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Recroquevillée dans le coin d’un bureau dont elle avait détruit la caméra, Mat’Aenna attendait que le calme soit à peu près revenu dans cette partie du Sénat. Après avoir perdu de vue l’apprenti sith qui avait dû s’occuper d’un soldat républicain particulièrement acharné, elle avait en toute logique perdu à son tour la trace du Chancelier et de sa garde rapprochée, pour finir, seule, perdue dans les étages. La clameur des combats s’était peu à peu rapprochée d’elle ; mais à peine la jeune fille s’était-elle avisée d’un boyau d’aération sagement dissimulé derrière un tableau qu’elle avait tapé involontairement du pied un peu trop fort. La conduite d’eau adjacente, déjà fragilisée, avait presque explosée à la tête de la twi’lek qui s’était retrouvée la tête trempée, et l’oreillette com’ hors-service. Elle avait alors couru comme une dératée se réfugier dans le minuscule bureau d’un petit secrétaire, avait fait exploser la caméra en tirant dessus et s’était jetée dans un placard le temps que les bruits de tirs s’estompent un peu dans le couloir.

De toutes ses forces, elle s’efforça de ne pas penser à la nuée de cadavres qui remplissait le bâtiment, à Darth Sinya qui allait vouloir la tuer après son échec, à Kaze dont le but était de la récupérer pour ses plans foireux, à ses échecs répétés, à tous ces fichus jedis et à leur morale, au magot qu’elle avait empoché sur Aldérande et qui n’attendait qu’elle…

Dans quelle situation s’était-elle mise ? Poursuivre le Chancelier, même sous la contrainte, prendre le parti d’un raid surprise sur le Sénat par les siths, tirer sur des soldats, le tout sous le regard attentif des caméras républicaines… les conséquences de ses actes allaient être indescriptibles. Indescriptibles. D’un côté comme de l’autre, elle allait mourir, qu’elle se rende ou qu’elle cherche à repartir avec les survivants siths.
Mourir, mourir ! A coup sûr, et sous les crachats de la galaxie entière. Il n’y avait plus qu’une solution, la fuite, descendre si bas dans Coruscant que plus personne ne pourrait la retrouver, que plus personne ne songerait à elle. Plus jamais, et elle finirait sa vie comme elle l’avait commencé, anonyme, petite, étroite, mais en vie. Peut-être qu’un jour… oui, quand elle serait certaine de l’oubli, elle referait surface, elle repartirait dans les étoiles. Mais en attendant, la fuite, c‘était la vie, et le chaos serait son seul allié. Personne ne chercherait à la retrouver tant que les combats dureraient, personne ne se soucierait de celle qui avait eu pour charge d’assassiner le Chancelier, le personnage le plus important de la République !

Rassemblant tout son courage, blaster serré dans son poing contracté, l’adolescente osa s’aventurer de nouveau dans le couloir déserté. Elle buta contre un cadavre, glissa dans une flaque de sang séché, se releva et s’enfuit. Loin, loin, loin, voilà tout ce qui comptait ! Vite, elle consulta maladroitement sa carte, dérapa dans un escalier, faillit éclater en sanglots dans un ascenseur, en constatant toute cette mort, omniprésente, qui éclatait désormais à ses yeux qui n’en avait encore jamais vu autant. Un champ de bataille, voilà ce qu’était devenu le Sénat, et elle n’était qu’une bête parmi les autres, à tuer, à piller, à s’emparer de cette place-forte de la République, pour y semer destruction et chaos avant de repartir vers de nouvelles horreurs !

Une secousse ébranla l’ascenseur qui se mit à hurler de toutes ses alarmes, obligeant l’assassin ratée à le passer en mode manuel pour descendre jusqu’à la sortie qu’elle guignait depuis qu’elle avait retrouvé le courage de sortir de ce bureau. Depuis qu’elle avait décidé de fuir une fois pour toute République et Empire réunis.

Niveau – 21, sous la base de l’imposant bâtiment. Ici aussi, quelques cadavres, le trou béant d’une explosion, un sabre sith qui gisait au milieu du passage, coincé sous le ventre d’un pauvre gars dont la vie n’était déjà plus qu’un souvenir. Rapidement, sous le coup d’une impulsion subite, Mat’Aenna s’en empara, força le boitier de commande qui commandait l’actionnement de la porte de service – visiblement, quelques personnes s’en étaient déjà servies pour fuir en « sécurité » - et soupira de soulagement en la voyant s’ouvrir enfin. La liberté. Oui, la voilà, la liberté que la République vantait tant ! Juste derrière cette porte…

La twi’lek verte s’immobilisa, manquant de laisser tomber la poignée de sabre laser qu’elle venait de récupérer. Deux corps de siths étaient soigneusement empilés dans un coin ; et, face à la porte, un vieillard. Choquée, la gamine ouvrit la bouche pour parler, sans y arriver. Puis les souvenirs l’inondèrent brièvement. Sai Don, la nuit dans la neige, l’attaque du Temple par les créatures sauvages, ses manières accueillantes et simples, l’infirmerie où elle avait pu se reposer sans qu’il lui soit fait de mal… le padawan… son nom qui commençait à se perdre doucement dans sa mémoire…

La surprise, puis la profonde bonté qu’elle lut dans son regard l’emplit d’une soudaine et intenable détresse. C’en était trop. Les souvenirs, ces précieux souvenirs-là, ils allaient être aussi gâchés !

- « Grand-père… »

Sa voix était sèche, presque rauque, marquée par la tension insoutenable des dernières heures.

- « Grand-père, te mêle pas de ça. Je te ferai du mal si tu m’laisse pas passer. J’ai pas envie. Casse-toi d’ici. MAINTENANT ! »

Le flot bouillonnant de haine habituel déferla dans son ventre, l’emplit de nouvelles forces, suffisantes pour pointer son arme sur lui sans trembler. Mue par une impulsion, elle activa l'arme sith qui diffusa une lumière orangée, dont l'aura illumina sa combinaison pratique souillée de sang. Déséquilibrée une seconde par sa légèreté, elle raffermit sa prise autour de la poignée ouvragée.

Il n’y avait pas d’autres solutions… La vie ou la mort.
Saï Don
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[HRP: bon, je suis un peu fatiguée ce soir, j'espère que ça ira quand même ç_ç dis-moi s'il y a quelque chose qui ne te plaît pas !]



    Alors que la nuit tombait sur Coruscant, faisant s'illuminer les milles et unes enseignes lumineuses de la capitale-monde, un vieillard était assis sur un banc de métal, dans une allée bordée de commerces bruyants. Ici, des centaines d'espèces se croisaient en marchant, en courant, en discutant avec un ami ou par comlink, et nul ne semblait remarquer la présence de l'humain âgé, aux allures de mendiant, qui croupissait là. Comme endormi sous ses guenilles, son visage incliné disparaissait sous sa capuche grise. Mais nul n'eut l'idée de venir piller le vieillard assoupi – que possèderait donc un mendiant de cet âge ?

    Mais la silhouette immobile ne dormait pas, elle méditait. Dans la Force, un flot de vagues irrégulières affluait, comme les remous tortueux d'un océan avant un puissant orage. Tel un grain de sable dans ce phénomène fluide, l'esprit du vieillard était ballotté, tiraillé par les tensions du passé et de l'avenir. Une seule chose était sûre : des évènements approchaient ; terribles, inéluctables, aussi impossibles à prévoir qu'à ignorer. Tout cela était sinistre...

    Et Maître Don savait bien ce qui le rongeait le plus : cette fois, il était hors jeu. Il ne pourrait rien faire d'autre que de contempler la scène en priant pour que les Jedi agissent au mieux.



    ***


    Au milieu d'une population angoissée, parfois paniquée, Saï avait dû jouer des coudes pour rejoindre au plus vite le Sénat. Non par l'entrée principale – il ne serait que trop facile de le reconnaître s'il ne faisait pas preuve d'un minimum de prudence- mais l'une des passerelles plus discrètes qui lui avait permis de s'échapper de l'édifice quelques semaines plus tôt. Autour de lui, il entendait prononcer le mot de « Jedi » avec terreur. Parfois, certains criaient qu'ils les attendaient, les Jedi, qu'ils les abattraient. Mais Saï fit de son mieux pour ignorer la haine ravivée de la population contre son Ordre. Après tout, la réaction de cette foule était légitime... Mais lui savait à qui il était fidèle, et il avait bien senti la Force amener non loin d'ici plusieurs Jedi. Qui sait s'il ne pourrait pas aider un Chevalier en se rapprochant ? Le défendre, le soigner, l'informer ?
    Au fond de lui, pourtant, il y avait aussi cet espoir de rencontrer un visage ami, d'avoir des nouvelles du Temple... Peut-être même de son padawan. Mais ce n'était pas le plus urgent...

    La passerelle en question n'était même plus gardée. La sécurité avait-elle été si endommagée que l'on avait même retirée la garde élémentaire des sorties secondaires du Sénat ? Au-dessus de la tête du vieil homme, un vaisseau bruyant et volumineux passa, et le son de ses propulseurs se répercuta plusieurs minutes dans le ciel. Des détonations suivirent, et Saï en conclut que l'attaque se déroulait aussi dans les airs. Qui donc s'attaquaient au Sénat aussi violemment ? Les Sith ? C'était complètement illogique ! Les Sith avaient une influence certaine sur le Sénat depuis le procès de Lana Anthana. Pourquoi diable, avec cette victoire, se mettre à venir tuer ? C'était se mettre un tir de blaster dans le pied !

    Sans perdre plus de temps, le vieux Maître accéléra le pas pour atteindre l'entrée. Même une fois à l'intérieur, dans la pénombre d'un couloir dont l'éclairage avait grillé, personne ne lui barra la route. Des débris jonchaient le sol, et à quelques pas de là, le corps d'un humain en uniforme était étendu, visage enfoui dans un bras noirci, probablement meurtri par des tirs de blasters.

    Le mauvais pressentiment du vieillard se mit à grandir en même temps que son angoisse. Si l'attaque était si puissante... Les Jedi ici présents suffiraient-ils à protéger le Sénat ? Survivraient-ils eux-même ?

    Dans la Force, nulle trace de Luke. Saï n'osait envisager le pire quant à son absence. Son padawan n'était probablement pas venu sur Coruscant, voilà tout. Mais c'était difficile à croire, après ses propres actes... Pour terrasser ces sentiments terrifiants, il ne lui restait plus que l'action.

    Sortant de la léthargie dans laquelle la contemplation du lieu l'avait tristement plongé, le vieil homme enjamba rapidement les trois mètres qui le séparait du corps inerte en faisant tomber sur ses épaules la capuche qui jusque là masque son identité. A priori, le Sénat avait d'autres problèmes qu'un vieux fou, maintenant.
    Alors qu'il allait approcher sa main de l'homme inerte pour vérifier son pouls, une voix le fit sursauter. Ses yeux sautèrent de l'homme à la Twi'lek en haut des escaliers.

    Grand.. Père ? C'était donc bien..

    - … Mat ?
    Souffla-t-il, stupéfait.

    Mais ce n'est plus tout à fait l'enfant qu'il avait rencontré, dans Iziz, à une autre époque. Ses yeux s'étaient durcis, étirés. Ses formes comme sa silhouette avaient mûri. Mais tout cela n'était pas dû qu'à la vieillesse, c'était évident...
    Le vieil homme resta coi quelques secondes. Ce blaster, ces blessures, cet air déterminé et nerveux... Mat était-elle en train de faire la guerre ? Et pourquoi le menacer, lui ?
    Par prudence, il leva les mains paumes ouvertes.

    - Du calme... Je ne suis pas là pour t'arrêter,
    prononça-t-il doucement.

    Il avait l'impression d'être face à une bombe à retardement. Ses mots ne pourraient la désamorcer si aisément. Pris par surprise, de surcroît, il ne savait comment les protéger tous les deux des tirs qu'il entendait au loin. Remonter vers l'intérieur du Sénat ne semblait en effet pas être une excellente idée... Surtout pour elle, vu sa détresse.

    - Je ne peux pas m'en aller, désolé
    , expliqua-t-il en gardant sur elle des yeux prudents. Peut-être... Des gens ont peut-être besoin de moi, ici. Mais je ne te retiens pas.

    Néanmoins, il faudrait quand même qu'elle passe devant lui si elle voulait sortir par cette voie. Si elle acceptait de parler et non de se comporter comme une mercenaire, peut-être en saurait-il un peu plus sur ce qui se passait précisément ici...


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La respiration saccadée, haletante, la gamine fixait le vieillard en bure grise qui lui faisait face. Les deux mains toujours crispées autour de la garde de ses deux armes, elle n'arrivait plus à bouger, comme paralysée par la présence infiniment rassurante de l'homme qui, malgré son mensonge, lui avait garanti pratiquement les seuls moments de confiance qu'elle eut jamais connu ces deux dernières années.
Ses deux mains ridées ouvertes, la paume en l'air, il avait l'air d'une fragilité incroyable, plus encore que dans son souvenir ; son regard déjà parcheminé s'était enrichi de quelques rides supplémentaires, donnant envie à la twi'lek de baisser ses armes, de rester et de s'épancher, près de lui. Peut-être que lui ne la tuerait pas - peut-être que lui ferait en sorte qu'elle ne soit pas tuée par ses pairs.

La voix douce et prudente du vieillard retentit à nouveau dans l'air alourdi de tension. Mat'Aenna s'autorisa à fermer les yeux, une toute petite seconde, pour décider de ce qu'elle allait faire. Pour s'autoriser à imaginer s'arrêter dans cet endroit qui semblait perdu, oublié de tous, imaginer ranger ses armes et laisser un plus sage qu'elle décider de son sort, vivre une autre vie, s'accorder une autre chance, pour vivre autre chose. Donner une chance aux jedis de la convaincre qu'ils n'étaient pas des monstres comme darth Sinya. Mais ce n'était pas vrai, lui comme les autres ! Elle avait déjà eu la preuve qu'il savait mentir et qu'il n'hésitait pas à le faire ! A nouveau, la colère déferla dans sa poitrine, dans ses deux estomacs, se diffusa comme une onde sécurisante dans tout son corps. C'était la guerre ici ! Et il la voulait probablement pour l'enfermer pour tous ses crimes, sans avoir à se battre pour pas s'abîmer le petit doigt. Comme Kaze. Comme Sinya. Comme l'enfoiré qui l'avait laissé tombé dans les couloirs pour se battre contre un mastodonte.

- "J'te crois pas ! J'te crois plus !"

Elle avait crié. Plus aiguë, arrivée quasiment au point de rupture, l'adolescente s'apprêta à tirer. Ils voulaient tous sa mort ! De tous côtés, la situation était sans issue, jamais elle ne s'en sortirait vivante, et surtout pas avec ce grand-père, et tous ses mensonges... ce jedi. Le Maitre de l'Ordre n'avait rien à faire dans cet endroit paumé.

- "Je sais qui tu es ! Je sais ! J'ai vu au procès ! J'ai vu !"

Avec vivacité, la twi'lek émeraude se colla contre la paroi métallique, sans cesser de le tenir en joue, le sabre orangé toujours allumé. Elle faillit s'entailler la jambe, en oubliant de prendre garde à la lame laser qui ne pesait rien, et leva aussi la main gauche en un geste menaçant. Non, non, ce n'était pas possible, elle n'allait pas le tuer ! Ce n'était pas possible, pas lui ! PAS LUI, elle ne pouvait pas...
Mais il le fallait. Il l'avait vu, il la dénoncerait... on ne pouvait faire confiance à personne. Kaze le disait sans cesse, Sinya aussi, tout se liguait contre elle... mais elle ne pouvait pas. Tétanisée, le doigt sur la gâchette, il suffisait d'un rien, d'un geste, pour que la situation bascule au drame ; et le coup finit par partir, dévié par la nervosité quand un cri masculin retentit peu derrière elle, dans le couloir maintenant ouvert sur le couloir où ils se trouvaient tous deux. Un petit trou s'inscrivit dans le plastacier, au-dessus de la tête du vieillard intacte.

- "Bouge pas, saloperie sith !"

La silhouette d'un soldat républicain s'inscrivit dans l'embrasure de la porte ouverte. Le fusil réglementaire pointé dans sa direction, il la tenait en joue, le visage déformé de rage, l'uniforme tâché de sang frais, le casque de travers. A nouveau, il se remit à parler, tandis qu'il s'approchait, pas à pas, menaçant, prêt à tirer au moindre mouvement de son adversaire. Crispée de colère, Mat'Aenna le regardait, sans bouger, attendant son heure. Elle comprenait enfin le piège tendu !!

- "Bouge pas, saloperie de sith. Tu vas voir comme on va t'faire ta fête en taule... Baisse tes armes, ou j'te défonce, j'ai dit, baisse tes armes ! A g'noux, mains sur la tête !"

Les yeux luisants, la gamine obtempéra, faisant mine de se rendre. A genoux, elle le sentit s'approcher, lever sa crosse pour la frapper... et le faucha d'un violent coup de pied dans son genou. Avec souplesse, elle se releva prestement, pour lui écraser l'articulation qui céda dans un horrible craquement et un cri de douleur. Il fit feu, arrachant un hurlement à la twi'lek qui plongea sans hésitation le sabre sith dans le cœur du républicain, mettant ainsi un terme au bref combat sous les yeux de Sai Don. Oubliant sa présence, l'esclave fouilla hâtivement le corps encore chaud, pour retirer quelques crédits des poches et la pièce d'identité, qu'elle se pressa de fourrer dans ses chaussures.
Elle se redressa avec difficulté. Le tir avait atteint le haut de sa cuisse, et chaque mouvement la faisait souffrir. Mais il ne fallait pas flancher, pas maintenant. Fuir les combats...

Son regard bleu rencontra celui du maitre jedi. Ses yeux se noyèrent de larmes stupides, qu'elle essuya d'un revers de main rageur, bien que légèrement plus calme que l'instant d'avant. La tension retombait petit à petit, et elle ne sursauta même pas lorsque son holocommunicateur, qu'elle avait oublié, se mit à vibrer. Sans le prendre, elle se contenta de l'allumer automatiquement.
La voix de Darth Sinya flotta dans les airs, délivrant son message tandis que la twi'lek grimaçait d'une rancœur qu'elle ne parvenait pas à dissimuler.

Siths, Soldats !

Ici Darth Sinya, Seigneur Sith. Vous avez tous répondu à mon appel, et vous vous êtes battus pour une même cause. Notre but n'est peut-être pas atteint, mais ce n'est pas là le plus important. Une fois encore, la République a tremblé. L'effet de surprise étant passé, j'invite tous ceux qui voudraient me suivre, à me retrouver à bord de mon vaisseau, le "Destructeur", aux coordonnées intégrées à ce message. Ensemble, il nous est possible de bâtir un autre chose ! N'y voyez pas là une défaite, mais le début de quelque chose de plus grand !

Nous vaincrons !

Darth Sinya, terminé.

Tout ça, c'était pour quoi ? Tous ces meurtres, toute cette haine, tout ça... rien que pour s'entendre dire qu'il fallait revenir à sa prison ? L'armée sith de Darth Sinya était en déroute, les troupes républicaines...

- "Tu dois bien rire, grand-père. Y'a plus d'issue pour moi... Les troupes vont toutes débarquer. J'étais loin d'imaginer que ça finirait comme ça, à Iziz."

Un profond abattement s'était emparé de l'adolescente aux yeux sans illusions sur son sort.

- "Dis rien à personne et... et j'te donnerai de l'argent. J'ai de l'argent. Je l'ai gagné, comme il faut. Avec une maitre Jedi, en plus. S'il te plait. Je te donnerai beaucoup de crédits."

Pas à pas, elle reculait, s'éloignait du Sénat à reculons. Puis elle chuta, en silence, en serrant les dents. Fallait qu'elle fasse un garrot. Très vite. Elle perdait trop de sang... De toute façon, c'était trop tard. Elle plaqua son visage dans ses mains.

Elle voulait tout oublier...
Saï Don
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    Le vieil homme resté immobile, les mains en l'air, grimaça un bref instant. Il aurait voulu intimer à la jeune fille de crier moins fort -c'est qu'il ne faisait pas bon se faire repérer, quand on était au beau milieu d'une bataille- mais il resta silencieux, à encaisser les mots de Mat comme des poignards de vengeance. Et ses accusations, Saï devait se l'avouer, n'étaient pas tout à fait illégitime.
    Il se souvenait comme si c'était la veille de ce soir où, le poids de ses responsabilités le fatigant, il les avait fui dans une ruelle sombre d'Iziz. Et là, il était devenu un vieillard quelconque, à la limite de la sénilité, à partager un feu dans la neige et les histoires de reines et de princesses de sa jeunesse... Pour oublier qu'il était un Jedi, que la mort et le malheur le suivait partout où il allait, comme des soeurs jumelles de la sérénité qu'il essayait pourtant d'insuffler autour de lui. Mais il est de ces fardeaux que l'on ne peut oublier plus d'un soir, et leur rencontre s'était terminée sur un drame.

    Et aujourd'hui, la jeune Twi'lek pointait sur lui un blaster d'un calibre trop gros pour des mains si fines, et tenait de l'autre un sabre laser d'une teinte orangée qui ne lui disait rien qui vaille.
    Mat avait en effet toujours eu une présence dans la Force. Aura qui n'avait pu être approfondie : Mat avait fui le Temple d'Ondéron sans laisser de trace... Aurait-il dû insister, ce soir-là ? La faire parler malgré sa fatigue, pour qu'elle comprenne ce qu'il se passait, et non céder aux demandes d'Abriel qui voulait qu'on la protège ? Peut-être que ça n'aurait rien changé, et la suggestion du padawan sur le moment avait été plus que sensée. Néanmoins, elle n'avait pas eu de formation de Jedi et Saï savait ce que cela signifiait : si elle avait un sabre dans la main, il y avait de grandes chances pour que les Sith le lui aient donné.

    Brusquement, le vieil homme perçut la déflagration fugace qui annonçait le tir d'un blaster et, sans réfléchir, il voûta son corps au-dessus de l'homme qu'il avait voulu examiner. La Force l'avait aidé à deviner que le tir ne le toucherait pas, de toutes manières, mais on n'était jamais trop prudent, et le trait de lumière verte alla noircir la paroi de plastacier derrière lui. Puis des voix retentirent, et la Twi'lek détourna enfin son attention de lui.

    Tandis que le vieil homme s'élançait dans les escaliers pour les gravir, un soldat Républicain déboula, la Twi'lek en joue. Ni une, ni deux, et la scène d'arrestation dégénéra en combat de corps à corps sous les yeux effarés du vieil homme. Avec horreur, il cessa de monter l'escalier pour voir le geste qu'il n'aurait pu prévoir : l'homme fut transpercé de la vive lame. Saï regarda le corps être secoué d'un spasme, les yeux écarquillés dans une expression terrible, avant de devenir inerte – mort.

    Le vieux Maître resta interdit. Il n'avait plus de nostalgie, plus d'espoir non plus. Seulement l'horreur de voir cette scène en laquelle il ne pouvait croire. A quel point était-il responsable de cette dérive ? Combien de fois s'était répétée cette histoire, des jeunes enrôlés par les Sith, qui devenaient des monstres malgré eux ? Car il ne pouvait croire que Mat soit volontairement devenue une tueuse – il se souvenait parfaitement qu'elle avait eu bon fond. Avant. Et ses larmes n'étaient que la preuve qu'elle n'approuvait pas tout à fait ses propres actes.

    - … Rire ? murmura-t-il au bout de quelques secondes de silence, une expression grave figeant son visage abîmé par les ans. Tu penses vraiment que voir ce que je viens de voir... de ta part... puisse me faire... rire ?

    Une nouvelle poignée de secondes s'écoulèrent, sans que le vieil homme ne puisse agir, sans qu'il ne puisse décider du comportement à adopter. Elle lui reprochait d'avoir menti ; mais que faisait-elle donc, elle ? Elle tuait des hommes, était-ce sensé valoir mieux ? Néanmoins, comment lui en vouloir, quand il se sentait en partie responsable ? Quand lui-même était venu assassiner un célèbre politicien Kuati au vu et au su de tous, quand il était devenu un hors-la-loi, qu'il était passé de modèle pour son Ordre à paria ? Certes, il lui semblait avoir eu de bonnes raisons... En avait-elle ?
    Il ne savait qu'une chose, au final : elle était trop jeune pour être livrée à elle-même dans une telle situation, mais elle était trop vieille pour ne pas être tenue responsable de ses actes. S'il la laissait ici, elle serait soit tuée, soit jugée coupable d'homicide volontaire sur des soldats républicains et d'appartenance à un groupe terroriste. S'il la laissait ici, c'était la mort, ou la mort.

    Brusquement, le vieil homme gravit deux à deux les dernières marches qui le séparait de la Twi'lek. Sans crier gare, et avec la rapidité dont il était encore capable pour qu'elle ne puisse réagir en le tailladant de sa lame, il s'empara du manche de son sabre laser et le lui arracha de sa main gauche. Derrière eux, des pas et des cris retentirent, et Saï sut que des renforts arrivaient. Probablement Républicains, puisque les Sith -Darth Sinya ? tiens donc, elle était de retour ?- avaient annoncé leur retraite. Alors le vieillard se redressa, perdant un peu de son allure de mendiant, et éteignit la lame orangée. De son autre main, il attrapa Mat par le bras et la força à descendre rapidement les marches : direction la sortie.

    Ils se mirent à courir pour échapper aux soldats – le Maître Jedi lui-même était recherché, de toutes manières, Mat le savait-elle ?- et ils débouchèrent sur la passerelle qu'avait emprunté le vieil homme pour entrer au Sénat. La lumière vive de l'extérieur fit à Saï l'effet d'un flash aveuglant, mais il ne ralentit pas sa course pour autant -sans prêter attention à l'allure de la jeune Twi'lek, qu'il n'écoutait plus. L'urgence était à la dissimulation... Sans qu'il ne la laisse s'enfuir toute seule. De toutes façons, il avait son sabre avec lui et, si elle était vraiment Sith, elle ne le quitterait pas sans le récupérer au préalable. Or, il le tenait fermement dans sa main gauche.
    Quelques secondes plus tard, ils se retrouvèrent plongés dans la foule inquiète de Coruscant. Quelques regards les fusillèrent ou s'écarquillèrent sur leur passage, mais personne ne s'opposa à ce qu'ils empruntent un passage menant vers une rue bondée de monde, et bientôt ils furent pris pour des personnes effrayées, comme la majorité de celles qui avaient vu les tirs de Darth Sinya s'abattre sur le Sénat.

    A mesure qu'ils s'éloignaient, le vieil homme sentait son cœur battre moins fort et sa raison reprendre le dessus sur les émotions. Un coup d'œil en arrière pour voir le visage de Mat, et ils poursuivirent leur marche en slalomant entre les passants angoissés.

    - Essuie-toi le sang que tu as sur le visage, lui dit-il, mais c'était plus un ordre qu'un conseil.

    Il ne lui avait pas retiré son blaster. Il ne pensait pas qu'elle puisse réessayer de s'attaquer à lui -du moins pas immédiatement. Il l'empêchait de retourner auprès de Darth Sinya -mais pour combien de temps ? Elle était si jeune, se répétait-il, elle ne pouvait pas être déjà foncièrement mauvaise. Elle était encore « sauvable ». Il trouverait peut-être les mots pour la détourner des Sith. Comme avec ce jeune homme -Lloyd, était-ce bien son prénom ?- qui était venu enlever son padawan pour le compte du seigneur noir, et qui avait fini par l'aider à réparer son geste. Mais le Hapan était-il encore vivant, ou bien sa collaboration avec Saï lui avait-il valu d'être sommairement exécuté par les Sith ?
    Finalement, le vieil homme ne savait plus bien s'il était une aide ou une malédiction pour les jeunes gens qu'il essayait d'aider.

    Mais il ne pouvait pas laisser tomber Mat. Il lui fallait trouver un endroit discret où discuter.

    - Je ne te rendrai pas ton sabre ni te laisserai repartir avant qu'on puisse converser tranquillement, toi et moi. Il n'est pas question de se battre ni de te dénoncer, si tu veux savoir, je veux que tu me dises ce qui t'es passé par la tête pour réussir à te mettre dans une situation pareille, décréta-t-il d'un ton sec et nerveux. Et cache-moi ce fichu blaster !

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Les yeux de la twi'lek se rouvrirent aussitôt lorsque Sai Don revint vers elle pour arracher le sabre laser qu'elle avait volé. Avec une fermeté dont elle ne l'aurait pas cru capable la minute d'avant, il lui saisit le poignet gauche, tandis que des clameurs s'enflaient, gonflés par des bruits de pas précipités et de cris de victoire.
Un peu passivement, elle se laissa entrainer par le vieillard, oubliant tout douleur, indécision, jusqu'à la peur indicible qui ne l'avait jamais quitté depuis des semaines: Non, cet homme-là n'était pas, plus un vieillard, mais il était le Maitre de l'Ordre, le vieux mendiant qu'elle eu envie de protéger un soir d'hiver, il était le vieux jedi qui s'était attablé avec elle, au Temple ; il était un homme en qui elle vouait une confiance presque aveugle, malgré les circonstances - malgré ou à cause des circonstances qui avait entouré leur rencontre. Ces souvenirs-là étaient sacrés, et l'homme qui en était au centre tout autant. Malgré tous les mensonges... ou plutôt, les omissions. Mais qui ne mentait pas ?!

Ils descendirent quelques marches, aboutirent à une passerelle en courant, continuèrent leur chemin malgré le soleil qui aveugla la jeune fille, habituée à l'obscurité depuis qu'elle avait quitté Ilum. Courir parmi la foule, suivre ce jedi, coûte que coûte, tenir le rythme, ne pas faiblir, sinon, elle serait rattrapée... sinon ... sinon, sinon, sinon ! Emplie brusquement d'une colère fulgurante contre Sinya, contre son maitre, contre elle-même, elle serra les poings, s'incrustant à plaisir ses ongles dans sa peau, pour mieux tâcher d'oublier qu'elle était en permanence en train de fuir ou de cacher quelque chose.
Sauf avec ce vieux grand.père envers qui elle éprouvait un sentiment totalement irrationnel. Débile. Un sentiment de faible - mais n'était-elle pas faible, finalement ? Elle aurait dû gagner sa liberté avec le meurtre du Chancelier, elle aurait pu devenir une sith, trouver sa place quelque part, devenir quelqu'un et se faire respecter. On lui aurait enlevé sa bombe. Tout ça, c'était raté, maintenant, il n'y avait plus que la mort qui l'attendait sur le Destructeur. Et Kaze ? Est-ce qu'il avait fui aussi son ancien maitresse ? Est-ce qu'il essaierait de la retrouver, même si elle était en prison ?

Elle était rien qu'une faible, et elle en aurait craché de mépris si la foule n'était pas devenue aussi dense, la pression sur son poignet si ferme et pourtant indubitablement rassurante. Saï Don se retourna une bref seconde, lui intimant l'ordre d'enlever le sang de son visage - tiens, elle devait en avoir partout alors - avant de continuer à slalomer parmi les passants. Où la conduisait-il donc ? Pas à la police, en tout cas, c'était visible. Mat'Aenna secoua la tête, comme pour en chasser les mauvaises pensées. Là il l'emmenait n'avait pas d'importance : elle avait remis son destin entre ses mains. Pour le moment, en tout cas.

Quelques instants plus tard, ils avaient émergés sur une placette plus éloignée du Sénat et plus déserte. Vu le remue-ménage qu'avait engendré Sinya, on ne risquait pas de s'intéresser à eux avant un moment. Il ne faudrait cependant pas qu'elle tarde, vu l'ordre d'arrestation à son encontre qui n'allait pas tarder à suivre : il faudrait qu'elle rejoigne les bas-fonds assez vite pour pouvoir se procurer au moins une fausse identité. En attendant, elle utiliserait la carte ID du mort pour passer les ascenseurs.
Mais pour le moment, ils avaient droit à une petite pause. Ils avaient enfin terminé de courir. L'adolescente s'affala contre le mur de plastacier peint de couleur vive, reprenant son souffle tandis que les yeux bleus de son interlocuteur se posait sur elle avec sévérité, qu'il lui parlait de son arme, de "ce qui lui était passé par la tête" pour s'être mise dans un pétrin pareil !

La twi'lek émeraude étouffa un rire nerveux, puis offrir au vieux jedi un sourire fatigué, désabusé.
Et elle commença à parler, mais comme d'habitude... c'était pour mentir, c'était tromper, c'était pour rire d'elle-même. Elle était si embourbée que de toute façon, rien ne pourrait jamais la rattraper du puis sans fond dans lequel elle était tombée. Est-ce qu'elle serait capable de faire autre chose que de se foutre du monde, une fois ?

- "Ouais, bien sur, j'avais qu'une envie, c'était torturer et poutrer des sénateurs que j'connaissais pas. Juste pour foutre la merde. Le pied."

A nouveau, un rire cynique, nerveux. Elle tremblait maintenant, carcasse efflanquée de twi'lek qui se vidait peu à peu de son adrénaline. Elle avait envie de boire, de boire beaucoup, de s'endormir sans avoir plus conscience de rien... est-ce que c'était normal qu'elle en ait envie tous les soirs ?

- "Peut-être que je devrais rentrer chez ma mère."

C'était sorti comme ça, sans vraiment réfléchir. Là-bas, on ne lui poserait pas de questions. Elle serait punie pour sa fugue, ça c'était sûr, mais ça vaudrait mieux que la cage que les siths ou les républicains lui réservaient, des deux côtés. Non, elle ne voulait pas... La gamine ne savait pas bien ce qu'elle voulait vraiment ; mais elle savait très bien ce qu'elle ne désirait pour rien au monde.
Pour la troisième fois consécutive en l'espace de quelques secondes, Mat'Aenna reprit la parole, dans un murmure qui n'avait plus rien à voir avec la morgue affichée précédemment.

- "J'déconne. Sinya me r'trouverait trop facilement. Elle tuerait tout l'monde. Et c'est nul, c'une cantina minable. J'en ai marre des cantinas... Pourquoi est-ce que tu m'as pas emmené voir tes potes jedi, grand-père ? Pourquoi chuis là à parler avec toi, et toujours en liberté ? Je sais que toi, aussi, tu veux ma mort. Là-bas, c'était la guerre... un champ de bataille, et des morts, et des morts, que des morts. Tout ça à cause d'Ilum. Je voulais pas y aller."

A mesure qu'elle parlait, les yeux azur de la toute jeune femme s'accrochaient à ceux plus ridés de son ainé. Son ton montait aussi, jusqu'à devenir normal. Las, aussi.

- "Si tu m'en veux pour le soldat, j'en ai tué. Beaucoup d'autres. Pas forcément des soldats. Je sais faire que ça, grand-père. Alors décide de ce que tu vas faire de moi. Je ne fuirai pas devant toi. Je suis pas une faible. Pas... une faible."

Elle rangea son arme après en avoir activé la sécurité à sa ceinture, avant de casser de plusieurs coups de pieds l'appareil d'holocom. Fini, détruit ! L'adolescente se sentit un peu mieux, puis, tandis que l'homme parlait, elle se mit en devoir de se faire un garrot avec un bout de tissu qui trainait à côté d'eux, avant d'avaler un stimulant.

Elle allait rapidement se sentir mieux. Toutes ces horreurs, elle oublierait. Elle oublierait vite. Il fallait l'espérer, en tout cas.
Saï Don
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    Malheureusement, la plaisanterie de la Twi'lek ne faisait pas rire le vieil homme. Il s'interrogeait : à quel point Mat mesurait-elle la portée de ses actes ? Réalisait-elle qu'elle se condamnait à une vie qu'elle n'aurait sûrement pas souhaité ? Certes, elle avait l'ignorance de la jeunesse, mais elle devait pourtant bien se douter que des actes si terribles auraient des conséquences importantes. Qu'était-ce donc qui pouvait être si important, ou si terrifiant, pour qu'elle en vienne à de tels extrêmes ?

    Le vieil homme continuait de fendre la foule, mais il ralentit bientôt sa marche, interpelé par les propos de la jeune fille. Ils s'arrêtèrent -de toutes façons, les gens ne faisaient pas attention à eux le moins du monde, maintenant. Le vieillard se retourna vers Mat.

    - Sinya... Darth Sinya ? interrogea-t-il comme dans un murmure pour lui-même.

    La fameuse Dame Noire, qu'ils avaient combattu dans l'Espace Bothan. On n'avait plus entendu parler d'elle pendant plusieurs mois, plus d'un an. Puis, peu à peu, des Ombres Jedi lui avait fait part du retour de son nom dans quelques histoires. Mais il ne s'était pas alerté plus que ça. Or, si c'était vraiment elle... Était-elle déjà derrière l'action des Sith pendant le procès de la sénatrice Anthana ? Et où avait-elle bien pu trouver une armée pareille ? Pour avoir fomenté une telle attaque sur le Sénat, elle devait avoir des alliés puissants.
    C'était clair, désormais : les Sith avaient repris le dessus.

    Le vieil homme, le visage grave, croisa les bras sévèrement.

    - Non, je ne veux pas ta mort. Sinon, je t'aurais laissée là-bas, déclara-t-il avec fermeté.

    Mais il savait qu'elle était secouée. Que sa vie aussi devait la porter à être méfiante avec tout le monde -d'ailleurs, si elle côtoyait Darth Sinya et toute sa clique, il valait mieux pour elle.
    Cependant, ce qu'elle avait fait... Encore une fois, Saï n'en revenait pas de la tournure qu'avait pris les évènements. Il finit par fermer les yeux et placer ses doigts sur son front dans la pose de celui qui réfléchit, pour mieux oublier le remue-ménage qui avait lieu autour d'eux.

    - Ilum ? Quel rapport ?
    l'interrogea-t-il.

    Décidément, il n'arrivait pas à trouver la logique dans toute cette histoire. Ok, Sinya avait mis le grappin sur la gamine, et l'avait envoyé avec le reste de ses troupes attaquer des sénateurs. Absolument stupide si elle était du côté de ceux qui avaient fomenté l'attaque des mondes du noyau... Les deux stratégies ne collaient pas du tout. Donc, les Jedi n'avaient plus qu'un seul ennemi en face d'eux, mais au moins deux clans dirigés par des Sith. Par-fait. Et dans tout ce toutim, il avait repêché une Mat'Aenna dont les sentiments ne lui paraissaient pas si obscurs : certes, elle était muée par la terreur de ce qu'elle avait vu et fait, mais elle ne semblait pas mentir. Si elle avait tâché de s'enfuir, et si elle écrasait ce comlink avait autant de rage... C'était bien qu'elle n'avait pas tout à fait apprécié la petite mission qu'on lui avait confié.
    Saï voulait se persuader que la petite -elle le resterait malgré les allures de femme qu'elle avait aujourd'hui- pouvait encore être sauvée. Du moins, ça valait le coup d'essayer. Mais comment l'aider... Elle se rendait déjà compte que ses actes n'étaient pas géniaux, c'était un premier pas.

    - Ok Mat, on se calme,
    reprit le vieil homme en essayant de clarifier la situation. Si tu veux que je t'aide, il faut m'aider aussi. Mes « copains Jedi » comme tu les appelles, sont pas là pour te régler ton compte, mais pour protéger les innocents. Et je te rappelle que toi, avec tes copains Sith, qui vient d'attaquer le Sénat. J'ai besoin de savoir pourquoi. Pourquoi Darth Sinya fait ça, et pourquoi tu t'es mise à son service.

    Il la regarda de nouveau, et soupira gravement. Le soleil réfléchissait la couleur de ses yeux pâles, et il finit par lever les mains, paumes ouvertes tournées vers Mat, en guise de signe d'honnêteté.

    - Si tu me donnes des réponses, je t'aide à éviter de rejoindre la prison ou les Sith, proposa-t-il.

    En matière de vie de fugitif, il commençait à s'y connaître, d'ailleurs. En réalité, il aurait tenté d'aider Mat même si elle refusait de coopérer, mais il escomptait que donner l'occasion à la Twi'lek de se racheter un peu était une bonne chose : elle n'aurait pas l'impression d'abuser de sa confiance, et cela la réconforterait un peu. En l'aidant, elle devenait aussi un peu moins l'alliée des Sith, et cela peut-être lui permettrait de s'éloigner d'eux. Et puis, de manière générale, pouvoir faire quelque chose pour votre rédemption vous aidait toujours à choisir les bons chemins pour l'avenir, pensait le vieil homme. Enfin, le plus souvent. Et Mat était dans de beaux draps, ce n'était pas gagné...

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Les yeux fixés dans les yeux bleus du vieil homme, Mat'Aenna fut brusquement saisie par une chose, par un détail surprenant - ou pas : Ils avaient tous deux la même couleur d'iris. Une seconde, elle oublia ses questions, la situation sans issue où elle se trouvait, le désespoir d'avoir raté le Chancelier, d'avoir échoué. Ses prunelles rivés à ceux de son interlocuteur, elle se contenta de les observer, comme hypnotisée par sa découverte.

Puis, à gestes lents, elle se releva. Autour d'eux, le chaos s'accroissait, avec les tirs d'un énorme vaisseau qui tirait une dernière salve avant de s'envoler dans les airs. Les flammes s'envolaient du Sénat en gigantesques langues orangées et sanglantes, tandis que des ambulances et des véhicules de l'armée coruscanti, sirènes hurlantes, passaient en trombe au plus court pour se précipiter vers le gigantesque édifice. Il sembla à la jeune fille que le vacarme s'intensifiait plus encore, s'approchait d'elle, dangereusement. Le danger ! Le danger ! Les ascenseurs allaient être gardés. Les gens s'organisaient enfin !
Mat'Aenna eut un hoquet de terreur. Elle avait retrouvés ses esprits. D'un doigt, elle s'assura que la carte ID du mort gisait toujours dans sa botte ; puis se colla brièvement contre le vieil homme, pour lui murmurer d'un ton pressé, dans lequel une once de panique perçait inévitablement :

- "Je te raconterai tout, grand-père, je te raconterai tout, mais pas ici. Pas ici. Trop de dangers. On va plus bas. Le plus bas qu'on peut."

Sans attendre, elle se saisit de la main du vieillard, la pressa quelques secondes, puis rajouta d'une voix plus assurée - la stimulant faisait-il son effet ? Probablement :

- "Tu peux m'faire confiance, Saien Daethor. Aussi débile que c'est, j'tiens à toi. Mieux, j'te crois."

Et la course recommença, pressée, rythmée par les battements de son cœur fou surchargé d'adrénaline. Ses lekkus volants derrière elle, Mat'Aenna entrainait le Maitre Jedi dans les petites ruelles toujours exposées à l'air libre, où une épouvantable odeur de cramé commençait doucement à se répandre. Elle emprunta sans hésiter un tunnel qui sembla brusquement s'enfoncer, dérapa devant un ascenseur lourdement gardé, continua sa route de l'air affolée d'un passant horrifié par les évènements, prit un escalier au hasard, et s'entêta à descendre jusqu'à a avoir l'impression que son souffle ferait éclater ses poumons. La présence du Maitre de l'Ordre était toujours derrière elle. Alors, dans la pénombre du couloir, elle se retourna lentement, le dominant de sa taille gracile, de son regard désormais dur qu'elle avait naturellement. Pour l'adoucir d'un sourire un peu triste, un peu cynique.

Il fallait encore continuer... mais avant, sans doute méritait-il une explication, au moins un début. S'il la protégeait, alors elle devait parler, malgré sa peur horrible, latente, des conséquences. La mort... Mais à son âge, à dix-sept ans, on était invincible, non ? Il fallait au moins l'espérer.

- "Les siths sont pas mes copains. Pour eux, je suis un jouet. Un jouet avec du potentiel... C'est ça qui compte, le potentiel. Ça maintient en vie. J'ai qu'un peu menti. Un petit peu menti."

L'adolescente ferma les yeux, s'adossant à la paroi. Lancinante, une crampe s'empara de sa jambe. Il fallait qu'elle commence par le début.

- "Quand il a piégé la jedi aux gamins, Ellana machin, j'me suis faite assommer comme une merde. Il a décidé que je devais m'entrainer plus pour devenir une bonne combattante. Il m'a emmené sur Ilum."

Sa voix, un peu âpre, encore essoufflée, semblait presque indifférente. La twi'lek semblait neutre, comme emmurée dans une tour dans elle n'avait pas la clé.

- "Je devais rester quinze jours sur Ilum pour survivre aux conditions de la planète. Quinze jours pour commencer. J'avais pleins d'armes, et des munitions aussi. C'est vrai que j'étais chanceuse."

Mat'Aenna secoua brièvement la tête. Elle reprit aussitôt :

- "Y'avait une tempête qui s'préparait. J'ai décidé d'loger dans une grotte et j'me suis fait ma piaule. Mais la viande, ça cuit lentement, y'avait que des os pour le feu, alors j'me suis enterrée dans les tunnels. Y'avait pas à dire, tous ces cristaux... c'est là qu'j'ai vu Sinya. Son pouvoir, dans un cristal. La première manifestation de sa présence. Et elle était là, deux minutes après. Elle a cru qu'j'étais une padawan. Elle m'a désarmé d'un geste, grand-père. Elle a envoyé bouler mon arme très loin - je voulais pas mourir, grand-père. Elle connaissait Kaze. Elle connaissait... plein d'choses sur lui. Je voulais pas mourir ! Alors si j'devais être un assassin, si d'venir un assassin ça allait me sauver la vie dans cette putain d'montagne, alors oui, j'en suis d'venue une ! Ch'rais d'venue un clown, n'importe, n'importe quoi. JE VOULAIS PAS MOURIR ET JE VEUX PAS MOURIR, JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS !!!"

Dans un élan de rage, la jeune alien envoya un coup de pied dans le mur. Brusquement, les souvenirs revenaient, vivaces, la tentative d'assassinat, la longue marche dans les tunnels avec le sac bourré de cristaux, l'arrivée sur la base, là-bas, dans ce nuage d’astéroïdes qu'on appelait Grenn. Grenn, à une semaine de voyage d'Ilum, seule avec cette timbrée, à parler de la possibilité de devenir une sith. A défaut d'être libre, puissante, respectée, une place dans la vie ! N'étais-ce pas là ce qu'elle avait souvent voulu ?!

- "Elle disait que la puissance libérerait mes chaines. C'était pas sain, c'était pourri, mais j'avais pas le choix alors dis-moi, dis-moi s'que t'aurai fait ! Dis-moi s'que t'aurais fait à ma place ! Mais j'ai pas tué l'Chancelier, j'l'ai paumé, et à jamais, à jamais, elle va me poursuivre ! Dans sa base... y'avait..."

La gamine s'interrompit, les poings brusquement serrés, toujours essoufflée. Des bruits de pas. Flics, pas flics ? Étrangers. Une alarme sonna dans sa tête, et sa main vint saisir son arme, avant de jeter un regard terriblement fixe sur son compagnon. Elle crispa sa mâchoire.

- "Crois-moi grand-père. Tu dois me croire. Aussi vrai que le traceur dans ma tête, j'te raconte la vérité. Rien que la vérité."

La vérité. Une denrée si rare en ce bas-monde... comme l'envie absurde et à jamais inassouvis qu'il la prenne dans ses bras. Et qu'elle se sente redevenir petite, protégée, comme au temps lointain et à demi-effacé où Sly prenait soin d'elle. Où les soucis étaient moins lourds à porter dans son cœur.
Saï Don
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    Saïen-Diethor. On ne l'avait plus appelé par ce nom depuis tant d'années... Peut-être depuis son accession au rang de Maître, lorsque l'Ordre Jedi, trente-sept années auparavant, lui avait cérémonieusement annoncé sa promotion... Mais tout cela appartenait désormais au passé.

    Le vieil homme se laissa conduire sans cérémonie plus bas dans Coruscant. Mat' avait l'air de connaître son chemin -ou alors était-elle simplement habituée à ce genre de dédales qui vous emmenaient en spirale vers les échelons les plus bas de la capitale... Plus on s'enfonçait, et plus l'univers était glauque. Moins les lois avaient de prise sur la réalité, plus l'espoir s'effritait aussi – et pourtant, cette descente aux enfers signifiait paradoxalement plus de sécurité, pour les fugitifs qu'ils étaient.
    Car certes, Mat'aenna lui faisait confiance, désormais, mais qu'en serait-il quand elle saurait qu'il était recherché, tout autant qu'elle ? Qu'il était un paria, qu'il ne communiquait plus avec l'Ordre pour le protéger et se protéger lui-même ?
    La course effrénée dans laquelle ils s'étaient lancés balaya ces pensées de l'esprit du vieillard. La gamine avait retrouvé tout son aplomb et la peur semblait lui donner des ailes : il avait du mal à la suivre dans ces escaliers successifs où les lumières des néons remplaçaient peu à peu les rayons apaisants du soleil.

    Et la course cessa brusquement. La Twi'lek s'était retournée dans une allée sombre. Le vieil homme s'immobilisa à son tour, jetant un œil derrière lui pour vérifier qu'ils n'avaient pas été suivis. Puis il se campa devant elle, reprenant son souffle. Au loin, les tirs de l'armée de Darth Sinya s'entendaient moins forts. Ils étaient aussi plus espacés, aussi pouvait-on espérer que la fin de la bataille approchait... Mais la Sith laissait derrière elle des ravages, le vieil homme le sentait dans la Force et cela le rendait coupable : pourquoi n'était-il pas avec les siens, venus tenter de défendre le Sénat des Sith malgré leur méfiance ?
    Mais il ne serait peut-être pas totalement inutile, non. Mat' avait probablement des informations. Elle ne dirait peut-être pas tout mais...
    Lorsque ses yeux furent habitués à l'obscurité dans laquelle ils s'étaient engouffrés, il vit le visage fatiguée de la jeune fille, et les informations qu'il voulait obtenir lui parurent secondaires. Elle avait encore un peu de sang sur une joue, sur ses vêtements aussi, et les cernes qui marquaient ses yeux agrandis par la panique et la lassitude montraient à quel point l'expérience n'avait pas dû être une partie de plaisir.

    - Ellana ?! répéta-t-il avant d'avoir retrouvé un souffle normal. Ellana Caldin a été piégée ? Que lui est-il arrivé ?

    Il était confiant concernant les capacités de sa consœur, elle s'en était sûrement aisément sortie. Mais il n'appréciait pas qu'on puisse s'en prendre à elle : qu'arriverait-il aux Jedi si leurs leaders tombaient un à un ? Mais il tâcha de se rassurer en se disant qu'Ellana était l'une des Jedi les plus capables qu'il connaisse : elle devait s'en être sortie, c'était certain.

    Le vieillard se contenta donc d'écouter gravement les explications de la Twi'lek. Ainsi, elle avait rencontré Darth Sinya, qui avait voulu la corrompre. Et qui avait en partie réussi, par ailleurs. Mais ce n'était pas un succès total, puisque Mat'aenna n'était pas encore immergée dans ce côté obscur qui empêchait les Sith de revenir à des pensées raisonnables. Heureusement pour elle, il y avait un pas qu'elle n'avait pas encore franchie. Le vieillard écoutait les paroles de la jeune Twi'lek, en la croyant sur paroles, car il ne sentait en elle aucune volonté de dissimulation. Ou alors, elle était rudement bien entraînée, mais il ne pouvait y croire : Mat' était très ébranlée, comment pourrait-elle réussir une telle manœuvre ? En vérité, il devait bien se l'avouer, il ne voulait pas croire à la culpabilité de la Twi'lek.

    Des personnes arrivaient dans l'escalier qu'ils avaient emprunté une minute plus tôt, et la jeune fille sortit son blaster...

    Mais il ne fallait pas se faire remarquer -ni lui ni elle n'avait besoin de ça maintenant. Alors il passa un bras autour de ses épaules et cacha l'arme de son corps. Derrière lui, les silhouettes apparurent... mais ce n'était pas des flics. Apparemment, ce n'était qu'une bande de jeunes qui étaient montés voir l'attaque et qui redescendaient, la tête emplie d'une violence qu'une part d'eux fascinait. Ils passèrent devant eux et Saï prit l'allure d'un vieil handicapé qui ne pouvait marcher tout seul -et qui s'appuyait donc sur la jeune Twi'lek que voilà. L'un d'eux eut un rire moqueur auquel le Maître ne répondit pas, et ils s'éloignèrent sans plus leur jeter de regards. Mais peut-être reviendraient-ils...

    - Heureusement que tu l'as pas tué, le Chancelier. Manquerait plus que ça, lui souffla-t-il en gardant un œil sur le couloir où avaient disparus les jeunes. Mais c'est fini Mat, ils sont loin. Tu as survécu, c'est ce qui compte pour le moment. C'est fini.

    Et il la prit dans ses bras, une main posée sur sa tête comme on serrerait un enfant malade. La Force l'aidait un peu à apaiser les émotions fortes de la jeune Twi'lek.

    Mais ce n'était pas fini, pour elle. Il s'en doutait. Les ennuis ne finissaient jamais si facilement... Mais il lui semblait que tout avait commencé autour d'un feu, une nuit dans Iziz, suivi d'une catastrophe familiale. S'il n'avait pas été là, elle se serait éloignée des ennuis. S'il n'avait pas été là, peut-être que toute son histoire aurait été différente, tout comme le battement d'une aile de papillon peut modifier le cours de l'histoire ?
    Alors, il lui devait bien ça, et il la garda dans ses bras jusqu'à ce que la respiration de la jeune fille se fasse plus lente.

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Les pas dans l'escalier se rapprochèrent, s'incarnèrent en un groupe de jeunes racailles redescendant dans les bas étages de Coruscant après avoir goûté un moment le chaos qui régnait dans le quartier réputé le plus sûr de la ville-planète.

Le blaster en main, prête à devoir tirer, la jeune femme se sentit un peu prise de court devant l'angoisse disproportionnée qu'elle avait ressenti devant la possible venue des flics et la menace nulle de quelques jeunes désœuvrés, et elle baissa bientôt son arme, devenue inutile devant le corps chenu du maitre jedi qui faisait obstacle. Un rire moqueur des gamins la crispa une seconde, mais Mat'Aenna reporta presque aussitôt son attention sur les propos de son interlocuteur, peu désireuse finalement de prolonger la liste de ses forfaits de la journée. Parce qu'il y avait un temps pour tout : et la survie, parfois, passait aussi par savoir taire sa grande gueule, et sa fierté par-dessus le marché.

De toute façon, Sai Don n'avait pas tort, dans un sens.

Pour le moment du moins, la bataille était finie. La méticulosité des niveaux supérieurs commençait doucement à faire place à la saleté de ceux plus médians, comme un avant-goût de la crasse physique et morale que l'on trouvait si facilement là-bas, plus loin ; et pour la jeune twi'lek, cela signifiait beaucoup plus de sécurité. Plus de tranquillité aussi, mais aussi plus de marge de manœuvre pour négocier sa propre survie. Ce qui n'était évidemment pas vrai pour son compagnon, mais un jedi savait se défendre, quand même. Ellana l'avait assez bien prouvé en se battant (et en gagnant) contre trois adversaires de force moindre mais bien motivés tout de même...
C'était fini, et la gamine avait presque du mal à le croire. Elle allait rétorquer quelque chose - n'importe quoi, que c'était jamais fini, qu'elle avait toujours besoin de se cacher, de se débrouiller pour vivre, que son maitre allait la retrouver, qu'il fallait une autre identité - quand Il la prit dans ses bras. Plus que ses paroles rassurantes, l'étreinte inattendue acheva de semer le trouble dans l'esprit agité de la twi'lek habituée à plus, beaucoup plus de rudesse dans sa vie, et que la douceur, désormais, désarçonnait presque. La main du vieil homme se posa sur sa tête, puis, sans brusquerie, sans aucune des tensions sexuelles auxquelles la "mercenaire" était habituée, le Maitre Jedi la pressa contre lui.

Le temps se suspendit. Sans défense aucune devant la situation inédite, la silhouette émeraude se sentait étrangement vulnérable, étonnamment protégée, apaisée en quelques secondes par un bien-être qui dépassait totalement son entendement. Que se passait-il ? C'était si complet ; comme si elle avait attendu ça depuis des années, des éons même, et qu'un besoin fondamental, dont Mat'Aenna n'avait jamais eu vraiment conscience, se comblait petit à petit. Une boule se forma dans sa gorge. Une boule de plus en plus grosse, qui explosa soudain en pleurs légers, cristallins, libérateurs. Ils la soulageait d'une tension qui ne l'avait pas quitté depuis si longtemps... peut-être même des années. Plus de peur de paraitre faible, seulement la chaleur d'une épaule amie... plus de rancœur, rien que de la confiance ; plus de peur. Seulement un amour profond, qui s'apparentait à celui qu'une fille pouvait éprouver pour son père. Son grand-père...
Les larmes s'arrêtèrent d'elles-mêmes. Cinq minutes pouvaient bien être passées, comme deux heures, mais la jeune fille ne trouvait pas que ce temps-là s'était gâché. Plus calme qu'elle ne l'avait été depuis peut-être des années, la twi'lek ne voulut pourtant pas rompre le précieux contact tout de suite. On était trop bien... ces moments étaient trop rares...

Le bruit d'impact qui ébranlait Coruscant s'était enfin tu.

Elle leva son visage brillant de larmes vers le visage ridé du vieillard, et lui offrit un vrai sourire.

- "Si tu n'avais pas été là... Est-ce que tu le savais, grand-père ? Est-ce que tu étais là pour moi ...?"

En son for intérieur, la tentation était grande de s'en persuader. Et si facile que son estime d'elle-même ne demandait pas mieux. Le désirait si ardemment ! Sans cesser de le toucher, elle l'entraina doucement dans les escaliers, pour s'enfoncer un peu plus dans les entrailles de Coruscant. Il fallait continuer à marcher, il fallait garder la menace des autorités à l'esprit. Assurer de quoi manger et de quoi se loger avant tout, et continuer d'écouter un homme en qui elle avait toute confiance. Irrationnellement, mais la réalité était ce qu'elle était : il fallait l'accepter, et prendre cette nouvelle donnée un peu bizarre dans l'équation. Peut-être aussi répondre à ses questions, par respect, et comprendre aussi quelles étaient ses chances de s'en sortir... Bien que pour le moment, cette question était fondamentalement secondaire et pouvait attendre un peu.

- "Mon maitre, il m'avait demandé de piéger cette jedi. Alors j'ai joué la guide, et on a bossé avec sa padawan. Tu sais, je peux d'venir n'importe quoi ! Et après... ben... j'l'ai amené à lui, quoi. Je sais pas trop pourquoi il a voulu ça. Probablement pour rentrer dans les bonnes grâces de Sinya. Elle a trouvé un autre apprenti que lui. Un gosse. Mais il a l'air prometteur, y parait. Enfin, je crois qu'la jedi s'en est sortie, grand-père. Quand j'me suis réveillée, elle était plus là et j'ai été punie. Je... je crois que j't'en dis trop, tu sais. Je crois qu'il peut nous entendre. Enfin... s'il est pas mort..."

Kaze, mort. La jeune alien avait du mal à l'imaginer. Ce serait si étrange, de se retrouver seule. Même si d'un autre côté... Ça donnait tant de possibilités...

- "Tu ne sais pas ce qui est arrivé à une Maitre Jedi, Saien ? Comment c'est possible ?"

Au milieu des marches, elle s'était brusquement arrêtée. Comment était-il seulement possible qu'il ne sache pas ? La femme avait-elle été tué par Kaze ? Et ses gamins, alors ? Et pourquoi avait-elle été punie, si son maitre avait triomphé ? Tant de questions, brusquement !

Et la main de ce vieil homme qu'elle tenait toujours. Comme pour ne jamais la lâcher.
Saï Don
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    Peu à peu, les sanglots de la jeune fille s'étaient mués en des larmes silencieuses, dernières preuves de la souffrance et de la terreur dans lesquelles elle avait été plongée pendant des heures. Le vieil homme savait combien il pouvait être important, surtout à l'âge de Mat'aenna, d'évacuer les tensions auxquelles on soumettait son corps et son esprit. Ne serait-ce que parce qu'en ignorant ces émotions, on leur laissait la liberté de vous pourrir la vie de manière insensée, parfois bien des années après les causes de ces sentiments. Combien de Jedi avaient d'ailleurs succombé au côté obscur en interprétant mal le code de leur Ordre, imaginant que la paix tant recherchée devait passer par l'ignorance ce qui brisait leur cœur ou terrifiait leur âme ?

    Tandis que la Twi'lek se calmait, les bombardements avaient eux aussi cessé au-dessus de leurs têtes. Le calme après la tempête. Était-ce pour elle que la Force avait guidé ses pas ? C'était une bonne question. Il avait espéré voir des Jedi, en aider, en sauver peut-être. Mais ils n'avaient plus besoin de son aide. Les chevaliers et maîtres postés en garde au Sénat étaient parfaitement formés...

    - Je suis venu en espérant pouvoir être utile à quelqu'un, répondit le vieil homme, pensif.

    Et il était soulagé que ce quelqu'un fut Mat, car qui savait ce qu'elle serait devenue, si elle était repartie avec les Sith ? Peut-être n'aurait-elle pas survécu à leurs pratiques, peut-être se serait-elle transformée en un monstre assoiffé de sang, comme Kaïen... Et cette idée était insupportable dans l'esprit du vieux Jedi qu'il était. Il n'avait pu sauver son frère, mais depuis, il avait tenté de garder dans le droit chemin tant d'autres âmes... Et pourtant, il ne se sentait toujours pas tout à fait racheté.

    L'improbable duo s'était remis à s'enfoncer toujours plus bas dans les entrailles de la ville-monde, quittant définitivement toute lueur du jour. Étrangement, Saï se rendit soudain compte qu'ils n'étaient pas les seuls à être ainsi descendu en espérant être plus à l'abri qu'à la surface de la planète. Combien pensaient qu'il s'agissait encore d'une attaque des Jedi ? Par deux fois, ils croisèrent des familles, parents protégeant leurs enfants dans un coin de rue en attendant d'oser remonter à découvert. D'autres, plus solitaires, étaient descendus sans songer qu'ici, ils seraient victimes de vol-à-la-tire ou rackettés.
    Peu à peu, l'atmosphère se mit à sentir le cambouis, la pollution, l'alcool, la saleté. Le Maître suivait Mat de près, les yeux furetant autour d'eux, aux aguets. Une jeune fille et un vieillard... On risquait de s'en prendre à eux.

    Alors qu'elle lui racontait plus ou moins ce qu'il s'était passé avec Maître Caldin, la Twi'lek s'était brusquement arrêtée. Le vieil homme l'imita.
    On y était. Mat n'était pas bête, et elle avait vite compris que quelque chose clochait. Il n'était plus question de lui mentir, pas après tant d'honnêteté de sa part. Et il était important de garder, au moins pour le moment, la confiance de cette jeune fille prometteuse mais en passe de devenir un danger, pour elle-même et pour des innocents.
    Le vieillard soupira.

    - Maître Caldin est l'actuelle maître principal du Conseil des Jedi, expliqua-t-il en prenant garde à ne pas élever trop la voix. Elle... Enfin, je n'ai plus les pouvoirs que j'avais avant.

    Il était difficile de parler ainsi ouvertement sans se dévoiler à des oreilles indiscrètes. Pourtant, il devinait que Mat n'irait pas plus loin en sa compagnie s'il n'était pas un peu plus clair.

    - Je n'ai plus de nouvelles des Jedi. Je me suis exilé, volontairement, pour ne pas leur nuire. Je suis recherché par la République pour avoir... tué un Sith, dont tout le monde pensait qu'il était honorable homme politique.

    C'était dit. Lui aussi était un meurtrier. Et ce bien malgré tous les clins d'œil qu'il faisait aux padawans au Temple, tout le réconfort qu'il tentait de donner aux Chevaliers malades dans le centre médical, toute la diplomatie correcte dont il faisait preuve en présence de politiciens, toute la sagesse dont les gens l'imaginaient doté.

    Et brusquement, comme sur Iziz quelques années plus tôt, Saï se sentit vieux. Et fatigué.

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Les yeux de la jeune twi'lek s'ouvrirent de stupéfaction, ébahie devant les propos énormes que lui racontait le Maitre - plutôt l'ancien Maitre du Conseil Jedi. Lui, un paria, un exilé ! Bien sur, elle avait entendu parler de la mise à prix du vieil homme, dans les étoiles, parmi les hommes et les siths qui avaient suivis Darth Sinya ; mais jamais la gamine n'aurait pu imaginé que ce fut la République elle-même qui en avait pris la décision.

Pendant quelques secondes, Mat'Aenna encaissa la nouvelle, toujours aussi stupéfiante. Pourquoi n'avait-il pas expliqué son geste au Sénat ? Tous ces gens bien lettrés et savants auraient dû l'écouter. Le comprendre. Surtout que le Maitre du Conseil devait avoir un point en commun avec eux : au-dessus des lois, intouchable, il était l'image même de la respectabilité pour le peuple. En théorie...
Un passant la bouscula, l'arrachant à ses réflexions, avant de s'éloigner dans le niveau, se perdant rapidement dans la foule qui devenait insensiblement plus dense. Le bruit d'une sirène de police dans le lointain - jamais assez loin - retentit, accélérant la respiration de la jeune femme, qui serra plus fortement la main de l'homme qui l'accompagnait. Combien de souffrance avait-il enduré depuis le début de son exil ? Avait-il su se débrouiller, au moins ?

C'était l'heure des décisions à prendre, mais pas avant d'avoir trouvé un abri. Pas avant d'être sûre que des oreilles indiscrètes ne profiteraient pas de leur conversation...

- "Grand-père... je sais pas quoi dire. T'as dû avoir raison. Les siths, c'est que des pourris, d't'façon... Mais faut quand même qu'on discute, toi et moi, mais va falloir être sûr qu'on sera seul. Je... j'peux nous procurer d'quoi passer inaperçu... même si j'sais qu'ça va pas t'plaire. Je voudrais d'abord t'conduire en sécurité, mais faudra oublier un peu tes beaux principes. Te défendre si besoin, même contre des gens qui sont trop camés pour savoir quoi faire. Faut juste me faire confiance. A la Fête de l'hiver, t'étais un mendiant, et y'a des limites... enfin, j'ai promis aux dieux de te protéger, pour la nuit. Un homme comme toi, ça connait pas la rue mais j'te protègerait. T'inquiète. "

Confiante, elle plongea une nouvelle fois ses yeux bleus dans les siens, lui offrit un sourire franc, avant de s'occuper de rendre son arme bien visible. D'un pas faussement insouciant, la twi'lek repartit dans les coursives, sans dévisager les familles qui s'écartaient sur son chemin, prises de peur de voir une gamine armée, qui boitait légèrement, couverte de sang sur sa tunique. Aucune hésitation dans sa démarche tandis qu'elle se dirigeait vers les ascenseurs grinçants et monstrueux qui, sans arrêt, faisait l'aller-retour entre les niveaux médians et ceux, bien plus dangereux, des bas-fonds. Plongeant sa main dans sa botte, elle sortit la carte ID du mort, l'introduisit dans l'identificateur taggé, et la jeta dans un coin lorsque la porte s'ouvrit.

- "C'est plus utile, maintenant", expliqua t-elle à son compagnon d'une voix laconique.
Du coin de l'oeil, elle nota la présence du groupe d'adolescents qui les avait sifflé dans l'escalier, avant d'en aviser Sai Don d'un coup de coude discret.
Puis elle murmura une dernière fois avant de s'avancer vers eux avec un sourire aguicheur :

- "Mets-toi en arrière..."

Le gris désespéré des ascenseurs poussifs et délabrés des milliers d'ascenseurs planétaires qui allait vers le bas. Les relents d'ordures, d'animaux crevés, de plastec fondu, de drogues diverses. L'odeur du sang frais par-dessus tout ça, écœurante, des cadavres dépouillés encore chaud. Du bon travail, des cibles faciles pour l'assassin sith qu'on avait essayé de faire d'elle. Et au-delà de tout ça, bien au-delà, la détermination de vivre, de se faire une place... et le chagrin de baisser dans l'estime de Sai Don.

L'adolescente reprit sa place près du Maitre Jedi, sans oser le regarder en face.

- "Ils ne nous ennuieront plus. Je t'assure qu'il le fallait... C'est eux qui nous auraient tué. Jamais les mecs se méfient d'moi. Chuis trop insignifiante mais un jour... un jour, ils m'accepteront parmi eux. L'essentiel, c'est d'survivre. Et dedans, on est frères, tous les deux. J'ai confiance en toi."

Et malgré, à cause de tout ça, il fallait continuer. A marcher, à trouver des solutions, pour avancer, ne jamais s'arrêter. Ne jamais penser au grand trou noir où elle était tombée. Aussi l'alien émeraude continua t-elle sa route, une fois l'ascenseur immobilisé, à travers les méandres des habitations minables de la lie coruscanti. Infatigable, les yeux fixes, les lekkus frémissants d'une tension revenue qui semblait coller sur elle en une seconde peau, elle s'orientait à l'instinct, sa main nerveuse posée sur son blaster dégainé. Et de s'arrêter devant un hôtel minable où allait et venait des femmes en tenue rouge et provocantes, au bras d'hommes à l'allure délabrée. La gamine ignora délibérément la petite voix qui lui soufflait que l'endroit allait probablement choquer le vieil homme qui l'accompagnait ; mais ils avaient besoin d'un endroit tranquille, du moins pour se reposer et parler au calme, un petit moment. Et puis ici, personne n'irait chercher son vieil ami d'un soir, devenu bizarrement si cher.

Sans le regarder, elle s'approcha d'une démarche chaloupée au comptoir du bouge, d'un rouge éclatant de mauvais goût, pour jeter quelques crédits devant le kubaz qui s'envoyait une dose de drogue bleutée dans sa trompe préhensible.


- "Une chambre pour quatre heures. Après on vide les lieux. Promis, pas d'sang sur la moquette."

Mat'Aenna récupéra la carte magnétique d'un geste délibérément sec, puis entraina son ami dans le couloir scintillant d'une vague lumière rose, sans prêter attention au rire vulgaire et à demi étouffé de leur hôte. Toujours silencieuse, les bruits de ses pas étouffés par la moquette épaisse, la fille gracile finit par ouvrir une chambre minuscule, seulement meublée d'un lit pour deux personne, d'une cuvette et d'une douche à ultra-son planquée dans un coin.

Et d'un geste soulagée, la twi'lek défit enfin sa ceinture, qu'elle posa sur le lit avec un soupir, avant de vérifier son garrot qu'elle avait fait très serré. Et de s'allonger sur le lit, en gardant à portée son blaster, tout en fixant la silhouette chenue du vieux paria de ses yeux bleus et endurcis par l'existence.

- "T'as de quoi vivre dans la rue ?"

Il ne faudrait pas oublier de réfléchir à combien on pouvait vendre un sabre laser...
Et lui et elle aurait intérêt à trouver une source convenable de revenus. Si possible légale, sinon, il faudrait bien faire avec...
Saï Don
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[ Toutes mes excuses pour mon retard, je suis vraiment à la bourre partout en ce moment >< ]


    Le vieil homme écouta, étonné et soulagé à la fois, la réaction de la Twi'lek. Elle n'avait pas l'air de se sentir trahie. Non, elle proposait de l'aider, comme si c'était elle qui savait mieux se défendre, comme s'il était un gosse de riche qu'on aurait égaré dans les bas-fonds de Coruscant. Il avait eu envie de protester mais la réaction inattendue de la jeune fille l'avait laissé pensif dans les premiers couloirs des niveaux inférieurs. Et puis la gamine repartit de plus belle, le tenant par la main pour le guider dans ce labyrinthe.

    Autour d'eux, les yeux se posaient sur eux avec curiosité et crainte parfois. Ils ne passaient pas inaperçus, mais il ne fallait pas éveiller trop les soupçons et il prit l'air un peu sénile -un sourire vaguement heureux sur le visage, à regarder autour de lui comme s'il découvrait un parc d'attraction alors qu'ils déambulaient dans des conduites de moins en moins propres. Au moins, il y avait peu de chances pour qu'on reconnaisse en lui le Maître Jedi assassin que les autorités décrivaient. Avec un peu de chance -et de Force, s'il le fallait- même des soldats se laisseraient prendre par le mensonge. Ils n'étaient rien d'autre qu'une gamine armée -probablement une employée des gangs de bas-fonds- qui emmenait un vieux clochard déboussolé, et les gens se gardèrent bien de s'intéresser à eux plus que ça finalement : qui s'inquièterait de la mort d'un sans abri sénile ?

    Plus ils s'enfonçaient dans Coruscant, et plus l'état des couloirs et des personnes se dégradaient. Les armes se faisaient de plus en plus fréquentes, le sang et l'odeur de l'alcool aussi. La saleté tapissait les couloirs, parfois ornés d'une canalisation brisée d'où s'échappait un filet de liquide nauséabond ou un jet de vapeur d'eau alourdissant l'atmosphère. Il ne faisait pas plus froid, mais plus humide, et on devinait aisément que les habitants des bas niveaux de Coruscant devaient avoir bien plus de mal à rester en bonne santé que les privilégiés qui vivaient aux sommets de la planète urbaine.

    Le vieux sénile resta dans un coin tandis que Mat'aenna disparaissait dans un couloir en compagnie de la bande de jeunes qui les avaient observés. Il ne vit rien de ce qu'il se produisit, mais il eut un haut-le-cœur lorsqu'il sentit l'odeur du sang frais lorsque la Twi'lek le rejoignit. Comment pouvait-elle tuer ainsi, sans la moindre hésitation ? S'il n'y avait pas eu cette urgence de disparaître plus bas encore dans les dédales Coruscanti, il aurait essayé de lui parler, de lui expliquer qu'il fallait changer ces habitudes terrifiantes, mais il n'y avait pas le temps. Alors il rumina ses sombres pensées sur le chemin qu'ils empruntaient, se maudissant de n'avoir pu garder Mat au Temple Jedi quand il en était encore temps. Comment réussirait-il à la faire accepter si elle tuait tout ce qui bougeait ?
    Soudain, il réalisa qu'il envisageait de la ramener sur Ondéron. C'était logique, puisqu'elle maîtrisait la Force. Mais ce n'était pas gagné pour la faire accepter avec son curriculum vitae. Il serait obligé dans s'en porter garant, c'était le seul moyen pour qu'elle ait un hébergement au Temple quelques temps, histoire qu'elle ne retombe pas entre les mains des Sith. Une jeune femme débrouillarde et avec quelques bases de la Force... C'était très intéressant pour le côté obscur, une adepte facile à enrôler, par la force.

    Ils déboulèrent finalement dans un bouge de mauvais goût, probablement très mal fréquenté. Parfait, si quelqu'un le rencontrait ici en compagnie d'une jeune Twi'lek aguicheuse, c'en était fini de sa réputation au Sénat. Mais bon, avec l'air débile qu'il afficha en croisant le kubaz qui n'avait de toutes façons pas les yeux en face des trous, il décida qu'il n'y avait pas de grands risques d'être reconnu, une fois encore.

    La chambre contiguë qu'on leur donna n'était pas beaucoup mieux que ce que laissait espérer l'entrée de l'établissement. Le ménage avait été vaguement fait, néanmoins, et l'eau qui gouttait du robinet défectueux n'avait pas une couleur trop étrange. La jeune meurtrière s'était allongée sur le lit. Elle devait être épuisée, et Saï tâcha de chercher dans son esprit des moyens de lui parler sans attiser trop ses émotions, vu son état. Pourtant, il fallait bien qu'ils discutent de choses sérieuses ; c'était maintenant ou jamais.

    Puisqu'il n'y avait nulle part où s'asseoir, le vieil homme vint s'asseoir au bout de la couchette deux places, du côté où la jeune fille n'était pas, de manière à pouvoir se tourner un peu vers elle. Il regarda une seconde le sang dont son corps était entaché. Frais et moins frais, mélangé à la sueur. Il n'avait pas de vêtements propres avec lui...

    - Ce serait bien qu'on passe dans un endroit un peu plus décent, plus tard, murmura-t-il avec un léger sourire pour la détendre un peu, histoire que tu changes un peu de look.

    Après tout, ils pourraient visiter une friperie, comme lui l'avait fait pour se transformer en sans abri sénile. Mais ici, son air absent s'était effacé, reprenant ses traits plus habituels de stratège. Sourcils froncés, il songeait d'ailleurs qu'ils n'avaient pas beaucoup de temps pour discuter et prendre des décisions. Il se lança donc, sur un ton plus grave :

    - J'imagine que nous sommes à l'abri des oreilles indiscrètes pour un petit moment ici. Écoute, pour faire court, les Sith et leurs valeurs sont une spirale infernale. Plus tu attendras pour t'éloigner d'eux et de ce qu'ils t'ont appris, plus ce sera difficile et plus tu souffriras. Je voudrais que tu y réfléchisses à deux fois pour prendre la vie de quelqu'un, maintenant.

    Ça sonnait comme un sermon à un padawan, mais le vieux Maître était on ne peut plus sérieux.

    - Il n'est pas trop tard, Mat'. Je peux faire en sorte que tu sois accueillie au Temple Jedi d'Ondéron ; pour que tu y sois protégée et que l'on t'apprenne à maîtriser la Force, à te défendre sans descendre tout ce qui bouge. Mais pour cela, il faudra que tu nous montres ta bonne volonté. Que tu me promettes de faire des efforts pour ne pas sombrer du côté de la haine. Je sais, ça a l'air absurde, mais c'est possible. Et c'est surtout le seul moyen que je vois pour que tu ne finisses ni en prison, ni aux mains des Sith.

    Le vieillard soupira en la regardant, s'inquiétant de la décision que prendrait Mat au final. Même si elle acceptait sans rechigner, il se ferait du souci : réussirait-elle à s'intégrer sans violence ? Elle était trop âgée pour être une padawan, et il n'était plus Maître du Conseil pour en décider, de toutes manières. Mais il devinait que sa parole compterait, surtout s'il revenait avec elle et qu'il ne la quittait pas d'une semelle les premiers jours.

    - Là-bas, aucun mal ne te sera fait. Tu mangeras à ta guise, dormiras au chaud et pourras te vêtir décemment. Ils t'accepteront car ils me font confiance, fit-il comme s'il répondait à une question que la Twi'lek n'avait pas formulé. Sous notre protection, la République ne viendra pas te chercher. Mais il faudra faire amende honorable, quelques temps, pour mériter ta place là-bas.

    Bien sûr, certains la jugeraient peut-être, mais la plupart ne connaîtraient pas ses véritables crimes. Il serait obligé d'être franc avec Ellana, bien sûr, mais les autres n'auraient pas à connaître les détails. Les Jedi sauraient juste qu'elle sortait d'une vie difficile où elle avait appris les rudiments de la Force : entendez qu'elle avait fait un tour chez les Sith mais qu'elle avait été encore assez jeune et malléable pour réparer les torts que l'on avait fait à son lien avec la Force. Un peu comme Yuna quelques années auparavant...
    Le vieil homme la regarda de nouveau dans les yeux, très sérieux.

    - Soit tu m'accompagnes sur Ondéron, soit on se quitte ici. Tu n'es pas obligée de prendre une décision tout de suite, mais réfléchis-y. Mais pour les vies que tu as prises, et pour celles que je voudrais sauver dans l'avenir, je voudrais que tu réfléchisses à ce que tu sais. Sur Darth Sinya, ses alliés, sa base. Il est possible que tu aies été manipulée sans t'en rendre compte pour ne pas révéler tout cela. Mais je voudrais que tu me dises ce que tu sais, ou ce que tu crois savoir. Je ne révèlerai jamais d'où me viennent ces informations, pour ma part.

    Et il leva une main ridée, comme pour dire « je le jure », mais il plongea dans le silence.
    Un ventilateur usagé ronronnait dans la cellule un peu glauque, accompagnée dans sa musique pour l'égouttement régulier du robinet défectueux. Saï utilisait la Force pour surveiller les alentours, mais à part quelques personnes qui passaient de temps en temps, il ne trouvait rien de suspect. On ne les avait donc apparemment pas suivi. Peut-être Mat' pourrait-elle dormir un peu avant qu'ils ne repartent...

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Allongée de tout son long sur un lit qui sentait les épices quand on mettait le nez dans les couvertures, les yeux grands ouverts vers le plafond, une adolescente écoutait avec une apparente distraction l'homme qui s'était installé près d'elle.
Malgré les lieux bien différents que tout ce dont il avait pu connaitre jusqu'ici, l'ancien maitre jedi avait fait preuve d'un étonnant bon sens. Il l'avait suivi sans faire de vagues. Sans histoires, il avait baissé la tête quand il le fallait, il avait pris la mine d'un débile en passant devant le kubaz ; et maintenant que les apparences redevenaient ce qu'elles devaient être, il arborait la simplicité d'un vieillard, qui semblait n'avoir jamais rien possédé mais qui paraissait pourtant comblé.

Quant à elle, Mat'Aenna ne ressentait plus qu'un grand vide. La rencontre avec la seigneur sith, son enrôlement, la simili-dispute de son maitre avec cette dernière, le voyage à louvoyer entre plusieurs groupes de siths qui la regardaient d'un air mauvais, l'attaque sur le Sénat, son échec, la fuite... Et maintenant, la voix limpide et calme du Maitre Jedi à côté d'elle. Sans réaction, elle l'entendit parler, du côté obscur, de la possibilité qu'elle avait de changer de vie, à l'intérieur du Temple Jedi. La meilleure chance pour la gamine de ne pas finir en prison, de ne pas devenir folle entre les mains de Sinya ou même de son maitre. Car lui aussi en faisait partie, malgré l'affection qu'elle avait tout doucement commencé à lui porter...

Elle ferma les yeux, avec l'envie de retrouver les bras de l'homme, de s'y enfuir, pour la vie. Pour oublier qu'encore une fois, on ne lui laissait pas le choix, qu'elle avait un destin tout tracé auquel il faudrait se soumettre. "Quand la tempête est trop forte pour toi, attends qu'elle passe..."
Un dicton détestable mais qui réussissait aux twi'leks, colporté de générations en générations. Qui sonnait aussi parfois le glas de la soumission, de l'attente d'opportunités - elle s'en voulait presque d'avoir amené le petit vieux dans sa planque préférée. Cette opportunité-là lui infligeait toujours la même crainte superstitieuse !
Et cet homme, pourquoi braverait-il l'interdit que ses pairs lui avait imposé ? Pour elle ? Pour son corps, pour l'envie de secourir quelqu'un qui faisait "le mal" ? Pour les infos...

L'alien émeraude, sans mot dire, descendit du lit, pour allumer d'un geste leste la douche à impulsion vaguement cachée par une avancée du mur qui s'effritait un peu sous les doigts. Simplement, sans jeter même un coup d’œil au vieillard toujours installé sur le lit, elle ôta sa combinaison sans pudeur, dévoilant un corps aux nombreuses cicatrices. Son lekku droit glissa alors sur son cou, sans doute pour dévoiler son épaule droite, où restaient tatoués les noms de ses deux maitres, puis elle s'enfonça dans la douche. Et appuyée contre la dalle froide du mur, la jeune fille savourait les bourrasques tièdes qui venaient fouetter son corps aux muscles noueux où s'épanouissait enfin ses premières formes d'adulte.
La douche marchait mal et produisait un sifflement énervant, mais il aidait tout de même la jeune fille à garder ses esprits. Accepter et coopérer, c'était sa seule issue, elle le savait aussi bien que son interlocuteur ; mais il restait un point important à lever.

- "Tu m'offres la prison, quoi. Une prison différente, comme celle du vaisseau de Darth Sinya, comme celle que Kaze m'a filé en me lâchant sur Illum. Si je dis tout maintenant, qu'est-ce qui t'empêchera de partir, de me laisser quand même ? A deux... à deux, on est plus forts, moins vulnérables, tu sais, grand-père. Si t'y vas, tu t'feras chopper aussi. Tu pourras pas les empêcher d'être les plus forts. C'est toujours les plus forts ! Je..."

La twi'lek marqua une pause, avec la conscience d'avoir la tête un peu embrouillée. Rassembler ses esprits et faire le point était essentiel. Sa survie avant tout. Ne valait-il pas mieux risquer sa tête au Temple que de risquer de croiser Sinya et son maitre (s'il était toujours vivant) ? Au moins, ils ne pourraient pas s'empêcher d'écouter les propos de leur ancien chef. Surtout si elle pouvait témoigner à quel point les siths étaient infiltrés dans la politique...
En fait, la question principale était : A quel point faisait-elle confiance à Saïen Diethor ?

Le moteur de la douche à impulsion cahota, puis s'éteignit dans un bruit de machine poussive. Toujours nue, la jeune femme ressortie de la petite cabine, s'installant sans hésitation près du vieil homme, sa combinaison souillée de sang en main. Puis elle commença à se rhabiller, en parlant d'une voix décidée :

- "Je te fais confiance. Je sais que... ce que j'ai fait, dans le Sénat, c'était mal. Kaze voulait que je vienne me réfugier près de vous, qu'on retourne notre veste. Pasqu'il aimait pas Sinya. Moi... moi non plus, je l'aime pas."

Mat'Aenna fit une pause, le temps de chercher ses mots. Puis, vivement, elle s'empara d'un petit datapad rivé au mur par une chaine de plastacier, s'empara d'un stylet adjacent, et écrivit maladroitement, avec un effort visible, avant de le tendre à son interlocuteur :

"Kaze antand tout. Il y a une bombe est un traseûr. Et il antand. Jeu suis sure. S'il est pas mor, je dois fère attention a mes paraules. Si elle et a coté de lui ?"

Elle força ensuite son timbre de voix à ne pas changer :

- "Mais... mais si on va au Temple tous les deux, je sais des trucs sur les politiciens siths. Y'en a. Et, j'te jure, j'en sais un rayon, grand-père. Je pourrais t'innocenter."

La décision était difficile à prendre, autant que la proposition était surprenante. Mais aussi étrange que cela paraisse, l'assassin ratée n'avait pas envie de laisser passer sa chance. Le fait d'y aller n'avait rien à voir avec son nouvel ami. Rien à voir... Elle se surprit à penser aux moyens pour les faire sortir de Coruscant, bien que cela ne soit pas légal du tout.

Un mal pour un bien, est-ce que ça pouvait compter ?

Saï Don
Saï Don
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    Le vieillard observait patiemment la jeune fille allongée sur ce lit, ses vêtements par endroits déchirés, sa mine pensive tandis que le silence s'était installé entre eux. Certes, ce n'était pas une décision facile à prendre, et Saï attendrait le temps qu'il faudrait pour qu'elle évalue le pour et le contre. Au contraire de ce que l'on pourrait penser en l'ayant vu meurtrière dans le Sénat, la Twi'lek n'était pas dépourvue de réflexion, au contraire. Ici, elle prenait le temps de mettre les idées en place dans sa tête. Peut-être la fatigue aidait-elle à ne pas réagir au quart de tour ?

    Mat avait soudain sauté hors du lit, suivie dans ses gestes par le regard grave du vieil homme. Mais il détourna les yeux lorsqu'elle entreprit de se déshabiller. Le son du jet d'eau parvint à ses oreilles, puis la voix de la jeune fille qui résonnait sur le métal de la pièce.

    - Non, souffla-t-il à voix basse, fataliste, ils ne sont pas toujours les plus forts.

    Mais la jeune Twi'lek ne l'entendit peut-être pas à cause du bruit de l'eau qui claquait en tombant sur le sol. Puis ce bruit s'éteignit, et Mat réapparut, toujours aussi nue. C'était moins surprenant qu'une humaine -les corps de Twi'lek dénudées apparaissaient très souvent sur l'holonet- mais Saï s'appliqua tout de même à ne pas poser les yeux sur son corps tant qu'elle ne fut pas rhabillée. Quand elle serait au Temple, il faudrait qu'elle apprenne un peu la pudeur, songea-t-il, mais ce n'était pas encore ce à quoi il serait le plus difficile pour elle de se familiariser.

    - Kaze ?

    Étrange, ce nom lui rappelait vaguement quelque chose, mais impossible de se rappeler d'où il sortait exactement. Sa question fut balayée par une autre lorsque la Twi'lek s'empara d'un datapad et se mit à écrire. Saï fronça les sourcils en se penchant au-dessus de l'écran. Bon, il faudrait qu'elle apprenne à écrire aussi, visiblement.
    Une fois le message déchiffré, Saï soupira. Une bombe... Ils ne s'étaient pas foutu d'elle. Vite, il fallait trouver quelque chose à dire avant qu'il ne se doute de quelque chose, dans ce cas. Il acquiesça avec un visage grave pour signifier qu'il comprenait ce qu'elle voulait dire. C'était dangereux, cette histoire...

    - Il est toujours temps de retourner votre veste, fit-il posément, comme s'il ne s'était rien passé depuis que Mat avait parlé de Kaze. Et tout ce qui concerne les Sith... Sont des infos qui sont bienvenues.

    Le hic, c'était donc qu'elle ne pouvait pas impunément répondre à ses questions sur Sinya, sous peine de prendre le risque d'exploser. La situation était vraiment... Compliquée. Néanmoins, cela signifiait aussi que les Sith étaient désormais potentiellement au courant que lui, Maître Don, était sur Coruscant... Avec Mat... S'il y avait un traceur sur Mat, c'était comme s'il y avait un traceur sur lui dès lors qu'il resterait avec elle...
    Le vieil homme regarda le visage fatiguée de la jeune femme. En combien d'heures pouvaient-ils arriver ? Tout dépendait s'ils avaient un pied sur Coruscant ou s'ils étaient déjà loin... Avaient-ils laissé filer Mat exprès ? Savaient-ils qu'il la protègerait ?
    Décidément, ces derniers temps les Sith étaient bien plus malins qu'il ne les avaient vus dans sa vie.

    Saï s'empara du datapad à son tour, doucement.

    Nous ferons donc en sorte que tu ne me révèles rien de trop grave à haute voix. Il faut arriver à leur faire croire que tu me roules. Et ne pas rester ici trop longtemps
    .


    Mais la jeune femme avait besoin de repos, c'était évident. Il estimait que pendant une paire d'heures, ils ne devaient pas voir arriver de commando Sith. D'ailleurs, ce n'était pas dans leur intérêt... S'ils arrivaient à leur faire croire que Mat pouvait pousser la manœuvre suffisamment loin pour être une espionne de qualité. Mais comment arriver à le leur faire croire ?

    - Je suis sûr que nous pourrons trouver un terrain d'entente, édicta-t-il un peu naïvement. Et le Temple... Ne sera pas une prison pour toi. Tu seras libre de tes allées et venues... Et tu y seras en sécurité.

    Ces paroles étaient vouées à endormir les soupçons de ce Kaze et éventuellement Darth Sinya, si elle écoutait, mais elles n'étaient pas non plus un mensonge. Néanmoins, présenter aux Jedi un « agent double » des Sith à faire vivre au Temple en espérant que la véritable allégeance de la Twi'lek se porterait aux Jedi était un pari fort risqué. Surtout après ce qu'il avait fait, les Jedi croiraient-ils encore au bien-fondé de ses paroles, de ses actes ? Sa sagesse serait probablement remise en question... Mais il résoudrait cette question plus tard. La priorité était à l'instant présent : Mat ne devait pas exploser.

    - Nous en reparlerons plus tard, Mat. Il faut que tu essaies de te reposer, pour le moment. De dormir quelques heures, fit-il calmement, en posant une main sur son épaule pour lui signifier qu'il était sincère, que ce n'était plus le jeu qu'il essayait de mettre en place pour flouer les Sith. Du moins, essaie.

    Car il ne serait peut-être pas évident de dormir dans l'état de nervosité où elle se trouvait. Mais peut-être aussi qu'elle tomberait de sommeil après tant d'émotions. En attendant, il monterait la garde, en méditant dans la Force... Du moins lorsqu'il l'aurait vu s'allonger pour essayer de dormir.

    - Sur Bakura, on dit : « les rêves livrent des solutions... »

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Avoir révélé ce qu'elle avait au fond d'elle, en elle, physiquement, était un pas. Un pas immense, aux retentissements qu'elle avait du mal à quantifier. C'est comme un symbole : tout révéler, c'était comme se mettre à nu - pas de manière littérale comme elle l'avait fait quelques minutes auparavant sans qu'il fasse un geste vers elle pour la prendre comme n'importe quel autre homme aurait fait. Non, elle avait tendu une main, de bonne volonté, de confiance absolue, dont elle sortait pleine d'appréhension pour la suite, mais aussi pleine d'un espoir indicible. C'était comme une soif qui ne s'arrêtait jamais ; une soif délicieuse, dont elle s'emplissait la bouche, encore, encore. Encore ! Un chaud sentiment aux retentissements inconnus qui résonnaient dans le corps de la gamine, et dont elle ne pouvait s'empêcher de saisir chaque parcelle avec une étrange avidité.

Dans l'immédiat, Mat'Aenna était sûre de ne pas le regretter. Bien sur, la suite serait une autre histoire, mais ce vieillard-là avait une influence particulière sur elle. Et la twi'lek lui offrit un sourire timide en le regardant jouer le jeu du jedi naïf, tandis qu'il se saisissait du datapad qu'elle lui céda sans résistance.
Il écrivit quelque chose, qu'elle mit un certain temps à décoder, le doigt suivant le tracé électrique des lettres pour s'aider dans une lecture plus que laborieuse.

Et son regard bleuté, si peu assorti à sa peau émeraude, s'illumina. Il avait tout compris, ce vieux ! Il marchait avec elle, pour elle. Bien sur, c'était aussi pour rouler les siths, mais peut-être pouvait-on espérer que l'ancien Maitre du Conseil Jedi puisse aussi raconter la vérité. Bien entendu, les autres jedis, ils ne la croiraient certainement pas tout de suite, mais pouvait-on douter ? Mat'Aenna en avait marre de douter. Le vieux, il tenait sa vie entre ses mains, et il ne la faisait pas exploser, il la croyait ! Alors... pour une fois dans sa vie, elle voulait tourner le dos à l'horreur, si elle en avait la possibilité. Et prendre un nouveau départ...
Elle aurait dix-huit années standard très bientôt. Cela ne pouvait pas être un hasard, même si ça tombait presque trop bien, même si c'était démesurément naïf de croire que les choses s'arrangeraient seules...

Son interlocuteur passa une main ridée sur son épaule. Pas de décharge, pas de frissons de désir, rien que le silence et une douceur inhabituelle - oui, elle était fatiguée. Oui, du repos lui ferait du bien, même si le stimulant diffusait encore son énergie dans son corps mince. Il faudrait mettre en place leur déplacement, plus tard.
Mais la priorité était d'essayer malgré tout : fallait aussi rentabiliser la piaule, recharger les accus de son compagnon. Et mettre de la vraie énergie organique en elle, pas de l'artificiel.

- "Ouais, vieux, t'as raison... On en reparlera plus tard... On devrait se reposer un peu. Ça sera certainement pas d'tout repos après."

Délaissant le datapad, reprenant son arme en main, la jeune femme s'allongea à un bout du lit, se glissant dans les draps humides sans faire attention à l'odeur nauséabonde de renfermé qui s'en dégageait, avant de lancer un regard plus sérieux au jedi.

- "Tu devrais pioncer aussi. Et régler le réveil pour dans deux heures... On a tout un tas de choses à faire. T'auras besoin d'énergie aussi. Et quitte pas ton arme, 'jamais vu des flics, mais t'as une descente de gang, on est mal si on baise pas."

Le silence se rétablit, tandis qu'elle se tournait de son côté, pour sombrer dans un sommeil profond sitôt les yeux fermés.
Dans deux heures, ils seraient repartis dans les couloirs mal éclairés des entrailles de Coruscant ; mais pour le moment, Mat'Aenna se sentait en sécurité. Bientôt, la réalité la rattraperait - mais la twi'lek n'avait plus aucune envie d'y penser.

Elle rêvait à une autre vie, sans siths, sans peur, avec ce sentiment presque douloureux d'intensité, qui n'était pas du désir, pourtant. Autre chose, un joyau inconnu... La main du jedi dans la sienne, ses bras qui l'entourait avec gentillesse, avec fermeté mais sans sévérité. Et ses yeux bleus illuminés de bonté malgré ce monde trop glauque et trop réel.
Elle rêvait.

Mat'Aenna se réveilla avec la sensation agréable de savoir enfin quoi faire. La route était à nouveau tracée, sans l'angoisse terrible de marcher à l'aveuglette, sans personne à qui se fier, sans personne capable de lui dicter le chemin à suivre. Celui-là la conduirait à la réhabilitation : et après, ce serait à elle, rien qu'à elle de tracer sa voie. Sa propre voie !
Aussitôt, l'alien entreprit de rassembler ses affaires, de faire un brin de toilette, d'ôter peu ou prou les traces de sang trop visibles de sa combinaison. Reprenant son sabre donc la gamine ne savait véritablement que faire, elle invita le jedi à la suivre dans les bas-fonds.

L'heure de l'action était revenue, et pour une bonne cause, en plus : désormais, il s'agissait de se trouver deux pièces d'identité pour se glisser dans un transport pour Ondéron. Sur le chemin, on vendrait son sabre pour avoir l'argent.

C'était reparti !
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