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Acte V
Le retour


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« Cela faisait longtemps… »

Ses mots n’étaient destinés à personne d’autre qu’à lui. C’était une sensation étrange de revoir Coruscant et de fouler son sol, surtout en cette période trouble. Cela faisait un peu plus de trois ans que Jacen Loran se cachait, plus de trois ans qu’il n’avait plus donné signe de vie. Mais le temps de l’exil était fini. Pourquoi une si longue absence ? Parce qu’il avait énormément de choses à préparer pour pouvoir mettre son plan à exécution et cela avait demandé du temps. De nombreux détails avaient demandés de la patience afin de pouvoir germer et atteindre la maturité nécessaire. Et puis cela avait permis de calmer le jeu afin que tout puisse se faire en douceur. Cette attente avait été longue, mais elle avait été nécessaire. La situation était désormais propice, le plateau de jeu était modélisé selon sa convenance et les pions étaient prêts à être déplacés. Une situation chaotique sans précédente. Un Ordre jedi en déroute, un Ordre Sith au pouvoir, un sénat manipulé et corrompu, des Inquisiteurs pour le contrôle et dans tout ce désordre un vieux maître jedi avait fait l’impensable : Saï Don avait tué Kiel Hallan. Désormais, toute la scène galactique était sur le point de s’approcher du point de rupture. L’excitation était grande, immense même. La période était donc propice pour pouvoir mettre son plan à exécution et pour cela il devait finir ce qu’il avait commencé trois ans plus tôt.

Jacen avait fait libérer Darth Ritter, plus connu sous son nom officiel Kiel Hallan, avant d’être arrêté par la suite afin de justifier son acte. Bien évidemment, il avait prévu les conséquences de ses actes et sa tentative de libération avait déjà été anticipée à l’avance. Juste avant son arrestation, le maître jedi avait eu le temps de prévenir Saï Don de ses futurs actes afin de pouvoir le mettre en garde. En vérité, prévenir toutes ces personnes était un moyen détourné de pouvoir les placer sur son échiquier pour l’avenir. C’était donc ainsi que Jacen Loran s’était lancé dans sa quête destructrice afin de prévenir de l’arrivée du maître qu’il disait servir : Le Mulet. Il avait donc assassiné Haug Bhar, le président d’un des plus grands groupes de la galaxie, suivi du dirigeant du clan bancaire de l’époque Jasber Grailhe avant de s’attaquer à Harmsberg, dirigeant du groupe Polycorps. Il avait commis trois meurtres et soudainement…plus rien. Trois meurtres alors qu’il en avait prédit six. Le maître jedi semblait avoir disparu de la galaxie. Mais la vérité était tout autre.

Aujourd’hui, les choses avaient beaucoup changées et il ne pouvait plus attendre. Il était donc revenu sur Coruscant pour accomplir la fin de sa mission. Il devait trouver et éliminer les trois dernières cibles durant les prochaines 24 heures. Mais avant cela, il se devait de retrouver Saï Don, cela était primordial pour la suite des évènements. Sauf qu’il était difficile de retrouver une personne se cachant aux yeux de tous sur un monde comme Coruscant. Pour réussir dans sa tâche, Jacen n’avait avec lui qu’un seul indice et il était très mince, mais cela valait le coup d’essayer. Ce fut donc ainsi que le jedi renégat se rendit, après avoir quitté l’astroport, vers un parc artificiel. Coruscant en possédait plusieurs, la planète n’était qu’une immense ville sans verdure, seuls ces parcs apportaient un peu de végétation au milieu des gratte-ciels. Il savait que le vieil homme affectionnait ce genre d’endroit, mais rien ne lui permettait d’affirmer avec certitude qu’il pourrait le trouver là-bas. Il se laissait guider par la Force tout en priant la chance, il n’avait pas d’autre choix.

Le parc en question n’était pas très populaire, il y avait très peu de monde qui y venait et cela pouvait se comprendre. Il avait beau être de grande taille, il n’était pas très verdoyant. Jacen se demandait si le parc n’était pas laissé à l’abandon, plus grand monde ne semblait s’en occuper. La végétation semblait dépérir et les déchets semblaient s’accumuler. Pourtant, ce fut en se promenant que le jedi trouva une belle plante en pleine croissance près d’un arbre mort. Il trouvait cela ironique, mais c’était également une belle image d’espoir. Il avait décidé d’attendre à cet endroit précis. Il n’avait aucune chance de trouver Saï Don ainsi, c’était le vieux maître jedi qui allait le trouver.

Saï Don
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    C'était un fait : sur la capitale de l'univers Républicain, il y avait du travail, et pourtant personne ne voulait embaucher un vieillard. Pas que le vieux Maître ne cherchât particulièrement à gagner sa vie -il pouvait toujours miraculeusement tirer des crédits du Temple Jedi, un petit malin sur Ondéron ayant pensé à changer rapidement le nom de référence de ses codes d'accès lorsque l'on s'était mis à le rechercher- mais Saï commençait à s'ennuyer fermement. Il avait soigneusement évité les gens qui pouvaient le reconnaître, ne s'était pas trop enfoncé dans les bas quartiers par précaution, et avait réussi à rencontrer seulement deux Jedi depuis plusieurs semaines.
    L'Ombre Nolaa Komad lui avait apporté son soutien et il avait été heureux de converser avec elle quelques heures durant avant qu'elle ne reparte en mission. Puis, quelques jours plus tard, le Chevalier Anatho avait fait en sorte d'être remarqué par le vieil homme et, grâce à lui, Saï avait enfin pu discrètement transmettre des messages à Ellana Caldin et Luke, son padawan aveugle dont il se sentait désagréablement amputé.
    Et après cela, plus rien. Saï avait visité plusieurs parcs artificiels, recensés les essences végétales qui devaient avoir été importées d'ici ou d'ailleurs pour le plaisir, surveillé les holonews dans des cafés miteux pour glaner quelques informations sur les Jedi et le Sénat... Mais il était trop tôt pour sortir de l'ombre, car il semblait que ce dernier ne l'avait pas encore oublié.
    Lorsque le Sénat serait occupé à autre chose, seulement alors Saï songerait à quitter la planète. Pour faire quoi ? Terminer la formation de son padawan – mais pourrait-il rentrer au Temple pour cela ?- et attendre qu'un semblant de paix règne de nouveau entre le Sénat et les Jedi. Un joli programme, mais ce n'était pas pour aujourd'hui, semblait-il.

    Troisième parc de la journée. Autrefois son préféré lorsque Saï venait, adolescent, accompagné de son maître sur Coruscant. Mais comparé à ses souvenirs, l'herbe était terne, les feuilles tombées n'étaient plus ramassées et un banc était tristement recouvert d'un graffiti devant représenter un mot dans un basic approximatif. Saï soupira avant de s'engager dans une allée autrefois splendide et encadrée de fleurs exotiques. Le vieil homme marmonna sous sa capuche que décidément, on n'avait perdu le sens des priorités sur Coruscant, alors que lui-même était vêtu d'un manteau déchiré récupéré dans une friperie pour une petite poignée de crédits. Son allure de mendiant ne détonait pas avec l'ambiance de ce parc quasi-laissé à l'abandon.
    Brusquement, devant cette nature triste, il se rendit compte à quel point Ondéron lui manquait. Le vert du parc, le calme du Conseil, la paix dans la Force des salles de méditation et puis, plus que tout, les cris et les rires des centaines de padawans qui se bousculaient dans les couloirs. Ils faisaient la vie, alors qu'ici la foule était peuplée d'automates effrayés par leur monde, et d'une poignée d'autres qui profitaient d'eux avec parfois une perfidie assumée. Ah ! Pourquoi n'était-il pas encore assis dans son siège du Conseil ?
    Mais il se rappela avec un soupir qu'il avait profité de cette vie pendant suffisamment longtemps. Place à ceux qui le méritaient, qui avaient fait preuve de leur courage et de leur sagesse. Ceux-là sauraient le remplacer, même si le souvenir du soutien fort d'Ellana et de l'espoir naïf de son padawan creusait un gouffre béant dans le cœur du vieux Maître.

    Au milieu de l'allée, le pas lent du vieillard cessa soudain, et il plissa les yeux comme pour déchiffrer une écriture illisible. En réalité, c'était qu'il lui semblait sentir la présence de quelqu'un de familier...
    Bien sûr, il n'était pas seul dans ce parc -il avait d'ailleurs croisé un jeune Zabrak qui avait voulu le détrousser et puis qui avait changé d'avis en voyant l'allure de l'humain : probablement rien à voler sur un squelette à barbe sans abri, s'était-il dit- mais parmi les quelques personnes qui se promenaient, l'une d'entre elles devait être un peu spéciale pour interpeler ainsi ses sens.

    Et puis, soudain, il le vit.

    Cette silhouette grande et mince, masculine malgré les longs cheveux lisses serpentant sur les épaules. Et puis, ce port fier et sûr de lui.
    En s'approchant à pas mesurés, Saï laissa tomber sa capuche sur ses épaules, dévoilant son visage fatigué et inquiet. Ses rides s'étaient creusées depuis quelques jours. Son combat contre Darth Ritter devait y être pour quelque chose, mais aussi ses nuits d'hôtel miteux ou d'errances inconfortables.
    Le vieil homme s'immobilisa silencieusement, la tête légèrement inclinée.

    - Jacen Loran, prononça-t-il, circonspect comme si la personne en face de lui devait finalement n'être qu'une statue à son effigie. A peu près la dernière personne que je m'attendais à rencontrer ici et maintenant, à vrai dire.
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[HRP: sorry for my late ! :/ ]

« Mais reconnaissez que cela vous fait extrêmement plaisir ! »

Jacen avait répliqué du tac au tac, comme si Saï Don n’avait pas terminé sa phrase. Un grand sourire se dessinait sur son visage, il était heureux de l’avoir enfin trouvé. Ou plutôt qu’il l’ait enfin trouvé. Cela était un immense plaisir pour l’ancien maître jedi de retrouver un visage familier, quelqu’un qu’il appréciait et avec qui il pouvait discuter. Mais au fond de lui, il était triste. Voir le vieux maître jedi ainsi lui provoquait un pincement au cœur. Son visage était creusé, on y lisait sa lassitude...il semblait si vieux soudainement, ce n’était pas le Saï Don qu’il connaissait. Ce n’était plus le vieux briscard avec un cœur d’ours en peluche face aux jeunes padawans qui gérait le temple jedi, mais simplement un vieux sans-abri errant dans un parc qui n’avait plus rien de grandiose. C’était l’impression que Jacen ressentait au fond de lui, mais il n’en montra rien. Il savait que le vieux maître en avait encore dans le ventre et qu’il était loin d’être fini.

« Je dois vous avouer, maître Don, que vous m’avez beaucoup manqué ! »

Soudainement, le jedi renégat écarta ses bras et enlaça le vieux maître afin de pouvoir lui faire une embrassade digne de ce nom tel un enfant retrouvant un parent. Jacen garda le maître jedi dans ses bras durant une poignée de secondes avant de le relâcher. Il en profita pour regarder une nouvelle Saï Don de la tête aux pieds, toujours avec ce même grand sourire.

« Vous vous en doutez sûrement, mais je vous attendais. Il y a beaucoup de choses dont nous devons discuter en plus de rattraper le temps perdu. Vous avez des questions et j’ai des réponses ! »

L’ancien jedi n’hésita pas à laisser un blanc s’installer, il voulait laisser le temps à son ami de se remémorer leur dernière entrevue. Jacen n’avait pas besoin de lui faire un dessin, il lui avait six morts et il en manquait trois pour le moment. Soudainement son sourire enfantin avait un côté vicieux, celui d’un psychopathe ayant un plan prévu qui lui trottait dans la tête et que tout était prêt pour sa réalisation.

« Au fait, je suis très impressionné par l’assassinat que vous avez commis à l’encontre de notre bon prince de Kuat. Un peu déçu, je dois l’avouer, mais très impressionné quand même. Je ne pensais pas que vous réussirez à aller outre le code jedi. »

Jacen avait bien insisté sur le terme « assassinat », même s’il n’en pensait pas un mot. Il se doutait très bien des intentions du vieux maître, mais cela faisait partie de son jeu, il se devait d’amener Saï Don à son point de rupture. Pour le jedi déchu, les êtres vivants étaient comme les matériaux lors d’un essai de traction. Le matériau, lors de l’essai, passe par trois phases différentes. La première étant sa résistance élastique, le matériau est déformé alors que l’effort augmente, mais il finit par retrouver sa forme initiale. La deuxième phase est sa déformation permanente, une fois sa limite d’élasticité dépassée le matériau se déforme de manière permanente, il s’agit d’un point de non-retour. Enfin, la dernière phase est la rupture du matériau. Pour Jacen, tout le monde passait par ces trois phases et Saï Don avait dépassé sa limite élastique.

« Une petite balade ? »

Le jedi tendait son bras afin d’indiquer la direction tout en commençant à faire le premier pas, d’une certaine manière sa question était purement rhétorique. Ce n’était pas grand-chose, mais cela était un signe qu’il voulait mener cette bataille oratoire. C’était un détail qui avait son importance.
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    « Extrêmement plaisir » ! L'expression était un peu forte. Néanmoins, le vieil homme devait reconnaître -du moins silencieusement- que rencontrer quelqu'un de familier qui ne vous fuyait pas dès que vous ouvriez la bouche en pensant avoir à faire à un mendiant avait un petit quelque chose de réconfortant. Mais, malgré la franche sympathie affichée par l'ex-Jedi, Saï ne pouvait s'empêcher d'oublier les meurtres, la trahison et l'abandon de l'Ordre, ainsi que de la femme qu'il aimait et de ses enfants. C'était comme s'il y avait deux Jacen : un que tout le monde aimait, serviable, plein de bonne volonté, et un autre qui ne vivait que pour lui et au détriment de la vie de son entourage, voir mêmes d'inconnus qui mourraient juste pour avoir croisé son chemin. Y avait-il une logique derrière tout cela ? Jacen semblait le croire, mais cela restait à prouver pour Maître Don.

    Le vieillard se laissa enlacer, pantois face au comportement un peu envahissant de son vieil ami. Car oui, avant qu'il ne devienne un assassin, Jacen était une personne que Saï appréciait grandement, malgré son attitude parfois étrange. Mais leur dernière rencontre avait comme brisé quelque chose entre eux ; non de l'ordre de l'affection mais plutôt de la connaissance, de la compréhension : le vieux Maître ne saisissait plus la logique dans l'esprit de Jacen, il n'avait plus les éléments pour comprendre qui il était. Cela le laissait mi-anxieux, mi-résigné.
    Lorsque Jacen relâcha le vieil homme et l'entraîna pour une petite balade dans le parc, ils se mirent soudain à ressembler à un fils enjoué qui promenait son père âgé et sénile. C'était tant mieux, cela endormirait probablement les soupçons : qui avaient déjà vu des Jedi avoir cette attitude ?

    - Des questions ? S'interrogea à voix haute le vieil homme, sarcastique. Je me demande peut-être bien si le venin de la mouche qui vous a piqué a fini de faire effet... Mais je crois que j'ai ma réponse, en fait.

    Petit clin d'œil à leur dernière entrevue, que Jacen saisirait ou non, et qui prouvait combien le vieil homme se rappelait de leur conversation à ce moment-là... Ainsi que la colère qu'il avait éprouvé quant à la mise en péril de la vie d'Ellana dans les décisions de l'ex-Jedi, et sa peine de voir un si bon élément embarqué par les autorités républicaines. Ah, oui, c'était une époque où le Sénat et l'Ordre se serraient les coudes. Tout cela avait bien changé...

    Saï soupira en réaction aux commentaires douteux sur le meurtre de Darth Ritter. Il n'en était pas fier, et Jacen n'était pas le premier à lui faire remarquer que cette décision outrepassait fort probablement la règle de conduite qu'il prêchait au Temple Jedi depuis des dizaines d'années. Et pourtant, il croyait dur comme fer que cette fois, précisément, cela était justifié. Pourquoi donc tous ces gens s'intéressaient-ils au devenir de l'âme d'un vieux débris comme lui ? S'il passait du côté obscur, il mourrait aussi vite que s'il y restait, et il commençait à ne plus donner cher de sa peau en ce bas monde. Il était une cible facile pour les Sith autant qu'il le serait pour les Jedi si son esprit fatigué se trompait finalement de chemin dans la Force.

    - Il fallait bien que quelqu'un finisse par réparer les bêtises que vous avez commises en quittant l'Ordre, M...
    maugréa-t-il en s'interrompant.

    Il avait presque failli l'appeler « Maître Loran », comme au bon vieux temps. Mais non, Jacen n'était plus Maître de l'Ordre. Comment l'appeler ? Le plus approprié lui semblait « imbécile heureux », tant le comportement de l'ex-Jedi l'agaçait, mais il se retint.

    - Je n'aurais pas été obligé d'en arriver là si vous n'aviez pas décidé de relâcher Darth Ritter sur un coup de tête,
    reprit en marmonnant le vieil homme, bougon. Mais vous devriez être content, non ? J'ai commis un acte irréparable, comme vous l'aviez prédit.

    Le poids de la responsabilité d'un tel acte l'écrasa soudain, comme s'il ne s'était pas encore rendu compte de la gravité de sa décision, malgré sa rencontre avec l'Ombre Nolaa et le Chevalier Anatho qui l'avaient questionné à ce sujet, et le plongea dans un silence oppressant. Il se sentait encore plus vieux et fatigué que d'habitude. La certitude qu'il n'irait jamais beaucoup mieux -y compris son cœur essoufflé qui lui jouait des tours- l'apaisait parfois dans cette optique de pouvoir bientôt rejoindre la Force. Mais parfois, elle le noyait dans une angoisse sourde, indéfinissable, qu'il n'avait encore jamais connu : comment pourrait-il disparaître en laissant derrière lui les Jedi dans cette situation ? Qui terminerait la formation de Luke ? Qui arrêterait les Sith ? Le Sénat reprendrait-il conscience ? Pire encore, après tant d'années passées à gérer l'Ordre, n'était-il pas responsable de la situation des Jedi aujourd'hui ?
    Une seule solution : il fallait qu'il reste en vie, le temps de régler au moins quelques-uns de ces problèmes. Jacen ferait peut-être partie de ces éléments qui pouvaient faire pencher la balance de l'équilibre de la galaxie dans un sens ou dans l'autre.

    Le vieil homme s'arrêta alors et se mit à examiner de ses yeux bleus le visage de l'ex-Jedi, comme s'il pouvait y découvrir quelque chose qu'il n'y avait encore jamais vu.

    - Je n'ai pas d'autres questions, Jacen. C'est vous qui me cherchiez, pas moi.


    C'était donc sûrement lui qui avait des choses à dire. En espérant que les nouvelles soient moins tristes que le sourire dément de Jacen Loran ne le laissait présager.

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[HRP= Tu as le droit de me taper pour ce retard. >.<]


Jacen écoutait attentivement le maître jedi qui se tenait à ses côtés, même s’il n’en donnait pas l’impression. Son sourire était immense et ses yeux semblaient bouger dans tous les sens comme si le jedi gris analysait le décor qui les entourait. Et pourtant il n’avait pas loupé une miette des paroles de son vieux compagnon, il n’avait d’ailleurs pas loupé l’intonation de voix de ce dernier qui semblait las. Une sensation étrange traversa alors le corps de Jacen, il y avait cette idée pessimiste qui venait de s’implanter dans son esprit et qui ne voulait plus le quitter. Et si Saï Don se préparait à partir ? Non, c’était beaucoup trop tôt. Il y avait tant à faire et si peu de temps, Saï ne pouvait pas les abandonner comme cela. Ils avaient besoin de lui. Non, la vérité était qu’il avait besoin de lui. S’il avait choisi le vieux maître pour l’aider à chuter, c’était parce qu’il ne pouvait compter que sur lui pour cela. En réalité, c’était un appel de détresse, un cri au milieu de l’océan de Mon Calamari.

Saï Don s’était arrêté soudainement et ce fut à son tour de scruter le visage de Jacen, c’était à son tour de trouver le moindre élément qui aurait pu soulager son esprit. Mais savait-il que scruter le visage de Jacen revenait à scruter l’abîme ? Il n’y avait rien à voir si ce n’était peut-être la folie. Le jedi gris se sentait soudainement si petit face au vieux sage, il était prêt à tout lui confier, à relever ce qui se cachait au plus profond de son âme, mais quelque chose l’en empêchait. C’était comme une force intérieure qui lui disait de tenir, de résister. Mais cela devenait de plus en plus dur, cela faisait maintenant trop longtemps qui jouait à ce jeu.


* Aidez-moi ! *

Jacen n’avait pas réussi à se contrôler et il avait utilisé la télépathie pour lancer ce message. Un message qui semblait venir de loin et qui résonnait en écho au sein de la Force. C’était quelque chose imprécis qui n’avait aucun destinataire précis comme une onde se propageant dans l’espace depuis son point d’origine. Saï Don l’avait entendu, mais il n’était pas le seul. Les quelques passants alentour avaient également reçu ce message, mais il était bien trop faible pour pouvoir être remarqué aussi facilement. Jacen n’avait rien laissé paraître, son fameux sourire trônait sur ses lèvres et il ne semblait pas apporter une importance particulière à ce qui venait de passer. A moins qu’il n’avait tout simplement pas conscience de ce qui venait de se produire.

« Content ? Non, ce n’est pas le mot qui convient. La mort d’un être n’est jamais une simple affaire, mais vous avez fait ce qui était juste et c’est cela qui est important. Mais ce n’est pas ce que j’avais prévu, du moins je ne voyais pas la chose ainsi. Disons que c’est à partir de maintenant que les choses vont devenir…intéressantes. »

Le jedi gris finit par tourner le dos à son compagnon et fit quelques pas devant lui avant de s’arrêter. Durant un court instant qui parut bien long, Jacen garda le silence, il semblait réfléchir sur ce qui allait dire ou faire. Il finit par se retourner tout en soupirant légèrement, son visage un sentiment d’embarras comme si ses prochains mots allaient être gênants à prononcer.

« Si je suis sur Coruscant, c’est pour terminer ma quête. Je vous avais promis six morts et il n’y en a eu que trois jusqu’à maintenant. Sauf que pour la suite, je voudrais avoir votre aide. Surtout ne répondez pas non de suite, je me doute bien que vous n’allez pas accepter ainsi. »

Jacen avait choisi une voie directe en demandant à Saï Don de lui fournir un coup de main, voir même un coup de sabre, afin d’en finir avec ses cibles. Il trouvait cela plutôt culotté de sa part que de demander cela à un jedi, surtout quand ce jedi n’était autre que Saï Don.

« Tout comme notre ami Ritter, ces gens ont mérité leur sort et la République ne les jugera jamais pour leurs crimes. Vous l’avez vous-même compris que dans ce genre de cas il faut appliquer des mesures radicales. Mais pour vous convaincre de m’aider, je vais vous faire une offre alléchante. Pour chaque cible où vous m’aiderez, je vous ferais une révélation qui vous permettra de comprendre ce qui se passe actuellement. La première sera une vérité scientifique, la seconde concernera l’Ordre jedi et la troisième aura pour sujet…la Force. »

Un petit sourire en coin finit par se dessiner sur le visage de Loran. Il se demandait si le vieux sage allait accepter son offre. Le meurtre contre le savoir. Voilà la proposition qui lui faisait le jedi gris.

« D’ailleurs, dites-moi, qu’est-ce que la Force pour vous ? Comment la percevez-vous ? »
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    Les yeux du vieil homme continuait à détailler pensivement le visage de Jacen, peut-être dans l'espoir d'y retrouver les traits du Maître Jedi d'autrefois. C'était bien lui, il n'y avait pas de doute. Et pourtant... Ce homme-là faisait au vieillard l'impression d'avoir à faire à un jumeau un peu vieilli de Maître Loran. Un faux Jacen. S'il avait pu ignorer l'aura puissante qui émanait de l'ex-Jedi, il aurait peut-être même pu douter que ce fut bien la même personne qui lui parlait maintenant et qui avait été formée au Temple d'Ondéron. Mais il n'y avait pourtant pas l'ombre d'un doute, c'était bien cet homme-là, et il avait juste changé. Il avait un regard et un sourire que Saï ne reconnaissait pas, ou presque pas : c'était comme s'il avait déjà vu cette folie, mais endormie à l'époque. Aujourd'hui, elle animait le corps et le visage de cet homme. Était-il dément, ou bien quelque chose lui faisait-il avoir ce comportement ? Le vieil homme avait du mal à imaginer que Jacen puisse être tombé sous l'emprise de la drogue, mais il fallait souvent envisager beaucoup de pistes avant de trouver la bonne.

    L'appel à l'aide interrompit brusquement le cours des pensées du Maître Jedi. « Aidez-moi » ? Un instant, le vieillard hésita : Jacen jouait-il la comédie ? Ce ne serait pas la première fois, non ? Ce n'était pourtant pas dans ses principes d'ignorer un appel au secours, il ne pouvait s'y résoudre...

    Mais lorsque l'ex-Jedi reprit la parole, il arborait encore ce sourire, comme si rien ne s'était passé. Saï resta stupéfait : avait-il à faire à deux personnalités au sein du même corps ? Jacen était-il devenu fou, ou essayait-il de le rendre fou, lui, un pauvre homme qu'il croyait facilement manipulable ?
    Le vieil homme restait la bouche entrouverte en dévisageant son interlocuteur, ne sachant comment réagir. Un esprit sain restait-il au fin fond de cet homme, qui arrivait parfois à communiquer ? C'était insensé, jamais il n'avait vu telle chose se produire. Et pourtant...
    Bientôt, Jacen se retourna, ne laissant plus à Saï le loisir de le dévisager. Peut-être l'avait-il trouvé désagréable, à le regarder ainsi avec ces yeux ahuris. En même temps, il avait de bonnes raisons...

    Le vieux Maître garda lui aussi le silence quelques secondes, attentif comme si ce qui semblait être un reste d'esprit sain au fond de Jacen pouvait essayer de parler encore. Le pantin qui agitait son corps avec ce visage dément l'empêcherait-il de communiquer avec lui, s'il essayait ?

    - Vous êtes bien prompt à décider qui mérite ou non son sort, souffla le vieil homme dans le dos de Jacen, avant de se retourner lui aussi pour contempler le parc désolé autour d'eux.

    Même s'il était lui-même coupable d'avoir décidé de la vie ou de la mort de certaines personnes, il n'avait d'autre choix que d'essayer de ramener Jacen sur le chemin de la sagesse. Plus ce dernier parlait, et plus il semblait vouloir démontrer à Saï à quel point il s'en était éloigné. Pour une raison qui lui échappait totalement.
    Le vieux Maître serra les poings et pinça les lèvres à la proposition de Jacen. Pensait-il vraiment pouvoir marchander ainsi la mort des gens, avec lui ?

    - C'est non, Jacen. La vérité n'est pas absolue, et elle m'importe peu face à la vie des innocents. Je pensais que vous saviez cela.

    De son ton émanait une colère retenue, qui traduisait à l'ex-Jedi combien il pouvait décevoir le vieux Maître avec des marchés comme celui-ci. Pour une fois, et cela était rare, l'impatience gagnait le vieil homme.

    - C'était donc pour cela que vous veniez me voir ? Je sais qu'il vous reste une once de bon sens, au fond. Mais elle doit être bien maigre pour croire que je me rabaisserai à de telles pratiques. Tuer aveuglément, sur les promesses de savoir qu'un fou vous fait ? Reprenez-vous donc, Jacen !

    Cette fois, Saï était exaspéré. Comment diable l'ex-Maître Jedi avait-il pu en arriver là ? Avait-il commencé... par un meurtre qui lui semblait justifié ?
    Le vieillard chassa de son esprit toute ressemblance qu'il pouvait avoir avec Jacen. Non, cet homme-là avait réellement un problème mental, il ne pouvait en être autrement. Que dire ? Comment s'adresser à la voix qui cherchait de l'aide ?
    Soudain déterminé, Saï se retourna et vint se placer face à l'ex-Jedi, plantant son regard dans le sien comme pour l'obliger à être sincère. Il avait balayé la question de son interlocuteur concernant la Force, il le savait, mais il y avait plus important. Ils ne pouvaient décemment pas papoter philosophie dans un cas comme celui-ci, l'air de rien.

    - Si je vous cherchez de l'aide pour vous sortir de cette horreur, je suis prêt à vous aider, Jacen, souffla-t-il alors gravement. Mais si c'est pour m'associer à vos massacres, je ne suis pas l'homme qu'il vous faut, je suis votre ennemi. Et nous pouvons reprendre chacun notre route dès maintenant jusqu'à la prochaine fois que nous nous rencontrerons, pour que je vous arrête.

    Ce n'était pas tout à fait ce que voulait Saï, car il espérait encore recevoir quelques indices sur les prochaines victimes. Il avait bien pensé à jouer le jeu de l'associé pour sauver ces innocents, mais c'était trop risqué : et si les Jedi le découvraient complices de Jacen ? Et le Sénat ? Non, sa position était déjà beaucoup trop fragile pour jouer à un jeu aussi dangereux. Mais leur conversation n'était pas encore terminé et il pouvait peut-être en apprendre plus...

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