Cela faisait maintenant quelques jours que Darth Shakaxhi se trouvait sur Korriban. Il n'avait eu l'intention que d'y rester une journée ou deux, mais la Force en avait décidé autrement. D'abord elle lui avait imposé une rencontre, celle d'une guerrière qui deviendrait vite l'une des personnes les plus importantes de sa vie. N'allez pas vous imaginez des choses, la féminité de la demoiselle n'avait rien à faire dans cette histoire, du moins pas pour lui, pas pour son esprit à la fois si dérangé et si pur dans la Force. Puis il y avait eu une invitation, l'annonce d'une réunion pour l'avenir de l'ordre. Comment ne pas répondre à un tel appel ? À une telle promesse de divertissement ?

Nous en étions donc là, la réunion initiée par Darth Ynnitach, l'élève du petit esprit malin que le zélosien avait rencontré quelques mois plus tôt. Une femme dont les ambitions étaient de notoriété presque publique, du moins dans le cercle fermé des seigneurs Sith. La future Dame Noire des Sith disaient certains, bien qu'aucun ne sache vraiment pourquoi. Elle n'avait rien fait pour mériter pareil titre, si ce n'était être l'apprentie du précédent. On disait çà et là qu'elle avait été élevée pour ça, une remarque qui prêtait à faire sourire. Les Sith n'héritaient pas le pouvoir, ils l'arrachaient, se l'appropriaient. Penser que la naissance ou l'éducation destinait un Sith à une place particulière dans l'ordre c'était se croire sur Impératrice Téta ou Alderaan. C'était se voiler la face sur le fonctionnement de l'ordre sombre. Mais par-dessus tout c'était méconnaître le seigneur fou, le Faucheur.

Il était installé en hauteur, dissimulé parmi la foule d'apprentis et de guerriers, dissimulant sa présence dans la Force. Il voulait écouter, voir ce qui se disait sur Korriban au lendemain de la défaite ridicule de ceux qui s'étaient ralliés à un simple guerrier, tout Lord soit-il pour la république. Et il ne fut pas déçu. D'abord ce fut une silhouette familière qui s'exprima, celle d'une apprentie déjà croisée sur Nar Shaddaa, à l'occasion d'une autre réunion. La petite espionne de Keto, qui s'exprimait comme si elle en avait eu la permission, comme si elle avait eu une quelconque importance. Pire encore que cette insolence, elle appelait à aider les prisonniers, à les sauver. Shakaxhi ricana. Puis un autre prit la parole, celui-là le zélosien ne le connaissait pas, mais sa façon de s'exprimer, sa théâtralité, lui plaisait. En revanche ses propos furent ce qui déclencha l'action du Seigneur fou des Sith.

À peine le Cathar avait-il tendu la main à la Dame Sith pour l'inviter sur le trône, que Shakaxhi se leva, sautant du balcon où il se trouvait pour atterrir au centre de la salle, la Force l'aidant, lui épargnant la blessure certaine qui l'attendait au moment de la chute. Un genou au sol au moment de sa réception, il se redressa bien vite, abaissant la capuche qui dissimulait son visage et retenait ses cheveux, laissant ses derniers tomber en une cascade d'un vert sombre dans son dos. Immédiatement les murmures s'élevèrent. Tous savaient à qui appartenait cette tignasse, tous savaient qu'à partir de ce moment plus rien n'était certain, plus rien n'était acquis. Et comme pour confirmer cette certitude, le rire dément du seigneur résonna un court instant.

"Vous êtes drôles tous. Si pathétiques et pourtant si certains d'être la grandeur de cet ordre."

Tout en prononçant les premiers mots, il s'avança vers le trône, s'arrêtant devant le Cathar pour poser sa main gauche, métallique sur sa joue.

"Retourne dans le rang petit. Tes révérences seraient moins jolies sans tes petites mains."

Et d'une pression sèche, il le repoussa en arrière. Qu'il tombe ou non importait peu, ce qui comptait était seulement qu'il sache qu'elle était sa place. Le zélosien reprit alors sa marche, et sans demander leur avis à quiconque, s'installa sur le trône. Ou s'y affala pour être précis. Assis de travers, une jambe passant sur l'un des accoudoirs, il se mettait "à l'aise".

"Ce n’est pas si confortable que ça. Je ne comprends pas pourquoi les gens veulent à tout prix ce siège."

Mais il ne bougea pas pour autant, accordant un sourire éclatant à Dame Ynnitach. Loin d'être un défi, c'était un vrai sourire, un peu dément, mais au combien innocent !

"Bon, alors. On va remettre un peu d'ordre ici."

Il se releva, se massant le bas du dos.

"Vraiment pas confortable cette saleté.... Hum je m'égare. Donc si je comprends bien, vous tous là, vous venez de vous faire humilier par les Jedi, vous avez même laissé deux des nôtres se faire prendre vivants, et vous voulez diriger l'ordre ? Vous vous rendez compte que c'est d'un ridicule sans borne ? Depuis quand la défaite est-elle récompensée ? Depuis quand allons-nous sauver les incapables qui se sont fait prendre ? Plus importants, depuis quand protégeons-nous un simple guerrier sous le simple prétexte qu'il soit né noble ?"

Il leva la main droite, comme pour faire signe de ne pas répondre.

"Je vais vous le dire. Depuis jamais et ça ne se fera jamais. Le Petit Prince Keto a voulu jouer au grand seigneur, il a perdu, tant pis. Il devrait s'estimer heureux que ce soit les Jedi qui l'aient attrapé, car si ça avait été moi sa tête ornerait ma chambre jusqu'à ce qu'elle pourrisse. Vous voulez aller les sauver ? Pourquoi ? Ils ne sont rien d'autre que des outils de l'ordre, et quand un outil est cassé ou le remplace."

Il regarda ensuite l'hybride sith, et rien qu'elle. Son sourire s'était déformé pour devenir celui d'un prédateur, d'un fou qui voulait du sang.

"Et vous, madame. Vous voulez ce trône prenez le, mais le titre qui va avec ne se réclame pas de par le sang, l'éducation, ou plus idiot encore, la défaite. Car aussi bonne oratrice soyez-vous, le seul et unique accomplissement que vous ayez à votre actif, c'est cette défaite sur Impératrice Téta."

Il bouillonnait et ça se sentait, la Force s'agitait autour de lui, devenait plus chaotique que jamais. Pourtant il n'allait pas attaquer, pas plus qu'il n'allait faire une démonstration de pouvoir, non, la Force répondait juste à son agitation, à sa colère envers les faibles et les incapables qui lui faisaient face.

"Dire que c'est à moi de ramener l'ordre ici. Pour commencer, nous allons jouer à un petit jeu. C'est simple vous allez voir. Que tous ceux ici qui n'ont pas le titre de seigneur Sith s'agenouillent. C'est la seule règle, le seul objectif. Mais le premier qui ne la respecte pas devra tuer un de ses camarades au hasard. Et s’il refuse, il passera le reste de sa vie sans bras ni jambes. Je me suis bien fait comprendre ?"

Déjà plusieurs personnes obéissaient, jetant des regards inquiets autour d'elles.

"Il est temps que cette académie se souvienne du fonctionnement de l'ordre. Et en présence de vos seigneurs, vous attendez qu'on vous le dise pour prendre la parole. Surtout si c'est pour dire des inepties du genre "Sauvez mon maître"... idiote."

Voilà le seul mot qui vint à l'esprit du Seigneur Laduim après que la réunion ait de commencer, offrant un défilé de pauvres petits êtres insignifiants qui semblaient se croire au niveau des divers Seigneurs Sith ici présents. Était-ce la coutume qui voulait que les imbéciles et les inaptes viennent offrir leur point de vu avant de laisser places aux véritables décideurs ? Certes l'homme n'était que peu habitué à ce genre d'assemblée, mais comment tous pouvaient ils accepter de se faire donner la leçon par une gamine qui au vu de son aura n'avait pas même le rang de Guerrier Sith.

Le Twi'lek était présent sur Imperatrice Teta lorsque Lord William Keto avait été capturé par les Jedi, tout comme cette femme qui faisait insulte à sa race en osant suggérer d'aller aider l'homme qu'elle avait elle même condamné. Avait elle déjà oublié qu'elle même n'avait pas été capable de le reprendre des griffes des Jedi ? Avait elle oubliée que dans sa capture, le Lord offrait aux Jedi de quoi se renforcer ? Cette femme était faible, sans quoi elle aurait écouté sa raison et achevé le Lord avant qu'il ne puisse offrir son "aide" aux Jedi. Il était certain que ceux-ci ne mettraient longtemps à prouver aux quelques sénateurs que leur cher Maître Don n'était seulement coupable d'avoir tué un Sith en la personne de Darth Ritter. Un Sith qui sans l'ombre d'un doute se seraient porté à l'assaut de leur cher Coruscant avec tout les autres. Peu importe que cela soit vrai ou non, les Jedi ne s'arrêteraient pas à cela, le Maître captif qu'il avait quelques jours plus tôt jeté dans une des cellules de l’académie était la preuve vivante que les Jedi ne faisaient que peu de différence entre leur devoirs et leurs intérêts propre. Tout comme les Siths...

Et les mots de la jeune femme prouvaient cela de façon parfaite puisqu'elle même avait osé porter devant eux son long exposé avant de le conclure que le Lord lui devait encore quelque chose. La cupidité, tous ici y étaient sujets, que ce soit cette jeune femme, ce jeune homme qui par la suite avait prit la parole pour se moquer ouvertement de ses dires ou même encore ce Seigneur Sith qui s'était donné en spectacle. Darth Laduim avait pourtant accordé plus d’intérêt à cet homme qu'aux deux autres protagonistes pour la simple raison que tout aussi dérangé qu'il soit, lui pouvait être une véritable menace pour ses projets.

Restant silencieux et parfaitement à sa place, l'homme laissa œuvrer la Maîtresse des lieux certain depuis leur entrevue dans le tombeau de Darth Orn qu'elle finirait sur le trône quoi qu'il arrive. C'était pour cela qu'il lui avait dors et déjà prête fidélité, qu'il était prêt à accepter ses ordres et ainsi se rapprocher d'elle peu à peu pour pouvoir la poignarder dans le dos le temps venu. Il avait déjà marqué divers points, il le savait, il était son premier soutient fort, il lui avait aussi permit de quitter en vie le tombeau de l'ancien Seigneur Noir Des Sith en l'aidant à défaire les divers chiens Sith qui protégeaient la dépouille de l'homme.

Peu à peu les choses semblaient rentrer dans l'ordre, les êtres inférieurs tombaient à genoux, les récalcitrant aussi, mais de façon plus bruyante et définitive. Laissant tout cela de côté Darth Laduim revint sur les deux Seigneurs Sith et leur joute verbale. Darth Shakaxhi en avait posé les bases et Dame Ynnitach commençait à offrir quelques réponses cinglantes qui n'auraient sans doute qu'un seul effet. La Sith s'en rendait compte évidement et pour cela elle était venu se placer à un pas du Twi'lek qui était prêt à la défendre si la situation s’envenimait.

Le seigneur Shakaxhi, plus assis sur le trône depuis un petit moment déjà, observait et écoutait Dame Ynnitach avec un intérêt dont peu le croyaient capable. Il était fou certes, mais loin d'être un idiot. C'était bien là ce qui faisait de lui l'un des êtres les plus dangereux de la galaxie, une intelligence remarquable au service d'un esprit chaotique et destructeur. Tous semblaient l'ignorer, ne voir en lui qu'un fou qui agissait sans but, sans logique. Tous faisaient une erreur qui risquait de s'avérer fatale. Il avait un objectif. Quant à sa logique, elle lui était propre, difficile à percevoir, si ce n'était impossible, mais elle existait.

Lorsqu'elle lui lança des piques maladroites, l'appelant serviteur, ou suggérant une notion de repentir vis-à-vis de sa présence en ce lieu et à cet instant, il ne put s'empêcher de rire, de ce rire dérangeant, presque enfantin, qui emplissait la pièce tout entière. Mais ce rire se tut bien vite. Déjà un autre être inférieur prenait la parole sans y être autorisé. Une femme, relativement séduisante, un délice à torturer songea le zélosien. Encore une sotte qui prétendait être indépendante, n'avoir ni seigneur ni maître. Shakaxhi avait entendu parler d'elle. La Sith qui avait tué son maître en public. Mais son maître était un simple guerrier, un insecte tout au plus, et cette exécution publique ressemblait trop à un appel désespéré à un peu d'attention. Celle-là lui appartenait déjà sans le savoir. Il la ferait plier sous sa puissance, l'infecterait de sa folie. Oui... celle-là lui plaisait.

Mais déjà le cathar refaisait surface, reprenant la parole comme si son rang le lui permettait, parlant à ses semblables comme à ses maîtres avec un ton qui laissait supposer une certaine supériorité. Voilà qu'il parlait de civilisation, d'unité. Celui-là voyait l'ordre Sith comme une entité affaiblie. Et quelque chose dans sa façon de s'exprimer laissait entendre que seul lui détenait la clef pour lui rendre toute sa splendeur.

Autour de Darth Shakaxhi la Force sembla changer d'humeur. Dans toute la pièce, la température baissa de quelque degré. Et déjà la jeune femme qui s'était exprimée un peu plus tôt se retrouvait jetée au centre de la pièce par un de ses camarades, qui lui restait soumit et silencieux, un bon Sith en somme. D'un regard vers Ynnitach, il lui fit comprendre que sa colère allait se déverser, mais pas sur elle. Non, elle n'avait rien fait de mal si ce n'était sortir les griffes pour défendre sa place.

"Il est amusant de voir comme la stupidité est répandue de nos jours. Moi qui pensais être le plus fou de tous, me voilà surpasser par des enfants."

Il posa son regard sur le cathar, lui souriant.

"Tu parles de civilisation avec ferveur, tu sembles croire que la démocratie est de mise entre ces murs. Très bien."

Il ne tendit même pas la main vers lui, il n'en avait pas besoin, plus depuis longtemps. La Force enveloppa le félin humanoïde et l'attira d'un coup sec vers le zélosien. Mais ce dernier n'avait pas l'intention d'en rester là. Il avait sorti son sabre violet d'un mouvement vif, précis, de sorte que, quand il arriva sur lui, le cathar s'empale sur la lame d'énergie pure. Il avait été transpercé à la poitrine, sur le côté droit.

"Tu ne mourras pas insecte. Ton poumon est perforé, mais tu as toujours l'autre. Et si tu as de la chance l'un de tes camarades aura pitié de toi et te conduira à un droïde médical qui te remettra sur pied. Mais soit sûr d'une chose. La prochaine fois que tu parleras devant moi sans en avoir eu l'autorisation, tu mourras sans préavis."

Et d'un coup de pied il repoussa le corps de ce Naël, rangeant la lame de son sabre dans le même temps, le laissant s'effondrer au sol, aux portes de la mort. Mais il n'avait pas fini, loin de là. Déjà une autre personne pouvait sentir la force l'envelopper, la serrer comme un étau et l'attirer aux pieds du seigneur fou des Sith. C'était Shinou'ki, la twi'lek trop bavarde.

"Quant à toi, avec ou sans maître tu n'es qu'une apprentie au sein de cet ordre, guère plus qu'une esclave. Te trancher les membres serait trop doux, la douleur finirait par disparaître et on pourrait les remplacer par d'autres. Tu vas apprendre ce qu'est la douleur petite idiote, tu vas apprendre ta place."

Et cette fois-ci il n'y eut pas de sabre, juste cette main tendue d'où jaillirent les éclairs rouges, rouges comme le sang, comme la rage qu'il déversait sur la pauvre apprentie. Et il se remit à rire, à gorge déployée, accompagnant les cris de sa victime alors que le supplice se prolongeait encore et encore, enflammant les vêtements de la twi'lek, brûlant sa peau encore et encore. Mais il finit par s'arrêter, laissant Shinou'ki à la frontière entre la vie et la mort.

"Il est temps que cet ordre se souvienne de la différence entre ses seigneurs et les autres. Nous vous dominons, nous sommes ici les seuls à être libre. Vous êtes es serviteurs, des esclaves, au mieux des jouets. Vous n'avez qu'une seule façon de vous libérer de nos emprises ! Briser vos chaînes et tuer l'un de nous. Mais aucun de vous ici n'en est capable, aucun de vous ici n'a goûté au pouvoir dans lequel nous nous baignons ! Aucun de vous n'a ôté autant de vie, déverser autant de chaos sur la galaxie que moi. Je suis le seul à jouir de votre vie et encore plus de vos morts. JE SUIS VOTRE SEIGNEUR ET MAÎTRE !"

Et d'un nouveau tour de télékinésie il attira la dernière des effrontées, la plus humaine des trois. Cette fois-ci pas d'éclairs ni de lames, elle se retrouva la mâchoire prise dans l'étau qu'était la main artificielle du zélosien, qui la serrait tout juste à la limite de la rupture des os.

"Quant à toi... hmmm toi. Je ne sais si je dois te dépecer pour l'exemple ou bien te garder pour plus tard..."

S'aidant à nouveau de la Force, mais cette fois pour augmenter ses capacités physiques, il lança la belle entre ses deux précédentes victimes, comme si elle n'avait été qu'une poupée de chiffon.

"C'est toi qui les sauveras, puis tu viendras chercher ta punition dans mes quartiers. Si tu ne viens pas..."

Il n'ajouta rien, c'était son esprit qui travaillait, brisant celui de la guerrière, y puisant sa peur la plus intense et la faisant ressortir, l'espace d'un instant. Juste assez pour qu'elle comprenne qu'elle était dors et déjà sous son emprise, pas assez pour que sa faiblesse ne soit révélée à tout le monde. Puis il se tourna vers Ynnitach, à nouveau. Mais il n'y eut pas un mot d'échangé, du moins aucun qui ne put être entendu. Et enfin il s'éloigna, marchant d'un pas calme vers la sortie, alors que la foule présente s'écartait à son approche, cherchant à fuir la folie de ce monstre qui venait d'humilier trois des leurs en y prenant un plaisir manifeste. La réunion était terminée pour lui, et une chose était claire désormais, ceux qui désobéiraient à sa folie ne pourraient plus que craindre pour leur vie. Il était le Faucheur, le Seigneur Fou des Sith.