Luke Kayan
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Lentement mais sûrement, le temps s'écoulait sur la 20 ème année de Luke, nommée chevalier à l'aube de cette dernière. Les cours et les responsabilités mais surtout les projets s'amoncellaient. Le Hapien avait toujours été un élève assidû, c'était donc naturellement qu'il avait continué de noircir de petits trous en relief ses divers carnets de note. Son lien exceptionnel avec la Force et ses gros problèmes (aussi exceptionnels que son talent lorsqu'il était plus jeune.) au sabre-laser avaient forgé un Jedi des plus particuliers, lequel avait finalement relevé les défis et dont l'expérience pouvait servir. Le jeune homme avait commencé à rédiger ses constats et ses essais sous forme de rapports rigoureux par habitude plus qu'autre chose, car il travaillait avant tout pour se connaître. Il n'aurait jamais songé que ses explorations au sein de la Force et son travail sur les diverses manières de l'aborder plairait suffisamment au Conseil pour qu'il lui donne l'aval, sinon mieux, des encouragements pour se rendre sur place afin d'étayer ses thèses. Après avoir éprouvé une certaine honte à leur demander de se rendre sur une de ces planète d'où l'écho de ce Lien Entre Toutes Choses Universel résonnait de façon singulière. Si Luke avait déjà formulé de nombreuses théories, il était temps de passer à la pratique, soit étudier la Force dans un autre endroit que le Temple, où elle serait aussi puissante sinon plus mais surtout sauvage, un courant pur, une bourrasque violente et douce à la fois.

Le Conseil l'avait donc dirigé vers Dantooine, une planète où sigeaient des ruines Jedi dont il était prié de ramener quelques échantillons si sa cécité le lui permettait, d'une pierre deux coups. Hélas le jeune homme serait un bien mauvais observateur direct dans ce cas, en revanche le fait de ne pas pouvoir être déconcentré par le paysage et de communiquer avec l'endroit uniquement à travers la Force était un "privilège". Toute personne pourvue de yeux corrompait sans le vouloir le lien avec la grande puissance mystique des Jedis, influencée, attirée par les couleurs et se guidant avec ses prunelles. D'ailleurs ça n'était pas pour rien que ceux qui cherchaient la concentration extrême, symbole même du sage en réflexion, fermaient les yeux pour se plonger dans des méandres "midichlorianiques" lui avait-on fait remarquer un jour qu'il désespérait sur ses capacités abîmées. En plus d'être patient, organisé et travailleur, Luke avait donc cette capacité pour lui, ce revers étrange que lui offrait son handicap, l'idée avait intéressé les maîtres qui profiteraient également de l'occasion pour lui insuffler le goût de l'indépendance et un peu de confiance en lui.

Son rapport maintenu bien à plat sur ses genoux, figé dans un petit vaisseau adapté, conduit par un droïd et le pilote automatique, Luke attendait l'aterrissage avec une certaine angoisse. Il n'avait jamais quitté le Temple seul, mis à part pour aller sur Coruscant, voyages qui lui avaient très rarement réussis d'ailleurs. De plus, la mission normalement sans surprise lui donnait une impression de plus grande responsabilité encore puisqu'il s'agissait de rédiger un ouvrage qui serait ensuite peut-être publié et lu par les générations futures. Sans compter sur un grand nombre de lecteurs, Luke souhaitait éviter d'induire ces derniers en erreur. Les remarques des autres, notamment de Devon lui revenaient également en tête, le Zabrak insupportable lui avait confirmé les rumeurs de couloirs: il était moralisateur et ennuyeux à ses heures. Qui sait si son rapport n'allait pas être totalement insipide voir arrogant aux yeux des Maîtres ? Luke ne voulait surtout pas laisser transparaître une impression d'avoir la science infuse, quant au contraire il se remettait sans cesse en cause.

Bip qui l'accompagnait roucoula doucement pour le rassurer, sentant que la chaleur émanant du corps de son maître était dûe au stress. Le Hapien n'en était pas à transpirer mais son coeur battait plus fort que la normale, il était aussi excité de voir l'aboutissement de la première partie de ses essais, après le théorique, la pratique. Les exercices concernant la Force, la communion avec cette dernière l'avaient toujours passionné, et il était infiniment reconnaissant envers le Temple de lui permettre quelque chose que la société lui aurait toujours nié: jouer les explorateurs malgré sa cécité. S'il avait peur de manquer des éléments importants à cause de ses yeux morts, le jeune Jedi avait hâte de découvrir et de coucher ses premières anotations dans son habituel style à la fois précis et poétique. Mélange original entre la rigueur et le lyrique qui le caractérisaient tant. Sans être un grand explorateur de nature, le Chevalier montrait de bonnes capacités à l'exercice, curieux comme il l'était et assidû. Cet exercice en solitaire si ennuyeux pour les jeunes de son âge allait à ravir avec son caractère mystérieux emprunt d'une tranquilité parfois inquiétante. Plus jeune, son apprentissage avait consisté à l'éveiller, à induire des sensations et émotions en lui tant il en était dépourvu quant les autres devaient apprendre à s'en défaire.

Aujourd'hui heureusement, Luke allait mieux, franchissant même quelques interdits comme un adolescent tardif qui se rebelle. Pas trop bien sûr, il aimait trop les Jedis pour ça, bien qu'une de leur remarque dernièrement sertie d'une décision en suspend au-dessus de sa tête ne lui plaise guère. Il devait s'apprêter à quitter Jason si le Conseil le jugeait nécessaire, de quel droit ? Lorsqu'on savait qu'Ellena Caldin avait eu des enfants ? Mais peu importe, pour le moment le jeune homme était bien trop extatique pour songer à ces futilités. Il avait justement envoyé un message à Jason pour lui dire qu'il partait pour un temps indéfini-probablement quelques jours- sur Dantooine afin de récolter des éléments sur la Force qui serviraient à garnir la bibliothèque du Temple. Evidemment le message avait été gentil mais ferme, sans concession ni interrogations. Le travail du chevalier passait avant sa relation et l'ambassadeur l'avait toujours su.

Bip son R2 Jaune émit un petit sifflement pour annoncer l'aterrissage éminent, Luke se crispa un peu sur son siège avant de pousser un léger soupir lorsque la sensation de chute stoppa, il avait un peu le vertige dans ces engins, sûrement aggravé par le fait qu'il n'y voit rien. Le Sillages, petit chasseur sans signe extérieur d'appartenance quelconque fut soigneusement blotti contre un gros mur par le pilote robotisé. Bien sûr ça n'était pas l'astromech de Luke, toujours aussi "doué" pour conduire qui s'attelait à cette tâche, sinon un droïd "taxi" ferré dans le siège conducteur. Bip servirait plutôt de guide à Luke, comme d'habitude d'ailleurs, connaissant son rôle de guide, il passa devant son propriétaire, bippant lorsqu'un obstacle se dressait devant le Hapien. Depuis 11 ans qu'il l'avait, Luke connaissait bien la machine et interprétait ses bips sans avoir à lire -évidemment- la traduction sur son dôme. Le droïd lui semblait toujours n'avoir qu'1 ou 2 ans, bichonné par le jeune Jedi qui l'envoyait souvent voir un mécanicien du Temple pour changer ses pièces ou refaire sa peinture. Bien sûr, ça n'était qu'une machine mais aujourd'hui Luke était particulièrement content de l'avoir avec lui, comme un ami.

Marchant aux alentours des ruines, le jeune Jedi s'en tenait aux abords, car pénétrer plus en avant parmi les monceaux de pierre, le sol soulevé ou les objets épars serait dangereux pour lui. Bip sortit quelques tubes à essai de ses petites portes secrètes pour les remplir sur les ordres du Hapien qui lui indiquait quoi prendre puis les rangeaient précieusement. Une demi-journée de marche passa ainsi, pendant laquelle le Hapien lutta contre sa fatigue. Son handicap sur un terrain aussi escarpé l'épuisait, il devait faire attention à tout ! Sans compter la Force si puissante qui entrait en contact avec lui comme un remous violent, secouant sa digue de douceur et de violence à la fois. Le Hapien n'était pas habitué à recevoir autant de signaux à la fois, car dans le Temple les aînés se contrôlaient, ici, c'était aussi pur que brutal, et plus le lien avec la Force était intense, plus on était "aveuglé", justement. Un peu à l'égal de l'air des hautes montagnes, riche en oxygène qui étouffe pourtant. Après s'être habitué néanmoins, le Hapien était heureux au milieu de cette Force neutre qui voguait tranquillement autour de lui, après avoir pris quelques notes, le jeune Jedi établit son bivouac, secondé par Bip. Il avait bien sûr l'autorisation pour dormir sur le site, et prendre des notes. Sortant un sandwich le jeune homme prêta l'oreille à la faune riche de Dantooine qui s'exprimait, son sourire s'élargit lorsqu'il convainc un Fabool se se joindre à son repas à peine commencé. Il était heureux, ses appréhensions s'étaient envolées, déjà il perçait sa feuille de rapport avec soin, écrivant en braille ses premières remarques sans craindre de mal faire pour le moment. Il agissait naturellement dans cet endroit...

Tout comme il sentit cette secousse nouvelle dans la Force, différente des autres. Sans deviner l'alignement de la dite personne, il devina que s'en était une et qu'elle maîtrisait ses dons bien qu'il ignore à quel point. L'instinct le fit se raidir, jusque là ses rencontres hors Temple ne s'étaient pas très bien passées et il ne s'attendait vraiment pas à rencontrer quelqu'un sur Dantooine, planète si peu indistrualisée, encore moins dans ce coin perdu. Néanmoins Luke ne voulait pas juger par avance, il devait accueillir chaleureusement l'autre puisque se cacher pour "observer" était impossible désormais. Suivant donc les préceptes Jedi, il s'attacha à saluer l'étranger tout en ayant automatiquement occulté son propre alignement même si vu son taux de midichloriens et son fort penchant -pour ne pas dire extrême- vers la lumière rendaient l'exercice un peu plus délicat que la moyenne en ce qui le concernait.

-Bonjour

Fit-il simplement avec un léger sourire dans le vide car il n'avait pas encore cerné d'où venait la silhouette. Le chevalier ne dit rien de plus, attendant de voir si l'individu le saluerait puis passerait son chemin ou s'arrêterait. Pour le moment il voulait rester neutre et ne pouvait donc rien faire de plus, pas même inviter l'autre à partager son repas. Ce précepte d'hospitalité attendrait maintenant que celui de la courtoisie avait été appliqué. Sans montrer qu'il cherchait des réponses ou un contact, Luke n'avait fait que saluer un "touriste", un "pélerin" venu se ressourcer au sein de la Force, comme lui peut-être selon les circonstances sous lesquelles il serait amené à se présenter.
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Noval l’avait mauvaise, pour sûr ! La perte de ses sabres laser ne finissait pas de lui tarauder l’esprit, toutes ses pensées convergeant vers une difficulté insoluble. Ce n’était pas tant la nécessité de devoir en reconstruire deux autres qui mettait ses nerfs en rogne, même s’il lui faudrait un temps considérable pour arriver à égaler la qualité de conception et de fabrication des anciens. Non, son mécontentement résidait dans le fait d’ignorer si ses armes avaient été détruites dans l’accident, une satanée intuition lui martelant que non, narguant de plus belle l’incertitude qui le rongeait ! D’autant que l’un de ses fleurons de technologie avait appartenu à son maitre, disparu dans les profondeurs glaciales d’Arkania, un modèle unique à partir duquel son apprenti façonna une copie conforme à l’original : un sacré défi pour un novice ! Que faire, voilà tout le fond du problème ! Tirer un trait définitif dessus, ou bien enquêter dans l’espoir de retrouver leurs traces ? Le hic, c’est qu’il n’avait pas la moindre idée de comment s’y prendre pour retrouver la piste des individus responsables de son sauvetage. La trace s’arrêtait à cette station spatiale proche de Dubrillion où il a été retrouvé hospitalisé, comateux, à deux doigts d’une mort clinique provoquée par les bons soins d’un dénommé Artus Kalls, médecin en chef de ladite installation. Bref, rien qui ne tienne la route. Pas étonnant que les enregistreurs de vol de la zone n’aient pas conservé de données concernant les vaisseaux présents dans le secteur, après tout ce temps… Bien sûr, de telles joujoux sont interdits à la revente sur le marché des recéleurs, et d’ailleurs, rares sont ceux qui disposeraient des fonds suffisants pour accepter de monnayer, en toute illégalité, ce genre de marchandises. Seuls des cercles très fermés organisant des ventes d’enchères privées en toute discrétion, dans le soyeux du luxe et de l’anonymat, pourraient être intéressés. Encore faut-il être en mesure d’entrer en relation avec cette élite d’amateurs fortunés disséminés aux quatre coins de la galaxie, dont le passe-temps consiste à enchérir des sommes folles pour s’approprier de telles babioles exotiques dans le seul but de les collectionner. De tels renseignements demandent autant de temps que de tact pour être recueillis, et Noval avait d’autres affaires plus urgentes à régler. Engager des contrebandiers à la sauvette pour mener ce genre d’enquête aurait été parfaitement inutile. D’un autre côté, il ne tenait pas à mêler ses affaires privées avec celles de la Symbiosys, en envoyant à l’aveuglette quelques agents en vadrouille, sans mission précise, à la pêche aux informations…

De ses lointaines pérégrinations sur Korriban, Noval avait retenu les noms de plusieurs planètes aux passés particulièrement instructifs, et dont l’intérêt n’avait pas diminué au travers des âges. Parmi elles, Ilum et Dantooine l’intéressaient au plus haut point. En effet, rares sont les endroits où l’on peut collecter les cristaux indispensables à l’élaboration de sabres laser, et ces systèmes semblaient les plus enclins à livrer leurs secrets à force d’explorations. Il avait eu beau chercher dans ses souvenirs, le Sith était incapable de se remémorer le nom de la planète où son maitre et lui s’étaient rendus afin de s’en procurer. Certes, il irait bientôt rendre visite à la Dame Noire, et l’idée d’aller quémander son assistance pour obtenir des cristaux synthétiques lui avait effleuré l’esprit, au sens propre du terme. S’il pouvait éviter de lui être redevable de quoi que ce soit, surtout d’une chose qu’il était en mesure d’acquérir par ses propres moyens, il le ferait, question de principe. Son choix se porta finalement sur Dantooine, puisqu’il disposait d’une base de données assez fournie concernant sa faune locale. Un peu de dépaysement, de soleil et de grand air ne lui ferait pas de mal, lui qui est resté des mois et des mois enfermé, assistant, muet et aigri, au bal incessant des blouses blanches venant s’assurer que sa convalescence se passait sans accroc. Evidemment, l’équipe médicale ne ménagea pas ses efforts pour le persuader de reporter son voyage, le temps d’affiner au mieux la configuration motrice des prothèses jambières. En guise de réponse, ils se virent poser un ultimatum d’une simplicité accablante : ils ne disposaient plus que d’une seule journée pour finir leur labeur, sous peine de subir la conséquence de leur incompétence caractérisée : un renvoi pur et simple, ce qui équivaut, ni plus ni moins, à la peine capitale aux yeux d’un scientifique arkanien. Il va sans dire que le délai a été respecté.

A bord d’une corvette médicale, à la satisfaction générale des médecins, Noval fit le trajet jusqu’à Dantooine sous sédation, préférant dormir plutôt que de subir son lot quotidien de réminiscences glauques, ces images macabres qui lui revenaient sous forme de flash, notamment pendant des périodes de stress. Arrivé en vue de Dantooine, on le réveilla pour lui demander à quel endroit le pilote devait se poser. « Si seulement je le savais… » soupira-t-il en se retenant de bailler. « Survolez les grands espaces, essayez de repérer une structure imposante en balayant la surface aux senseurs… Il ne doit pas y en avoir beaucoup… » déclara-t-il avant de vérifier les quelques bricoles contenues dans son paquetage, surtout le bon fonctionnement du scanner portatif. Quoi qu’il en soit, il n’allait pas arpenter la planète entière sans avoir une idée de la direction à suivre. Il irait d’abord inspecter l’ancienne Enclave Jedi. Avec un peu de chance, il dénicherait des indices susceptibles de le mettre sur la bonne voie, voire même un relevé topographique de la région : quitte à rêver, autant y aller franchement. L’endroit lui servirait de point de repère, décida-t-il, et à partir de cet emplacement, il tâcherait d’entrer en méditation aussi longtemps que nécessaire, jusqu’à percevoir un signe, même infime, dans la Force… Vaille que vaille ! Comme Noval n'avait plus vraiment les moyens de se défendre, privés de ses précieux joujoux, un groupe de six agents de sécurité se tiendrait prêt à intervenir sur ses ordres, en cas de nécessité.

Il n’était pas mécontent de poser un pied sur la terre ferme. Des collines et des vallons verdoyants à perte de vue s’étalaient sous son regard apathique qu'il dut plisser tellement ce paysage baignait d’une clarté aveuglante, miroitant le moindre de trait lumière. Plus loin, la forme blanchâtre du repaire Jedi se découpait nettement du paysage vierge de toute trace de civilisation, à l’exception de quelques bâtisses égarées ici et là. En tout cas, pas âme qui vive à l’horizon. Un médecin l’interpella avant son départ, alors qu’il s’apprêtait à escalader un haut monticule de terre, entreprise qui eut pour effet immédiat de causer une certaine effusion parmi les membres du staff de soutien médical. « Nous allons profiter de votre escapade pour peaufiner le calibrage de vos membres » dit-il sur un ton parfaitement détendu tout en pianotant sur un datablock. « Vous n’aurez qu’à vous concentrer sur les sensations que vous ressentez pendant vos déplacements, énoncer verbalement les ajustements qui vous semblent nécessaires, et les prothèses feront le travail. Bien sûr, nous vous surveillons à distance. Parfait, vous pouvez y aller ! » finit-il par dire, un sourire coincé achevant son discours.

Une fois grimpé en contrehaut, Noval observa patiemment les environs aux jumelles, puis activa son scanner et finit par détecter une forme de vie isolée, distante d’environ deux kilomètres de son emplacement actuel, au sud-est de l’Enclave. Cette dernière attendra, la chose détectée, sans doute pas. Sans dire un mot au reste de l’équipage, Noval constata rapidement que sa cadence de marche était tout à faire respectable, même si la souplesse des articulations de ses prothèses laissait encore un peu à désirer, du moins c’est ce qui lui sembla juste après une course à grandes enjambées sur quelques dizaines de mètres. Il ne se fit pas prier pour obéir aux recommandations reçues, et s’exprima à haute voix au beau milieu d’une plaine, tel un dément qui aurait perdu tout sens commun. Immédiatement, il entendit un son léger de compresseur émis par ses jambes cybernétiques suivi d’un bip, puis plus rien. Il reprit sa marche, et trotta un peu en s’apercevant que le défaut de réglage s’était corrigé de lui-même. Sans nul doute que le Sith servait de cobaye grandeur nature à un prototype qui ne serait sûrement commercialisé qu’à très petite échelle, vu son degré de sophistication.

A proximité de l’endroit pointé par le scanner, le Sith fit une halte, jumelles aux poings. Ecarquillant les yeux, il ne tarda pas à cerner l’origine de la forme de vie détectée. Un jeune homme, un civil accompagné d’un droïde s’affairait près de vestiges en ruines, sans d’autres compagnons pour l’assister. Il avait beau scruter la zone, personne, hormis cet individu qui ne semblait nullement perdu ni en mauvaise posture, loin de là. Le voilà même qu’il s’installait et entamait un repas, comme si de rien n’était. Quoi qu’il en soit, il représentait la seule source d’informations disponibles, même si Noval douta qu’il puisse être à même de le renseigner, du moins connaissait-il peut-être un peu la région, assez pour l’aiguiller. C’est ce qu’il ne tarderait pas à savoir…

Approchant de lui, l’homme ne tarda pas à le saluer avec une mine enjouée, cherchant visiblement une prise de contact aimable. D’emblée, cette personne ne laissa pas le promeneur indifférent. L’espace d’un instant, il lui fit repenser à son apprenti, Ulrich Andersen, avec lequel il partageait un profil et un physique similaire. Même corpulence, même fragilité apparente, avec cette sorte de force intérieure jaillissant sur chacun de ses traits. Si le Kuati avait une part d’ombre qui ne demandait qu’à être extériorisée, ce qu’avait tenté de faire le seigneur Sith, l’individu qui se tenait là, face à lui, transpirait à tel point l’innocence et le calme que Noval ressentait une troublante impression rien qu’en le fixant du regard. Ses yeux aussi, présents et absents à la fois, étrangement immobiles et pourtant si transperçant, semblaient comme adoucis par une douce quiétude. Si cécité il y avait chez cette personne, elle n'en souffrait pas, loin de là. Même les gens ignorants des choses de la Force auraient constaté l’évidence : la bonté de ce personnage ne pouvait être feinte. Il ne restait plus qu’à savoir comment en tirer parti sans éveiller de soupçons…

« Bonjour à vous ! Je me suis laissé dire qu’un peu de compagnie ne serait pas de trop, vu que vous êtes la première personne que je rencontre depuis un moment ! Comme je vous voyais prendre un peu de repos, je me suis dit que c’était l’occasion rêvée de faire connaissance en cassant une graine… » répondit à la volette un Noval quasi enthousiaste, en sortant de sa poche une barre énergétique faite de céréales déshydratées, avant de s’asseoir par terre, non loin de lui. « Je m’appelle Noval, en mission scientifique pour le compte d’une grande firme » déclara-t-il tout sourire, tendant une main vers le jeune homme. « Et vous, qu’est-ce qui vous amène dans ce coin reculé ? Vous êtes historien, archéologue ou quelque chose comme ça ? » interrogea-t-il en montrant les ruines d'un hochement de tête.
Luke Kayan
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[HJ: Toute petite précision, la cécité de Luke ne se remarque pas physiquement car ses prunelles sont toujours vivantes (donc pas de voile), c'est le nerf optique qui ne laisse plus passer l'information, qui a en quelque sorte fondu. (oui je m'explique mal, mais je suis nul en sciences haha ! ) Du coup pas de voile, mais oui, son regard quoique pas totalement fixe, reste généralement fixe... Il suit un peu lorsqu'il entend du bruit juste^^.]

Un léger bruit se fit entendre, Luke mit un certain temps à faire la corrélation avec des pas. La raisonance lui semblait bien différente que la normale sur les dalles éparses du Temple perdu. C'était à la fois plus léger et plus lourd, un petit ronronement délicat se faisait entendre comme le cou d'un droïd bien huilé qui tourne, tandis que quelques instants plus tard, lorsque la jambe était sensée se poser, l'écho se répercutait dans le sol. Bien sûr, ces sons n'étaient pas du genre abrutissants, en réalité ils se fondaient parfaitement avec le ruissèlement continu d'une petite rivière ayant élue domicile entre deux bouts de colonnes explosées du Temple, et le pépiement des oiseaux ne s'arrêta pas en l'honneur de l'inconnu. Seul le Fabool qui partageait le repas du jeune Jedi fuit en roulant/courant à moitié. En effet, rien d'impressionant donc, mais Luke avait l'habitude de traiter les informations à l'oreille, surtout lorsqu'il tentait de ne pas trop utiliser ses pouvoirs. Aveugle depuis 12 ans, son ouïe s'était aiguisée, bien qu'elle n'atteigne et n'atteindrait jamais celle d'un Cathar ou d'une race semi-animale. En revanche, son cerveau était incapable de se décider pour l'interprétation, cela pouvait être des dizaines de choses, un homme accompagné d'un robot, ou simplement chargé de nombreux outils dont l'un frottait contre ses habits. Il pouvait s'agir d'une personne à forte carrure également, ou tout simplement quelqu'un qui marchait de façon inégale, à cause de l'endroit un peu biscornu ou naturellement.

Peu importe au final, puisque d'autres informations plus intéressantes surgirent. Si les présentations avaient commencé avant les salutations de Luke à travers une analyse soigneuse de sa part -ainsi que de celle de l'étranger très certainement.- la voix occupait désormais l'attention du jeune Jedi. Le langage était une source de données faciles quoique manipulable, il attirait irrémédiablement l'observateur de part l'immédiateté de l'analyse. Si l'on se fiait au sens premiers des mots du nouveau-venu bien sûr, car décrypter sous les mots était encore plus difficile et plus trompeur que faire travailler son oreille. Pour le moment en tout cas, le jeune Jedi n'avait aucune raison de se méfier des paroles de l'inconnu, il aurait préféré rester seul, habitué à la quiétude et surtout ne voulant pas se détourner de son travail, mais accepter cet homme ne le rebutait pas plus que ça non plus. Le Hapien était solitaire de nature mais pas non plus anti-social, en fait le mot "solitaire" ne lui convenait pas tellement, il était plutôt du genre à s'adapter à ce qui venait, prenant les avantages et oubliant les inconvénients. Au moins pourrait-il espérer glaner quelques informations avec ce scientifique qui semblait chevronné, et il ne serait pas perdu seul au milieu de toutes ces ruines. Sans compter que l'inconnu paraissait sympathique bien que par réflexe, le Chevalier demeure méfiant, plus à cause d'un éventuel "vampire" qui chercherait uniquement à avoir des infos et saccagerait le site qu'autre chose. Ce type de profil existait parfois parmi les explorateurs au nom de grandes firmes qui quémandaient des résultats avant tout.

-Casser la graine ?- N'étant pas particulièrement doué pour comprendre les expressions imagées, et pour cause, le jeune homme finit toutefois par saisir à cause du contexte et leva son sandwich en provenance de la voix avec un petit sourire.- Ah ! Et bien pourquoi pas, installez-vous donc. Je m'appelle Luke, enchanté

L'intéressé tapota une petite place à côté de sa personne sur la serviette épaisse qui lui servait de coussin. Cependant, il se rappela vaguement d'un oubli dans les gestes élémentaires de la courtoisie. Au Temple le blond était habitué à ponctuer sa présentation d'un signe dans la Force, soulignant chacune de ses phrases par son biais d'ailleurs, mais ici c'était différent, il ne voulait pas que l'autre devine son alignement, simple réflexe de protection. Et puis les gens extérieurs au Temple comprenaient rarement ce genre de politesse voir même jamais. En tant que Jedi Consulaire et aveugle il avait dû apprendre par coeur, encore plus que les autres, les moindres gestes pouvant gâcher une négociation ou au contraire lui permettre de réussir. Parmi eux le serrement de mains. L'aveugle ignorait évidemment si Noval avait procédé à ce petit geste élémentaire qui n'était qu'une minuscule preuve de plus des obstacles qu'il devait à chaque fois surpasser. Dans le doute, il tendit lui-même sa main vers l'endroit où était localisé l'homme via sa voix et attendit que l'autre soude leurs doigts de son propre chef.

-Oh moi, j'aime explorer et découvrir malgré quelques petits soucis de vue.

Lança le Hapien d'une voix douce où perçait l'amusement. Il sourit et leva ses yeux fixes vers Noval, les posant à peu près dans le regard de ce dernier, exercé à situer le visage de ses interlocuteurs quand ils parlaient. Par contre si Noval tournait la tête sans rien dire ou faisait un geste assez lent devant lui pour ne soulever aucune "vague" de vent, ses yeux vairons ne suivraient évidemment pas.

-Je suis aveugle en fait. Et voilà Bip, mon ami droïd et guide autoproclamé

Révéla le blond sans complexe particulier, habitué depuis très longtemps à l'autodérision dans ce domaine. D'ailleurs c'était sans doute l'un des moments où il était le plus divertissant, lorsqu'il parlait de son handicap, riant lui-même de ses déconvenues. Du reste, ses propos quoique restreints n'étaient pas entièrement faux. Mis à part le petit vaisseau que lui avait fourni le Temple, Luke avait entreprit ce voyage "seul" avec leur aval. C'était ses théories qui l'avaient mené ici et ses propres pas. Normalement le Temple fournissait mieux ses explorateurs-tout en restant sobre. Ils étaient Jedis.- mais le but de cette mission étant justement de communier avec la Force dans son état le plus pur, sans se laisser déconcentrer, Luke n'avait pas eu le droit à la panoplie de gadgets habituels, déjà réduits quand on avait l'Ordre comme sponsor.

Noval intriguait fortement le Hapien, il avait senti qu'il possédait la Force un peu plus tôt, mais doutait désormais. Etait-ce Dantooine qui lui aurait joué un tour ? Possible, car il n'était pas encore totalement accoutumé à ses remous sauvages et puissants, mais la première hypothèse n'était pas pour autant à jeter à la poubelle. Tous les porteurs de midichloriens n'étaient pas Jedis ou Siths, certains grandissaient sans jamais maîtriser leurs dons, d'autres apprenaient avec quelques séances au Temple pour devenir des citoyens responsables et ne pas tout casser dans une crise de colère. Il y avait aussi ces Padawans qui échouaient, nombreux parmi le petit nombre d'enfants élus par l'Ordre déjà de base. Rares étaient les êtres sensibles à la Force mais parmi cette rareté, il y en avait plus en dehors du Temple que dedans car la formation Jedi était extrêmement rude. En général ces personnes avaient beaucoup d'intuition dans leur travail ou pour se faire des amis. Ils pouvaient réussir ou échouer dans la vie, avoir ou non conscience de ler potentiel, et s'ils étaient dans le premier cas, se faire embaucher comme Noval. Pour une mission scientifique au nom d'une grande firme, c'était l'idéal car jamais un Jedi n'aurait travaillé pour ce genre d'entreprise; C'était un Ordre plutôt fermé et sans être avares de leurs découvertes, ils ne cautionnaient généralement pas les méthodes de ces scientifiques avides d'argent. Leur formation les poussaient également à abordre une vision différente des hommes honnêtes d'ailleurs, ils aimaient faire les choses à leurs façons, un ancien Padawan ou un être naturellement doué dans la Force était donc précieux pour les entreprises. Mais peut-être que Noval n'étudiait même pas la grande puissance mystique universelle.

-Je n'ai pas de but précis, je vogue et divague à la recherche d'informations pour un rapport dont j'ai pris l'initiative. Peut-être sera-t-il publié un jour ou tombera-t-il dans les limbes de l'oubli ? La vision d'un aveugle sur l'exploration me semblais cocasse en réalité, j'avais envie de faire découvrir comment nous "voyons".

Fit-il d'un ton enjoué avec un vocabulaire révélant toutefois son niveau d'éducation. Né dans l'aristocratie la plus sale qui soi mais l'aristocratie quand même, puis élevé un an par un sénateur et ensuite confié aux Jedis, son passé -pourtant loin d'être riche matériellement parlant- ne trompait guère, même lorsqu'il jouait "Lou", un dealer des bas quartiers de Coruscant qu'on imaginait s'être enfuit de chez papa/maman.

Lorsqu'il sortit un second sandwich après avoir tâtonné un peu néanmoins, on pouvait deviner qu'il se contentait de peu avec sa serviette moelleuse en guise de chaise, son petit sac-à-dos rempli avec un livre, quelques feuilles liées écrites en braille et des habits de rechanges. Il avait bien sûr sa tente roulée ainsi qu'un sac de couchage mais guère plus. Naturellement le jeune homme n'avait aucune lampe de poche ou carte bien que Bip gardait sur lui un GPS vocal que lui aussi pourrait lire via la puce en cas de perdition. En fait, Luke avait réellement l'air d'un "touriste" dans ses vêtements pratiques mais propres et strictements modestes; un jean et un tee-shirt gris bien coupé sans sembler sortir d'un magasin de luxe évidemment. Un jeune garçon un peu bohème mais aussi tranquille, bien plus tranquille d'un garçon de son âge. Etait-ce son caractère de base ou son handicap qui l'avaient mené vers un tel chemin ? Comment savoir ? Luke lui-même l'ignorait et ne se posait guère la question, plus intéressé par l'extérieur que sa petite personne.

Noval semblait quant à lui, de prime abord assez énergique et plutôt partageur pour un employé de grande firme, lesquelles prônaient habituellement l'individualisme et le secret pour mieux sortir ensuite sous les projecteurs. Luke pensa brièvement à Harn Carnock, l'Ewok qui stressait car il avait rendez-vous dans un chantier de musée sur Coruscant, un projet mené par Côme Janos. Noval n'avait sûrement rien à voir avec cet endroit, puisqu'en plus il avait avoué travailler pour une "entreprise", à moins que pour lui firme et musée soit la même chose, celui qui lui donnait l'argent à la fin. Du reste c'était normal de réclamer un salaire s'il vivait de ça.

-Vous travaillez depuis longtemps pour cette entreprise ? C'est votre travail officiel alors dirons-nous ? Un explorateur professionnel, et que cherchez-vous sur Dantooine si ce n'est pas secret ?

Interrogea Luke purement et simplement curieux sans aucune idée derrière la tête. L'homme ne lui apportait pas grand chose dans sa rechercher certainement, mis à part un peu de compagnie et qui sait, une aide s'ils devaient cheminer ensemble. Pour autant Luke n'était pas du genre à quémander qu'on l'assiste et ça n'était pas plus mal ainsi. Attendant de voir si son compagnon allait se saisir du sandwich au fromage, le jeune homme se cala d'avantage contre son sac, tant pour le confort que pour l'avoir à portée de main. Être aveugle sans pour autant perdre ses affaires supposait un brin d'organisation.
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HRP:

Luke… Ainsi s’appelait ce jeune homme à la morphologie plutôt famélique, jugea Noval, âgé d’une vingtaine d’années tout au plus, d’après une rapide estimation faite du coin de l’œil, eu égard aux traits émaciés et angevins de son visage. Fort aimablement donc, il venait de rendre la politesse à l’opportuniste promeneur en se présentant nommément, juste après avoir agréé son invitation à lui tenir compagnie. A ce propos, la courte poignée de main échangée avait peut-être suffi à lui faire remarquer le membre artificiel du nouvel arrivant, qui sait... Sûrement pour ne faire montre d’indélicatesse, l’homme ne releva pas la chose, allant même jusqu’à le fuir du regard sur le moment, crut l’arkanien, ses yeux vairons se perdant au loin. Mais peu lui importait. A l’intérieur comme à l’extérieur, le Sith souriait de se voir encore capable de fraterniser de bon cœur avec le premier venu, et de se retrouver au beau milieu d’une scène de vie bucolique si anecdotique. Lui qui démontrait volontiers, à ses heures, une mentalité assassine et une absence totale d’empathie ou de sympathie pour autrui, une parfaite indifférence s’évertuant à cloisonner la réalité au gré de ses besoins, sans se soucier de quoi que ce soit d’autre. Sans doute qu’il deviendrait bientôt un monstre polycéphale, une hydre cumulant les charges d’ambassadeur de la Symbiosys Corp. et celles de sénateur d’Arkania, sans oublier ses obligations de seigneur Sith, resté en retrait des plans fomentés par la Dame Noire depuis trop longtemps déjà. L’heure viendrai bientôt de refaire surface, mais pas n’importe comment…

Eh quoi ! Le voilà pour l'heure assis au beau milieu d'herbes hautes, profitant d’une brise rafraichissante qui atténua agréablement la chaleur d’un climat tempéré pour la plupart, limite caniculaire pour cet habitué des froideurs extrêmes. Brièvement, son regard se fixa sur le défilé des nuages, quasi imperceptible, rehaussant le bleu azuréen du ciel. Autant profiter de cette nature hospitalière, humer sereinement les senteurs boisées qui arrivent par effluves jusqu’à ses narines. Et jouer le jeu jusqu’au bout pour ne pas effrayer derechef ce nouveau compagnon, toujours empreint d’un certain voile de mystères. Finissant d’avaler une bouchée de nourriture déshydratée, il s’intéressa aux ruines anciennes qu’il détailla du regard, avant de reporter son attention sur le droïde qui semblait veiller de près sur son maitre, décrivant de petites courses concentriques aux alentours comme pour repérer la moindre intrusion dans les parages. Sûr qu’il y avait plus imposant comme garde du corps, mais au moins, il remplissait sa mission sans la moindre contestation ni faux pas, parfaitement dressé comme aurait pu l’être un animal de compagnie. C’est à ce moment-là que Luke parla de sa cécité sans la moindre gêne, carence que Noval avait bien cru noter sans en être sûr. Puis vint le nom de son acolyte de métal, comme s’il considérait que ces révélations étaient à prendre sur un pied d’égalité. Bip… Une appellation on en peut plus générique pour un droïde, ironisa-t-il en silence, alors qu’un petit rictus ressemblant à s’y méprendre à un sourire germa sur sa figure livide. Aveugle, et pourtant Luke ne paraissait pas spécialement démuni par ce handicap, au contraire. Errer seul, ou presque, et se livrer à des fouilles comme il le faisait… Le Sith soupçonna quelque chose que le blondinet tentait de lui cacher. Après Ulrich, c’est à une Miraluka que l’arkanien repensa… une certaine Nahla, de mémoire. Dépourvue de globes oculaires, elle y voyait comme au grand jour, comme tous ceux de son espèce, preuve de la capacité d’adaptation inhérente à toute forme de vie. Peut-être que ce jeune homme avait développé un don inné qui lui permettait de percevoir le monde autrement. Peut-être que la Force avait un rôle à jouer dans cette énigme pour le moins originale…

« Ah… Je n’avais pas remarqué… » se contenta de glisser Noval du bord des lèvres, reportant son attention sur les landes aux reflets luisants sous un soleil de plomb. Occultant de son esprit la cécité du jeune homme, le Sith sentit brièvement que le site où ils étaient assis entretenait un lien de Force ténu et fort avec un passé lointain. Des événements en rapport avec la présence de Jedi s’étaient déroulés ici, l’arkanien en aurait mis sa main à couper… Quoique, une prothèse en remplaçant une autre, cette expression langagière ne vaut plus la peine d’être usitée dorénavant ! En guise d’explications, Luke se contenta de rester vague concernant l’objet de sa présence sur ces terres, comme s’il tenait à ne pas trop en à dire à un parfait inconnu à propos duquel il ne savait rien, hormis son prénom, élément si insignifiant qu’il ne saurait représenter le moindre gage de confiance. Une réaction parfaitement compréhensible, s’il en est. Or, dans la foulée, il explicita quelque peu sa réponse, qui étonna Noval, si pris de court par l’ambiguïté de son discours qu’il resta sans voix, s’interrogeant sur le sens de ce qu’il venait de dire. De son côté, l’arkanien se voyait mal lui expliquer la véritable motivation qui l’animait à arpenter ces contrées sans, par-là même, lui révéler le fin mot de l’histoire. D’ailleurs, il n’aurait aucun mal à broder une histoire parfaitement crédible et fausse de bout en bout, sans même y penser et sans sourciller un seul instant. S’il y avait bien un domaine où Noval excellait, c’était bien celui-là : la tromperie. La vérité, la fausseté, ces notions-là, il prenait un malin plaisir à les tordre et les plier en tous sens, au gré de son imagination et de ses envies. L’essentiel consiste à ne pas perdre le fil et être toujours disposé à inventer de nouveaux mensonges toujours plus détaillés les uns que les autres pour étayer les précédents. A partir du moment où vous croyez à ce que vous dites, il n’est pas impossible de faire gober n’importe quoi à n’importe qui. La vérité est une arme dangereuse à ne garder qu’en ultime recours, les diplomates ne le savent que trop bien. Voilà aussi pourquoi le seigneur Sith avait toujours eu une aisance naturelle à dissimuler sa vraie nature, la part d’ombre qui menaçait de le trahir à chaque instant, s’il n’y prenait pas garde. Pour répondre à la question que Luke venait de lui poser, l’esprit de Noval mixa le vrai et le faux pour aboutir à un récit cohérent, répondant du tac-au-tac tout en assemblant logiquement des blocs de récits pour former un tout cohérent :

« Si je ne dis pas de bêtise, ça fait presque dix ans maintenant que je bosse pour ce groupe… » songea-t-il en réfléchissant à ce qui allait suivre. « La paye est bonne, mais ce n’est pas sans risques ! Pour tout vous dire, je ne suis pas venu seul sur Dantooine. Plus d’une vingtaine de collègues du même acabit que moi se sont dispersés sur les différents continents de cette planète. Comme d’habitude, on m’a largué sur le terrain le plus praticable… » marmonna-t-il, l’air contrarié. « Je n’aime pas trop m’étendre sur le sujet… Disons que mes jambes ne sont plus ce qu’elles étaient, pour faire court ! » s’exclama-t-il exagérément, feignant un certain malaise dans le timbre de sa voix. « La mission dont je vous ai parlé est un peu particulière, et peut s’avérer dangereuse aussi. Nous devons recueillir un grand nombre d’échantillons d’un poison produit par une espèce d’araignées vivant dans cet écosystème. Nous savons qu’elles forment des sociétés soudées, à l’instar de beaucoup d’insectes, et qu’elles creusent des galeries souterraines, parfois même des grottes d’une taille considérable. Si tout se passe bien, nous ne devrions pas avoir trop de mal à les débusquer et faire les prélèvements nécessaires. Tout ça pour quoi, allez-vous me demander ?! Au fil de nos recherches, nous espérons pouvoir créer une sorte d’antivirus universel, pour le dire simplement. Ça serait une grande avancée médicale, pour sûr ! » argua Noval, qui, assoiffé, avala une giclée d’eau à l’aide d’une sorte d’inhalateur de poche. « Pour revenir sur ce que vous m’avez dit tout à l’heure, c’est la question de la perception que vous mettiez en avant, c’est bien ça, ou je suis complètement à côté de mes bottes ?! » questionna-t-il Luke, dans le but d'apporter un crédit supplémentaire à la fiction qu’il venait de pondre, en détournant l’attention de l’auditeur ciblé sur tout autre chose.
Luke Kayan
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Noval ne s'excusa pas en découvrant la cécité de Luke, contrairement à d'habitude. Les gens perdaient rapidement le peu de confiance établie lorsque le Handicap s'invitait dans la conversation, soit ils étaient dégoûtés, soit trop prévenants, craignant de blesser d'avantage le pauvre atteint. Luke déplorait grandement ce genre de réaction, puisqu'en réalité, cela le ravissait qu'on ne se soit pas aperçu de sa cécité, pourquoi s'excuser ? Tout se compliquait lorsqu'il avouait son problème, ceux qui avaient commencé un échange intéressant avec lui perdaient le fil, comme s'ils avaient peur que leurs mots le rendent également muet ou le casse, allez savoir. Toutefois le jeune homme avait apprit à tolérer ces personnes, bien plus que celles qui montraient ouvertement leur mépris envers les "diminués", case à laquelle Noval paraissait également appartenir, ce qui expliquait peut-être sa réaction judicieuse.

-Hum Je ne l'avais pas vu non plus en ce qui vous concerne.

Osa plaisanter le Hapien en fixant intensément ce qui était sensément l'endroit où se trouvaient les jambes de Noval pour peu qu'il soit assis et normalement. Le jeune homme espérait que son compagnon de pique-nique ne prendrait pas la mouche, mais il était généralement assez ouvert sur le handicap, peut-être plus que sur d'autres sujets et n'hésitait pas à plaisanter dessus. Sa propre cécité faisait que les autres acceptaient plus facilement ses moqueries gentillettes sur le sujet, quoique certains trouvaient encore le moyen de rougir voir se fâcher, le traitant pratiquement de raciste.

-Blague à part, pourquoi est-ce ça vous gêne d'être envoyé sur les chemins les moins abruptes ?

S'étonna le Jedi, conscient qu'il touchait peut-être à un sujet sensible, mais quand même cette histoire restait étrange. Lui même n'était pas épargné au Temple parce qu'il appartenait à l'Ordre et devait accomplir sa part, mais dans une entreprise, il était étonnant qu'un employé se plaigne d'être épargné. LNoval lui,paraissait d'ailleurs bien lassé de se retrouver sur les chemins les "plus praticables" selon ses propos. Quoiqu'il en soit, sa quête lui plaisait bien, il la trouvait idéaliste, quant bien même il y avait de l'argent derrière toutes ces recherches c'était une bonne chose, peut-être un peu trop utopiste mais la vie serait triste sans rêve. Il supposa que l'homme devait travailler pour la cause plus que pour l'argent, d'où sa passion pour le risque malgré son handicap et sa frustration parce qu'on le ménageait.

-Intéressant, vous avez fait de nombreuses planètes pour trouver ces araignée déjà ? Où est-ce une exclusivité de Dantooine, et le projet est nouveau ? Quant à moi il s'agit bien de ça, la partie historique de cet ancien Temple m'intéresse, pareillement pour la Force et ses mystères. Je la capte un peu, mais il me semble que je ne suis pas le seul.

Lança Luke en hameçon, décidant de se dévoiler légèrement pour que Noval le fasse aussi. Bien qu'il ne le soupçonne pas de mentir, il était intrigué par cet homme qui semblait effectivement avoir accès à cette grande puissance qui intéressait tant des gens comme eux que des non initiés. Sans dévoiler qu'il était Jedi pour plus de simplicité, sachant que certaines grandes firmes ne les portaient pas dans leur coeur et pour ne pas couper au naturel de la conversation, tout en se préservant un minimum, Luke prenait réellement plaisir à discuter. Bien qu'il soit habituellement peu loquace, il s'ennuyait ferme présentement, il fallait bien en revenir à la communication avec ses pairs à un moment.

-Qu'est-ce qui vous a amené sur ce projet ? Je veux dire, vous avez étudié à l'université puis avez postulé pour ce travail ? C'est quand même un peu spécial.

Effectivement, être explorateur à temps plein pour une entreprise demandait de la ténacité, l'acceptation de ne pas avoir de famille ou de la voir très peu, sans compter les risques, encore plus grands our un handicapé, il fallait bien le reconnaître.
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De la curiosité, un peu de répartie, sans oublier un certain sens de l’humour, tels sont les ingrédients que Luke mélangea avec doigté pour rebondir habilement sur les propos tenus par Noval, qui venait d’entamer une seconde barre de céréales, par pure gourmandise. Visiblement, ce jeune homme tenait à cœur de placer cet échange sous le signe d’une parole décontractée et sans détour, luxe auquel l’arkanien ne pouvait goûter, bien entendu, si ce n’est du bord des lèvres. Quelle tête aurait été la sienne, s’il lui avait subitement révéler son vrai visage, et le fait qu’il eût été parfaitement dans ses cordes de l’occire sans grande peine, juste pour satisfaire son bon plaisir ? Dans le cas présent, les spectateurs d’une pareille scène ne se seraient pas bousculés au portillon, pour sûr ! Et puis, à quoi bon s’adonner à des actes de cruauté parfaitement gratuits, si personne n’est là pour en témoigner ? Pour le simple fait d’asseoir sa supériorité, embrochant une victime de plus sur l’autel ensanglanté de la démence en pur sacrifice, comme on enfile une nouvelle perle à un collier dont on sait qu’on n’en verra jamais le bout ? Sans enjeu à la clé, le Sith préférait garder ce genre d’élans fougueux sous le coude, s’assurant la mainmise sur ses propres émotions pour mieux les laisser jaillir au moment opportun. La vie vous apprend qu’il y a bien des manières de s’aveugler soi-même : autant de travers à éviter quand on veut s’épargner de mauvaises surprises. La haine, pour ne citer qu’elle, est peut-être la plus pure expression de cette irrationalité. Peu importe l’objet dénigré, elle se jette dessus avec une telle soif de destruction qu’elle ne savoure ni ses victoires, ni ses défaites. Elle ne digère rien, mais avale tout et tout cru, ne cherchant qu’à combler follement un gouffre béant où campe le brasier de l’insatisfaction. Se complaisant dans cette folle épopée, elle se consume elle-même à petit feu, et ne manque pas de toute mettre en œuvre pour perdurer, envers et contre tout. Voilà pourquoi elle se pare des plus beaux atouts pour dissimuler sa difformité intrinsèque, à mesure qu’elle enfle et se boursoufle d’orgueil et de préjugés, prétextant embraser la moindre cause en vogue pour se parer de bonnes intentions et, partant, continuer sa sale besogne. Ainsi, la haine se prémunit contre l’unique chose capable de la faire chanceler : l’intelligence, et la parole, quand elles sont raisonnées. La haine est une arme puissante pour un Sith, certes, il faut le reconnaitre, mais le revers de la médaille n’est pas anodin : à haïr n’importe comment, on finit par se haïr soi-même.

Bref, à force de divagations métaphysiques, Noval, jonché dans l’herbe à fixer les nuages, en perdit de vue l’important, l’étrange compagnon avec qui il nouait peu à peu des liens amicaux. D’une manière ou d’une autre, peut-être pourrait-il solliciter de l’aide de sa part, en lui demandant s’il connaissait les environs, et s’il avait déjà entendu parler d’endroits insolites de par leur dangerosité. En entrant en communion avec la Force comme il le faisait à proximité de ces vestiges, il pourrait avoir ressenti d’autres choses susceptibles de le mettre sur la voie. Dans le pire des cas, il le ferait lui-même… Sauf que cet endroit paraissait être un lieu propice pour se focaliser sur les courants de Force véhiculés à la surface de cette planète, Luke ne l’avait pas choisi par hasard. Autant se montrer aimable envers lui, et aviser par la suite. Pour répondre à sa première question, Noval choisit une intonation un peu éteinte, plaçant volontairement son propos sur le registre de la gêne contrariée et du reproche. Dans la foulée, il prit bonne note de rappeler à l'ordre les ingénieurs à l'origine de ses membres bioniques afin de renforcer leur isolation acoustique.

« Aveugle, mais avec une bonne oreille, à ce que je vois ! Oh et bien… Je vais vous le dire, puisque vous semblez tant y tenir… Je n’apprécie pas qu’on m’accorde un traitement de faveur, ni la condescendance de certains collègues. Pour ne pas dire le dégoût, ou pire, la pitié de certains regards croisés ! Ils ont beau être emplis des meilleures intentions, à leurs yeux, je ne suis plus tout à fait un homme depuis que je porte ces prothèses ! Parfois, je me dis que j’aurai été mieux loti à rouler dans un fauteuil… » dit-il avant de soupirer bruyamment, comme pour marquer le coup, et faire comprendre au jeune interlocuteur qu’il valait mieux ne pas retourner le couteau dans le plaie en continuant sur ce sujet. Intérieurement, Noval aurait volontiers parié un repas au Couverts Célestes que le dénommé Luke allait lui demander des précisions au sujet de l’accident responsable de son état. * Oui ? Non ? * enchérit-il secrètement, un sourire en coin. Sursautant, le comlink qu’il portait à sa ceinture émit une série de bips continus, qu’il s’empressa de faire taire en répondant à l’appel :

« Monsieur, est-ce que tout va bien ? Les capteurs montrent que vous vous êtes immobilisés depuis un moment. Aucun problème à signaler ?

- Aucun. Et pour le relevé topographique, vous en êtes où ?

- La zone est vaste, mais nous avons détecté une cavité assez imposante au sud sud-est de votre position, à environ… Quatre kilomètres.

- Très bien, je vous recontacte dès que j’ai du nouveau, terminé. »

* Hors de question que je couvre cette distance à pied, je ferai affréter le convoi quand le moment sera venu de faire mes adieux à ce compagnon de fortune * réfléchit-il d'une traite avant de se reprendre là où il en était resté :

« Qu'est-ce que je disais déjà ? Euh... Oui ! Alors là, je ne pourrai pas tellement vous renseigner, je ne connais que les grandes lignes de ce projet. Moi comme les autres, nous ne sommes que des exécutants, on reçoit des ordres de mission pour aller collecter telle ou telle substance à tel endroit, point final. La plupart du temps, nous ignorons tout des tenants et des aboutissants ! Par contre, je vous avoue que c’est bien la première fois que je me retrouve avec autant de collègues sur une même assignation, et ça, c’est la preuve que ces créatures ne vont sûrement pas se laisser faire, c’est moi qui vous le dis ! » déclama Noval d’un air à la fois songeur et assuré. Tout en brodant cette histoire, il avait en tête la dernière allusion que Luke avait laissé planer, comme une perche tendue dans sa direction. Il n’était pas persuadé qu’il avait affaire à un disciple formé au temple Jedi, mais plutôt à un jeune homme vivant dans le coin et qui vouait un attrait particulier pour les choses de la Force. Peut-être même qu’il avait aspiré à le devenir, plus jeune… A présent, selon ses dires, il embrasait la vocation d’historien, en quête de sens et d’indices à propos de ruines datant d’un âge révolu depuis belle lurette. Soit, à chacun ses passe-temps, celui-ci avait le mérite d’être instructif, du moins le supposa-t-il. Néanmoins, un doute subsistait concernant ce Luke... Tout ceci méritait quelques éclaircissements.

« Ah oui ? Alors comme ça vous percevez… La Force… Attendez, vous voulez dire la Force… LA Force ! » s’exclama-t-il, sa voix emplie d’un étonnement soudain. « Vous n’allez pas me dire pas que vous appartenez à l’Ordre Jedi, si ? » poursuivit-il en baissant légèrement de ton. « Enfin je vous parle de ça, parce que j’ai connu un Jedi il n’y a pas si longtemps… Comment s’appelle-t-il déjà… Lui aussi m’a dit la même chose que vous, comme quoi j’aurai sûrement pu devenir l’un des leur, dans une autre vie… Ah oui ! Léonard ! Léonaaaard… » insista-t-il sur cette syllabe comme si le reste allait couler de source. « Je n’arrive pas à croire que j’ai pu oublier son nom, flûte alors ! Nous nous sommes rencontrés sur Kuat, et avons partagé un repas au restaurant ! Ça vous dit quelque chose, non ? Un type barbu qui en impose… » demanda-t-il à Luke dans sa tentative pour noyer le poisson, croisant les doigts pour qu’il lui réponde par l'affirmative.
Luke Kayan
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-En même temps, avec un fauteuil, il m'est d'avis que vous n'auriez pas pu rouler jusqu'ici. Sans compter que ce serait encore plus visible. Il paraît que ce sont de vrais engins à pitié. Quoiqu'il en soit, ce que vous dites résonne désagréablement en moi comme du vécu, heureusement la tendance s'inverse désormais. Petit à petit, vous ferez comprendre aux autres que vous ne souhaitez pas être épargné. C'est un long combat mais quelle satisfaction une fois gagné.

Objecta Luke d'un ton calme, d'après les témoignages de langue qui se déliaient, un fauteuil roulant vous rendait encore plus impotent aux yeux d'autrui. Ayant un profil qui prêtait facilement aux confidences et lui même affublé d'un handicap, le jeune homme connaissait un certain nombre de choses sur les sensations que les êtres diminués pouvaient ressentir, sans parler de son expérience personnelle. Ainsi il avait prit le parti de plaisanter juste ce qu'il fallait sur le thème sans jamais forcer quelqu'un à lui parler de la raison de son état présent. Que ce soit de naissance ou suite à un accident, c'était si personnel qu'émettre une seule question concernant ce fait pouvait couper toute confiance et pendant un certain temps, lui même n'aimait de toutes façons pas expliquer pourquoi il ne voyait plus. Cela ne l'aiderait ni à retrouver les couleurs, ni à sa soulager de son passé.

Tout de même, Luke ne pouvait s'empêcher de penser aux dernières paroles de Noval. Il avait l'impression que ce dernier était dans cet état depuis peu de temps, à moins qu'il n'ait des compagnons vraiment têtus qui continuaient de le voir comme un faible après des années de preuves. Lui-même avait d'abord été traité comme une petite chose fragile, ce qui lui convenait au début, étant un enfant particulièrement instable, ayant un grand besoin de protection. C'était en grandissant qu'il s'était affirmé et avait pris goût à l'indépendance ainsi qu'à l'égalité. Ce n'était pas simple tous les jours, le jeune homme espérait parfois qu'on lui tienne la main avant de se résorber au dernier moment et de s'en satisfaire. Tout cela l'avait mené ici, sur cette planète avec la confiance du Conseil dans la poche. Le plus dur était fait, restait désormais à la conserver. Quant à Noval il paraissait être à l'aube de son combat pour une place au soleil. Se fixant sur le ton de sa voix, le blond se résolut donc définitivement à couper la conversation bien qu'un brin de curiosité demeurait. Parfois agir comme si de rien n'était invitait justement la personne à se confier. Le plus simple était donc de ne pas se poser la question et de laisser le temps et le hasard agir.

Luke n'eut pas le temps de mettre en oeuvre ses résolutions que le comlink de son camarade de Sandwich sonna. Le jeune homme mordit dans son pain, laissant parler à un probable collègue dans son comlink, il espérait que ces derniers ne débarqueraient pas dans le coin, saccageant tout comme cela arrivait parfois avec les grandes firmes qui recherchaient le profit avant tout. Le chevalier n'avait pas envie d'avoir toute une troupe d'explorateurs excités sur le dos, Noval était fort sympathique mais il avait probablement eu de la chance avec cet individu, cela ne se reproduirait pas. Fort de ce constat, le Hapien se promit de déguerpir lorsque si les collègues de Noval débarquaient, pour le moment heureusement tout était tranquille. L'homme avait raccroché son comlink et reprit la discussion avec lui. Luke qui n'avait pas écouté la conversation par politesse sursauta légèrement, surpris lorsque Noval s'adressa de nouveau à sa personne.

-Et vous avez de quoi les attraper alors ces Araignées ?

Demanda Luke en essayant de fouiller sa mémoire pour se rappeler si oui ou non il avait ressenti une présence animale hostile sur le territoire. Il se demanda aussi quelle était la taille de ces bestioles, leur mode de vie, bref, autant de détails qui lui manquaient pour aider Noval. Sentir la vie dans la Force comportait ses limites, tout ce que pouvait deviner Luke à présent en étendant prudemment ces ondes, c'était un brouillon qui s'emmêlait toujours plus, des âmes sautillantes, rampantes, inquiètes ou affamées. Mais une fois de plus, l’exubérant explorateur coupa le Hapien dans ses pensées, cette fois, il tiqua. Il pensait bien que son compagnon n'était pas un gros méchant Sith, vu son air joyeux, sa gentillesse et ses convictions, mais révéler à un employé d'une grande firme qu'il était Jedi n'était pas forcément une bonne idée. Ces entreprises puissantes entraient souvent en conflit avec l'Ordre qui avait des volontés bien précises sur la diffusion des découvertes. Au lieu de faire payer le grand public, les Jedis offraient l'information, les objets et les remèdes mis à jour, une grosse perte d'argent pour les firmes qui tâchaient alors de leur passer devant et vice-versa. Bien qu'aujourd'hui Noval et lui ne cherchaient pas la même chose, l'esprit de concurrence pourrait resurgir, car de toutes façons, les explorateurs payés comme lui se méfiaient automatiquement des Jedis, détestant les voir sur leur route. Noval lui paraissait plutôt excité à l'idée qu'il en soit un, mais ses collègues sans doute pas, encore une fois l'homme devait être le Rancor Blanc au milieu du troupeau de Gizkas verts, autant éviter de trop en révéler, bien qu'il n'ait pas envie de mentir totalement.

Luke fit donc un effort sincère pour se rappeler de qui pourrait bien être "Léonard". Il y avait beaucoup de Jedis au Temple, tant que parfois ils ne se connaissaient pas entre eux mais ce prénom sonnait comme déjà entendu dans son oreille. Le jeune chevalier chercha un bon moment avant de sourire et de répondre prudemment.

-J'ai déjà travaillé en parallèle avec eux oui.

Choisit-il de révéler, veillant à trouver une alternative entre sa véritable appartenance à l'Ordre et son statut de chercheur indépendant. Cela arrivait parfois que le Temple propose son aide à un "illuminé" passionné du genre qui travaillait pour la beauté du geste, rejoignant donc leurs idées. Ils finançaient alors l'expédition et donnaient du crédit à la dite découverte tout en laissant son nom au tableau d'honneur. Un partenariat privilégié qui intéressait beaucoup de monde sans pour autant parvenir à tous ceux qui en rêvaient justement. Pour cela il fallait être intègre et avoir un bon dossier. L'Ordre était philanthrope mais pas complètement idiot non plus.

-Pour la description du "type barbu qui en impose", je crains de ne pas pouvoir m'y référer... Mais Léonard ça me dit quelque chose. Une grande figure du Temple. Ça ne serait pas Tianesli ? Léonard Tianesli ? J'ai dû le croiser lorsque j'ai présenté mon projet à un moment ou un autre, il effectue aussi des recherches si je me souviens bien.

De ce côté là Luke était sincère, il avait entendu parler de cet homme dont la nombreuse famille avait intégré en grande partie le Temple Jedi. Il savait aussi que ce Maître ou un de ses proches faisait des recherches sur la Force, tout ça était flou dans sa tête mais ça suffirait peut-être à rafraîchir la mémoire de Noval ? Lui-même n'avait pas avoué être un Jedi toujours dans l'idée de se donner une image d'indépendant non dangereux pour l'entreprise. Il espérait que son apparence fragile -malgré les muscles fins courant son corps- et que sa cécité le servent en ce sens, avoir l'air insignifiant, innocent.

-Vraiment ? Les Jedis ont l'air de vous intéresser, vous auriez sûrement pu intégrer leur Ordre. Seriez-vous là parce que vous n'avez pas été repéré avant -ce qui du reste est assez étonnant, en général ils le savent dès que nous sommes enfant d'après ce que j'ai entendu dire.- Vous ignoriez donc tout de la Force avant de rencontrer ce Léonard ? Petit il ne vous ait jamais arrivé des choses étranges ?

Interrogea Luke, curieux de connaître le point de vue de quelqu'un qui avait apparemment le potentiel pour devenir Jedi mais ne s'en serait jamais rendu compte. C'était en tout cas ce que ses paroles laissaient sous-entendre et vraiment c'était curieux que personne avant Léonard Tianesli si c'était bien lui ne s'en aperçoive. Toutefois Luke voulait bien croire Noval, et justement, ce cas l'intéressait particulièrement, ce serait éventuellement un bonus dans ses recherches.


-Sur Dantooine, vous devez vous sentir différent non ? Elle vous appelle plus que jamais... Sentez-vous ses courants ? Je suis moi-même un peu initié mais quelqu'un qui possède naturellement suffisamment de midichloriens devrait aussi parvenir à ce résultat tant elle est concentré.

Ajouta Luke en prenant toutefois soin à signifier qu'il était "peu initié". Il était vraiment curieux de connaître la réaction de Noval s'il se fixait sur la Force qui apparemment, ne lui avait jamais vraiment fait signe malgré son taux de midichloriens honorable.
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Noval prit le temps d’avaler sa dernière bouchée, puis suçota le bout de ses doigts rendus sucrés d’avoir tenu la barre de céréales déshydratée, fixant le visage du jeune compagnon avec insistance. Les caprices du vent ballotant leurs longues chevelures l’avaient empêché de s’en rendre compte, mais le visage de Luke rayonnait d’une aura angevine, exhalant une candeur que sa cécité ne faisait que renforcer. A l’instar de ses propos emplis de bon sens et doublés d’un certain optimisme, il paraissait serein, satisfait d’être ce qu’il était, de se livrer à ce qu’il faisait, sans d’autre prétention que d’étendre son savoir concernant ces ruines servant de décorum à leur rencontre. Cette forme d’indépendance, Noval se surprit à la désirer sur l’instant, à prendre du recul face aux projets, aux ambitions et à cette volonté de puissance qu’il brulait d’embraser chaque jour un peu plus. Inutile de se leurrer pourtant, on ne laisse pas une empreinte durable derrière soi en se tapissant dans l’ombre de ses rêves inassouvis. Nul besoin d’être un Sith pour savoir ça, mais juste un homme que l’appétit du pouvoir façonne depuis qu’il est enfant… Le regard confus de l’arkanien se détourna lentement de celui de Luke, laissant ses yeux bercés de ténèbres illuminer son propre monde d’une clairvoyance liée à la Force, bien au-delà des apparences et de la réalité sensible des choses. S’il s’agissait bien là d’un Jedi en devenir, le Sith détecta chez lui un potentiel considérable, et pas la moindre once de sentiments violents à même de lézarder ce portait brossé au débotté. Le prochain Léonard Tianesli, peut-être bien ?! * Mais sans la barbe alors, ça ne lui irait pas du tout ! * s’amusa à penser Noval, distrayant son attention et son écoute, avant de formuler le fond de sa pensée concernant le point débattu, celui du handicap, après un temps de réflexion assez court :

« Ma foi, vous avez peut-être raison, mais j’ai quand même quelques réserves à ce sujet… J’ai compris quelque chose depuis mon opération, quelque chose qui m’était passé par-dessus la tête jusque-là. Ce n’est pas tellement le fait que les autres me considèrent comme un handicapé, un assisté ou quelque chose dans ce goût-là qui est dérangeant, non, ça, on s’y habitue, on en plaisante même de temps en temps, comme vous venez de le faire. De mon point de vue, nous nous enferrons, volontairement ou non, dans des carcans pour mieux nous distinguer et nous différencier les uns des autres. Ça, nous le faisons tous, à tout âge, quelles que soient nos origines, nos statuts sociaux, et cætera. La notion d'handicap dresse aussi ce genre de barrière en séparant deux mondes, celui des valides et celui des impotents. D’un côté, il y a les gens qui s’apitoient, montrent du doigt, s’effraient ou qui n’en ont rien à foutre, obéissant à des réflexes conditionnés qui leur dictent un certain type de conduite. De l’autre, il y a les victimes qui passent pour des rebuts de la société incapables de rien ! C’est à nous qu’il revient de ne pas nous laisser compartimentés de la sorte, en rejetant le distinguo ente valide et invalide de toutes nos forces ! » vociféra l’arkanien, débordé par les élans de son jeu d’acteur.

« Désolé si je suis emporté… D’autant que j’en oublie l’essentiel… Je voulais parler de cette peur primitive, cette angoisse partagée par bon nombre d’espèces et cultivée à longueur de temps, sans même s’en rendre compte, comme un héritage impalpable qui se transmettrait de génération en génération. Je parle de la crainte de voir peu à peu l’organique devenir un support naturel à la machine, du fait d’associer le vivant dans son ensemble à une imperfection fondamentale que seul l’artifice technologique pourrait suppléer. Dans mon cas, je sais que certains me considèrent comme autre chose qu’un simple humain… A leurs yeux, je suis une sorte de monstre. C’est pour ça qu’il vaut mieux que je reste discret, en ne pas révélant cette anomalie à tout bout de champ, croyez-moi ! » fit-il en laissant glisser nerveusement ses mains le long de ses jambes.

Noval voyait bien que son discours avait considérablement plombé l’ambiance, du moins c’est ce qu’il pensa. Pour changer de sujet de conversation, Luke lui demande des précisions à propos de la mission qui l’attendait, concernant ces fameuses araignées appelées Kinraths. Comme d’habitude, l’esprit de l’arkanien fusa d’inventivité pour étayer une histoire vraisemblable :

« Oui, pas de soucis à se faire, on n’est pas venu les mains vides ! Nous sommes tous armés de fusils blaster équipés de lance-filets électrochocs : une fois la proie entortillée dedans, une décharge électrique la fait tomber dans les vapes pendant un bon moment. On utilise l’armement létal en ultime recours, quand on ne peut pas faire autrement. L’idéal, ça serait d’attirer un spécimen hors de son territoire sans éveiller l’attention des autres. Comme quelques échantillons suffisent, inutile d’aller s’aventurer dans leur terrier, sauf si on n’a pas le choix ! »

En vérité, l’équipe d’intervention avait eu pour consigne de ne pas faire pas dans le détail au moment de l’assaut, mais dans la finesse : aucune créature arachnide ne devrait en réchapper, certes, mais en préservant l’intégrité de leur écosystème. Hors de question, par exemple, de faire sauter le nid de ses créatures à l’aide d’explosifs, comme le suggéra l’un des types chargés de l’intervention. Bien sûr, il s’agissait encore de déterminer son emplacement exact. Une fois le site sécurisé, Noval aurait tout le loisir d’y pénétrer pour explorer les lieux de fond en comble, à la recherche de cette fameuse caverne où, fallait-il croire, les cristaux s’amassaient à la pelle, tapissant littéralement ses parois. D’après certaines sources écrites glanées dans les archives de Korriban, la méditation d’un être sensible à la Force lui permettrait de ressentir, le cas échéant, une affinité particulière avec l’un d’eux, ledit cristal résonnant avec l’alignement de la personne en question. Pour sûr, ce genre d’expériences serait une première pour l’arkanien...

« Tianesli, voilà ! Léonard Tia-nes-li ! Je l’avais sur le bout de la langue ! Tiens, si jamais vous croisez sa route prochainement, transmettez-lui mes amitiés, voulez-vous ? Espérons seulement qu’il ait une meilleure mémoire que la mienne ! » s’esclaffa Noval d’un rire teinté de sarcasmes, qu’il tût aussitôt de crainte d’éveiller les soupçons du jeune Luke. Tianesli. Bientôt, il tâcherait d’en apprendre un peu plus sur le bonhomme. Et il s’avait parfaitement à qui s’adresser pour s’acquitter de cette tâche. Loin de la comédie jouée à l’attention de Luke, Noval n’oubliait que très rarement un visage ou un nom, surtout quand il s’était compromis avec l’intéressé, et d’une manière qui serait restée dans les annales de l’histoire, si ça c’était ébruité ! Sait-on jamais, peut-être qu’un détail de sa vie privée ressortirait de cette enquête diligentée par ses soins… Par la suite, le jeune homme le questionna à propos des Jedi, et du fait qu’il aurait très bien pu embrasser cette vocation, un scénario plausible que le personnage interprété par l’arkanien aurait pu, il est vrai, envisagé un temps, dans sa jeunesse, sans jamais trop y croire vraiment :

« Je vous avoue que… Je ne sais pas quoi vous dire. Enfant, je ne me souviens pas de grand-chose, enfin rien de spécial, j’veux dire. J’pourrai toujours faire la démarche pour vérifier le taux de midi-machin-truc là, mais bon, d’après ce que je Léonard m’a expliqué, on n’enseigne pas les voies de la Force aux personnes adultes, rapport à leur passé qui peut les influence, et pas forcément en bien. Moi, je ne peux dire que je sois un mauvais bougre, ni la pire crapule qui ait jamais existé ! Mais bon, j’ai quand même fait des choses pas très jolies… Jedi… C’est quand même un sacré engagement, à la hauteur du prestige que cette caste incarne pour l’homme de la rue. Une sacrée éthique aussi, mais bon, je parle sans savoir, au final, je n’ai fait que déjeuner avec l’un d’eux, ça fait pas de moi un spécialiste ! » ria-t-il de bon cœur, avant d’hydrater sa gorge asséchée. « Si je ressens des choses depuis que je suis arrivé sur cette planète… Je crois pas, non… Vous pensez que je pourrai essayer de faire comme vous, sentir la Force ? Dis comme ça, ça me parait gros quand même ! Non ? Après, ça ne m’engage à rien d’essayer ! » lança-t-il à l’aveuglette, intrigué par ce que la concentration aiguisée de Luke pourrait percevoir des environs.
Luke Kayan
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[HJ: Je préfère préciser que le poste suivant ne résulte que de l'analyse Rp d'un personnage avec ses propres opinions, vu les divers thèmes délicats évoqués.]

-Je crois que même entre les valides et entre les handicapés il y a des barrières en fait.

Soupira le jeune homme, ayant déterminé que les sourds pouvaient se montrer racistes envers les aveugles ou le contraire. Il avait d'ailleurs côtoyé une interprète du langages des signes qui lui avait dit que les sourds étaient en général peu aimables, détestant que l'on comprenne leur langage et la traitant comme une chienne qu'ils appelaient en claquant des doigts. Ils aimaient ne pas être compris du monde, une sorte de vengeance, ayant un regard agressif pour quelconque étranger qui avait le malheur de s'essayer à signer pour les saluer en partant d'un bar [HJ: Témoignage et expériences vécus]. Bien sûr, il ne fallait pas généraliser mais il y avait des tendances, même au sein du grand "groupe" des handicapés. Toujours selon cette interprète, les aveugles par exemple avaient tendance à être beaucoup plus ouverts et reconnaissants qu'on leur offre une "vision" du monde. Quant aux valides entre eux, la question n'avait nulle besoin d'être approfondie, il suffisait d'écouter les gens parler ou de les regarder faire quand on le pouvait. Au sein de chaque communauté, régnaient les différences et les intolérances. Un jour, Luke s'était malgré lui intéressé à la fameuse communauté homosexuelle, il avait surfé sur l'holonet pour se rendre un peu compte de l'état des choses, longtemps déjà après avoir admis être lui-même gay. Ce groupe était sans doute l'un des pires qui soit, parfaitement raciste entre eux, par exemple les homosexuels dont on ne remarquait pas leurs préférences de prime abord pouvaient se montrer odieux envers les hommes efféminés, lesquels entre eux se crêpaient également le chignon, et que dire des transsexuels rejetés à l'égal d'erreurs de la nature [HJ: Également issu de plusieurs témoignages :/]. Bref, une amère ironie où l'intolérance sortait bien souvent triomphante.

-Anomalie, anomalie... Je préfère dire dysfonctionnement, ça n'est qu'un mot, mais je le trouve tellement plus juste et moins agressif. Malheureusement la plupart de ceux qui vous voient comme un monstre le deviendront également lorsqu'ils seront âgés. En fin de vie, rares sont les chanceux qui campent encore sur leurs jambes ou pattes, peu importe. Sans être trop "discret", je suis néanmoins d'accord avec vous. J’abhorre ceux qui jouent de leur handicap et croient que la société leur doit tout. L'extrême contraire de ceux qui ne s'assument pas en réalité. Sauf que ces derniers ont bien moins d'excuses.

Le jeune homme savait également que la communauté homosexuelle pour ne revenir qu'à elle avait ce même souci. Certains clamaient haut et fort leurs préférences, comme si c'était un atout devant leur ouvrir toutes les portes. Il avait été effaré de découvrir qu'il y avait des groupes sportifs où les membres étaient exclusivement gays. Pour lui, c'était tout simplement de l'hétérophobie, dans le sens contraire, l'équipe où le critère de sélection était d'être hétéro aurait été hué et ça aurait été bien normal. Même chose pour les "races" minoritaires qui s'affirmaient, quasiment comme supérieures, possédant tous les passes-droits, et que dire des gens défavorisés qui en jouaient, accumulant les aides sociales sans essayer de s'en sortir ? Le Hapien avait conscience d'être dur, mais selon sa propre expérience, il fallait avoir de la volonté, accepter les erreurs-même s'il peinait à assumes ses propres échecs- et aller de l'avant au lieu de se prélasser dans ses difficultés.

Quoiqu'il en soit, Luke était ravi d'échanger avec quelqu'un sur le thème du handicap, cela lui arrivait très peu et encore moins avec une personne "diminuée" à son instar. Le jeune homme appréciait l'idée d'échanger sans pour autant s’apitoyer, englobant diverses situations quant bien même il n'avait fait que le penser majoritairement sans oser s'exprimer. Il n'avait pas envie de se vanter d'appartenir à un autre de ces "groupes", sa cécité lui suffisait, sa sexualité, il la gardait pour lui, merci bien.

Cependant le sujet changea rapidement, sans pour autant couper court au premier. Comme deux compagnons qui se connaissaient depuis un certain temps, Noval et Luke croisaient la conversation sans se perdre, pris dans leurs idées à exposer et leurs passions. Le Hapien écouta donc patiemment son interlocuteur lui parler des araignées même si malheureusement, il peinait à visualiser la chose. Il était toutefois intéressé, curieux comme toujours, un trait de caractère qui avait permis à Saï de le tirer de son autisme volontaire. Oui, malgré son calme apparent et réel d'ailleurs, le Jedi aimait apprendre, même quelque chose qui ne l'intéressait pas de base comme le sport aurait son attention, car il appréciait emmagasiner, "voir" le monde à travers les récits de diverses personnes, cela l'enrichissait. Il pouvait ensuite échanger avec d'autres, tout comme le témoignage de l'interprète en langage des signes avait finalement eu l'occasion de ressortir avec Noval.

Tout en écoutant donc, le jeune homme croquait dans son sandwich, lequel se termina bientôt, laissant place à une pomme qu'il sortit d'un sac plastique, en tâtonnant un peu certes. Ayant deux fruits, le Hapien en proposa une à son camarade avant de reprendre la parole quand ce fut son tour.

-Curieuses bêtes, je n'en avais jamais entendu parler, et pourtant je me suis renseigné avant de venir. Sont-elles rares ? En tout cas je suis content que vous vous modériez, au moins l'équilibre est préservé, même si ces pauvres animaux ne doivent pas apprécier la décharge.

Ajouta le blond, naïf à ses heures. Un autre trait de caractère, malheureusement un défaut cette fois. Luke était du genre à croire à la République de tout son coeur. Il pensait que chaque affaire était traitée avec sérieux et justesse, malgré son vécu, pour lui, les rouages étaient bien huilés. Ainsi, il croyait Noval lorsque ce dernier sous-entendait ne pas les tuer. L'homme lui paraissait honnête donc Luke évinçait toute possibilité de mensonges assez rapidement, trop sans doute mais nul n'est parfait. Bien sûr, il avait un peu tiqué à l'idée qu'on balance de l'électricité aux arachnides mais si leur venin pouvait créer des remèdes. Il fallait un juste milieu, que les créatures pensantes ayant cette possibilité grâce à son cerveau évolué puissent utiliser la nature tout en la préservant.

-Les Jedis ne sont pas des êtres parfaits !

S'exclama soudain le jeune homme tiré de ses observations intérieures par un nouveau dialogue croisé. Un sourire effleura le bord de ses lèvres avant que ces dernières ne se décident à laisser s'échapper un éclat de rire cristallin. Bien qu'il adorait l'Ordre, Luke ne voulait pas exagérer et la vision "extrême" de Noval l'amusait beaucoup. De telle sorte qu'il parut plus proches des Jedis qu'il ne l'avait laissé sous-entendre jusqu'à maintenant mais quoi de choquant ? Au pire il avait bien dit les côtoyer.

-Ils essayent de passer outre leurs sentiments négatifs tels que l'égoïsme issu directement du besoin de survie intégré à nos gênes, pour s'adonner à l'entraide et la sauvegarde du plus faible, ce qui dans la nature évidemment, il y a longtemps, très longtemps, aurait été un non-sens, lorsque nos espèces n'étaient pas évolués. Les Jedis tentent d'être honnêtes, de vivre sainement en évitant la sur-consommation d'aujourd'hui, ils font aussi de nombreuses recherches en science ou en philosophie surtout et tâchent de mener leur vie selon un idéal bien ancré en eux. Néanmoins, ils ne sont pas parfaits, demeurant des êtres de chairs et de sang, avec leurs défauts, leurs erreurs. Pour être Jedi il suffit simplement d'avoir de la volonté et un coeur bon, sachant que les coeurs purs n'existent pas, même chez les enfants qui sont parfois bien cruels. Il est vrai en revanche qu'ils recherchent des apprentis jeunes bien que cela tend à se démocratiser. Je crois que certains adolescents sont acceptés désormais.

Signifia Luke qui pour le coup était honnête en disant "je crois", car il n'était plus sûr de rien. Le Temple changeait énormément désormais, entre l'acceptation des relations amoureuses et l'entrée plus tardive des Padawans. L'Ordre évoluait avec le temps. Perdant un peu de sa méfiance car l'on parlait de sa propre passion, le jeune homme reposa sa pomme sur le sachet après s'être assuré qu'il était bien en-dessous en tâtonnant légèrement avec sa main. Il s'essuya sur une serviette propre et raidit un peu son dos tout en essayant de rester détendu.

-Ce n'est pas si compliqué. Faites le vide en vous, fermez les yeux car d'après ce que les Jedis m'ont dit, la vue déconcentre et amène à la subjectivité. Une fois cela fait, ne pensez plus à rien, étendez vos autres sens, sentez le courant qui se promène autour de vous. Que dis-je, partout ! Il s'agit de méditer, ce que tout le monde peut faire avec du calme et de la concentration, s'il travaille bien, celui qui a une connexion avec la Force verra son esprit s'affiner pour enfin sentir sa présence. Je vous aide un peu.

Signifia Luke qui prit le risque d'envoyer une légère onde vers Noval en espérant que ce dernier la sente percuter doucement son esprit. La vague mouvante serait normalement plus perceptible que le calme courant naturel qui se promenait un peu partout. Gardant toutefois en tête de ne pas révéler son "potentiel", le jeune homme essayait de contenir sa frustration de ne pas pouvoir approfondir sa leçon improvisée. Il aimait tant parler de la Force et communiquer sa passion pour elle avec les autres, ce qui au final, correspondait à son statut de "chercheur". Oui vraiment, partager ce type d'instants même avec un inconnu était précieux. Bien sûr Luke s'imaginait que Noval sentirait la Force pour la première fois, et c'était d'autant plus magique pour lui. Veillant à ce que son onde soit particulièrement lumineuse pour offrir à son compagnon une image la plus pure et la plus apaisante possible de ce genre de connexion, le jeune homme voulait lui donner un prémisse d'expérience inoubliable. Qui sait si cela ne pousserait pas Noval à réitérer la chose, pas de quoi en faire un Jedi à son âge certes, c'était évident, mais le contact avec la Force était toujours une bonne chose s'il était bien fait, même pour un autodidacte. Le Hapien était sûr qu'une personne la maîtrisant même très peu pouvait voir sa vie s'améliorer, ses maux s'adoucir et son esprit s'affiner.

Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix...

Et pourtant, aux yeux de Luke, la paix était une émotion, la plus belle de toutes. Noval y goûterait-il pleinement ?
Invité
Anonymous
En silence, Noval écouta Luke exprimer son opinion, avant d’être absorbé par le fil de ses pensées, bataillant ferme pour se dépêtrer vaillamment d’un méli-mélo de pensées toutes aussi confuses les unes que les autres. Déjà, le terme employé de dysfonctionnement résonna en lui avec un sens bien particulier, et assez éloigné de celui débattu, à dire vrai. Lorsqu’il sortit du coma, la nouvelle plutôt saugrenue que son corps serait dorénavant composé en majeure partie de prothèses et de dispositifs artificiels, pour la plupart invisibles à l’œil nu excepté au niveau du cou, ne l’avait pas soucié, bien au contraire. L’arkanien était le mieux placé pour apprécier à sa juste valeur le privilège d’être entre les mains expertes des scientifiques les plus compétents qui soient, ou peu s’en faut ! Certes, les étapes de réhabilitation cybernétique lui causèrent des souffrances inimaginables pendant ses phases de réveil, l’injection de substances analgésiques étant impossible durant le processus de reconstruction du système nerveux. Or, avec le recul, il s’aperçut que le plus contraignant était encore à venir, quand il réalisa que dorénavant, son existence allait être étroitement liée à des implants bioniques si novateurs et si complexes qu’il devrait composer avec une tutelle de scientifiques veillant de près sur sa condition physique, perspective aussi embarrassante que contrariante, pour sûr ! Pour l’heure, la séquelle qui continuait de tarauder ses tripes n’avait rien à voir avec ça, ni avec le regard des autres, chose dont il se moquait éperdument ! Tout comme le fait qu’il ne comprenait pas grand-chose au charabia des médecins qui l’auscultaient régulièrement ! D’ailleurs, il ne leur accordait guère d’importance. Du temps où il était encore fait de chair et de sang des pieds à la tête, il ne se souciait guère de son métabolisme, alors à quoi bon le faire maintenant, surtout quand des médecins sont payés pour s’inquiéter à sa place ?! Libre à lui de ne pas vouloir se retourner pour regarder en arrière, de laisser le passé au passé, après tout, il était resté le même ! End of story !

« Resté le même… » Figée, cette pensée continuait inlassablement à sonner le creux, Noval devinant son caractère fallacieux en la formulant sur tous les tons possibles, sans savoir le pourquoi du comment. Il occultait quelque chose qui fuyait son propre regard, et bien sûr, il ne supportait pas le fait de ne pas voir clair dans son propre jeu. Peu à peu, il devint obsédé par le besoin de faire le point sur ce qu’il était devenu. Il avait l’intime conviction que quelque chose ne tournait pas rond chez lui, mais quoi…

Et puis l’arkanien eut un flash. Il se souvint d’un enseignement de philosophie qu’il avait reçu, enfant, et qui a priori n’avait pas grand-chose à voir avec toute cette histoire… Quoique. Certains anciens voyaient dans le vivant l’expression de l’association entre une âme et un corps, réalités séparées et dépendantes l’une de l’autre, ambivalence qui souleva le problème de leur interaction. La première représente un principe métaphysique, donc intangible, à partir duquel découle une permanence de l’individu, bien qu’il soit lui-même affecté par de multiples changements (le temps, l’espace, etc.) en tant que réalité tangible dotée d’une forme de sensibilité par l’intermédiaire du second, le corps. Par-là, établir la nature de la relation entre ces deux entités ne fut pas sans difficulté. A ce titre, la Force reste une notion qui permet d’articuler la chose physique à sa dimension spirituelle : le corps est une enveloppe dont on peut outrepasser les limites, faisant de l’âme (ou de l’esprit, comme disent les modernes) un vecteur privilégié de la Force en apprenant à s’affranchir des contraintes émotionnelles. Ainsi pourrait-on résumer grosso mode la vision développée par les Jedi au fil du temps, jusqu’à se faire rattraper par la nature elle-même, en quelque sorte. L’envie, le désir, le besoin de convoiter quelque chose, y compris autrui, sont des inclinations et des pulsions primaires liées au corps habité par ses tensions, et celles-ci se laissent difficilement dompter ou domestiquer à coup de préceptes moraux et d’abstinence. Là où le Sith reconnait la légitimité de sa propre volonté de puissance face à celles de ses pairs pour en faire l’outil d’une destinée personnelle, le Jedi y voit l’instrument d’un dessein global où le souci d’autrui et, par extension, du plus grand nombre, incarne le seul credo envisageable, autrement dit le plus raisonnable qui soit. Le Jedi est à l’image de l’artisan œuvrant patiemment pour accomplir une tâche dont la portée dépasse sa propre existence, la figure du Sith tient au portrait de l’artiste démiurge, consumé par le désir d’embraser le monde pour mieux imposer ses vision, ses création, en un mot, sa propre loi… Et dire que la guerre opposant les Jedi aux Sith depuis des millénaires ne tiendrait qu’à cette seule différence d’orientation. D’un côté, l’âme, l’intériorité, la spiritualité, et de l’autre, le corps et tout l’attirail de pulsions et de désirs qu’il décline à l’infini. Peut-être cette approche est-elle réductrice, simpliste ou minimaliste ? Il n’empêche que des conflits tout aussi ravageurs ont déjà eu lieu avec pour seul motif la défense de modes de vie et de croyances spécifiques à une culture donnée, alors pourquoi celui-ci sortirait du lot ?

Pour l’heure, celui qui réfléchissait à tout ceci était assis dans les hautes herbes, les yeux perchés vers le ciel, l’air un peu absent. Qu’en était-il de lui ? Comment prétendre exister sans un corps capable de se faire l’écho de ressentis affectifs, même les plus intenses ? Peut-être devrait-il passer outre, et se faire à l’idée de n’être plus qu’un pilote aux commandes d’une coquille vide, lui dont l’épiderme de synthèse dégageait une chaleur autorégulée par des capteurs et des nanoprocesseurs ?

Le silence s’installa un moment entre les deux compères, et Noval se demanda dans quelle mesure son affinité naturelle avec la Force avait été affectée par ces fameuses modifications. L’amas de chair et de polymères actifs qu’il incarnait à présent pouvait-il plier et influer aussi aisément qu’avant les flux de Force présents autour de lui, y compris ceux courant le long de cette carcasse si singulière ? Il n’en savait rien, tout comme il ignorait que Luke serait l’élément déclencheur qui répondrait à cette question…

Le sujet du handicap vint bientôt à se tarir en laissant sa place à un autre, lorsque Luke proposa d’offrir à Noval un fruit en guise de dessert – une pomme sûrement croquante et juteuse à souhait – qu’il dut refuser pour la simple raison qu’il ne pouvait pas encore ingérer de nourriture organique, ordre des médecins ! Il devait se contenter d’une bouillie insipide contenant les protéines et les acides aminés essentiels à l’organisme, ainsi que des matières déshydratées. De quoi rendre malade le gourmet et l’amateur de bonne chère qu’il était resté, rêvant parfois de mets parfumés et gouteux à souhait ! L’arkanien ne fit pas d’autres commentaires qu’un « Oh que non ! » en guise de réponse aux observations du jeune homme à propos des Kinraths. Non qu’il s’ennuyait à converser avec celui qu’il suspectait de plus en plus d’être affilié, de près ou de loin, à l’Ordre Jedi, mais le fait de rester trop longuement à papoter de la sorte pourrait s’avérer suspect à la longue. Néanmoins, il écouta ce qu’il avait à dire à propos des Jedi justement, sujet qu’il avait l’air d’affectionner, sans jamais révéler quoi que ce soit le concernant. Comme d’accoutumé, le Jedi fut dépeint comme l’être désintéressé par excellence, tendant vers cet idéal du moins, fervent défenseur de la veuve et de l’orphelin. Un sermon trop souvent répété pour ne pas refléter une once de vérité, certes, et Noval de juger cette caricature trop grossière pour être honnête. Les moyens, les fins, à première vue, tout distingue le Jedi du Sith, et pourtant, leur histoire commune montre bien qu’il a toujours été question de leur propre survie en tant qu’organisation séculaire. Bref, ce n’était ni le lieu ni le moment de débattre de ce genre de choses.

En revanche, ce qui se passa peu après ne fit que confirmer les suspicions de l’arkanien. En effet, en dépit de sa prudence affichée jusqu’ici, Luke entreprit d’initier le nouveau venu à la discipline mentale qu’est la méditation afin de lui montrer la voie à suivre. Avec une acuité étonnante, il perçut immédiatement la pulsation de Force imperceptible envoyée dans sa direction, qu’il sentit glisser lentement le long de son corps, sans jamais le traverser. Il fallait qu’il en ait le cœur net ! Se relevant d’un trait, il perdit soudain toute amabilité et toute empathie pour le jeune homme, et lui ordonna de recommencer ce qu’il venait de faire, sans se retenir cette fois-ci, cherchant à faire vaciller sa volonté pour qu’il s’exécute sur-le-champ, sa voix grondante d’accents menaçants :

« Il est temps de tomber le masque, ne pensez-vous pas ! Obéis-moi, Jedi, et je m’engage à te laisser comme je t’ai trouvé, en vie et indemne ! Si tu t’entêtes à me résister, tu subiras un courroux que tu regretteras amèrement ! » tempêta-t-il à l’encontre de Luke, bien décidé à vérifier si son propre corps était devenu imperméable aux influences bénéfiques de la Force, semblable à certains nexus de puissances obscures capables d’endiguer et de se prémunir de toute embellie salvatrice.
Luke Kayan
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La brise se transforma soudainement en bourrasque défensive, automatique. Luke n'avait pas pu retenir un sursaut, et bien sûr vu son lien avec la Force, ce dernier s'était également exprimer en son sein. Le jeune homme qui croyait étant petit que la grande puissance mystique était vivante et avait à coeur de remplacer sa marâtre de mère cherchait à le protéger. Le Jedi se redressa d'un coup de reins, vif et souple sur ses appuis, même s'il resta une demi-second hagard, le changement brutal de position engendrant une sorte de vertige empiré par sa cécité. Tâchant de laisser le moins paraître son trouble pourtant bien présent le Chevalier recula d'un pas, il ne comprenait pas tout à coup l'obsession de l'homme de connaître sa véritable nature. Lui qui l'avait occulté pour éviter un énième débat entre une entreprise lucrative et le Temple qui favorisait l'accès à la connaissance gratuite et l'étude, s'apercevait qu'il aurait peut-être dû s'y atteler plus sérieusement, pour des questions de sécurité. Habitué à voir des situations-surtout les siennes- se dégrader rapidement le blond retrouva ses réflexes de suite, méfiant et déjà prêt à se défendre, bien ferme sur ses appuis. Automatiquement il révéla sa capacité à se battre en remontant sa garde pour tenter de protéger ce corps filiforme malheureusement peu résistant. Si sa volonté faisait un travail formidable, difficile de passer outre la nature même qui l'avait doté d'os fins et d'un physique fragile, la faute sans doute aux expériences Hapiennes favorisant la beauté depuis des siècles.

Raison de plus donc pour se méfier de Noval qui montrait désormais un tout autre visage, sans que Luke comprenne pourquoi. Malheureusement il n'avait jamais songé que son jeu à travers la Force pouvait être mal interprété, habitué à l'utiliser avec ses proches ou des connaissances dans le Temple. Il ne saisissait pas que l'autre craignait d'avoir perdu ses dons, surtout qu'il n'était pas sensé avoir un lien très fort avec cette grande puissance. Sans le vouloir cependant il "obéit" à Noval, projetant une onde à travers le corps de ce dernier, onde guidée par ses doigts dirigés vers l'origine du trouble, le point de rupture de celui qui semblait vouloir devenir son ennemi. Évidemment cette fois, même si le coup télékinésique de Luke ratait, Noval sentirait forcément l'onde tenter de le traverser pour le faire reculer.

-J'ai une question plus intéressante. Qui êtes-vous ?

Lança le jeune homme plein de méfiance, sa voix douce et mélodieuse demeurant agréable parce que sa génétique l'avait crée ainsi, toutefois le ton n'était plus aussi tranquille. Du Hapien, nulle colère n'émanait, pas encore, il lui fallait bien plus que la trahison d'un inconnu pour le faire enrager, cependant plus aucune chaleur ne se dégageait de sa personne. Désormais froid et bien campé sur ses positions malgré sa corpulence peu impressionnante, le Jedi donnait offrait un portrait sévère, sans concession. Il était forcément inquiet intérieurement face à un homme visiblement expérimenté dont il ignorait l'étendue réelle des capacités, mais c'était son devoir de s'opposer à la noirceur et il ne comptait pas échapper à cette nouvelle mission qui venait de surgir. Luke devait absolument découvrir qui était Noval, désormais menaçant et suffisamment charismatique pour l'avoir fait reculé de prime abord. Les deux auras s'opposaient désormais, le Hapien tout d'abord délicat fouillait désormais sans pitié aux alentours de l'esprit de Noval, cherchant à s'y immiscer pour rencontrer sa présence et l'évaluer. L'homme voulait que la Force de Luke l'effleure ? Et bien il allait être servi, quand bien même le jeune Jedi ne réussirait pas obligatoirement à percer l'esprit de son nouvel adversaire.

La situation particulière l'empêchait d'appliquer le protocole et de débiter le "je vous somme de vous rendre" habituel afin d'évaluer le type de "criminel" qu'il avait en face de sa personne. Malgré son agressivité soudaine, Noval n'avait rien fait contre la loi bien qu'il flirtait avec en le menaçant. Mais qu'importe, pour l'instant Luke ne pouvait rien faire d'autre que jouer le jeu de l'homme, dans une course à l'information non officielle.
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Noval n’eut guère à patienter longtemps pour voir le blondinet réagir au quart de tour, se redressant d’un bond pour se mettre debout et faire face à la brutalité de la métamorphose frappant d’un coup d’un seul l’arkanien. Ce dernier venait de changer radicalement d’humeur et de ton, s’emportant tel un diable sans aucune raison viable, symptôme classique de cette pathologie clinique bien connue qu’est le dédoublement de personnalité, au risque de passer pour un dément souffrant de bouffées délirantes de type schizoïde. En dépit de sa cécité toute relative, – ou grâce à elle, allez savoir ! – le présumé Jedi ressentait forcément la nervosité grandissante de son interlocuteur s’exprimant d’une voix à l’intonation menaçante, campant sur le qui-vive, ses yeux brillant d’une lueur serpentine, prêt à se jeter sur sa proie afin de châtier toute initiative ou attitude inconsidérée, y compris le refus de se plier à ses ordres. La face du jeune homme, elle aussi, avait changé, laissant de côté la mine avenante pour afficher un visage où la méfiance prit rapidement le pas sur la surprise, tandis qu’il s’appliquait à se tenir sur ses gardes, allongeant ses bras filiformes afin de prévenir un éventuel assaut frontal. De son côté, Noval bouillonnait d’impatience que le prénommé Luke se plie sagement à ses consignes, braquant son attention sur les sensations qu’ils allaient éprouver, d’un instant à l’autre. L’épiderme artificiel encore souillée par un genre de miasme invisible fourmillant le long de sa peau composée de tissus synthétiques, l’effluve de Force avec laquelle le Jedi venait de l’effleurer avait déclenché chez le seigneur Sith une montée d’angoisse, aussi subite qu’imprévue, motif largement suffisant pour vouloir mettre à nu les racines tortueuses de ce malaise qui, sans toute cette histoire, serait sûrement resté indéfiniment tapi dans l’ombre… Qui aurait pu prédire que pareille opportunité de lever le voile sur ce trouble compulsif lui serait donnée grâce à l’intervention d’un Jedi pétri de bonnes intentions ?!

A la vérité, ce mal-être faisait écho aux vagues d’appréhension qui taraudaient son esprit depuis sa remise sur pieds, telles des lames de fond cisaillant de doute le convalescent noyé d’impuissance. Son métabolisme avait subi de profonds changements, transformant son tronc mutilé en une entité cybernétique à part entière, ou peu s’en faut. Les miracles du génie biomédical arkanien dans toute sa splendeur ! Pourtant, au fil des jours, lui seul fut à même de remarquer un détail que la pléthore de scientifiques n’aurait jamais été en mesure de détecter : sa sensibilité à la Force s’étiolait peu à peu, perdant en finesse et en acuité. Pour en avoir le cœur net, il eut aisément le loisir de s’assurer que ses pouvoirs avaient conservé la même efficience. En revanche, à sonder son esprit, il s’aperçut qu’il ne percevait plus aussi clairement que par le passé les empreintes laissées par la Force et qui sillonnaient habituellement son corps, comme si ce dernier n’était plus capable de recueillir l’écho des perturbations et des événements liés au Courant Universel. Cette impression se confirma à la suite de séances de méditation : il avait beau reclure sa conscience et, partant, tout son être afin de faire la part belle aux remous de la Force, il se sentait comme atteint de surdité, cloisonné, emmuré dans une carcasse de chair et de métal privée de toute connivence avec la Force, à l’instar d’un inconnu s’échinant, l’air de rien, à demeurer silencieux alors que vous tentez de lui adresser la parole. Tel un capitaine aux commandes d’un vaisseau qui ne répond plus à ses manœuvres, Noval avait rarement connu un tel sentiment de désœuvrement, se demandant au final s’il n’avait pas payé un lourd tribut à cette renaissance.

Si chaque particule de matière, quelle que soit sa nature, est reliée, à un degré ou à un autre, à la Force, comment cette forme physique passablement remaniée à coup d’implants s’était-elle adaptée à cette rénovation ? Son affinité naturelle avec la Force avait-elle été irrémédiablement corrompue, sans qu’il s’aperçoive de ce changement ? Au regard de ce qui venait de se passer, Noval ne savait plus trop quoi penser. Pareille indécision méritait qu’il s’y attarde, raison pour laquelle il plaça tous ses espoirs sur l’intervention, bon gré mal gré, de ce Luke qui avait eu la bonne idée de faire montre de prudence depuis le début, en prenant garde à ne jamais révéler sa véritable identité, preuve qu’il savait cacher son jeu avec suffisamment d’intelligence pour supposer à bon escient qu’il n’en était pas à son premier coup d’essai. Enfin, le Jedi se donna la peine de projeter une onde de Force bien plus puissante que la première fois. Ecartant légèrement les bras, le Sith reçut la décharge de plein fouet, engourdissant aussitôt ses membres qui frissonnèrent, comme étreint par une poigne glaciale figeant ses articulations et tétanisant sa nuque. Pris de convulsions, ses genoux plièrent sous le poids de cette lutte intestine, s’ancrant dans la terre tels des amarres, le reste du corps se recroquevillant en boule. La souffrance était si insupportable que sa vue se troubla, plongeant dans une pénombre parsemée de formes fluettes défilant sous ses yeux injectés de sang. Une sensation de vertige lui tordait furieusement les tripes, alors que le seul éclair de lucidité dont il fut capable l’enjoignait de plonger au plus profond de la terre, seul endroit où cette symphonie de douleurs trouverait le repos.

Noval commençait seulement à poindre du doigt l’ennemi intime contre lequel il s’échinait à lutter bec et ongle, face auquel nulle victoire n’est possible. Si chaque forme de vie incarne à sa façon un maillon plus ou moins déterminant au regard du mystère insondable qu’est le Force, alors Noval était devenu une aberration de la nature, ni plus ni moins. Pour avoir défié la Mort, la Vie le châtiait en le bannissant de la Création, telle une monstruosité difforme mis au banc de l’humanité dont il n’avait conservé que l’aspect extérieur. Devant un tel cul-de-sac métaphysique, aussi ironique soit-il, faire marche arrière s’avérait difficile. Les poings et la mâchoire serrés, le regard révulsé, le Sith se sentait paralysé, transi d’impuissance et d’une peur insurmontable, celle d’être dorénavant réduit à un état de torpeur végétative, incapable de se projeter dans un futur où il serait privé du privilège d’assister, tel un spectateur averti, au théâtre abyssal des fluctuations et des déviances de la Force. Et bien sûr, il ne pouvait tout bonnement pas s’y résoudre. Seul le déni dans sa forme la plus absolue lui apparut comme l'ultime porte de sortie envisageable pour s’extirper de ce dilemme infernal. Retrouvant un semblant de souffle et de pugnacité, Noval se redressa, un rictus mauvais aux bords de ses lèvres bleuies, et poussa par intermittence une série de grognements poussifs, pour finir par hurler un cri s’élevant, grondant jusqu’au ciel, cherchant peut-être à rallier à sa cause quelques anges ou démons passant par-là, qui sait… Le regard vide, l’arkanien fixa les nuages indolores, puis sourit, avant de retrouver un semblant d’esprit, devinant les mots prononcés par le Jedi plus qu’il ne les entendit :

« Quelqu’un qui n’a pas pour habitude de se répéter… Quant à ce que je suis, je suis persuadé que tu en as déjà une petite idée, alors à quoi bon s’attarder sur le sujet, hein ? » machouilla-t-il en essuyant un filet de salive du revers de sa manche. « Tout comme tu n’es pas le simple féru d’histoire que tu as prétendu être, je n’ai rien à voir avec le bonhomme que je t’ai décrit. Nous sommes donc quittes, et rien ne nous oblige à poursuivre plus loin cette conversation… Fatigué, je suis si fatigué… », tels furent ses derniers balbutiements précédant un évanouissement en règle, tombant la tête la première, face contre terre. Le communicateur qu’il portait à sa ceinture bipa de plus belle…
Luke Kayan
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Quittes, quittes, quittes... C'était vite expédié comme conclusion. Luke avait certes lui aussi menti mais n'étant pas du mauvais côté de la Force, il avait moins de comptes à rendre. D'ailleurs, la situation avait donné raison à la prudence du jeune homme puisqu'en fait l'aimable Noval se révélait être instable et potentiellement dangereux. Intérieurement, le Chevalier ne cautionnait pas le traité d'Artorias bien qu'il soit systématiquement contre la guerre, les Siths étaient des délinquants plus ou moins dangereux, ils devraient être traités comme des criminels en puissance et non des alliés qu'un fichu contrat protégeait, leur offrant même Ondéron sur un plateau d'argent dans une trentaine d'années. Oui, l'aveugle était en partie manichéen, même s'il savait aussi accepter une rédemption, mais il avait ses raisons, notamment sa séquestration sur Korriban pendant des semaines. Aucun Sith ne lui avait paru équilibré là-bas et l'adolescent avait souffert de harcèlements dont certains n'étaient qu'un trou sombre dans son esprit, pure protection d'un esprit qui avait trop subi et voulait avancer. Aujourd'hui, Noval prouvait encore une fois que les enfants de la Force Obscure étaient intelligents, parfois sociaux mais avec des prédispositions à la folie. Bien sûr, ils ignoraient tout de la morale, du bien et du mal à cause de l'enseignement reçu. Luke avait conscience que certains enfants étaient forcés de devenir ce qu'ils étaient, il se rappelait même avoir eu un étrange pressentiment du genre en ce qui concernait un jeune Cathar de son âge là-bas, croisé de temps en temps. Un apprenti loin d'être agressif, sinon de caractère joyeux et blagueur justement. Il y en avait eu d'autres, et puis Luke avait lui-même été dans cette situation, enlevé pour faire plonger son Maître dans un piège bien ficelé mais aussi pour tenter de le convertir. Néanmoins, dans ce cas, le jeune homme était trop rigide dans son jugement, il fallait une refonte totale de l'éducation des apprentis récupérables, et pour les autres un suivi psychologique, une aide, voir même une liberté conditionnelle mais en aucun cas une confiance totale. Les Siths souffraient de terribles carences, qu'ils le soient devenus volontairement ou pas, c'était triste mais c'était ainsi, et avant tout le Hapien prenait en compte le danger qu'ils représentaient pour la société.

Dans ce cas présent, Noval n'avait pas été suffisamment agressif pour que le jeune Jedi puisse l'arrêter, et être Sith, surtout quand c'était un état avoué sans mot dire, n'était plus un motif d'arrestation. Remarquant qu'il n'y avait rien à faire, Luke allait donc se replier sagement, lorsque l'homme titubant comme s'il avait bu s'écroula sur le sol. Bip son droïd poussa un petit sifflotement strident, tandis qu'il avait effectué lui-même un demi-rebond en arrière après que la vibration de la chute se soit propagée sous ses pas. La Force qui bouillonnait juste avant cessa de se mouvoir, reposant presque tranquillement au rythme de la respiration rendue difficile de Noval. Luke resta un moment immobile, se demandant comment agir avant d'esquisser la distance précédemment crée par son petit saut, il se baissa ensuite, le dos bien droit comme tout aveugle qui veut tenter de ramasser quelque chose à terre. Si le Hapien était rigide sur de nombreux principes, au point de juger parfois à tort, il n'échappait pas à sa propre règle d’exigence. Étant Jedi, il devait assistance à toute personne en difficultés, y compris un Sith, surtout quand ce dernier ne l'avait pas réellement attaqué. Décidé à le traiter comme un civil dans ce cas bien précis, Luke passa une main dans ses cheveux apparemment mi-long pour descendre vers le cou et chercher le pouls. L'homme était en vie comme l'indiquait déjà sa présence -bien que dormante désormais- assez faible dans la Force, mais le blond tenait à exécuter parfaitement les protocoles qu'on lui avait enseigné. Par chance, ayant eu une formation dans le domaine de la guérison, il put lui envoyer une onde pour le maintenir en l'état à défaut de le soigner totalement.

-Bip appelle une caps...

Le jeune Jedi n'eut pas le temps de répondre qu'un comlink sonna. Le Hapien hésita, il serait bien pratique de tenter de se faire passer pour l'homme en déclamant un seul "oui" dans l'objet pour avoir des informations, seulement ce n'était pas un acte autorisé. Sans raison de le faire, ce serait tout simplement un viol de vie privée. Le jeune homme lutta donc contre son envie de facilité pour fouiner dans les poches de son aîné, se guidant au bruit. Lorsqu'il récupéra le comlink, Luke tripota les boutons pour réussir à décrocher, par chance il était habitué à cet appareil. Le jeune Jedi tenta de présenter la situation de la manière la plus précise qui soit, sachant qu'il ignorait si l'homme lui avait donné son vrai prénom et qu'en plus, il ne savait pas qui était au bout de l'appareil.

-Bonjour, Monsieur Noval-Je ne connais pas son nom de famille- s'est évanoui à côté de moi. Avez-vous des moyens médicaux ? Dans combien de temps pourrez-vous être là ? Je vous attends. Non je ne peux pas vous donner un premier diagnostic, je suis aveugle, je ne sais pas s'il a des plaies, juste qu'il est à terre, je l'ai mis sur le côté, il respire correctement, oui.

Le jeune homme ferma le comlink puis prépara son sac le plus calmement possible même si ses mains tremblaient légèrement. Il palpa dans le fond de ses affaires une douce matière qui se révélait être une chaude couverture. "Lissant" le corps de Noval, le Chevalier borda ce dernier de son mieux, veillant à le recouvrir autant que possible en faisant bien attention à ce qu'il n'étouffe pas dessous. Ces gestes anodins n'avaient rien de simple pour une personne lui-même handicapée mais Luke ne se laissait pas démonter malgré son stress intérieur. Il avait choisi cette voie malgré sa cécité, en toutes connaissances de cause, c'était à lui de pallier ses problèmes pour ne pas en faire pâtir les victimes qu'il souhaitait aider. Ainsi, le jeune homme continuait d'évoluer autour du blessé de son mieux, dépliant le petit respirateur d'urgence de sa boîte de premiers soins. Le sens ne fut pas difficile à trouver car il disposait d'un mode d'emploi et de guide sur l'objet même en braille; la mise en place fut légèrement plus délicate mais le Hapien agissait avec douceur et maîtrise. Il ne put pas déplacer Noval sur une autre couverture cependant, n'ayant pas assez de force physique, sans compter qu'il était déconseillé de mouvoir une personne inconsciente.

Agissant en silence, Luke plia finalement bagages, laissant le soin à Bip de faire un dernier tour d'horizon. Pas aussi rapide qu'un voyant pour attribuer les premiers soins, le jeune homme avait fini juste au moment où les vrais secours apparaissaient. C'était pour lui, le moment de partir. Laissant là l'homme, le Chevalier s'assura seulement que les médecins l'aient vu au loin avant de filer, la tête pleine de questions. Il fallait désormais continuer sa mission, laquelle avait cependant prit un tournant et un goût irrémédiablement changés. Une chose était sûre, il n'aurait plus totalement la tête à son mémoire désormais.
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Sans jamais pouvoir pointer du doigt l’origine de l’affliction qui venait de le terrasser d’un coup d’un seul, l’arkanien avait rendu les armes, capitulant face à un déferlement infernal de douleurs atroces sans précédent, brisant net toute tentative de résistance, l’obligeant à mettre un genou à terre, avant de s’écrouler complètement. A bout de souffle, il sentit ses forces le quitter brutalement, si bien qu’endurer une telle souffrance fut au-dessus de ses moyens, littéralement cisaillé entre des lames brulantes et belliqueuses surgies de nulle part, s’acharnant à se livrer bataille en se hérissant de toute part. Ce fut comme si l’enveloppe de chair et de métal qui le recouvrait était subitement devenue trop étroite pour contenir une telle lutte intestine : on aurait dit qu’une meute de bêtes enragées s’échinaient à mâchouiller férocement ses entrailles, à tel point que sur le moment, l’idée de vomir ses tripes lui parut la chose la plus salutaire qui soit. Sauf que rien n’y faisait ! Ni ses haut-le-cœur répétés, ni ses cris étouffés, prisonniers d’une mâchoire monolithe. Pour couronner le tout, une fois accomplie sa sale besogne, le supplice qui le pourfendait de l'intérieur s’évanouit d’un claquement de doigt, sans demander son reste ! En revanche, le corps du Sith resta étalé de tout son long, immobile, tandis que son propriétaire demeurait visiblement aux abonnés absents…

Dans les vapes, l’esprit désemparé de l’arkanien louvoyait de-ci de-là, vagabondant sur les bords des rivages escarpés de l’inconscience. A des années-lumière du moindre éclair de lucidité, les sens embrumés du bonhomme avachi dans les hautes herbes restèrent frappés d’un étrange mutisme devant cette chose mollement étendue sur le sol, incapables d'identifier formellement la poupée de chiffon grandeur nature semblant démantibulée et censée recueillir leur témoignage. La masse indistincte aux contours presque vaporeux semblait se recroqueviller sur elle-même, agglutinée dans un cocon figeant cet organisme dans une stase de dormance ou de gestation. L’existence de Noval semblait s’être fragmentée autour d’une contradiction aussi insoluble que paradoxale : la latence anormale d'une conscience plongée dans l'immédiateté coïncide avec la non-présence de cet être, un repli absolu de soi sur soi résultant d’un processus d’individuation passablement enraillé, en un mot, une retraite de l'esprit, au sens propre du terme, hors de tout, du monde comme du temps.

Avec l’impression de léviter au-dessus de la végétation, le Sith était devenu le spectateur sourd et muet, pour ainsi dire, de ce qui se passait à proximité, la tête vide de toute pensée, de tout « je » qui aurait pu s’inquiéter du fait qu’il se morfonde dans une apesanteur cotonneuse qui n’avait pas lieu d’être, ne faisant plus qu’un avec cette sensation saugrenue de se retrouver détaché de toute réalité, y compris la plus élémentaire, cette enveloppe charnelle sans plus personne pour l’incarner, sans capitaine pour lui imprimer une direction à suivre. Qui aurait pu prédire que ladite carcasse vidée de toute âme se verrait subitement changée en théâtre dévoilant au compte-goutte des flashs d’images brouillonnes qui apparurent succinctement, cherchant à percer à travers un filtre flou, s’effaçant, revenant, et rebelote, par intermittence, sans ordre apparent, avant de se répéter de plus en plus vite et selon un ordre précis. Puis, les yeux de l’arkanien se fermèrent, bercés par le défilement de plus en plus rapide et erratique de ces visions, toutes empruntes d’un réalisme saisissant.



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A l’affût de la moindre anomalie, les médecins chargés de surveiller les données transmises en flux constant par les sondes et les capteurs dont les organes et les prothèses cybernétiques équipant le corps de l’arkanien parti en vadrouille étaient truffées, se regardèrent, interloqués, lorsque les constantes vitales du patient se mirent soudainement à s’emballer. L’instant d’après, plusieurs tonalités d’alarmes résonnèrent à l’unisson, sonnant le branle-bas de combat de toute l’équipe qui se mit en route immédiatement. Les ordres et les consignes fusèrent dans tous les sens, et aucun ne sut quoi penser du message délivré par une voix inconnu leur indiquant que le patient venait de sombrer inconscient, nouvelle qui ne fit qu’empirer l’état d’anxiété général. Une poignée de minutes après, la paire de convois estampillés du logo de la Symbiosys déboula en trombe à l’emplacement où le signal du comlink venait d’émettre. Sans perdre un instant, tous se mirent à pied d’œuvre pour porter secours à celui qui venait manifestement de tourner de l’œil, rassurés de le voir refaire surface, retrouvant peu à peu ses esprits, titubant légèrement lorsqu’il se releva.

« Monsieur Ortyss, vous m’entendez ? Comment vous sentez-vous ? Monsieur Ortyss ?!? » répéta à tue-tête le responsable en chef de l’unité médicale, le professeur Niels, le visage à moitié dissimulé derrière un scanner portatif qu’il scrutait en le braquant d’abord vers la tête décomposée d’un Noval souffreteux.

« J’ai mal au crâne… Une envie de vomir… Qu’est-ce qui s’est passé ? » baragouina-t-il, massant et tordant sa nuque.

« Si seulement je le savais ! C’est à vous de me le dire ! Vous avez perdu connaissance pendant quelques minutes, je suppose, vu le tracé de vos ondes cérébrales... Le mieux, c’est qu’on vous garde un moment en observation, le temps de faire quelques analyses pour être sûr que vos implants n’ont pas souffert de… »

« C’est inutile… Ça dépasse le cadre strictement scientifique… » coupa Noval sans prendre de gant, prenant appui contre le transport, comme s’il essayait de chercher un second souffle, les yeux fixés sur l’horizon verdoyant.

« Ah… Ah bon… Et qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse au juste ? » s’étonna-t-il, levant les yeux au ciel de dépit face à la remarque laconique de celui qu’il voyait toujours comme un patient en voie de convalescence.

« Donnez-moi à boire et quelque chose à manger, que je me requinque. Et pour votre information, on va faire ce pour quoi on est venu ici, je ne repartirai pas avant, et vous non plus » enchaina-t-il avant d’avaler d’une traite la ration d’eau que l’un des agents de sécurité venait de lui tendre sans dire un mot, s’exécutant simplement, attitude suivie par le professeur Niels, qui ajouta néanmoins :

« Très bien, c’est vous le chef, je ne vais pas discuter vos ordres, mais je vous préviens que… »

Noval leva une main, signe qu’il ne voulait pas entendre davantage le laïus concernant les précautions à prendre si un tel cas d’urgence devait se répéter dans un futur proche. Raison de plus pour ne pas s’éterniser davantage, car les excès de zèle de ce personnage, si haut-placé fut-il dans l’échelon hiérarchie de la corporation arkanienne, commençaient à taper sur les nerfs déjà irrités du Sith. D’autant que le jour baissait de minute en minute, il fallait se hâter de trouver l’emplacement de cette grotte où, par le passé, nombre d’adeptes de la Force venait quérir le précieux composant indispensable à leur parcours initiatique. Tant bien que mal, il tâcha de remettre de l’ordre dans ses pensées, et commença par se remémorer de la présence du dénommé Luke, de leur discussion et de la manière dont les choses avaient tourné entre eux deux. Le reste demeurait confus. Que lui était-il arrivé au juste, pour convulser de la sorte ? Sans se l’expliquer, la Force avait eu un rôle à jouer dans la mal qui l’avait atteint si intensément, comme si l’empreinte laissée par le supposé Jedi avait déclenché en lui cette réaction si violente que son seul souvenir fit grimacer Noval. Laissant la question en suspens, le kaléidoscope d’images fugaces lui revint partiellement en mémoire, et ce n’est qu’après un effort mental appuyé qu’il parvint à s’en rappeler, suffisamment pour que l’intuition d’une direction à suivre lui soit dictée, sans vraiment savoir s’il ne se raccrochait pas à une simple chimère. Qu’à cela ne tienne, mieux valait encore cela que d’errer à la recherche d’hypothétiques indices qui l’auraient mis sur la voie.

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Inutile de s’attarder à rapporter point par point la manière dont les événements se sont déroulés à partir de là. L’extermination quasi-totale des Kinraths ayant élu domicile dans la fameuse grotte se passa sans encombres ou presque, si l’on excepte le fait que l’un des agents chargés de nettoyer leur lieu de nidation de fond en comble ait été gravement empoisonné suite à une entaille profonde dans le dos, blessure qui faillit le faire passer de vie à trépas et lui valant l’attention toute particulière des médecins, ravi d’avoir une occasion de ne plus avoir à se tourner les pouces pendant que Noval livrait sa petite guérilla personnelle contre la faune locale, surexcitée devant l’intrusion impromptue de visiteurs si peu recommandables. La menace écartée, le Sith ne tarda pas à mettre la main sur ce qu’il était venu chercher. La plus grande des cavités souterraines était quasiment recouverte de cristaux scintillant dans l’obscurité, conférant à l’endroit une aura féérique proprement hallucinante. Lâchant les vibrolames fraichement entachées de sang et de venin, il s’était contenté de laisser pulser un flux de Force en levant ses mains, les paumes grandes ouvertes de façon à laisser résonner au mieux sa propre empreinte à travers l’espace. Après un moment, les yeux toujours clos, Noval fit quelques pas qui le firent s’enfoncer davantage à l’intérieur de la grotte, et s’immobilisa, sentant clairement qu’un remous singulier perturbait les lieux emprunts de courants de Force pour la plupart neutres. Son regard s’ouvrit en deux fentes blanchâtres, distinguant une brillance plus intense que les autres, un halo de lumière au pigment carmin se reflétant sur les parois d’un léger renfoncement. Tel un fruit mûr qui n’attendait plus qu’à être cueilli, la formation cristalline, dans son état brut, semblait formée une excroissance cramoisie qui se cassa net de la surface rocheuse dès que le Sith s’en saisit. L’impression d’avoir un cœur minéral au creux de la main fut saisissante, et un sourire se dessina sur la visage cireux de Noval, satisfait de sa trouvaille.


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