Halussius Arnor
Halussius Arnor
Messages : 474
Eclats Kyber : 0
Un millier. Tel devait être le nombre d'individus assis dans les fauteuils de l'amphi-théâtre d'honneur de la prestigieuse université de Coruscant. Un millier de personnes assises, mais ils devaient être encore des centaines debout le long des allées et des couloirs ou encore assis sur sur des promontoires. Des journalistes et des droïds-cam étaient également dans la place.

Au sein de cette masse hétérogène représentative des peuples de la République, certains arboraient des costumes particuliers, assez foncés, quasi noirs. Tous avaient cependant ceci de distinct, une sorte d'écharpe partant du haut de l'épaule et descendant jusqu'à la taille. Différentes couleurs pouvaient être distinguées tel l'or, le rouge, le vert, le violet, l'orange autant de couleur permettant d'identifier à quelle discipline universitaire ces professeurs appartenaient. Le rouge étant la couleur de la discipline juridique ; l'or les disciplines scientifiques ; le vert la couleur des disciplines littéraires, le violet la couleur des disciplines artistiques et l'orange pour les disciplines économiques. Ceci pouvait facilement se justifier eut égard à la raison même du rassemblement ainsi organisé.

L'estrade, placé devant les longues rangées de fauteuils, avait été spécialement aménagé pour l'occasion. Le grand bureau de la chaire avait été retiré provisoirement afin de laisser place à un pupitre fait des matériaux opaques et transparents, derrière lequel se trouvait placé précisément des tentures sur lesquels étaient brodées les emblèmes de la République, du Sénat et de l'Université.

La première rangée de fauteuils de l'amphi-théâtre était vide. Tous étaient réservés. Eux pour qui cette disposition spéciale avait été prise commençaient peu à peu à arriver. Artemus Neto, le président de l'Université de Coruscant, un homme déjà bien grisonnant et relativement mince, se faisait un plaisir d'accueillir ses invités particuliers comme des sénateurs et surtout des Jedis. Neto commençait à devenir quelque peu nerveux et stressé... L'invité principal était en retard. Il consultait toutes les trois minutes ses assistants pour savoir ce qu'il en était. Les discussions allaient bon train dans l'assistance, tous attendaient eux aussi la venu de cet invité spécial.

Le moment de soulagement arriva enfin pour Neto lorsque l'un de ses assistants vint l'informer que le transport de la Chancellerie venait d'arriver. Quelques instants plus tard, Halussius apparut alors et fit son entrer dans la grande salle sous les applaudissements de l'assistance qui s'était levée pour l'occasion. Rasaak était derrière lui et se mit quelque peu en retrait non loin de l'estrade. Halussius salua quelques instants la foule en les remerciant, littéralement assaillit par les flashs et fixé par l'objectif des caméras, puis prit place dans le fauteuil qui lui était réservé, à côté de celui réservé au président de l'Université.

Aussitôt, le président Neto monta sur l'estrade et vint se placer devant pupitre. Immédiatement son image apparut de part et d'autre de l'estrade. Il était visiblement joyeux et ému. L'assistance venait de se rasseoir.


 « Soyez tous les bienvenues ! Dans cet amphi-théâtre Oblivi, du nom du fondateur de notre Université et brillant professeur de sciences politiques. Je vous remercie, sincèrement, d'être venu tous aussi nombreux ici. Et surtout, je tiens à remercier tout spécialement son Excellence, le Chancelier suprême Arnor qui a tenu tout spécialement à être présent ce jour. Je tiens également à remercier les maîtres Jedi Orthon et Fragon d'être présent également et de représenter cet Ordre millénaire et prestigieux, ainsi que les nombreux autres dignitaires qui nous font l'honneur d'être présent.

Comme beaucoup d'entre vous le savent certainement, le directoire de l'université travail depuis quelques mois déjà, à la création d'une unité d'études spéciales, à titre expérimentale, qui vise à permettre aux étudiants qui en ont fait le souhait et qui ont été sélectionnés de suivre un programme tout à fait original se déroulant à la fois dans les murs de l'université et à la fois au sein du Temple Jedi de Coruscant. Ce programme d'étude portera sur de nombreuses disciplines, qui seront bien-sûr dispensées par les professeurs de l'université, mais également par des maîtres et des chevaliers de l'Ordre Jedi. Nous verrons, plus en détail, tout au long de cette conférence, comment se cursus va s'organiser et pour quelles finalités.

Mais sans plus attendre, parce que l'on m'a dit qu'il était très attendu et parce que nous avons tous hâte de l'entendre, je laisse la place à son Excellence, le Chancelier Arnor. »


Neto était comme un homme exalté et enthousiaste, un homme qui vivait pleinement sa fonction avec conviction et passion. Il se retira tendit qu'Halussius montait les quelques marches une fois encore sous les applaudissements. Lorsque le deux hommes se croisèrent, Halussius se stoppa et prit le temps de serrer la main à Neto. L'attitude des deux hommes étaient détendu, presque amicale alors que les deux hommes ne s'étaient que très peu parlés sauf par hologrammes interposés.

Halussius portait un costume qui tranchait avec sa garde robe habituelle. Il portait un longue veste beige ainsi qu'un pantalon marron. Chose rare, il ne portait pas les traditionnelles bottes noires cirées et brillantes, mais de simples chaussures de de soirée d'un beige un peu plus foncé que la veste. La veste ouverte en « V » au niveau du buste laissait apparaître une tenue très habillée mêlant le brun clair et le vert foncé, sans oublier les fins liserés d'or parcourant le tour du col de sa chemise et de sa veste.

Comme d'ordinaire, Halussius affichait un visage amical et avenant. Cela ressortait encore plus sur les deux hologrammes de lui même qui venait de s'afficher.


 « Merci de me laisser la parole monsieur le président. Il est vrai que je suis attendue au Sénat mais je compte bien prendre le temps nécessaire pour l'occasion...

Machinalement, alors qu'il parcourait la foule du regard, les yeux d'Halussius se posèrent sur son secrétaire général. Halussius remarqua de suite son expression de mécontentement. Son emploi du temps était extrêmement chargé ce jour et Rasaak détestait littéralement lorsque du retard commençait à être pris dans la poursuite de l'agenda. Halussius esquissa un petit sourire, il regarda rapidement et à plusieurs reprises Rasaak, comme s'il était hésitant... Il se retourna à nouveau vers l'assistance.

 « Monsieur Opale, le secrétaire général de la Chancellerie ici présent, est en train de me faire les gros yeux... Je crois qu'il ne serait pas opportun que je sois trop en retard aujourd'hui... C'est bien cela?

La tension de Rasaak monta en flèche d'un seul coup lorsque Halussius lui posa directement la question et lorsqu'il commença à imaginer les centaines de visages qui se tournaient vers lui. La foule semblait réactive à se petit trait d'humour auquel Halussius s'était laissé aller. Le Jedi acquiesça de la tête et entreprit de commencer véritablement son intervention. Comme d'ordinaire, Halussius avait répété les grandes idées de son allocution avec attention et rigueur afin d'être le plus naturel et le plus agréable à entendre possible. Halussius resta un moment silencieux tout en balayant l'assistance du regard.

 « Pourquoi ?... Pourquoi tout ceci ? Peut être estce la question que certains d'entre vous se posent en ce moment ?

On mobilise un amphi-théâtre entier, on annule ou on reporte un certain nombre de cours magistraux... on chamboule un peu toute l'organisation et le fonctionnement habituel de l'établissement et en plus ! Le Chancelier en personne se déplace pour l'occasion.... Tout cela pour inaugurer une nouvelle unité d'étude... »


Halussius s'arrêta un instant et haussa les sourcils, l'air interrogateur.

 « Tout ça pour ça ? »

Halussius resta encore un moment silencieux et parcourant la salle à nouveau.

 « Après tout, ce n'est qu'une unité d'étude supplémentaire... Une parmi les dizaines et les dizaines que compte cette université.... Mais cette nouvelle unité, compte tenu de son originalité tant de son programme que de son objectif méritait de faire l'objet d'une présentation tout aussi original et particulière. En effet, pour la première fois dans l'Histoire, un programme d'échanges et d'enseignements avec l'Ordre Jedi est mis en œuvre.

Le dialogue entre la République et l'Ordre Jedi n'a pas toujours été très audible ces dernières années... Portant ainsi sources de conflits, d'interrogations et d'incompréhensions, de rumeurs et autres soupçons malveillants. C'est pourquoi, lorsque j'ai été élu à la Chancellerie, j'ai tout de suite entrepris de lancer une grande concertation à la fois auprès des institutions de la République et auprès de l'Ordre Jedi afin de voir comment le dialogue pouvait être rétablit et même amélioré.

L'une des solutions qui ont été retenues est la création de cette unité d'étude. Nous sommes convaincu, monsieur le président Neto et moi même, qu'une meilleure compréhension les uns des autres est la voie à suivre pour restaurer le dialogue et la confiance qui existait jadis entre les deux institutions.

Je voudrais m'adresser particulièrement aux étudiants qui vont suivre ce cursus.

C'est véritablement une chance et un privilège qui vous est fait. Sachez profiter pleinement de chaque instant que vous passerez en compagnie des Jedi au sein du Temple. Non seulement certains enseignements qui sont dispensés à l'Université vous seront dispensés au Temple par des maîtres Jedi, mais il a été également prévu que vous puissiez suivre certains aspects de la formation suivie par les novices et les padawans Jedi. Des dispositions ont également été prises afin que, pour ceux qui le désire, vous puissiez vivre au Temple et ainsi appréhender mieux encore ce qu'est la vie d'un Jedi.

Puisque, comme je l'ai dit, rétablir le dialogue entre nos deux institutions passe par une meilleur compréhension, il a été également prévu, et là je tiens tout particulièrement à remercier le Conseil des Jedi pour sa décision, qu'une partie des Archives du Temple vous soient accessibles afin de parfaire vos connaissances. »


Cette nouvelle suscita immédiatement des murmures immédiatement suivis d'applaudissements nombreux. Il faut dire que l'annonce était de taille...

 « Mais je ne vous en dirais pas plus, tous ses différents thèmes seront largement abordés tout au long de la conférence. Mais vraiment, encore une fois profiter pleinement de chaque instant... Vous verrez combien cette expérience sera enrichissante ! »

Halussius se saisi alors d'un pad qui se trouvait devant lui et qui n'était pas encore allumé. A la lecture des informations, Halussius eut un petit sourire d'étonnement à l'attention du président Neto.

 « Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du directoire, mesdames et messieurs les professeurs, très chers étudiants, c'est pour moi un très grand honneur d'avoir le privilège de déclarer l'Unité d'études avancées, promotion Arnor, ouverte ! »

L'assistance, toute l'assistance, applaudit alors. Les flashs crépitaient de partout. Halussius lui même se déporta quelque peu du pupitre afin d'applaudir, non sans un certain sentiment de fierté. Après un petit moment, Halussius reprit sa place devant le pupitre.

 « C'est pour moi une très grande surprise et un honneur encore plus grand ! Décidément, on en viendrait presque à ce demander qui est à l'honneur aujourd'hui ! »

Des rires se firent entendre de part et d'autre de la foule tandis qu'Halussius souriait d'amusement en direction du président Neto. Discrètement, Halussius observa Rasaak. Ce dernier lui indiqua avec ses mains le temps qui lui restait pour faire son intervention. Il était visiblement en avance, très en avance en témoigne le « 6 » que le togruta symbolisa avec les doigts de sa main.

 « On me dit, apparemment, que je n'ai pas été assez bavard et qu'il me reste encore un peu de temps devant vous... Je pourrais encore vous parler des heures et des heures de ce que vous allez découvrir en allant au Temple, mais ce serait vous gâcher le plaisir ! Et puis comme j'ai tendance à vouloir toujours trop parler, c'est à vous que j'aimerai donner la parole ! »

Halussius se tourna à nouveau vers le président Neto.

 « Je sais que ce n'était pas vraiment prévu... C'est possible ? »

Neto acquiessa sans hésitation tandis que ses assistants se mettaient en branle pour débusquer des micros et faire le nécessaire pour qu'ils soient en fonction. Tandis que tout se petit monde se mettaient en mouvement, le Jedi se reporta a nouveau sur son secrétaire, se dernier ne semblait guère emballé par cette idée soudaine. Halussius se retourna alors vers l'assistance.

 « J'imagine que beaucoup d'entre vous doivent avoir de très nombreuses questions... je vous demanderai juste, dans la mesure du possible, de faire des questions brèves et concises de manière a pouvoir donner la parole au plus grand nombre et surtout, je vous demanderai de vous abstenir des questions concernant les travaux du Sénat et du gouvernement n'en déplaise à certains, mais ce n'est ni le lieu ni le moment... je vous remercie. »

Après un temps d'attente relativement court, la parole fut ainsi donnée à l'assistance. Halussius n'eut guère le temps de répondre à plus de trois questions... Deux questions posées par des étudiants et une posée par un professeur. Ce fut l'occasion pour Halussius de faire un peu d'humour concernant le fait qu'il était un Jedi et que certains sénateurs « ont pris très à cœur de le lui rappeler quotidiennement »... Il apporta également quelques précisions sur le programme d'études notamment en ce qui concernait la partie dispensé au Temple, tout en n'empiétant pas trop sur ce qu'allaient dire plus tard les maîtres Jedi présent justement pour présenter cette partie du cursus.

 « Je suis désolé, je vois qu'il y a encore de nombreuses questions mais le temps qui m'est imparti est maintenant écoulé. Je vous remercie de votre attention et je redonne la place à monsieur le président. Je vous remercie. »

Une fois encore, de nombreux applaudissements se firent entendre dans tout l'amphi-théâtre pour saluer l'orateur qu'était Halussius.

Lorsque le président pris place, ce dernier remercia une nouvelle fois Halussius d'être venue et d'avoir participer à la conférence....


 --------------------------------------------------

Dans sa berline officielle filant au milieu de la jungle urbaine, Halussius buvait un verre d'eau fraîche. Il se trouvait à mis chemin entre l'Université et le Sénat. Sa journée de travail venait véritablement de commencer de son point de vue. Tandis qu'il buvait, Rasaak lui rappelait les rendez-vous qui jalonnaient son agenda de la journée. Halussius acquiesçait et parfois rajoutait un petit commentaire à certain rendez-vous qui s'annonçaient potentiellement délicats. Halussius l'interrompit alors.

 « Comment m'avez vous trouvez ? »

 « Calme, avenant comme à votre habitude et très à l'aise. Je pense que vos petits traits d'humours ont fait mouche et que l'assistance a bien apprécié... tout comme l'ouverture de cette nouvelle unité d'enseignement.»

 « Je l'espère bien ! »

 « Est ce que les Archives du Temple seront vraiment consultables par les étudiants ? »

 « Oui et non. Il est seulement prévu que les étudiants aient accès aux données des Archives qui concernent seulement les matières qu'ils seront amenés à suivre au Temple. Ils n'auront qu'un accès restreint. Mais même retreint, ils auront accès à une somme de connaissances non négligeables. »

 « Vous pensez que le Sénat votera l'Acte de coopération avancée ? »

 « Je l'espère également... Si nous arrivons à faire passer se projet de loi, nous aurons fait un grand pas en avant... Nous pourrons alors souffler un peu... J'ai un trou de mémoire, quand est ce que le projet doit être présenté et débattu ? »

 « Il à été inscrit à l'ordre du jour de la semaine prochaine, en séance plénière. »

 « Excellent... Hum... pardonnez moi, je change de sujet.... Est ce que vous avez réussi à contacter le sénateur Janos ? »

 « Absolument ! D'ailleurs il semblait tout à fait impatient de pouvoir s'entretenir avec vous en particulier. Si la séance de ce matin ne s'éternise pas trop la rencontre pourra avoir lieu en début d'après-midi. »

 « C'est parfait... »

Halussius commença à repenser à la réception que le sénateur d'Aargau avait précédemment organisée et surtout aux propositions de réformes qu'il avait formulé.

 --------------------------------------------------

Assis à son bureau, Halussius était en train de travailler sur la présentation de son projet de loi sur les relations entre la République et l'Ordre Jedi... Sans doute le projet le plus important de son mandat... C'est alors que l'hologramme de Rasaak s'afficha annonçant la présence du sénateur d'Aargau.

Halussius se leva alors, désactivant l'électronique de son bureau. Il enfila sa veste beige jusqu'ici posée délicatement sur l'un des fauteuils destinés à ses invités, puis se dirigea vers l'entrée de son bureau pour accueillir Lord Janos.



Invité
Anonymous
HRP : les textes de ce message écrit en georgia ont été rédigés par Lord Janos ; ceux écrits en verdana l'ont été par Gabrÿelle Evans.



Le droïde-chirurgien avait traversé le hall de la somptueuse suite où il devait se rendre tous les neufs jours. Il parvint à une porte massive, à côté de laquelle se trouvait un bureau ; une élégante jeune femme, assise, y consultait des dossiers holographiques.

«Bien le bonjour, Mademoiselle Evans. Mon client est ici ?»

«Il vous attend. Vous pouvez entrer.»

L'énorme porte s'ouvrit, laissant apparaître une vaste salle bordée de baies vitrées ; au centre, se tenait un bureau semi-circulaire, derrière lequel se dressait un lourd siège de cuire tourné vers la baie vitrée. De là où il se trouvait, le droïde ne pouvait voir que l'ombre d'une main qui tenait nonchalamment un verre d'alcool. Le siège tourna lentement sur lui-même, laissant apparaître la figure de Lord Janos, un visage meurtri, fissuré, tailladé de part et d'autre ; là où la peau s'était effritée, un tissu artificiel, couvert de circuits électroniques, émettait des ondées bleutées.

«Vous êtes ponctuel, comme d'habitude. Voilà qui est bien.»

«Le centre médical de Coruscant m'a programmé pour toujours arriver à l'heure à mes rendez-vous, sénateur.»

Lord Janos leva les yeux au ciel en s'enfonçant dans son siège.

«Ah... Si tous les êtres vivants pouvaient être programmables comme des machines, l'ordre serait inscrit jusque dans nos gênes...»

«C'est presque votre cas, sénateur : votre corps est mécanique à 72,96542635 %.»

«Il est vrai ! Et c'est ce qui fait de moi un digne représentant de l'ordre. Cependant, certains êtres purement organiques n'en sont pas moins dignes. Simple question de formatage...»

Sur ces mots, il posa son verre sur le bureau, se leva d'un coup et se dirigea d'un pas vif vers une petite pièce annexe.

«Bien ! Assez parlé ! Il faut que vous me refassiez une beauté ! Je rencontre le Chancelier Suprême dans la journée et ne peux décemment pas me présenter dans cette posture.»

Il s'interrompit, se regarda dans l'un des nombreux miroirs qui donnaient à la salle plus de profondeur encore, et grimaça :

«Cela ferait désordre...», dit-il amèrement.

Suivi du droïde-chirurgien, il entra dans la petite salle et s'allongea sur un fauteuil médical.


«Quand votre peau artificielle est-elle tombée, sénateur ?»

«Cette nuit-même. Elle aussi est ponctuelle.», répondit Lord Janos, plein d'ironie.

«Bien. Je vais procéder à l'anesthésie locale.»

«Faites donc.»

Tous les neufs jours, le même scénario se répétait. Le droïde rendait visite au sénateur pour procéder à une reconstruction faciale. La chose ne prenait qu'une petite demi-heure, mais elle était nécessaire : un politicien digne de ce nom ne pouvait avoir l'apparence d'un monstre, si ce n'est pour donner un tour pathétique à un discours - bien que l'on ne pût trop fréquemment jouer les victimes, au risque de lasser l'auditoire et l'électorat. Une fois les tissus artificiels greffés pour masquer ce visage hideux, le droïde procédait à un contrôle sanitaire.

«La radio indique que votre foie est de nouveau endommagé. Vous buvez trop d'alcool, sénateur.»

Lord Janos avait horreur qu'on lui fît cette remarque.

«Allons ! Je ne suis pas un ivrogne !»

«Je n'en doute pas. Mais votre consommation d'apéritifs est trop importante. Pour un organisme normalement constitué, cela serait de peu de conséquence, mais je dois vous rappeler que votre foie est à 86,128436594 % artificiel : les circuits apprécient assez peu...»

«Eh bien, nous ferons une nouvelle greffe !», s'écria Lord Janos, en se relevant brutalement.

Il retourna dans son bureau, reprit son verre en main et prit place dans son siège de cuire. Sans adresser la moindre attention au droïde, il dit froidement, en feignant de consulter un document :


«Je vous remercie. À dans neuf jours.»




* * *
La navette personnelle du sénateur d'Aargau traversait les airs de Coruscant. Lord Janos y disposait d'une petite cabine personnelle, aménagée de deux fauteuils de cuire qui se faisaient face, séparés par une petite table de forme ovale. En face de lui, se tenait sa secrétaire.

«Une question, Mademoiselle Evans : c'est bien aujourd'hui que le Chancelier a officiellement annoncé son programme commun d'études entre les membres de la République et le temple jedi ?»


«C'est exact, et les retours qui m'en sont déjà parvenus font état d'un succès certain. Le chancelier aurait encore une fois conquis les foules par un naturel et une sympathie inégalables.»

«Fort bien. Nous le soutiendrons dans cette tâche. Vous communiquerez à tous les membres de Cosmos notre sympathie à l'égard de ce projet. Vous demanderez également au Service Com. d'en informer les citoyens d'Aargau. Rien ne doit être tenu secret au peuple.»

«Très bien, Sénateur. Je pensais que Cosmos aurait pu participer indirectement à ce projet en ouvrant une promotion spécialement formée pour rejoindre la grande école de Coruscant et intégrer cette fameuse section.»

«Vous voulez dire : auprès de nos concitoyens ?»

«Bien sûr. Votre passé de Jedi Consulaire est de notoriété publique et beaucoup dans nos écoles ont un grand respect de l'Ordre Jedi de ce fait. Je pense qu'il ne sera pas bien difficile de trouver des concitoyens brillants motivés pour intégrer ce genre de classe. Si nous pouvons par là montrer toute la puissance de l'Éducation Planétaire d'Aargau, cela ne pourrait être que profitable à notre réputation, au sein des cercles intellectuels, auprès de l'ordre Jedi et évidemment du chancelier.»

«L'idée est bonne.»

Lord Janos leva un instant les yeux, méditatif.

«Par ailleurs, le système de bourse que Cosmos a mis en place au profit des plus démunis pourrait y participer. Nous pourrions envisager de nouvelles attributions pour les étudiants les plus méritants.»

Un très léger sourire se dessina sur les lèvres du sénateur.

«Quoi de mieux que la méritocratie ?»


«De plus, un tel système de bourses ancrera certainement dans l'esprit des étudiants issus des couches les plus populaires l'idée que c'est grâce à vous qu'ils ont pu si bien réussir, ils seront loyaux.»

Le sourire de Lord Janos s'élargit.

«Et de la méritocratie, renaîtront tout à la fois paix sociale, respect de l'ordre hiérarchique et harmonie avec la République.»

Sur ces mots, il regarda sa secrétaire droit dans les yeux.

«Excellente idée, Mademoiselle Evans.»


«Merci, Sénateur. Vous vouliez savoir autre chose avant que nous arrivions ? Nous serons reliés par le canal habituel et je vous enverrais toutes les informations utiles en temps réels.»

«Je n'ai rien à rajouter.»

L'œil artificiel afficha les cinq actes constitutionnels : Lord Janos les relut attentivement, en songeant à la réponse que lui avait fait l'ambassade nubienne.

«Au fait, je souhaiterais que vous répondiez à la missive de ce petit prétentieux, Bresancion. Une réponse sèche. Plate. Et efficace.»


«Ce sera fait. Un tel manque aux convenances qu'exigent son rang est tout simplement navrant, la République est bien mal en point pour que mêmes les représentants nubiens se mettent à vociférer de la sorte.»

«Surtout, restez polie. Honorons nos propres préceptes : la courtoisie est un manteau dont se vêt l'ordre dans la société.»

Lord Janos grimaça de dégoût.

«Ce petit impudent pourrait provoquer un conflit diplomatique entre Aargau et Naboo : quelle effronterie ! Heureusement pour lui que nous recherchons la paix et l'harmonie...»


«Sénateur, ne vous inquiétez pas, l'éducation dont vous m'avez pourvue est telle qu'elle ne nécessite plus de prévenance. Je serais polie, toujours. Son manque de révérence ne saurait polluer l'ordre. Naboo risque d'avoir quelques ennuis de politique étrangère si ce docteur se complait à traiter ainsi tous ses hôtes.»

«Nous sommes d'accord.», répondit Lord Janos, un petit sourire malicieux aux lèvres.

Le sénateur et sa secrétaire firent silence pendant quelques instants. Le pilote de la navette annonça que l'arrivée était imminente.


«Hum... Une dernière question, Gabrÿelle...»


La jeune femme, qui avait jusqu'alors porté son attention à la ville qui se trouvait de l'autre côté de la fenêtre de la limousine, tourna doucement sa tête vers le Sénateur. Il ne l'appellait jamais par son prénom. Trop rarement pour qu'elle ne soit pas un peu surprise.

«Oui, sénateur ?»


«Trouvez-vous que je boive trop ?»

«Je ne suis pas votre médecin, sénateur. Je suis votre secrétaire.»

Elle regarda à nouveau par la fenêtre, se trouvant incapable d'outrepasser sa fonction.


Lord Janos ne répondit pas. Il songea à cette terrible idée qui lui traversait souvent l'esprit - qu'un monde parfaitement ordonné était un monde inhumain - ; et effectivement, sa créature, sa chose, cette application de l'ordre sur un corps de chair, était somme toute inhumaine...

La navette atterrit ; le sénateur d'Aargau sortit d'un pas déterminé, sans adresser mot à sa secrétaire.




* * *
Quelques minutes plus tard, le représentant d'Aargau parvint à l'entrée du bureau du Chancelier ; restée en retrait dans le couloir, sa secrétaire le dévisageait silencieusement.

Il se tenait immobile devant la porte du Chancelier Suprême. La texture lisse du métal laissa apparaître le reflet de Lord Janos, qui adressa un petit sourire au sénateur :


«Avez-vous jamais eu cette audace, père ? L'avez-vous jamais eue ?»

La figure de Lord Janos se brisa en deux, cédant la place à celle du Chancelier. La porte s'était ouverte.

L'homme s'avança lentement à la rencontre d'Halussius Arnor.


«Bonjour, Chancelier. Je tiens d'abord à vous remercier de cette entrevue. Elle me fait part de toute l'attention que vous témoignez à l'égard de mon projet de loi, qui a pu froisser certains "défenseurs" de notre régime.»

Le sénateur adressa à Halussius Arnor un grand sourire.

«... preuve que vous n'êtes pas comme ces sénateurs qui ne savent pas où se situent les vrais intérêts de la République !»

Un droïde de protocole s'avança d'un pas mécanique vers Lord Janos.

«Désirez-vous boire quelque chose, sénateur ?»

«Ma foi, un whisky corellien ne me fera pas de mal...», concéda-t-il en songeant aux interdits de ce stupide chirurgien.

Le droïde de protocole répondit immédiatement à sa demande. Une fois servi, Lord Janos prit place sur le siège qui faisait face au bureau du Chancelier ; il croisa les jambes, bloqua son bras gauche contre l'accoudoire, le verre à la main, et inclina légèrement la tête vers la droite.


«Bien. Que pensez-vous de mon projet de loi, Chanclier ?»

Halussius Arnor
Halussius Arnor
Messages : 474
Eclats Kyber : 0
Debout devant la porte de son bureau, Halussius prit un moment pour réajuster son costume de manière élégante afin de donner la meilleur impression possible. Dans son fort intérieur, Halussius devait s'avouer à lui même qu'il appréhendait quelque peu cette rencontre avec le représentant d'Aargau.

Le personnage lui laissait comme une étrange impression. Il pouvait déjà sentir sa présence dans la Force... Une présence à tout le moins singulière. Chaque être vivant ayant la maîtrise de la Force marquait celle-ci d'une emprunte unique, une aura particulière. Halussius le sentait tout proche de lui, très très proche.

Lorsque le Chancelier eut fini de reboutonner une de ses manches, il s'avança alors afin que les portes automatiques massives s'ouvrent à sa venue. Halussius ne fut nullement surpris de trouver son invité juste en face de lui, attendant patiemment que les portes s'ouvrent. L'homme se présentait sous son meilleur jour et son meilleur profil, tout comme ce fut le cas lors de leur précédente rencontre. Halussius se montra extrêmement avenant et courtois, comme à son habitude, pour saluer le sénateur et l'accueillir.

Les premières paroles du sénateur s'inscrivaient parfaitement dans la suite du personnage et d'une certaine manière son engagement politique. Alors que le sénateur et lui se dirigeaient vers le demi-niveau surélevant son bureau à proprement parlé, Halussius prit la parole.


 « C'est moi qui vous remercie, monsieur le sénateur, d'avoir répondu et accepté mon invitation avec une si grande célérité, et je me réjouis que nous puissions nous rencontrer en dépit de nos emplois du temps chargés. 

Vous et moi avons tous deux à cœur de servir les intérêts de la République, tout comme la majorité des membres de l'assemblée galactique, chacun selon son point de vue bien entendu.»


Le ton se voulait naturellement courtois, mais Halussius ne pouvait s'empêcher, en la circonstance et ce début d'entretien, de jouer au politicien. Étant le premier politicien de la République et le président du Sénat, tempérer les propos du sénateur dès le commencement était incontournable.

Arrivé prêt des fauteuils destinés à recevoir le public devant son bureau, Halussius invita le sénateur à prendre place dans l'un d'eux, tandis qu'un droïd de protocole faisait son entrée, le dos visiblement chargé de plusieurs récipients contenant diverses boissons. Tandis que le sénateur Janos indiquait ce qu'il voulait boire, Halussius se mit assis quelques instants sur son grand fauteuil et activa une communication avec sa secrétaire d'accueil.


 « Faites savoir à monsieur le secrétaire général que je souhaite ne pas être dérangé, sous aucuns prétextes. »

Le secrétaire acquiesça et son hologramme disparut. C'est alors qu'Halussius quitta son fauteuil de travail et s'assit dans le fauteuil situé juste en face de son invité. Le droïd n'avait pas besoin de lui demander qu'elle boisson il désirait. Elle était toujours la même... Du thé. Une boisson qu'Halussius buvait en quantité. D'aucun pourrait y voir d'ailleurs comme une sorte d'addiction, mais il n'en était rien.

Halussius prit un instant pour penser à la réponse qu'il allait formulé à la question du sénateur. Sa proposition de réforme... Halussius l'avait lu avec attention... Et il avait eu du mal à y croire.


 « Je l'ai lu avec une très grande attention, monsieur le sénateur. Vous savez que j'ai pour habitude de parler avec une certaine franchise et je dois dire qu'il m'a laissé perplexe.

Je sais que vous défendez une vision particulière du fonctionnement de nos institutions, plutôt de la manière dont elles devraient être organisées. Notamment autour d'un pouvoir exécutif assez fort, qui disposerait des moyens nécessaire pour imposer ses décisions au pouvoir législatif, si d'aventure ce dernier ne se montrait pas coopératif et compréhensif...

Mon sentiment, sénateur, est que ce projet de loi, à la première lecture, tend à instaurer un despotisme éclairé. Car de fait, si j'en crois vos propositions, le Chancelier suprême se retrouverait en possessions de la majorité des pouvoirs prévu par la Constitution galactique... Est-ce là une mauvaise compréhension de ma part?
Invité
Anonymous
«Permettez-moi de vous corriger sur un point, Chancelier : c'est cette notion de "despotisme éclairé"... Elle me semble inadéquate. Voyez-vous, le schéma à l'œuvre dans ce type de système politique n'a rien des réformes que je vous propose. Pour parler franc, le despotisme éclairé est tout ce que je déteste. Cette idée naïve qu'un tyran, d'abord égoïste et insouciant, puisse être éduqué, rectifié par un cercle de philosophes, d'intellectuels et de lettrés me semble illusoire. C'est croire que le chaos peut constituer un fondement stable de l'ordre ! C'est croire qu'il suffit de rectifier le chaos pour qu'en puisse jaillir l'ordre ! Mais la matière résiste toujours à qui désire l'ordonner. Un tyran reste un tyran : les fondements de son pouvoir sont instables, incertains ; sa loi-même n'est que l'émanation de ses petits désirs égoïstes et du désordre de ses passions.»

Lord Janos marqua une légère pause.

«Non ! Ce n'est pas un tel système que je vous propose ! Au contraire, de l'ordre naîtra l'ordre. C'est de la loi qu'émanera une République plus stable. C'est la loi que je désire corriger, Chancelier, et non l'homme qui la fait. Vous saississez bien sûr toute la différence.

«Par ailleurs, vous n'avez sûrement pas manqué de noter qu'il est une lacune dans ma réforme : le mode d'élection du Chancelier Suprême. Si je n'ai pas désiré la combler trop hâtivement, c'était justement pour m'entretenir avec vous de ce sujet...

«Sachez que le jeune Bresancion, représentant provisoire du système nubien, m'a reproché, par missive privée, d'instaurer un ordre qui n'aurait rien de républicain. Je ne m'attarderai pas sur la désinvolture outrancière qu'il m'a réservée dans son message... En tout cas, je crois que vous-même, Chancelier, vous m'adressez un semblable reproche quand vous me parlez de despotisme éclairé.

«Mais revenons un instant sur ce qu'est conceptuellement la République, voulez-vous ? Ce mot fait lui-même entendre l'adjectif "publique" : il désigne un régime dont le pouvoir, bien qu'excercé en haute instance par des autorités supérieures et compétentes, reste une émanation du peuple lui-même. Comparé à cette définition toute simple, toute évidente, on s'aperçoit très vite que notre système politique actuel n'a plus rien d'une République mais relève d'une véritable oligarchie sénatoriale. Voyez-vous, Chancelier, mes détracteurs aiment à me dépeindre comme un despote. Mais je suis d'abord un homme du peuple ! Si j'ai été élu sénateur sur Aargau, c'est parce que j'ai défendu la masse populaire, écrasée par les intérêts ploutocratiques d'un groupuscule de banquiers ! Cette œuvre sociale qui est la mienne, je désire l'étendre à toute la Galaxie ! Bref, inutile de passer par quatre chemins : je considère que le Chancelier doit être élu par le peuple lui-même au suffrage universel t
direct ! De même, c'est au peuple que doit revenir la motion de censure !

«Voilà le fond de ma pensée, Chancelier. L'ordre républicain ne doit pas reposer sur cet équilibre précaire entre la chancellerie et l'anarchie sénatoriale, mais sur le constant dialogue entre la chancellerie et la souveraineté populaire. Ainsi, la République redeviendra-t-elle une pyramide, comme elle doit l'être, et non cette masse informe, vaguement ovale, centralisée par le Sénat. Au fondement de ce noble édifice que je vous propose, le peuple élit les sénateurs et le Chancelier Suprême au suffrage universel direct. Le Sénat dispose quant à lui du pouvoir exécutif : il applique les lois et décrets promulgués par le Chancelier. La Chancellerie décide enfin de la marche à suivre ; mais à tout moment, le peuple peut provoquer sa démission. Et ainsi, mon exécutif fort se retrouve contrebalancé par la souveraineté populaire.

«Présentées ainsi, voilà qui n'a plus rien de despotique, n'est-ce pas ?»
Halussius Arnor
Halussius Arnor
Messages : 474
Eclats Kyber : 0
Assis en face de son interlocuteur, Halussis faisait preuve d'une grande concentration. A dire vrai, le jeune homme, bien que Chancelier suprême, avait l'allure d'un étudiant en fin de cycle en comparaison de l'imposante et noble carrure du sénateur d'Aargau.

Halussius buvait son thé patience tandis qu'il écoutait les propos de Lord Janos. Halussius pouvait percevoir en lui qu'il était passé par la formation dispensée au Temple par les Jedi. Cela n'avait rine de flagrant, ni ne ressortait même de quoi que se soit... une chose et une impression curieuse s'il en est, mais bien réelle.

Lorsque le sénateur eut fini son intervention, Halussius reposa tranquillement la tasse de thé sur le bord proche de son bureau et commença à parler, de sa voix posée et avenante.


 « Je vous remercie, sénateur, pour ses précisions que vous venez de m'apporter.

Mais afin qu'il n'y ai pas de mal entendu entre nous sénateur, contrairement au représentant par intérim de Naboo, je ne cherchais en aucun cas à vous adressez de reproches ou de vous offencer en quelques façons que se soit... je ne faisait que mettre en exergue l'impression première qui pouvait ressortir de votre proposition de réforme. »


Le visage d'Halussius était pour le moins amical et prévenant. Marquant ainsi une légère pause, Halussius se renfonça légèrement dans son fauteuil tout en se redressant. Il poursuivit.

 « J'ai bien écouté vos arguments, sénateur. Je dois admettre qu'ils ne manquent pas d'une pertinence certaine. Cependant, j'aimerai revenir sur un point que vous avez invoqué. L'usage de la loi comme instrument pour le rétablissement de l'ordre au sein de la République.

N'oubliez pas, monsieur le sénateur, de bon nombre de dictatures ont vu le jour par le biais de la loi. Un régime autoritaire ou dictatorial n'est pas toujours synonyme d'illégitime. Souvent d'ailleurs, les dictatures se servent de la loi comme d'un outil puissant et absolu pour justifier les mesures attentatoires aux libertés qu'elles mettent en œuvre ou pour justifier les pires actions.

Je comprend votre point de vue, sénateur, et je suis pour ma part convaincu que votre dessin n'est en aucun cas de transformer la République en régime dictatorial... Néanmoins, les mesures que vous préconisez sont, à mon sens, un marche pied en or pour qui, dans le futur, aurai une telle intention.

Vous et moi, nous sommes des personnes raisonnables, sénateur, comme bon nombre des êtres vivants siégeant dans la Rotonde. Je ne doute pas que nous saurions trouver un juste équilibre... et que nous saurions jusqu'où aller... quelles limites nous n'aurions pas à franchir... Mais nous ne pouvons savoir de quoi l'avenir sera fait, comme dit l'expression populaire.

Même nous, qui avons été initiés à la maîtrise de la Force et qui la maîtrisons, nous ne pouvons voir dans le futur de manière fiable.

Concentrer tout les pouvoirs entre les mains du Chancelier suprême, à tel point que le Sénat ne devienne qu'une simple chambre d'enregistrement de ses décisions, ne me semble pas une option satisfaisante pour la République... De simple chambre d'enregistrement, il ne suffirait d'un rien pour qu'avec le temps, l'existence même de l'institution sénatoriale soit remise en cause... Cette institution qui à la base même de l'existence de la République.


Halussius marqua à nouveau un petite pause tandis que le droïd de protocole revenait lui verser une tasse pleine de thé et proposer aux deux interlocuteurs un plateau de douceurs. Halussius reprit.

 « Comprenez bien ma position, sénateur. Vous avez mis en évidence des problèmes et des dysfonctionnement bien réels qui ralentissent la République. Je peux les constater tous les jours et vous pouvez me croire que je ne suis pas le dernier à m'en plaindre. Mais en tant que Chancelier suprême, je suis aussi le gardien des institutions de la République, notamment celle du Sénat, dont je suis le Président en titre. C'est mon rôle, institutionnel, que de le défendre et de tout faire pour le préserver, comme c'est également mon rôle de le réformer et de faire en sorte qu'il reste ou retrouve en efficacité.

Votre idée de dialogue entre la Chancellerie et la souveraineté populaire est tout à fait exacte et tout démocrate ne peut que vous suivre dans cette idée. Mais comment un tel dialogue peut se faire entre un seul homme... et des centaines de milliards d'êtres vivants ? Il faut nécessairement que des tiers se fassent les intermédiaires entre lui et les citoyens... C'est la fonction que joue le Sénat aujourd'hui, malgré tous les problèmes que nous pouvons rencontrer.

Maintenant, sachez néanmoins, que je ne suis pas hostile à toute idée de réforme des institutions... S'il est un point que je partage avec vous, sénateur, c'est que le Chancelier suprême est trop tributaire du bon vouloir des sénateurs... Et en ce sens je vous rejoins dans votre idée d'un pouvoir exécutif fort et distinct du Sénat... mais pas au point de lui confier l'ensemble des prérogatives... »

Invité
Anonymous
Lord Janos fronça légèrement les sourcils. Il avait repris un verre, de doth cette fois, qu'il tenait négligemment en dévisageant le Chancelier.

C'était la réponse à laquelle il s'attendait. Parfait. Il n'y avait qu'à faire comme prévu.


«Bien... Laissez-moi vous répondre en deux points, Chancelier.

«Premièrement, vous me dites que la loi peut mener à la tyrannie si l'on en fait un mauvais usage. Mais je n'ai jamais prétendu le contraire. C'est justement ce que je m'efforçais de vous prouver. Peut-être me suis-je mal fait comprendre... Ah... il est malaisé d'exprimer clairement sa pensée, et je crois que sur ce point la politique offre une belle concurrence à la philosophie.»


Fier de ce petit trait d'esprit, le sénateur esquissa un léger sourire.

«Mais reprenons, voulez-vous ? J'ai dit que l'ordre naîtrait de la loi. Mais la loi elle-même ne naît pas de nulle part : il faut une main pour l'écrire, il faut un esprit pour la penser. Si cet esprit n'œuvre que par égoïsme, le régime qu'il établira sera en effet tyrannique, comme vous le dites vous-mêmes. En revanche, si cet esprit confie au peuple le soin de voter la loi qu'il a rédigée, ou encore de s'y opposer en lui accordant un droit permanent de veto (ce qui revient au même, pour tout vous dire), alors plus aucun abus de pouvoir ne sera à déplorer. Vous saisissez toute la différence qui sépare les deux systèmes : dans le premier cas, un seul être règne en maître sur la loi ; dans le second, c'est la souveraineté populaire qui domine, contrebalançant le pouvoir de la Chancellerie. En agissant en bon nomothète, il ne peut y avoir glissement de ce second système au premier. Voilà qui ne fait aucun doute.

«Deuxièmement, il ne vous sied pas de retirer au Sénat les prérogatives dont il dispose actuellement. Vous voudriez l'affaiblir, mais pas autant que moi. Si j'ai bien compris votre vision des choses, le Sénat doit continuer à servir d'intermédiaire entre le peuple et la Chancellerie. Certes, nous nous accordons sur le triste fait qu'actuellement ce n'est plus le cas. Mais pour résoudre ce problème, nous avons chacun notre solution : vous, vous ne désirez qu'un affaiblissement des prérogatives sénatoriales ; moi, je revendique une suppression de tout pouvoir législatif détenu par le Sénat.

«Soyons sincères entre nous, Chancelier. Je suis intimement persuadé que ma solution est la meilleure. C'est également ce que vous pensez de la vôtre. Et c'est en fait ce que chacun pense communément de son avis. Ne nous en cachons pas. Mais vous me direz sûrement : qui êtes-vous pour juger seul de ce que doit être la République et pour croire que votre opinion est la meilleure ? Et vous aurez raison de me lancer une telle objection. Moi, un petit sénateur solitaire, à la tête d'un parti minoritaire et à peine écouté, un petit politicien sans cesse raillé, sans cesse taxé d'idéalisme quand ce n'est pas d'extrémisme, qui suis-je pour m'opposer à ce titan institutionnel qu'est le régime actuel ? Personne, me direz-vous. Et vous aurez encore raison.

«En revanche, si l'on soumet mon projet de loi à la souveraineté populaire, si on laisse le peuple décider du sort du Sénat par le biais d'un référendum organisé dans toute la République, alors j'aurai joué le rôle de ce nomothète qui confie la totalité du pouvoir, non à un seul homme, mais à la totalité de son peuple.

«Telle est ma véritable requête, Chancelier. Je voudrais que mon projet de réforme constitutionnelle soit soumis à un référendum qui ait lieu dans toute la République. Pour vous prouver ma loyauté, laissez-moi vous dire qu'avant de transmettre mes actes constitutionnels aux sénateurs, que j'ai récemment invités lors de ma petite réception, je les ai soumis au peuple d'Aargau afin de montrer à mes concitoyens que je n'agissais pas seul, mais en accord avec leur volonté : ils ont approuvé mes lois à 63,24% des voix. Une large majorité, n'est-ce pas ? Maintenant, j'aimerais savoir si le reste de la République en pense autant...

«Avec une modification, cependant : le referendum que je vous propose portera non pas sur cinq, mais sur six actes constitutionnels.»


Un léger sourire au visage, Lord Janos adressa un regard déterminé au Chancelier :

«Et je n'ai pas oublié d'y offrir quelques prérogatives au Sénat.»

Le sourire s'élargit.

«Mais jugez par vous-même...»

Soudain, l'œil artificiel émit un rayon lumineux de forme circulaire, qui traça dans les airs les lettres d'un nouveau texte de loi.

• Acte constitutionnel n° 6

- Article 1.

Paragraphe premier.
Le Chancelier Suprême sera nommé au suffrage universel direct par les citoyens de la République, sans représentation ni médiation.

Paragraphe 2.
C'est au Sénat que revient le droit de proposer la démission du Chancelier Suprême.

Paragraphe 3.
Une fois la proposition de démission du Chancelier Suprême proposée par le Sénat, les citoyens votent au suffrage universel direct s'ils jugent que ladite proposition doit être ou non appliquée.

- Article 2.

Paragraphe premier.
Le Chancelier Suprême est tenu de promulguer publiquement toutes les lois et tous les décrets dont il fixe la lettre aux citoyens, de sorte que nul ne puisse en ignorer le contenu.

Paragraphe 2.
Le Chancelier Suprême a le droit de proposer librement des référendums à ces concitoyens sans nécessiter l'accord du Sénat. Si la majorité absolue est obtenue au suffrage universel direct, la loi faisant l'objet du vote sera immédiatement appliquée dans toute la République.

Paragraphe 3.
Le Sénat dispose du droit de dire publiquement son hostilité à l'égard d'une loi ou d'un décret proposé par le Chancelier Suprême. Le cas échéant, c'est aux citoyens de la République que revient le droit de veto : si le refus est exprimé à la majorité absolue lors d'un référendum au suffrage universel direct, ladite loi ou ledit décret ne sera pas appliqué.

Paragraphe 4.
Dans le cas où les citoyens ont usé de leur droit de veto contre une loi ou un décret proposé par le Chancelier Suprême, ce dernier peut de nouveau soumettre le même texte à un référendum au suffrage universel direct un an après son annulation par le peuple.

«Voilà ce que je vous propose, Chancelier. Accepterez-vous que ce texte fasse l'objet d'un référendum dans toute la République ?»
Halussius Arnor
Halussius Arnor
Messages : 474
Eclats Kyber : 0
La discussion entre les deux politiciens se poursuivait dans la plus grande cordialité. Le débat qui semblait s'installer entre eux ne manquait pas de d'intérêt... La matière constitutionnelle était l'une des préférées d'Halussius lorsque son maître la lui enseignait alors qu'il n'était encore que son padawan. Il s'était trouvé une certaine aisance à aborder les différentes thèmes qui s'y rapportent.

Halussius reprit une petite gorgée de thé et enchaîna à la suite du sénateur.


 « vous et moi sommes de toute évidence des hommes de conviction, sénateur. C'est une chance pour la République... Sachez que je n'aurez jamais la prétention d'objecter à quelqu'un qu'il est pas compétent, ni assez important pour oser remettre en cause le fonctionnement de nos institutions.

Notre système fonctionne sur la base de la libre pensée. Ne croyez pas, parce que je suis le Chancelier suprême, que je sois plus légitime que vous pour critiquer ou remettre en cause son fonctionnement. N'importe quel citoyen de la République, quelque soit sa condition, est autant légitime que vous et moi pour faire preuve d'esprit critique et d'observations envers notre régime.

Ne voyez pas en mes propos de la fausse modestie, c'est ma pensée profonde et c'est ainsi que je conçoit le fonctionnement d'une démocratie... »


Après une légère pause pour poser sa tasse sur le rebord de son fauteuil, Halussius reprit.

 « C'est un fait encore une fois, que notre régime institutionnel n'est pas parfait... loin de là... Cependant, il me semble le plus adapter, dans l'absolue, à la configuration actuelle de la République.

Vous préconiser que la loi soit votée directement par le peuple, de la démocratie directe comme dirait nos chers constitutionnalistes de l'Université, mais, de mon point de vue, un tel système rapporté à l'échelle d'une galaxie ne peut pas fonctionner.

La République compte des centaines de milliards d'individus... L'élection du Chancelier suprême au suffrage universel direct, peut se concevoir, même si cela posera un certains nombres de difficultés, mais il s'agit d'un événement ponctuel...

Le travail législatif est quotidien, le Sénat adopte de nouvelles législations toute les semaines. Il n'est pas envisageable de faire déplacer autant de personnes tous les jours et de les consulter sur tous les sujets qui occupent les sénateurs... C'est matériellement impossible.


Halussius fut quelque peu surpris ensuite lorsque Lord Janos projeta l'hologramme depuis son œil... La chose était étonnante et surprenante à la fois. L'hologramme présentait une nouvelle fois le projet de réforme du sénateur.

 « Comme vous le savez, cela n'entre pas dans mes prérogatives, ni dans celle du gouvernement de proposer ou de refuser de soumettre aux citoyens de la République un référendum, c'est au Sénat de le décider. Je ne peux tout au plus que donner un avis simple au nom du gouvernement.

C'est pourquoi, je vous encourage à déposer une proposition de loi visant à organiser un référendum sur votre projet de réforme. Je peux seulement vous dire, mais vous vous en doutez certainement, que vous allez au devant de grandes difficultés, mon cher. Les sénateurs sont toujours très frileux lorsqu'il s'agit de consulter la population... »
Invité
Anonymous
Pris d'un soudain élan, Lord Janos se leva, posa violemment son verre sur la table, et s'écria :

«Eh bien, soit ! J'affronterai le Sénat, dussè-je me ridiculiser aux yeux de tous ! Quelle que soit l'issue de cette affaire, je pourrai au moins me vanter d'avoir respecté mes idéaux et de ne jamais les avoir trahi !»

Il se rassit lentement et reprit plus posément :

«La constance est la première vertu que tout défenseur de l'ordre se doit d'honorer ; vous me l'accorderez volontiers, Chancelier.»

Le sénateur reprit son verre en main, croisa de nouveau les jambes, et inclina la tête sur la gauche.

«Le sixième acte constitutionnel que je vous ai ici proposé a le mérite de régler les différents problèmes matériels que l'on rencontre si l'on consulte la totalité de nos concitoyens. Par le biais que je propose, les référendums à grande échelle ne seront pas multipliés indéfiniment. Hors le cas de l'élection du Chancelier, ils n'interviendront que dans des situations critiques.»

Lord Janos termina son verre et le reposa sur le bureau.

«Bien. Je pense par conséquent que cet entretien peut s'arrêter ici, étant donné qu'il n'est pas en votre pouvoir - pas encore, du moins - de soumettre mes projets à un référendum. Sachez en tout cas que je me battrai jusqu'au bout pour que mes idéaux soient entendus par les sénateurs. Sous peu, ma proposition de loi visant à organiser ce fameux référendum sera déposée, je vous le promets.»

Le représentant d'Aargau se leva, serra la main du Chancelier en lui adressant un grand sourire.

«Je vous remercie grandement de l'intérêt que vous portez à mes idées, Chancelier. Si le Sénat était peuplé d'hommes comme vous, je renoncerais céans à tout projet de réforme.»

Sur ces mots, il se dirigea vers la porte du bureau ; avant de sortir, il se retourna une dernière fois, et dit :

«Ah ! J'oubliai... Que la Force soit avec vous.»

La Force... L'incarnation la plus tangible des lois harmonieuses qui paramètrent le Cosmos. Si réellement cette énergie mystérieuse tendait vers sa propre réalisation, les projets de Lord Janos parviendraient un jour à leur fin, cela ne faisait aucun doute. Et l'Ordre règnerait enfin dans la galaxie.

Le sénateur alla rejoindre sa secrétaire qui l'attendait.


«Aucun commentaire nécessaire.», lui dit-il froidement. «Vous avez entendu ce qu'il y avait à entendre.»

Ils retournèrent dans la navette personnelle du représentant d'Aargau, qui ne tarda pas à décoller.

Lord Janos regardait par la vitre les immeubles défiler lentement dans l'immense chaos qui régnait sur la circulation de la capitale. Il méditait, les sourcils froncés.

Bien... Cet échange avait au moins eu le mérite de confirmer l'idée que Janos s'était faite du Chancelier. Ce jeune homme était lui aussi insatisfait de la manière dont se déroulaient les séances au Sénat, et plus largement des tares qui affligeaient le régime en ces temps troublés. Peut-être était-il cependant trop attaché à l'idée préconçue qu'il se faisait de la République - mais sur ce point, il n'était pas le seul ; de surcroît, il avait compris que Lord Janos n'était pas un extrémiste prônant un système dictatorial, contrairement à ces petits imbéciles qui se complaisaient dans leurs préjugés, et alimentaient à leur propre insu cette oligarchie bureaucratique régnant sur la galaxie.

Pour le reste, affronter le Sénat sur cette idée de référendum ? Hum... Audacieux. Très audacieux. Perdu d'avance, surtout : Lord Janos ne se faisait pas d'illusions - ces hommes étaient trop attachés au petit pouvoir personnel qu'ils tentaient de conserver désespérément, comme des chiens attachés à leur gamelle, pour pouvoir soutenir un projet de réforme comme celui-ci. Cause perdue d'avance, certes. Mais ensuite, libre à Lord Janos de s'indigner publiquement de ce refus sénatorial. Le peuple saurait qu'une réforme visant à lui donner davantage de prérogatives lui avait été refusée par ces mêmes hommes qui prétendent le représenter. Des scandales. Il fallait agir à coup de scandales : c'était là le seul moyen pour un parti minoritaire comme Cosmos de sensibiliser la plèbe à ses idées. Oui, des scandales. Un moyen bien chaotique en vue d'une fin si noble - l'ordre. Mais quelle mère n'a pas enfanté dans la douleur ?


«Mademoiselle Evans, envoyez un message à tous les membres de la Commission constituante de réflexion sur le programme politique du Parti. Une réunion aura lieu demain afin de finaliser notre projet de réforme constitutionnelle. Je veux que demain soir, la lettre du texte soit aussi fixe que si nous l'avions gravée dans du marbre. J'ai dit.»


Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn