Le Masque de la Force
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Pendragon retourne au plus vite au centre névralgique du vaisseau. Dernier Maître Jedi disponible, il est désigné implicitement comme principal décideur pour le compte des Jedi, une lourde responsabilité. Le pont de commandement est en plein effervescence et un officier lui fait signe dès qu’il arrive, pour lui informer qu’un certain Lord Janos essaie de prendre contact avec les Jedi.
Le Sénateur d’Aargau et Maître Berryl vont pouvoir se coordonner via holo et une grande décision est à prendre : le vaisseau du Chancelier est en train de faire demi-tour sur ordre du ministre Rejliidic mais le reste de la flotte doit-elle l’accompagner ? Selon Lord Janos, il y a un risque de guerre entre Empire Sith et République et d’ailleurs, il n’est pas certain que les républicains, au vu des affrontements actuels, puissent s’en sortir indemnes. Mais les ordres de Maître Berryl sont formels : il faut repousser la rencontre entre Halussius et Pendragon car la paix est toujours en vigueur malgré les évènements qui viennent de se produire. Que faut-il décider alors ?




Seuls les joueurs Pendragon Berryl & Lord Janos sont autorisées à poster dans ce sujet.
Ordre de posts : Pendragon - Janos
Votre combat est une joute verbale ! Vous devez donc utiliser la parole pour débattre autour des décisions à prendre. Vous serez jugées sur la pertinence des propos de votre personnage mais aussi sur son charisme, le réalisme de sa façon de parler avec le contexte, et la qualité générale de votre RP. Bonne chance !

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Le chaos. 

L'explosion avait laissé place au chaos le plus total.

Mais à cet instant, une fois retombées les fureurs des combats, le temps semblait s'être arrêté, s'être suspendu dans une douce éternité que plus rien ne pouvait rompre. Étrange spectacle que ce calme plat, alors que la Galaxie s'enlisait dans la guerre : des cadavres gisaient silencieusement sur le sol ; les restes de ce qui furent des hôtels et des casinos fumaient allègrement ; des vaisseaux abandonnés, en partie détruits, émettaient leurs dernières étincelles avant de rendre l'âme et de retrouver l'inertie que leur imposait leur matière. Seuls quelques débris flottaient dans la nuit étoilée que dessinait l'espace au dessus de la station, mais leur légèreté rendait leur ronde harmonieuse.

En contemplant le désastre, Lord Janos eut assez de mal à s'avouer que tout ceci ne lui inspirait ni crainte, ni désarroi. Sa conscience était en fait à l'image de ce décor surréaliste : le calme plat qui suit la tempête. C'était là un acte de lucidité pénible à assumer - mais mieux valait ne jamais se mentir à soi-même - : au fond, il n'éprouvait pour cette station morte, réduite au chaos et au néant, qu'une fascination presque maladive. Car le chaos avait été subsumé dans le silence et l'immobilité, dans le mouvement perpétuel de la perte de toute gravité, en un mot, dans l'expression harmonieuse de l'Ordre appliqué sur l'inerte.

Et cette pensée - qu'un monde harmonieux n'admet que les va-et-vient répétés d'atomes sans conscience -, cette pensée le fit frémir, oui, frémir. Mais il fallait acepter la réalité telle quelle, sans déformation, sans altération : un monde ordonné n'est rien moins qu'un monde mort. Frémir... de honte ? Ou de jubilation ?

Maître des Forges... La Dame Noire l'avait nommé Maître des Forges. Bien sûr qu'il savait en quoi consistait cette fonction : même quand il n'était qu'un padawan, il s'était interrogé sur la hiérarchie Sith, s'y était grandement intéressé, l'avait même retenue. Dans le folklore passéiste auquel s'attachaient les adeptes traditionnels du Côté Obscur, le Maître des Forges correspondait très exactement au titre moderne de Ministre de l'Industrie et de l'Économie, toute dimension démocratique retranchée. Qui l'eût cru ? Dès sa deuxième rencontre avec l'Impératrice, il se retrouvait propulsé à l'une des fonctions les importantes du régime Sith. Face à de telles prérogatives, toutes ces années passées à se battre pour devenir un sénateur marginal et décrié paraissaient ridicules.

Mais le moment n'était pas venu de se perdre dans des élucubrations sceptiques sur la singularité de sa carrière. Il fallait tirer les conséquences de ces évènements et analyser leur ressort pour tenter de les ramener à la Raison de l'Ordre. Premièrement, cette nomination signifiait : soit que le précédent Maître des Forges venait de quitter son poste, soit que l'Empire Sith n'avait tout simplement pas de gouvernement bel et bien formé. Si cette seconde hypothèse était valide, alors (1) le système tout entier subissait une terrible lacune ; (2) l'imminence de la guerre précipitait l'Impératrice à nommer des personnalités à de telles fonctions, quitte à se montrer hâtive ; (3) Janos devait tirer tous les avantages nécessaires de ce nouveau titre et de cette vacance du pouvoir. Un instant, un court instant, l'idée de mettre de l'Ordre dans le chaos de l'Empire Sith lui arracha un léger sourire, mais...


«Sénateur ! Qu'est-ce que vous faites à rester planter là ?!»

Le pilote de la navette personnelle du sénateur. Un homme auquel Janos ne prêtait que peu d'attention : cet employé faisait bien son travail, il n'y avait rien à rajouter.

«J'estimais l'ampleur des dégâts et prenais quelques captures d'écran avec mon œil artificiel.», répondit nonchalamment le Lord. «Voilà qui pourrait me servir...»

«Montez, bon sang ! Z'allez vous faire tuer !»

Comme si la situation le laissait de marbre, Janos acquiesça silencieusement et suivit le pilote à bord. Dans le vaisseau, l'agitation était totale. 
Des membres de la commission sénatoriale d'Aargau couraient en tout sens, à hurler, à gesticuler, à se lamenter sur leur misérable sort. Oui... Un monde parfaitement ordonné n'était autre qu'un monde sans êtres vivants.

Dicto Audiens, de son titre officiel le secrétaire général du parti, de sa fonction réelle le pantin du Lord, était occupé à éponger son gros front d'obèse atteint de calvitie, quand il vit arriver son supérieur d'un pas de général en chef.


«Ah... Vous êtes là ! Enfin !», s'exclama-t-il, haletant de panique. «Je me suis fait un sang d'encre...»

Prenant place sur une banquette, Janos accueillit la remarque d'un haussement de sourcil flatté. Il croisa les jambes et alluma l'holo-vision pour consulter "Galactic Holonews".

«Des nouvelles de l'extérieur ?», s'enquit-il, imperturbable.

«On n'a pas pris le temps de nous renseigner... Malek Dejar et Salym Lathano sont... décédés, sénateur... Ils... Quand il y a eu l'explosion, ils étaient dans un casino, et...»

Janos fronça les sourcils sans quitter l'holo-écran du regard.

«Je vous avais pourtant formellement interdit de fréquenter les casinos de la station.», répondit-il, sans prendre le soin de camoufler son agacement.

«Je... Je leur avais dit qu'il ne fallait pas... Mais...»

Janos leva la main pour mettre fin à cette conversation.

«Inutile de m'en dire plus. Leurs veuves toucheront une pension substantielle et leurs orphelins seront pris en charge par l'État jusqu'à la fin de leurs études. Nous érigerons une plaque commémorative à leur nom dans le hall du parti... Non, à l'extérieur du bâtiment : que nos concitoyens aient sous les yeux les premières victimes de cette guerre galactique.»

Le sénateur prit en note cette dernière remarque sur l'écran intégré à son poignet artificiel. Aussitôt, l'information fut transférée sur le canal qu'il partageait avec sa secrétaire. Justice serait ainsi rendue.

Soudain, le regard du sénateur fut attirée par l'holo-vision.


«...Il semblerait par ailleurs que cet attentat ait été perpétré par des rebelles sith. Nos sources sont encore à confirmer, mais...»

«Des rebelles sith ? Tss-tss. C'est trop gros, bien trop gros. Personne n'y croira. La Dame Noire aurait lancé à la République un ultimatum que la pilule aurait été avalée plus aisément. Je ne comprends vraiment pas l'intérêt de ces petites mises en scène. On se croirait d'un holo-film d'action.»

Janos était si concentré qu'il ne s'aperçut même pas qu'il avait pensé à haute voix. Mais il ne faisait pas partie des ambitions de Dicto Audiens que de jouer la carte de la témérité. Aussi ce dernier se contenta-t-il de demander d'une voix fébrile :

«Et... vous l'avez rencontrée ?»

Ses accents d'enfant peureux exaspéraient le Lord, qui essayait d'écouter les informations tant bien que mal malgré l'agitation ambiante de sa délégation.

«Qui ?»

«La Dame Noire... Vous l'avez vue ? En vrai ?»

Janos esquissa un léger sourire ironique. Voilà une parfaite preuve que l'Impératrice inspirait aux faibles d'esprit une peur panique. Comment aurait réagi cce bouffon stupide si son supérieur lui avait révélé toute la vérité ? Cette pensée vagabonde amusa le Lord un instant. Mais l'heure n'était pas à l'amusement.

«Oui. Elle était à mes côtés. Ceci dit, je suis sûr que sa présence était calculée, Audiens. Parfaitement calculée. En exhibant officiellement sa venue, la Dame Noire présente aux yeux de tous un alibi capable de la déculpabiliser. Croyez-moi : quand l'heure sera au bilan, elle nous affirmera n'avoir aucune responsabilité dans cette affaire. Ce sont des rebelles qui ont réalisé l'attentat, et elle aurait pu constituer une victime au même titre que n'importe quel Républicain. Je dirais : bien joué, mais personne ne sera dupe.»

Manifestement, le secrétaire général du parti n'avait pas l'esprit à émettre des diagnostics politiques. Aussi se contenta-t-il d'une réponse des plus vagues :

«Oui... Vous devez probablement avoir raison...»

Le présentateur de "Galactic Holonews" abordait l'attaque des croiseurs républicains, quand le pilote se précipita à toute allure dans la pièce principale du vaisseau.

«Sénateur, sénateur ! Pas moyen d'avoir l'autorisation de sortir de cette foutue station ! On est coincé ici !»

Cette annonce plongea tous les membres de la délégation dans une stupeur ridiculement puérile. En voyant ses fonctionnaires s'agiter de la sorte, Janos songea un instant à un poulailler dans lequel se serait introduit un vilain renard. Il en vint même à regretter de ne pas avoir emmené son suppléant avec lui : Shadley aurait gardé son sang froid, lui. Quant à Mademoiselle Evans, elle aurait su conserver la dignité exigée par sa fonction. Mais à la demande des services de sécurité, celle-ci n'avait été autorisée à l'accompagner - ces mêmes services que Darth Sicaë et lui-même avaient su si souvent pirater, d'ailleurs ; ironie de cette prétendue supériorité dont aimait se targuer la bureaucratie républicaine, et qui ne laissait pas d'exaspérer le Lord au plus haut point.

Dans l'agitation générale, ce dernier se contenta de se lever calmement pour se diriger vers la cabine de pilotage, suivi d'Audiens et du pilote. Espace vital obligeait.


«Restons calmes.», dit-il fermement. «Vous ne captez aucun signal radio ?»

«Si, mais pas celui de la station, sénateur. Je ne comprends pas pourquoi...»

«Et que captez-vous ?»

«Des croiseurs républicains, sénateur. Ils s'approchent de notre situation, je crois...»

Janos tourna brusquement la tête.

«Des croiseurs républicains ? Mais... Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit plus tôt ?»

Sans attendre de réponse, le Lord s'assit brusquement dans le siège de pilotage et établit aussitôt la liaison avec l'origine de ce signal sonore.

«Qu'on me laisse seul.», ordonna-t-il. «Je ne veux être perturbé sous aucun prétexte.»

«Mais...»

«Nous risquons de nous faire tuer, si...»

«Vous ne comprenez pas que nous tenons le sort de la galaxie en mains ? Je suis le seul sénateur resté sur place ! Le seul Républicain de renom, peut-être. J'ai dit : laissez-moi seul.»

Les deux hommes ne bronchèrent pas. Ils s'éclipsèrent respectueusement.

De lassitude, le Lord s'affaissa sur son siège. Les incapables ! Les lâches ! Ils ne songeaient qu'à sauver leur misérable vie, alors que le destin de toute la Galaxie pouvait dépendre de cet instant fatidique. Dès qu'il vit que la connexion fut établie, sans perdre une seule seconde, Janos se présenta sans respecter la procédure officielle :


«Ici Lord Côme Janos, le sénateur d'Aargau. Je vous parle depuis la station spatiale Flydon Maxima. Je devais assister aux négociations, car ma planète d'accueil est le monde-hôte du peuple artorien, mais les pourparlers n'ont pu avoir lieu. En revanche, j'ai rencontré la Dame Noire et je détiens des informations capitales que vous devez à tout prix connaître. Si vous recevez ce message, répondez-moi au plus vite. Le sort de la Galaxie est en jeu.»
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Une secousse parcouru le vaisseau tandis que le maître Jedi marchait vers le pont. Les Sith et Jedi gris jetés littéralement à la poubelle, les négociations annulées, et la guerre pointant le bout de ses crocs plus vite qu'un rancor sentant une bête blessée à l'entrée de sa tanière... la situation pouvait difficilement être qualifiée de rassurante. Pour autant, courir ne ferait que transmettre l'idée que même les Jedis paniquaient. Et si eux paniquaient, que devait faire le reste de la population ?

Au creux de sa main était le masque qu'il venait d'arracher à la Grise. Un trophée ? Un souvenir ? Berryl n'était de ceux qui conservent une preuve de leur victoire, d'ailleurs encore trop tôt pour être déjà déclarée. Fermant les yeux, il tâcha à nouveau de graver les traits qu'il avait pressenti à travers la Force et les ténèbres lorsque son adversaire lui avait enfin fait face à visage découvert mais toujours masquée d'une autre manière, drapée par l'obscurité.
Un souvenir, donc. Une preuve qu'il avait affronté le maître et que tous deux avaient survécu. Le Corellien espérait pouvoir le lui rendre un jour, dans des circonstances moins propices à l'échange de coups et plus à l'échange de mots. En attendant, le masque atterrit dans l'une de ses nombreuses poches intérieures. Inutile d'ébruiter tous les détails de l'affrontement.

Avec le jeune Gett assurant sa part de travail ailleurs, Berryl pouvait se concentrer sur la situation globale actuelle. Il n'était pas peu fier des prouesses de son élève, en premier lieu sa survie. Cela faisait chaud au cœur de l'humain. De manière raisonnable, bien entendu.
Berryl avait été convoqué sur la passerelle par le capitaine du vaisseau. Par son second, du moins, et en son nom. Un problème dont le Jedi devait se charger, apparemment. Le pont bourdonnait d'activité fébrile, mais toujours ordonnée. Le vaisseau n'avait pas pris autant de dégâts que craint malgré la présence des forces Siths, c'était déjà cela. Le Jedi en bleu rejoignit le coin des officiers, plus entraîné que guidé par un officier qui parlait si vite que certains mots semblaient se terminer avant de commencer.

"Reprenez-vous, officier ! Qui cherche à nous contacter, dites-vous ?
- Lord... lord Janos, monsieur ! répondit l'officier en inspirant pour se calmer un peu. Il vient de nous contacter à l'instant et insiste pour parler à un représentant de la République."

Une voix monta de la console de communication, assurée et déterminée, sans tremblement ni bégaiement malgré la situation explosive de la station. Le visage qui se forma dans l'air était coordonné à la voix, sûr et maître de lui-même.

"... nète d'accueil est le monde-hôte du peuple artorien, mais les pourparlers n'ont pu avoir lieu. En revanche, j'ai rencontré la Dame Noire et je détiens des informations capitales que vous devez à tout prix connaître. Si vous recevez ce message, répondez-moi au plus vite. Le sort de la Galaxie est en jeu."

Puis le message revint au début, tournant en boucle sur la passerelle.

"Eh bien, voilà une entrée en matière bien dramatique. Le sort de la galaxie, rien que ça ?" marmonna le Jedi en se frottant la barbe, fixant le visage bleuté et translucide.

Il fallait réfléchir vite. Côme Janos, sénateur républicain qui se frayait un chemin à travers les sphères de pouvoir de la République depuis assez peu de temps. Le diplomate ne s'était pas intéressé en profondeur au personnage - pas encore, disons - mais comme un certain nombre de politiciens il semblait être expert à se soustraire aux regards lorsqu'il ne voulait pas être vu... ni suivi. Il en était arrivé à pouvoir assister à des négociations entre le Chancellier et l'Impératrice, un exploit en soi.
Et maintenant, une soi-disant rencontre avec la Dame Noire en personne dont il désirait ardemment discuter avec la République. Non, un instant, le message ne précisait pas cela, juste qu'il avait des informations capitales à transmettre sans préciser à qui exactement... et le capitaine du vaisseau avait plus urgent à faire que jouer les émissaires politiques, ce que Berryl comprenait parfaitement. Lui-même était, après tout, là pour s'occuper précisément de ce genre de choses.

"Quels canaux sont les plus utilisés actuellement ? Les lignes impériales ?
Un sous-officier consulta son écran et secoua la tête.
"Négatif, monsieur. Seulement notre flotte."

Etrange... si encore il s'agissait de contacter quiconque avait provoqué tout ce chaos en faisant sauter la station... non, cela n'expliquerait même pas la situation. Pourtant quelque chose lui échappait, Berryl en était certain.
Il cilla des yeux sous une illumination soudaine.

"Seulement les lignes Républicaines ? Et la station ?
- Aucun signal, monsieur. Nous tentons de rétablir et assurer la liaison actuellement.
- D'où vient le problème ?
- Nous l'ignorons, mais la station semble s'isoler suite à d'importants dégâts à divers niveaux. Nous craignons un verrouillage complet de la station avec nos hommes encore à l'intérieur, monsieur, nous vérifions la situation exacte."

Il n'avait donc pas le choix. Le sénateur n'avait personne d'autre à contacter alentours avec ses moyens actuels. Soit il devait réellement transmettre ces informations au plus vite, soit il s'agissait d'une tentative désespérée pour s'en sortir. Mais... un sénateur aussi intelligent et rusé, désespéré ? Non, ce n'était pas la voix d'un homme aux abois que Berryl avait entendu, voilà qui était certain, mais celle d'un joueur avançant un pion dans le chaos du plateau avec un plan d'attaque précis en tête.
Oh, bravo. Au moins la lutte n'allait-elle pas être physique, cette fois. Mais cela faisait bien long depuis sa dernière joute avec un politicien. Le Corellien pouvait-il toujours tenir tête aux plus sournois représentants des espèces pensantes de la galaxie ?
Voyons. Bien entendu qu'il le pouvait toujours. Cela ne s'oubliait pas.

Un autre détail lui titillait toutefois le cervelet tandis qu'il s'approchait de la console de communication : le sénateur avait croisé la Dame Noire sur la station, ce qui signifiait que le Chancellier, lui, n'était pas venu à temps. Autrement dit, les Jedis et la République passaient de nouveau pour les blaireaux incapables de mener leurs plans à bien. La bataille était déjà perdue, en un sens, et le rapport selon lequel le vaisseau du Chancellier faisait demi-tour n'était pas près de démentir cela. Décidément, il fallait vraiment se réveiller et ne plus se laisser ainsi doubler ou il n'y aurait bientôt plus de République à protéger ni de Jedis pour le faire.

Faisant un signe de tête à une enseigne, le maître se plaça devant l'holoécran, les mains jointes dans les amples manches de sa bure bleue, sa capuche relevée masquant une partie de son visage - toujours un bon point à défaut d'une protection efficace contre les petits malins qui déchiffraient les expressions subtiles et cachées. Devant lui, le visage du sénateur s'afficha, cette fois non plus en enregistrement mais en direct.

"Sénateur Janos, c'est un soulagement de vous savoir sauf, fit le Corellien en s'inclinant respectueusement. Je suis maître Berryl, de l'Ordre Jedi. Pardonnez cette attente, vous savez certainement aussi bien que moi que les événements sont devenus quelques peu agités. Allons droit au but, je vous prie : quelle est la situation sur la station ? Elle semble en mauvais état et votre rencontre avec la Dame Noire indique que de grosses répercussions politiques nous attendent."

Statuer l'évidence pour simuler la faiblesse. Les répercussions auraient été énormes sur le plan politique de toutes façons, mais une rencontre avec l'Impératrice ne pouvait qu'être important. Il s'agissait à partir de maintenant d'écouter les paroles du Sénateur, mais également ses silences et ses non-dits. Les joies de la diplomatie en action, depuis une station en feu vers un vaisseau envahi... pourquoi avait-il regretté cette vie, déjà ?
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Les émetteurs continuaient de capter une fréquence, mais depuis quelques minutes, aucune réponse n'avait été transmise à partir du code source. Toujours assis dans la cabine de pilotage, Janos ordonna à son droïde-groom de le rejoindre sur le champ.

«Vous m'avez demandé, sénateur ?», s'enquit la machine en pénétrant de son pas robotique dans la petite pièce semi-circulaire.

«Un remontant. Donne-moi un remontant.», répondit le Lord sans se retourner.

«Désirez-vous un thé, comme d'habitude ? Nous avons à bord toute une gamme de...»

«Un whisky correllien.»

«Eh bien... Sans oser vouloir vous contredire, sénateur, mais les unités chirurgicales ont été formelles sur ce point : votre santé cybernétique n'admet pas que vous consommiez...»

«J'ai dit : un whisky correllien.», ordonna Janos en prenant cette fois le soin de se retourner.

«Hum... Bien, sénateur...»

Le Lord laissa échapper un long soupir. Il avait vérifié et re-vérifié la fréquence, pourtant, mais rien. Aucun signal. Que se passait-il donc, là-bas ? Étaient-ils encore attaqués ? Leurs vaisseaux n'avaient pas été détruits, en tout cas, car leurs radios continuaient d'émettre sur une large fréquence - la seule que l'on pût capter depuis Flydon Maxima.

Ce fut au moment où le droïde-groom revint dans la cabine de pilotage, un plateau en mains, que la réponse se fit enfin entendre :


«Sénateur Janos, c'est un soulagement de vous savoir sauf. Je suis maître Berryl, de l'Ordre Jedi. Pardonnez cette attente, vous savez certainement aussi bien que moi que les événements sont devenus quelques peu agités. Allons droit au but, je vous prie : quelle est la situation sur la station ? Elle semble en mauvais état et votre rencontre avec la Dame Noire indique que de grosses répercussions politiques nous attendent.»

Janos prit le verre du plateau sans accorder la moindre attention au droïde et l'encastra dans l'accoudoir prévu à cet effet.

L'homme qui venait d'apparaître sous forme de petit hologramme avait un visage froid et fermé. Le sénateur le reconnut : Maître Berryl, un diplomate de l'Ordre dont on entendait rarement parler dans la sphère politique. Ce Jedi devait être un enfant d'une dizaine d'années quand Janos avait quitté le Temple, trente ans auparavant. En toute apparence, l'ancien consulaire ne lui avait laissé aucun souvenir...


«Je suis content d'enfin rentrer en contact avec quelqu'un.», déclara le sénateur d'une voix sincèrement satisfaite. «Ici, la situation est catastrophique. Nous n'avons plus aucune nouvelle de l'extérieur, mis à part de la flotte républicaine.»

Pendant qu'il parlait, Janos appuya sur l'ongle artificiel de son index gauche. Aussitôt, à l'insu du capteur holographique, sa main mécanique se déclipsa du poignet, laissant apparaître une série de branchements qu'il connecta au port du plateau de commandes. Une fois relié à son propre vaisseau comme l'aurait fait n'importe quel droïde astro-mécanicien, il transféra dans l'ordinateur les vidéos et captures d'écran réalisées depuis le début de cette effroyable journée. De là, il lui fut facile de sélectionner les séquences qui l'intéressaient tout particulièrement...

«Je vous envoie en pièce jointe des documents holographiques. Il est de notoriété publique que je suis un cyborg, et mes programmes internes m'ont permis d'enregistrer quelques vidéos et quelques images. Tout cela est automatique, bien sûr : rassurez-vous, je n'aurais pas pensé à jouer les touristes au moment de l'explosion. Malheureusement, mes circuits ont besoin d'être reliés au canal commun pour effectuer leurs captures d'écran. Comme les ondes ont été troublées, je n'ai pas pu enregistrer tout ce qui aurait pu s'avérer utile à la République...»

C'était faux, bien entendu, mais il était hors de question que quiconque prît connaissance des propos qui s'étaient échangés en huis-clos avec la Dame Noire...

«Entre autres, ma propre voix n'a pas été enregistrée par mes capteurs. Je ne comprends pas pourquoi. Dès que je parviens à saisir le problème, je vous envoie un surcroît d'informations.»

Tout en parlant, il captura la séquence de l'explosion et l'intégra en pièce jointe. Il y ajouta les diverses photographies qu'il avait eu l'occasion de réaliser avant de monter à bord.

«Voici les images de l'attentat et de ses conséquences.», dit-il. «Ce n'est bien sûr que mon point de vue partiel, mais voilà qui vous donnera une bonne idée de notre situation ici.»

Janos comptait bien revendre aux journalistes la vidéo de l'explosion à prix d'or, moyennant un petit service de la part des présentateurs holo : dans leurs commentaires, on indiquerait que ces images avaient été prises par le pauvre sénateur d'Aargau, qui lui-même avait risqué sa vie au nom de la diplomatie ; on insisterait sur les horreurs de la guerre, et le tour serait joué. Comment emporter l'adhésion de la masse sans nuire à la liberté de presse... Pur échange de bons procédés...

Mais l'heure n'était pas à la propagande. Sans avoir à se porter sur le côté (seule la puce interne de sa pupille gauche se déporta légèrement, une excellente manière de regarder deux objets à la fois tout en évitant le ridicule d'un strabisme divergeant), l'œil artificiel de Janos s'empressa de visionner l'enregistrement qu'il avait tiré de sa conversation avec la Dame Noire. Toutes ces manipulations montraient combien le sénateur s'était adapté à sa vie cybernétique, depuis toutes ces années : à la manière de n'importe quel droïde, il était désormais capable de réaliser plusieurs actions en même temps tout en parlant, et ce, sans se troubler le moins du monde. Mais surtout, de l'autre côté de la communication, dans le croiseur républicain, Maître Berryl se trouvait bien incapable de saisir cette duplicité : rivée sur le visage de Janos, l'holo-cam ne permettait pas de voir à quoi était occupé le bas de son corps.


«À partir de là, je n'ai plus d'image. Seulement un enregistrement audio de mauvaise qualité. Mais il faut que je vous dise... Je me suis retrouvé seul avec la Dame Noire... Toute communication était coupée. Les seules données dont je dispose, ce sont ces fragments... Vous devez les écouter. Il s'y trouve des informations sur le Chancelier... et sur le Ministre du Trésor, Ragda Rejliidic... Surtout...»

Tout en parlant, il choisit les répliques de l'Impératrice qui, sorties de leur contexte, pouvaient prendre le sens que lui désirait. Bien sûr, il n'y éprouva aucun scrupule : l'Ordre, dans sa Dialectique Universelle du chaos vers l'Harmonie, exigeait que la guerre éclatât, étape négative de son propre développement vers un aboutissement suprême.

À partir de ce moment, Janos prit un ton plus hésitant, comme s'il venait de vivre un épisode dramatique - ce qui était le cas, d'ailleurs.


«D'autre part, la Dame Noire m'a menacé... personnellement. Je... je l'ai accusée d'être responsable de l'attentat. Je ne sais pas ce qui m'a pris... La peur, peut-être. La pression... Et elle m'a agressé. Elle a tenté de... de m'étouffer... avec ses pouvoirs... Probablement pour ne laisser aucun témoin... Ou par cruauté, je ne sais pas... Mais... Mes poumons artificiels m'ont sauvé la vie... Et... Elle est partie... Je me suis relevé, j'ai survécu, c'est un miracle qu'elle ne se soit pas rendu compte que mon corps peut injecter des doses d'oxygène dans mon sang sans que j'aie besoin de respirer... Mais... Elle pensait qu'elle allait me tuer, et m'a délivré des informations... Je vous envoie les fragments que j'ai réussi à enregistrer, malgré les constantes ruptures de communication. Il n'y a qu'une partie de ce qu'elle m'a dit, mais c'est déjà beaucoup... Beaucoup trop...»

Le croiseur républicain reçut une pièce jointe que certains journalistes auraient payé un prix d'or pour se la procurer. Ce n'était qu'une bande son, entrecoupée de grésillements, mais dont le contenu pouvait transformer le sort de la Galaxie.

«Je préfère savourer de la victoire et le fait d’être en vie alors que mes ennemis ont disparus ! Tous ! Les Jedi ! Parlons-en ! Depuis Artorias ils ont peur, oui, ils ont peur... La posture de paix dérange... Ces attaques sont tout aussi bien due par ceux de « votre camp », ou du notre, qui sont contre la paix ! Ceux qui préfèrent voir des planètes réduites en cendre avec des millions de morts... Si la guerre continue... il y aura bien d’autres Artorias. Cela je peux vous le garantir et avec certainement moins de survivants…»

Là, l'enregistrement s'interrompait un instant, ponctué d'une série de grésillements, pour reprendre trente-sept secondes plus tard - du moins dans le format envoyé - :

«Le Chancelier oui… Il finira par tomber…. Et là, Lord Janos vous pourrez vraiment vous demander quel genre d’être vous avez en face de vous. Il a passé du temps dans mes geôles et reçu ma visite. Qui peut savoir depuis lors ce qui lui passerait par la tête... Malgré les tests qu’il a pu faire depuis son retour, rien ne peut prédire ce qui pourrait bien lui arriver. Même si j’en entrevois déjà quelques possibilités… Sachez cependant que le Ministre Rejliidic fut d’une certaine aide pour l’Empire concernant les négociations... Et qu’il continue de l’être par bien des manières... Je suis même satisfaite de voir qu’un être tel que lui, ayant l’ambition de monter si haut dans la République peut être près à favoriser le passage des armées Sith par sa planète en vue de s’en prendre aux mondes du Noyau... C’est un plan... Oui très osé.... Permettre à l’Empire de s’en prendre aux mondes les plus précieux de la République, leurs joyaux. Oui… Il est hors de question, pour le moment, de s’en prendre à Coruscant et au Noyau. D’un point de vue stratégique, la République ralentira notre progression, pour ensuite nous épuiser sur un siège coûteux et avec le luxe de nous prendre à revers. Attaquer Coruscant et le Noyau reste une entreprise folle tant que le reste de la galaxie est dans le giron de la République. On ne gobe pas une bête en une seule fois. On la mange, une bouchée après l’autre. Artorias et les mondes de la Bordure dans un premier temps... Maintenant le choix serait d’attaquer par la Route Perlemienne. Prendre les territoires les plus importants en population et les plus riches... Anéantir la République… oui… Cela arrivera, Lord Janos.»

Le sénateur s'épongea le front pour bien montrer que les informations qu'il délivrait ne lui inspiraient que dégoût et répulsion.

Puis il fit ressortir sa main droite du champ de vision de la caméra pour que Maître Berryl n'eût plus l'occasion de voir ses mouvements, et s'efforça de supprimer toute sa mémoire interne depuis son arrivée jusqu'à son vaisseau. Il y substitua les seules données qu'il avait envoyées au croiseur. Si des ingénieurs en cybernétique se penchaient sur son ordinateur interne, ceux-ci n'auraient accès à aucun autre document. Le Lord ne manqua pas non plus d'effacer de sa mémoire la manipulation à laquelle il venait de s'adonner. Ainsi, la vraie conversation perdit la seule trace qu'elle avait jamais laissée, pour se transformer en une nouvelle version de l'histoire, la seule version que Janos comptait en donner...
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Les images d'explosions et de panique à bord de la station défilèrent sous les yeux de Berryl et des officiers de pont, le Jedi sentant sans peine l'anxiété qui grandissait en eux. Elargissant son aura de paix pour contenir l'empoisonnement émotionnel, Berryl s'efforça de trier parmi les éléments envoyés ce qui était vrai et ce qui était manipulé.
Les images en elles-mêmes semblaient véridiques, encore qu'il fut plus facile d'ajouter une ou deux séquences fabriquées de toutes pièces au milieu des rushes tirés des caméras. Certes, lesdites caméras n'étaient pas celles de la station mais celles du sénateur lui-même... d'autant plus facile à manipuler, n'est-ce pas ? Impossible cependant de débrouiller ce puzzle-là pour le moment.

"Point de vue partiel", bien entendu. Ou plutôt partial. Et comme par hasard, seule sa propre voix n'a pas été enregistrée, comme c'est commode...

Le maître saisit un datapad près de lui, hochant la tête à une personne hors du champ de l'holo-caméra. A personne, en réalité, mais ainsi donnait-il l'illusion de tout juste recevoir des nouvelles fraîches. Les premiers rapports faits en arrivant à portée de la station confirmaient les holovidéos : explosions à certains endroits-clés, hausse du niveau d'alerte de la station et verrouillage de sécurité. La vidéo était une preuve de bonne foi de la part du ministre, de toute évidence, qui ne cherchait ainsi qu'à aider la bonne République et ses vaillants Jedis.
Berryl eu, il fallait l'avouer, bien du mal à ne pas laisser paraître le ricanement moqueur qui montait en lui à cette simple idée. Enfin, autant jouer le jeu pour l'instant.

Mais Berryl cherchait quelque chose de plus précis dans les données affichées. Certaines unités - non, certains soldats - de la République en poste sur Flydon avaient pu transmettre de brefs rapports avant la fermeture des canaux, et tout indiquait un attentat Sith qui, étrangement, semblait autant cibler l'Empire que la République. Bien entendu, avoir des images de la catastrophe aidait à comprendre, mais ce n'était pas ce que le Jedi ciblait. Le "qui" et surtout le "pourquoi" l'intriguaient bien plus que le "comment".
Etait-ce un piège de l'Empire ? Une attaque de dissidents ou de réfugiés qui refusaient l'idée même de traiter avec la Dame Noire ? Un assaut des forces d'Ondéron visant à stopper ce pacte de folie qui les livrerait d'ici quelques années à la cruauté des Siths ? La reine en semblait bien capable si telle était sa volonté, tiens...

Bien entendu, les rapports reçus spécifiaient pour la plupart une réplique armée à l'agression impériale, conduisant à diverses échauffourées un peu partout sur Flydon. Pour la plupart. Les autres indiquaient une attaque préventive suite à l'explosion, qui bien évidemment ne pouvait provenir que de ces fouines sournoises de l'Empire.

Oh bon sang. Les deux camps ont attaqué l'autre en représailles de l'attentat, puis se sont retrouvés en position d'auto-défense justifiée. Et voilà la guerre déclarée...

Et maintenant, lui, Jedi venant d'affronter une Grise et une apprentie Sith que son padawan se chargeait de retrouver dans le dédale du vaisseau investit par des forces "impériales", devait traiter avec un cyborg sénateur qui avait lui-même traité avec la Dame Noire. Douce félicité de l'ordre universel et de la joie pleine et entière d'une vie sans heurt ni souci !
Il ne restait plus qu'à nager à travers ce chaos cosmique et cette existence emplie de ronces et d'ornières autant mentales que physiques, en priant la Force de ne s'en sortir qu'avec un nombre raisonnable d'écorchures, d'inflammations vénéneuses et de vêtements à recoudre.

"Une véritable tragédie, en effet, sénateur... et un miracle que vous en ayez réchappé vivant. Ecoutons donc votre enregistrement audio, ce devrait éclairer tout ce bazar."

Le manège du Jedi remerciant le vide avait toutefois attiré l’œil de l'enseigne, qui prit place à la position qu'on lui avait apprise : à portée de main du consulaire mais pas à portée de vue de l'holocam. Et plus l'enregistrement passait, plus l'inquiétude s'étalait sur le visage vert du rodien. On parlait après tout de l'impératrice Sith et de l'implication dans ses plans du ministre le plus influent du moment. Cela expliquait même son ascension à autant de responsabilités en relativement peu de temps. Et tout ça, bien évidemment, dit de la bouche même de la terrible et cruelle femme - si l'on pouvait toujours l'appeler ainsi, ce dont beaucoup semblaient douter - tel un aveu à un homme qui, elle le savait parfaitement, ne pourrait en rien lui causer le moindre mal.
Mis à part en l'enregistrant dans son corps cybernétique pour le rediffuser à qui voulait l'entendre, après l'avoir laissé pour mort sans s'en assurer. Comme c'était décidément bien commode !

"... je vois, fit le Corellien une fois la "conversation" finie. C'est assurément une accusation grave à l'encontre du ministre Rejliidic que vous proférez là. Enfin, que l'impératrice profère, pardonnez-moi. C'est un acte de bravoure que d'avoir traversé tant d'obstacles et même risqué votre vie pour nous transmettre ces informations."

Informations que le Corellien avait plutôt envie de jeter de suite à la poubelle. Mais ce n'était pas une solution. Non, il fallait d'abord les disséquer jusqu'à ce que les mensonges en disparaissent. Et s'il n'y avait aucun mensonge à dissiper, eh bien... au moins l'affaire serait-elle enfin claire.
Donc, "la Dame Noire l'avait dit". Soit. Mais à qui ? Une conversation se tient à deux, et il n'y avait qu'une seule autre personne présente à ce moment, selon Janos. Mais suite à ce bogue dans son corps, impossible de savoir quelles questions il avait posé pour obtenir de telles réponses. De nombreuses pauses en fin de phrase et cet interlude de trente-sept secondes au milieu...
Sans compter l'effet dramatique de la torture par suffocation heureusement évitée par les organes cybernétiques de Janos. Ce qui sous-entendait une incapacité de l'impératrice de s'apercevoir du côté synthétique de sa victime et du manque d'effet de ses agissements. Impensable lorsqu'on était doté de la Force, une négligence qui ne collait pas à une Sith qui avait ramené un empire des cendres à ses pieds.

Non, décidément, rien ne collait quand on y regardait de plus près.

Un cyborg partant de la station A essaie de rouler un Jedi arrivant du vaisseau B, en combien de temps les données envoyées seront-elles falsifiées ? Vous avez une heure, chers élèves...

Se fier à l'enregistrement tel quel sur simple bonne foi du sénateur était à la fois naïf, optimiste et, étant donné le contexte cosmopolitique actuel, suicidaire. Puisque l'Empire s'infiltrait partout, la confiance se révélait une denrée rare à distribuer avec parcimonie. Quel serait l'effet de cette conversation ? Impliquer le ministre Rejliidic comme pion de l'impératrice, encore une fois. Mais aussi sous-entendre sournoisement que le Chancellier n'avait plus toute sa tête à lui - un Chancellier Jedi, qui pis est. Autrement dit, perte immédiate de confiance dans les plus hautes instances dirigeantes. Ce qui laisserait le champ libre aux autres sénateurs soumis aux Siths, aux opportunistes de tous poils et...
... au vaillant sénateur qui avait héroïquement risqué sa peau de métal pour dévoiler la conspiration. Par la Force ! Ce ne pouvait tout de même pas être cela, c'était trop évident ! Non, le sénateur Janos ne prévoyait sans doute pas de devenir Chancellier à la place du Chancellier, préférant sans doute un poste moins visible d'où il pourrait agir dans l'ombre... peut-être. Ou pas.

Difficile de percer une tête de duracier avec pour seules armes mes réflexions, aussi aiguisées soient-elles.

Le Corellien tendit à l'enseigne le datapad, qu'il avait soigneusement gardé hors de vue tandis que ses amples manches masquaient les mouvements de ses bras qui pianotaient dessus. Berryl n'avait écrit que deux simples lignes qui rendirent le sourire au rodien et apaisèrent son âme : "Envoyez vidéo et son aux Renseignements pour expertise. Devons dissiper mensonges des Siths, maintenant.".

Donc, chaos au Sénat. A qui profiterait le crime ? A Janos, évidemment, ainsi qu'à l'Empire. Mais plusieurs détails titillaient les hémisphères du Jedi. Il fallait faire le vide, s'affranchir de tout doute, de tout préjugé, oublier tout ce qu'on savait. Voir les informations pour ce qu'elles étaient. Sous son crâne se répétaient en boucle les menaces d'Artorias encore plus sanglants, les révélations sur Redjiilic agent impérial vendant sa planète pour un peu de pouvoir, la chute de la République envahie en son cœur par l'Empire...

Stop. Minute papillon. Retour à la réalité, et vite.

Le Jedi se saisit du datapad qui s'éloignait, pianotant discrètement dessus tout en s'adressant l'air de rien au vaillant sénateur visiblement outré par les propos de la Dame Noire.

"Bien évidemment, nous ne pouvons nous permettre de laisser filtrer des informations aussi sensibles, sénateur, je suis certain que vous en êtes conscient. Je crains fort que vous ne soyez mis dès à présent au secret par les autorités compétentes de la République dès qu'elles seront alertées de la situation."

Un discours digne de ceux qui avaient mené l'Ordre et la République à Artorias. Garder les petits secrets pour éviter la panique, bien évidemment. Garder le contrôle sur l'affaire. Enterrer les preuves. Et se faire avoir comme des bleus dès que quelqu'un diffuserait les informations par appât du gain ou goût du chaos. En bref, de quoi gagner du temps en rassurant Janos, qu'il soit sincère ou roublard dans sa démarche actuelle.

Pendant ce temps-là, l'enseigne lui affichait les données demandées par datapad interposé là où le Jedi pouvait les consulter d'un coup d’œil sans quitter le sénateur de vue. Côme Janos, sénateur de la planète d'Aargau. A un jet de pierre galactique de Coruscant, mais trop loin de la route Perlemienne pour servir de "pont" par là. Par contre, juste à côté d'une autre route fameuse que Berryl connaissait bien : la passe Corellienne. Et Aargau faisait définitivement partie de ces mondes riches en monnaie et en population dont il était question dans les dires de l'impératrice.
De l'autre côté se trouvait Ragda Rejliidic, sénateur de Bakura. Une planète certes prospère à son niveau, mais perdue à l'opposé de la route Perlemienne, à la limite des Régions Inconnues. En quoi laisser l'Empire passer par là lui procurerait le moindre bénéfice, mis à part s'il s'agissait de le laisser explorer et se perdre dans le néant interstellaire non cartographié ? L'autre solution, en parlant de "sa" planète, aurait pu être l'une de celles de l'espace Hutt dont provenait tous les Hutts, mais l'idée de faire passer l'Empire par là était un peu trop saugrenue pour être crédible. Il fallait du moins l'espérer.

Maintenant, lequel des deux était en meilleure position de laisser passer une armée d'invasion vers Coruscant, dixit l'impératrice ? Bakura perdait tout de même du terrain sur ce plan-là...

Le problème - ou peut-être la solution - venait du flou artistique de la Dame Noire dans ses dires tels que rapportés par le sénateur Janos. Elle pouvait tout aussi bien parler de son propre plan d'invasion que discourir sur l'hypothèse la plus probable si quelqu'un se décidait à le faire avant elle. Il pouvait autant s'agir du ministre que du sénateur, ou même d'un troisième homme quelconque. Seule la mise en commun du tout donnait sens, mais était-ce celui d'origine ou bien un sens artificiel, orienté ?
Peut être. L'impératrice avait dit peut être prêt. Elle était là, l'erreur : oublier ce détail noyé dans la foule d'informations alarmantes qui l'entourait. Très, très sournois. Un coup de maître. Lorsque la crainte et le doute apparaissent, on ne voit plus que ce que l'on redoute de voir. Maintenant, il fallait un choix judicieux de mots.

"Je doute cependant, sénateur, que nous puissions nous fier à ces seules paroles, même venant de vous. Il est possible, après tout, que vous ayez mal entendu, torturé que vous étiez, ou que votre mémoire vous fasse défaut. Et les aveux de la Dame Noire sont indirects, quoique précis. Un peu comme... Le Jedi se frotta le menton, simulant de profondes réflexions internes. Comme si elle cherchait à semer le doute au sein de nos troupes. Une tactique très courante des Siths, qui a marché il y a peu, vous le savez comme moi. Il est possible qu'elle aie cherché à vous effrayer, avec un certain succès visiblement."

Il fallait sourire, aimablement. Montrer patte blanche. Ne surtout pas laisser Janos voir que c'était également de ses motivations à lui que doutait le Corellien. Le cyborg avait un objectif, comme tout bon politicien qui se respectait, et il était important de découvrir lequel.

"Pour le moment, notre priorité est d'assurer à vous ainsi qu'aux troupes républicaines un retour sain et sauf en terrain allié au plus tôt. Soyez certain, bien entendu, que vos précieuses informations seront utilisées à bon escient par l'état-major. En se préparant à un assaut ne venant pas de la route Perlemienne, si Berryl avait voix au chapitre. En premier lieu, savez-vous si l'impératrice est toujours à bord ? Etes-vous en danger qu'elle vous retrouve et vous capture, ou pire ? Les forces de la République tiennent-elles assez leur position pour vous permettre de fuir ?"

Agitant hors-champ la main, le Jedi sentit le datapad être glissé entre ses doigts et se hâta d'y taper une seule commande. Un ordre essentiel pour le plan qui se formait dans son esprit, un moyen de stopper l'avancée impériale sans perdre les vaisseaux et l'honneur qui restaient. Il allait falloir frapper vite, précisément, sans crier gare.
Oh, oui, l'Ordre n'appréciait guère la philosophie du Corellien. Mais tout comme on ne regardait jamais de trop près les méthodes des Ombres, on ne questionnait jamais trop les agissements des diplomates. Son mentor le lui avait parfaitement enseigné.
"Trouvez fréquences impériales vite"
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Avec la rigueur d'un ordinateur, l'esprit de Janos envisagea les diverses possibilités qui s'offraient à lui. Il avait conscience que, de retour sur Coruscant, une foule de problèmes s'opposerait à lui. Mais il était hors de question de rebrousser chemin, désormais. Dans la situation actuelle, le choix le plus stratégique consistait à jouer le jeu jusqu'au bout : il avait incarné une victime - le meilleur rôle dont il était capable -, autant continuer dans cette voix. Or quoi de plus tactique que de passer pour un pion quand on domine l'échiquier ?

Janos acquiesça aux propos de Maître Berryl. Comme tout Jedi digne de ce nom, ce dernier manifestait une grande maîtrise de soi. Il était dès lors impossible de déterminer dans quelle mesure il prenait ses documents au sérieux, mais en somme, voilà qui importait peu. Le tout était de jouer la carte de la crédibilité. Tout bien réfléchi, le principal atout de Janos résidait dans l'intégrité qu'on lui prêtait habituellement : contrairement à bon nombre de ses collègues, jamais il n'avait baigné dans des affaires sordides ; jamais son attitude n'avait stimulé de scandales - et le cas échéant, il avait toujours su les étouffer. En un mot, ce serait la première fois, aux yeux du grand public, que le sénateur d'Aargau se trouverait impliqué dans une histoire suspecte.


«Vous croyez réellement que la Dame Noire cherche à utiliser cet enregistrement pour diviser la République ?», demanda Janos pour bien montrer qu'il n'y avait tout simplement pas pensé et, ce faisant, pour attribuer l'idée à Maître Berryl. «C'est très probable, en effet. Mais dans ce cas...»

Il s'interrompit et ouvrit grands les yeux, jouant à l'homme à qui l'on venait de faire une révélation.

«Dans ce cas, elle m'aurait laissé en vie uniquement pour que je vous transmette ces informations...»

Jouer au pion... Oui... Excellente idée, vraiment...

«C'est très probable, en fait... Je comprends mieux pourquoi elle n'a pas senti par la Force la présence de mes poumons artificiels... En fait, elle a feint de ne pas les sentir. Tout était judicieusement calculé de sa part... Nous... Je vais paraître ridicule en vous disant cela, mais... Nous avons vraiment affaire à une manipulatrice. Oui... Je... Je regrette sincèrement de n'avoir été qu'un pion de plus entre ses mains.»

Bien sûr, le croiseur républicain devait enregistrer chacun de ses propos. Lorsqu'on ouvrirait une commission d'enquête, cette réaction serait prise en compte et plaiderait en la faveur du sénateur. De surcroît, quand bien même Rejliidic échapperait au crime de haute trahison - ce qui restait encore à confirmer -, le vent de suspicion que Janos avait déjà fait souffler sur lui prendrait l'ampleur d'un véritable cyclone, grâce à cette affaire, et - qui sait ? - peut-être le Hutt devrait-il renoncer à sa fonction de Ministre, une démission qui ne pourrait que s'avérer bénéfique à l'économie républicaine. Bref, dans tous les cas, l'Ordre ne pouvait qu'y gagner.

«Quoi qu'il en soit, je n'ai aucune idée de la situation actuelle de l'Impératrice. J'imagine qu'elle est à bord de son vaisseau et qu'elle à quitté la station, mais dans le doute, je ne préfère pas m'avancer. En tout cas, je ne reçois aucun signal radio en dehors du vôtre. Mon pilote ne parvient pas à obtenir la permission de partir d'ici.»

Janos se frotta le crâne pour mieux mettre en valeur la contrariété censée l'animer à cet instant. Mais en réalité, le seul sentiment qui le traversait réellement - un sentiment chaotique, dont il aurait dû se détacher - n'était rien moins qu'un mélange de jubilation et de supériorité : le plaisir qu'il tirait de son stratagème lui offrait un surplomb quasi-jouissif. Une attitude qu'il faudrait méditer une fois cette affaire terminée, car l'Ordre exigeait de la pensée qu'elle s'adonnât au calme plat de la maîtrise de soi.

«Mais je vous en supplie, n'attendez plus : donnez l'attaque. Si la Dame Noire désire une chose, c'est la guerre. Manipulation ou pas, mes enregistrements nous prouvent au moins que nous ne pouvons plus nous leurrer sur ses ambitions, maintenant. Je n'ai aucune prérogative en la matière, et ce n'est qu'un conseil, mais sans aucun doute, la guerre est déclarée.»
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"Dans ce cas, elle m'aurait laissé en vie uniquement pour que je vous transmette ces informations..."

Par la Sith. Le sénateur renvoyait la pique de Berryl droit à l'expéditeur avec une précision remarquable. Aucune irritation, aucun orgueil blessé qui l'aurait poussé à dire un mot de trop, à lancer une insinuation suspecte. Non, l'homme s'était en un éclair décidé pour la meilleure tactique qu'il aie pu choisir : jouer au c... pion. Pire : il donnait l'impression de n'avoir pas même songé à l'idée qu'avait énoncé le Jedi. Janos, simple politicien ? Non, il était bien trop expérimenté pour sa position de sénateur lambda - ou bien trop peu pour être arrivé si haut.
Restait la possibilité, infime mais tenace, qu'il soit sincère. Que la Dame Noire se soit jouée de lui pour instiller le doute et semer la confusion. Que les enregistrements aient eu des ratés ou se soient heurtés aux protocoles de sécurité de la station. Et qu'il n'aie à cœur que les stricts intérêts de la République, sans que ses ambitions personnelles ne nuisent à la démocratie.

Mais si l'éminent Côme Janos se trouvait être un rare parangon de la justice et de la vérité au sein de la République, comment avait-il pensé à la roublardise de se truffer lui-même d'holocams pour enregistrer les moindres détails de ses déplacements et de ses rendez-vous ? L'image qu'il se donnait - une théorie - ne cadrait pas avec la méthode qu'il employait - un fait. Sans compter sa première apparition, si calme et posée malgré la gravité de la situation et de ses "révélations"... l'attitude non d'un pion sur un plateau, mais d'un joueur guidant ses pièces.

Donc la vraie question est : quelles pièces lui appartiennent, et combien sommes-nous à jouer sur ce même plateau...

"Nous... Je vais paraître ridicule en vous disant cela, mais... Nous avons vraiment affaire à une manipulatrice", continua le sénateur, comme pour enfoncer le clou de sa naïveté dans le bois de la crédulité de Berryl.

Et elle n'est pas l'unique manipulatrice par ici, j'en mettrais ma barbe à couper.

Le vaisseau du politicien semblait cloué au hangar et dans l'impossibilité de partir. On mettait donc bien un "rideau de fer" en place pour contenir les dégâts et les fuites. Aucun signal sur les fréquences publiques, aucun signe d'armada alentour, aucune communication depuis le Flydon. La station se refermait sur elle-même comme un coquillage s'accrochant à son rocher en sentant approcher les fortes vagues d'un raz-de-marée.

Puis la phrase tonna dans les oreilles de Berryl plus sûrement que si Janos le lui avait hurlé à pleins poumons de vive voix. D'autres mots suivirent derrière, mais l'attention de Berryl s'était aussitôt focalisée sur cette phrase précise qui lui rebondissait dans le crâne.

"Mais je vous en supplie, n'attendez plus : donnez l'attaque."

Tout était révélé dans ces quelques mots. Tout.

Espèce de sale petite fouine vicieuse et roublarde, voilà donc ce que tu cherches à obtenir avec tout cette mascarade ! s'emporta mentalement le maître en bleu tandis qu'il frottait sa barbe en une simulation de réflexion grave.

Il ne s'agissait plus d'ambition personnelle, à ce niveau-là. Il n'était plus question de petits jeux d'esprits, ni même de compétence. Encore moins de vérité ou d'objectif. Soit Janos pensait réellement agir au mieux des intérêts de la République et c'était un foutu imbécile, soit il ne cherchait qu'à stopper les négociations et c'était un foutu salopard. Que le sénateur soit sincère ou le bras droit secret de l'impératrice ne changeait plus rien : un tel manque de recul géopolitique serait aussi dangereux qu'une haute trahison de ce calibre. Plus question de jouer ainsi au chat et à la souris, sans même savoir qui était la souris exactement.

Les impériaux et la Dame Noire étaient sans doute repartis depuis longtemps déjà, sans surprise. Encore une fois, les Siths filaient avec une tête d'avance, laissant les Jedis seuls et stupéfaits devant les débris de pot cassé tandis que le reste de la galaxie accourait pour prendre l'auteur de la catastrophe sur le fait. Avec pour seule excuse un pitoyable "c'est la faute aux Siths, on vous jure, ils étaient là, c'est pas nous qu'on a fait ça" qui ne tromperait même pas un enfant de dix ans, il n'était pas aisé de convaincre le public de l'innocence des Jedis.

Eh bien, pas cette fois. Ce coup-ci, les Jedis allaient prendre les devants...

"Je n'ai aucune prérogative en la matière, et ce n'est qu'un conseil, mais sans aucun doute, la guerre est déclarée."

... en commençant par toute cette histoire de preuves de trahison et d'assaut en soit-disant représailles qui mettrait plus sûrement le feu aux poudres que n'importe quel traité contesté et contestable de paix.

Berryl se redressa un peu devant l'hologramme bleuté de son interlocuteur, faisant signe en hors champs à l'enseigne de lui donner le datapad. Son sourire aimable s'étira sur ses lèvres tandis qu'il quittait sa posture d'écoute polie d'enseignant pour prendre la stature autoritaire qu'il avait réservé à ses missions d'arbitrage, il y avait de cela bien des années. En l'état, le maître Jedi Berryl était décisionnaire au nom du Chancellier et juge au nom de l'Ordre : lorsqu'il ouvrirait la bouche, ce serait toute la République qui parlerait - du moins tel devait être l'effet donné.
Un petchuk de choix de mots à faire, en bref. Bonjour la pression.

"Sénateur Janos, vos informations on été récupérées et sont en ce moment même étudiées en profondeur par les autorités compétentes de l'état-major. Au nom du Sénat tout entier, je vous remercie de votre diligence et de votre contribution aux efforts de la République. Ceci étant, il est hors de question que la République se lance aveuglément dans un conflit qu'elle essaie d'éviter sur la base de preuves - vous en avez convenu comme moi - potentiellement fabriquées de toutes pièces à dessein de semer le chaos. Ainsi donc, en attendant une directive contraire de la Chancellerie, la négociation du traité reste la priorité."
La pure vérité. Et un discours typique de Jedi borné et pacifiste. Chassez le naturel...

Ses doigts masqués par ses manches volèrent sur le clavier du datapad, hors de vue de Janos, tandis que le maître rédigeait ses ordres au plus vite. On l'avait envoyé là pour agir comme il le jugeait nécessaire, et attendre benoîtement les résultats de l'analyse des enregistrements et la décision du Chancelier à ce sujet ne figurait pas dans la liste.
Le plan de Berryl se déroulait à toute allure dans son esprit. C'était un sprint pour déterminer qui allait établir sa version de l'histoire en premier. Janos avait démarré avec de l'avance, il fallait revenir dans la course maintenant.

"Votre suggestion a bien été entendue et transmise, et je puis vous assurer qu'elle sera envisagée avec tout le sérieux qu'elle mérite. En vérité, je pense raisonnable de dire qu'elle l'est déjà, tout comme vos informations. Le temps n'est plus à l'indécision, après tout, et peut-être venez-vous de contribuer à une grande prise de décision de la Chancellerie."
Là encore, l'entière vérité. Personne ne pourrait dire que Berryl avait menti au sénateur.

Le datapad revint entre les mains de l'enseigne qui en lu le contenu et se figea, l'air interloqué. Le Corellien prévoyait d'envoyer plusieurs messages : le premier sur les canaux publics, une offre d'assistance à toute personne la requérant, pour juguler au plus vite les conséquences directes de l'attentat et montrer la bonne foi de la République. Un second message devait être envoyé à la station et aux troupes républicaines à bord, demandant la cessation des affrontements avec les soldats impériaux dans les meilleurs délais. Pas "immédiatement" mais "dans les meilleurs délais", pour laisser un peu de marge de manœuvre aux escouades.
Berryl planifiait le dernier message émis sur les fréquences impériales connues et devant, suite à l'agression de la République sur le trajet des négociations, s'enquérir de la sécurité de l'impératrice tout en proposant toute l'aide dont la Dame Noire ou ses troupes auraient besoin.

Enfin, le Jedi demandait à contacter au plus tôt le département Communication de la République. Il allait falloir un communiqué à transmettre rapidement aux médias pour limiter la désinformation, et Berryl savait déjà quoi utiliser parmi les "cadeaux" du sénateur. De ce point de vue-là, que le cyborg et les personnes présentes lors de l'attentat soient coincés sur Flydon toutes communications coupées était une chance.

Son sourire amusé ne quitta pas son visage lorsqu'il fixa de ses yeux noirs l'image spectrale de son interlocuteur. "Ne bougez pas, sénateur", ordonna Berryl d'un ton aimable. "Nous venons vous chercher."
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«...il est hors de question que la République se lance aveuglément dans un conflit qu'elle essaie d'éviter sur la base de preuves - vous en avez convenu comme moi - potentiellement fabriquées de toutes pièces à dessein de semer le chaos. Ainsi donc, en attendant une directive contraire de la Chancellerie, la négociation du traité reste la priorité.»

Mieux valait ne pas jouer avec le feu. Quand une commission d'enquête serait ouverte, chaque parole prononcée par le sénateur d'Aargau ferait l'objet d'une analyse scrupuleuse par les experts en la matière. Or s'il affichait un bellicisme trop zélé, on le taxerait - une fois de plus - de réutilisation politique, et voilà qui jetterait le discrédit sur toute la légitimité qu'il s'était efforcé de gagner depuis la fameuse débâcle d'Artorias.

«Très bien. Agissez conformément à vos directives. Je n'ai aucun ordre à vous donner. Mais je dois vous avouer que plus rien ne sera négocié aujourd'hui : c'est un fait.»

Même lorsqu'on disposait d'un œil artificiel capable de s'adonner à des reconstitutions physiognomonistes, un simple hologramme ne suffisait pas à analyser les traits d'un visage. Décidément, Janos aurait été bien incapable de savoir si ses manipulations avaient fait mouche, ou si l'on ne leur avait réservé qu'un scepticisme mêlé de dédain. Aussi se trouvait-il contraint de raisonner en termes de probabilités, c'est-à-dire suivant un examen scrupuleux du degré de contingence qui affectait la présente situation. Contingence... À lui seul, ce mot était répugnant : il niait la possibilité pour l'Ordre de s'incarner dans le réel.

«Ne bougez pas, sénateur. Nous venons vous chercher.»

Dans de tels moments, Lord Janos se concentrait sur la Force. Que lui disait son intuition ? Difficile d'y répondre : le cours de la Galaxie prenait une direction bien trop incertaine pour déterminer comment agir...

«Nous attendons vos renforts avec impatience. Soyez rassuré : nous n'entreprendrons rien tant que notre vaisseau ne sera pas en sécurité.

Qu'exigeait l'Ordre, dans ce cas ? L'Ordre ne pouvait s'incarner tant que Rejliidic serait au pouvoir. L'Ordre désirait causer la perte du Hutt. Si les informations dont disposait le sénateur d'Aargau demeuraient cantonnées dans les archives de l'État major, peut-être que la presse n'aurait jamais l'occasion de s'en emparer. Janos avait bien sûr horreur des scandales, mais la Dialectique universelle du chaos vers l'Ordre pouvait utiliser par ruse cette tendance si naturelle pour les journalistes que de semer la discorde.

Une nouvelle idée surgit alors dans l'esprit du Lord. Jouer les victimes jusqu'au bout...


«Pardonnez-moi, Maître, mais...»

Il s'interrompit, referma ostensiblement sa paupière gauche et simula un spasme sur la même face de son visage.

«Il... Il doit avoir un problème dans les communications... Je perds le contrôle de mon radar interne... Il semble que...»

Sa voix s'interrompit, l'image se brouilla, pour finalement disparaître. Pendant quelques minutes, le croiseur républicain perdit tout contact avec la navette diplomatique de la commission sénatoriale d'Aargau.


* * *

Au bout de quelque temps, un nouveau visage apparut sur les écrans de Maître Berryl, la face toute ronde et toute potelée d'un politicien sans réel charisme.

«Ici navette diplomatique à croiseur républicain, vous me recevez ? Je répète : ici navette diplomatique à croi...»

Le petit homme chauve se rendit compte que le contact était enfin restauré.

«Ah... Oui, euh... Je suis Dicto Audiens, le secrétaire général du parti dominant d'Aargau, et... hum... notre vaisseau vient de subir l'attaque d'un virus informatique ! Lord Janos est actuellement dans l'infirmerie du vaisseau, et... Son système interne a lui aussi été touché... Il a besoin de son équipe chirurgicale spécialisée en cybernétique. Il... Il faut que vous la contactiez au plus tôt sur Coruscant : aucune unité standard ne peut s'occuper du sénateur. Je vous envoie en pièce jointe le code source pour que vous contactiez Mademoiselle Evans, sa secrétaire... Elle saura quoi faire... Elle a reçu une formation spéciale dans le domaine et fera venir les chirurgiens...»

Le petit homme avait extirpé un long mouchoir de sa poche et s'était essuyé le front.

«Ce qui est étrange, c'est que... ce virus est une sorte de mouchard. Il... Il a sondé toute la mémoire du vaisseau, ainsi que celle... du sénateur... Je ne sais pas du tout ce qui se passe en ce moment, mais... Venez nous chercher ! Je vous en supplie !»

Voilà la version officielle que Lord Janos comptait annoncer à la presse, une fois toute cette affaire terminée. Un mouchard s'était introduit dans sa mémoire artificielle et avait dispersé les informations dont il disposait sur le réseau public de la Galaxie. En un mot, la machination dont il était victime prouvait qu'un agent du mal avait commandité le tout.

Du reste, personne n'aurait besoin de savoir que la prétendue victime n'était rien moins que l'agent...


* * *

Quelques minutes plus tôt, après avoir déconnecté sa main artificielle du plateau de commande, Janos avait fait venir Dicto Audiens dans la salle de pilotage.

«Hum... Vous m'avez demandé, sénateur ?»

«Oui. Je viens de rentrer en contact avec un croiseur républicain. Ils nous envoient une équipe immédiatement.»

Le gros homme s'était épongé le crâne sans prendre le soin de camoufler cette satisfaction béate qui, décidément, le rendait ridicule.

C'est à cet instant que Darth Deinos était entré sur l'échiquier. Trop occupé à remercier les dieux, Dicto Audiens ne se rendit pas compte que son supérieur dessinait dans les airs un léger signe de main. Et quand il s'aperçut que son esprit s'était laissé envahir par une force obscure, il était déjà trop tard : le Sith s'était emparé de sa conscience et lui dictait désormais ses intentions.

Avant de faire semblant de s'évanouir Janos envoya le fameux enregistrement sur un canal privé qui, par le biais d'une antenne d'Aargau, transmettrait le message directement sur Coruscant. De là, la réceptrice, Gabrÿelle Evans, n'aurait plus qu'à en décripter le contenu, inscrit dans un code que seule elle-même et son Maître savaient déchiffrer, et pourrait l'envoyer à l'un de ces gros empires de la presse qui polluaient la République.

Une fois que ce tour de passe-passe fut accompli, Darth Deinos se tourna vers sa marionnette et lui délivra ses ordres.


«Voici ce que tu vas faire pour moi. Officiellement, un virus informatique s'est infiltré dans les programmes de notre vaisseau. Tu recontacteras Maître Berryl, et tu lui diras ce qui s'ensuit...»

Le pantin de l'Ordre n'avait pas bronché. Les yeux aussi ronds que son crâne luisant, il s'était contenté de répondre :

«Oui, Maître.»

Il ne resta plus à Janos qu'à envoyer lui-même le fameux virus dans sa propre mémoire, ainsi que dans celle de son vaisseau, et à tomber en pamoison.

L'esprit quelque peu embrouillé, Dicto Audiens vit le sénateur s'évanouir ; il appela aussitôt l'équipe médicale du vaisseau. Peu de temps après, le mouchard en question disparut de tout écran, cessant de brouiller les ondes. Sans attendre, le secrétaire général du parti agit conformément à ce que sa conscience lui dictait - c'est du moins ce qu'il croyait - et contacta de nouveau le croiseur républicain :


«Ici navette diplomatique à croiseur républicain, vous me recevez ? Je répète : ici navette diplomatique à croi...»

Désormais, c'était quitte ou double...[/i]
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Lorsque l'hologramme se distordit puis disparu, Berryl ne pu retenir un geste de surprise. Par la Force ! Que se passait-il encore ? Le sénateur venait-il de succomber à ses émotions, ou pire, à un poison du corps ou de l'esprit ? Le Jedi s'était-il donc trompé sur toute la ligne ? Ou bien était-ce encore un stratagème de ce diable d'homme ? Berryl se tourna vers l'enseigne aussi perdu que lui. Plus encore, sans doute, le pauvre Rodien certainement peu habitué à autant de mélodrame en pleine bataille.

"Que se passe-t-il ? Un problème sur la station ? Il faut rétablir la liaison ! aboya l'humain en bure bleue.
- J-je l'ignore, monsieur... nous vérifions, mais nous... nous ne sommes..."

Le Corellien inspira doucement. Bien, la conversation était vraisemblablement finie, et quels que soient les pions de Janos, il les avait déjà avancés. Au tour de Berryl de faire de même. Son aura de paix se renforça quelque peu sur la passerelle, englobant l'enseigne : il avait besoin du Rodien en bon état spirituel.

"Détendez-vous, enseigne. Vous faites votre travail au mieux dans des conditions difficiles, et je vous en félicite.
- Merci, monsieur. Un compliment faisait parfois des miracles... ça, et un coup de pouce de la Force.
- Maintenant contactez le commandant, je vous prie. Je dois lui parler au plus vite."

Le Rodien acquiesça et se tourna vers l'officier des communications, qui annonçait au même instant :
"Communication entrante depuis le vaisseau du sénateur."

Le silence se fit sur la passerelle. Pas un silence absolu, non. Plutôt un silence diffus, celui de qui fait son travail juste assez pour ne pas paraître trop suspect sans rater la suite du spectacle. Peut-être Berryl aurait-il dû prendre l'appel dans un lieu isolé, au fond. Bah, trop tard pour ça. Le Corellien ordonna d'un ton assuré :
"Ouvrez le canal."

Dicto Audiens, qui que soit cet être chafouin visiblement inquiet - et à raison, sans doute -, leur expliqua la situation. Un virus. Le sénateur entre la vie et la mort. Les archives du vaisseau et du cyborg fouillées. autrement dit, Janos victime évidente et conversation déjà partie sur les réseaux. Oh bravo.

Une guerre de l'image, et les Jedis ont déjà du retard... persifla une petite voix dans son esprit.

Qui, quoi, comment et où étaient des secrets que le Corellien ne trouverait pas de sitôt, même en y passant tout son temps. Un journal qui s'était infiltré pour dénicher un scoop ? Un espion impérial, rebelle ? Un agent Sith ? Un trafiquant d'informations ? Janos lui-même ? Trop de possibilités. Autant rayer le problème pour l'instant et parer au plus pressé.

"Monsieur le secrétaire, nous transférons votre message au plus vite. Je vous prie de garder votre calme : en l'absence du sénateur, vous êtes aux commandes du vaisseau et devez en assumer les responsabilités."
Des responsabilités que le politicien ne tenait pas à avoir, c'était évident. S'il paniquait déjà à l'idée de perdre le sénateur sans même faire mine de vouloir se substituer à lui dans la foulée, il allait se débarrasser du rôle à la première occasion. Ou pas, mais il fallait bien tenter le coup.
"En attendant la venue de l'équipe chirurgicale, je vous implore de laisser nos spécialistes informatiques inspecter votre vaisseau. Qui sait quels dégâts ce virus est peut-être encore en train de faire ? Et avec un peu de chance, ils pourront sans doute stabiliser le sénateur jusqu'à l'arrivée des secours et éviter une tragédie de plus aujourd'hui."
Berryl se tourna vers l'enseigne qui lui faisait signe, avant de revenir sur le politicien bleuté par l'hologramme.
"Je dois maintenant vous laisser et contacter Flydon Maxima pour obtenir leur autorisation de vous évacuer en urgence. Monsieur le secrétaire Audiens, je sais pouvoir compter sur vos compétences pour assurer la sécurité à la fois du sénateur et de l'équipage sous votre responsabilité. Berryl, terminé."

L'hologramme disparu, et le Corellien se détendit un peu. Il était trop vieux pour ces clowneries. Mais le temps filait à toute allure, et ses pensées devaient faire de même. L'enseigne s'approcha, le datapad à la main.

"Le commandant a été prévenu, il vous contacte d'ici peu. Les messages que vous avez demandés vont être émis sous peu. J'ai pris la liberté de demander à ce qu'une équipe technique soit préparée pour inspection du vaisseau du sénateur."

Le Corellien hocha la tête avec un remerciement, se frottant le front tandis qu'il réfléchissait. L'enseigne, lui, resta sur place, poussant le Jedi à relever les yeux.

"Autre chose ? Un second sénateur voulant nous faire part de ses échanges avec l'Astre Bleuté, peut-être ?
- Non, monsieur. J'attends vos ordres, monsieur.
- Je représente la République, mais c'est le commandant qui donne les ordres sur son navire, je ne vous l'apprends pas.
- Certes, monsieur. Mais..."

Le Rodien se tut, la suite était évidente : Berryl était là et le commandant pas. Le Jedi s’aperçut que les officiers de pont écoutaient toujours aussi discrètement que possible, tels des animaux attendant de voir si le loup aak avait finalement eu raison des braconniers ou non. Son aura de paix les avait aidé à rester concentré sur leur travail : maintenant, ils étaient concentrés sur lui. Une bonne action se paie toujours...
Berryl fit signe à l'enseigne de poursuivre, lequel fit preuve d'une certaine vivacité d'esprit en choisissant ses mots au mieux.

"Vous comprenez la situation mieux que moi, monsieur."
Sous sa capuche, le Corellien sourit. Une bonne réponse, floue juste comme il faut pour ne pas passer pour une insubordination envers son commandant. Mais ses ordres à lui allaient être très clairs.
"Fort bien. Continuez à appeler la station jusqu'à ce qu'ils daignent répondre : la vie d'un sénateur de la République et de toute son escorte est en jeu, et ils sont en travers de la route. Transférez le message du secrétaire Audiens vers Coruscant. Et je veux le département Communication de la République en ligne dans dix minutes. Et quand je dis dix, cela veut dire cinq ! Messieurs, la République doit réagir au plus vite à cet horrible attentat !"

L'enseigne salua avec raideur avant de filer de poste en poste, et le bourdonnement des officiers de pont au travail enfla. De son côté, Berryl devait parler au commandant, au Chancellier, tracer les grandes lignes d'un communiqué, se renseigner sur Côme Janos et surtout envoyer au plus vite un message à un allié, en la circonstance, de poids.

De : Maître Berryl, Ordre Jedi
A : Ragda Rejliidic, Ministère de l'Economie
Importance : prioritaire

Monsieur le Ministre,

Comme vous le savez, les négociations de paix ont été interrompues par diverses agressions. Mais je me dois d'attirer votre attention sur un sujet qui...
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Maître Berryl a pris les rênes des opérations avec responsabilité. La manœuvre de Lord Janos, quant à elle, était fort risqué, mais rien qui ne puisse entamer réellement sa crédibilité en tant que leader politique. Néanmoins, ses objectifs ne sont pas atteints et la flotte républicaine obéit tranquillement aux directives sages du Jedi.


Pendragon Berryl remporte la joute.


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