Un silence pesant s’était abattu sur le pont. Les mines étaient graves, quelques yeux écarquillés ne croyaient pas ce qu’affichaient les écrans de bord et même le Commandant, en dépit de son port droit et de l’habitude qu’il avait acquise de masquer ses émotions, avait les lèvres entrouvertes à cause de la stupéfaction aussi soudaine qu’angoissante qu’il avait ressentie. Le vieil homme, enfin, balayait les lieux du regard. Personne ne le remarquait. Il savait pourtant que bientôt tout le monde se retournerait vers lui, lui qui avait l’expérience et qui avait la Force à son côté, pour les tirer de ce mauvais pas. De ce terrible pas.

Les renforts n’arriveraient pas à temps. Le Commandant le savait lui aussi, même s’il n’éteindrait pas les espoirs de l’équipage de l’Eclaircie et du reste de la flotte.

- Le Vigilent a subi de fortes avaries et se retire du combat, annonça un officier d’une voix blanche, même si tout le monde avait déjà compris ce qui s’était produit.
- Commandant ! L’ennemi reprend l’attaque ! Leurs turbolasers lourds semblent armés à pleine puissance !

Le Commandant inspira une grande bouffée d’air comme pour se donner du courage, et croisa le regard du vieillard. Fallait-il répondre, demandait ses yeux ahuris, de longues cernes soulignant le temps qu’il avait dû passer à préparer cette bataille qu’ils perdraient évidemment, maintenant. Mais Saï non plus ne savait guère ce qu’il convenait de faire. Du moins, la question était de savoir s’il fallait louver encore pour limiter les dégâts, alors même qu’ils savaient qu’ils ne gagneraient plus ainsi sans le soutien du Chancelier, ou bien d’affronter l’ennemi en face à face. Au moins auraient-ils l’avantage de la surprise, songea le vieil homme.
Il était certain d’une seule chose : ils ne pouvaient pas battre en retraite.

- Des dizaines de Jedi se battent au sol, déclara-t-il au Commandant, assez fort pour qu’il ne soit pas le seul à l’entendre. Il est hors de question de les abandonner, pour ma part.
- Je comprends, acquiesça l’officier, le visage moins scandalisé qu’auparavant. Nos pilotes et tous nos techniciens savaient dans quoi ils s’engageaient, également. Nous n’abandonnerons pas le Chancelier. Il représente tout ce pourquoi nous portons l’uniforme.

Lui aussi avait parlé suffisamment fort pour être entendu. Les opérateurs, officiers, techniciens et mêmes droïdes présents dans la salle continuaient à vaquer à leurs occupations, mais d’une manière précautionneuse, parfois les membres tremblants, et silencieuse. Ils ne les regardaient pas, mais Saï savaient qu’ils les écoutaient.

- Je n’en doute pas, répondit le vieillard. Si l’armée et les Jedi se sont unis, ce n’est pas pour sacrifier les uns ou les autres avant la fin de la bataille. Nous irons ensemble jusqu’au bout.

Le Commandant opina du chef affirmativement, puis il se tourna vers ses officiers, qui firent semblant de remarquer soudain sa présence. Ils attendaient les ordres.

- Nous allons riposter, annonça-t-il d’une voix forte. La République a ses troupes au sol, et les pilotes déjà perdus aujourd’hui ne méritent pas d’être oubliés aux mains des Sith. Les Jedi sont avec nous, et ils le resteront. Si nous avons une seule et unique chance de réussir ce tour de force, c’est aujourd’hui ! A TOUTES LES UNITES, CONTRE-ATTAQUE ! POUR LA REPUBLIQUE !
- POUR LA REPUBLIQUE ! répondirent en cœur des voix dans l’immense salle, et Saï les gratifia d’un mouvement de la tête pour approuver leur détermination et leur courage à tous.

[Jet d’intelligence pour contre-attaque]

Les vaisseaux se redressèrent pour faire face à l’ennemi et prendre, de plein fouet peut-être, mais peut-être aussi pour rendre au maximum l’énergie destructrice dirigée vers eux. Nul ne pourrait dire qu’ils ne s’étaient pas battus jusqu’au bout ce jour-là.

Dans les vaisseaux, tout le monde avait repris son travail de plus belle, du pilote au technicien qui ne surveillait que des jauges ou resserrait un boulon de temps à autre. L’Evanescent, absorbé par la flotte Républicaine, était doucement retapée, ses boucliers réactivés pour tenter de sauver le bâtiment du feu terrible de la flotte Sith.

[Jet de sagesse pour réparation des boucliers]

* La peste soit de ces maudits républicains ! A croire que la réussite leur sourit toujours quand ils en ont le plus besoin ! * s’ulcère l’arkanien devant la réussite insolente dont fait montre l’adversaire, bien décidé à jouer crânement sa chance jusqu’au bout. Et cette bravoure est tout à son honneur, il faut bien lui reconnaitre au moins ça ! Si la contre-offensive impériale a porté ses fruits et touché sévèrement la première ligne de corvettes, la riposte ne s’est pas fait attendre, répondant du tac au tac sans vergogne. Ajustant leurs tirs avec une précision redoutable, Noval a juste le temps de voir du coin de l’œil plusieurs séries concentrées de déflagrations fondre de concert et heurter le flanc d’un Léviathan, parsemant la zone d’impact d’arcs électriques courant le long de la coque, preuve que ses écrans déflecteurs sont sur le point de céder, et pire, que sa structure est sérieusement malmenée. Et les bilans des avaries de pleuvoir sur la tête du Sith, confirmant ce à quoi il vient d’assister de visu, ne lui offrant aucun moment de répit pour réfléchir sereinement à la situation. A l’avenir, se dit-il, il préfèrera largement n’avoir qu’à défendre sa peau plutôt que de commander l’issue d’une bataille aux issues incertaines et dont le résultat ne dépend pas seulement de ses propres capacités, mais de centaines d’hommes à qui il faut déléguer la majeure partie des responsabilités. Sur le papier, la puissance de feu et le surnombre donne une victoire large à l’armada de l’Empire, sur le terrain, c’est une autre paire de manches !

« Monsieur, le capitaine Broyles nous fait savoir qu’il doit exposer le flanc indemne du Léviathan à la flotte ennemie, le temps que les équipes de maintenance préviennent les risques d’incendies aux ponts inférieurs ! Sans quoi, il risquerait de subir des dégâts irréparables ! »

« Entendu, et dites-lui aussi que si je vois la moindre navette ou nacelle de sauvetage quitter son bord avant la fin des combats, je me ferai un plaisir de donner l’ordre de l’abattre sur le champ, transmettez mot pour mot ! »

[ Jet de sagesse pour rétablissement des systèmes de déflecteurs du Léviathan ]

Comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, voilà qu’un autre officier transcrit oralement et à toute blinde le dernier rapport des techniciens en train d’œuvrer à bord du vaisseau du capitaine Broyles.

« Monsieur, un imprévu ! Les incendies bloquent l’accès aux générateurs de secours, impossible de rétablir l’énergie dans les secteurs concernés ! Il faudrait intervenir de l’extérieur, mais dans ces conditions… Ils ne peuvent que contenir l’ampleur des dégâts ! »

Serrant la mâchoire pour mieux contenir sa rage, le Sith ne peut s’empêcher de taper du poing sur l’une des consoles de bord, laquelle émit quelques bips stridents comme pour supplier qu’on lui fiche la paix. Laissant aller les effluves de Force qu’une colère sourde attise à fleur de peau, Noval ne peut s’empêcher d’hurler ses ordres, faisant se retourner bon nombre d’agents aux alentours :

« Vaille que vaille ! Avancez l’Intimidant en première ligne, droit sur l’ennemi ! Et je vous jure que si nous devons aller jusqu’à laisser notre peau pour les empêcher de passer, c’est ce que nous ferons ! » aboie-t-il sur la passerelle à qui veut bien l'entendre.

[ Jet de sagesse pour Augmentation des capacités Charisme + 2 ]

La voix sarcastique du commodore Poliakof résonne à ses oreilles dans un murmure à peine audible, telle la goutte d'eau qui fait déborder la vase... ou presque :

« Est-ce que je dois faire préparer votre navette ? »

Faisant volte-face, il se borna à un commentaire aussi concis qu’incisif :

« Ne poussez pas trop, commodore, je ne suis pas d’humeur… » le prévient-il en agitant sous son nez un index menaçant. Est-ce son imagination, ou bien l'a-t-il surpris en train de masquer un sourire dans son dos ?!

Vu de l'espace:

La harangue du Commandant de Bord avait mieux fonctionné que ce à quoi Maître Don s’était attendu. Lui-même avait pu y puiser un espoir déterminé. Non, ils ne vaincraient certainement pas, tous le savaient. Les renforts ne pourraient arriver facilement depuis le Noyau –il leur faudrait des heures, peut-être des jours. Mais en dépit de la distance qui les séparait, soudain chacun mettait un point d’honneur à donner tout le meilleur de lui-même pour faire le plus de mal possible aux Sith. Histoire que les suivants aient une chance face à l’armée de la Dame Noire…

Un instant, le vieillard se demanda comment se débrouillaient les troupes au sol, mais finit par écarter cette question délicate de son esprit. Penser au danger que Luke courait –et auquel il ne pouvait rien- affaiblissait sa détermination. Par ailleurs, il ne servait à rien d’y penser maintenant : au mieux, il avait l’espoir que les Jedi l’emportent au sol, au pire, il y avait l’espoir qu’il les retrouve en étant lui-même un prisonnier des Sith, parmi eux. Dans tous les cas, il n’était pas mort, et son padawan non plus.

- Le croiseur ennemi endommagé passe au-devant, constata la voix d’un officier qui tira Saï de sa réflexion.
- Parfait, commenta le Commandant de bord. S’ils commencent à faire des sacrifices, c’est que nous les mettons à mal.

Le vieux Maître acquiesça en silence. La stratégie des Sith ne l’étonnait guère –abandonner les plus faibles qui ne pouvaient être sauvés pour se protéger soi-même. Malheureusement, c’était une stratégie qui avait déjà souvent montré son efficacité.
Le Commandant planta son regard dans les yeux bleus du Jedi. L’officier ne semblait plus connaître aucun doute.

- Je pense qu’il convient d’attaquer, Maître.
- Vous avez raison, il faut profiter un maximum du mental que nos hommes ont acquis grâce à cette petite revanche.

[Jet d’intelligence pour attaque]

Et tandis que le Commandant se retournait pour lancer ses ordres de sa manière sèche qui devenait coutumière à l’oreille du vieil homme, ce dernier en profita pour rejoindre l’officier qui recevait les rapports d’état des vaisseaux de la flotte.

- Où en sont les réparations de l’Evanescent ?
- En bonne voie, Maître. Ce sont les corvettes de front qui sont le plus en danger maintenant.
- Peuvent-elles permuter leur position ? Ou cela prendrait-il trop de temps ?
- Une procédure d’attaque est en cours, expliqua-t-il avec un geste de la main. Mais je peux leur demander de permuter dès le prochain déchargement de turbolasers.
- Faites cela.

[Jet de sagesse pour réorganisation]

Certes, c’était lâcher un peu la bride aux officiers qui n’avaient pas pour habitude de suggérer à l’oreille des Commandants au beau milieu d’un conflit de cette ampleur. Mais Saï avait confiance en leur expérience et leur formation ; d’autant plus que si la manœuvre fonctionnait, cette rangée d’officiers aurait la sensation d’avoir le contrôle sur leur propre sort… Et donc de ne pas se laisser aller facilement à la résignation.

Mais ce n’était que des théories, et rien n’était gagné…

[ HRP : pour info, même si ce n'est qu'un détail, le vaisseau passant à l'avant de la formation impériale est l'Intimidant, et non celui qui a déjà été touché par la flotte républicaine, mais bon, ça n'a plus vraiment d'importance. ]

Comme pour saluer le détachement soudain de l’Intimidant aux premières loges de l’affrontement, la flotte ennemie, toujours aussi prompte à réagir au moindre changement de tactique, assène au Centurion une vague de tirs parfaitement orchestrée. Par chance, si la majeure partie d’entre eux vient percuter la proue du croiseur, affaiblissant ses boucliers, les autres ne font qu’effleurer l’objectif suite à une manœuvre improvisée de louvoiement ayant pour effet de décaler suffisamment l’axe de tangage du navire, échappant ainsi à un pilonnage en règle. Malgré cela, le vaisseau de commandement est dans l’incapacité de riposter, aucune ligne de mire n’étant dégagée pour le moment. Sur le pont, le Sith ne peut s’empêcher de penser à la présence du maitre Jedi Don dont la présence doit jouer pour beaucoup dans l’opportunisme et la réussite couronnant les assauts républicains. Dommage, trouve-t-il, que leurs routes se croisent en de telles circonstances, il aurait aimé avoir le privilège d’échanger quelques points de vue avec cet homme, quitte à prendre le risque de se faire éclabousser par sa notoriété…

[ Jet de sagesse pour défense ]

Les officiers de navigation peuvent se féliciter d’avoir anticipé l’initiative de l’adversaire, même si cette performance ne change pas grand-chose au constat plutôt accablant : les vaisseaux de la République, non seulement ne souffrent d’aucun dégâts sérieux, mais parviennent à tenir la dragée haute à la ligne de front impériale, martelant et défiant ses navires pour mieux les inciter à rompre leur formation. Comme quoi, dans l’espace comme sur terre, le nombre ne fait pas forcément la force, même si elle y contribue. Quoi qu’il en soit, le blocus d’Artorias n’est pas encore ébréché, et tant qu’aucune nouvelle de la flotte de la Dame Noire ne parvient aux oreilles d’Araya ou du commodore Poliakof, l’ordre de barrer l’accès aux forces de soutien prévaut toujours, peu importe les pertes qu’ils auraient à subir… Drôle de jeu que voilà, assurément… Observant sans broncher la valse des officiers œuvrant à la tâche dans les différentes fosses, Araya doit bien avouer qu'il n'a rien à reprocher à ces hommes qui montrent une motivation et un sérieux sans faille. Si jamais il fallait désigner un responsable à l'échec partiel de cette campagne militaire, il va sans dire qu'il prendrait les devants sans hésiter une seule seconde.

[ Jet de sagesse pour recharge des boucliers ]

L’ennemi repartait dans sa première stratégie : ne prendre aucun risque. Si de fait la République reprenait la main sur l’offensive, cela pouvait autant signifier qu’on la laissait agir sans crainte, mais aussi que les Sith ne pouvaient guère répondre à leurs attaques. Malheureusement, avec la chute du Vigilent, Saï craignait que ce ne fut plutôt la première hypothèse la plus vraisemblable… Maintenant, songeait-il, il ne leur restait plus qu’à espérer pouvoir profiter de la trop grande confiance des Sith en leur force.

- Stratégie d’attaque réussie, l’ennemi encaisse, Commandant ! Mais les dégâts sont limités. Evalués à 13% des boucliers de l’Interdictor touché par nos tirs.
- Bien, réitérez !
- A toutes les unités, poursuite de l’attaque engagée ! Acculez l’ennemi !

[Jet d’intelligence pour attaque sur la flotte Sith]

Le Maître Jedi leur laissait les commandes. Les officiers savaient ce qu’ils faisaient, désormais. Ils avaient dû jouer mille fois ce scénario en simulation. Malheureusement, les Sith aussi devaient connaître cette situation par cœur. Et Saï n’avait plus d’idée pour les surprendre…
Du coin de l’œil, il surveillait sur les écrans l’avancée de l’autre partie de la flotte Sith, celle qui avait abattu le Vigilent. Le rapprochement de celle-ci ne lui disait rien qui vaille…

- Nos collègues du Vigilent les ont bien amochés, commenta le Commandant de Bord comme s’il avait lu ses interrogations dans son regard. Plus que ce que nous avons fait à ceux-là.
- Nous avons quelques chances, vous savez. Maigres, mais il faut faire en sorte de tenter le tout pour le tout, désormais.
- Je le sais. Et mes hommes le savent aussi.
- Comment se passe l’attaque ?

L’officier se retourna vers les opérateurs, mais ne répondit pas. Il laissait le Jedi juger par lui-même. Tout ce que l’on pouvait voir, c’était le zèle des hommes à bord de l’Eclaircie. Des écrans suspendus autour d’eux, Saï retenait surtout que les chasseurs avaient été durement malmenés par les chasseurs ennemis. Et dire qu’il y avait des padawans parmi eux…

- Les chasseurs sous le commandement de Chancelier Arnor ont rejoint notre formation, informa un officier, et le Commandant acquiesça la nouvelle avec un soupir imperceptible.
- Que les autres appareils de la formation Mère suivent, fit-il avant d’ajouter à voix basse : s’il en reste.

Il restait deux corvettes. Rescapés d’un naufrage spatial. Les pauvres n’étaient pas encore sortis de la bataille malgré ce qu’ils venaient d’essuyer.

- Qu’ils nous transmettent toutes leurs analyses de l’état et de la stratégie de l’ennemi qu’ils ont combattu, ajouta Saï.
- Bien, Maître.

Le temps de repos de ces deux bâtiments serait courts, assurément.

[Jet de sagesse pour recharge des boucliers]

Spoiler:

[ Jet de sagesse pour défense ]

Apocalyptique… Il n’y a pas d’autre mot plus à même de décrire la situation critique dans laquelle l’un des trois Léviathans vient de plonger, en l’espace de quelques secondes. Combien y a-t-il de probabilités pour qu’un tel scénario se produise ? Probablement zéro et des poussières, et pourtant, c’est bien ce qui venait d'arriver, sous les yeux éberlués de tous les membres d’équipage présents sur la passerelle de l’Intimidant à ce moment-là, y compris ceux du Sith, qui ne peut s’empêcher de s’approcher de la baie pour assister à une série d’explosions jaillissant des quatre coins de la coque du croiseur, émiettant sa surface, lequel dévie de sa trajectoire en piquant soudainement du nez, comme un colosse s’affaissant lentement suite à un coup de grâce dévastateur. Ne cédant pas à la panique malgré le tumulte grondant qui envahit le pont de commandement, l’un des officiers de la tactique dresse un diagnostic de ce qui venait de se passer. Est-ce qu’il n’aurait pas mieux fait de se taire, telle est la question…

« L’ennemi est parvenu à concentrer sa puissance de feu en un seul point, pile sur l’emplacement des générateurs de puits gravifiques, la destruction de l’un d’eux a déclenché une réaction en chaine ! Réacteurs subliminiques HS ! Systèmes d’armements HS ! Déflecteurs HS ! Communications… HS également ! L’intégrité physique du croiseur est gravement compromise ! »

« Pour résumer, le Léviathan du commandant Broyles ne sert plus à rien... » renchérit le commodore Poliakof, l'air à la fois grave et serein, qui vient de se porter à la hauteur de l’officier. « Autant qu’ils abandonnent le navire dans les plus brefs délais tant qu’ils le peuvent encore, tarder davantage reviendrait à courir le risque qu’ils ne puissent plus accéder au pont d’envol... » dit-il sans prêter la moindre attention au Sith, s’occupant déjà de passer ses consignes en pianotant sur une console de commande. Un maillon du filet tendu par les impériaux vient de sauter, remplacé par la venue du Centurion qui vient se positionner à quelques encablures du Léviathan en perdition. Cà et là, on peut voir des capsules de sauvetage et des navettes s’échapper de son bord, avant que sa carcasse ne sombre définitivement, chutant à la verticale pour finir par désagréger morceau par morceau. Touché coulé…

[ Jet de sagesse pour recharge des boucliers ]

Et brusquement, aussi inattendus qu’une source d’eau au milieu des dunes de Tatooïne, des cris de victoire. Pour la République ! criait-on depuis le pont de l’Eclaircie, On l’a eu ! On les tient ! entendait-on dans les radios provenant des corvettes. Et effectivement, le croiseur placé au front de la flotte Sith tombait, comme au ralenti. On aurait dit un oiseau de feu englouti par des sables mouvants invisibles. Bientôt, il brûlerait une partie de sa carlingue au contact de l’atmosphère d’Artorias. Même le vieux Jedi sourit, conscient pourtant des dégâts que pourrait provoquer le bâtiment lors de sa chute sur la planète déjà bien amochée. Il croisa le regard du Commandant de bord, dont les yeux étaient emplis de fierté. Mais ce dernier ne perdait pas de vue que le combat était loin d’être terminé. Simplement, ils résisteraient un peu plus longtemps.

- Je veux un rapport sur la réaction de l’ennemi ! cria-t-il à la volée pour maintenir ses officiers concentrés malgré la jubilation qui régnait autour d’eux. Réarmez les canons et augmentez la capacité de nos boucliers, nous n’allons pas les laisser s’en tirer comme ça !
- Oui Commandant ! crièrent deux voix en chœur avant de se replonger dans l’étude de la formation ennemie.

[Jet de sagesse pour recharge des boucliers]

Saï s’inquiétait tout de même, quant à lui, de la partie de la flotte Sith qui avait abattue les bâtiments d’Halussius et qui désormais, se dirigeait gravement vers eux. Il n’avait toujours pas spécialement d’information à son sujet, si ce n’est que désormais, elle était la pièce maîtresse des Sith, car la partie qu’ils avaient devant eux était en train de s’émietter. Le vieux Jedi s’étonnait qu’il n’y ait pas plus d’évasion que cela après un tel coup : depuis quand les membres du côté obscur étaient-ils si unis ? A moins qu’ils ne soient persuadés de leur victoire, malgré la résistance qu’offrait la République ? Ou alors, ils pensaient tout comme lui qu’ils avaient surtout joué de chance jusqu’à ce moment, et que peut-être cela ne pourrait durer longtemps… Que devaient-ils faire alors ? Mais ils n’avaient guère de choix, en réalité…

- Nous poursuivons l’offensive, affirma le vieillard à la question silencieuse du Commandant de bord.
- Bien, Maître. Nous avons récupéré les corvettes qui étaient sous le commandement du Chancelier Suprême Arnor. Ils ont décrit leur ennemi comme… Très téméraire. Ils ont pris des risques et ont envoyé de gros armements dès les premiers contacts.
- Merci, Commandant.

Cette flotte avait donc d’autres objectifs. Là où leur premier ennemi se contentait de jouer les barrières inébranlables, ces Sith-là risquaient de vouloir les écraser le plus rapidement possible. Pourquoi des rôles différents ? se demandait le Jedi. Parce qu’écraser le Chancelier était une priorité qui devait se voir et ne pas être voilée par des évènements extérieurs ? Peut-être. Les Sith aimaient la mise en scène. Mais désormais, c’était leurs bâtiments qui seraient bientôt pris en étau, et tous les dégâts infligés à l’ennemi ici présent n’aurait peut-être servi à rien.

- Il nous faut rapidement asseoir notre position dominante sur ce côté d’Artorias, déclara le vieux Maître avec détermination. Ne perdons pas de temps, débarrassons-nous de cette flotte au plus vite pour pouvoir nous concentrer sur la seconde vague.
- A toutes les unités, nous reprenons l’offensive ! Croiseurs Sith en première cible, messieurs !

[Jet d’intelligence pour attaque sur la flotte Sith]

Ils allaient voir, désormais, si la Force resterait de leur côté jusqu'à la fin de la bataille.

La perte précipitée de l’un des bâtiments fleurons de la flotte impériale vient de changer passablement la donne stratégique de la bataille. Même si l’Intimidant se joint à la formation pour se placer au-devant de la bataille, tâchant de combler le manque laissé par la chute du Léviathan, la puissance de feu de la ligne de front n’en reste pas moins affaiblie. La chasse, quant à elle, parvient à maintenir un équilibre précaire, comptant de nombreuses pertes, mais parvient à tenir éloignés les appareils ennemis qui tentent régulièrement de décrocher de l’affrontement direct pour se rapprocher des bâtiments adverses. Déjà, les mesures de réaffectation viennent d’être envoyées aux escadrilles concernées pour que les pilotes sachent, le cas échéant, dans quel bâtiment ils pourraient accoster en cas de retraite anticipée. De leurs côtés, les corvettes d’escorte tiennent toujours le coup, mais plus pour longtemps : sans réel soutien depuis le début des opérations, les voilà prises au piège des innombrables escarmouches que se livrent les chasseurs des deux camps dans une lutte acharnée, tentant malgré tout de manœuvrer pour s’en dégager, sans succès. Il y a fort à craindre qu'elles ne soient condamnées à soit trouver une échappatoire, soit tenir le coup envers et contre le harcèlement subi en dents de scie...

Dans l’espoir de rendre la monnaie de leur pièce à ces chiens de républicains, le commodore Poliakof prend les devants et supervise la coordination des officiers de chaque navire de ligne de main de maitre, de sorte que tous disposent de solutions de tir communes et acceptables, quitte à attendre la moment propice pour passer à l’offensive. Même si le Sith avait pris la peine de passer en revue les archives les plus récentes concernant les configurations et les tactiques de combat spatial des vaisseaux capitaux, force est de constater que son expertise et sa capacité à apprécier la situation ne tient pas la comparaison à côté des compétences de l’officier commandant, dont les galons ne sont pas là pour la parade, indubitablement. Après tout, sa présence à bord ne se justifie-t-elle pas par le seul fait d'appliquer les consignes de la Dame Noire à la lettre ? Sûrement que si, au final, sauf que l'éventualité de passer l'arme à gauche aussi vite que le Léviathan du capitaine Broyles avait été détruit commence à lui effleurer l'esprit.

[ Jet de sagesse pour redéploiement tactique et jet d'intelligence pour contre-attaque ]

L’énergie du désespoir ? Difficile de comprendre comment les Sith avaient trouvé la fougue de répondre à l’offensive de la République après le terrible assaut qu’ils avaient essuyé. Un bâtiment entier était perdu et pourtant, ils se battaient toujours avec détermination –et c’étaient eux qui encaissaient, de nouveau.

- Corvette B52 a perdu 56% de ses boucliers, Commandant !
- Retrait ! Retrait des corvettes du front, faites repasser les chasseurs en nuées pour désorienter l’ennemi pendant la manœuvre !

[Jet de sagesse pour réorganisation]

Saï, comme le Commandant et tous les officiers à bord de l’Eclaircie, s’accrochait mentalement pour ne pas succomber aux effets du terrible ascenseur émotionnel qu’ils vivaient ici. Le dessus sur les Sith, puis la perte du Vigilent puis leur victoire sur le croiseur Sith et maintenant, ils perdaient de nouveau le contrôle. La Force les aidait puis, au moment même où ils se sentaient en confiance, les refaisait plonger dans la terrible rudesse de la réalité de la guerre : la violence et la mort.

Soudain, le Commandant de Bord, penché sur un officier dont il écoutait le rapport, se redressa brusquement. Il se tourna vers le Jedi et accourut pour le rejoindre.

- Maître, les renforts partent de Coruscant, annonça-t-il d’une voix grave.

Seulement ? Il leur faudrait plusieurs heures pour venir ! Dans quel état seraient-ils alors ?! Et qui savait si les Sith n’allaient pas eux-mêmes faire venir des renforts ? En même temps, il était déjà difficile de concevoir comment ils avaient pu, à leur insu, préparer une telle armée. Le vieil homme sera les poings imperceptiblement, et ses lèvres se pincèrent tandis qu’il parlait.

- Nous n’avons guère le choix, Commandant. Il nous faudra résister jusque là.
- J’ai bien peur que la seconde partie de la flotte Sith rende l’exercice difficile…
- Oui. Difficile, mais pas impossible, Commandant. Pas impossible…

La victoire leur paraissait si loin, maintenant. Deux perspectives semblaient plausibles : l’échec, ou la résistance pour une survie précaire et qui, de toutes manières, ne sauverait pas Artorias. C’était plutôt une question d’honneur, désormais.

- A toutes les unités ! Nous ne nous laisserons pas abattre, reprenez l’offensive ! s’exclama le Commandant de Bord avec hargne.

[Jet d’intelligence pour attaque]

Spoiler:

[ Jet d'intelligence pour contre-attaque ]

A la barre, le commodore Poliakof affiche une mine contrite et révulsée d’une fureur sourde, et ne cesse de vomir ses ordres à la pelle, faisant tempêter sa voix comme on fait claquer un fouet sur le dos meurtris d’esclaves pour les motiver à la tâche. La comparaison avec un chef d’orchestre fonctionne aussi, menant ses troupes à la baguette afin que celles-ci lui répondent au doigt et à l’œil. Sauf qu’à force de cumuler les fausses notes, à mesure que les accords dissonants du morceau joué s’enchainent sans prévenir comme autant de couacs grinçants, cette mélodie ne va pas tarder à sonner aux oreilles du Sith tel un requiem augurant le pire. Même si les écrans déflecteurs tiennent encore le coup, il est clair que leur coefficient de recharge ne pourra pas palier à leur diminution dramatique. Car voilà que l’Intimidant lui-même se retrouve à son tour sous le feu nourri des croiseurs républicains ! A croire qu’ils parviennent à avoir un coup d’avance, allant toujours au-devant des manœuvres impériales pour mieux les prendre à la gorge. D’un coup d’un seul, de brèves secousses suivies d’un grondement se font entendre sur la passerelle, alors que des explosions s’étendent de la proue à la poupe du bâtiment de classe Centurion. Le bilan détaillé des avaries tombe comme un couperet :

[ Jet de sagesse pour rétablissement des systèmes de déflecteurs du Léviathan ]

« Les générateurs de boucliers sont en surcharge, impossible de les faire fonctionner à pleine cadence ! Systèmes de survie fortement compromis, selon les rapports des techniciens ! Percées dans la structure au niveau B-9 et G-11, commodore, dépressurisation des secteurs S7 et S12 en cours ! Les ordinateurs estiment… » tente de poursuivre l’officier commandant en second, avant d’être coupé net dans son élan.

« Au diable, leurs estimations ! » vocifère le commodore. « Dussè-je y laisser ma peau et celle de mon équipage, mais je ne les laisserai pas approcher d’un seul klick de plus ! Ordre à la flotte, feu de barrage sur les croiseurs ennemis ! Nous ouvrirons la marche vers la victoire, même si nous devons être les premiers à tomber ! »

« Vous avez déjà oublié le sort funeste du capitaine Broyles, commodore ? » lança avec ironie le Sith d’une voix étouffée.

« Ne poussez pas trop, je ne suis pas d’humeur… » lui répond-il du tac au tac, avec le même air d’agacement qu’Araya avait montré quand il prononça ces mots, il y a quelques minutes à peine.

Vu de l'espace: