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Palais de la Reine Emalia, Iziz, planète républicaine d'Ondéron


Un rayon de soleil illuminait d'une lumière dorée l'écrin de verdure idyllique qui jouxtait les appartements privés de la royale dirigeante. Jouissant d'une vue excellente sur le jardin depuis le petit salon privé où sa nourrice togruta l'avait installé pour qu'elle puisse jouer en toute tranquillité, la très jeune princesse Milésya suivait avidement un papillon multicolore du regard.
Elle rêvassa quelques instants, avant de s'asseoir sur les coussins préparés à son attention, au milieu d'une flaque de soleil, se saisissant de ses poupées pour les faire vivre dans un univers dont elle seule avait la clef, avant de s'allonger sur le sol avec un soupir d'ennui.

Milésya, de la maison Kira par sa noble mère, n'avait pas du tout l'habitude de se trouver seule dans une pièce. Constamment entourée par ses nourrices qui se relayaient en permanence auprès d'elle, par ses précepteurs dont la tâche était d'éveiller au maximum son intelligence, se retrouver isolée dans une pièce - même fut-elle ouverte sur le grand bureau de la reine - lui semblait pénible. Incompréhensible, même, car qu'avait-elle bien pu faire de mal pour que ses trois nourrices et ses deux précepteurs soient tous réunis avec Mère ?
L'enfant se mit à réfléchir d'un air boudeur, avant de se remettre à sourire. Elle n'avait rien fait de mal, elle était parfaite. Mère lui avait d'ailleurs dit tout à l'heure, et puis qu'elle était jolie comme un cœur avec sa robe rose et blanche, avec le nœud assorti dans les cheveux... un cri furieux de la voix familière lui fit tourner la tête. Filtrant malgré le voile censé atténuer les bruits, il intimida d'abord la petite princesse, avant qu'elle ne s'approche à petits pas curieux, désireuse subitement de se rapprocher des adultes pour tout entendre.

- "Vous n'êtes qu'une bande d'incapables !! Vous n'êtes pas dignes de vous occuper de ma fille !"

Derrière le rideau de soie, ladite fillette écarquilla les yeux, surprise. Pourquoi les adultes se disputaient-ils ? Elle n'arrivait pas à entendre la réponses de ses gardiens, et elle tapa doucement du pied de frustration. Pourquoi sa mère devait-elle se mettre en colère ? Ammeline, de deux ans son ainée, disait toujours que c'étaient les garçons qui grondaient les domestiques. Que les papas devaient protéger les petites filles, même si c'étaient les femmes les plus fortes. La chose n'était pas très claire, sauf une seule : même si Mère était très forte, et redoutable, et surtout qu'elle avait toujours raison, ce n'était pas bien que ce soit mère qui fasse la colère devant ses nourrices et ses précepteurs.

Mais que faire ? Elle n'avait pas de papa, elle. Les yeux sombres de Milésya s'illuminèrent soudainement, sous l'inspiration d'une idée subite. Avec vivacité, elle courut à ses poupées, coupa les cheveux de la première avec des ciseaux posés sur la table basse pour qu'elle fasse du bricolage, coupa sa robe en deux et, enfin, essaya de nouer les deux bouts entre les jambes pour lui faire un pantalon. Puis satisfaite de l'aspect général de sa poupée devenue garçon, elle se dirigea à pas assurés vers l'immense bureau couvert de dorures de Mère.
L'héritière de cinq ans eut néanmoins une seconde d'hésitation en traversant la porte ; mais désormais, il fallait aller jusqu'au bout. Elle était bientôt la reine après tout ! D'un pas vif, sa petite silhouette s'avança avec fermeté au milieu de la pièce, tandis que les adultes, qui ne l'avaient toujours pas vu, continuaient qui de pleurnicher, qui de vociférer que des incapables profitaient de sa bonté.

Milésya inspira profondément, puis avança sa poupée vers eux de manière à la tenir à bout de bras. Et de crier de sa petite voix haut perchée :

- "LE PAPA DE MILESYA VOUS ORDONNE DE VOUS ARRETER TOUT DE SUITE ! OU IL VA ... VOUS GRONDER ! PAPA EST LA POUR FAIRE RESPECTER ..."

Respecter quoi ? Ah oui.

- "RESPECTER MILESYA ! Et Mère, aussi."

L'enfant se tut devant le silence interloqué des adultes qui se contentaient de la regarder, surpris au-delà des mots. Elle avait bien fait, n'est-ce pas ? Posément, un peu timidement devant le regard plus dur de sa royale maman, la petite fille baissa sa poupée et commença à se dandiner sur ses souliers vernis.
Emalia Kira
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Le palais était spacieux, tant et si bien que l'on avait attribué à Milésya une grande chambre, une salle de bain rien que pour elle ainsi que deux pièces pour apprendre et jouer. Et puis, l'accès était facilité pour ses domestiques personnels qui, régulièrement, étaient convoqués dans le bureau de la Reine à deux couloirs à peine de la pièce où l'on avait laissé l'enfant avec la consigne de se tenir tranquille. Toujours la même, dont les nourrices se rongeaient parfois les sangs en espérant qu'elle fut respectée. Car bien sûr, l'on punissait rarement Milésya pour ses bêtises, mais plus souvent les domestiques qui l'entouraient pour n'avoir pas su l'empêcher et l'éduquer pour que cela n'arrivât pas.

Mais les bêtises arrivaient souvent, en ce moment. Or, la Princesse avait atteint ses cinq ans, âge que la Reine considérait comme suffisamment important pour que la petite commence à bien se tenir. SURTOUT quand il y avait du public autour d'elle. Mais les domestiques eux-mêmes ne montraient guère l'exemple : ils étaient frivoles, deux d'entre eux avaient vécu une amourette qui les avait poussés à délaisser un peu la petite fille pour se retrouver en tête à tête et en général, Milésya finissait toujours par échapper à leur attention. C'était tout simplement intolérable, et c'était la raison de la remise de points sur les « i » qui se déroulaient actuellement dans le bureau de la Reine.

Cette dernière faisait les cent pas d'un pas furieux dans son bureau, alors que les serviteurs se tenaient quoi, les yeux baissés au sol. Ils avaient l'habitude, mais ils avaient peur tout de même. Un de ces jours, pensaient-ils, ce serait leur tour d'être viré. Ou de leur camarade. Travailler pour la cour d'Ondéron, c'était bien sur un curriculum vitae, mais si l'on avait été viré, il n'était pas si facile que ça de retrouver du travail. 

- C'est la TROISIEME fois en UNE SEULE semaine que la Princesse échappe à votre surveillance ! Un beau jour, il lui arrivera malheur, et je saurai qui en sera le responsable !
tonna la Reine en serrant les poings, le visage rouge. Allons donc ! Vous êtes tout de même suffisamment nombreux pour pouvoir vous occuper d'une PETITE FILLE de CINQ ANS, tout de même !

Trois nourrices, un précepteur et deux domestiques supplémentaires pour s'occuper de la paperasse, du ménage et et de tous les imprévus possibles et inimaginables. Que faudrait-il qu'elle ajoute encore, des gardiens de prison ?
La Reine allait se rasseoir en envisageant sérieusement d'embaucher plus de personnel, mais elle se figea lorsqu'elle se rendit compte qu'au milieu des domestiques était apparue une poupée peu féminine tenue par dix tout petits doigts. La voix flutée de Milésya s'éleva, et la Reine prit sa tête entre les mains. Des serviteurs, aucun n'osa moufeter. Le silence resta comme suspendu, jusqu'à ce qu'apparut derrière la poupée le petit visage curieux de la Princesse.
Emalia soupira en voyant sa fille. Elle ne tenait pas en place, c'était évident. Il y avait peut-être de cela, aussi, dans le fait que les serviteurs n'arrivaient pas à la suivre convenablement. Elle avait bien essayé de sévir, mais ça n'avait pas fonctionné, car la petite faisait de terribles crises à force d'émotion.

- Milésya,
dit calmement mais un peu froidement la Reine, car elle luttait pour contenir sa colère. Combien de fois ne t'ai-je pas dit d'entrer dans ce bureau sans autorisation ?

Mais en réalité, elle ne savait pas vraiment quoi lui dire. La petite fille avait fait intervenir son père. Cet homme dont un conseiller lui avait dit qu'il aurait dû être présent dans l'éducation de l'enfant pour qu'elle soit équilibrée, même de manière épisodique. Elle-même, Emalia, avait vu son père quelques fois dans son enfance -mais elle s'en était un peu fichue, les hommes ne l'intéressaient guère à cet âge-là. Mais cela aurait peut-être était différent si on l'avait empêchée de voir ce Monsieur, c'était vrai.
Le duc Gordon, justement, était souvent revenu dans ses pensées ces derniers jours. En partie à cause du plan qu'elle avait montée avec Corla mais qu'elle n'avait encore pu mettre à exécution, faute de temps à y consacrer. Mais là, il y avait peut-être « une pierre deux coups » à faire...

- Bon, très bien,
soupira Emalia en se laissant glisser sur son fauteuil. Puisque c'est ainsi, nous irons voir votre père, Princesse, le duc Gordon, afin que vous puissiez voir de qui vous êtes la fille et, par conséquent, que vous constatiez de vos propres yeux ce qu'est un comportement digne de la noblesse.

Il arrivait à la Reine de vouvoyer sa fille lorsqu'elle avait quelque chose d'important à annoncer. Cela limitait un peu l'effusion d'émotions et de cris qui résultaient de certaines annonces importantes, comme celles-ci.
Emalia se tourna sans attendre vers l'un des domestiques, et reprit son ton glacial.

- Allez demander à la courtisane Aleema de se préparer à voyager. Nous partirons dès demain.
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Le silence planait dans la pièce, tel un oiseau de proie qui faisait des tours, immense et glaçant, dans le ciel bleu de ce milieu de printemps, en quête d'une proie pour se nourrir.

Mylésia ne se sentait pas bien, non, pas bien du tout. Ses grands yeux sombres fixés dans ceux, hypnotisant, de sa mère dans lequel elle lisait une désapprobation muette et virulente, c'était un peu comme si le monde devenait de plus en plus grand, jusqu'à n'avoir plus que les géants des contes en face d'elle, si petite qu'elle n'arriverait jamais à les toucher, encore moins à leur échapper. Elle avait peut-être fait une bêtise, finalement... Une seconde, l'enfant chercha du secours en regardant ses nourrices, puis ses précepteurs, et enfin les deux domestiques qui constituaient son quotidien. Mais sa petite bouche s'ouvrit un peu, surprise de n'arriver à croiser aucun de leurs regards. Pourquoi personne ne voulait-il parler ?

Une seconde, la tentation de s'enfuir fut si forte qu'elle commença à lever un pied pour mettre son plan à exécution, lorsqu'un sentiment nouveau l'en empêcha. C'était Mylésia qui était en colère ! Après tout, si elle voulait participer à une conversation, elle en avait le droit autant que les adultes. Parce qu'elle était princesse, et que ça comptait plus qu'être adulte. Et aussi, un peu, parce que les fillettes de sa classe sociale devaient être dignes. Affronter le danger de Mère, même si cela faisait pleurer ou que l'on était malheureux. C'était ça, le devoir. Ses deux précepteurs en parlaient souvent, et ils prenaient des exemples exactement semblables à ce qui se passait à ce moment précis pour expliquer ce qu'il fallait faire.

Mais la fillette n'osait plus dire un mot. Changée en statue, elle tenait encore la poupée martyrisée dans ses bras graciles d'enfant lorsque sa mère reprit la parole, tandis qu'un frisson lui traversait l'échine. Deux larmes coula sur ses joues, qu'elle essuya avec ses points serrés, et c'était à peine si elle remarqua que la poupée-papa tombait par terre. C'était pas juste, oh non, c'était pas juste !
Avec vivacité, elle plissa sa petite bouche, tandis qu'Emalia ajoutait une remarque sur son père, que la petite ne releva pas tout de suite.

Mylésia ne voyait plus très bien sa mère, assise dans un fauteuil, mais la savait là ; aussi, ignorant les domestiques qui l'aidaient à se mettre sur un siège à son tour, elle se décida enfin à parler à nouveau. Les petites princesses avaient le droit de parler - en plus, c'était vrai.

- "Je voulais demander l'autorisation de venir dans votre bureau, mère, mais il n'y avait personne pour me la donner. Alors j'ai demandé à Cicylia, et ma poupée a dit qu'elle était d'accord. Croyez-vous que papa sera content de me voir ? Quand partons-nous ? Le Duc Gordon, est-ce que vous êtes amoureuse de lui ?"

L'enfant se tut une petite seconde, puis s'empara de la main de sa nourrice pour la presser avec tendresse.

- "Vous savez, mère, moi je vous aime tous. j'aimerai jouer avec tout le monde, on doit pas se chamailler... est-ce qu'on va préparer ma valise, alors ? Est-ce que je pourrais voir comment est le duc Gordon ?"

Vivement, la fillette sautilla sur le fauteuil... Déjà, tout chagrin la quittait, et seule comptait l'excitation pétillante de joie qu'elle ressentait.
Emalia Kira
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La Reine contint quelques secondes son agacement dans une longue inspiration silencieuse. Elle n'aimait pas que Milésya pleure : les cris et les larmes étaient l'apanage des faibles, de ceux qui lui suppliaient de les laisser fréquenter la cour ou du bas peuple qui venait se traîner à ses pieds parce qu'ils avaient faim en temps de crise. Pleurer, ce n'était pas pour les familles royales ! Elle se souvenait pourtant parfaitement avoir versé des larmes lors de sa propre enfance mais c'était du cinéma, des caprices : dès qu'elle faisait une grimace, le monde entier se pliait à ses volontés pour la satisfaire et la calmer : les larmes étaient devenues un jeu, un outil jusqu'à ce qu'elles ne fonctionnent plus quand elle était devenue trop grande. Sa mémoire avait tout simplement occulté les nuits d'angoisse dans le noir de sa chambre d'enfant, où elle avait appelé ses nourrices en gémissant...

Milésya apprendrait bien à ne plus se transformer en fontaine, songeait-elle, si elle ignorait ce comportement et que la petite fille voie que ça ne fonctionnait pas avec sa mère ! Mais ce fut tout de même un soulagement de constater que lorsque l'enfant prit la parole, ce n'était pas pour hurler des plaintes. Sous l'effet de la surprise, Emalia eut un bref rire nerveux.

- Oui, votre père sera très content de vous voir, petite princesse,
fit-elle en ayant soudain retrouvé le calme et le sourire -non sans un regard froid pour les deux serviteurs qui ne s'étaient pas encore exécutés. Nous partirons demain, et vous mettrez une très belle robe pour lui plaire, n'est-ce pas ?

Sur un geste négligent de la main de la Reine, les autres domestiques comprirent qu'ils pouvaient disposer -ils avaient fort à faire, désormais, puisqu'il faudra préparer l'enfant à ce long voyage vers Corellia. Quelques secondes plus tard, mère et fille étaient de nouveau seules. L'occasion de remettre les choses au clair en essayant de ne pas attiser les larmes chaudes de l'enfant.
La Reine se pencha dans son fauteuil, coudes appuyés sur les genoux, pour pouvoir baisser son visage un peu plus à la hauteur de celui de la petite fille.

- Non, je ne suis pas amoureuse de lui. Même si je l'aime bien...
fit-elle tout bas, sur le ton de la confidence. Mais tu veux un secret ? Attention, il ne faudra surtout pas le révéler...

Il y eut un moment de silence et de suspens, tandis qu'Emalia vérifiait que sa fille avait bien compris qu'il ne faudrait pas répéter ce qu'elle allait dire.

- Le Duc Gordon, lui, est toujours trèèès amoureux de moi. Il nous faudra donc être très gentilles avec lui. Les garçons sont comme ça : quand ils aiment, ils sont fragiles, il ne faut pas les brusquer. Il faut les séduire : mettre des jolies robes et se comporter comme des princesses et des reines.


Elle ajouta à ses dires un clin d’œil complice, qui lui assurerait peut-être un minimum de tenue de la part de sa fille. Ce ne serait pas forcément évident : Corellia était tout de même dans le Noyau, il faudra donc au moins un quarantaine d'heures de trajet et pour une enfant, ce serait long et pénible. Elle serait probablement agitée à son arrivée et la Reine songea qu'il faudrait peut-être passer une ou deux nuits en dehors de la capitale pour se reposer un peu. A peine descendu d'un vaisseau spatial, de toutes façons, la peau des dames n'étaient pas fraîches et leurs tenues seraient peut-être froissées... Ou alors, il faudrait un vaisseau luxueux. Encore une décision à prendre... Mais elle demanderait conseil à sa nouvelle courtisane.

- Mira te montrera sûrement une photo de lui si tu le lui demandes gentiment,
fit Emalia en parlant de nouveau à voix haute, évoquant la nourrice préférée de sa fille chérie.

L'orage était visiblement passé, pour la mère comme pour l'enfant. Aussi la Reine se leva-t-elle car elle avait beaucoup à faire avant ce départ décidé à la dernière minute. Déjà, elle s'imaginait la tête du duc Gordon lorsqu'il apprendrait qu'elle débarquait sur Corellia avec sa fille ! Elle esquissa un sourire avant de taper joyeusement dans ses mains en guise d'impatience.

- Allez allez !
fit-elle soudain à sa fille pour qu'elle s'active. Allons préparer nos bagages, vite vite vite !

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Gran Pallazzo, Environs de Coronet, Corellia


Confortablement installée sur un fauteuil, la petite princesse Milésya regardait le personnel s'affairer à leurs tâches en chantonnant distraitement, sa poupée préférée dans les mains.
Après une journée et demi à se reposer au grand hôtel de Coronet, elle était fine prête à enfin rencontrer son papa. Son papa ! Rien que le mot comblait de joie la petite fille, qui n'avait vraiment imaginé, non seulement en avoir un, mais le rencontrer, qui plus est ! Et pendant les deux jours et demi qu'avait duré le voyage dans le joli vaisseau de maman - où elle avait certes une petite chambre, mais quand même toute à elle - la fillette n'avait eu de cesse de l'imaginer. Bien sur, nourrice Mira lui avait montré sa photo, mais l'esprit un peu enfiévré de la petite l'avait vite transformé en un espèce de roi de conte de fée, trônant dans un palais qui faisait au moins la moitié de la planète. Bon... peut-être seulement le quart. Et elle avait d'ailleurs l'intention de le séduire, comme Mère avait dit.
Vivement, Milésya sauta donc de son fauteuil, et courut avec enthousiasme jusqu'à sa chambre improvisée où trônait quelques couchettes à côté de son propre lit. Un regard à gauche, un regard à droite... bon ! Elle ouvrit sans faire de bruit l'armoire où était rangé ses robes et s'empara résolument d'une robe violine, recouverte d'une espèce de gaze blanche piquetée de perles. Sans faire attention aux affaires qu'elle chiffonnait en les retirant, elle s'assit par terre avant de s'habiller maladroitement. Bon ! Et maintenant la coiffure...

Encore un problème. Même se mettant sur la pointe des pieds, elle n'arrivait pas à attendre la boite sur la commode... Une idée jaillit de sa petite cervelle, et elle ramena une chaise sur lequel elle se percha aussitôt pour attraper le fruit de son désir. Mais d'un coup, le meuble vacilla sous ses chaussures vernies ; et au moment où elle allait tomber en poussant un cri de terreur enfantine, des bras chauds la rattrapèrent.

- "Encore des bêtises, Mademoiselle Milésya ?"

Le petit nez de l'enfant qui s'agitait tandis qu'elle secouait la tête fit rire la nourrice, qui la prit sur ses genoux pendant qu'elle la coiffait patiemment d'une broche d'émeraude taillée en forme de peko-peko.

- "Où habite donc le duc Gordon, Mira ?"

L'employée grimaça un peu. Cela ne servait pratiquement à rien de le dire à l'enfant, puisqu'elle oublierait tout dans une dizaine de minutes ; mais cela valait certainement la peine de décrire la somptueuse demeure de plaisance du comte, qui coulait des jours heureux dans sa propriété ultra-moderne, un peu en retrait de Coronet, capitale de Corellia et des Mondes-Doubles.
Puis la togruta regarda l'heure, et pâlit un peu. Oh non. Non, non, non. La reine allait être furieuse. Elles étaient en retard ! Vite ! Pressant gentiment l'enfant qui ne se douta de rien, elles arrivèrent à la réception de l'hôtel, où on les conduisit escortées par quatre gardes d'honneur aux portes d'un speeder sécurisé. Sentant le regard froid de la reine peser sur elle, la nourrice distraite baissa les yeux, puis aida la princesse à monter.
Heureusement, en public, la Reine ne se mettrait pas à crier. Enfin, peut-être ...

Durant tout le trajet, quant à elle, Milésya essaya d'imiter sa mère dont la stature l'impressionnait - et oublia toute tenue en voyant se profiler les tours transparentes (ou qui donnait l'illusion de la transparence, ce qui était du pareil au même dans sa tête) du château du comte Gordon. Enfin !

Elles allaient pouvoir surprendre Père !

Emalia Kira
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Tournant légèrement sur elle-même, la Reine se contemplait dans un miroir deux fois plus haut qu'elle, se délectant du mouvement du voile léger qui se soulevait autour de sa taille dès qu'elle se mouvait. Ses cheveux avaient été élégamment ramenés au dessus de sa nuque, quelques mèches ondulées encadrant son visage au teint pâle où ressortaient ses lèvres flamboyantes à cause du maquillage haut de gamme qu'elle avait fait appliqué par l'une de ses domestiques. Des perles de nacre ornaient son cou, ses oreilles et ses poignets, les faisaient scintiller. Quant à sa robe... C'était avec une étoffe proche de la soie qu'elle avait été cousue, un tissu rose pâle que l'on produisait sur Hapès -non loin d'Ondéron, et dont la société matriarcale fascinait la Reine- et qui flottait sur la peau comme un liquide en suspension. Ses avant-bras, son décolleté et le bas de ses jambes étaient assez découverts car Emalia ne perdait pas de vue l'importance de la séduction dans leur visite au duc Gordon. Enfin, elle avait troqué ses talons contre des ballerines qui ne la rehausseraient pas : le duc, dans son souvenir, n'était pas très grand et aimait les petites choses. Mieux valait donc ne pas dépasser son orgueil et apparaître à ses yeux comme un petit bijou venu du système d'Ondéron.

Ou plutôt deux petits bijoux. Emalia avait donné des consignes très précises pour habiller sa fille : elles avaient choisies ensemble la robe violine que porterait l'enfant et ensuite, Mira devrait la coiffer et la chausser de manière à ce qu'elle soit la plus belle princesse que le duc aurait l'occasion de rencontrer. La Togruta avait bien des défauts, mais elle était douée pour soigner l'apparence de Mylésia. La Reine lui faisait confiance... Pour ces détails-là, tout du moins.

Emalia se rapprocha du miroir et rajouta un peu de blush sur ses pommettes saillantes pour se donner bonne mine. Puis elle sourit à son reflet comme pour s'entraîner à charmer son entourage : elle était prête.


***

Moins d'une demi-heure plus tard, la Reine et ses suivantes avaient quitté l'hôtel somptueux où ils avaient passé les dernières vingt-quatre heures. Une navette surmontée d'un dôme transparent les emmènerait, parmi d'autres convives invités, au palais du duc Gordon. Avant de monter dans l'appareil, Emalia avait tapé du bout du pied avec agacement -Mylésia et Mira n'étaient pas encore là. Mais il ne fallait guère se laisser aller à la colère -pendant la soirée qui viendrait, il faudrait être irréprochablement belle, calme et charmeuse. Cela commençait dès maintenant, où un humain de haute stature s'approchait d'elle avant de faire une révérence lente et élégante. Emalia sourit en cachant son étonnement -elle ne connaissait pas cet homme- et attendit, le menton haut, qu'il prenne la parole.

- Votre Majesté,
salua-t-il encore en croisant le regard perçant de la Reine. Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue sur Corellia... Et de me présenter : je suis Karl Maron, sénateur de Chandrila.

Ah ! C'était donc pour cela que son visage lui disait quelque chose, songea Emalia en tendant sa main, que l'humain baisa en s'appliquant.

- Enchantée,
fit-elle avec un sourire enjôleur. Je vous avais reconnu, Monsieur Maron. C'est un plaisir de constater que nous sommes conviés à la même soirée chez le duc Gordon.

L'homme inclina poliment la tête en signe affirmatif, ses yeux bruns et doux semblant traduire le plaisir de rencontrer une femme importante et belle à la fois. Quant à la Reine, elle ne trouva pas ce grand gaillard exceptionnellement beau -il avait l'air mièvre- mais il ferait l'affaire pour titiller un peu la jalousie du duc, ce soir.

Sur ces entrefaites, et alors que le sénateur allait se présenter à d'autres personnes qu'Emalia ne reconnaissait pas, elle aperçut enfin sa fille. Elle foudroya Mira du regard, qu'elle tenait pour responsable du retard de sa fille -tous ces gens n'attendaient plus qu'elle pour que la navette démarre !- et elle leur fit signe de la suivre à bord.
Mais Mylésia était resplendissante, et Emalia oublia très vite son agacement. A tel point que la Reine ne put s'empêcher de la prendre par la main pendant le voyage et de la promener alentours, sous prétexte de regarder le paysage -à l'avant, à l'arrière, sur les côtés. Bien entendu, il y avait là-dedans une certaine volonté de parader et de bien montrer qui était l'auteure d'un si joli chef d’œuvre.

Mais bientôt, une beauté en éclipsa une autre : le palais du duc Gordon se profilait autour d'eux, grandiose, transparent, lumineux dans la couleur veloutée du soir de Corellia. Même Emalia avait oublié comme le géniteur de sa fille voyait toujours les choses en grand et en richesse. C'était probablement cela, à l'époque, qui l'avait décidée à se laisser séduire. Mais elle s'était lassée, aussi, très vite. Bien qu'elle aimât le luxe, elle aimait aussi le pouvoir et ici, elle n'était qu'une lointaine Reine... Mais ce temps-là était révolu. Ce soir, elle et sa fille serait le centre des conversations, des regards, et de l'attention du duc. Elle avait annoncé sa venue à peine vingt-quatre heures plus tôt, sur le mode « je passais par là, et j'ai pensé m'arrêter pour que vous rencontriez votre fille ». Hors de question d'avouer qu'elle avait fait tout ce chemin uniquement pour le rencontrer : d'abord on l'aurait crue soumise, ensuite elle aurait éveillé les soupçons du duc, qui savait bien à qui il avait à faire malgré les airs mielleux qu'il prenait dès qu'il la rencontrait.

La navette glissa jusque dans une bouche du palais lumineux. Même le hangar, spacieux, semblait avoir été conçu pour recevoir des Reines et des Princesses, et Emalia ouvrait presque d'aussi grands yeux que sa fille.
Puis ils débarquèrent et des serviteurs vinrent s'occuper d'untel et d'unetelle, les mener à des petits salons particulier en attendant la réception. La Reine d'Ondéron était guidée dans l'un d'eux, que l'on avait réservé pour elle. Emalia devinait déjà ce que cela signifiait : le duc voulait les rencontrer, elle et sa fille, en tête à tête, avant qu'ils soient tous mêlés à la réception qu'il donnait en son honneur.

Le petit salon auquel on les avait conduites n'avait rien d'étroit ni de simple. Elles avaient été élevées presque tout en haut de l'une des tours et la vue qui s'offrait à elles à travers les baies vitrées étaient tout simplement grandiose. Des sofas recouverts de velours pâle, une cheminée pour les jours froids et des œuvres d'art de toutes sortes ornaient la pièce. Quand un droïde leur apporta de quoi se désaltérer, la Reine renvoya ses serviteurs de la main -ils attendraient dehors. Puis elle profita de leur solitude pour arranger un peu la tenue de sa fille.

- Tu es magnifique, ma princesse,
chuchota-t-elle avec fierté. Le duc Gordon ne pourra que fondre devant le bijou que tu es.

Accroupie, elle essuya le bout de la chaussure vernie de Mylésia -dans quoi avait-elle marché encore- puis un bruit se fit entendre dans les couloirs. Un coulissement de porte. Alors la Reine se redressa et arbora le port royal qu'elle avait lors des grandes occasions, et se tourna vers le paysage, comme si elle n'avait rien entendu venir.
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La main dans celle de sa mère, l'enfant, contrairement à son habitude, ne pipait pas un mot. N'ayant jamais rien connu que le confort et la beauté, elle était habituée depuis le début de sa courte existence au luxe qui lui paraissait tout à fait naturel ; mais le salon dans lequel on l'avait emmené, elle et sa mère, regorgeait de curiosités fantastiques. Et pendant que Mère essuyait sa chaussure, elle ne parvenait pas à détacher ses yeux bruns des bibelots qui ornaient la pièce. La vue, si haute, l'intimidait un peu... et puis elle n'avait pas souvent eu l'occasion de voir sa chère maman autant.
Décidément, les vacances étaient formidables. D'abord, le voyage en vaisseau, où elle avait eu l'occasion de beaucoup jouer avec la Reine ; puis lorsqu'ils étaient entrés dans le palais du Duc Gordon, elle avait attiré tous les sourires en faisant des signes à tout à chacun, tout comme Mère lui avait dit.

Sa nature enthousiasme et naïve aidant, Milésya avait gazouillé, trottiné un peu devant le serviteur qui était venu les chercher, dit au revoir à tout le monde de sa petite menotte encore grassouillette, ravie de sentir qu'elle était aimé unanimement, puis elle avait encore, une fois dans le "salon privé", été gratifiée des compliments de Mère. Que c'était agréable et merveilleux ! Ne se tenant plus, la jeune princesse avait sauté à bas du canapé lorsque sa génitrice s'était approchée de la fenêtre, pour se retourner aussitôt que la porte se fût mise à coulisser dans le mur recouvert de tentures.

Un homme se dessina dans l'encadrement de la porte.
Vêtu de soie cramoisie, les cheveux noirs, de belle prestance malgré une taille assez petite pour un homme, le duc Gordon était un fort beau selon les critères de Corellia. Sa peau légèrement hâlée sentait un parfum délicat et viril à la fois, provenant probablement des meilleures essences ; et ses ongles scintillaient doucement de paillettes que l'on murmurait tout bas de poudre de rubis, ainsi qu'il en était coutume chez les nobles corelliens.
Tandis que deux serviteurs déposaient chacun un paquet sur une petite table, il s'avança d'un pas devant l'enfant qui ne le quittait pas du regard. Immobile, interdite, Milésya ne reconnaissait pas vraiment son interlocuteur. Et bien qu'elle se doutât que l'inconnu soit son père, elle était incapable de bouger. Pour une fois, la petite fille se sentait nettement intimidée, et elle se mit à triturer sa lèvre d'un air indécis.
Pourquoi personne ne disait-il rien ? Est-ce qu'elle faisait mal ?

Si papa était là, il avait des cadeaux. Peut-être est-ce qu'elle les aurait si elle se mettait à parler ? Galvanisée par cette idée réjouissante, la minuscule ondéronienne murmura alors d'une voix flûtée :


- "Bonjour monsieur. Mère et moi sommes contentes de vous voir."


Le duc esquissa un sourire attendri. Il avait été extrêmement surpris d'apprendre que la Reine Emalia passait dans les environs. Sa liaison avec la noble avait été un des plus beaux souvenirs de sa vie, et bien qu'il en gardât un souvenir nostalgique, il avait été très blessé de son départ soudain. Fou de chagrin, poussé par sa famille et par l’intérêt de devenir l'époux d'une reine, il avait essayé de reconquérir sa belle par tous les moyens. Mais il n'avait pas réussi et le silence qu'il avait reçu pour seule réponse l'avait plongé dans une certaine amertume pendant de longs mois. Mais le message de son ancienne maitresse, vingt-quatre heures auparavant, avait réveillé en lui des sentiments qu'il n'aurait pas cru possible de ranimer. Comment, il avait une fille, une fille à lui ? Il en était devenu fou toute la journée - et si l'enfant n'y était pour rien... il comptait bien se venger. Au moins, un petit peu !
Évidemment, maintenant qu'il était devant les deux femmes, son cœur de romantique battait comme un fou. Mais il n'était pas assez fou pour montrer son émoi devant le roc qu'il savait être Emalia !

Avec la politesse et la grâce née de l'habitude, il s'inclina cérémonieusement devant les deux femmes de sang royal.

- "Soyez les bienvenus dans mon humble demeure. Je suis honoré de votre visite... même s'il me faut bien avouer qu'elle est tout à fait surprenante. Je suppose que cette ravissante enfant est Milésya ?"
Emalia Kira
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La Reine aussi était habituée au luxe, sur Ondéron : œuvres d'art, domestiques, technologie, étoffes et mobilier rares et chers... Mais l'éclat du palais du duc Gordon rappelait qu'ici, l'on était dans le noyau. Le luxe était mêlé à une modernité que l'on ne connaissait pas encore sur Ondéron -la mode venait toujours du Noyau et ici, l'imitation de la société Kuati devait déjà être démodée. Emalia ressentit un petit pincement au cœur en constatant que sa planète était décidément trop loin du centre névralgique de la galaxie... Ah ! Si seulement elle avait une résidence ici, dans le Noyau, elle aurait des contacts et elle dirigerait son propre monde selon les toutes dernières tendances.
Mais il ne fallait pas que le duc Gordon la sente amère ou envieuse, non, loin de là. Il fallait qu'elle se fasse désirer, aussi elle effaça toute moue de son visage lorsque la porte de la pièce s'était entrouverte. La Reine avait alors attendu que deux secondes s'écoulent avant de se retourner, faisant élégamment bouffer sa robe.

Le duc Gordon était impeccablement vêtu et coiffé. Il arborait de la soie cramoisie, et la Reine nota qu'il était de bon augure qu'il ait fait un bel effort de présentation : il voulait leur plaire à toutes les deux, ou au moins les impressionner. Il ne lui venait absolument pas à l'esprit que ce pouvait également être une manière de marquer sa supériorité ou bien de la tromper sur ses intentions...

La Reine lui adressa un sourire enjôleur avant de s'incliner légèrement à son tour, tenant délicatement sa robe pour ne pas qu'elle se froissât au sol.

- Elle-même,
souffla Emalia du bout des lèvres, avec fierté.

Bien sûr. Cette enfant était une princesse, et la Reine s'attendait à ce qu'il tombe sous le charme de Mylésia -qui n'émouvait-elle pas, avec ses sourires enfantins et ses boucles marrons volées à sa noble mère ?

- Je suis moi-même très agréablement surprise de me trouver ici, cher ami,
ajouta-t-elle avant de se rapprocher imperceptiblement pour venir poser une main sur les cheveux de l'enfant. Votre palais est encore plus resplendissant que dans mes souvenirs et, puisqu'il semblerait que je ne sois plus en danger, j'ai pensé qu'enfin... Qu'enfin votre fille pourrait faire la connaissance de son père.

Elle avait prononcé clairement le « votre fille » sans avoir l'air de l'avoir fait exprès. Il faudrait bien qu'il se souvienne de ce lien, à l'avenir. Quant à elle, bien sûr, il était hors de question qu'elle s'excuse pour le silence qui avait suivi sa grossesse. Elle avait une excuse toute faite pour endormir sa vigilance, par ailleurs, qu'elle avait l'air de rien évoqué... Le danger. Oui, le danger était une excellente excuse, suite à la mise à prix de sa tête l'année dernière. C'était une excellente preuve que des personnes avaient voulu l'éliminer et sa garde avait très bien pu vouloir la protéger.

Bref, elle arriverait bien à lui faire oublier ce petit détail qu'avait été leur absence de contact ces dernières années. Il avait des entreprises, il avait dû être bien occupé, non !

- N'est-ce pas, Mylésia, que tu as trouvé ce palais magnifique ?
reprit-elle sur un ton enjoué, sûre d'elle. Et tu vois, comme ton père est charmant ? Comme je te l'ai toujours décrit, mais il est encore plus impressionnant en vrai, n'est-ce pas ?

Et il était surtout très riche. Ce n'était pas tout à fait vrai qu'elle avait toujours parlé à sa fille de la beauté du duc -en fait, elles n'en avaient guère parlé tout court, sauf depuis quelques jours pour préparer l'enfant à la rencontre avec son père- mais c'était bien sûr une manière de flatter l'ego de Gordon. Emalia savait que quand on voulait les faveurs des hommes, il fallait commencer par endormir leur vigilance à grand renfort de compliments bien choisis...

Le duc en question n'avait pu s'empêcher de sourire, mais la Reine ne savait pas si c'était d'une joie réelle ou simplement par politesse. Quoiqu'il en était, il avait du mal à détacher ses yeux de la petite fille. Emalia en aurait presque été jalouse, tant il la dévorait des yeux. Après avoir invité la Reine à prendre place dans les deux longs sofas de la pièce, il montra un paquet du doigt :

- Dès lors que j'ai su que vous arriviez, ma chère enfant, je n'ai pu m'empêcher de vous faire préparer un petit cadeau pour votre arrivée,
déclara-t-il de sa voix grave.

Il n'osait pas encore la toucher, remarqua Emalia, il devait être trop ému. Il s'adressait aussi à elle comme à une adulte, qu'elle n'était pas. Il n'était pas habitué aux enfants et la Reine était presque attendrie par l'attitude gauche qu'il prenait face à une petite créature de cinq années à peine... Avait-il au moins fait choisir un cadeau qui conviendrait ?
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La jeune Milésya, de son côté, s'amusait comme une petite folle. Bien qu'elle fût un peu intimidée par la situation - on ne rencontrait pas le père imaginé depuis certes quelques jours de manière consciente mais également fantasmé inconsciemment depuis des mois sans ressentir une pointe de crainte à l'idée de faire une bêtise qui puisse le fâcher - l'enfant était de ceux qui se rassérénaient toujours, quelque soit les circonstances. Aussi désormais ressentait-elle plutôt une grande curiosité à l'égard de cet homme qui la regardait avec fierté, mais dont elle n'était capable, en raison de jeune âge, de ne lire qu'une grande gentillesse à son égard.

Mère reprit la parole. Elle aussi était très contente d'être ici, et elle était si belle que l'enfant avait envie de mettre la tête dans sa robe et de s'endormir dedans. Ou alors de danser avec papa dans la même robe que maman avec tous les invités que l'on avait croisé en bas. D'ailleurs, elle dansait très bien ! Elle ne marchait qu'un petit peu sur les pieds de ses compagnons de danse - et ce n'était que de leur faute, d'abord ! La fillette saisit le tissu soyeux rose pâle à pleine main lorsque la reine d'Ondéron posa sa main sur sa tête, savourant le moment sans restriction. Une foultitude de questions se mettaient progressivement en branle dans sa cervelle naïve, et la suite des évènements, désormais, focalisait entièrement son attention. En plissant son front blanc, elle leva des yeux subitement inquiets vers la reine d'Ondéron qui déclarait qu'elle n'était plus en danger, tandis que le duc arquait un sourcil étonné, puis aussi inquiet que l'exigeait les circonstances.
En réalité, il doutait sincèrement que quoi que ce soit puisse menacer la Reine Emalia, qu'il considérait aussi forte qu'un jaggual et probablement aussi coriace ; mais l'excuse l'interpellait tout de même. Il était désormais curieux d'en savoir plus... et pourquoi pas, désireux de posséder une arme pour retenir l'enfant qu'il n'avait jamais connu près de lui, sur Corellia.

Posant théâtralement la main sur son cœur, il fit semblant de retenir un soupir, pour sourire de nouveau avec sincérité devant la remarque ingénue de la petite princesse qui seule, visiblement, ne jouait pas la comédie.

- "Oui, mère, père est très impressionnant. Je l'aime beaucoup !"


Il n'avait pu s'empêcher de sourire avec fierté ; la petite était éveillée et pleine de tendresse pour ce qui l'entourait, et il lui était agréable de constater à quel point sa présence était capable de l'émouvoir, lui qui était habitué aux émotions un peu factices des grandes démonstrations en société.
Son sourire s'élargit encore lorsque la très jeune humaine se précipita vers le cadeau qu'il avait préparé, et, tandis que cette dernière arrachait avec une envie pressante le papier cadeau qui recouvrait un sac à main blanc à la dernière mode provenant d'un grand couturier, il espionnait du coin de l’œil la réaction de son ancienne maitresse.
Sans doute étais-ce le moment, du moment où leur fille était occupée, d'entamer la conversation sérieuse dont ils ne faisaient chacun que retarder l'échéance ? Car le duc Gordon était un homme d'action ; s'il ne pouvait avoir la mère, il aurait la fille. Ainsi venait-il de le décider, et il ne serait pas question de céder sur ce point. Milésya avait beau habiter dans un palais, elle ne saurait vivre dans la bordure. Il fallait qu'elle habite dans un monde du noyau pour devenir le joyau qui ornerait ses entreprises. Peut-être même les dirigerait-elle elle-même plus tard... Non, pas peut-être. C'était certain !

Il reprit son air inquiet.

- "Ma très chère, j'ignorais que vous fussiez en danger... Une bien terrible menace, pour vous contraindre, vous si brave d'ordinaire, à vous cloitrer dans votre palais d'Iziz ? J'espère au moins que personne n'a pu s'infiltrer dans votre système de sécurité ? Ceux de la Bordure ont parfois des failles..."

Il posa une main tendre sur l'épaule de la petite fille qui poussait des cris aigus de joie en jouant avec le cuir véritable du bijou artistique que l'on venait tout juste de lui offrir.
Emalia Kira
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Aux yeux de la Reine, Milésya jouait parfaitement son rôle. Ses fines boucles brunes s'agitaient joyeusement autour de son visage rond chaque fois qu'elle frémissait d'adoration pour celui qui l'avait conçue. L'objectif convoité n'aurait pas été présent qu'Emalia se serait même permis de fondre devant une créature si adorable, mais elle ne se laissa pas aller. Il fallait qu'elle reste naturelle, comme si l'élégance de sa fille était devenue une habitude, une normalité à contempler comme le soleil chaque matin se levait sur le palais d'Iziz. Bien sûr, il y avait les crises enfantines, les bêtises... Mais aujourd'hui tout cela ne devait même pas frôler l'esprit du duc Gordon... Et la Reine était confiante à ce sujet. Même si elle ne se rendait probablement pas compte que la beauté naturelle de l'enfant n'avait rien à voir avec la sienne... Mais pour elle, il n'y avait qu'une seule beauté ; celle qui faisait noblement fondre le cœur des hommes, sans qu'ils en puissent se défendre.

Et le duc Gordon, selon Emalia, avait visiblement mordu à l'hameçon qu'elle avait, du moins le croyait-elle, subtilement agité devant sa conscience en évoquant le danger qu'elles avaient encouru. Elle prit alors un air vivement étonné, puis, plongeant un regard innocent dans le sien, reprit la parole avec une voix qui intimait à la discrétion.

- Comment ? Je pensais que vous étiez au courant. C'est une bien triste histoire... Mais il y a quelques mois, ma tête a été mise à prix. Je n'étais pas la seule visée, d'ailleurs. La sénatrice Isis Inferno et le Chancelir Echte Andanu avaient été tous deux visés de la même manière, par le même commaditaire... Vu ce qui leur est arrivé, je m'estime heureuse... Et bien maligne de m'être ainsi fait discrète pendant quelques temps.

Si les conditions de la disparition du Chancelier depuis l'attaque du Sénat étaient restées très floues -s'était-il enfui ou avait-il été enlevé ? Et pourquoi ne revenait-il pas?-, la sénatrice d'Ondéron de l'époque, elle, avait connu un sort radical : elle avait été victime d'un attentat qui lui avait coûté la vie. Du moins, la dernière fois que la Reine en avait entendu parler, elle était dans un profond coma. Elle devait avoir disparu depuis, estimait Emalia. De toutes façons, elle avait déjà été remplacée. Ce n'était pas si mal : madame Inferno était beaucoup proches des Jedi. Elle les voyait comme des petits Saints innocents et la Reine ne pouvait supporter ce genre d'opinion romanesque.
Quoiqu'il en fut, pour une fois, elle n'avait pas à se servir de mensonges pour excuser son absence auprès du Duc. Et ce dernier pourrait faire vérifier ces informations : les mises à prix avait été retirées quelques semaines auparavant à peine... Sans que l'on sache toujours qui se cachait derrière ces ordres.

- C'est à cause des Jedi, reprit la souveraine d'un air hautain et outré. Parce que je les héberge gracieusement sur ma planète, voilà le sort que l'on veut me réserver, à moi et à mon enfant !

Elle leva les yeux au ciel pour manifester sa colère tempérée -c'était plus un jeu qu'une véritable outrance, car elle ne haïssait pas les Jedi : elle se contentait de les mépriser. Ces pantins incapables ne méritaient pas plus. Les Sith, eux, savaient se débrouiller ! Ils savaient ce qu'ils voulaient et ils l'obtenaient toujours, visiblement...

Les cris de joie de la petite princesse les détournèrent tous deux un instant de leur conversation, et aussi brusquement qu'elle était venue, l'expression grave de la Reine s'effaça pour laisser place à un sourire enjôleur.

- Oh, duc Gordon, quel goût délicat vous avez encore eu ! Ce petit va lui valoir d'être ravie par bien des soupirants !


Et elle éclata de rire en songeant vaguement au succès que l'enfant aurait à l'adolescence. Quel merveilleux mariage elle espérait faire alors ! Un parti puissant, aussi riche que le duc... Sa famille rayonnerait dans toute la galaxie !
Le Corellien, d'un geste noble, profita de cet instant de diversion pour indiquer un autre paquet à la Reine.

- Pour moi ?! s'exclama-t-elle alors qu'elle sentait l'excitation monter en elle. Oh, quel charmeur vous faites !

S'il y avait une chose pour laquelle Emalia n'avait pas tout à fait grandi, c'était bien lorsque venait l'heure de découvrir des surprises préparées à son encontre. Cela lui rappelait les présents envoyés par ses soupirants lorsqu'elle était adolescente, ou encore les cadeaux offerts par sa vieille grand-mère lors de ses premiers anniversaires. La souveraine ne put s'empêcher de s'approcher à petits pas excités de la table basse au centre de la pièce. Pour une fois qu'elle ne feignait pas un sentiment, il fallait qu'elle se retienne de paraître trop enjouée dans ses gestes, mais elle parvint tant bien que mal à ouvrir le petit coffret délicatement. A l'intérieur, un bijou en alliage précieux, sertie d'une brillante pierre bleue pâle, scintillait sous ses yeux écarquillés.

- Oh ! S'écria-t-elle encore en se retournant vers le duc, qui avait dû se souvenir de ce penchant de la Reine pour les cadeaux précieux. Quel merveilleux présent ! Et cela a l'air de peser lourd !

Les mots lui avaient échappé. Bien sûr, que le prix de l'objet comptait. Mais pour Gordon, ce devait être si peu... Elle avait bien le droit de recevoir un cadeau de grande valeur. Elle avait presque oublié sa propre enfant devant le bijou qu'elle sursauta lorsque Milésya s'approcha d'elle. Mais bien sûr, il fallait qu'elle participe, et qu'Emalia teste à quel point la princesse était importante pour lui... Car de cet amour découlerait tout le plan qu'elle mettrait ensuite en place avec sa courtisane favorite...

- Tu as vu, Milésya ? N'est-ce pas, que ce bijou est d'une teinte parfaite ? Ah,
poursuivit-elle avec soudain un air contrit de crainte pour l'avenir, tu l'aimes beaucoup aussi, n'est-ce pas ! Si un jour... Si un jour je venais à disparaître, je ferais en sorte que tu le récupères, ma chérie. Pour ne jamais oublier le lien entre nous trois!

Et, après s'être agenouillée près de l'enfant, elle la serra contre elle en un geste mélodramatique. Une fois n'était pas coutume, se dit-elle les yeux fermement clos.
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Tandis que la petite fille - sa petite fille, la chair de sa chair - ouvrait le paquet qu'il lui avait préparé, en poussant des cris de ravissement qui faisait naitre un sourire attendri sur ses lèvres malgré lui, le regard du Duc Gordon vaquait d'une des femmes à l'autre. A l'une, la beauté racée d'une véritable reine, dont le contrôle sur elle-même n'égalait que son intelligence et sa richesse ; à l'autre, la fraicheur de l'enfance et de l'innocence, où tout était encore à construire, à bâtir, à former. A vrai dire, il était fier des deux, bien qu'il recommençait lentement à retrouver ses anciens sentiments sur cette femme magnifique avec qui il avait autrefois tant partagé.

Mais bien sur, avec la reine Emalia, il était préférable de cacher ses véritables sentiments. Il avait appris à ses dépends qu'elle savait être aussi manipulatrice et froide qu'elle pouvait faire preuve de fougue et de spontanéité, dans l'intimité de leur folle jeunesse - qui ne remontait pas encore à si loin !- et qu'il valait mieux ne pas faire preuve de faiblesse devant elle, au risque qu'elle vous méprise ; ce qui voulait dire qu'il fallait se contrôler.
Ce fut donc avec un effort pour paraitre indifférent, voire passablement intéressé que le duc Gordon reçut la nouvelle de la tête mise à prix de la reine, avant de lui presser la main devant la vive émotion que montrait la jeune femme.

- "Ma chère, je comprend pourquoi vous ne pouviez pas venir. Mais je vous sais assez forte pour faire peur à la mort elle-même... Cependant, peut-être serait-il sage de renforcer vos mesures de sécurité au palais d'Iziz. La galaxie s'agite toute entière, avec ce qu'il se passe au Sénat... Il vous faut être prudente, bien que je connaisse votre caractère téméraire, pour votre fille. Enfin, plutôt, notre fille."

Il lui caressa une seconde le dos de la main, puis, profitant du fait qu'elle s'abîmait justement quelques secondes dans la contemplation de Milésya, fit signe à une servante de lui apporter le second paquet.
A cause des jedis... C'est vrai que leurs caractères ne devaient pas beaucoup s'accorder à celui, emporté, de son ancienne maitresse - mais il était tout de même difficile de leur faire porter le poids de tous les malheurs du monde. Aussi le duc ne répondit-il rien, se contentant de partager un instant le rire délicieux de sa fille, si jeune qu'elle en était émouvante ; pour finir par désigner, d'un geste qui lui était plutôt anodin, le cadeau destiné à l'ancien amour de sa vie.

Ce fut d'ailleurs d'un œil qu'il ne pouvait s'empêcher de laisser attendri que le noble correlien fixait les effusions des deux femmes. Etait-il possible qu'Emalia soit sincère ? En tout cas, il ne s'était pas trompé. La reine avait toujours eu un faible pour les choses chères, précieuses, qui satisfaisaient son goût du paraitre et son immense vanité. Non pas que cela soit un véritable défaut pour le noble ; c'était une enfant pourri-gâtée qui avait des obligations, et auquel on avait jamais inculqué le plaisir des choses simples.

Il reprit la parole en les voyant enlacées... N'est-elles pas aussi belles que des déesses ? Il sourit brièvement en songeant qu'elles étaient désormais les deux femmes de sa vie, puis s'approcha, et posa une main empreinte de retenue (à grand'peine) sur la tête de l'enfant.

- "Oui, ce sera un lien entre nous trois. Entre ta mère... et ton père. Ton père qui t'aime autant que ta chère maman. Parce qu'elle a des responsabilités et qu'elle pourrait être victime d'un attentat... Tu sais, c'est très dangereux d'être reine... et elle prend beaucoup de risque..."

Il mettait son plan en avant ; d'abord, faire miroiter à quel point la vie était risquée, faire peut-être un peu peur à l'enfant, en la faisant réfléchir... et ensuite proposer une solution : lui !

- "Mais si ta mère te laisse avec moi, toi, tu n'aurais rien à craindre... car je tiens à vous deux, mais tu es encore petite. Il serait bon que tu restes en sécurité."

L'enfant le regarda d'un air un perplexe, avant de hocher machinalement la tête. La petite princesse ne comprenait pas bien où il voulait en venir ; mais elle ne voulait pas que mère soit en danger !

- "Et on va vivre tous ensemble, alors ?
- Eh bien...cela dépend de ta maman..."

Son plan marchait. La petite réagissait presque comme il l'avait escompté. Peut-être qu'Emalia cèderait dans un mouvement de faiblesse... si cela existait dans cette femme forte et fière qu'il avait autrefois tenu dans ses bras avec toute la force de son amour.
Emalia Kira
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Toujours accroupie, l’élégante Reine ne put empêcher une brève grimace, qu’elle rattrapa par un sourire peu sincère qui se voulait évoquer quelque chose comme la gratitude. Intérieurement, elle pestait : ainsi donc, son vieil amant avait bien dû longuement réfléchir, avant de les recevoir, pour trouver une manière de les retenir ici. Elles deux, ou seulement sa petite fille ? Difficile à dire. Emalia était pourtant certaine de son charme, mais elle soupçonnait l’intelligent Duc d’avoir plus de pouvoir sur la vie de la princesse. C’était un risque qu’elle avait pris, et c’était même ce qu’elle désirait, au fond, pour que son plan à elle fonctionne. Il n’empêchait que se retrouver ainsi en position de faiblesse était particulièrement désagréable.

Silencieuse, la souveraine resta quelques secondes serrée contre sa fille. Cela lui donnait le temps de réfléchir à une réponse adéquate. Puis elle se redressa doucement, avec un dernier regard brillant sur le bijou pâle dans son écrin. Elle referma la petite boîte de velours en soupirant.

- Mon cher ami, votre sollicitude me touche grandement. Mais j’ai déjà fait renforcer la sécurité du palais, bien sûr, souffla-t-elle avec gravité. Milésya y est en parfaite sécurité, et elle a bien des domestiques pour veiller sur elle…

Non, se disait-elle intérieurement, je ne suis pas une mère irresponsable et inconsciente, Gordon.
Elle avait pensé à tout, et elle avait même des Sith de son côté maintenant, pour la protéger. Or, qui en voulait aux Jedi, et mettait sa planète en danger ? Ces mêmes gens qu’elle s’était mis dans la poche. Elle n’était pas idiote, mais il était hors de question d’évoquer ces détails au duc pour le prouver. Tant pis, il devrait lui faire confiance… Ou pas.
Quant à vivre tous les trois ensemble, il était clair pour la Reine que cela l’ennuierait profondément d’être toujours en compagnie de celui qu’elle avait trouvé vieilli et ramolli –elle s’en rendait compte maintenant, le duc était trop âgé pour elle. Il lui faudrait un compagnon noble, mais moins qu’elle pour ne pas lui faire de l’ombre… Bref, ce n’était pas le sujet.

- Je suis la Reine d’Onderon, souffla-t-elle théâtralement, et piquant soudain les yeux du duc par son regard flamboyant. Ma place est auprès de mon peuple…

Elle semblait hésiter, mais son choix était fait. Milésya passerait probablement *un peu* de temps sur Corellia, si possible avec elle, pour que son père s’attache à elle et qu’il ne l’oublie pas dans son testament. D’ici quelques mois, de toutes façons, il disparaîtrait et il ne serait plus nécessaire d’être éloignée de sa fille. Mais si elle avait dit oui immédiatement, cela aurait paru louche. Or, le duc n’était pas si idiot… Du moins, il s’était un peu amélioré, lui semblait-il. Cela l’agaçait, mais il remontait un peu dans son estime.

Mais s’il croyait que la Reine pouvait abdiquer devant tous les désirs de sa fille, il se trompait. Il oubliait comment elle avait été élevée –centrée sur elle-même- et les raisons qui l’avaient poussé à avoir un enfant alors qu’elle n’avait aucunement l’impression d’être dotée d’un instinct maternelle : avoir un enfant –une fille, qui plus est, elle avait eu de la chance !- c’était réjouir le peuple pour l’assurer de sa succession, c’était aussi la possibilité de créer une alliance si l’enfant était suffisamment jolie –et elle l’était au-delà de toute attente.

- … Et une Princesse connaît le devoir de sa mère, puisqu’elle l’exercera un jour.

Elle avait terminé sa phrase en posant les yeux sur Milésya. Son air interrogateur, enfantin, aurait fait fondre un glacier d’émotion sur Hoth, lui semblait-il. Mais elle ne plierait pas.

Du moins, pas sur sa présence à elle sur ce monde. Elle voulait amener Ondéron au rang des planètes majeures de la galaxie. Corellia ne serait qu’une source de revenus, qu’elle mettrait probablement en gérance, et qui lui permettrait d’alimenter sa planète natale en toutes sortes de marchandises de luxe –c’était le minimum pour être une planète politiquement importante. Ensuite, il faudrait des appuis politiques et, à ce sujet, elle aurait bien aimé trouver un époux à sa fille dans les hautes sphères sociales de Kuat, une planète qu’elle adorait pour sa capacité à toujours être en avance sur son temps –dans les idées comme dans les apparences.
Mais ils n’en étaient pas encore là, et il fallait que le duc ait l’impression que garder sa fille auprès de lui serait un peu plus difficile que cela.

- Comme vous le savez, Milésya sera un jour appelée à régner à ma place, déclara-t-elle comme si cela était un fardeau, et elle ne pourra apprendre les rouages de la vie d’une Reine que durant son enfance… Puisqu’elle aura, à son adolescence, droit à une éducation digne de ce nom dans une Université prestigieuse.

Autrement dit, sur un monde du Noyau. Alderaan ou Kuat… Elle verrait bien ; elle n’en était pas encore là.
La Reine regarda de nouveau sa fille et ses lèvres s’étirèrent en un sourire triste.

- Oh, ma chérie, ne t'inquiète pas. Ce sera dans longtemps, dans plein d’années, soupira-t-elle avec la voix d'une mère fusionnelle. Nous n’allons pas être séparées tout de suite, ne t’inquiète pas…
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