preuve d'une agilité et d'une force à laquelle Myir ne s'était pas attendue. Darth Ynnitach n'avait donc pas gagné le trône des Sith par sa simple influence ; elle était aussi une véritable guerrière.

La Twi'lek recula et s'arracha de l'étreinte de la Dame Noire. Il lui fallait du temps pour prendre une autre stratégie. Avait-elle seulement la moindre chance face à un être aussi puissant, qui même isolé de la Force, s'avérait plein de ressources ? Elle-même était épuisée, un filet de sang coulait depuis son front, s'insinuait au coin de son oeil et dévalait sa joue brûlante.

Myir faillit trébucher en reculant, butant sur les décombres, mais gardant sa lame devant elle en guise de protection.

- Non, vous n'êtes pas une proie, souffla-t-elle tandis que l'air chargé de poussière de la pièce rendait sa voix rauque et assourdie. Et cette Ubese n'en était pas non plus. Vous êtes un monstre, une manipulatrice !

Elle avait crié ses derniers mots. Elle devait y croire. Darth Ynnitach devait être ce que l'on disait d'elle. N'en avait-elle pas eu la preuve, lorsqu'elle avait pris le contrôle de son esprit ? A moins que Myir n'ait été trop faible et que, en bonne stratège, la Dame Noire avait juste découvert dans leur groupe la faille pour déjouer le plan de ses ennemis. Mais ce n'était pas fair-play ! Mais le fair-play comptait-il, quand il s'agissait de vaincre et de survivre ?

Myir secoua la tête, comme pour se remettre les idées en place. C'était sa seule chance de rédemption, après ses deux échecs. Ramener la tête de la Dame Noire, ou au moins la mettre hors d'état de nuire pendant quelques temps... Sa seule chance pour que le Conseil l'accepte encore parmi les siens !

- Je ne suis pas une proie non plus, rappella-t-elle dans un souffle, le regard envenimé. Je suis une guerrière, et je suis là pour me battre !

Elle ne savait rien faire d'autre. Elle leva de nouveau son sabre devant elle, et prit de l'élan pour fondre sur la Sith. Au dernier instant, cependant, elle prit appui sur un pan de mur effondré à sa droite, se voûta pour garder son centre de gravité le plus bas possible, et se retrouva soudain propulsée près du flan de la Dame Noire. Alors seulement, après avoir attendu l'infime bon moment, elle donna un a-coup puissant à sa main droite pour faucher les jambes de la terrifiante ennemie.
Dans son élan, elle glissa et s'effondra, sa main gauche libre levée juste à temps pour adoucir sa chute. Elle roula à terre pour libérer son bras droit et leva de nouveau sa lame devant elle au cas où la Sith chercherait à se venger par une nouvelle attaque... Si bien sûr sa tactique avait été suffisamment surprenante pour toucher la Dame Noire.

En tombant à terre, Myir s'était douloureusement égratignée, ses genoux avaient heurté la pierre, trouant son pantalon pour laisser du côté gauche un filet de sang, le même que celui qui perlait à son coude gauche.

Tout ça pour peu de résultats, néanmoins : le coup porté à la Dame Noire lui avait à peine effleuré les jambes, alors que Myir avait secrètement espéré l'handicaper pour de bon. La Sith avait-elle pu prévoir son coup ? Mais dans ce cas, comment être moins prévisible ?

Rageuse, la Twi'lek se remit sur pieds rapidement, sa garde toujours levée pour se protéger de la Dame Noire. Mais celle-ci était déjà revenue, si proche que Myir entendait sa respiration enthousiaste. Oui, enthousiaste lui semblait être le meilleur mot pour caractériser ce sourire et ces réponses sarcastiques...

Une main glacée attrapa son bras meurtri. Myir, surprise, tenta de reculer, mais la poigne de la Dame Noire était faible. Si proche d'elle, son sabre laser avait trop d'allonge et ne lui servait plus aussi facilement. Il était toutefois hors de question de le lâcher ou de le désactiver. Les deux femmes s'engagèrent dans une lutte de force, à peine perturbée par leurs respirations haletantes et le grésillement de la poussière sous leur pas. Myir tenta de résister de toutes ses forces mais elle paniqua remarquablement dès lors qu'elle comprit ce que souhaitait la Dame Noire.

- NON ! Hurla-t-elle, les yeux écarquillés par l'horreur.

Juste derrière elle, l'eau noire et visqueuse de cet étrange lac l'attirait. Myir contractait une espèce de croyance superstitieuse selon laquelle tant d'obscurité ne pouvait rien faire d'autre que de l'anéantir définitivement. C'était la même substance qui recouvrait le corps transformé de la Sith. Si elle tombait dans cette eau, deviendrait-elle elle aussi une enfant de l'obscurité, à devoir obéir aux vieux Seigneurs Sith ? Elle avait vu, ou plutôt entendu les défunts parler à Darth Ynnitach quelques instants plus tôt. Ils étaient donc bien réels, et cette magie-là l'effrayaient plus encore qu'une Sith plus puissante qu'elle.

Si elle se laissait faire, elle tomberait à coup sûr. Si elle faisait un mouvement inattendu, elle dévierait la trajectoire de la force de la Dame Noire et ainsi ne tomberait peut-être pas dans le lac. Prenant sa décision à l'instant décisif où Darth Ynnitach appliquait une poussée pour se débarrasser d'elle, Myir leva un genou dans l'espoir de l'enfoncer dans le ventre de son adversaire, tandis que de son autre pied, elle poussa pour se projeter de côté. Mais lorsqu'elle crut avoir réussi, elle sentit sa semelle déraper sur le sol. Elle perdit l'équilibre et tomba à la renverse...

Dans l'eau noire ou juste au bord ? Elle ne le saurait que lorsque son dos heurterait le sol ou la surface du lac...
Un cri s'échappa de sa gorge tandis que le monde tournoyait autour d'elle.

Le membre 'Myir Alshain' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'6' :
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Résultat :
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Attaque de Myir raté!

Défense de Myir presque parfaitement réussie!

Roulant au sol après avoir été violemment poussée par Darth Ynnitach, Myir stoppa sa course au bord du lac noir ! Tout ses efforts pour lutter contre la Dame Noire avaient payé, elle n'allait pas se noyer dans ce lac souillé par le côté obscur de la force, mais était-ce là le but de l'impératrice des Sith ? N'avait elle pas une autre idée en tête et les jambes de la Jedi baignant dans l'eau visqueuse n'allaient elles pas suffire ?

Les voix des seigneurs Sith s’élevèrent à nouveau dans l'air.

« Faible tentative Darth Ynnitach... »

« Pensais tu vraiment que nous allions œuvrer pour toi et faire la basse besogne que nous t'avons confier ?»

« Tu recherches la facilité en nous tentant, en nous offrant cette femme déjà si faible, si malléable ! »

«Peut être n'est elle pas à la haueur du défi que nous t'imposons... »

« Nous allons arranger tout cela ici et maintenant... »

Le liquide visqueux du lac vint se glisser contre la peau de la Twi'lek, remontant le long de ses jambes avec avidité pour venir la contaminer entièrement offrant à la Twi'lek et à elle seule une bien douce tentation.

«Prends ce cadeau que nous t'offrons Myir Alshain, prends ce pouvoir et montre nous ta puissance en terrassant ton ennemie... »


Myir peut utiliser un pouvoir de la force de niveau un ou deux de son choix parmi tous les pouvoirs obscurs

Le froid soudain s’était insinué dans ses bottes, sous son pantalon de toile, de ses orteils à ses genoux. Un bref instant, Myir était paralysée par la surprise et la peur. Pourquoi être si effrayée ? N’était-ce pas qu’une eau rancie par les ans ?
Bien sûr que non. Ici se trouvaient les Seigneurs Noirs des Sith passés. Avec cette substance, ils entraient dans le monde vivant. Paniquée, la Twi’lek s’arracha au fluide noir avant de constater avec stupeur que le liquide recouvrait le bas de ses jambes de manière épaisse. Elle se remit debout et chancela tandis que les Sith prenaient la parole.

Ils la traitaient de faible. Malléable. Pas à la hauteur. Myir sentit la colère s’insinuer en elle. Etre arrivée jusque là, avoir vu ses compagnons s’effondrer, avoir été manipulée… Etre toujours vivante et se faire traiter de faible ! Et maintenant, ces Seigneurs-là souhaitaient la manipuler à leur tour. Etait-elle seulement l’objet de leurs désirs, à tous ? Pensaient-ils qu’elle n’avait aucun volonté propre ?

De dépit, Myir cracha au sol pour chasser la poussière qui s’était insinuée dans sa bouche pendant la chute. Les cris de la Dame Noire ne l’effrayaient plus. Elle était en colère, ce qui provoquait à la Twi’lek indistinct. Comme une petite joie avant de mourir, comme la beauté d’une dernière fleur qui s’épanouit un soir d’automne.

Il n’y avait qu’une issue à tout cela, réalisa-t-elle soudain : elle allait finir par être submergée soit par la Dame Noire, soit par les Seigneurs Sith. En somme, elle allait bel et bien mourir. Quel choix lui restait-il ? Celui de se battre, avec toutes ses ressources, ou de s’abandonner au trépas ? Pour Myir, ces Seigneurs revenus d’entre les morts étaient les plus dangereux, les plus malsains… les plus blasphématoires. C’étaient eux qu’il fallait vaincre, enfouir à tout jamais. Pourquoi perdait-elle son temps avec une mortelle qu’un autre Jedi vaincrait un jour ou l’autre ?
Parce qu’elle, petite Twi’lek armée de son Code Jedi, n’était pas capable, ne savait pas comment mettre un terme à leur existence dans le monde des vivants. Tout ce qu’elle savait, c’était que Darth Ynnitach les avait éveillés. C’était sa faute à elle, et le seul choix qui lui restait était donc de la combattre, de lui faire payer autant que possible ses crimes avant de s’éteindre. Une dernière justice, oui, celle de son cœur si ce n’était celle de l’Ordre.

Myir serra les dents et leva son arme devant elle en voyant la lame rouge de son adversaire fondre sur elle. Myir tenta une parade maladroite, se déporta sur le côté en criant de rage. Mais en souhaitant porter un nouveau coup, sous l’effet de la fatigue et de l’aveuglement provoqué par son désespoir, elle ne vit pas le pan de mur écrasé qui allait entraver sa marche. Elle trébucha, hoqueta de surprise et s’effondra en roulant dans la poussière. Son sabre, son sabre ! Où était-il ?!
Elle se tortilla au sol, jetant des coups d’œil désespérés autour d’elle. Mais ce qu’elle voyait, c’était le visage satisfait de la Dame Noire. Elle sentit des larmes emplir ses yeux, et elles brouillèrent sa vue, déformant ces traits Anzati. Traître ! avait-elle envie de hurler. Elle s’était servie d’elle, l’avait avilie. A cause d’elle, de ses sbires, Myir était passé de Jedi à monstre.
Et maintenant, elle allait mourir.

La Twi’lek leva devant elle une main aux doigts écartés, sa peau bleue mouchetée de sang pourpre, comme pour se protéger du maléfice de la Dame Noire.

Alors, elle fut prise d’une inspiration. Elle sentait de nouveau la Force. Une Force étrange, néanmoins, inhabituelle. Elle circulait dans ses veines, dans la pièce et dans sa main, elle était à portée d’utilisation. Elle aurait pu disparaître, elle aurait pu repousser la Dame Noire d’une vague de Force… Mais était-ce vraiment ce qu’elle souhaitait ?

Myir regardait pensivement sa main tremblante. Pleine d’un pouvoir inconnu : celui d’étreindre la gorge de l’Impératrice, de lui faire du mal, de la priver de respiration et peut-être même… de la vie.

Espoir fou. Mais si cela fonctionnait ?

Myir se concentra et laissa parler son cœur. La Force se rassembla invisiblement autour de sa main, puis fut projetée vers l’Impératrice dans l’espoir de broyer ce qui lui servait de gorge.

La Jedi avait succombé aux attraits du côté obscur afin de gagner son face à face avec la Dame Noire et de cacher au monde républicain sa trahison, mais cela n'avait pas suffit à inverser la tendance ! Pire, dans cette manœuvre désespérée, Myir avait même offert à la Sith lui faisant face plus d'armes qu'il n'en fallait pour mettre un terme à ce combat !

Les anciens avaient choisis l'épreuve, ils avaient cherchés à tester Darth Ynnitach sur son terrain le plus faible et même offert de l'aide à son adversaire afin de prouver à tous que cette Sith n'avait en rien le droit de mener les leurs ! Pourtant, en terrassant chacun d'eux avec un savoir faire hors norme, la Dame Noire venaient de prouver à tous qu'elle était dans son bon droit et cela les anciens ne pouvaient le nier plus longtemps...

Les eaux sombres du bassin se mirent à bouillir de plus belle alors que la lame de la Sith venait une énième fois entailler la peau de la Twi'lek. C'était fini, les Anciens Seigneurs Noirs l'avaient décidés ! Darth Ynnitach avait réussi ! Darth Ynnitach avait gagné leur respect !

Une vague d’énergie sombre déferla aussitôt dans la large pièce et bien au delà, le côté obscur de la Force enveloppant le corps des vivants et des morts afin que personne ne puisse rater l'information.

Darth Ynnitach est la Reine Des Sith !

Sa main tendue n'avait pas produit le pouvoir que Myir avait cru pouvoir jeter contre l'Impératrice. Ou plutôt, la Force s'en était échappée de manière désordonnée, incontrôlée. Elle avait été incapable de maîtriser les émotions affolées de son esprit et le résultat l'avait littéralement ridiculisé face à la Sith. Comment avait-elle pu croire pouvoir maîtriser le pouvoir des anciens Seigneurs Sith ? Ils lui étaient tellement Supérieurs, elle n'était qu'un insecte qui avait été leur objet... Son coeur se serra en réalisant à quel point elle avait été folle et stupide de croire qu'elle pouvait vaincre la maîtresse de tout l'Empire... Et dire que quelques minutes auparavant, elle se voyait déjà rentrant triomphant au Temple ! Elle avait désiré cette gloire, et tout se transformait maintenant en la pénitence qu'elle méritait : l'humiliation, la faiblesse, la douleur.

Ses coudes que la soutenaient sur le sol étaient écorchés et tout son corps la faisait durement souffrir, effondrée qu'elle était à la merci de l'ennemie.

Je suis perdue, oui...

Des larmes s'échappèrent brusquement des yeux de la Twi'lek et ruisselèrent sur son visage noirci par la poussière, y creusant des sillons de désespoir. Et maintenant, elle allait mourir. Mourir sans que l'on sache tous les efforts qu'elle avait déployé, sans que l'on sache tout ce qu'elle avait enduré. C'était injuste et... Elle tenait à la vie. Elle qui avait toujours cru qu'elle pouvait se sacrifier pour l'Ordre sans l'Ombre d'une hésitation, elle était maintenant prête à tout pour ne pas que la lame rouge s'abatte sur elle.

- Attendez ! fit-elle dans un cri de désespoir. Ne me tuez pas ! Je ne...

Myir fit non de la tête, comme si ce simple geste pouvait signifier quelque chose dans les yeux de la Sith. Mais non, elle savait qu'il lui faudrait montrer des arguments convaincants si elle ne voulait pas mourir dans les secondes qui allaient suivre. Mais que dire ? La vérité.

- Vous avez raison ! ajouta-t-elle d'une voix affolée. Je ne suis plus digne de ce titre, j'ai... J'ai failli. Désormais, je ne pourrais plus rentrer. Je n'ai plus nulle part où aller !

Un nouveau sanglot étreignit sa gorge lorsqu'elle réalisa ce que cela signifiait : elle avait abandonné les Jedi, elle ne rentrerait jamais au Temple d'Ondéron. Si elle le faisait, le Conseil détecterait immédiatement sa faiblesse, et elle aurait dû rendre son sabre laser. C'était hors de question ! Tout ce qu'elle savait faire, c'était se battre. Elle ne rendrait pas son arme !

- Je ferai ce que vous voulez, je... Je suis une bonne combattante ! Je pourrais vous être utile ! Mais laissez-moi la vie sauve...

Nul doute qu'il n'y aurait plus de retour en arrière. Peut-être un jour, elle pourrait s'enfuir pour s'extraire des griffes de l'Impératrice. Mais le voudrait-elle vraiment ? Sa vie n'avait plus de sens. Si Darth Ynnitach pouvait lui en rendre un, alors... Elle pourrait supporter de vivre une vie misérable. Mais pourrait-elle tuer des Jedi ? Non...
Myir se ramassa sur elle-même, profitant des quelques instants de répit que la Sith semblait accepter de lui accorder. Mais plutôt que de se relever, elle pivota pour se mettre à genoux et joindre ses mains. Où était passé son sabre-laser ? Par terre, quelque part. Il ne lui servirait à rien devant Elle, de toutes façons... Elle leva des yeux humides et implorants vers Darth Ynnitach.

- J'abattrai toutes vos brebis galeuses, affirma-t-elle avec l'énergie du désespoir. Il n'y aura plus de dissidents Sith, plus de rebelles pour entraver votre chemin. J'y mettrai toute mon énergie.

Elle serrait ses mains si fort l'une dans l'autre que les jointures de ses doigts blanchissaient. Ses lekkus frémissaient de terreur, rejetés en arrière.