La Main de la Force
La Main de la Force
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L’Ordre Jedi était exilé, pour commencer. Là-dessus, pas l’ombre d’un doute. L'édit était signé par le chancelier, et le nom de Grendo était loi au Sénat, quel que fût le datapad sur lequel il lui plût d’apposer sa signature.
Le vieil Ordre était aussi mort qu’un clou de porte.

Votre datapad fit soudain entendre un bruit profond, lugubre, sourd, mélancolique, une vive lueur brilla aussitôt dans la chambre et les rideaux de votre lit furent tirés, et, vous dressant dans l’attitude d’une personne à demi couchée, vous vous trouvez face à face avec le visiteur surnaturel qui les tirait.

-Je n’ai pas de consolation à donner, dit le spectre. Les consolations viennent d’ailleurs. Je ne puis non plus vous dire tout ce que je voudrais. Je n’ai plus que très peu de temps à ma disposition. C’est à cette époque de l’année expirante que je souffre le plus. Pourquoi ai-je autrefois traversé la foule de mes semblables toujours les yeux baissés vers les choses de la terre, sans les lever jamais vers ces étoiles bénies qui conduisent les sages aux pauvres demeures ? N’y avait-il donc pas de pauvres demeures aussi vers lesquelles la Force aurait pu me conduire ? Écoutez-moi, s’écria le fantôme. Mon temps est bientôt passé.
Je suis l’esprit des Life Days passés.


Très librement inspiré de Charles Dickens.


A votre tour de faire vivre l’esprit des Life Days passés !

Racontez-nous le meilleur Life Day de votre personnage, ou le pire, ou n’importe quel Life Day particulier pour lui ou pour elle !

Un Chant de la Force : les RPs des Life Days passés [ouvert à toustes] Ewok_l10

Faites-nous rêver, rire ou pleurer, emportez nous aux quatre coins de la Galaxie (ou même au-delà !), et surtout, amusez-vous !

Et, à la fin du mois, si vous êtes bien sages, l’un ou l’une d’entre vous trouvera peut-être quelques éclats kybers au pied de son arbre wroshyr...
Darth Yrlion
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Chroniques d'Artorias



Artorias - Un après la signature du Traité cédant la planète à l’Empire.

Le hameau de Gal Jirec n’était pas le plus peuplé des bourgs de cette région d’Artorias, ni le plus beau et le mieux aménagé. Ces habitants n’en avaient que faire. C’était leur village. La région de Belberoth était situé dans l’hémisphère nord du continent principal d’Artorias, c’est pourquoi la lumière du soleil déclinait rapidement dès l’entrée de la saison froide. Les vents venus du Pôle faisaient s’abattre des températures en dessous de zéro chaque nuit, préparant ainsi le terrain aux chutes de neige abondantes qui ne tarderaient pas à arriver. Malgré la rigueur du climat, la période donnait toujours lieu à des fêtes et des rassemblements entre les villageois, avant la Grande célébration du Jour de la Vie à laquelle chacun était convié dans le Hall du Bourgmestre… Mais à la veille de ce jour joyeux, point de décorations lumineuses et artistiques…

Dans les allées et les rues, les jeux d’enfants avaient laissé place à d’autres plus sinistres. Les bruit de bottes avaient remplacé les cris de joies et d’amusements. Une à une, les maisons étaient fouillées, les portes fracassées et les habitants embarqués de force à l’extérieur par les soldats en armures noires, frappées de l’emblème impérial.


- Fouillez partout !! À la moindre résistance… exécution immédiate !

À l’instar des autres villages de la région, le drapeau d’Artorias flottait toujours au-dessus du Hall du Bourgmestre, contrairement à ce qu’imposait le décret impérial d’occupation. La région était notoirement connue pour être une terre de sédition et de résistance face à l’occupant. Il n’y avait pas de Jedis, ni de républicains… simplement des Artoriens patriotes livrés à eux-mêmes. Pour rétablir l’ordre et renforcer son autorité, l’Empire avait dépêché de nombreuses troupes et de nombreux Siths dans la région, sous l’autorité du Moff Phrolys. Ce dernier, pour s’attirer les faveurs des autorités de Dromund Kaas, avait décidé d’organiser une opération d’envergure en envoyant les Sith à sa disposition, à la tête d’un groupe d’assaut, mettre à sac et trouver d’éventuelles caches d’armes dans tous les villages de la région.

Alors que la fouille progressait, le capitaine Dtrax s’approcha de son supérieur qui patientait à l’entrée du village. Avec ses mains gantées croisées derrière le dos, le Sith en tenue d’officier surmontée d’une bure noire, ne réagit pas de suite lorsque l’officier lui présenta ses respects. Ce n’était pas la première fois qu’il venait sur cette planète. Il avait les yeux fermés et sondait la Force.


- La peur… elle est omniprésente dans le village… l’angoisse s’est saisi de chacun de ses habitants… Hommes… Femmes… Parents…

- Mon unité est reconnue pour son efficacité, Excellence ! Chaque individu qui la compose fait preuve d’un zèle et d’une foi inconditionnels envers l’Empire. Je m’en suis moi-même assuré lors de leur recrutement…

L’officier avait une haute opinion de lui-même, à n’en pas douter. Une attitude qui, face à un Sith, frôlait presque l’insolence et par conséquent la folie. Surtout lorsqu’on se permettait de l’interrompre en plein milieu de sa phrase. Sous l’ombre de la capuche, Dtarx ne pouvait voir les yeux de Valtus qui venaient de s’ouvrir et qui le fixait.

-... et même les enfants.

Ce n’est qu’à ce moment-là que Dtarx compris qu’il avait purement et simplement trop anticipé sur la fin de la phrase. Imbu de lui-même, il s’attendait à un compliment de la part de Valtus, mais il s’était visiblement trompé. Mais là où le commun des mortels seraient saisis par la crainte de se voir foudroyer sur place, le capitaine semblait le plus serein du monde, au point même de paraître négligent.

- Vous êtes sûr de vous, capitaine. C’est une qualité rare et ô combien nécessaire à qui ambitionne de faire carrière…

Les yeux grands ouverts, Dtarx sourit. Il avait visiblement mal jugé le Sith qui le complimentait enfin.

- C’est aussi l’avis du Moff Phrolys, Excellence. C’est lui-même qui m’a mandaté pour cette mission et faire comprendre à cette racaille artorienne à qui ils doivent allégeance à présent !

Le discours était clair. Valtus n’avait nul besoin de faire appel à la Force pour sentir à quel point Dtarx vibrait à ses mots. Sa ferveur envers l’Empire n’était pas feinte.

Un soldat s’approcha alors, en effectuant le salut militaire de rigueur devant son capitaine et en s’inclinant devant Valtus.


- Mon capitaine, nous avons trouvé quelque chose.

- Ah ! J’en étais sûr !

Valtus leva un sourcil.

- Vraiment, capitaine ? Pourtant, rien dans les renseignements dont nous disposions offrait une certitude de trouver ce que nous cherchions ici…

Dtarx sourit large. Valtus cru même percevoir une once de condescendance dans le regard du capitaine.

- L’expérience, Excellence. Vous pouvez me faire confiance, depuis que je suis en poste sur cette planète, je trouve… toujours… quelque chose.

- Fascinant…

Un silence de quelques instants s’installa alors avant que Dtarx et Valtus finissent par suivre le lieutenant jusqu’au lieu de la découverte. Il s’agissait d’une maison simple, mais plus grande que la plupart de celles du village, avec un étage. Un homme à genou et les mains liées se trouvait devant sous la garde de deux soldats. Un collier d’entrave venait de lui être posé par précaution, ce qui étonna même Valtus.

- Tiens… Comme c’est étonnant ! Excellence, je vous présente Anton Briil, Baron et Maire de ce repère de traitres.

Valtus tourna son visage toujours dissimulé sous la capuche de sa toge vers le prisonnier. Il était de stature et de taille moyenne, les cheveux longs, blonds, ramenés et attachés vers l’arrière. Ses vêtements étaient de qualité, mais étonnement modeste pour un homme de sa qualité. D’ailleurs, sa demeure l’était tout autant. Dans l’esprit de Valtus, un noble de sa condition vivait nécessairement dans un endroit plus imposant et plus luxueux.

- Alors Baron… Il paraît que l’on cache des choses dans sa maison ?

Au même moment, les soldats impériaux qui fouillaient la maison sortaient quatre caisses avec l’emblème impérial peint en rouge sur chacune d’elle. Valtus les reconnaissaient parfaitement. Il s’agissait du modèle standard servant à transporter les armes de l’armée impériale.

- Oh… rien que cela ! Ce n’est pas bien, Baron… pas bien du tout… du tout…

Alors que Dtarx faisait son petit numéro jubilatoire, sans aucun intérêt pour Valtus, ce dernier fixait ses pensées sur la maison. La Force lui laissait une étrange impression, elle semblait attirer son attention.

- Je suis étonné… pas de femme ? Pas d’enfant ? Il est pourtant de notoriété publique que vous avez une fille ?

Anton ne répondit pas de suite. Il regardait Valtus depuis que ce dernier s’intéressait de prêt à la maison. Pour lui aussi, le numéro de Dtarx était sans aucun intérêt. En vérité, la présence d’un Sith était… inattendu.

- Elles sont toutes les deux en sécurité, loin d’ici !

- Très judicieux de votre part… Lieutenant ?! Brûler la maison !

D’un coup, le baron se leva pour protester de toutes ses forces tandis que les soldats équipés de lance-flammes commençaient à mettre le feu.

- Quel dommage… J’espère qu’il n’y avait personne à l’intérieur…

- Silence…

Valtus avait usé d’une ruse de Force pour amplifier son commandement. Instinctivement, Anton et Dtarx se stoppèrent. Anton tenta de s’approcher de Valtus mais un des gardes lui donna un coup de crosse dans le genou, ce qui le fit chuter.

- Pitié… ne les laissez pas faire ! Je vous en supplie !

Valtus baissa sa tête vers le baron l’espace d’un instant, puis à nouveau vers la maison à présent en flammes.

- Jetez ce traitre en cellule, capitaine. Je tiens à l’interroger moi-même sur son rôle à la tête de la résistance loc…

- Mais… Excellence ! Nous avons trouvé les preuves, la loi impériale impose une exécution immédiate dans un pareil cas !

- Le décret du Moff Phrolys, vous vouliez dire, n’est-ce pas ?

- C’est la même chose, Excellence, le Moff est le représentant de l’Empire et exerce son autorité en son nom. Ce qu’il ordonne, c’est l’Empire qui l’ordonne !

Lentement, Valtus agrippa chaque pan de sa capuche et la replia sur ses épaules de manière à laisser son visage au grand jour. Ses yeux étaient illuminés d’une lueur vive orangée et fixaient intensément le Capitaine Dtarx.

- Je suis certain que le Moff Phrolys ne prendra pas ombrage qu’un représentant de l’Impératrice et Dame Noire des Siths face une petite entorse à son décret, n’est pas ?

Sur le moment, Dtarx allait répondre, mue par sa colère et son arrogance naturelle, mais il se ravisa. Prétentieux et arrogant, mais pas totalement stupide, il sentait qu’il n’était pas à son avantage. Il obéit donc aux ordres qu’il venait de recevoir. Valtus resta encore un instant devant la maison qui partait lentement, mais surement en poussière…

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Le mauvais temps s’était abattu sur la région à la faveur de la nuit tombée. Un blizzard redoutable était en train de blanchir et glacer le village. Valtus et son détachement avaient établi un camp, parfaitement aménagé aux caprices de la météo, tout autour du village. Efficacité impériale. Les habitants avaient reçu ordre de retourner dans leurs demeures saccagées, sans possibilité d’en sortir jusqu’à nouvel ordre.

Dans son braquement personnel, Valtus venait de terminer sa méditation. Son maître serait content de ce qu’il avait accompli aujourd’hui. Rétablir l’ordre sur Artorias n’était pas une mince affaire depuis la signature du Traité. Cela faisait déjà plusieurs mois qu’il était affecté de bataillon en bataillon, sur ordres de son maître, afin de traquer et éliminer la moindre poche de résistance. C’était la première fois cependant qu’il venait dans cette région de la planète. Contrairement aux autres missions de maintien de l’ordre, celle-ci avait un petit quelque chose de différent, cependant.

Valtus s’apprêtait à sortir en enfilant une tenue adaptée, surmontée par sa bure de Sith. Une fois dehors, le vent froid balayait les pans de son long vêtement. Malgré l’ampleur conséquente de sa capuche, le froid venait mordre la peau de son visage sans qu’il ne puisse rien n’y faire. La raison de cette sortie nocturne avait été déposée quelques heures plus tôt dans un préfabriqué prévu pour le stockage des armes. Valtus voulait voir de ses yeux la prise du jour et apprécier par lui-même la valeur et la quantité d’armes confisquées.  Un garde était posté en surveillance en permanence. Valtus s’approcha de lui, en ne cherchant pas à masquer qu’il avait froid. Les Siths étaient certes des êtres puissants, mais pas des sur-hommes… Le soldat le salua en comprenant qu’il avait l’intention d’aller à l’intérieur.


- Excellence, je me dois de vous informer que j’ai reçu l’ordre formel du capitaine Dtarx de ne laisser entrer personne, sous aucun prétexte que ce soit, sans son autorisation expresse. Même vous, sous peine de cour martiale.

Sous sa capuche sombre, Valtus sourit. Était-ce parce qu'il s’imaginait déjà en train de corriger le soldat pour lui avoir manqué de respect, lui un Sith ? Où bien parce que son instinct lui avait suggéré une telle chose de la part de l’officier ? Après un silence, Valtus s’apprêtait à répondre, mais le garde le prit de cours en enchainant.

- Cependant… Cet ordre ne me semble pas réglementaire. Est-ce… est-ce …

- Est-ce que je compte vous soutenir si le capitaine met sa menace à exécution ?

Le soldat inclina la tête en guise de réponse. Valtus sentait la peur et le tiraillement dans l’esprit du jeune soldat. Autant d’émotion qui éveillait la curiosité du Côté obscur présent en lui, mais pour une raison inconnue, Valtus fit en sorte de le réfréner.

- Vous désobéissez à un ordre direct de votre supérieur, soldat. Cela mérite la cour martiale, assurément. Toute fois, étant ici le plus haut placé dans la hiérarchie, je vous soulage de cet ordre, soldat, et je vous en donne un nouveau. Personne ne doit entrer ici tant que je suis à l’intérieur.

- Compris ! A vos ordres, Excellence.

L’intérieur du préfabriqué était rempli de caisses d’armements et de matériels divers. L’éclairage était plutôt faible, assuré par de simples ampoules rouges et blanches. Valtus repéra facilement les caisses confisquées un peu plus tôt dans la journée. Elle avait été remisée au fond de la pièce. Elles étaient semblables aux autres à l’exception des nombreuses rayures sur pratiquement chaque face. Valtus se demandait pourquoi il y avait autant de mystère autour de ses quatre caisses ? Pourquoi Dtarx avait ordonné que personne, pas même lui, ne s’approche d’elles ? De quoi avait-il peur ? Ou bien avait-il laissé son orgueil trop se développer au point d’en perdre la raison en défiant la hiérarchie et un Sith ? Valtus actionna le mécanisme d’ouverture sans problème et fut surpris du contenu qu’il découvrit.

Là où il s’attendait à trouver des fusils-blaster, des cartouches, des vibro-lames et des détonateurs thermiques se trouvaient des rations de survies impériales, des portions de polyamidons, des sérums protéinés et des flacons de kolto. Il trouva la même chose dans les trois autres caisses. Dans la dernière, il trouva cependant en plus des bouteilles de boissons lactées concentrés prévus pour les enfants en bas-âge.


* De la nourriture ? Mais… Où sont les armes que l’on devait trouver ? *

Valtus fouilla chacune des caisses de fond en comble à la recherche d’un double-fond éventuel ou bien d’un quelconque mécanisme qui permettrait de dissimuler de l’armement. Il usa même de la Force pour être sûr… Rien. Les caisses d’armes ne contenaient réellement que de la nourriture. À quoi rimait tout ceci ? En rangeant la dernière caisse, Valtus perçu une perturbation dans la Force lorsqu’il toucha une des bouteilles de lait infantile qui semblait l’attirer vers la maison du Baron. Ce n’était sûrement pas un hasard, il trouverait des réponses là-bas. En sortant de la réserve, Valtus s’adressa à nouveau au soldat.

- Voici un nouvel ordre pour vous, soldat. Personne ne doit entrer dans cette réserve sans ma permission, y compris le capitaine Dtarx.

Le soldat hocha à nouveau de la tête et regarda le Sith s’éloigner au loin.

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La maison du Baron Briil n’était plus que l’ombre d’elle-même. Le feu avait fait s’effondrer une partie de l’étage ainsi qu’une partie de la façade. Le mot “traitre” avait été peint sur la partir de la maison encore intacte, à la peinture rouge, sur ordre du capitaine Dtarx. À quelques pas de là, gisaient les serviteurs du Baron, entièrement nu, attachés solidement à des piloris. Valtus était conscient qu’ils ne passeraient pas la nuit… mais ce n’était pas pour eux qu’il était venu. Il entra donc dans la maison avec prudence.

Au milieu des meubles abimés et des gravats, Valtus scrutait la moindre anomalie à la lueur de son sabre-laser. Se frayer un chemin n’était pas simple, voire lente. Après quelques minutes de recherches, Valtus tendait sa main libre afin de projeter la Force tout autour de lui dans le but de trouver quelque chose. Il entendit alors comme des grattements derrière lui. Se tournant, les lueurs de sa lame rouge mirent en évidence une bête sauvage locale qui cherchait à creuser le plancher à quelques mètres de là, après avoir déchiré de ses dents un tapis de sol à moitié calciné. La bête s’enfuie aussitôt qu’elle s’aperçut que Valtus l’observait. Pour le Sith ce n’était pas un hasard. Il s’approcha alors et se mit accroupi pour dégager le restant de tapis. Une trappe était dissimulée en dessous. Valtus l’ouvrit sans attendre et descendit au sous-sol via une échelle qui était installée exprès.

Une fois en bas, le Sith se retrouva devant une porte scellée. Usant de la Force pour l’ouvrir, Valtus percevait que le mécanisme était de conception assez rudimentaire, mais étonnamment complexe. Cinq verrous se désactivèrent avant que la porte ne s’ouvre enfin sur une petite pièce, chauffée avec un éclairage tamisé. Dès que la porte commença à s’ouvrir, le Sith compris à quoi la pièce servait. Posé sur une paillasse confortable et sécurisé se trouvait un nourrisson en train de pleurer à chaudes larmes. Valtus s’approcha prudemment en rabattant sa capuche et en désactivant son sabre-laser. Il s’agissait d’une petite fille, à peine âgée des quelques mois. Délicatement, Valtus passa sa main gauche sous son cou, puis sa main droite en dessous de son dos afin de la porter dans ses bras et la placer contre sa poitrine. À travers la Force, il percevait que la petite se sentait seule, effrayée, affamée et épuisée de pleurer ainsi depuis trop longtemps. Observant tout autour de lui, Valtus remarqua que l’abri était parfaitement aménagé avec des réserves de vivres, de quoi dormir et se laver. Mais rien de près ou de loin ne pourrait servir à nourrir l’enfant dans l’immédiat. Le biberon qui se trouvait sur la table était vide de surcroit. C’est alors qu’il comprit pourquoi il y avait du lait pour bébé dans les caisses confisquées. Étant donné qu’il n’y avait rien d’autre d’intéressant dans l’abri, Valtus entreprit de mettre le nourrisson précautionneusement dans le pan de sa bure afin de le protéger du froid extérieur. Il remonta l’échelle et quitta les ruines de la maison pour prendre soin de la petite survivante.


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Les officiers et sous-officiers du détachement impérial avaient élu domicile dans le Hall du Bourgmestre, autrement dit l’Hôtel de ville du village. Tandis que Dtarx et ses hommes dormaient tranquillement, Valtus s’était frayé un chemin jusque dans les caves, converties pour l’occasion en prison de fortune. En plus de son collier d’entrave, le baron Briil avait les mains attachées par des électro-menottes. Il était sous la surveillance permanente de deux soldats impériaux. Il semblait faible. Le regard blême et les yeux vides de toute volonté, comme si l’espoir s’était dérobé à lui. À la vue de Valtus, les deux soldats se mirent au garde à vous. Il leur demanda alors de se retirer et ils s’exécutèrent. Pendant quelques secondes, Valtus observa le baron sans rien dire. Puis ce fut le tour du baron qui leva alors le regard. Lorsqu’il reconnut le Sith, il pouffa d’un rire étouffé et désespéré. Il avait des difficultés à respirer.

- Il ne manquait plus que vous… Je vous préviens tout de suite, Dtarx et ses sondes neurales n’ont pas réussi à me faire parler alors…

- Nous employons d’autres méthodes…

- Je sais… d’ailleurs, vous êtes certainement en train d’essayer de lire dans mon esprit en ce moment même. Je suis presque étonné que vous ne soyez pas venu plus tôt.

- Votre maison n’a pas résisté à l’incendie… elle s’est effondrée totalement.

Valtus exagérait volontairement. Il voulait voir ce que cela allait déclencher comme émotion chez le prisonnier. Comme il le pensait, évoquer l’incendie plongeait Anton dans une profonde tristesse au point qu’il ne pouvait plus rien dire.

- Ce n’est qu’une maison… elle sera reconstruite… et ce qu’elle contenait… remplacé. Cependant… vous m’avez supplié de la préserver… Je trouve cela curieux de s’attacher autant à un bien.

- Vous vous trompez.. Sith ! Ce qui se trouvait à l’intérieur était… unique et irremplaçable.

Sur le moment, Briil pensait à sa fille qui se trouvait dans l’abri en sous-sol de la maison. Il pensait à elle, en proie au désespoir de la savoir perdue à jamais.

- Elle n’est pas perdue.

Les mots de Valtus firent comme un électrochoc dans l’esprit d’Anton.

- Comment ?

- Votre fille est toujours en vie… et en sécurité.

- Mais comment ? C’est ça votre torture ? Me faire croire qu’elle est toujours en vie pour mieux m’atteindre ?!

- Il me suffirait de m’infiltrer dans votre esprit, de prendre ce que j’ai besoin de savoir et de vous transformer en légume d’une simple pensée… Je n’y vois aucun intérêt. D’autres de mes semblables s’en délecteraient assurément. Ce n’est pas mon cas…

Vous et moi avons plus en commun que tous ceux qui nous entourent… Votre fille est votre unique héritière. Une vie si fragile sur laquelle va reposer prochainement la responsabilité de faire perdurer sa noble lignée. Le destin se manifeste parfois d’une curieuse manière…


- Alors… elle est en vie ?

- Je l’ai trouvé dans votre cache sous la maison, faible et apeurée, mais bien vivante. Elle dort paisiblement en ce moment dans mes quartiers.

Les yeux d’Anton se remplirent soudainement de larmes, il était soudainement soulagé, mais paradoxalement son inquiétude monta d’un cran.

- Je vois… À présent que vous l’avez trouvé, je suis à votre merci. C’est… sous une autre forme… mais cela reste de la torture… Si je vous dis tout ce que je sais, est-ce que cela garantira sa vie ?

- Elle aura une vie longue et paisible, je le garantis.

- Comment vous croire ? Vous êtes un Sith après tout…

- Quel autre choix avez-vous ?

Pendant un long moment, Valtus écouta tout ce que le baron avait à dire avant de partir et de laisser l’homme à son destin.


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Le lendemain, sur la place centrale du village, tous les habitants avaient été convoqués de force pour assister à l’exécution du baron. Dtarx avait tout prévu pour que cela soit son moment de gloire en exécutant lui-même le prisonnier. Mais Valtus avait fait prévaloir son rang de seigneur Sith afin de se charger lui-même du châtiment. Tendant la main vers le baron, Valtus usa de la Force pour lui ôter la vie. Il souleva d’abord son corps puis lui enserra la poitrine pour l’empêcher de respirer avant de relâcher son corps sans vie. Valtus percevait la colère, mais surtout la frustration du capitaine qui fulminait intérieurement… Lorsqu’un soldat alla s’assurer que le dernier souffle de vie s’était retiré du Baron, Valtus s’adressa à la foule.

- Personne… ne peut défier l’Empire impunément ! Tous ceux qui s’entêteront à désobéir et défier l’autorité subiront le même sort ! Nos forces de sécurité ne feront preuve d’aucune pitié !

La frustration de Dtarx baissait un peu à l’écoute du discours du Sith. Le ton était grave et impérieux, ne laissant aucun doute sur sa détermination de faire respecter l’ordre et la loi impériale. Les habitants du village écoutaient bon gré mal gré, encore sous le choc d’avoir perdu leur protecteur qui gisait toujours à terre.

- L’Empire est la force ! L’Empire est la puissance ! L’Empire est l’exigence ! Mais… l’Empire est aussi la justice. Aujourd’hui, un homme est mort parce qu’il avait défié l’Empire… pour de bonnes raisons.

Le sang de Dtarx ne fit qu’un tour. Les habitants du village eux-mêmes commencèrent à se regarder tant la sortie du Sith était inattendue. Valtus lui-même, en son for intérieur, était chancelant, car il s’aventurait dans une totale improvisation

- On vous a affamé ! On vous a privé des biens élémentaires pour assurer une vie digne à vos familles et à vos enfants… Ce n’était pas la volonté de l’Empire.

Sur le moment, Dtarx senti sa gorge se nouer. Il se sentait directement concerné par les dernières paroles de Valtus.

- Je représente l’Empire et en cette journée de célébration du Jour de la Vie, je rend ce qui vous appartient

Valtus fit alors signe à un lieutenant qui se tenait prêt non loin de là. Un groupe de soldats apportèrent alors les quatre caisses contenant toutes les réserves de nourritures et d’équipements de survie. D’autres caissons, plus gros et contenant du matériel plus sophistiqué comme des outils et des appareils médicaux, furent également apportés. Devant une telle générosité, Dtarx se dirigea vers Valtus d’un pas ferme et rapide.

- Bon sang ! Mais qu’est-ce que vous faites ! Ce matériel est pour l’armée et appartient à l’Empire !! Vous n’avez pas le droit !

Pendant cette veine remontrance, les yeux de Valtus s’étaient teintés d’orange et lorsqu’ils se posèrent sur Dtarx, ce dernier ne comprit même pas que son destin était scellé.

- Je… suis… un Sith ! Je… suis… l’Empire ! J’ai… absolument…  Tous les droits ici !

L’incartade entre les deux hommes n’avait échappé à personne. La colère de Dtarx était grande et l’aveuglait assurément.

- Je ferai un rapport ! Le Moff Phrolys sera mis au courant ainsi que le Conseil Noii…

La gorge du capitaine fut soudainement comprimée par une étreinte invisible. Valtus avait sa main légèrement tendue vers Dtarx comme si elle serrait quelque chose.

- Rassurez-vous, capitaine, le Moff Phrolys sera le suivant…

Tandis Valtus faisait se lever le corps tout entier de Dtarx au-dessus du sol, il resserrait sa main et après quelques instants, il ferma son poing d’un coup sec. Dtarx s’effondra et tomba misérablement sur le sol glacé. Les soldats impériaux ne bougeaient pas d’un pouce.

- Cet homme a déshonoré son serment et fait honte à l’Empire en commettant des crimes en son nom ! Prenez acte que justice a été rendue…


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Dromund Kaas - De nos jours

Au milieu de la circulation dense et des flèches d’acier montant haut dans le ciel tourmenté  de la capitale, l’unité d’observation D7-54L se faufiler avec la plus grande aisance. Ce modèle de droïd sonde, de conception impériale, était particulièrement apprécié par les services de renseignements pour sa discrétion et sa capacité d’observation.

Au détour d’un énième gratte-ciel et en évitant de justesse un taxi-speeder peu prudent, le droïd entama sa descente vers l’Esplanade de la Citadelle. Il s’agissait d’un des rares endroits de la capitale dans laquelle ses habitants allaient et venaient simplement pour marcher et se croiser. Les statues à la gloire des Sith étaient nombreuses, les obélisques commémoratifs encore plus et les braseros flamboyants. Se tenant à bonne distance, les photorécepteurs de D7 commencèrent à analyser la foule présente et après quelques instants, il se fixa sur un couple en particulier.

Il y avait tout d’abord une jeune femme. Elle devait avoir une vingtaine d’années à peine, très élégante et habillée à la mode impériale. Son visage exprimait une douceur et une beauté exceptionnelle. Elle marchait paisiblement en tenant le bras à un homme plus âgé qu’elle. Il devait avoir une cinquantaine d’années. Il était bien grisonnant, mais son visage était encore relativement épargné par les affres du temps. Il n’était pas nécessaire de trop s’attarder pour remarquer que certains traits de cet homme se retrouvaient sur le visage de la jeune femme. Ils étaient parents et de toute évidence, père et fille.

Assis derrière son bureau de Maître des Forges, Valtus semblait perdu dans ses pensées. Rapports de production et comptes-rendus d’expérimentation n’étaient que des exemples des données qui défilaient sur les différents écrans holographiques de son espace de travail. En vérité, sur un écran dissimulé dans un compartiment secret, Valtus observait les images retransmises en direct par D7. Il n’avait pas particulièrement l’âme à la nostalgie, mais en regardant cette jeune femme et cet homme, qui jadis fut le baron Anton Briil, le Sith se remémorait ce jour particulier sur Artorias… Ce jour où il ne s’était pas comporté comme ses semblables… Ce jour où il avait décidé d’user de la Force pour simuler la mort du baron et de lui offrir une vie en exil sur Dromund Kaas mais en compagnie de sa fille. Ce jour où pour la première fois s’était manifesté sa propre vision de ce qu’était un Sith, un impérial… un roi. Ce jour où il avait décidé de célébrer la vie plutôt que la mort.





Damyn Celchu-Saro
Damyn Celchu-Saro
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Coruscant, 21 564


Pour la première fois, Damyn allait avoir toute sa famille auprès de lui et chez lui pour Life Day.
Il y avait Maman et Papa et Beyrbr, bien sûr, mais ça c’était normal puisque c’était aussi chez eux.
Il y aurait aussi Mamie et Papie Celchu, qui étaient venus d’Alderaan, et aussi Oncle Grey et sa femme Yulia.
Mais il y aurait aussi Mamy et Papy Saro, et Kyrane, la sœur de Maman, et ses 3 enfants. Alec, le frère de Maman, était déjà là, et dormait à la maison pendant son séjour sur Coruscant, dans la chambre d’ami bleue.

Le matin, Maman avait envoyé Beyrbr et Damyn chercher les pâtisseries. Ils étaient passés devant tout le monde dans la boutique, parce que Mamy Saro embauchait souvent les gens de la pâtisserie pour ses réceptions sur Coruscant, et donc les gens de la pâtisserie aimaient bien Mamy, et Maman et tous les Saro.
Le monsieur de la pâtisserie avait oublié que Damyn était un garçon, et pour se faire pardonner, la dame leur avait offert des macarons à la pistache de Félucia (les préférés de Damyn), qu’il avait mangé dans le speeder sur le trajet du retour.

-Tu crois que Papy va m’offrir quoi ?
-Papy Saro ?
-Ouiiii…
-Je sais pas, Mynou. Il ne va peut-être rien t’acheter du tout…

Damyn faillit s’étouffer avec son macaron. Beyrbr éclata de rire.

-Si tu voyais ta tête pauvre tooken ! Bien sûr qu’il va t’offrir quelque chose !
-Tu crois qu’il y aura mon nom sur les cadeaux. Mon vrai nom à moi ?

Cette fois, Beyrb ne rit pas. Elle sourit gentiment, et caressa les cheveux de son frère.

-Ça te fait peur ? Tu as peur que papy, ou quelqu’un se trompe ?

Bien sûr qu’il avait peur ! Mais il ne voulait pas que Beyrbr pense qu’il avait peur.

-Ils ont peut-être oublié…

Beyrbr eut un petit rire.

-Personne va oublier ça, Mynou. C’est important pour toi, alors c’est important pour nous tous !

Et puis Beyrbr fit quelque chose qu’elle faisait rarement, maintenant qu’elle avait deux chiffres dans son âge, elle le serra très fort dans ses bras.
Damyn avait le nez coincé contre un des macarons que Papa lui avait coiffé ce matin ("c’est une coiffure traditionnelle chez nous sur Alderaan ! Ça fera plaisir à tes grands-parents !"). Ça lui donnait un peu envie d’éternuer.

En rentrant, Damyn avait pris son datapad pour rechercher le mot que le monsieur avec un seul œil qui faisait la queue dans la pâtisserie leur avait dit.
Quand Papa vint le chercher une heure plus tard, il avait non seulement retrouvé le mot en question (et c’était effectivement un gros mot, tellement un gros mot, même, qu’il avait été obligé d’aller chercher le sens de la traduction du mot en basic dans un dictionnaire !), mais appris aussi la conjugaison des trois auxiliaires aux principaux temps de l’indicatif, et les expressions courantes pour « les voyageurs et voyageuses soucieux de découvrir la Byss authentique et pittoresque ».

Avant de pouvoir ouvrir les cadeaux, Maman avait fait un discours, pour remercier tout le monde d’être venu, même s’ils étaient très occupés.
Puis elle avait demandé à Damyn de faire un discours, comme il s’appelait maintenant vraiment Damyn pour de vrai officiellement.
Puis il avait commencé à boire son jus de meiloruun, mais mamie Celchu l’avait disputé parce que ce n’était pas poli de boire avant qu’on ait trinqué. Mais Tante Kyrane prit aussi la parole. Elle voulait annoncer qu’elle s’était séparée de son mari (le deuxième, pas le Papa de Krecida, Melvyn et Aramintha), et que c’était pour ça qu’il n’était pas là ce soir, mais ce n’était pas vraiment intéressant.
Puis Beyrbr avait dit qu’elle voulait entrer à l’Académie militaire, et les adultes avaient été étonnés, comme si TOUS ses jouets préférés n’étaient pas des vaisseaux spatiaux…

Puis on avait enfin pu boire le jus de meiloruun ou les trucs à l’alcool des adultes.
Et ça avait enfin été le moment des cadeaux !

-Pourquoi c’est Damyn qui a le plus de cadeaux ? avait demandé Melvyn.
-Parce que c’est le plus petit, espèce de gungan, c’est normal ! avait répondu sa sœur Krecida.
-Ben justement, c’est le plus petit, il devrait avoir moins… Déjà que…

Mais Damyn ne voyait pas pourquoi Melvyn se plaignait, parce qu’il avait eu plein de cadeaux lui aussi, et même un vrai speeder, alors qu’il n’avait que quinze ans, et qu’il ne pourrait même pas le conduire sur Coruscant.

Damyn avait eu un speeder aussi, mais un petit, un pour jouer dans l’appart.

-Fait sur mesure dans les chantiers navals Saro ! avait déclaré papy Saro avec fierté, alors que tout le monde savait que c’était Mamy qui s’occupait des chantiers navals.

Après les cadeaux, on s’était mis à table. Il y avait plein de nourritures d’adulte, que Damyn n’aimait pas trop : trop gluante, visqueuse, et odorante. Mais C7-IT avait aussi fait des rouleaux sullustéens et des feuilletés aux saucisses, parce que c’était ce que Damyn voulait toujours manger aux fêtes.

Damyn avait sûrement un peu trop mangé de rouleaux et de feuilletés, alors il alla s’allonger un peu sur le canapé, et Maman était venue le réveiller pour les desserts. Il y avait de la bûche de Kashyyk et des shuras glacés. Puis Melvyn et Beyrbr avaient joué sur le grand holoécran de la salle de jeu, et Beyrbr avait laissé Damyn jouer avec sa manette. Il s’était endormi sur les genoux de Krecida.

Coruscant, 21 583


-C’était le meilleur Life Day de toute ma vie ! déclara Damyn.
-Et ben on n’a pas le même souvenir de cette journée, déclara Beyrbr en faisant ondoyer son whisky corellien dans son verre.

-Ah ouais, t’en n’as pas gardé un bon souvenir ?
-Et ben écoute… Voilà ce dont moi je me rappelle :


Maman et Papa avaient à peine dormi les nuits précédents la fête, et la police avait même débarqué à la résidence une nuit pour interroger Oncle Alec sur une histoire de réseau de prostitution illégale.
Le jour même, les Celchu étaient arrivés en avance et les Saro en retard, C7 avait failli faire un court-circuit à surveiller la cuisson des soufflés.

Et à peine arrivée, Tante Kyrane s’était disputée avec Maman à propos de trucs qui avaient appartenu à leur grand-père.

-On a toujours dit que tout ça devait revenir à Melvyn parce que c’était le seul garçon !
-Sauf que c’est plus le seul garçon ! Damyn a le droit à la moitié ! C’est dans le testament de Grand-Père !

Beyrbr était allée aider Damyn à ranger les sacs à main dans le vestiaire, mais Papa et Oncle Grey s’y trouvaient déjà :

-Comprends-la, aussi, disait Papa. Personne t’a obligé à te taper ton secrétaire !
-Pourquoi t’as frappé ton secrétaire ? avait demandé Damyn, ce qui avait fait sursauté les deux frères.
-Sûrement parce qu’il avait été un très vilain garçon, avait lâché Yulia, arrivée juste derrière eux.

Papa avait attrapé chacun de ses enfants sous un bras et avait évacué les lieux.

Au moment des toasts, Beyrbr avait failli se dégonfler. C’était Krecida qui l’avait poussée à le faire.

-A l’Académie Militaire ? avait répété Papie Celchu. [color:2107=#996600Tu veux entrer dans l'armée ?
-Dans la Marine.
-Mais tu vaux mieux que cela, ma petite ! avait protesté Mamy Saro. Un poste t’attends aux chantiers navals ! Ce sera bien plus…
-Moi je veux entrer dans la Marine !
-Mais c’est très dangereux ! s’était exclamé Oncle Grey. Avec la guerre, les sith…
-Je veux entrer dans la Marine ! C’est ma vie, mon futur, c’est moi qui décide !
-On peut ouvrir les cadeaux maintenant ? C’est pour qui le gros rouge, là-bas ?

Pendant le repas, Mamie Celchu n’avait pas arrêté de critiquer ce que Damyn mangeait et ne mangeait pas (« A Life Day, on mange du gorg farci, par des cochonneries eriaduan ! » « C’est sullustéen, Maman. »), et quand Tante Yulia était intervenue, elle l’avait cruellement remise à sa place :

-Ne venez pas vous mêler de l’éducation des enfants des autres ! Vous n’avez pas voulu en avoir, c’est votre choix. Cela a suffisamment affecté votre père, qui n’a pas pu tansmettre son titre, qu’il repose en paix…
-Maman ! Yulia vient de perdre son père, tu ne peux pas…
-La ferme, Grey.

C’était la première fois que Beyrbr entendait Tante Yulia dire un gros mot.

-Et vous, les enfants ? avait rebondi Papie Celchu en s’adressant à Krecida. Vous êtes bientôt diplômée, non ? Va falloir s’y mettre !

Et puis, bien sûr, le sujet du nouveau chancelier et de ses réformes était tombé.

-Un jedi chancelier ! avait tempêté Mamy Saro. Non mais quelle idée !
-Les jedi ont toujours été fidèles à la République…
-Vous avez une drôle de définition de la fidélité, sur Alderaan ! avait déclaré Oncle Alec, et le sang avait entièrement disparu du visage de Tante Yulia. Assassiner un sénateur en plein Sénat, j’appelle pas ça de la fidélité…
-Ritter n’était pas s…
-Parce que toi, avec ta saleté de sénateur hutt, t’as des conseils à donner !

Beyrbr avait alors décidé qu’à onze ans, elle n’était pas trop vieille pour aller dormir sur le canapé avec Damyn.


-Tu te rappelles, au moins, que Papie Celchu a fini aux urgences parce que un nyork mal engourdi a essayé de lui bouffer la main quand il a ouvert sa coquille ?
-Attends, c’est ce jour-là qu’il a perdu une phalange ?
-Bienheureux que tu étais ! s’exclama Beyrbr en se re-servant un verre de liquide ambré. Pourquoi crois-tu qu’on n’a plus jamais refait de Life Day avec tout le monde à la maison ?
Dalla Tellura
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Pamarthe, 21 577


-Ne le blesse pas, Dalla ! Rappelle-toi que c’est une créature vivante, en harmonie avec la Force !
-C’est à lui qu’il faut dire ne pas me blesser, Maître ! répliqua Dalla en se rattrapant de justesse à la rambarde de leur barque.

Larna n’eut pas le temps de répliquer, une vague plus haute que les autres s’abattit sur elles et renversa la barque.
Dalla n’eut pas le temps de sortir son respirateur artificiel, et elle n’avait pas non plus eu le temps de remplir ses poumons d’air. Elle avait beau avoir suivi la même formation que tous les apprentis, elle ne pourrait pas tenir longtemps sous cette eau froide et agitée.

C’était vraiment une façon idiote de mourir, pour une raison idiote.

Larna et ses intuitions… Elle allait lui donner sa façon de penser…

Sauf que maintenant, elle ne lui parlerait plus jamais. Ni à elle ni à personne d’autres…

Puis soudain, elle sentit une force s’exercer sous ses deux aisselles, et elle fut extraite de l’eau. Le vent de Pamarthe lui fouetta un instant les lekku, puis elle atterrit les fesses les premières sur une surface dure qui semblait bien être le pont d’un chalutier.

-Et, ben ça, c’est ce que j’appelle une pêche miraculeuse !
-Un grand merci à vous, courageux pêcheur ! Ma padawan et moi vous devons la vie !
-Des jedi ! C’est définitivement le meilleur coup de filet de ma vie !

L’humain les fit ensuite pénétrer dans une petite cabine où elles purent troquer leurs bures trempées contre des vêtements secs. Elles rejoignirent alors leur sauveur dans une sorte de grand mess, où étaient installés une douzaine de pêcheurs.

-Bienvenues, jedi ! s’exclama une dame âgée, qui était sûrement la capitaine. Et un joyeux Jour de la Vie à vous !
-C’est déjà le Jour de la vie ? s’exclama Dalla.

Elle échangea un regard avec sa Maître, qui haussa les épaules, visiblement aussi peu au fait du calendrier qu’elle.

-C’est le Jour de la Vie, déclara la Capitaine. Et il ne sera pas dit que nous aurons laissé des invitées -des jedi qui plus est !- hors de nos célébrations ce jour là ! Prenez un peu de lait de skuame !
-De lait de skuame ? interrogea Dalla. Mais… c’est un poisson… les poissons ne produisent pas de…
-Je pense, padawwan, que le nom de cette boisson est plus… imagée que littérale, fit Larna avec un sourire, en réglant son masque respiratoire pour pouvoir goûter le liquide dont on lui tendait une mug.

Dalla accepta à son tour un « lait de skuame ». C’était chaud, bleu, et cela dégageait une odeur épicée assez agréable.

Elle but une gorgée, et pour la deuxième fois de la journée, elle sentit l’air déserter ses poumons.

Elle entendit le rire de Larna.

-Ma padawan n’est pas habituée à ce genre de boisson ! Ne lui en voulez pas ! Le Temple de Coruscant n’est pas Pamarthe, et…


-Dalla !

(Dubrava, 21 578)


-Dalla ! répéta Nassa, un peu plus fort.

Dalla battit des paupières, désorientée.

Un an déjà…

-Tu viens manger ? Tout est prêt.

Un an déjà qu’elles avaient fêté Le Jour de la Vie sur Pamarthe.
Et maintenant…

-Dallou ? interrogea Kebko en rejoignant se deux sœurs. Ça va ?
-J’arrive, répondit Dalla d’une voix neutre.

Elle suivit les deux autres twi’leks dans la pièce principale, où les quatre colocataires de Nassa étaient rassemblées, ainsi que la fille de l’une d’entre elles, le copain d’une autre, une collègue de Nassa qui ne vivait pas là, le partenaire de Kebko et le garagiste d’en face, que Nassa avait invité.

Tout le monde s’était mis sur son trente et un pour l’occasion. Robes scintillantes, bijoux colorés, maquillages tapageurs. La pièce sentait la nourriture, les épices, le chaud, la douce odeur des plats maisons.

Dalla avait l’impression de peser une tonne. Chaque mouvement était pénible. Elle entendait chaque parole prononcée autour d’elle, chaque respiration, chaque rire, comme s’il s’était agi d’un tir de blaster.

Elle n’avait pas été en présence d’autant de personnes depuis…

-Tu veux du vin, Dalla ?
-Hum ?

La pantorienne indiqua la bouteille du menton.

-Non merci, de l’eau, pour moi.

Elle revoyait les soldats, huit, des duros pour la plupart, plus un humain, et un autre, d’une espèce qu’elle n’avait pas su identifié.

« Tu dois partir, Dalla » avait dit Larna. « Que la Force soit avec toi, padawan ».

C’était les derniers mots qu’elle lui avait dit.

La dernière fois qu’elle avait entendu sa voix.

-On passe à table ? interrogea Nassa.
-Allons-y ! s’exclama le partenaire de Kebko.

-Tu crois que c’est son partenaire, genre, d’affaires ? avait demandé Nassa quand les deux hommes étaient arrivés sur Dubrava la veille. Ou bien son partenaire, genre partenaire ils couchent ensemble ?

Dalla avait haussé les épaules.

-Comme tu as vécu plusieurs semaines dans leur vaisseau avec eux…

Comme si elle avait passé du temps en leur compagnie pendant ces quelques semaines, après qu’ils l’aient exfiltrée de Duro, après que Grendo S’orn…

Une des filles posa sa main sur l’épaule de Dalla, et celle-ci sursauta, les muscles crispés. La fille retira prestement sa main.

Tout le monde se dirigea vers la table – ou plus exactement vers les deux portes que Jaya avait clouées ensemble pour servir de table à l’assemblée.

Les filles mangeaient le plus souvent dans leur chambre ou directement sur le comptoir de la cuisine. Elles n’avaient qu’une petite table, insuffisante pour onze personnes. Douze, avec Dalla.

-Je suis content de te rencontrer enfin, Dalla, déclara le garagiste, resté en arrière, comme Dalla. Ta sœur m’a beaucoup parlé de toi.

C’était un ugnaught, qui lui arrivait à peu près à la taille. C’était le plus vieux de la soirée. Pourquoi avoir accepté de venir ? Était-ce la perspective de côtoyer 6 danseuses professionnelles, potentiellement éméchées ?
Quelque chose disait à Dalla que ce n’était pas le cas.

-Kark Banda, déclara-t-il en lui tendant la main.
-Dalla Tellura, répondit-elle, un peu machinalement.

Comme si une part de son cerveau qu’elle n’avait pas utilisée depuis des mois avait envoyé une impulsion réflexe à sa bouche.

Elle regarda un instant la main tendue de l’ugnaught, très haut par rapport à son épaule, à la hauteur de son coude à elle.

Tenir sa main tendue devait être fatigant pour ses muscles.

Dalla serra la main qui lui était tendue.

Puis Kark Banda rejoignit le reste des convives autour de la table, et Dalla le suivit.

Elle était assise entre Nassa et lui. Kebko, de l’autre côté de Nassa, l’observait.

Normalement, au Jour de la Vie, il aurait dû rentrer sur Ryloth, auprès de leur père ou de sa mère. Comme il le faisait tous les ans.
Mais pas cette année.
Cette année, il était venu sur Dubrava.
A cause d’elle. A cause de Dalla.
Parce qu’il s’inquiétait pour elle. Comme Nassa.
C’était pour ça que l’ugnaught était là. C’était pour ça que Nassa s’était toute apprêtée, somptueuse en vert Kashyyk. C’était pour ça qu’elle s’était démenée pour que les filles soient ici, le soir même de Life Day, au lieu de se trémousser au Dubro Go Go Cabaret devant des hommes d’affaires esseulés. C’était pour cela qu’était disposé sur la table l’équivalent en nourriture d’un mois de loyer chèrement gagné.

-Tu veux du gorg farci, Dall’ ?
-Elle est végane, répliqua Kebko.
-C’est Life Day ! Elle peut bien manger du gorg à Life Day !
-J’ai pas faim.

Il y eut un instant de silence entre les 3 enfants de Jem Tellura.

-Vous détestez Life Day, en fait, grognait Paol, le partenaire de Kebko.
-Je ne déteste pas Life Day, répondit Kark Barda, en se servant du gratin de chuba. Au départ, c’était une fête très respectable, liée au cycle des saisons sur Kashyyk, qui jouait un rôle central dans la société wookie…
-C’est les wookies qui ont inventé Life Day ? s’étonna Ruusa, du haut de ses quatre ans. Je croyais que c’était les gens dans la République.
-Kashyyk est dans la République, ma chérie, murmura sa maman en lui coupant son gorg.
-Ah bon ? Je croyais que la République c’était tous des humains ?
-Oh non ! s’exclama Kebko. Regarde même leur chef est un…

Il s’interrompit brusquement et regarda Dalla d’un air affolé.
Croyait-il qu’elle allait se lever, prendre son sabre laser et découper tout le monde en morceaux à la seule mention du nom de Grendo S’orn ?

-Mais aujourd’hui, reprit tranquillement Kark, Life Day est devenue une fête commerciale, coupée de toute sa signification profonde. Un prétexte à la surconsommation, au gaspillage, et à la course au profit.
-Mais… c’est sympa, Life Day, gémit Kebko.
-Pourquoi vous vous disputez ! s’exclama Nassa la main tellement crispée sur sa fourchette en duracier fantaisie que les jointures de ses doigts étaient toutes blanches.
-Votre ami nous expliquait que sur sa planète, la tradition au repas de Life Day, était que chaque convive explique de quoi il était reconnaissant dans sa vie au cours de l’année écoulée.

Le regard que Nassa et Kebko jetèrent à Dalla était plus lourd qu’un cuirassé sith.

-Et Monsieur le garagiste trouvait que c’était une pratique très individualiste et néo-libérale…
-C’est un moyen de faire oublier tout ce qui ne va pas dans la Galaxie ! La reconnaissance ! Voilà un excellent moyen de faire taire l’esprit de révolte, la volonté farouche de se battre pour améliorer les choses. C’est pousser les gens à se contente de ce qu’ils ont, en oubliant tout ce qu’ils devraient avoir dans des sociétés décentes !
-Mais, pour faire les choses meilleures, il faut savoir aussi c’est quoi les trucs bien, non ? murmura Ruusa, le menton barbouillé de sauce aux luilris. Maman, elle dit toujours qu’il faut apprécier une glace avant d’en demander une deuxième.

Kark sourit.

-De quoi es-tu reconnaissante, cette année, Ruusa ?
-Que Maman et moi on soit venues vivre ici, parce que tout le monde est très gentille avec moi, et que Nassa elle me laisse essayer ses colliers. Oups.

Elle regarda Nassa, puis sa mère.

-Ça, je devais pas le dire à maman…

Tout le monde éclata de rire, visiblement soulagée de cette bêtise d’enfant, qui adoucissait l’atmosphère pesante qui s’était installée.
Tout le monde sauf Dalla.

Reconnaissante de quelque chose dans sa vie cette année ?
D’avoir vu l’Ordre Jedi chassé de la République, traqué par ceux-là même qu’il avait protégé pendant des siècles ?
D’avoir dû fuir, seule et perdue, les territoires qu’elle avait toujours connus ?
D’entendre chaque jour, dans les émissions républicaines, dans la propagande des alliés de S’orn, ses frères et sœurs conspués, honnis, traînés dans la boue ?
D’avoir senti, jusqu’au plus profond de son être, l’instant précis où l’étincelle qui brûlait dans l’âme de sa maître, la lueur de bonté et de sagesse qui brillait en elle, s’était éteinte à jamais ?

-Je suis reconnaissant, déclara le copain de Jaya, sa main dans celle de la zygerrienne, que nous soyons tous les deux, libres, ensemble, sans personne qui nous…

Il dut s’interrompre pour se moucher dans sa serviette, et sa copine l’étreignit fébrilement.

-Je suis reconnaissante que ma tumeur ait disparue !
-Je suis reconnaissante pour toi, Ruusa, déclara la mère de la petite pantorienne. Reconnaissante de t’avoir dans ma vie, toi qui es la plus belle chose qui me soit jamais arrivée, l’amour de ma vie, ma raison de vivre, le souffle de mon âme et mon soleil brulant !
-Je suis reconnaissante d’avoir enfin réussi à quitter Maxine ! Elle me frappait, elle me faisait du chantage émotionnel depuis… depuis plus de six ans et je…
-Tiens, bois ! fit sa voisine en lui tendant un verre et un mouchoir.

Les têtes se tournèrent vers Kebko. Visiblement, c’était son tour.

-Je suis reconnaissant d’être avec mes deux petites sœurs chéries ce soir ! Et avec toi aussi, Paol. Et vous tous.

Nassa posa son verre un peu brutalement sur la table. Son maquillage avait coulé, le vert du khôl se mêlant au rouge de sa peau.

-Je suis reconnaissante pour toi, Dalla. Que tu sois… ici. Avec moi. Vivante.

Vivante.
Avec ses deux bras, ses deux jambes, ses deux lekku.
En vie. Capable de respirer, de bouger, d’agir, de penser. Toutes ces choses que Larna, et tant d’autres jedi ne feraient plus jamais.
Capable de… Comment avait dit l’ugnaught ? Se révolter ? Se battre pour améliorer les choses ?
Agir.
Faire quelque chose.
Ce que Larna ne pourrait plus jamais faire.
Mais Dalla si.

Elle sentit quelque chose de froid et d’humide couler le long de sa joue, du coin de son oeil jusqu’à l’angle de sa mâchoire.

-Je…

Sa langue était lourde dans sa bouche.

-Sur Pamarthe, on fait du lait de skuame, à Life Day. Je crois qu’on a tous les ingrédients. Tu veux que j’en fasse ?

Nassa prit sa sœur dans ses bras.

Dalla ne se dégagea pas quand sa peau rencontra celle de sa jumelle.
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