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Ondéron, dans la matinée...

La cime des arbres se balançait au gré du vent qui balayait la flore constituant la jungle d’Ondéron. Rivé vers le ciel bleuté ponctué de plusieurs nuages à l’allure cotonneuse, mon regard semblait se perdre sur l’horizon ; en direction de la fameuse lune portant le nom de Dxun. Bras croisés, la sérénité qui m’avait accompagné durant toute la durée de mon périple sur Flydon Maxima semblait perdurer malgré l’événement qui semblait se profiler tandis que les minutes s’égrenaient.

Je n’avais pu ignorer, ou plus simplement éviter la rumeur qui circulait depuis maintenant quelques semaines. Car au sein du Temple plus qu’ailleurs, ce genre de bruit de couloir arrivait en un rien de temps aux oreilles du ou des concernés. D’abord angoissé à l’idée de n’avoir pas vu la choser arriver plus tôt, les événements de Flydon Maxima avaient changé la donne. Seul comme sur Artorias, ce sentiment avait tout simplement disparu. Et faisant appel à mes principes et à mes convictions, communs à ceux de l’Ordre, j’étais parvenu à convaincre une camarade Padawan de ne pas tenter sa chance dans une entreprise qui l’aurait mené à sa perte, mais pas que. Tout le monde aurait pu en pâtir. Et dans la foulée, sans même avoir le temps de souffler, j’avais affronté ma pire crainte du moment. Celle de devoir m’opposer à un Sith. Et pas un apprenti cette fois-ci, mais bien un véritable guerrier en puissance. Et cela malgré cette infime partie de mon esprit, obscure et pour l’instant théoriquement incurable, que je refoulais sans cesse. A ce sujet d’ailleurs, la solution était sans doute proche. Les guérisseurs n’avaient pas tenté d’user des Pierres de Feu sur moi afin d‘en éliminer ce poison. Et ils comptaient le faire sous peu.

Se tenir debout, à seulement quelques pas de l’une des pièces les plus sacrées de l’Ordre avait de quoi dérouter. De l’extérieur, on pouvait ressentir la paix, le calme et la sérénité qui émanait de chacun des membres du Conseil. Et en aiguisant un peu plus ses sens, on pouvait aisément ressentir qu’ils étaient en plein débat. C’était pour cette raison que j’étais encore dehors à attendre. Mais aussi parce que Léonard n’était pas encore arrivé. La dernière fois que j’avais mis les pieds dans la salle du Conseil, c’était il y a de ça un peu plus de deux ans, lorsque l’on m’envoya un temps à l’Agricorps pour me « changer d’air ». Mais cette fois, c’était radicalement différent. Tant dans mon tempérament, les circonstances, et bien d’autres choses encore.

Je n’appréciais pas me rendre devant les Maitres de l’Ordre. Oh, ça, je les respectais. Le problème ne venait pas de là. Mais plutôt de mon passé d’Initié. Ou plus exactement, lors de mes deux dernières années en tant que tel. Ah, sacré Gruu ! Je ne pouvais pas l’accabler de tous maux que j’avais dû endurer durant cette période. Et mon impulsivité m’avait contraint à être de nombreuses fois convoqué devant eux.
Voilà que je percevais enfin la présence de Léonard dans le voisinage proche. Il arrivait, et n’était clairement pas en retard. C’était plutôt moi qui était en avance. Comme toujours, d’ailleurs. Je ne me permettrais pas d’arriver à l’heure ou trop tard à un rendez-vous, ou dans ce cas, une convocation.

Je pivotais donc d’un quart de tour pour lui faire face alors que j’étais sujet à une légère poussée d’adrénaline et de stress. Je ne pouvais le cacher. Et même si je savais contrôler ce genre de chose, je laissais faire. Car ce n’était pas du stress dans son côté négatif, mais plutôt dans son aspect positif.

Et puis, si les rumeurs –qui n’en étaient presque plus à ce stade, étaient exactes, c’était sans doute l’un des moments les plus importants de toute ma vie en tant que Jedi. Durant près de onze ans, on m’avait demandé d’agir au même niveau que mes aînés, et cela demandait tellement d’efforts que la plupart des Maitres avouaient que c’était les années les plus difficiles du Jedi.
Bref, il était là. Et tout seul, d’une manière tout à fait machinale, je me courbais légèrement, preuve du respect et de la politesse que méritait mon mentor.

- Maitre. Je commençais à penser que vous alliez me laisser me présenter seul devant le Conseil. Ils ont finis de débattre à l’instant.

Sur quoi, ça je l’ignorais. Tout ce que je savais, c’est que le moment était venu. Et mon estomac se nouait quelque peu. Car ci tout cela était vrai, j’avais travaillé d’arrache-pied depuis ma plus petite enfance pour y parvenir. Je respirais doucement, calmant ces ressentis qui empiraient.

- J’ai pris vos messages ce matin, comme d’habitude. Il y en a un, prioritaire, des archives. Je crois que ça concerne une histoire d’inventaire. Comme à chaque début d’année, en fait. Il y en avait un autre, à propos de vos nièces. Je ne l’ai pas lu.

Malgré tout, je conservais mes habitudes. Prendre les messages de Léonard, ce genre de choses. Il était encore tôt, et c’était la première fois que l’on se croisait de la journée. Oh, j’aurais finis par le retrouver dans ses appartements, ou dans la salle des archives. C’étaient ses habitudes, d’y passer parfois la journée. Alors que pour ma part, j'avais passé la journée d'hier à méditer; et seulement méditer. Et cela depuis que j'avais reçu la convocation du Conseil.
Et en parlant de ça, je changeais de sujet, comme si cette journée était identique aux autres, en attendant l’heure. Oh ça n’allait pas tarder. Et plus les secondes s’égrenaient, et au plus je me posais de questions, que je savais pourtant sans fondements aucuns.

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Je terminais de tailler ma barbe et.. Oui. Le temps d'enfiler ma bure, et ce serait parfait. De facto, ayant calculé à la dizaine de seconde prêts, négociant une allonge sur le chemin compte tenu du fait que je boitais un peu.. J'arrivais pile à l'heure prévue. L'harmonie était aussi une question d'horaire, et être à l'heure prouvait un équilibre de vie que je tenais à respecter.. Mais bref, je n'étais pas là ce jour pour causer de mes manies de trentenaire tardif.

-Bonjour, Joclad.

Dis-je non sans m'incliner doucement, comme d'habitude d'ailleurs. Dire que bientôt, il allait pouvoir me serrer la main comme un égal, et non plus s'incliner comme un disciple.. J'étais fier, ça c'était sur. Mais je le cachais parfaitement bien derrière mon air paisible et ma voix sans troubles.

-Te laisser seul devant le Conseil ? C'eut été une idée.. Après tout, c'est ton jour, pas le mien. Je suis juste là pour la décoration. Et puis ça aurait apporté une Épreuve d'improvisation à celles que tu as déjà passé.

Après tout, c'était bien vrai. La cérémonie d'adoubement, comme beaucoup de symboles, n'était qu'une formalité. Joclad ne serait pas plus doué demain qu'il ne l'était hier. Aujourd'hui, on célébrait la reconnaissance de son talent. Pas son existence. Mais c'est comme les anniversaires, ça.. Ca m'échappait totalement, mais les gens désiraient absolument qu'on fête leurs vieillissement tout les 365 jours..
Bon, la différence c'est que si on anniversaire n'est pas fêté, c'est pas grave. Si on adoube pas, en revanche.. Là, y'a problème.

-Ou alors ils ont enfin décidé du menu de demain, à la cantine..

Ce disant, je pris les messages qu'il avait enregistré.. Lisant le premier avec attention, je remarquais une mention spéciale pour des ouvrages manquants, et potentiellement dangereux. Il arrivait souvent qu'un distrait maître parte en mission en oubliant un manuscrit emprunté dans son sac.. Le désavantage de ne pas tout avoir numérisé.. J'allais devoir mettre bon ordre dans tout ça.. Quand au message de mes nièces, ou à leurs propos.. Je le lirai plus tard. Haussant un sourcil, je regardais mon padawan, un simulacre de sourire amusé posé sur un coin de lèvre.

-Nerveux ?

C'est vrai qu'il en avait l'air.. Enfin, non. Disons qu'il voulait tellement ne pas être nerveux qu'il suffisait justement de fermer les yeux pour sentir qu'au final, toute l'attention mobilisée à cet effet devait tout autant le nouer. Je levais enfin le nez, surpris par une note qui n'avait surement fait que résonner dans ma tête..

-Ca va être à nous..

Une seconde après.. La porte s'ouvrait. Pile à l'heure..
Saï Don
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Une nouvelle bataille, une victoire amère, des divergences d’opinion au sein du Conseil comme de l’ordre… L’Empire Sith était parvenu, semblait-il au vieil homme pensif enfoncé dans son siège, à l’un de ses objectifs : semer le trouble. Pousser ou non la République à faire la paix avec un ennemi si imprévisible était devenu l’objet de débats enflammés au Temple comme au Sénat, et Maître Don avait du mal à considérer l’existence de rebelles au sein de l’Empire comme une bonne nouvelle : les Sith se payaient le luxe d’être divisés tout en leur faisant face avec une efficacité effarante. Voilà qui était plutôt révélateur de leurs propres forces…

Mais chaque évènement difficile apportait aussi son lot d’agréables surprises et de révélations positives. En particulier, les Jedi s’étaient montrés coopératifs les uns avec les autres malgré leur divergence d’opinion au sujet de la paix avec l’Empire, et ne s’étaient donc pas laissés diviser. Et puis, et c’était pour cela qu’il patientait en cette douce fin d’après-midi, l’attentat de Flydon avait conduit certains d’entre eux à se surpasser. Pas toujours ceux auxquels on s’attendait, d’ailleurs. Maître Don s’était en premier lieu félicité d’avoir permis à Maître Berryl de prouver ses compétences sur le terrain, car il avait fait preuve, selon le vieil homme, d’une excellente maîtrise des responsabilités. Et puis, dans le genre plus surprenant, il y avait eu le culot du Chevalier Tianesli. Son audace avait bien souvent été critiquée par le passé, personne au Conseil ne l’avait oublié. Mais elle avait aussi porté ses fruits face au Chancelier. Malgré ses manières parfois surprenantes, personne ne pouvait lui enlever qu’il accomplissait ses missions avec brio. Flydon Maxima en était un flagrant exemple. Et pour le moins inattendu…
Et puis, la lumière avait été faite sur son padawan. Le jeune Draayi, élève sérieux et discret pendant des années, avait connu plus d’évènements en deux ans que le Conseil ne l’aurait souhaité. Capture par l’ennemi, retour difficile, et renvoi quasi-immédiat sur le terrain miné de Flydon Maxima. S’ils avaient su que la rencontre sur la station tournerait au vinaigre, bien sûr, le Conseil n’aurait pas pris le risque de laisser aller un padawan en difficulté renforcer la sécurité. Or, non seulement le jeune humain n’avait pas dérapé, mais il avait en outre agi comme un aîné sage avec les siens, puis avait combattu le côté obscur aux côtés des Républicains. Tout laissait donc à penser que le padawan Draayi avait surmonté les épreuves qui avaient suivi le drame d’Artorias. Des apparences ne sauraient néanmoins être suffisantes. Le Conseil avait besoin de vérifier.

- La décision pour le plus jeune dépendra de ses réponses,
affirma Maître Waray tandis que le vieux Don relevait le nez pour émerger de ses rêveries. Ce qui pose question, c’est le Chevalier Tianesli.
- Elle dépendra pourtant aussi du sort du jeune homme,
répondit la Twi’lek à la droite du vieillard, car nul ne devient Maître sans avoir pu transmettre une formation complète à au moins l’un de ses élèves.

Bien sûr, l’accession au rang de Maître était toujours plus sujette à débat que celle au rang de Chevalier. Les conséquences étaient plus importantes, et l’évènement plus rare. Le doute était aussi lié au tempérament différent du maître et de l’élève : si le Conseil était confiant quant à sa possibilité de suivre l’évolution du jeune humain à la suite de son adoubement, il en était autrement d’un Chevalier qui avait déjà largement agi selon ses convictions et sans l’aval du Conseil. Ils ne seraient pas en mesure de surveiller ses actes aussi bien qu’ils le pourraient pour le padawan Draayi… Cette perte de contrôle, néanmoins, était inévitable dès lors qu’un Jedi accédait aux rangs les plus importants de l’Ordre. A la fin, seules l’intuition et la confiance leur permettait de s’évaluer les uns les autres.

- Comment ne pas considérer que les conséquences de ses actes lors de l’attentat n’étaient pas un coup de chance, quand cette même témérité l’a déjà poussé, avec le succès que nous connaissons, à initier un conflit avec les autorités du monde qui héberge notre Temple ?
interrogea Maître Brock, l’air renfrogné.
- Peut-être faut-il considérer cet évènement comme un acte isolé, remarqua la silhouette holographique de Leti Geilvta, mais son ton était peu assuré – à moins que ce ne soit la qualité de la transmission.
- C’est ce qu’il s’agira de déterminer, l’appuya Maître Don en ramenant devant lui ses mains, croisant ses doigt sur ses genoux. Nous interrogerons tant le padawan que son professeur.

D’autres Maîtres acquiescèrent, tandis que le Nautolan conserva son air sceptique. Le vieil homme ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Pour sa part, il était plutôt confiant en ce qui concernait le professeur : bien des Maîtres étaient inhabituels en ces murs, et c’était même souvent leur originalité qui leur avait permis, en innovant, de s’illustrer dans leurs domaines respectifs. En revanche, pour avoir vécu la détention par l’Empire à la suite des évènements d’Artorias personnellement, il connaissait les tortures que les siens avaient subies. Coupé de la Force à cause du masque de torture Sith, il n’avait pu ressentir la souffrance des uns et des autres, mais ce n’était de toute façon pas nécessaire : il avait expérimenté ses propres douleurs, et entendu les cris et les discussions relatant des méthodes que les Sith avaient employé pour glaner des informations parmi les Jedi. A cause de tout ceci, il pensait que la tentation du côté obscur avait dû être grande. Certains padawans ne s’en remettraient jamais… Joclad avait-il surmonté ces épreuves, ou bien avait-il seulement habilement dissimulé sous sa carapace une souffrance qui le dévasterait plus tard ?

De mouvements de tête en regards assurés, les uns et les autres se mirent d’accord sur au moins un point : il était temps.

- Bien, faites-les entrer,
fit Maître Jiljoo’Blankuna avant de se lever avec une grâce propre à son espèce.

Les portes s’ouvrirent sans un grincement, déversant un large rayon de lumière sur l’allée qui reliait le reste du Temple au centre de la Chambre du Conseil. Un silence s’installa, formé de l’attention aiguisée des douze maîtres et de leurs regards impassibles. Seuls les pas des deux hommes se firent entendre tandis que le padawan et son professeur entraient dans la pièce sacrée. De ses iris clairs, le vieillard les suivit du regard, comme les autres, juqu’à ce qu’ils s’immobilisent et saluent. Maître Don répondit d’une inclinaison de la tête, et laissa Maître Blankuna les accueillir.

- Chevalier Tianesli, padawan Draayi, merci d’avoir répondu à notre convocation,
fit-elle sobrement, tandis que derrière eux les portes de la Chambre se refermaient lentement. Laissez-moi d’abord formuler, au nom du Conseil, notre soulagement de vous avoir vu revenir sains et saufs des évènements autour de la station Flydon Maxima.

Quelques maîtres acquiescèrent en silence, tandis que le vieux Don s’interrogeait : leurs deux pauvres victimes savaient-elles pourquoi elles étaient ici ? Les rumeurs circulaient vite au Temple, et même le huis-clos de la Chambre n’était parfois pas suffisant à conserver des informations confidentielles. Maître Don soupçonnait même une bande de padawans d’avoir introduit des micros dans les conduits d’aération au-dessus ou au-dessous de la salle du Conseil. Bah ! Il était trop vieux pour aller ramper dans les galeries de métal – en espérant que les gamins soient suffisamment malins pour ne pas se faire attraper par Maître Brock, sinon ils passeraient certainement un des pires quart d’heure de leur enfance.

Bref, il y avait des chances pour que Léonard et Joclad connaissent la raison de leur présence, ne serait-ce que par simple déduction. Quelque chose, néanmoins, devait leur mettre la puce à l’oreille : l’ensemble des Maîtres étaient présents, physiquement ou par holocommunication, et cela était plutôt hors du commun. L’adoubement d’un padawan ne nécessitait généralement pas tant de dispositions… Un sourire amusé s’épanouit lentement sur le visage du vieil homme à l’idée que l’un et l’autre devaient se poser des questions.

Mais pour le moment, ils allaient devoir donner des réponses plutôt qu’en recevoir.

- Nous avons quelques questionnements, messieurs,
reprit la Twi’lek sur son habituel ton serein. Nous demandons à ce que vous nous répondiez avec la plus grande des sincérités, mais également que vous preniez le temps de réfléchir avec nous à ces sujets délicats.

Après un regard circulaire en direction de ses différents confrères, Maître Blankuna reprit place à la droite du vieillard.

- Avant d’aller dans le détail,
enchaîna l’holo de Maître Jeseladai, dont le voile sur le visage se dirigeait approximativement vers les deux humains, nous voudrions savoir si le padawan Draayi a agi de son propre chef lors des évènements de Flydon Maxima, ou s’il a pris ses décisions conformément à vos ordres, puisque vous étiez séparés. Nous connaissons les détails de l’évènement, mais nous voulons savoir quelles étaient vos directives, jeune homme. Quant à vous, Chevalier Tianesli, avez-vous pris en compte le devenir de votre élève pendant que vous gériez la situation à bord du croiseur du Chancelier ?

Il n’y avait pas de reproche dans sa voix, et le vieux Maître pensait qu’il savait où elle voulait en venir. S’ils abordaient Flydon Maxima, alors il garderait ses questionnements sur les évènements d’Artorias… pour plus tard.

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C’est mon jour. Les paroles de Léonard semblait dégager les derniers nuages de doute qui pouvaient encore clairsemer mon esprit. Mon jour ? C’était donc bien ça ? On parlait bien du jour où l’on me confèrera le rang de Chevalier ? Bizarrement, je ne réagissais qu’en déglutissant lentement, alors que pour beaucoup, la première réaction aurait été d’éclater de joie. Il faut dire que les rumeurs allaient bon train au Temple, les initiés et les jeunes Padawan les faisant circuler à une vitesse tout simplement ahurissante. Et le fait que la dite rumeur me concernait moi et moi seul, je ne pouvais clairement pas être pleinement serein. Et c’est avec cela en tête que j’étais parti pour Flydon Maxima, que j’avais empêché l’Ordre de devoir répondre à une tentative d’attentat et que j’avais affronté un Seigneur Sith. Alors était-ce vraiment cela qui me perturbait actuellement ? Pourquoi pas. Ici, au Temple, il n’y avait pas de Sith prêt à massacrer tout le monde sur son passage, ni même de Padawan avec l’idée en tête de faire exploser une station spatiale. D’ailleurs, en parlant de Padawan, j’ignorais ce qu’il était advenu de Saphira après cela. Et le simple fait de ne pas avoir pris de ses nouvelles après ces évènements me faisait quelque peu culpabiliser. J’aurais dû demander ce qu’il était advenu d’elle. C’était une Jedi. Et même si en tant que tel on se doit de ne pas faire de différence concernant la personne que l’on venait d’aider –ou dans ce cas, d’arrêter-, je ne pouvais pas me défaire de l’idée que c’était une camarade. A l’inverse, j’avais immédiatement prit des nouvelles de celle qui m’avait aidé à affronter ce Sith sur Flydon.

Et ce ne fus pas la réflexion suivante de Léonard qui allait changer cela, même si au final, je ne pus m’empêcher de sourire. Je le regardais un instant lire ses messages, avant de reporter mon regard sur le vent qui inclinait la cime des arbres, au dehors du Temple. Puis sur un des vaisseaux traversant le ciel d’Ondéron, en direction du Temple. Il s’agissait d’un vieux transporteur civil, sans doute celui qui faisait la liaison avec Iziz. Je ne le quittais pas le regard, observant sa décélération durant son approche, puis je le regardais disparaitre dans un des hangars du Temple. Finalement, je tournais la tête dans la direction de Léonard, ce dernier ayant annoncé l’évidence même. Je finissais alors de pivoter pour lui faire face, essayant inconsciemment de paraître serein. C’était hélas perdu d’avance.

- En effet, Maitre. Ce n’est pas la première fois que je passe devant le Conseil mais cette fois-ci, j’ai ce pressentiment, cette impression… Enfin, je n’arrive pas bien à décrire cela. Je fais tout pour ne pas l’être, nerveux, mais en fait je ne fais qu’accentuer cette « nervosité ». C’est assez ironique.

Mais le temps n’était plus à la discussion. Léonard avait raison, c’était à nous. Et alors que j’effectuais uns emblant de demi-tour droite sans discipline, ce fut la libération. Je me sentais à nouveau parcouru par un certain sentiment de sérénité. Le stress de la confrontation avec les Maitres s’évaporait à chaque pas que je fis. Nous marchâmes côte à côte pour avaler les quelques mètres qui nous séparait du centre de la salle du Conseil. Mains entrecroisées devant moi au niveau du ventre, je laissais les longues manches de ma bure les recouvrir. Lorsque nous arrivâmes enfin à destination, mon regard avait déjà étudié le demi-cercle qui nous faisait face. Ils étaient là, tous là. Cela n’avait jamais été le cas, même après qu’Ilia ait rejoint la Force. Etait-ce là une simple coïncidence ?
Je ne savais vraiment quoi en penser, si ce n’est à Zélonion, qui avait pas refait surface depuis plusieurs jours. Et ce qui m’avait le plus étonné, c’était le détachement de Léonard, malgré qu’il soit de sa famille.

Mais je n’avais jamais abordé le sujet avec lui depuis mon retour de Ruusan. Bref, je me courbais avec respect pour saluer les membres du Conseil, comme Léonard, en simultané. Le tout accompagné dans la foulée d’un simple mot.

- Maitres.

Finalement, mon regard se portait sur Maitre Jijoo’Blankuna. J’avais, lors de mes précédentes convocations –lorsqu’elle était présente- remarquer qu’elle ne se prononçait pas beaucoup, si ce n’est en fin de débat. Aussi, j’étais quelque peu surpris de la voir prendre la parole la première, pour nous accueillir. Comme quoi les apparences étaient parfois trompeuses. A ses premières paroles, je restais neutre. Je m’étais, à mon avis, bien débrouillé sur Flydon. Et à ce que j’avais entendu, il n’y avait eu aucun prisonnier du côté des Jedi. Mais répondre aux questions, ça, j’étais toujours prêt pour. A condition que je prenne le temps de bien formuler mes propos, moi qui aie tant l’habitude de bafouiller, ou de mal m’exprimer. Surtout que mon regard pivota directement vers Maitre Jeseladai. Elle non plus, je ne l’avais jamais vu au Temple. Ou alors de façon fugace. Et ce qui aurait éventuellement pu me rendre nerveux, c’est que je ne connaissais pas ce que pourrait être sa réaction à mes prochaines réponses. Mais il n’en était rien. J’étais à présent pleinement serein, calme.

Flydon... Bien évidemment. C’était là les évènements les plus récents. Et les questions de Maitre Jeseladai, elles, semblaient plus confirmer la raison de ma présence ici que le précédent aveu de Léonard. D’ailleurs, à la réception des questions, j’avais légèrement tourné la tête vers ce dernier, pour savoir s’il comptait prendre la parole en premier. C’était à mon avis légitime.
Non. Il me laissait répondre, le sujet me concernant. Soit. Mon regard revenait sur l’hologramme de la Miraluka.

- Etant donné que nous allions être séparés, et que j’allais sur Flydon Maxima et lui à bord de la flotte du Chancelier, je devais être attentif à la situation sur place dans le but de savoir si la situation était effectivement propice à la rencontre entre l’Impératrice et le Chancelier. Une fois sur place, je me suis conformé à la hiérarchie présente, comme tout le monde. Lorsque ce soldat Républicain est venu m’interpeller, l’explosion n’avait pas encore eu lieu. Il m’a expliqué la situation, et j’ai fait transmettre son rapport immédiatement au responsable de la sécurité. C’est seulement après que j’ai pris la décision d’empêcher la Padawan Saphira de semer le trouble à bord. La seule discussion que j’ai eu avec mon Maitre eu lieu après son arrestation. L’explosion avait eu lieu, et je lui ai dit que la situation n’était plus sous contrôle. L’affrontement avec le Sith a eu lieu dans la foulée. J’ai là aussi pris seul la décision d’intervenir, Maitres.

J’en terminais là, laissant Léonard prendre le relais pour ajouter son explication. Pour ma part, j’étais déjà attentif à ce qu’il allait dire, et à ce que les membres du Conseil allaient répondre à cela.


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Ironique, oui, c'était le mot.. En fait, pour moi, c'était même le seul. Comme d'habitude, je comprenais les choses sans en deviner les raisons profondes. Le stress se sentait, s'observait par un nombres de données quantitatives et qualitatives. Se jouaient ensuite des relations de causes à effet : Pourquoi ? Avec une liste de possibles parce que.
Mon padawan stressait parce qu'il allait peut-être se faire adouber. En quoi était-ce stressant ? C'est là que je suis bien forcé de dire que « J'ai admis par observation. »
Je caressais ma barbe dans un sourire mental. Une fois encore, je constatais que Joclad était humain. Grande nouvelle, pas vrai ?
Je hochais donc simplement la tête.

-Ne laisse pas l'appréhension du futur entraver tes capacités dans le présent. Peu importe l'avenir : tu dois être capable de donner systématiquement le meilleur de toi même dès que cela t'es demandé. Seulement ensuite tu pourras songer à inclure le le futur dans ton présent sans perturber l'un ou l'autre..

J'avais suivis le regard de mon padawan, avisant le transporteur.. Notant chaque petites choses avant de les expulser, les jugeant sans cohérences ni intérêts pour la présente affaire. Et quelle affaire. Dire que c'était peut-être mon dernier sermon envers lui.. Je devais néanmoins avouer que j'avais en tête autre chose que l'adoubement de mon padawan. En fait, j'irais même dire que c'était pas ce qui me taraudait le plus. Non, n'allez pas croire que je m'en fou. Mais il se trouve que j'ai moi-même envoyé au Conseil un avis disant qu'il était prêts, et je le pensais. Sa présence ici n'a rien de complexe : il n'a pour dernière épreuve que celle consister à prouver qu'il est effectivement prêts. Et à moins de m'être lourdement trompé sur toute la ligne, il l'était. Bref, exception faite d'une catastrophe imprévue, l'adoubement de Joclad serait chose simple, naturelle en tout cas.
Non.. En vérité ce qui me préoccupait, et ce qui m'amusait beaucoup il faut le dire, c'était mon cas.

Léonard, maître Jedi.

Sérieusement : allaient-ils le faire ? J'imaginais d'ici les sourcils froncés, doutes et protestations que cela avait pu laisser voir. Bon, d'un autre coté, si j'avais effectivement toujours été un emmerdeur, j'avais surtout toujours été un emmerdeur efficace. Maragliano ? C'est moi ! La défense du Sénat ? Bibi. La flotte du chancelier ? Moi encore. La cuisine et le ménage au Temple ? Votre serviteur. Bref tout ça pour dire que j'étais réellement curieux de savoir ce qui allait se passer. D'autant que je n'avais pas formé Joclad depuis son plus jeune âge, il était donc possible de me refuser ce titre sans trop vexer la procédure.
Ca ne changeait pas tellement de d'habitude.. Mais encore une fois, j'allais devoir faire mes preuves.

Et voilà qu'on était au centre du cercle du Conseil, à aviser l’entièreté de nos sages, en holo ou physiquement présents... Gloups ? Une telle présence était à la fois un honneur.. Et sujet à beaucoup de questions.. Disons en tout cas que ça confirmait le caractère litigieux de cet adoubement.. Devais-je me mettre à craindre pour Joclad.. ?
Mh.. Nous verrons. En tout cas, cela allait être un adoubement en grande pompe. Nous étions au centre des interêts.. Et également, jugés et jaugés de toute part. J'enregistrais chaque présent, aisant tomber sur chaque nom une avalanche de donnée, avant de croiser mes bras dans mes manches, un pas en retrait, laissant mon padawan au centre.
Et non, ce n'était pas uniquement parce qu'on l'avait sollicité avant moi, mais par reflexe d'ancien serf, domestiques, qu'en tant qu'humble bonhomme j'avais jamais abandonné. D'ailleurs, il n'était pas impossible que Joclad lui-même m'ait déjà fait remarquer cette désagréable manie.
Mais je ne prenais les devants que lorsqu'on avait besoin que je le fasse.. Un Léonard est ainsi fait.

Aussi Joclad fut-il le premier à répondre, logique, il était le premier à avoir été sollicité. Tandis qu'il parlait, sans même bouger la tête, j'étudiais de prêts chacun des maîtres. Leur présence à tous me forçais à me poser cette question : Qu'est-ce qu'ils voulaient ? Je me doutais, au fond, que je ne les percerai pas à jour aussi facilement : ils étaient nos maîtres, nos sages. Mais bon, je me devais d'essayer. Quant au discours de mon padawan.. Je ne pouvais rien y redire : c'était l'exacte vérité. Je posais une main sur son épaule et tapotais cette dernière deux fois, comme pour lui dire « C'est bien mon garçon, repos, à présent ». En effet, puisque c'était mon tour, il avait gagné son sursis. Il était important qu'il trouve le temps de se détendre, tout comme il est important de respirer lorsqu'on discourt : dans les deux cas, on a du mal à continuer si on ne prend pas le temps de prendre son temps.

Je croisais, pour ma part, mes mains devant moi, avant de commencer.

-J'avoue, maîtres.. Ne pas bien comprendre votre question. Est-ce que j'ai oublié Joclad ? La réponse est non. Il a bien sur été dans tout mes calcules.. Mais à bord du Tolérant, la situation était critique : je devais mener le Chancelier en sécurité.. Et j'ai été forcé, ensuite, de prendre le commandement. D'un point de vue strictement physique, je dois déjà dire que je n'avais pas le temps d'amorcer un geste en sa faveur. Mais surtout.. Je me devais d'obéir au sens logique des priorités, et faire mon devoir. J'ai et j'avais déjà confiance en Joclad, et je ne pouvais rien faire pour lui qui aurait été extrèmement dommageable pour l'ensemble de la République. Porter une flotte armée autour de Flydon Maxima aurait pu se terminer en guerre ouverte.. Ne pas rendre la flotte et le chancelier au Sénat, pareil.. J'avais les deux mains clouées sur mon commandement improbable, avec le risque de déclencher une guerre si le moindre de mes ordres devait être sujet à équivoque.

Car oui, je n'avais pas du considérer seulement les réactions des Siths.. Mais bel et bien le fait que je menais une flotte à moitié détruite, mais composée de revanchistes qui n'auraient sûrement pas résister à l'envie de tabasser du Sith si je leurs en avait donné l'occasion. Miser sur mon commandement n'aurait pas été un bon calcules, je ne devais surtout pas présenter la moindre faille qui aurait pu les pousser à l'autonomie belliciste..

-Je déplore l’attitude que j'ai du avoir vis à vis de mon padawan : aucun maître n'aime laisser son élève faire face seul à l'adversité. Mais cela ne doit pas devenir la considération unique pour des raisons piètrement sentimentales lorsque l'avenir de si grandes choses sont en jeu. Le désir pour le petit nombre s'efface face à la nécessite du plus grand. J'ai pris en compte l'avenir de mon padawan en agissant, et ma seule décision vis à vis de lui a été de lui faire confiance.

J'avais parlé de cette habituelle voix blanche et calme, unie dans le monocorde et la monotonie. Ce timbre qui ne laissait pas la moindre place au doute, ni à l'emphase d'ailleurs. C'était la vérité, simple et pure telle qu'elle était à mes yeux.
Saï Don
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Le vieil homme se pencha légèrement en avant tandis que le padawan prenait la parole, comme pour mieux entendre ce qu'il avait à dire. Le padawan Draayi utilisait les faits, exprimait avec calme et simplicité les causes de son comportement et ses conséquences. L'assurance tranquille dont il faisait preuve rassurerait certainement bien des Maîtres - qui pour la plupart étaient satisfaits des réussites des Jedi lors de cet évènement surprenant.
Maître Jeseladai acquiesçait lentement, elle aussi visiblement satisfaite.

- Bien, je comprends, approuva-t-elle sans autre commentaire.

Les explications du padawan ne soulevèrent ni objection, ni question supplémentaire. En réalité, tous les Maîtres étaient curieux de voir comment le professeur accueillait cette nouvelle autonomie de la part de son élève. Ce n'était pas toujours facile de laisser les plus jeunes voler de leurs propres ailes, surtout lorsque l'on connaissait les risques qu'ils encouraient.

Lorsque le Chevalier Tianesli prit la parole à son tour, ce fut en construisant une réponse structurée. Saï ne put s'empêcher un léger sourire en remarquant qu'il répondait à ses propres questions, un peu comme un politicien l'aurait fait devant une assemblée à convaincre. A bien des égards, il aurait bien vu Léonard poursuivre sa carrière de Jedi non loin du Chevalier Arnor plus que sur le terrain. Sa tranquillité aurait certainement de quoi agacer, sur Coruscant, mais l'on pouvait être sûr qu'il ne perdait pas ses objectifs de vue - ni sa répartie, par ailleurs.

Maître Jesaladai ne sembla pas exactement autant apprécier la réponse du Chevalier que le vieillard, toutefois. Elle leva un sourcil un instant indécis, puis les fronça.

- Chevalier Tianesli, fit-elle aimablement malgré la légère sécheresse dans ses mots, il n'y avait rien d'accusateur dans ma question. Nous sommes satisfaits de voir le padawan Draayi pouvoir agir de son propre chef et ce faisant, réaliser les bons choix.
- C'est exact, et vous avez bien fait de lui faire confiance, semblerait-il, intervint plus doucement Maître Geilvta, pour apaiser le dialogue.

Elle échangea un regard entendu avec la Miraluka. Les agissements du Chevalier Tianesli étaient ce qu'ils étaient, mais ils avaient eu de bons résultats lors de l'évènement tragique de Flydon Maxima. Certainement, ils avaient agi de manière coordonnée mais chacun d'une volonté qui leur était propre, le tout pour servir le but de la communauté Jedi. Les Maîtres échangèrent de regard, d'accord sur le fait qu'ils pouvaient passer à un autre sujet. La Twi'lek au regard innocent croisa celui du vieil homme, et il sut que l'on attendait peut-être qu'il s'exprimât à son tour. Alors il croisa ses mains devant lui, réfléchit quelques instants avant de lever de nouveau le regard vers les deux protagonistes au centre du cercle. Il lisait sur leurs visages une attente calme et déterminée, mais pour sa part le vieil homme ne souriait plus.

- Chevalier Tianesli, padawan Draayi... J'aimerais parler quelques instants de ce qu'il s'est produit suite à la bataille d'Artorias, déclara-t-il d'une voix où perçaient quelques notes sombres provenant de souvenirs désagréables. Tout comme moi, Joclad, tu as été fait prisonnier des Sith... Et je sais combien cela a dû être difficile.

Probablement était-ce parce qu'il avait lui-même était fait prisonnier que les autres Maîtres lui laissaient la parole à ce sujet. Le vieillard n'aimait pas particulièrement revenir sur cette période où, privé de la Force, il n'avait pu qu'entendre les cris de ses confrères, deviner leur douleur plutôt que la partager avec eux au travers de la Force. Il avait entendu que des tortures avaient été perpétrées, et qu'avait-il pu faire contre cela ? Absolument rien.
Mais ce n'était pas de Maître Don dont il s'agissait aujourd'hui.

- Cela a été une terrible épreuve pour bien des binômes, poursuivit-il en soutenant le regard inébranlable du Chevalier Tianesli, mais le vôtre a... "survécu". Pourriez-vous nous raconter la façon dont vous l'avez vécue ?

Les yeux du vieux Maître quittèrent ceux du Chevalier pour se plonger dans ceux, jeunes et moins innocents qu'ils ne l'avaient été, du padawan. Il voulait qu'il commence, qu'il raconte ce qu'il s'était passé, et... si le côté obscur avait pu s'infiltrer à lui en ce moment. La douleur, forcément, l'horreur de la situation n'avaient pu qu'amener le jeune Jedi à avoir des doutes. Il pouvait en être revenu, ou bien seulement les avoir dissimulés. De cela dépendrait certainement sa nomination, et tous les regards étaient à nouveau braqués sur le jeune homme en bure de padawan.

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Mon regard avait immédiatement dévié vers Léonard lorsque sa main se posa sur mon épaule. J’étais légèrement tendu, je devais bien l’admettre. Cependant, j’étais assez satisfait de ma prise de parole. J’avais fait cela de manière concise et précise, sans pour autant entrer dans détails qui me semblaient inutiles. Mais laisser la place à Léonard pour qu’il puisse s’adresser à son tour au Conseil ne me dérangeais pas. D’une certaine manière, je me sentais soulagé d’un certain poids.

Je savais cet instant important, au temps pour moi que pour lui. Même si je n’étais pas encore certain du pourquoi nous étions tous les deux ici-même, j’avais cet impression, ce sentiment que quelque chose allait clairement changer. Léonard avait pris la parole et à mon tour, je scrutais les réactions des Maitres, curieux. Et dans le même temps, je ne pouvais qu’opiner légèrement du chef à propos du discours de mon mentor. Dans sa situation, j’aurais sans doute agi de la même manière. En tant que Jedi et défenseur de la République, notre priorité était de mettre le Chancelier à l’abri quitte à me laisser me débrouiller sur Flydon. Tout comme il était important de préserver la paix tant que nous le pouvions encore.

La guerre n’amènerait de toute façon rien de bon non pas qu’à la République, mais à la galaxie dans sa globalité. Du reste, je ne pus retenir un très fin sourire à la dernière remarque de Léonard. J’avais su me débrouiller seul, et sans aucun doute mieux que je ne l’avais moi-même pensé à l’origine. C’était la simple confirmation des propos de mon mentor. Après, est-ce que mon action avait réellement satisfait le Conseil, je n’étais pas dans la tête des Maitres et ne pouvait donc pas réellement le savoir.

Mon regard avait fini par se porter sur Maitre Jeseladaï. La Miraluka venait répondre à l’une des questions que je me posais. Mais cette fois-ci, je restais parfaitement neutre. Je ne retirais qu’une maigre satisfaction de ce que j’avais fait sur Flydon Maxima. Car j’aurais voulu faire plus, et je savais que j’avais agi au mieux, et pour le mieux. Comme Léonard me l’avait énoncé avant que l’on entre dans la Salle du Conseil, je devais être capable de donner systématiquement le meilleur de moi-même, encore et toujours, peu importe le dénouement. Je soufflais calmement, sans arrière-pensée alors que les Maitres semblaient désigner Saï Don du regard pour qu’il s’exprime.

Et lorsqu’il le fit, je sentis un frisson traverser mon être. Artorias… Je m’étais préparé à parler de n’importe quoi sauf de ça. Car comme le vieil homme ne manqua pas de le rappeler, mon séjour sur l’Atramentar ne fut pas du tout repos. Bien au contraire. En réalité, j’avais encore un peu honte de ce qui s’était passé là-bas. Même si cela m’avait rendu plus fort, plus résistant, mon séjour m’avait surtout convaincu de toujours me fier et me rallier aux idéaux Jedi. Cette Sith avait clairement échoué sur toute la ligne et j’en étais bien heureux.
Mais devoir parler de ce qui c’était passé sur l’Atramentar… je n’étais plus très serein pour le coup, et on regard vint croiser le sol le temps d’une seconde. Puis finalement, je croisais de nouveau les mains devant moi prêt à parler une nouvelle fois de ces instants douloureux.

- Pour commencer, je n’ai que des bribes de souvenirs de mon séjour sur le navire-prison des Sith. Une sorte de masque imprégné du Côté Obscur recouvrant mon visage et me coupant de la Force, j’ai été la majorité du temps profondément drogué. Des événements qui se sont déroulés sur ce vaisseau, mes souvenirs doivent au mieux s’étaler sur une semaine.

Je faisais une halte volontaire, repensant à ces moment de semi-inconscience, à peine capable d’ouvre les yeux pour les refermer presque aussitôt. Si ça se trouve, ils avaient soutiré des informations pendant ces périodes ? Non, impossible. Sinon Shaar-là n’aurait pas essayé de me tirer les vers du nez.

- Lors de mes moments d’éveils, j’étais en présence d’une jeune Sith. Sans dote une apprentie qui répondait au nom de Shaar-là. Attaché et incapable de faire appel à la Force pour me libérer, elle voulait des informations sur le Temple, les codes de sécurité, ce genre de choses… Je me disais que l’on viendrait nous libérer, et que je devais gagner du temps. C’est là que la torture a commencer, quand elle a vu que je ne dirais rien même avec cette voix dans ma tête, doucereuse et envoûteuse, projection dans mon esprit de l’obscurité du masque.

Je soupirais doucement, sachant pertinemment que si la rumeur était fondée, mes propos allaient impacter sur la décision des Maitres. Mais en même temps, je ne pouvais pas leur mentir. Ils s’en rendraient de toute façon rapidement compte, en plus de ne pas être conforme à l’éthique et à la morale que je m’étais dictée. Mais de là à entrer dans les détails, il leur faudrait les demander.

- Malgré la douleur à la fois psychologique et physique, j’ai continué de résister. Et puis... elle a fait venir des enfants, des innocents… Et à chaque fois que je ne donnais pas de réponse, où que j’essayais de gagner du temps, elle prenait un plaisir malsain à les… à les démembrer puis les tuer. Cela combiné à cette substance qu’elle m’a injecté dans mon organisme, décuplant l’attrait à l’obscurité, j’ai dû faire des choix, pour me protéger, pour ne pas sombrer alors que le Côté Obscur me cerclait et semblait vouloir m’emprisonner. Je ne sais pas pourquoi, mais elle était curieuse à propos de votre Padawan, Maitre Don. A croire qu’elle l’avait déjà croisé à plusieurs reprises. Et puis comme énoncé dans le rapport que vous avez dû recevoir après mon retour, je lui ai aussi donné des informations sur certains de mes camarades. Confronté à la douleur, et voulant faire épargner ces innocents, j’ai mis en danger de nombreuses personnes. Mais sur l’instant, j’ai agi en faisant ce qui me semblait juste.

Mon regard glissait de Maitre en Maitre. J’avais besoin de respirer, pour ne pas me perdre. Je me sentais emporté par mes paroles et je ne voulais pas perdre ce calme que j’étais parvenu à retrouver.

- Je tenais tellement à les sauver, que lorsqu’elle m’a proposé de jouer leur vie dans un affrontement, entre elle et moi, je n’ai pas hésité. J’étais certain de pouvoir l’emporter, car je l’avais déjà fait par le passé. Mais aussi parce que je voulais lui faire payer. Je voulais qu’elle endure ce qu’elle m’avait fait subir. Pendant l’instant d’un affrontement qui ne dura que quelques minutes, je l’avoue, j’ai frôlé ce que l’on désigne par le Côté Obscur. Et ce que j’en ai senti était si déroutant, si repoussant que j’ai finis par sombrer dans l’inconscience alors que la Sith me marquait avec son arme. Ce qui s’est passé après est bien plus flou. J’ai été transféré dans un autre secteur peu avant ma libération. Je ne pensais plus à rien si ce n’est à l’Ordre, au Code. C’était le seul moyen qui me permettait de tenir, de rester moi-même.

J’appuyais mes paroles de gestes plus ou moins précis, comme si cela pouvait imager mon discours. Je m’étais laissé emporter, ce que j’aurais voulu éviter. Mon ton précédemment neutre semblait osciller. Enfin, je reprenais.

- Et deux jours avant ma libération, une autre Sith du nom de... Nosfera, si je me rappelle bien, est venu me voir. Elle a tenté de me convaincre par les mots. Mais j’étais déterminé à m’opposer, à résister. J’ai fait usage de nos principes pour résister, ne pas plier, et même l’ennuyer. Car j’avais depuis quelque temps le pressentiment que je retrouverais bientôt l’Ordre et le Temple. Je savais que quelqu’un viendrait me chercher. J’ai longtemps cherché à comprendre comment j’ai pu le deviner, d’ailleurs. C’est cette Nosfera qui a ordonné ma « libération ». Je crois qu’elle espérait que je ne pourrais combattre cette substance que l’apprentie m’avait injecté. Que je sombrerais. Cependant, j’avais trouvé le moyen de le repousser, et lorsque je suis rentré au Temple, les Guérisseurs l’ont totalement neutralisé. Mais pour revenir aux événements, ils ont fini par me jeter sur Ruusan. J’ai tout simplement marché sans m’arrêter. J’ai avancé, suivant mes intuitions. J’ai également médité pour retrouver la sérénité. Je n’avais plus médité depuis longtemps. C’est ainsi que je suis tombé sur mon Maitre. Et ce n’était pas un hasard.

Je n’étais pas parfait. Je ne pouvais pas me plier tel un robot aux exigences de l’Ordre. J’étais humain, tout simplement. Tout ceci n’était que la vérité. Car je ne voulais pas mentir. Je voulais montrer que malgré la difficulté, j’étais parvenu à me pas me dévier du phare qu’était le Code ; que je n’avais pas dérivé. Car au final, j’avais toujours cherché à protéger mon prochain, quitte à me mettre en danger. Si j’avais agi de manière égoïste pendant un instant, ce n’était pas de ma propre volonté. Et revenant croiser les mains devant moi, je concluais.

- Ce que j’ai ressenti durant ce séjour dans les geôles de ce navire m’ont endurci. Le Temple ne nous prépare pas à cela. Et je l’avoue, j’ai dû improviser et faire des choix. Je ne les regrette pas. Si je devais revivre ces événements, j’agirais de la même manière. Je ne suis pas parfait, et personne ne l’est. C’est compliqué de dire ce que j’ai vraiment ressenti, Maitres, sans faire un résumé des événements qui m’ont amenés à ressentir une certaine peur et honte. La peur de devenir comme eux, et la honte d’avoir dû trahir la confiance de mes camarades Jedi. Mais je n’ai jamais perdu fois en les principes de notre Ordre. Si j’ai dû céder l’instant de quelques minutes c’est seulement parce que mon corps et mon esprit n’ont pas pu endurer plus. Mais ce sont là des choses qui évoluent avec le temps, l’âge et l’expérience.


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-Je n'ai fais que présenter des faits, maîtres..

J'avais cillé. Accusateur.. ? Pourquoi semblait-elle avoir mal pris mon explication factuelle de ma situation ? Je m'étais, certes, justifié, non pas pour prouver une innocence, mais expliquer ma conduite.. Bah, laissons cela. Si le Conseil était fait des plusieurs âmes, c'était bien pour représenter toutes les façons d'être Jedi. Il était donc normal que tous ne soient pas d'accord sur tout, et ma réponse figurait réellement dans ce qui n'était clairement important de relever. Un petit désaccord sur lequel il convenait de ne pas s'arrêter.
Aussi je m'inclinais, marquant mon acceptation quant au remarques qui me furent faites.

Pour le reste.. Je dois dire que je l'avais également vu venir. Lorsque tous les maîtres se tournèrent vers Maître Don, je réfléchissais déjà à ce que lui, particulièrement, aurait à dire, et donc le liens qu'il devait y avoir entre son expérience et la notre, le faisant en cela meilleur interrogateur et juge de nos réponses sur un points précis.
Et quand on cherche un point commun entre Maître Don et Joclad, on devine de suite quel sera le prochain sujet de discussion.. J'avais, bien sur, déjà discuté avec Joclad de ce sujet, et l'avais rassuré ce faisant. Mais je savais également qu'en parler serait pour lui une épreuve. Et lui, qui n'avait jamais cherché à se pencher sur les procédés rhétorique, savait qu'il pouvait se tirer une balle dans le pied en répondant.

Je dois avouer que je fus content de le voir évoquer non pas un point de vue, édulcoré pour ne pas mettre en danger les enjeux présent... Mais la vérité, présenté sous une forme à peine coupable ou le bilan restait de dire que « J'ai fais de mon mieux », un aveu de foi envers nos valeurs Jedi, et la preuve que sa faiblesse passée avait été ce qui le confirmait dans nos convictions.
Oh, bien sur, je n'aurai pas été dire que c'était « parfait », non. Mais disons que pour un padawan, c'était largement satisfaisant, à mes yeux. Après, j'étais chevalier Jedi, pas maître, et encore moins membre du Conseil.
Quant à moi.. Que devais-je en dire, mh ?

J'avais, sur Aldérande, promis à Joclad de m'occuper de lui, mais je n'avais été réellement en mesure de le faire que très tardivement.. Après l'épisode du Sénat, bien sur, j'avais essayé de le chercher.. Sans succès.
Tant qu'il était sur l'Atramentar, Joclad était resté hors d'atteinte. Et après Maluka.. Je devais avouer que j'avais laissé le découragement me gagner, la galaxie était si grande..

-Lorsque Joclad était captif, le liens que nous avions n'était alors pas un lien de Maitre/Padawan confirmé. C'était encore.. Flou, peu développé. Je n'ai pas pu assister mon padawan pendant ses épreuves.. Il était.. Hors d'atteinte. Mes pouvoirs n'étaient pas suffisant pour que je lui vienne en aide, ou que je sois capable de le soutenir..

Comment ne pas penser à Velvet qui aurait éventuellement pu me faire sauver Zelonion et, pourquoi pas, Joclad.. Mais il n'y avait pas de place, dans mon âme, pour les regrets. Forgé dans le métal le plus froid, j'avais pris une décision, implacable, et logique, et je m'y tenais.

-Lorsqu'il a été relâché.. J'ai sentis.. La Force qui m'indiquait un chemin à suivre. Je n'ai pas compris de suite.. Je ne saurais l'expliquer, mais Ruusan m'apparaissait, en rêve, en méditation.. Je savais que je devais aller la bas.. En étudiant la planète, j'avais cru que c'était un lieux qui saurait me donner confirmations de certains argument pour ma thèse.. J'ai donc proposé l'expédition que vous avez validé..

Je hochais la tête.. Mieux valait passer pour un mystique incompétent que pour un manipulateur.. Je n'avais jamais eu le moindre doute sur la nature de ce pressentiment.. Mais après cette expédition fantoche, je ne pouvais pas avouer au Conseil que je n'avais pas confiance en leur jugement. Car c'était bien de ça dont il s'était agis.. Si j'avais débarqué en disant « Il FAUT que j'aille sur Ruusan, mon padawan y est ! », sans la moindre preuve, on m'aurait pris pour un dingue. Surtout que j'avais erré pendant des mois à la recherche de Maluka, et que le crédit qu'on accordait au mysticisme Jedi « C'est la Force, ayez confiance » avait été épuisé à mon sujet. C'était un risques que je ne pouvais pas courir..

-Dès que nous avons approché de Ruusan, j'ai sentis sa présence, et son besoin d'aide.. Après quoi.. Je crois que Joclad avait besoin de présence, et qu'on lui confirme ce qu'il savait déjà.. Le résumé qu'il vous a fait présentement est l'exacte copie de celui qu'il m'avait fait sur Ruusan.. A l'époque, il était plein de doutes quand à ce qu'il s'était passé.. S'il est devant vous aujourd'hui, c'est parce que je pense qu'il a réussi à.. Tirer un grand nombres d'enseignement de cette expérience. C'est en étant au cœur de l'obscurité qu'il a pris conscience de la lumière. Cela a été brutal, et il a fallu du temps pour que la déferlante qui l'a accablé, même après coup, ne le coule pas. J'aime à croire que j'ai aidé mon padawan a faire de cette expérience une solide base qui contribue à son talent et à sa conviction de Jedi. Et c'est en acceptant ce qui s'est passé, et en l'intégrant comme source de savoir, et non tabou à frapper de dégoût, qu'il a surmonter cette epreuve.. Et j'espère que c'est en travaillant sur cela que notre binôme a su survivre, et que Joclad est devenu le padawan qui a été si efficace sur Flydon Maxima.

Sans l'ombre d'un sourire ni d'une variation de timbre de voix, j'ajoutais avec cet habituel humour détectable uniquement par le décalage présent entre l'avalanche de logique et l'absurde soudain.

-C'est l'orgueil d'un maître qui ne se croit pas totalement inutile..
Saï Don
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Si une seule chose était certaine, c’était que les violons du padawan et de son maître étaient bien accordés. Le Chevalier Tianesli avait pris en main l’éducation de Joclad assez tardivement, et il n’était pas rare que les professeurs se heurtent à des adolescents rebelles et insoumis, ce qui compliquait considérablement leur formation en comparaison de ceux qui, pris très jeunes sous l’aile d’un aîné, se pliait à ses idéaux grâce à un esprit encore malléable. Ces deux-là n’avaient pas l’air d’avoir souffert de ces mêmes problèmes, et ils présentaient un front commun au Conseil. Ce qui pouvait être pris comme une résistance pouvait aussi s’interpréter comme une solidarité sans faille, pour laquelle Maître Don compatissait aisément. Il aurait défendu Luke ou n’importe lequel de ses autres padawans avec la même ferveur. Quant à Maître Bibann, la dévotion qu’il ressentait pour ce vieux Jedi s’était prolongée bien au-delà de sa mort.

Pour un Chevalier qui avait dépassé la trentaine, néanmoins, le flegme de Léonard le faisait peut-être paraître plus jeune qu’il ne l’était réellement, et Saï ne doutait pas qu’il ne dissimulait pas une sagesse, certes grinçante, mais tout à fait pertinente et assumée. Quant à son élève, il s’exprima au sujet d’Artorias sur un ton calme qui apaisa le vieil homme. Lui aussi avait porté le masque de torture Sith, et lui aussi en avait été désorienté ; mais il craignait moins pour lui-même que pour tous les jeunes gens qui avaient connu l’Atramentar : les Sith auraient du mal, à son âge, à modifier ses habitudes de vieux schnok. Parmi elles, son fort penchant pour la voie lumineuse… Il n’en ressentait pas moins une certaine fierté de constater que les Sith avaient également échoué sur certains de leurs élèves. C’était une agréable surprise, même s’il se demandait intérieurement ce qu’avait pu ressentir le Chevalier Tianesli lorsqu’il avait découvert le parcours de Joclad sur l’Atramentar et s’il avait eu des doutes quant à son avenir.

La suite du récit du padawan glaça le sang de plus d’un Maître dans l’assemblée. Voir démembrer des enfants sous ses yeux avait dû être un traumatisme extrême. Un silence inquiet plana quelques instants dans la pièce, avant que le vieil homme ne le brise d’une voix pensive.

- Shaar-là… Et mon padawan.


Se pouvait-il qu’il s’agisse de la Sith qui avait drogué et enrôlé Luke sur Coruscant ? Cette histoire était restée pour le moins obscure et troublante pour Maître Don, et il n’avait pu éclaircir tout à fait ce qui s’était produit, et pour quelles raisons son padawan s’était lancé dans cette course folle. Il avait mis tout cela sur le compte d’un acte adolescent un peu tardif, et avait espéré que le repentir du jeune Kayan était sincère. Mais visiblement, la fameuse Shaar-là n’en était pas du tout à son premier tour… Elle commençait à rudement bien connaître les jeunes Jedi, décidément !
Le « à plusieurs reprises » était néanmoins inquiétant. Saï se promit d’en parler à Luke dès que possible, tandis que les autres Maîtres croisaient son regard avec des mimiques surprises. Voilà qu’en plus certains allaient se poser des questions sur son padawan maintenant !

Maître Don chassa cet ennui de son esprit. L’heure était au duo Draayi-Tianesli, qui continuait de s’exprimer avec concision.

- Vos aveux sont une preuve de sincérité,
déclara Maître Jesaladai sur un ton confiance. Padawan, les choix que vous avez faits sont honorables. Nul n’aurait pu rester insensible devant le spectacle que les Sith vous ont donné.

C’était le moins que l’on pouvait dire, songea le vieil homme. Il se rendait compte avec une vague frustration que les Sith lui avaient réservé un bien doux sort en comparaison de ce qu’ils avaient infligé aux autres padawans. Pourquoi, exactement, l’impératrice Sith l’avait-elle ainsi protégé ? A moins qu’elle n’ait ordonné aucune torture, mais que Shaar-là avait pris certaines libertés… Et n’avait osé s’en prendre qu’à des padawans. C’était fort plausible.

Le nom de Nosfera, lui aussi, lui rappelait bien des choses. Ce n’était pas la première fois qu’il l’entendait, mais il découvrait aujourd’hui son affiliation, ou au moins son association avec l’Empire Sith de Darth Ynnitach. Or, elle sévissait dans les mondes du Noyau… Un territoire qui ne leur appartenait pas le moins du monde. S’il parvenait à la coincer, et s’en servait pour montrer que l’Empire Sith ne respectait pas la trêve déclarée entre les deux gouvernements…

- Joclad, aurais-tu l’amabilité de me transmettre tout ce qui te revient en mémoire concernant cette Nosfera par voie électronique, ces jours-ci ? Il se trouve que c’est une personne fort recherchée par la République…

Mais elle n’était pas le principal sujet de conversation. Le padawan Draayi aurait le temps de donner des détails plus tard à ce sujet, tout comme Maître Don avait besoin de les étudier avec minutie.

Joclad termina ses explications avec une réflexion sage, à laquelle les Maîtres acquiescèrent sans commentaire. C’était qu’ils étaient intéressés par la version qu’allait donner Léonard, désormais. Egal à lui-même, ce dernier énonça « les faits », avec pourtant quelques aveux sincères qui rachetèrent un peu de l’estime que les Maîtres souhaitaient lui porter. Même sans lien d’élève à professeur, Léonard avait visiblement été un tant soit peu affecté par la difficulté qu’il avait eu à remettre la main sur Joclad. Si les émotions n’étaient pas les bienvenues chez un Jedi, il fallait aussi savoir ne pas les ignorer ; leurs fonctions initiales restaient d’alerter sur l’état dans lequel on se trouvait et sur la manière d’y remédier. Mais parler d’une absence de lien était visiblement légèrement trompeur, car la Force leur avait tout de même permis de se réunir à nouveau. Sur Ruusan…

Plusieurs Maîtres hochèrent la tête en signe d’assentiment, visiblement peu affectés par le fait que Léonard avait trouvé un prétexte pour une expédition sur cette planète lointaine. L’on ne pouvait pas toujours expliquer les messages de la Force, mais un bon Jedi savait faire en sorte de les écouter sans entraver les siens. A cet exercice, le Chevalier semblait rompu. Toutefois, il flottait sur les lèvres de Maître Don un sourire énigmatique : dans toute cette histoire, finalement, Léonard avait beaucoup parlé de Joclad, mais n’avait rien révélé de lui-même. Cela en disait long sur le soin que le Chevalier portait au choix des mots et des points de vue. Il aurait fait – ferait peut-être – un excellent politicien. L’âge lui apporterait certainement un tempérament plus habile pour que ses provocations soient mieux placées…

Les Maîtres Jedi se consultèrent longuement du regard, comme s’ils délibéraient par la pensée. Ce n’était pas le cas, en réalité, car ils n’en avaient guère besoin : dans la Force, ils se sentaient en accord. Et si plus personne ne soulevait d’objection, cela signifiait…

Maître Blankuna se leva de nouveau, puis contempla longuement le maître et l’élève.

- Je vous remercie pour vos réponses. Votre courage et votre sincérité sont honorables, messieurs, et le Conseil vous sait gré de respecter les valeurs auxquelles il tient temps. Maître Don, si vous voulez bien…

Le vieil homme prit appui sur les accoudoirs de son fauteuil pour s’aider à se lever. Ses articulations étaient encore douloureuses du voyage qu’il avait fait loin de la Force, mais il ne montra rien qui pût trahir la faiblesse de son corps. Il appuya sur un petit bouton bleu aux côtés de son siège, qui activa l’enregistrement holo, avant de reprendre la position droite de Maître du Conseil.

- Padawan Draayi,
énonça le vieillard solennellement, en plongeant ses yeux bleus électriques dans le regard du jeune homme. Si vous souhaitez devenir un Chevalier Jedi et prêter serment pour servir notre Ordre, pourriez-vous s’il vous plaît nous rappeler votre nom, celui de vos parents, votre planète d’origine et le nom de votre Maître.

Il laissa le padawan prendre sa décision, même si extrêmement rares étaient les cas où les jeunes gens refusaient leur adoubement. Ce devait néanmoins être un choix librement consenti. On ne prêtait pas un tel serment à la légère.

- Voulez-vous bien tenir votre sabre laser et poser un genou à terre, pour répéter après moi le serment du Chevalier Jedi ?

Encore une fois, le vieil homme laissa quelques secondes s’écouler. Les autres Maîtres avaient l’air de penser à autre chose – combien de cérémonies d’adoubement avaient-ils déjà vu ? Celle qui suivrait, néanmoins, donnait tout à fait matière à réflexion…

- En accord avec la Force vivante… je fais la promesse solennelle de prêter allégeance… de donner ma vie… et d’accomplir les vœux de la Force universelle. Pour toujours… je déclare être une source de lumière à ceux qui le demanderont… je préserverai la lumière de toutes mes forces. A cette noble tâche, je dédie ma vie, mon corps et mon âme pour l’éternité. … Par mes mains, par mon cœur, par mon esprit… je servirai, protégerai et défendrai les voies de la paix… de la prospérité et de l’harmonie tout autour de moi. Par mon vœu solennel, je me place dans la voie des désirs de la Force… qu’elle me donne le pouvoir de le faire et que jamais, je ne faillisse à cette noble tâche… Que la Force soit avec moi.

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- Merci, Maitre. Je n’en doute pas une seconde…

J’inclinais légèrement la tête, avant de porter de nouveau mon regard sur le vieux Maitre qu’était Saï Don. J’avais remarqué la réaction des autres membres du Conseil lorsque j’avais parlé de son Padawan, Luke, et j’étais moi-même surpris de leur réaction à cet instant. N’avaient-ils donc pas reçu le rapport que je leur avais fait parvenir après ma sortie du centre médical ? Peut-être que Maitre Don avait préféré taire la partie concernant Luke. Mais ça semblait bien peu probable puisqu’il fut lui-même quelque peu surpris lorsque j’avais parlé de cet évènement de l’Atramentar. En réalité, j’avais l’impression d’avoir offert au Conseil deux lourds problèmes à étudier et à résoudre.

Celui concernant Kayan, mais aussi à propos de cette Sith qui se faisait appeler Nosfera. J’avais bien saisit le fait qu’il s’agissait là d’un pseudonyme. Elle devait très certainement avoir un autre patronyme du genre « Darth BiduleTruc » vu la puissance qu’elle avait dégagée de par sa simple présence. Au final, je ne savais pas grand-chose à son sujet. Si ce n’est son pseudonyme, sa vision de la Force et une description physique plutôt sommaire. Je pourrais sans doute avec le temps proposer quelques éléments de psychologie que j’aurai spu discerner. Mais je n’étais pas un fin analyste et je fus dans un état si déplorable que j’aurais bien du mal à fournir une description digne d’intérêt.

- Je ne suis pas certain de pouvoir fournir un rapport très détaillé Maitre. Cependant, je ferais de mon mieux pour vous faire parvenir ce dont je sais sur cette personne.

Mais ça n’était pas la raison de notre présence car Léonard n’avait pas besoin d’être présent pour parler de cela. D’ailleurs, son explication me semblait sincère. Et de ce dont j’étais au courant, c’était également la pure vérité. Peut-être avait-il senti ma présence à travers la Force, mais moi je n’avais nullement douté du fait qu’il viendrait. Le fait que ce soit lui et non un autre ne fut bien évidemment pas anodin et cela m’avait à l’époque conforté dans mon ressentiment à son égard. Bref, je n’avais rien à ajouter ni à redire sur le sujet.

Les Maitres non plus d’ailleurs, puisque la Mirialan –Maitre Blankuna- semblait mettre un terme à cette conversation. Et mon regard finit par se porter sur Maitre Don. Il n’avait pas encore parlé mais je savais déjà qu’il était temps. Je sentais mon ventre se nouer alors qu’il prit la parole. Mon regard se porta l’espace d’un instant sur Léonard encore près de moi. Je devais bien dire que c’était là l’une des rares fois où je ne savais pas vraiment quoi faire. Pourtant, je m’y étais préparé depuis quelques jours. Et là, sur l’instant, je me sentais comme transporté. J’avais l’impression d’être… ailleurs. Et finalement, je m’avançais d’un pas. D’un simple pas. J’avais attendu ce moment depuis bien longtemps et je ne comptais pas reculer maintenant alors que le Conseil m’offrait la possibilité d’aller plus loin encore.

Mon regard finit par se porter derrière Maitre Don, sans pour autant le fixer.

- Je le souhaite, Maitres. Je me nomme Joclad Draayi, natif de Corellia, fils de Jon et Neria Draayi. Mon maitre… est le Chevalier Tianesli.

Oui, c’était lui. Et dire cela à cet instant précis sonnait comme l’ultime confirmation que mon deuil d’Ilia avait bien été fait. Je ne l’avais pas oublié. Ni elle, ni ses enseignements. Mais depuis, Léonard était mon mentor et faire sa connaissance, l’accompagner avait été très bénéfique. J’avais appris de lui, et certains relèveraient que parfois je me comporte comme lui. Peut-être ont-ils raison, peut-être pas. Mais moi, j’avais une conviction.
Aussi, je me saisissais de mon sabre laser, le prenant à deux mains, l’observant un instant avant de mettre délicatement un genou à terre. Je n’avais pas pu répéter cette cérémonie puisque rien n’en ressortait. Personne n’en parlait, personne ne disait comment ça c’était déroulé pour lui. J’improvisais tout en suivant les directives du vénérable Saï Don. Je portais mon arme éteint, à l’horizontale devant moi.

Prêter serment. Cela semblait si simple. Pourtant, tout cela semblait bien plus compliqué. Je ne fixais plus le Maitre du Conseil. Je regardais simplement devant moi. Je me sentais rattraper par mes années de Padawan et d’Initié. Par les épreuves que j’avais dû franchir pendant tout ce temps.

- …En accord avec la Force vivante… je fais la promesse solennelle de prêter allégeance… de donner ma vie… et d’accomplir les vœux de la Force universelle.

Je me revoyais enfant. Le Joclad impulsif et sur les nerfs de cette époque n’étais désormais plus. Oh, il restait encore des fragments mais je disposais maintenant des capacités de contrôler mon esprit, de repousser les maigres vestiges de ce temps. Gruu avait échoué, et moi j’étais parvenu à devenir Padawan. Ce fus un réel tournant dans ma formation. Et là, j’étais en train d’en vivre un nouveau. Ma voix, elle, était calme mais forte, le ton tout aussi solennel.

- Pour toujours… je déclare être une source de lumière à ceux qui le demanderont… je préserverais la lumière de toutes mes forces.

J’avais également en autre surmonté les épreuves de Firrerre et de Devaron aux côté d’Ilia Herambra. C’est moi qui m’étais faufilé pour la libérer. Au final c’est du temps passé avec elle a porté assistance aux personnes dans le besoin et à accomplir les missions du Temple que je tiens la majeure partie de mon expérience. C’est avec Ilia que j’ai le plus échangé, que nous avons le plus appris l’un de l’autre. Et cela sans jamais faillir à notre devoir de Jedi, sans faillir au Temple et à l’Ordre.

- A cette noble tâche je dédie ma vie, mon corps et mon âme pour l’éternité. … Par mes mains, par mon cœur, par mon esprit… je servirai, protègerai et défendrai les voies de la paix… de la prospérité et de l’harmonie tout autour de moi.

Puis il y avait eu sa mort, le deuil et la rencontre de Léonard. J’avais immédiatement pressenti quelque chose entre lui et moi. Mais je n’en avais jamais eu la certitude jusqu’à Aldéraan. La suite, tout le monde ici la connait. La capture sur l’Atramentar, le retour depuis Ruusan. L’officialisation de notre duo. La fin de mon apprentissage et les évènements de Flydon Maxima. J’avais l’impression d’avoir autant appris de Léonard en si peu de temps qu’avec Ilia durant toutes ces années passées ensemble. C’était un sentiment assez… étrange mais également réconfortant.

- Par mon vœu solennel, je me place dans la voie des désirs de la Force… qu’elle me donne le pouvoir de le faire et que jamais, je ne faillisse à cette noble tâche.

Mon regard osait finalement se relever pour observer le visage du vieux Maitre qui se tenait en face. Ainsi, j’allais y parvenir, moi, celui que l’on a pendant un moment pensé incapable de devenir Padawan. Et ça, c’était certes grâce à moi, mais aussi à l’aide de certaines personnes qui n’ont jamais cessées de croire en moi. Aujourd’hui…

- Que la Force soit avec moi.


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J’assistais à la cérémonie d'un air... Oui, en fait j'avais l'air aussi impassible que d'habitude. Mais disons que très intérieurement, j'étais.. Détaché.
Détaché car mon adoubement avait été tout sauf protocolaire, et que cette cérémonie me laissait particulièrement de marbre. Le seul intérêt, réel, de ce moment, c'était l'occasion pour le padawan de mettre un terme à sa formation et à sa carrière de Jedi. Bref, l'option du choix. Le reste, ce n'était que du decorum superflu.. Un esprit pratique comme le mien irait même jusqu'à considérer cela comme... Une perte de temps.
Mais il fallait sacrifier ces précises secondes à la tradition, car nous nous battions pour protéger notre mode de vie, et donc des moments comme celui-là.. Youpi, bon sang, ça motive..

Pour le reste.. Ben le discours et le serment étaient assez classique. Rien de bien surprenant. La... « Quintessence » de la voie du Jedi, du moins de la voie « classique » « orthodoxe » et « épurée » de notre Ordre.. Disons que c'était suffisamment vague et attaché à des principes suffisaient grands pour que j'ai rien à redire. Bref, « faire le bien, c'est bien ».


Je regardais donc Joclad qui répétait le serment, sabre allumé. Malgré tout, un sourire déforma mon visage barbu.. C'était, avec des formes inutiles, la reconnaissance du talent de ce petit bonhomme qui avait fait bien du chemin, et j'étais content ainsi que fier de lui, tout comme je l'étais de moi d'avoir réussi à l'aider à en être là ou il en était. Ce n'était pas parfait, mais c'était à présent un bonhomme avec de l'expérience, et un esprit affûté. Pour ce qui était Force et sabre, j'avais eu quelque maintenant à faire pour parfaire son niveau déjà bien tassé.. Mais si je devais résumer mon œuvre.. C'était plutôt de l'avoir aidé à penser et à trouver des raisonnement l'aidant à s'affranchir de quelques préjugés et prisons mentales.. Allant jusqu'à le faire se relever de son séjour sur l'Atramentar... En partie, en tout cas.

M'enfin bon, il fallait faire bonne figure, et si Joclad avait eu l'idée de jeter un œil vers moi, pour les derniers instants ou je serai son maître, il m'aurait vu hocher la tête, non pas pour lui dire « Oui, c'est bien », mais « Oui, continue », car je voulais le pousser vers l'avant, et non choisir vers quel avant il devait aller.


D'ailleurs, je me demandais bien à quoi il pensait... Bien sur, il semblait motivé à être Jedi, et à porter ce fardeau.. Mais mon œil fixé sur lui, je cherchais à savoir s'il répétait mécaniquement le serment, ou s'il pensait à autre chose.. S'il envisageait ce qu'il faisait..
Moi même en le regardant, je me demandait s'il était prêts..

Est-on prêts à prendre de nouvelles responsabilité, à vouer sa vie à l'autre, à renoncer à tant de choses.. L'est-il ? Le serai-je ?
Pour toute réponse, j'allais me placer dans le dos de mon padawan, histoire.. Oui, ça pouvait être idiot, sans le moindre sens.. Mais juste histoire.. D'être là.

La cérémonie continuerait... Soupçonnais-je que j'allais peut-être être le prochain ? Sincèrement ? Je crois que je m'en foutais. J'avais réussi à m'attacher à cet adoubement, pas à prévoir la suite..

[HRP : navré d'avoir mis autant de temps.. Mais en fait, je voyais pas quoi écrire, puisque je suis pas dans le geste d'adoubement de Joclad >.< 20 lignes de figuration, ça a été chaud à faire.. Vraiment désolé. :/ HRP]
Saï Don
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Joclad Draayi était resté calme, impassible. Il prêtait serment avec la voix déterminée de celui qui a su surmonter les épreuves, de celui qui sait, peut-être non pas où il va si catégoriquement, mais parfaitement d’où il vient. Le regard fixe, mais voguant au-delà des Maîtres, il semblait symboliquement tourné vers un avenir. Il prenait son serment avec solennité. Lorsque le vœu prit fin, il croisa enfin le regard du vieux Jedi, comme si Joclad revenait enfin parmi eux, parmi les siens. Et qu’il en était conscient.

Il allait sans dire que le Conseil nourrissait beaucoup d’espoir pour un jeune homme aussi prometteur que celui-ci. Si certains avaient craint une influence négative de la part de son Maître, il fallait reconnaître que Joclad avait su conserver sa personnalité, ses objectifs… Et qu’il se présentait non pas en pâle imitation de son Maître, mais en nouveau Jedi unique, avec son caractère et sa détermination qui lui était propre. Chaque Maître lui souhaita d’être accompagné par la Force jusqu’à ce qu’il y retournât un jour, en paix. Certains à voix haute, d’autres par un simple chuchotement. Saï Don resta silencieux quelques secondes pour qu’ils s’exprimassent tous, avant de lui souhaiter bonne chance à son tour.

- Vous pouvez vous relever, Chevalier Draayi,
lui intima-t-il posément. Le Conseil vous remercie pour votre engagement sérieux, et vous souhaite d'emprunter des chemins lumineux et guidés par la sagesse.

C’était ici que se terminait un adoubement. Généralement, les Maîtres se levaient, ou donnaient leur congé aux invités pour qu’ils puissent entamer l’audience suivante. Et dehors attendaient souvent les amis du nouveau Chevalier, pour le féliciter et l’emmener porter un toast en son honneur avant de reprendre, chacun, leur vie tumultueuse.

Cette fois, pourtant, cela attendrait. Les Maîtres restèrent en place, immobile. Le vieillard resta dans la position debout, dans l’attente. Cela méritait bien sûr quelques explications.

- Notre audience ne s’achève pas tout de suite, néanmoins,
déclara-t-il simplement, pour ne pas que les deux visiteurs ne tournassent les talons.

Le reste du Conseil ne paraissait nullement surpris. Il se contentait d’observer toujours patiemment le duo devant eux. Quant à Maître Don, son regard s’était posé dans les yeux de Léonard Tianesli. Ce dernier avait certainement compris qu’ils allaient un peu plus discuter de lui, maintenant. Mais à moins qu’il ne refusât la proposition, il y aurait peu à discuter.

Car si Joclad avait su se bâtir en tant que Chevalier Jedi en conservant son identité, c’était aussi certainement que le Chevalier Tianesli avait su justement doser influence et liberté envers son élève : il l’avait encadré mais tout en lui permettant de faire ses propres choix, avec les conséquences qu’elles avaient eu, mais qu’ils avaient tous deux pleinement assumé. Or, c’était le seul critère qui importait, au fond, dans la formation d’un padawan. Et maintenant que Joclad avait été adoubé, le Chevalier Tianesli avait atteint un nouveau stade : il n’était plus le même qu’avant Joclad, lui non plus. Il n’était plus un simple chevalier exécutant, il s’était mué en un instructeur avisé, un guide dont les actes rattrapaient bien des erreurs passées.

- Chevalier Tianesli,
reprit le vieil homme, vous avez mené à bien la mission qui vous a été confiée, de manière parfois inattendue, mais les résultats sont là.

Joclad, qu’ils avaient voulu présent pour qu’il soit témoin de l’évènement du jour, faisait bien sûr parti de ces « résultats ». Mais les mots de Maître Don sonnaient un peu comme si c’était la fin d’une ère.

- Cette mission, désormais, est terminée. Et nous ne souhaitons pas que vous repreniez votre place telle quelle au sein de notre Ordre.

C’était cruel d’amener les choses ainsi ? Peut-être. Mais Saï savait que le flegme de Léonard l’empêcherait probablement de jouer les scandalisés. Il se contenterait de paraître surpris, quel que soit le verdict. Néanmoins, le vieil homme espérait sincèrement qu’il ne prendrait pas la nouvelle avec trop de légèreté, ni avec trop d’ironie. S’il n’avait pas toujours été apprécié au sein du Temple, il s’agissait malgré tout son foyer depuis bien des années, et Saï espérait qu’il avait du respect pour cela. Bien sûr, il n’espérait pas non plus de la gratitude –il ne pensait pas que Léonard pût verser dans ce genre de sentiments trop éloigné de sa dignité intouchable – mais il espérait néanmoins que le Chevalier ne montrerait pas trop d’ironie, que certains Maîtres pourraient vivre comme une insulte.

Mais eux reconnaissaient tout à fait ses talents de Jedi, et là était l’important. Il réagirait comme bon lui semblerait, et le Conseil le prendrait de même.

- Chevalier Tianesli, nous vous proposons d’accéder au rang de Maître. Vous en avez les compétences, la sérénité, et vous avez toujours semblé aspirer à plus d’autonomie. Voilà ce que nous pouvons faire pour que votre évolution soit bénéfique à tous. Du reste, vous êtes déjà un professeur éprouvé, et ceci est d’ores et déjà reconnu par tous.

Les Maîtres, silencieux, étaient tous attentifs à sa réaction, mais aussi à celle du jeune Chevalier. Cela leur ferait beaucoup de nouvelles d’un coup ! Mais voilà longtemps que le Conseil n’avait guère de minutes à dépenser à lambiner. Très sérieusement, le vieux Jedi fixa de nouveau Léonard de ses yeux azur.

- Acceptez-vous, Chevalier Tianesli ?




Spoiler:
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Lorsque l'oeil de Saï Don vint se poser sur moi, je fit un pas de coté et un en avant, passant devant Joclad, sans l'occulter pour autant. Le doutes ne savait être, on allait parler de moi.
Droit et stoïque, j'avais laissé parlé Maître Don, hochant simplement la tête pour le remercier des louages singulières qu'il avait attaché à ma « mission », quant de ce moyen pour ne pas me perdre en mots creux ni ne l'interrompre.

Du reste, on sourcil droit fit une petite embardée lorsqu'il fut question de ne pas reprendre ma place au Temple telle qu'elle était avant. Curieuse formule. Exception faite d'un signe de perplexitude avancée, je restais parfaitement immobile et imperturbable. En fait, c'était logique... Si mon avancement était à l'ordre du jour, on allait non pas me l'imposer, mais me le proposer. Donc la formulation au final n'était pas incorrect.
En revanche, ce que je trouvais limite, c'était qu'il était parfaitement inutile, pour ne pas dire déplacé, d'avoir en conscience tourné les choses ainsi. Effectivement, quiconque me connaissait savait que ce n'étaient qu'une question de forme dont je n'avais, au fond, pas grand chose à faire. Mais le fait qu'on en profite pour glisser ce genre de formulation... On avait demandé à Joclad de se mettre en place s'il voulait son adoubement, moi, j'écope de cette.. Réflexion.
M'enfin, au final, je m'en foutais un peu.

Pas de mon avancement hein ! Seulement des formules saugrenues qu'on y attachait.

En fait, ma seule réaction fut de m'incliner, me pliant en deux au niveau du buste, dans un geste raide et parfait en signe de soumission. Après tout, c'était eu qui géraient l'Ordre.


Bon, au final, la surprise ne fut pas au rendez-vous (tant mieux, dirais-je) et l'alternative me fut soumise. Devenir maitre ou... Ou quoi, tien ? On pouvait vraiment décider de rester chevalier ? Ou bien c'était la marque d'une renoncement plus.. Global ?
Je me grattais pensivement la barbe tandis que le silence faisait suite à la question des maîtres.. Ah, non.. Je ne pensais pas quitter l'Ordre. Mais ma formation curieuse et scientifique me poussait à vouloir demander « Et si je dis non, il se passe quoi ? ». Mais depuis quelques années, j'avais finit par me faire incorporer à grand coup de bûche un certain sens des convenances. Disons que j'avais finis par établir une table des situations ou « être curieux » pouvait être analogue à « Jouer au con », et si j'avais souvent eu du mal à comprendre l'irritation des gens que j'avais agacé, je n'avais jamais pour autant voulu la provoquer.
Bref, Léonard, Ta gueule.

-Si le Conseil m'estime apte à servir les principes de l'Ordre d'une façon plus grande encore, il va de soit que je ne peux que choisir d'accepter. Un tel avancement ne représente qu'une manière supplémentaire et plus complète de remplir les devoirs auxquels j'ai choisis de me lier.

Ma voix était tombée toujours aussi froide et dénuée d'émotion. Cette acceptation était en tout point logique, et mon raisonnement aussi bien que mes dehors ne trahissaient que cela : un raisonnement logique dépourvu de toute émotions parasite.
Content d'être maître ? Donnée existante mais non pertinente et donc négligeable.

-J'accepte.

Tiens... Puisqu'ils avaient déjà adapté la formule.. Est-ce qu'ils allaient aussi adapter la partie « serment-sermon » à répéter.. ?

Saï Don
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Qu’il en fut ainsi. Léonard avait accepté, avec simplicité, avec élégance même. Il n’avait pas usé de son ironie habituelle, ce dont le vieil homme lui savait gré. Ce dernier parcourut d’un regard entendu le reste de l’assemblée et, sans surprise, il n’y eut aucune objection. Mais les Maîtres se levèrent alors, un à un, ce ne fut que lorsque tous furent debout que s’éleva la voix fluette de Maître Blankuna.

- Nous ne sommes qu’une voix, qu’un Ordre, liés tous ensemble par la Force,
énonça-t-elle en faisant un pas en avant.

Son voile blanc s’agita brièvement lorsqu’un, d’un mouvement lent, elle acquiesça comme si elle donnait officiellement son assentiment.
Maître Brock, quant à lui, n’eut pas besoin de se mettre en avant pour que tous les regards se tournent vers lui, tant sa voix grave et puissante emplissait l’air d’une détermination sans faille.

- A travers ses actes, le Chevalier Tianesli s’est révélé digne devant nous, et devant la Force elle-même.


Il était intéressant de constater que malgré ses réticences, le Nautolan avait décidé de s’engager pleinement dans la décision du Conseil en en énonçant une partie lui-même. Juste après lui, la voix du Maître Jeseladai apparut étrangement cristalline et légère.

- Léonard Tianesli, nous vous accordons le rang de Maître Jedi. Puissiez-vous protéger et guider la République, tout autant que la Force vous guide.


Cet attachement à la République figurait depuis bien des centaines d’années dans les formules d’accession au rang de Maître. Il s’agissait de l’une des rares traces du lien historique entre les Jedi et le gouvernement, aussi invisible fut-il devenu. Pourtant, la mission des Jedi s’étendait bien au-delà.

- Que le Force soit avec vous, Maître Tianesli,
conclut le vieillard.

Les douze paires d’yeux scrutèrent les deux nouvelles promus quelques brefs instants. Puis, le silence ayant repris ses droits, ils retournèrent s’asseoir, un à un.

- La séance est terminée,
annonça avec un sourire bienveillant Maître Don aux deux Jedi au centre de la pièce. Vous pouvez disposer maintenant, si vous le désirez. N’hésitez pas, tous deux, à venir trouver le Conseil en cas de difficultés. Nous vous assisterons dans vos missions aussi bien que nous le pourrons.

Il eut pour eux un sourire bienveillant avant, à son tour d’aller reprendre sa place.

Quelques minutes de méditation ne lui ferait certainement pas de mal avant de rejoindre les salles d’entraînement, où un groupe de jeunes padawans l’attendraient dans une joyeuse cohue. Autant profiter des derniers instants de calme pour se reposer et réfléchir quelques instants.

Ainsi donc, un padawan était devenu Chevalier, et un Chevalier devenu Maître. Le temps s’égrenait et avec lui, l’Ordre Jedi gardait appliquait toujours ses cycles immuables. Autant d’étapes qui lui rappelaient que, très sûrement, il allait rejoindre la Force dans peu de temps. Il avait depuis quelques temps ce besoin de mettre de l’ordre dans ses affaires et dans celles du Temple, pour lui apporter quelque sérénité. Sérénité toute relative lorsque l’on constatait l’état de la galaxie, mais ce n’était pas à lui de décider ce qu’il devait en advenir. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était continuer à prendre les décisions qui lui semblaient les plus sages, jusqu’à ce que même son esprit commençât à lui faire défaut.

Soigneusement, le vieillard classa mentalement ces pensées vagabondes, pour se recentrer sur ses tâches du jour.

Quels qu’en fussent les évènements, la vie reprenait son cours.

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