« Putain de bordel de merde ! » fut la première réaction éloquente de la contrebandière en attendant le message.

Il lui fallait prendre cinq minutes pour réfléchir à tout ça et penser la chose dans son ensemble. Oui, ça lui arrivait parfois, plutôt que de foncer tête baissée dans le tas. Surtout dans ce genre de situations inattendues, mais bien évidemment comme toujours dans ce genre de cas, on ne lui laissait pas le temps de peser le pour et le contre de l'offre. Non bien sûr, il fallait que ce putain de message s'autodétruise dans les dix prochaines minutes, et même moins que ça maintenant !

Rapidement, elle repassa ce dernier pour n'en retenir qu'une seule chose : 25 000 CR, et Direction Républicaine du Renseignement. Qu'elle soit connue dans les milieux illégaux, à la limite, mais les renseignements républicains ? Elle n'aurait pas parié sur eux, c'était certain, mais comme quoi... 25 000 CR, pour deux mois... C'était pas mal, selon ses critères. Mais si elle s'amusait à disparaître pendant deux mois, elle allait prendre un très gros risque vis à vis de l'Echange... Cette fois-ci, il n'y aurait plus d'esquive possible, le message serait clair pour eux : elle aurait retourné sa veste pour de bon. Cela valait-il vraiment le coup maintenant ? Quoique, 25 000 CR, c'était une belle somme. Avec ce qu'elle avait déjà de côté, elle pourrait disparaître et se mettre hors de porté de ses collègues actuels. Fallait-il prendre ce pari, miser son indépendance sur cette mission ?

Depuis le temps qu'elle attendait, la réponse fortement tentante était un « Oui », franc et massif. Ce qu'on allait lui demander ? Quelle importance ? Elle n'était pas regardante sur ces choses-là, et tant que l'argent était là, elle pouvait même faire l'effort de ne pas poser de questions et de fermer les yeux. L'hostilité, le danger, c'étaient là deux amis de longue date à elle, alors quelle différence ?

Alors que le message arrivait sur la fin de son espérance de vie, elle entra l'adresse holographique pour donner sa réponse.

« J'espère pour vous que vous êtes bon payeur. Quand et où ? »