Saï Don
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Coruscant. Encore.

Sous prétexte d’une visite au Temple Jedi de la Capitale-Monde, prêt à être prochainement réaménagé, Saï avait fait un tout petit détour. Solstice, ou plutôt Sally, comme elle s’était faite appeler, résidait depuis peu de temps non loin du Sénat Galactique. Le vieil homme avait profité de l’occasion –son padawan était occupé avec le Chancelier Arnor- pour s’éclipser dans les quartiers résidentiels. Une fois n’était pas coutume, il avait revêtu une bure sombre et dissimulé son visage sous une ample capuche… Il n’était pas question que quelqu’un signale que le vieux Maître était passé par là. A cause des holonews, en plus, même un simple civil pouvait reconnaître son visage… Mais il s’appliqua.

Elle avait laissé son adresse, à lui seulement. Saï ne savait pas très bien pourquoi, si ce n’était que c’était lui qui avait conseillé à l’Ombre de repartir sur le terrain, de reprendre la vie sur de nouvelles bases. Suite à quoi elle avait rencontré quelques importants personnages politiques en se faisant passer pour une compétente assistante. Il n’y avait pas de raison particulière, à la base, pour que le vieil homme s’amuse à mettre en péril la mission de Solstice ; mais la Force faisait parfois si puissamment entendre sa voix que cette fois, Saï avait dû déroger à sa règle –le devoir était ordinairement prioritaire.
Mais il avait eu des visions. Cauchemardesques, plusieurs nuits consécutives. Etait-ce parce qu’il s’était tant inquiété de voir son ancienne padawan si malheureuse suite au décès de Vigrania ? Ou bien la Force essayait-elle de lui transmettre un message ? Comme si de loin, il pressentait quelque chose de terrible était en train de se produire ?

Bref, puisqu’il était sur Coruscant, il avait manœuvré pour en avoir le cœur net. Et lorsqu’il parvint devant la porte métallique de l’appartement de Solstice, il fut fixé. Avant même de presser le bouton d’ouverture –qui répondit par un grésillement plaintif- il savait que son pressentiment n’avait pas été injustifié.
Le vieil homme respira calmement pour garder son sang-froid, et vérifia que personne ne l’observait dans le couloir avant de sortir le manche de son sabre. Il ne sentait aucune présence dans l’appartement, mais mieux valait être prudent.
Il dut insister plusieurs fois sur le boîtier d’ouverture de la porte pour que celui-ci, défectueux, cracha quelques bips sonores avant que le panneau métallique ne se soulève –seulement d’un tiers. Quelqu’un devait avoir volontairement détruit le système, songea le vieillard. Et, après une nouvelle vérification autour de lui, il s’accroupit pour passer dans l’interstice entre la porte et le sol.

A l’intérieur, cette fois, le doute n’était plus permis. Les meubles étaient renversés, les parois de métal portaient des traces de brûlures de sabre laser et quelques gouttes de sang avaient séché sur le sol. Sans compter les livres éparpillés, un datapad dont l’écran était fissuré, des morceaux de verre brisés qui craquèrent sous la botte du vieux Maître. Sabre toujours en main, le vieillard passa d’une pièce à l’autre d’un pas plus que lent.
Mais il n’y avait plus personne à l’intérieur. Même mort. Si Sol avait été attaquée, soit elle avait vaincu et s’était débarrassé du corps, soit elle avait été faite prisonnière.
Instantanément, une vingtaine de scénarios possibles se construisirent dans son esprit –des représailles de son ancien job, un désir d’élimination d’une rivale au Sénat, un Sith traquant les Ombres pour leur faire payer les exécutions dont ils étaient les auteurs… Bref, il y avait bien des raisons pour lesquelles quelqu’un aurait pu vouloir s’en prendre à Solstice…

Saï sentait battre son vieux cœur dans sa poitrine. Les Ombres étaient anonymes, on évitait les contacts avec le Temple pour ne pas compromettre leur couverture… Au point de ne pas savoir, parfois, qu’ils n’étaient plus de ce monde. Pour cette raison, le vieil homme ne pouvait lancer d’enquête sur elle. Non, seuls certains membres du Conseil savaient où étaient les Ombres, et pourquoi. Il était forcé de conserver l’information pour lui seul. Le devoir exigeait même qu’il se refusât à chercher à la retrouver, parce que si Solstice s’en sortait seule, elle pourrait peut-être récupérer sa couverture.

Pourtant, le vieillard ne savait pas s’il pourrait supporter de garder le silence et de ne rien faire. L’attente.

Lorsque ses yeux se posèrent sur une mèche de cheveux bruns tombés au sol avec un filet de sang, il sut qu’il serait en effet incapable de repartir comme si de rien n’était.

Le vieillard détacha ses yeux de la vision qui avait comme fait disparaître ses entrailles et se retourna vers l’entrée. Et c’est alors qu’il le vit, presque par inadvertance, le petit boîtier d’holo-enregistrement sur la commode…



Spoiler:
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Saï avait pensé à emporter le petit objet et déguerpir d’ici avant qu’on ne l’y trouve, mais il avait changé d’avis : si le ou les agresseurs revenaient sur les lieux du crime et qu’ils trouvaient un objet manquant, ils se douteraient que quelqu’un était passé par ici. Mieux valait leur laisser croire qu’ils avaient agi en toute discrétion…
Alors le vieil homme prit délicatement l’appareil électronique et l’alluma. Un faible bip sonore retentit, alertant que la batterie était trop basse pour réaliser de nouveaux enregistrements. Il fallait espérer, dans ce cas, qu’il y ait encore assez gardé d’énergie pour lire les dernières entrées… Oui. Les sons étaient faibles mais le visage de Sally était brièvement apparu puis avait laissé le champ de visibilité à un coin de son appartement encore en parfait état.

Le vieillard s’accroupit et tendit l’oreille attentivement…


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Le cœur de Saï battait à tout rompre –il lui semblait même en entendre l’écho près de ses tympans, comme une cadence qui décomptait minutieusement le temps qui s’écoulait, à toute blinde, depuis que Solstice s’était battue dans son appartement.

L’holoenregistrement se coupait net, à un moment critique du combat. A priori, il lui semblait que son ancienne padawan avait le dessus sur le Zélosien… Mais cette voix étrange, indescriptiblement enjouée, il l’aurait reconnu entre mille : c’était celle du clown qui avait fait son show, explosif et sanglant, sur Coruscant. Il y avait assisté avec Mat’, quelques mois auparavant… Mais malgré sa tentative désespérée, il n’était pas parvenu à arrêter le dangereux criminel… Et il s’était évaporé dans la foule. Pourquoi, alors même que Saï n’était pas sûr de pouvoir remporter la victoire, le clown s’était enfui ? S’il tuait facilement des innocents, pourquoi pas un vieux Jedi…

Mais la plus grande question était la suivante : Pourquoi diable l’avait-elle emmené chez elle ! Certes, elle avait évoqué une dette… envers le Maître de ce Hunluan Mellicendre... Un ex-Jedi donc, encore une fois ? Ce nom semblait être si lointain dans sa mémoire… Le padawan de Maître Altarios, aux dires de Solstice.

C’était l’étrangeté de cette situation, mais aussi parce qu’il avait vu de ses propres yeux la violence dont était capable le clown, que le vieillard craignait que même si en apparence, Solstice et son double avaient eu l’air d’avoir le dessus sur l’enregistrement, sa padawan eut été terrassée. Sinon, pourquoi ne serait-elle plus chez elle ?

Saï tint un moment encore le petit appareil entre ses doigts, le faisant tourner sur lui-même comme s’il avait pu dissimuler autre chose… Un nouveau bip sonore se fit entendre –il allait bientôt s’éteindre. Une dernière chose avant qu’il ne rende l’âme… Le vieux Maître regarda une nouvelle fois la scène, attentivement, pour en mémoriser les moindres détails. Vieille mémoire… Mais entraînée. Il ne se souviendrait pas de tout sur commande, mais il faisait confiance à ses neurones –usés certes, mais expérimentés- pour lui ressortir le détail approprié au moment où il en aurait besoin, si nécessaire.

Puis, il effaça toutes les données. Remis l’appareil tel qu’il l’avait trouvé, et se dirigea vers la sortie. Une fois dehors, il bidouilla un peu la commande d’entrée pour refermer la porte. Ni vu, ni connu…

De nouveau caché sous sa capuche, il quitta les lieux silencieusement et à pas rapide. Dans sa tête, il entendait encore la voix de Solstice. Ce rire… n’effrayera jamais une Ombre…

Hé bien il l’effrayait, lui, Maître du Conseil.
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